Léonce de Jérusalem, théologien du VIe siècle, dans son Traité contre les Nestoriens, rapporte les propos suivants des adversaires du concile de Chalcédoine, notamment de ceux qui refusaient l'unité hypostatique du Seigneur Jésus:

"Si les hypostases de Dieu et de l'homme ne sont pas séparées, comme le sont les natures [divine et humaine], cela voudrait dire que Dieu n'est pas vraiment Dieu sans l'homme, tandis que l'homme n'est pas vraiment homme sans Dieu" (Adv. Nestor. II, 27). Ainsi, pour les Nestoriens, les hypostases de Dieu et de l'homme, étant parfaitement autonomes, ne peuvent que demeurer distinctes et séparées même dans le Christ.

C'est en lisant de tels propos qu'on prend conscience de la grâce d'être orthodoxes chalcédoniens. En effet, si pour les adversaires nestorianisants de Chalcédoine, le caractère définitif et irréversible de l'unité de Dieu et de l'homme en Christ est un scandale, pour nous autres, c'est le fondement même de notre salut. Il est vrai que Dieu reste Dieu en l'absence de l'homme. Mais l'homme peut-il vraiment être homme sans Dieu?

Rédigé par le hiéromoine Alexandre le 25 Février 2009 à 22:06 | 1 commentaire | Permalien


Commentaires

1.Posté par Vladimir G: «tout ce beau monde était d'accord sur le fond, » le 27/07/2019 12:19
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Les "nestoriens accusent les "monophysites" d'être excessivement réducteur dans leur christologie, qui revient – selon eux – à nier la réalité humaine du Christ, tandis que les "monophysites" accusent les "nestoriens de diviser les Christ en deux êtres – le Logos divin et Jésus – uniquement reliés par une volonté commune et au final à nier la réalité unique du Christ sauveur.

Les "melkites" quant à eux voient bien ce que ces deux approches ont d'excessives et les contestent l'une et l'autre pour proposer une voie équilibrée qui tient compte des deux réalités (humaine et divine) dans la personne unique du Christ.

Ce qui ne réconcilie personne, puisque pour les "monophysites" les chalcédoniens sont des crypto-nestoriens tandis que les "nestoriens" ne voient dans les melkites que des monophysites inconséquents.

Le problème, c'est que dans leurs réfutations des positions adverses, chacun pousse ces positions dans leurs ultimes conséquences logiques, et du coup les caricaturent.

Pourtant, malgré ces divergences, une certaine conscience de l'unité revenait à la surface, notamment lorsqu'il s'agissait de faire front commun face aux pressions de l'islam conquérant (comme on peut par exemple le voir dans le texte d'Abraham de Beth Halé, section 52).

L'exemple le plus abouti de ce type d'approche conciliatrice est sans doute le "Livre de l'unanimité de la foi des chrétiens" de Ali ibn Daoud al-Arfadi que j'avais placé sur Archive (https://archive.org/details/LivreDeLunanimiteDeLaFoiDesChretiens).

Parce qu'au final, et contrairement aux apparences, tout ce beau monde était d'accord sur le fond, même si l'expression et la forme les jetaient dans des oppositions farouches.

Et c'est à notre époque qu'est revenu le privilège de mettre cela véritablement en évidence comme en témoigne cette "Déclaration christologique commune" entre l'église catholique et l'église "nestorienne" datée de 1994.

Billet entier sur: http://cigales-eloquentes.over-blog.com/2019/07/a-propos-des-nestoriens.html

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