Vladimir Golovanow

J'ai souvent cité en exemple la cohabitation pacifique de l'Islam et du Christianisme en Russie depuis 300 ans. La plupart des villes russes, dont les deux capitales historiques comptent en effet des mosquées dont le minarets font bon ménage avec les bulbes et les croix orthodoxes. Et voila que le 11 septembre, alors que le monde entier commémorait l’attentat sur les deux tours jumelles à New-York, la Grande mosquée de Moscou, l’une des mosquées les plus importantes de Russie s’effondrait, probablement victime des projets de grandeur de son Imam. Le Courrier de Russie consacre un intéressant article à cet événement plutôt étrange......


Rédigé par Vladimir GOLOVANOW le 25 Septembre 2011 à 22:26 | 7 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Tchetnik le 26/09/2011 08:33
La cohabitation n'a pas toujours été si pacifique que cela.

Elle l,a été quand les Empereurs ont su (après avoir libéré la Russie d'une occupation Tatare somme toute loin d'avoir été très pacifique...) parler aux Musulmans le langage qu'ils comprennaient et imposer un discours de force et de justice, en respectant et garantissant une place qui néanmoins devait être en dessous de celle du Christianisme. Ce qui a fonctionné au point que l,un des rares généraux à être demeuré fidèle à l'Empereur en 1917 fut celui du Nakhitchevan.

Pour le caucase et l'Asie Centrale, les choses sont certainement plus nuancées, comme les guerres Murides en sont une illustration.

Les guerres contre l'Empire Ottoman ne furent pas motivées que pour des raisons géopolitiques, de plus. Elles illustrent un antagonisme certain entre deux compréhensions et une mission de libération concrète.

2.Posté par vladimir le 26/09/2011 12:11
Il est certain que l'Islam a toujours été la deuxième religion de l'empire mais, depuis l'édit de Catherine 2 autorisant la construction de mosquée (1766, rappelons que Louis XIV révoque l’Édit de Nantes en en 1685) les Musulmans ne furent pas discriminés (comme le furent, par exemple, les Juifs) et accédérent aux plus hautes charges de l'Etat comme le rappelle Tchetnik, et ce malgré les guerres contre la Turquie et la Perse souvent menées au nom de la protection des Chrétiens. Les guerres du Caucase, en particulier, se soldèrent par l’exile de plus de 200 000 Tcherkesses vers l'empire Ottoman: leurs descendants forment, par exemple, la garde royale de Jordanie. Mais il n'y eut, à ma connaissance, aucune sédition musulmane dans l'empire russe avant 1917...

3.Posté par vladimir le 06/11/2011 21:32
Quelque 80.000 musulmans prient dehors à Moscou pour l'Aïd el-Adha

Publié le 06-11-11 à 20:20 Modifié à 21:10
MOSCOU (AP) — Par des températures glaciales, plusieurs dizaines de milliers de fidèles musulmans ont prié dehors dans des rues de Moscou dimanche pour célébrer l'Aïd el-Adha, la fête du sacrifice, l'une des principales fêtes de l'Islam.

Entre deux et cinq millions de musulmans, selon les estimations, vivent ou travaillent dans la capitale russe, mais la ville ne compte qu'une poignée de mosquées.

Selon la police russe, 170.000 musulmans ont célébré cette fête religieuse à Moscou dont 80.000 qui se sont rassemblés dans les rues autour du site de la Grande mosquée, édifice centenaire vert pastel détruit en septembre dernier. Une nouvelle mosquée doit être construite non loin, mais les travaux sont toujours en cours.

Nombre des fidèles qui avaient bravé les températures de -8 degrés dans la capitale étaient des ouvriers migrants venus d'anciennes républiques soviétiques d'Asie centrale.

"Bien sûr, il faut de nouvelles mosquées", expliquait Maruv, employé dans un magasin venu du Tadjikistan. "Regardez le nombre de personnes qui sont dans la rue et il fait froid. Ils sont restés debout à attendre ici le début des prières depuis 6h du matin".

La police avait bouclé le quartier et installé des détecteurs de métaux pour contrôler les fidèles. La mosquée est proche du stade olympique où se disputait la finale de la Fed Cup de tennis entre la Russie et la République tchèque.

Des prières ont aussi eu lieu dans trois mosquées et trois parcs de la ville. AP

4.Posté par Gueorguy le 06/11/2011 23:19
La Mosquée de Saint-Petersbourg, présentée comme la mosquée la plus septentrionale. A deux pas de la Forteresse Pierre et Paul!

5.Posté par vladimir le 07/11/2011 09:46
Magnifique édifice construit en 1909-1914 sur les fonds de l'émir de Boukhara (protectorat russe à partir de 1868).

6.Posté par vladimir le 08/11/2011 19:59
EN GRECE AUSSI: Première mosquée à Athènes depuis la libération du joug Ottoman

Le Parlement grec a voté le 7 septembre 2011une loi autorisant la construction d’une mosquée dans le quartier de Votanikos à Athènes. Il s’agira de la première mosquée dans la capitale grecque depuis 200 ans.

