" Enfourchez ce pope! " : saint Méthode (1868-1921) évêque de Petropavlovsk
Le 17 février, l’Eglise orthodoxe russe fête la mémoire de saint Méthode, évêque de Petropavlovsk, évêque auxiliaire du diocèse d’Omsk. Lors d’une molébèn près de l’église Saint-Nicolas à Petropavlovsk,

Mgr Méthode a été arrêté par des soldats de l’Armée rouge et tué à coups de baïonnettes. Les meurtriers ont porté encore plusieurs blessures et planté ensuite une croix dans la dépouille de l’évêque. Les gens qui se tenaient à côté gardaient le silence.


Croix enfoncée dans une blessure

En 1921, une révolte des paysans contre le pouvoir soviétique a éclaté en Sibérie. Cette révolte a pris des dimensions considérables et s'est propagée dans les villes de Petropavlovsk, Ichim, Tobolsk.

Un gouvernement de la Sibérie du Nord a été créé. La répression de la révolte était accompagnée par une violence des bolchéviques auparavant inconnue. Les soldats ont tué des centaines de personnes dans les villages et villes envahis dont plusieurs ont été brûlés de fond en comble. En février 1921, à Petropavlovsk, les bolchéviques, par le feu et le sang, restaurent le pouvoir soviétique qui sera accueilli sans enthousiasme par la population.

Le 4 février à Petropavlovsk, un conflit entre les paysans et les bolchéviques s’est produit sur la place devant l’église St-Nicolas où l’évêque Méthode avait célébré une liturgie. Le sang a coulé. Après avoir célébré un office d’intercession, le futur saint est sorti de l’église sur la place et appelé le peuple à la paix. En ce moment, des cris ont retenti dans la foule : « Que ce pope soit enfourché ! » et les soldats lui ont infligé plusieurs blessures à la baïonnette. Dans l' une d’elles, ils ont enfoncé une croix alors que, selon certaines affirmations, l’évêque était encore vivant.

Fils d’un lecteur, il est né dans le village de Vyatskoe et a été baptisé Michel. Sa famille éprouvait des difficultés et vivait dans une pauvreté extrême. Le père, un homme très croyant, a appris à ses enfants à ne se plaindre de rien et à voir, dans tout ce qui se produit dans la vie, la providence Divine.

A l’époque, un grand nombre d’enfants dans les familles du clergé étudaient dans des séminaires. Le futur évêque est sorti d'une école de formation religieuse à Sarapoul et ensuite du séminaire de Vyatka. En 1891, à l’âge de 23 ans, il a été ordonné prêtre et envoyé dans une église de campagne. Ensuite il a déménagé à Sarapoul où il célébrait dans l’église de l’Ascension et enseignait les fondements de la foi dans l’école paroissiale de la ville.

L’an 1898 a apporté un grand malheur au père Michel : il est devenu veuf. Après la mort de son épouse, il décide de consacrer tout le reste de sa vie au service de l’Eglise. Pour approfondir ses études en théologie, il s'inscrit à l’Académie de théologie à Kazan dont le recteur était un archevêque célèbre, Mgr Antoine (Khrapovitski), « pécheur des âmes pour la tonsure monacale » qui a beaucoup influencé le père Michel. En 1900, dans deux ans, il est tonsuré et devient l’hiéromoine Méthode.

Ayant terminé l’Académie, il travaille dans le système de l’enseignement religieux. En 1906 il est nommé recteur du séminaire d’Oufa et élevé au rang de l’archimandrite. Après son ordination épiscopale en 1913, il est envoyé à Omsk en tant que l’évêque auxiliaire avec le titre d’Akmolensk (en 1914 son siège est remporté à Petropavlovsk).
" Enfourchez ce pope! " : saint Méthode (1868-1921) évêque de Petropavlovsk

Évêque non-progressiste

Dans l’épiscopat russe de l’époque pré révolutionnaire, Mgr Méthode est marqué par ses prédications exprimant l’inquiétude sur l’état de la foi en Russie. Les sentiments de triomphe, de faux patriotisme et de béatitude qui étaient très caractéristiques dans la période d’après la défaite de la Première révolution russe, ne lui étaient pas familiers. Il prévoyait la catastrophe de 1917 bien avant que la société russe ait connu le pouvoir bolchévique.

