Décès de la traductrice et spécialiste de la littérature russe - Véronique Lossky: AFP,  le Monde
Considérée comme l'une des personnalités les plus importantes du monde littéraire franco-russe, la traductrice Véronique Lossky est décédée à l'âge de 87 ans le 17 mars 2018 "C'est une triste nouvelle et pour nous un moment très douloureux. Véronique Lossky était une traductrice merveilleuse et une femme encore plus merveilleuse", a confié à l'AFP Olimpia Verger, son éditrice aux éditions des Syrtes.

Trois jours avant la mort de Véronique Lossky, j'écrivais à un ami, brillant philosophe dont la sévérité selon moi excessive, injuste envers la Russie, me désole :

« Je suis surpris que vous sembliez considérer que la Russie n'appartient pas à l'Europe ; qu'elle n'est pas, elle aussi, fille d'Athènes et de Jérusalem (pour reprendre le titre de mon cher Chestov) ; qu'Akhmatova, Pasternak et Berdiaeff ne sont pas des Européens au même titre que le sont Anna de Noailles, Apollinaire et Vladimir Jankélévitch. Oui, je suis surpris, car, je vous l'assure, les Russes blancs parmi lesquels j'ai grandi, qu'ils fussent de droite, de gauche, chrétiens, juifs, francs-maçons, hétéros, pédés, ou tout ce que vous voulez, avaient conscience d'être des Européens, étaient des Européens.

Les Russes sont des Européens avec une part de génie asiatique comme les Espagnols sont des Européens avec une part de génie africain (la comparaison n'est pas de moi, elle est, vous le savez, d'Unamuno), mais cela n'empêche nullement l'Espagne et la Russie d'être de vieilles nations européennes. Quand le roi Henri 1er de France épousa la princesse Anne de Russie, il n'épousait pas la fille de l'empereur de Chine, il épousait une princesse européenne. »

Une orthodoxie française


Véronique Lossky, ainsi que son mari, le Père Nicolas Lossky, rappelé à Dieu en 2017, théologien, liturgiste, un des principaux acteurs français du mouvement œcuménique de ces soixante dernières années, étaient l'un et l'autre attachés aux racines françaises de l'Église orthodoxe.

Dès leur prime jeunesse, ils s'appliquèrent à rappeler à des Français souvent ignorants de leurs propres sources spirituelles que l'Église orthodoxe n'est pas une Église d'émigrés russes, serbes ou grecs, l'Église de saint Jean Chrysostome, de saint Sava et de saint Séraphin de Sarov, mais qu'elle est aussi l'Église de sainte Geneviève de Paris, de saint Germain de Paris, de saint Irénée de Lyon, de saint Victor de Marseille ; que jusqu'au schisme fatal entre Rome et Constantinople la France était une terre orthodoxe.

Elena Balzamo: Fille d'exilés russes...
29 mars 2018

A l'automne 1922, parti de Petrograd, le " bateau des philosophes " emmenait vers l'exil plus de 150 personnes, la fine fleur de l'intelligentsia russe : hommes de science, écrivains, philosophes, expulsés sur l'ordre de Lénine en tant qu'éléments hostiles, voire nuisibles, à l'Etat soviétique. Parmi eux se trouvait le théologien orthodoxe Vladimir Lossky (1903-1958), futur beau-père de Véronique. Chassés manu militari, dépouillés de leurs biens, ces expulsés ne furent autorisés à emporter que des vêtements. Pas d'argent ni de livres. Plusieurs d'entre eux vinrent grossir les rangs de la diaspora russe en France, dont les membres se comptaient déjà en dizaines de milliers. Ainsi naquit un milieu unique, littéralement saturé de culture : écoles, églises, conservatoires de musique, maisons d'édition, qui, malgré les inévitables conflits internes, œuvraient tous à un but commun, conserver la -culture russe dans l'espoir de la " restituer " un jour à la patrie. On y comptait plusieurs écrivains de premier rang dont Ivan Bounine, Gaïto Gazdanov, Nina Berberova, ou encore Marina Tsvetaeva.

C'est dans ce milieu que grandit Véronique Youdine-Belsky. Née en 1931 à Paris de parents émigrés, elle était la petite-fille d'un prêtre orthodoxe. Après une scolarité au lycée russe de Paris, elle suit des études à la Sorbonne, puis à Oxford, un parcours au cours duquel elle se spécialise en littérature et en histoire russes, ancienne et moderne. De sorte que, à la différence de la plupart de ses compatriotes, de " simplement " russe elle devient " slavisante ", choisissant une voie qui lui permettra non seulement de préserver, mais aussi de diffuser et de faire -connaître la culture reçue en héritage. Pour cela, elle était idéalement placée : parfaitement bilingue, à l'aise dans les deux cultures....
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Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 25 Mars 2018 à 14:28 | 1 commentaire | Permalien



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