L’homme transformé en bête
Par le père Jean Valentin Istrati (prêtre roumain)

Notre siècle est sans conteste celui des nouvelles technologies. On attribue à André Malraux l’assertion « Le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas. ». Nous sommes dans l’attente.

Force est de constater que la première décennie du nouveau millénaire s’est écoulée sans que nous assistions à l’apocalypse, les Martiens n’ont toujours pas débarqué, les Juifs ne se sont pas convertis à la foi chrétienne. Mais les hommes sont bien plus qu’auparavant tributaires de la technique, ont besoin de leur voiture comme de l’air. Leur esclavage est tel que, privés de technologies, ils n’auraient pas survécu plus que quelques heures.

Notre éon est marqué avant tout par l’intrusion du cinéma et de la télévision. C’est à Hollywood que s’est produite la révolution pseudo philosophique la plus signifiante après l’émergence du communisme. Hollywood avec ses excroissances en Inde et en Chine, non moins comiques que l’original.

La révolution audiovisuelle survenue en Californie a conduit à une métamorphose profonde des idéaux de l’humanité. Ce n’est plus le Christ que nos enfants aimeraient imiter mais Brad Pitt ou Harry Potter. En Indonésie des demoiselles vous diront s’appeler Angelina (Jolie). Les Russes, à l’instar de l’âne de Buridan, se sentent obligés de choisir entre Vladimir Poutine et Bruce Willis. Les Britanniques se fixent pour modèle David Beckham (et non la bière Beck’s). Que dire alors des Roumains ? Ils rêvent d’être des multimillionnaires ignares, ou des gnomes détenteurs de belles Porsche, ou fondateurs de partis regroupant des somnambules, ou des footballeurs dopés jusqu’à la moelle des os. La pandémie médiatique se répand, hélas, bien plus vite que la peste mais personne – ou presque - ne tire la sonnette d’alarme. La société civile se montre timorée et déboussolée, les communautés chrétiennes se sentent autosuffisantes, l’intelligentsia se consacre bien plus aux grèves et au pain quotidien qu’à la transmission des savoirs.

Mais revenons à Hollywood. Cette sous-culture à l’échelle planétaire engendre des plus values qui se chiffrent en milliards de dollars et voue les âmes à la damnation. Voici les codes qu’elle nous inculque : exterminer les ennemis, exterminer tous ceux qui pensent autrement, un clivage manichéen de l’humanité (amis et ennemis, les bons et les méchants), l’hypersexualité faite loi, la légitimation de la violence, la victoire à tout prix, le happy end allant de soi, l’enrichissement sans travailler, la drogue comme substitut de la réalité, l’érosion des traditions pour le plus grand bien du commerce, la doctrine triomphatrice de la supériorité américaine…

Tout ceci est véhiculé, d’une manière subtile ou linéaire, par les films sortis de la fabrique hollywoodienne. Fléaux pour la survie des peuples, de l’école, de la famille et de l’Eglise. Mais le principe de la bestialisation de l’humanité est, j’en suis persuadé, l’un des signes précurseurs de notre avenir parmi les plus terribles qui soient.

L’homme est crée à l’image de Dieu et a vocation à se diviniser par l’action de la grâce.
Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne semblable à Dieu nous disent les Evangiles ainsi que les Conciles œcuméniques. L’homme doit incarner la vie, le bien, l’amour, la pureté, la lumière, sa personne est immortelle. Telle est l’essence de la foi chrétienne, religion de la vie éternelle, lumière du sacrifice de l’amour, joie de la Croix, pressentiment du paradis et perception de la résurrection du Christ dans la vie de chacun.
La civilisation « Hollywood » n’est pas à même de se hisser jusqu’à ces idéaux. Aussi, elle se contente de nier leur existence. Elle leur oppose la bestialisation de l’homme. Ceci en glorifiant les valeurs animales, la force bestiale auxquelles l’homme se devrait d’aspirer. Tous les gosses adorent Spiderman. La ruse, la capacité de sauter d’un gratte-ciel à l’autre, une toile d’araignée visqueuse, voilà ce qui enchante les enfants et d’ailleurs aussi les adultes abrutis aux pixels.

Adolescent, j’avais vu un film intitulé « Un homme venu de l’Atlantide ». Le personnage avait les mains palmées et pouvait nager à une vitesse inouïe. Les enfants étaient enchantés. Je me souviens également de « L’homme puma ». Tout ce qu’il savait faire était de sauter et d’anéantir tout ce qui bouge sur son passage.

L’homme se bestialise chaque fois que, fût-ce inconsciemment, il idéalise ces créatures prédatrices. Y a-t-il des films consacrés à l’homme chevreuil ou à l’homme lapin ? Des dessins animés, au mieux. La grâce, la fragilité, la pureté ou la tendresse n’ont pas lieu d’être dans les scenarii de la culture de masse. Et, au contraire, la force, l’exaspération, la vitesse, l’instinct du tueur et la soif du sang, voilà ce qui fait de l’homme un carnassier alors que tous les autres sont ses proies. L’on peut dire que cette civilisation est une traduction pour les masses de la philosophie antichrétienne de l’absurde préconisée par Sartre : « L’enfer, c’est les autres ».

Incapable d’obéir à sa vocation de divinisation, l’homme s’immerge d’une manière brutale dans le règne animal. Je me souviens d’un tube très populaire il y a quelques années « You and me, baby, ain’t nothing but mammals. So let’s do it like they do on the Discovery channels ».

Nous voyons l’homme se métamorphoser peu à peu en mort vivant, en vampire, en loup garou, en bête ailée (Superman), en tigre ou en tout autre être que les faiseurs d’Hollywood estimeront propre à symboliser la force, l’astuce, une vue perçante, l’insatiabilité et l’énergie de l’instinct. Ces films sont une émanation de la culture de la mort, du péché légitimé et du mal absolu trouvant ses justifications dans la nation, la civilisation, le bien de tous, etc.

Darwin n’a pas réussi à convaincre 95% de l’humanité que l’homme descend du singe.
La différence entre les deux est patente même si l’on prend pour échantillons les moins humains des hommes. La sous-culture médiatique fait de l’homme une bête, le soumet aux instincts et aux réflexes de la bête, l’enfonce le plus profond possible dans le sol, ou plutôt, dans les tréfonds de la géhenne.

Traduction Nikita KRIVOCHEINE
Pravoslavie.ru
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et Xenia Krivocheine "L'art de rien"


Rédigé par Nikita Krivocheine le 23 Juin 2012 à 21:57 | 1 commentaire | Permalien



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