"Agrippez - vous au vêtement du Christ "
Extrait des causeries du saint père Varsanofi du monastère d’Optino avec ses fidèles

Chez nous, au monastère du désert d’Optino, les moines vivent au minimum par deux dans les cellules. Cette règle permet de parer à une hallucination démoniaque et de prier en cette circonstance pour son compagnon ; elle permet également en ce cas de frapper à la cellule voisine pour demander de l’aide.
Cet ordre de vie a été adopté après un évènement précis. Autrefois les moines vivaient en solitaires et voici qu’il advint, après la prière du soir, qu’un moine vit assis dans sa cellule un homme âgé. Cet homme s’adressa à lui :

« Que fais-tu ici ? Reviens dans le siècle à tes occupations précédentes. Tu apporteras bien plus de bienfaits au monde. Tu toucheras un bon salaire, tu vivras dans le plaisir, tu te marieras… »
Le moine lui répondit : « Mais comment sortirai-je d’ici, les portes du monastère sont closes ? »

Et cet étrange individu lui répondit :
« Sois sans inquiétude, souhaites-le simplement et je te transporterai aussitôt par-dessus la clôture. Devant le portail, une troïka attelée t’attend déjà ! »

Soudain le moine fut empli de frayeur et il s’écria :
« Et qui es-tu donc ? Certainement le Démon ? Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu, aies pitié de moi ! » Dès qu’il prononça cette prière le mauvais esprit disparu.
Le moine accouru à minuit chez le père Ambroise et lui raconta ce qui lui était arrivé.
-Tu as eu une vision infernale. Tu as été visité par le démon de la huitième légion. Celui, auquel il apparaît, meurt, à moins que le démon ne le tue, répondit le saint moine Ambroise.
- Comment ai-je été sauvé ? demanda le moine
- C’est ta prière au Christ qui t’a sauvé, et j’ai senti que tu étais en danger, je me suis agenouillé devant l’icône pour prier pour toi. Les forces infernales ont frémi et le Démon a disparu.

Le saint Père Varsanofi continua sa causerie :

« Dans un monastère il est plus facile de vaincre le démon, cela est infiniment plus difficile dans le monde. Et lorsque le démon apparaît à une personne, qui n’a pas encore commencé à vivre d’une vie juste, il advient que cette personne s’éloigne de Dieu. J’ajouterai encore que lorsqu’un homme s’efforce de revenir sur un chemin de prière et corriger sa façon de vivre, alors le démon, sous des traits hostiles lui fait des insinuations, le tente et le gêne.Il arrive souvent, qu’au moment de sa prière, survient un bruit dans sa tête, l’empêchant de se concentrer. Quand je vivais dans le monde, j’avais un ami. Celui-ci fut longtemps très sceptique à l’endroit des monastères. Beaucoup d’intellectuels ont une opinion négative et critique à l’endroit des monastères. Mon ami parlait ainsi :« Je ne comprends pas pourquoi des personnes, surtout des moines s’isolent du monde ? A quoi servent les monastères ? »

Le doute l’habitait. Il était un homme droit, à l’esprit élevé, et il commença de bonne heure à chercher Dieu. Il ne le comprenait , il vivait dans le monde, il était musicien , il composait et récitait admirablement des vers. La musique était sa passion. Il arrivait qu’il nous raconte quelque chose et soudain, il s’écriait :« Non, je ne peux pas expliquer grand-chose avec des mots. Il vaut mieux que je vous joue un morceau de piano. »

Il s’asseyait, il jouait et il jouait si merveilleusement ! Ensuite il nous demandait :« Avez-vous compris à présent ce que je voulais vous dire ? »

Son âme était toujours habitée par un idéal élevé. Il rejetait la vulgarité, son appartement était merveilleusement bien meublé, et cependant il cherchait la vérité. Il faut croire que cette fermentation de son âme, tout ce qu’il ne pouvait pas exprimer avec des mots, l’amena à prendre une décision : Il quitta tout, se retira du monde et parti pour rejoindre un monastère du mont Athos.

Dans ma vie séculière il m’était souvent nécessaire d’être en relation avec des personnes essayant de se comprendre elles-mêmes ? Car nombreux sont ceux qui ne discernent pas quel chemin prendre. Je me suis souvent entretenu avec des personnes semblables. Mes causeries amenaient certains à s’agacer. Surtout lorsque j’ai arrêté de mener une vie dans le siècle et que je me suis mis à aller à l’église et à visiter les monastères. On s’est mis à parler de moi comme d’un être anormal, un fou. Et ils étaient nombreux ceux qui disaient en parlant de moi :« Avez-vous entendu qu’il s’est commis avec des moines. Le malheureux il se condamne à la solitude. »

Voilà quelle était l’opinion des gens du siècle à mon sujet.
Oui, il est très difficile de se sauver dans le monde. Saint Nicolas de Myrrhe se retira dans le désert. Il se mit à prier, mais le Seigneur ne bénit pas sa décision de rester là pour toujours. Le Seigneur apparut à Saint Nicolas et lui dit : « Ce n’est pas ici que tu me seras utile. »
Et Saint Nicolas quitta le désert. Beaucoup de Saints ne vécurent pas dans des monastères : Sainte Thaïs, Sainte Marie L’Egyptienne, Sainte Eudoxie et beaucoup d’autres… Il est possible de sauver partout son âme et œuvrer à la gloire du Seigneur. Il faut simplement se souvenir d’une règle, ne jamais se détacher du Sauveur. Agrippez-vous à son vêtement et Il ne vous abandonnera jamais !

Pour "Parlons d'orthodoxie" traduction Marie Genko

Rédigé par Marie Genko le 5 Avril 2012 à 16:57 | 1 commentaire | Permalien



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