Ouvre-moi les portes du repentir ; ô Toi qui donnes la vie...

Ainsi chante l’Église à partir de ce dimanche, premier dimanche du Triode, dimanche qui est une porte par laquelle nous entrons dans cette période favorable au repentir et qui nous mène à Pâques.

Ainsi l’Église orthodoxe, dès aujourd’hui, invite ses fidèles à accueillir “la fête des fêtes”.par une longue période de repentir, de recueillement, de retournement du cœur, de pardon, de jeûne au sens le plus strict, mais aussi le plus large à la fois (le jeûne des passions). Ce temps liturgique est un temps de préparation, où le repentir nous procure une joie discrète et une allégresse printanière. Tout au long de cette période l’Église va faire défiler devant nous plusieurs scènes spirituelles qui nous orientent vers la pénitence.

Pour nous exhorter à la vraie repentance, l’Église nous rappelle aujourd’hui cette parabole qui met en scène devant nous ces deux hommes qui viennent au Temple pour prier. Dieu les écoute tous les deux, mais un seul repart du Temple justifié.

Essayons d’analyser pourquoi ?

Tout d’abord examinons la prière du Pharisien. L’évangile le présente ainsi : debout dans le temple, il priait Dieu en disant : “Mon Dieu, je te remercie de ce que je ne suis pas comme les autres hommes qui sont rapaces, injustes, adultères ou bien comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je donne l’aumône de tous mes biens” En entendant cela nous sommes tenté de condamner le pharisien et son orgueil en disant “Moi, malgré tous mes péchés, je ne suis pas un pharisien, je ne suis pas hypocrite”.

En quelque sorte, nous oublions que la prière du pharisien n’est pas entièrement mauvaise. Nous constatons qu’il jeûne, qu’il fait l’aumône, qu’il est hors des péchés les plus grossiers. De plus le pharisien ne s’attribue pas tout le mérite de ses bonnes actions, il reconnaît que tout cela vient de Dieu ; et il rend grâces à Dieu. Donc par rapport à nos actions nous ne devons pas le condamner, mais seulement voir l’avertissement donné par le Seigneur de la nécessaire conversion par rapport à toute une manière d’être fidèle à sa religion. Vous voyez, le pharisien est un homme très religieux. Il observe les préceptes de la Loi ce qui est très bien. Mais il se sert de son observance, de sa fidélité pour s’enorgueillir devant Dieu

Il s’appuie sur sa fidélité pour se justifier devant Dieu, pour se croire juste. En quelque sorte, il exige de Dieu sa récompense en échange de sa fidélité. En outre, il se compare aux autres et au publicain qu’il juge sur ce qu’il voit de lui. Dans un autre texte de l’évangile, Jésus-Christ fustige certains pharisiens, en leur disant : “Vous faites peser sur les autres un fardeau trop lourd que vous-mêmes ne remuez pas du petit doigt”. C’est bien cela que l’on a appelé le pharisaïsme. Tout faire pour les apparences. Tout faire par comparaison, afin d’apparaître comme le meilleur à ses propres yeux et aux yeux des autres. Être plus méticuleux pour autrui que pour soi-même. En un mot : se servir de la religion pour se glorifier soi-même et pour s’imposer aux autres. Se servir de la religion pour s’imposer même à Dieu, car enfin, Dieu est obligé de bien me considérer puisque j’observe ce que sa loi commande. En un mot cela s’appelle hypocrisie. Pour tout cela le pharisien n’a pas été justifié.

Quant au publicain, l’évangile nous le présente dans une autre lumière dans une autre image.

Il est humble. Il n’ose pas lever les yeux au ciel. Il se frappe la poitrine en disant “Aie pitié de moi pécheur”. Il se met dans une attitude physique d’humilité. Grâce à cela le Seigneur dit de lui “ Cet homme est retourné plus justifié à sa maison”.Le publicain est donc, en quelque sorte à l’opposé du pharisien, puisqu’il demande la miséricorde divine : « Aie pitié de moi pécheur ». L’observance de la religion, qu’il s’agisse des commandements, des rites ou des sacrements, n’a pas pour but de nous donner barre sur Dieu et de nous donner la possibilité de déclencher nos exigences à son endroit. Le seul but de l’observance de la fidélité est de dire à Dieu notre reconnaissance pour le salut que nous propose sa miséricorde. Si nous sommes sauvés par un humble acte de repentants nous n’en demeurons pas moins pêcheurs, mais pêcheurs pardonnés.

Voila pourquoi la pratique chrétienne est d’abord intérieure. Elle est avant tout une fidélité du cœur que seul Dieu peut voir. Le regard sur les autres demeure bienveillant car nul, sinon Dieu, ne peut lire dans le cœur des autres. De là vient cette transposition évangélique de la loi. Bien sûr, les commandements demeurent ce qu’ils ont toujours été. Mais, avant d’être des consignes pour l’agir extérieur, ils sont des invitations à la conversion du cœur. C’est le sens à mon avis des paroles du Christ. Il nous dit “ Surveiller ses actes c’est bien, mais moi, je vous demande de surveiller aussi votre cœur. Ne pas tuer, c’est l’exigence minimum, moi je vous demande de ne pas même penser du mal du prochain. Ne pas commettre l’adultère, c’est évident. Moi je vous dis de ne pas désirer une femme dans votre cœur”. Qui pourrait nier le bon sens qui anime cette morale nouvelle ? Elle est d’une logique évidente pour qui sait que c’est notre cœur qui est le véritable pilote de nos actions.

Voilà donc le bonheur spirituel que nous acquérons à étudier les textes évangéliques des dimanches de cette période ; parce que cette période place devant nous les grandes réalités auxquelles nous sommes invités à prendre part : la conscience du péché, la repentir, la charité, la miséricorde divine. Pour sortir de cette période qui s’ouvre plus justifié il faut toujours dire au Seigneur : « Aie pitié de moi mon Dieu, fais moi connaître pendant ce temps la signification profonde du don de la grâce et de l’amour sincère Fais moi aussi connaître ce qu’implique de ma part, le don de la vie et le plus grand amour puisque tu es le véritable amour ».

Amen.

Source

Rédigé par Vladimir GOLOVANOW le 15 Février 2012 à 22:09 | 0 commentaire | Permalien



Recherche



Derniers commentaires


RSS ATOM RSS comment PODCAST Mobile