Le journaliste américain Rod Dryer : l’Orthodoxie ne vous dira pas que  «  tout va bien pour vous »
Traduction pour "PO" Laurence Guillon

Le journaliste américain Rod Dryer, venu à l’orthodoxie il y a 5 ans, a raconté sa conversion dans un texte : intitulé « Mon chemin vers l’orthodoxie »

Je suis venu à l’orthodoxie en 2006, comme un homme brisé. J’ai été un catholique romain sincère, pratiquant et convaincu pendant de nombreuses années, mais ma foi fut ébranlée en grande partie à cause de ce que j’ai appris en tant que reporter, enquêtant sur un scandale relatif à des crimes sexuels. J’étais certain que mes convictions protègeraient ma foi dans n’importe quelles épreuves, mais les faits auxquels j’ai été confronté a réduit à néant ma capacité à croire en la vérité ecclésiale de l’Eglise Romaine (j’ai décrit ce drame de façon détaillé ).
Le protestantisme n’était pas une issue pour ma femme et moi, étant donné ce que nous savions de l’histoire de l’église et nos convictions théologiques. L’orthodoxie nous apparut donc comme le seul havre sûr dans la tempête où notre christianisme risquait le naufrage.

Pour être honnête, j’avais été quelques temps attiré par l’orthodoxie, pour les mêmes raisons qui m’avaient amené, dans ma jeunesse, dans l’Eglise Catholique.

Elle m’avait semblé un rocher solide dans la mer agitée du relativisme et du modernisme du christianisme occidental. Mais l’Eglise Romaine s’était débarrassée, dans la poussière de Vatican II d’une si grande partie de son héritage artistique et liturgique… L’Eglise Orthodoxe, elle, était restée fidèle à elle-même!

Quelques années plus tôt, avant d’en venir à l’orthodoxie, nous avions été invités, ma femme et moi, par des amis orthodoxes dans leur paroisse du Maryland. Nous étions des catholiques conservateurs, pour ce qui touchait à la morale autant qu’au langage liturgique. C’est pourquoi, en voyant l’office orthodoxe et la foi vivante de nos amis, nous fûmes touchés et même, nous éprouvions de l’envie devant ce qui se produisait là. Mais… Nous fûmes obligés de sortir rapidement pour gagner en scooter la paroisse catholique moderniste la plus proche à Seventees, et assister au service dominical obligatoire.

Le contraste entre le déroulement incohérent du service liturgique de Notre Dame de Pizza Hut et celui de la paroisse orthodoxe que nous venions de quitter nous arracha des larmes. Mais la laideur, même dans le sens du vide spirituel, ne déforme pas la vérité, et nous savions que nous devions être avec la vérité et ensuite avec Rome, en dépit de tout. Si le catholicisme en Amérique avait été sain, peut-être que les scandales sexuels ne nous auraient pas ébranlés. Mais nous nous demandions, ma femme et moi, comment nous allions élever nos enfants en bons chrétiens, étant donné le relâchement de l’enseignement moral dans les paroisses catholiques. Nous nous considérions comme de fidèles catholiques, c’est-à-dire que nous croyions vraiment ce qu’enseignait la Catéchèse, et nous nous efforcions de vivre en conséquence. Mais nous avons subi une défaite, cela arrive à tout le monde. L’essentiel, c’est que nous cherchions une église qui pût donner un enseignement moral clair et aussi la plénitude et la joie de la vie dans la foi.

C’est en cela que réside le problème : dans l’Eglise Catholique aux USA, il y a très peu d’orthodoxie, en outre, le concept même de « vraie foi », en substance, n’existe pas.

Et la question n’était pas ici pour moi de rejeter tous ceux qui ne vivaient pas en harmonie avec l’enseignement catholique, j’aurais dû alors, en ce cas, me désigner la porte en premier. Je ne dis pas tout cela pour noircir l’Eglise Catholique Romaine, que j’aime encore et à laquelle je suis reconnaissante de m’avoir familiarisé avec le christianisme des premiers siècles, mais pour démontrer ce que l’Orthodoxie avait pour moi de si attirant. Et en plus, il y avait la liturgie, et la musique. Rien de comparable à cela dans les autres églises. L’office liturgique orthodoxe et la musique liturgique orthodoxe sont d’une splendeur et d’une profondeur étourdissantes. La liturgie russe est cette même Divine Liturgie (mais en langue locale) qu’avait introduite saint Jean Chrysostome. La beauté de cette liturgie et au plus haut point captivante, et sa dévotion apaise. Et malgré le fait que me manquaient les hymnes anciens habituels (nous chantons, pendant les offices orthodoxes, des prières et des psaumes) je suis très content de ne plus avoir à écouter « sur les ailes de l’aigle » et autre hymnographie maladroite propre au rituel catholique américain.

La raison principale pour laquelle l’orthodoxie est si attirante pour les néophytes, c’est sa conception sérieuse du péché.

Elle exige pratiquement qu’on se désigne comme le « pire des pécheurs », à la façon dont l’apôtre Paul se désignait lui-même. Mais avec cela, l’Orthodoxie vous annonce la bonne nouvelle : le Christ est mort et ressuscité, grâce à quoi tu peux vivre !

En vertu de tout cela, malgré la beauté et la richesse de la liturgie, elle se révèle beaucoup plus ascétique et exigeante que le christianisme américain. Les longs services, les prières fréquentes, les jeunes sévères ce sont là des exigences difficiles pour les croyants, spécialement pour les Américains qui ont réussi, les représentants de la classe moyenne dont je suis. L’Orthodoxie nous appelle à dépasser nos limites. Elle nous invite au repentir. L’Orthodoxie ne cherche pas à vous donner un sentiment de confort au sein de vos péchés. Elle ne vous demande ni plus ni moins que la sainteté. Il est déjà courant d’entendre chez les néophytes américains que le mari est venu le premier à l’orthodoxie, puis ensuite sa femme l’a suivi. Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi. Beaucoup d’hommes sont fatigués du christianisme bourgeois mou qui ne leur propose pas grand-chose parce qu’il ne leur demande presque rien. Les hommes aiment les défis, et c’est là ce que leur donne l’Orthodoxie.

Oui, les Eglises orthodoxes, aux Etats Unis, sont pleines de simples Américains, et elles sont pleines de problèmes américains ordinaires, comme les paroisses russes le sont de problèmes russes.

J’ai trouvé dans l’orthodoxie ce qu’il m’avait semblé trouver quand je suis devenu catholique. J’ai choisi pour saint protecteur Benoît que vénèrent les deux Eglises. C’est pour moi le signe de l’unité qui était la nôtre et que nous pouvons restaurer. L’Eglise Catholique doit devenir plus orthodoxe et l’orthodoxe plus catholique. Je prie, je prie réellement pour que nous vivions jusqu’au moment où cette unité reviendra

Pravoslavie i Mir

Американский журналист Род Дриер: Православие не скажет вам, что у вас все о’кей


Rédigé par Parlons d'orthodoxie le 10 Janvier 2013 à 11:15 | 0 commentaire | Permalien



Recherche



Derniers commentaires


RSS ATOM RSS comment PODCAST Mobile