TYRANNIE DE L’HABITUDE

Ainsi, le fardeau du siècle pesait sur moi comme le doux accablement du sommeil; et les méditations que j’élevais vers vous ressemblaient aux efforts d’un homme qui veut s’éveiller, et vaincu par la profondeur de sou assoupissement, y replonge.
Et il n’est personne qui veuille dormir toujours, et la raison, d’un commun accord, préfère la veille; mais souvent on hésite à secouer le joug qui engourdit les membres, et l’ennui du sommeil cède au charme plus doux que l’on y trouve, quoique l’heure du lever soit venue; ainsi je ne doutais pas qu’il ne voulût mieux me livrer à votre amour que de m’abandonner à ma passion. Le premier parti - me plaisait, il était vainqueur; je goûtais l’autre, et j’étais vaincu.
Et je ne savais que répondre à votre parole: « Lève-toi, toi qui dort Lève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera ( Ephés. V, 14)! »
Et vous m’entouriez d’évidents témoignages; et convaincu de la vérité, je n’avais à vous opposer que ces paroles de lenteur .et de somnolence.: Tout à l’heure! encore un instant ! laissez-moi un peu! Mais ce tout à l’heure devenait jamais; ce laissez-moi un peu durait toujours.

Vainement je me plaisais en votre loi, selon l’homme intérieur, puisqu’une autre loi luttait dans ma chair contre la roi de mon esprit, et m’entraînait captif de la loi du péché, incarnée dans mes membres. Car la loi du péché, c’est la violence de la coutume qui entraîne l’esprit et le retient contre son gré, mais non contre la justice, puisqu’il s’est volontairement asservi. Malheureux homme ! qui me délivrera du corps de cette mort, sinon votre grâce par Jésus-Christ Notre Seigneur (Rom. VII, 22-25) ?

"Oeuvres complètes de Saint Augustin"


Rédigé par l'équipe rédaction le 31 Mars 2010 à 09:37 | 0 commentaire | Permalien



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