Le projet de loi sur les constructions illégales, qui inclut l’autorisation pour la mosquée, a été approuvé par une très large majorité (socialistes au pouvoir, droite, gauche et communistes), seuls les 16 députés de l’Alerte Populaire Orthodoxe (droite nationale) ayant voté contre. Le terrain appartient à la marine et la construction est fiancée sur fonds publiques.

7.Posté par vladimir le 14/11/2011 11:19
PASSER DE L’ORTHODOXIE A L’ISLAM,
Selon le conseil russe des muftis, Moscou compte deux millions de musulmans, et plus de 23 millions sur tout le pays d’après l’agence Rosstat. Réunis autour de la fête musulmane de l’Aïd al-Adha, 80 000 fidèles se sont rassemblés dimanche 6 novembre à la Grande mosquée de Moscou. Le Courrier de Russie a profité de cette occasion pour donner la parole à Svetlana Bikbova, une orthodoxe russe convertie à l’Islam.
Le Courrier de Russie : Quand avez-vous fait vos premiers pas vers l’Islam ?
Svetlana Bikbova : Quand j’avais 15 ans, j’ai rencontré des musulmans au lycée français de Moscou, que je fréquentais. J’étais intriguée par leur culture, le ramadan, leur rituels. Pour moi c’était assez bizarre en fait, mais j’étais curieuse. Plus généralement, ma conversion à l’Islam a toujours été d’une certaine façon liée à la France.
LCDR: Comment ça ?
S.B. : Je suis partie pour un stage à Grenoble, il y a 4 ans, et c’est ainsi que j’ai fait connaissance avec de vrais musulmans, qui vivent l’Islam au quotidien. Moi j’étais orthodoxe, pas très pratiquante, mais je croyais en Dieu comme la plupart des Russes je pense : ça ne changeait pas ma vie fondamentalement, je vivais juste avec l’impression qu’il y avait quelqu’un au dessus de nous. Mais en France, j’ai vu quelque chose de profond chez les arabes musulmans : ils ne disaient pas seulement qu’ils appartenaient à une religion, ils la vivaient. Et quand ils me demandaient pourquoi j’étais orthodoxe, je ne savais pas quoi répondre. Je pensais : eh bien, parce que me parents le sont ! Pour moi c’était un aspect de la vie qui ne comptait pas plus que ça.
LCDR: Qu’est qui vous attirait dans l’Islam ?
S.B. : Tout, c’était différent. Leur relation à la famille par exemple, beaucoup plus respectueuse que ce que je voyais en Russie. J’ai juste compris qu’on pouvait vivre autrement et ça m’a attirée. Je me suis dit : tiens, on va me raconter autre chose que ce que je vois à la télé, autre chose que le voile. C’était un moyen d’accéder à l’information.
LCDR: Comment avez-vous décidé de vous convertir ?
S.B. : J’avais 20 ans, je devais prendre mes responsabilités, faire des choix de vie. Alors j’ai voulu savoir qui j’étais dans cette vie au delà de l’étudiante, la fille, la soeur. J’étais en quête de quelque chose de plus : je me suis intéressée à la religion par moi-même, sans que l’on m’y oblige. J’ai commencé par l’Orthodoxie, car cela m’était plus naturel. J’ai lu la Bible, des livres sur le Christianisme. Puis j’ai lu le Coran, je me suis un peu tournée vers l’Islam, au début juste pour comparer. Alors j’ai compris que l’on était pas obligés de choisir, et que la Torah, la Bible et le Coran étaient liés par leurs protagonistes.
LCDR: Mais vous avez choisi le Coran ?
S.B. : Il y a des éléments de la Bible qui m’ont dérangée : la façon dont la terre avait été créée, le repos de Dieu le 7ème jour, etc. Dans le Coran, Dieu est différent des créatures qu’il a créé : il n’est pas assimilé à l’être humain, il ne dort pas, ne mange pas… La représentation de Dieu n’est pas la même, et je n’acceptais plus l’idée de la Trinité [La Trinité chrétienne, dans les principaux courants du Christianisme, désigne Dieu, unique, en trois hypostases, Père, Fils et Esprit Saint, ndlr] : Jésus ne pouvait être l’incarnation de Dieu, mais un prophète. A un moment donné, j’ai juste compris que le Coran était la vérité ultime, avec tout ce qu’il comporte comme découvertes scientifiques révélées au VIIème siècle. En fait, l’Islam m’a impressionnée de par son niveau intellectuel. Je me suis dit : mais pourquoi les autres ne m’ont jamais parlé de ça ? C’est tellement intéressant !
LCDR: Comment la conversion a-t-elle eu lieu ?
S.B. : C’est un an après mon retour de France que je me suis lancée, il ya 3 ans. Mais ça a été très facile : j’ai eu comme un flash, j’ai compris qu’Allah existait et je ne pouvais plus le nier. La seule chose à faire était de dire qu’il n’y a pas d’autre Dieu que Dieu et que Mahomet est son messager : il faut le prononcer et le croire afin d’être accepté parmis les musulmans. Et c’est tout ! Le reste, ce sont des détails.
LCDR: Qu’est-ce que ça a changé ?
