L’icône est une prière
Depuis son arrivée au Québec en 2002, Alexandre Sobolev enseigne l’iconographie et réalise des commandes d’icônes. Né en Russie en 1962, il apprend les rudiments de l'iconographie auprès de la Patriarchie de Moscou et participe à des projets de fresques et d'icônes pour différentes églises orthodoxes en Russie et à l'étranger. En 1995, il reçoit une permission spéciale pour entrer pendant deux ans à l'atelier d'iconographie du Monastère de Saint Serge de Radonège. Il y approfondit l'art séculaire de l'iconographie, qui avait été interdit pendant l'ère soviétique, auprès des moines qui en sont les derniers détenteurs.

Pourquoi dit-on que l’icône est une prière ? Cette expression vient du livre "Умозрение в красках" du prince Eugène Troubetskoï (1863-1920). L’iconographie est une langue qui raconte une histoire. L’icône est un objet du culte qui participe à la liturgie et donc à la prière On embrasse l’icône du jour, on la touche avec le front.

Si vous deviez résumer en quelques mots la dimension spirituelle de l’iconographie, que diriez-vous ?
Elle est infinie, car l’icône nous fait entrer dans le mystère et nous révèle le sens. Au début, c’est davantage technique, mais une fois atteint un certain niveau, cela devient plus facile et c’est là que la démarche spirituelle prend de l’importance. On s’intéresse à la vie des saints qu’on représente, on fait de belles découvertes.

Qui sont les personnages représentés sur les icônes ?

L’iconostase est très ordonnée. Le Christ est assis sur un trône au centre de la première rangée, entourée par Marie, Jean-Baptiste, les archanges Gabriel et Michel et les apôtres Pierre et Paul. Sur la 2e rangée se trouvent la Trinité et les prophètes de l’Ancien Testament et sur la 3e les 12 fêtes les plus importantes. Les portes royales qui s’ouvrent pour l’eucharistie présentent les quatre évangélistes et l’Annonciation. Selon la grandeur de l’église, on trouve plus ou moins d’icônes.

Qu’entend-on par «transfiguration»?
C’est une des douze grandes fêtes de l’année liturgique, lorsque la divinité du Christ se manifeste à Pierre, Jacques et Jean en présence d’Élie et de Moïse. On ne cherche pas à faire des portraits ressemblants, mais à transmettre l’aura qui se dégage du Christ et des saints. L’or exprime la lumière divine.

Qu’est - ce qui distingue l’iconographie russe des autres ? Pas grand-chose. La Russie a développé une tradition continue jusqu’à la révolution, ce qui n’est pas le cas de pays qui ont connu l’occupation par des puissances étrangères et des destructions.

L’iconographie s’inscrit dans une longue tradition. Comment peut-on être créatif dans un art régi par des règles strictes ? Les canons ne sont pas des chaînes, c’est comme apprendre une langue qui permet ensuite de raconter une histoire et d’être compris. Il y a une infinité de nuances de couleurs et de style à la portée des iconographes.

On vous dit très rigoureux. Qu’entend-on par-là ? Je donne tout ce que je sais, tout ce que j’ai appris dans les monastères. Je travaille uniquement avec des matériaux authentiques de très haute qualité.

Vous avez quitté la Russie au moment d’un grand renouveau religieux. Est-ce indiscret de vous demander pourquoi ?
J’avais tellement de travail, c’était comme un tsunami . Chaque iconostase comprend 50 à 60 icônes, et une église ne peut être ouverte au culte sans iconostase. J’avais des contrats pour 25 ans et 6 personnes travaillaient dans mon atelier. La pression des prêtres était telle que je travaillais jour et nuit, jusqu’à ce que je tombe malade d’épuisement. Je ne faisais rien d’autre que travailler. En Russie, les besoins personnels ne comptent pas beaucoup, la communauté prime. J’ai vu un jour une annonce du ministère de l’immigration du Québec dans un vieux journal et cela m’est apparu comme la lumière au bout du tunnel. Après bien des démarches, je suis arrivé ici en 2002. Je pensais travailler comme designer, mais finalement Sœur Denise Rioux est venu me chercher pour animer un stage et j’ai poursuivi par la suite mon travail d’une façon beaucoup plus équilibrée qu’en Russie....

SUITE Publié sur "RENCONTRE", LE MAGAZINE DU CENTRE CULTUREL CHRÉTIEN DE MONTRÉAL,

Entrevues réalisées par Louise-Édith
Tétreault les 15 et 28 avril 2015.
*****
Pour en savoir plus sur l’artiste ICI

Publication Vladimir Golovanow pour "PO"

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 13 Août 2015 à 17:50 | 0 commentaire | Permalien



Recherche



Derniers commentaires


RSS ATOM RSS comment PODCAST Mobile