Ainsi dans son discours du début de la nouvelle année universitaire en 1908 au séminaire d’Oufa, il a prononcé des mots très vifs et, comme on dirait actuellement, non corrects par rapport à la politique de l'époque. Il disait notamment :
« La franc-maçonnerie ainsi que les sectes sont une force hostile à la foi qui se propage très vite dans la chrétienté. Dans ses diverses manifestations, elle promet de façon ouverte et cynique de détruire le christianisme et de lui faire un joyeux repas funéraire. Le rationalisme religieux et le matérialisme ont un ton belliqueux à l'égard de l’Eglise du Christ. A la place de l’évangile, on se met à lire les blasphèmes de Renan et le Capital de Marx. Avec fanatisme et certitude, ils prêchent l’avènement du « royaume céleste spirituel de la vie éternelle » sur terre. Nombreux sont ceux qui ont quitté l’orthodoxie pour les religions juive, musulmane et même païenne ou sont restés sans aucune religion. En rejetant l'évangile du Christ comme le livre des idéaux inaccomplis, nos maîtres contemporains essayent de diminuer l’influence de l’Evangile,de délivrer l’homme de toute responsabilité pour son comportement personnel. Selon la morale contemporaine antichrétienne, toute action la plus mauvaise de l’homme peut être reconnu comme un acte moral. »

Comme nous le savons, dans les années de la révolution de 1905-7, un grand nombre de prêtres et de séminaristes en Russie ont manifesté leurs vues socialistes. Nombreux d’entre eux sympathisaient à l’idée révolutionnaire et y voyaient une continuation légitime des préceptes évangéliques. N’ayant pas peur de ne pas être progressiste, Mgr Méthode refusait une quelconque proximité du christianisme et du communisme :
« Les bases de la vie antichrétiennes sous les noms plausibles et trompeurs de nouvelle foi, de recherche de Dieu, de socialisme, de communisme etc. tâchent d’ombrager et de défigurer complètement les idéaux chrétiens, la lumière de la vérité de l’Evangile du Christ. »

Les paroles de l’évêque Méthode, adressées aux adeptes du christianisme appelé « rose » ou « libéral », sont bien d’actualité de nos jours : «

Acceptant le mal qui nous entoure, nous croyons accomplir la loi du Christ ; ne luttant pas contre le mal à cause de notre mauvaise compréhension de la liberté de la conscience, nous nous habituons au mal et commençons à le tenir pour un fait normal, nous devenons être indifférent envers le bien. Dans la vie sociale, dans les relations entre nous, nous exprimons parfois une sorte d'hyperhumanité : nous sommes généreux par rapport à la lâcheté, indulgents pour la dépravation, nous sommes prêts à nous taire quand il s’agit de l’incrédulité et parfois de blasphèmes, nous estimons qu’il est criminel de toucher à la conscience tranquille du prochain. Nous récompensons la lutte pour la vérité et la piété par le mépris, leur « saint zèle », nous l’appelons le fanatisme, la psychopathie… » (Sermon prononcé le 22 mars 1909 dans la cathédrale d’Oufa).

Il faut également remarquer que l’évêque Méthode prononçaient des paroles véhémentes et n’avait pas peur d’« aller dans le peuple ». Comme saint Jean de Cronstadt, il est devenu missionnaire au niveau social le plus bas de la population urbaine. Avec l’aide de ses étudiants-séminaristes, il s’entretenait régulièrement avec les gens dans l’asile de nuit municipal, y célébrait des molébèns, les vigiles, distribuait des livres et des brochures sur la foi et l’Eglise, répondait aux questions. Le saint évêque luttait contre l’alcoolisme, aidait l’Association diocésaine de la sobriété. Pendant la période de son service pastoral, plus de 400 personnes sont entrées dans la Fraternité des abstèmes.

L’assassinat du saint évêque Méthode a été accompli en plein jour, sur une place publique en présence d’un grand nombre de gens. Quand les soldats de l’Armée rouge ont enfourché l’évêque, personne n’ est intervenu : il n’y a aucun témoignage du fait que quelqu’un ait essayé de le sauver. Sans aucun doute, personne à Petropavlovsk n’a estimé nécessaire d’enterrer Mgr Méthode selon les traditions chrétiennes. Jusqu’aujourd’hui, le lieu de sa sépulture reste inconnu. On croit qu’il a été enterré dans une fosse commune.

En 2000, l’évêque Méthode (Krasnoperov) a été canonisé en tant que nouveau martyr et confesseur de la foi .

Pravmir.ru Traduction Dimitri Garmonov

Les nouveaux martyrs de la terre russe - 146 Résultats pour votre recherche

Епископ Мефодий (Краснопёров) 1868 -1921 (в миру Михаил Платонович Краснопёров)

Крестильный храм в честь священномученика Мефодия епископа Петропавловского
" Enfourchez ce pope! " : saint Méthode (1868-1921) évêque de Petropavlovsk

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 17 Février 2020 à 12:01 | 0 commentaire | Permalien



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