S.B. : J’ai du mal à me rappeler ma vie passée…ça m’a vraiment enrichie, ça m’a transformée. J’ai un ami musulman qui m’a conseillé de progresser pas à pas : s’il le fallait, attendre pour porter le foulard, etc. Ne pas se dégoûter de la religion trop vite ! Au début très peu de gens savaient que j’étais musulmane. J’ai commencé par effectuer un changement intérieur : l’Islam, c’est un travail sur l’âme, par sur les apparences. Les changements qui surviennent ensuite au niveau physique sont les conséquences directes de la foi : pour être en accord avec ta religion, tu en comprends les restrictions et elles deviennent normales.
LCDR: Quand avez-vous commencé à porter le voile ?
S.B. : Un an après ma conversion. On a toujours des doutes, vous savez : on se demande si on a bien fait de se couvrir les cheveux… Mais l’important, c’est de le faire non pour se distinguer des autres, mais pour soi-même. J’essayais juste de m’habituer à la pensée de devenir musulmane. Puis, je me suis mise à la prière : j’ai commencé à chercher d’autres musulmans à Moscou pour qu’ils me montrent comment faire et le port du voile est devenue une évidence.
LCDR: Est-ce que le regard des autres a changé ?
S.B. : Oui bien sûr, mais j’ai l’impression que c’est surtout de l’appréhension, juste parce qu’on en parle à la télévision, ce n’est pas vraiment de la peur. Pour mes proches, certaines interrogations se sont soulevées : est-ce que je vais trouver un travail, etc. C’est quand même aux gens d’accepter que porter le foulard ne diminue en rien mes qualités professionnelles ! Mes parents, eux, ont été très patients : ils ont pensé que si je préférais Allah à leur Dieu, il fallait le respecter. Pour moi, le regard des autres ne joue pas un grand rôle : mon attitude envers eux est intacte, donc avec de la patience, leur regard sur moi redeviendra le même aussi.
LCDR: Et pour vous, ça a changé quoi ?
S.B. : Je n’ai plus besoin de dire que je suis musulmane, ça se voit ! Et j’ai l’impression de mieux remplir mes obligations : si Dieu dit qu’il faut se couvrir, alors je dois le faire aussi. Mon attitude en tant que femme a également changé : bien sûr j’aime toujours être belle… mais pas pour n’importe qui. Si je veux porter une mini-jupe, je le fais à la maison. La conscience de porter le voile a changé mon modèle de comportement, puis, avec le temps… je l’ai simplement oublié.
LCDR: Vous avez côtoyé des musulmans de Russie et de France. Leur intégration dans la société est-elle différente ?
S.B. : Oui, elle l’est. Au premier abord, les musulmans sont mieux acceptés en France : ils ne sont pas observés du coin de l’oeil comme ici. Par contre, passé le premier contact, lorsqu’on tente d’expliquer sa religion, son choix de vie, les Russes sont beaucoup plus ouverts. En France la laïcité est tellement ancrée dans les mentalités, dans la constitution, que dès qu’on aborde le sujet, on fait face à un mur, voire à de l’agression. Pour les Français c’est simplement inconcevable d’envisager en parler sérieusement, alors qu’en Russie l’existence de Dieu n’est pas niée ainsi par la majorité des gens.
LCDR: Votre liberté en tant que femme est-elle intacte ?
S.B. : Je ne me sens pas moins libre ou plus libre. Les pays où la femme musulmane doit rester enfermée à la maison, ne pas parler aux hommes, etc., ce n’est pas l’Islam qui prévaut, mais un choix culturel. L’Islam libère la femme.
LCDR: De quelle façon ?
S.B. : Il met en évidence sa valeur, ses qualités. Nous sommes différentes des hommes, mais égaux devant Dieu. Nos fonctions ne peuvent se mélanger, c’est tout. L’homme est à la tête de la famille traditionnellement : la femme est là notamment pour le mettre face à ses responsabilités, lui assurer une certaine confiance. Le couple musulman comprend une relation horizontale, au sein même du couple, mais aussi une relation verticale avec Dieu : mieux tu remplis tes obligations de conjoint, plus tu te rapproches de Dieu. La femme assure le côté spirituel, l’intérieur, et l’homme le côté matériel, extérieur. L’homme obéit à Dieu et la femme au mari. Le but du mariage est d’acquérir ensemble l’agrément de Dieu.
LCDR: Et l’amour, dans tout ça ?
S.B. : L’amour grandit dans tout ça ! C’est Dieu qui donne cet amour. L’union de deux coeurs ne peut passer que par lui. Ce n’est pas quelque chose de romantique, c’est moins égoïste, il n’y a pas de prince charmant, mais la réalité reste belle car ton mari est un don de Dieu.
Propos recueillis par : Nina FASCIAUX
http://www.lecourrierderussie.com/2011/11/09/orthodoxie-islam-chemin-liberte/

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