Les racines antichrétiennes de la France
V.Golovanow

J'ai acheté hier à New York et j'ai lu d'un trait le petit livre de J.-F. Revel, La Grâce de l'État, qu'il a fait paraître juste après la victoire des socialistes en France. En lisant, je me disais : mais comment les gens ne voient-ils pas l'évidence de tout cela, ne voient-ils pas le mal intrinsèque du socialisme ? Car le socialisme est le bien de l'Antéchrist ; ne le professe et ne le préconise nul autre que le diable, ni plus ni moins*. Revel utilise les armes de la logique, du rationalisme, d'un cartésianisme bien français. Tout cela est imparable, mais, hélas, inopérant. Le socialisme libère de l'égoïsme, du « profit », mais il le fait en tuant la personne. La personne doit s'enrichir si elle veut rester vivante, mais s'enrichir en Dieu, et si elle se détourne de cet enrichissement en Dieu, ce n'est pas d'être tuée par le socialisme qui la sauvera. Le saint est occupé de lui-même tout en enrichissant le monde; le socialisme est occupé du monde et il n'engendre que la corruption, la peur, la haine, l'esclavage. (Alexandre Schmemann, "Journal", Mardi saint, 13 avril 1982)

Une triste exception française

Cette année où tous les Chrétiens fêtent Pâques ensemble le président François Hollande ne leur a pas souhaité une bonne fête. Et ce n'est pas une question de laïcité puisqu'il avait adressé ses «vœux de bonheur, de santé et de réussite aux musulmans de France» pour la fête de l'Aïd (1) qui clôture le ramadan: il s'agit bien là de la domination de cette "pensée de gauche" que dénonce régulièrement le père Alexandre dans son "Journal".

Comme le souligne le philosophe catholique Gérard Leclerc (2) dans une interview au "Figaro" (3), c'est "une tradition française positiviste née avec les Lumières qui ont eu en France une tonalité bien particulière par rapport à d'autres pays européens, celle d'une philosophie antichrétienne et anticatholique qui a débouché sur la déchristianisation entreprise par la Révolution française (…) Le premier à avoir manifesté son hostilité à la mention des «racines chrétiennes de l'Europe», c'est Jacques Chirac, dans la lignée du radical-socialisme plutôt que dans celle du gaullisme («Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne», disait le Général) dont il se voulait l'héritier. Ce rejet des racines chrétiennes est une triste exception française due à notre histoire très conflictuelle et à la rupture de la Révolution française."

Sans parler de la Pologne, qui avait plaidé pour introduire les "les racines chrétiennes de l'Europe" dans la Constitution Européenne, l'enseignement de la religion se fait à l'école en Allemagne et Angela Merkel, fille de pasteur, plaidait aussi pour cette option là (4); et de l'autre coté de la Manche, David Cameron parle de l'Angleterre comme d'un «pays chrétien».

Renier les racines chrétiennes de l'Europe, c'est renier la culture européenne.

"Malheureusement, ce n'est pas la direction que prend l'Europe, noyée dans des préoccupations économiques et technocratiques, continue Gérard Leclerc (ibid). Peu d'hommes politiques osent prendre leurs distances avec la prudence mise en place par Jacques Chirac à part Laurent Wauquiez peut-être qui a affirmé vouloir défendre des racines chrétiennes de l'Europe.

Sans nier les évolutions de l'histoire et la pluralité de nos appartenances, on ne peut ignorer une histoire chrétienne qui a profondément marqué les mentalités, la culture et jusqu'aux paysages de notre pays.

Il y a quelque chose de malsain dans cette amnésie de l'Europe à l'égard de son passé religieux. Quelque chose qui tire son origine de la vision positiviste de l'homme mise en place par les Lumières françaises, qui exclut toute interrogation vers la transcendance. Or, comme le disait Maurice Clavel, «la culture est une option sur l'absolu». Renier les racines chrétiennes de l'Europe, c'est renier la culture européenne."

Le socialisme est bon de la bonté de l'Antéchrist.

Cette "pensée de gauche" française est profondément antichrétienne comme l'explique le père Alexandre (5): "Personne ne comprend qu'opter pour le socialisme; c'est opter pour le mal, le mal sous forme d'un mensonge sur le monde, sur l’homme, sur Dieu, sur le sens de la vie, sur le sens de tout. C'est adopter une idole, un faux dieu, et adorer cette idole. Le mal qui anime le tyran ne se cache pas, il se révèle en tant que mal, et il suffit de le voir, de le reconnaître sous les traits du tyran pour qu'il soit désamorcé. Le socialisme est bon de la bonté de l'Antéchrist et par conséquent les gens ne reconnaissent pas en lui le mal. Il est le mal parce qu'il nous trompe sur le but de la vie. Le socialisme, nous dit-on, est contre « la propriété privée » et le Christ enseignait justement cela. Mais voilà bien le tour de passepasse du mal socialiste. Car le Christ n'enseignait nullement que le monde est une propriété collective : il enseignait que le monde appartient à Dieu. Sans parler du fait que la notion de « propriété collective » est absurde en soi, car contradictoire. La propriété ne peut être que personnelle. La révélation apportée par le Christ, c'est' que chacun reçoit le monde en propre, de sorte que chacun est copropriétaire du monde avec Dieu. L'authentique propriété, c'est reconnaître toute chose comme don de Dieu et moyen de communion avec Lui. Propriétaire du monde, roi du monde, seule la personne peut l'être. Et toute propriété collective est toujours dans une certaine mesure du vol. Elle vole Dieu, elle vole l'homme.
(…)
Le socialisme ne cultive ni ne produit rien. Il est statique comme est statique la mort elle-même ; il est mortifère. Son idée : tout distribuer une fois pour toutes entre tous et niveler tout le monde dans ce pseudo-bonheur. Ni but à poursuivre, ni risque à prendre, ni travail à fournir, c'est-à-dire rien de ce qui est inhérent à la nature même de l'homme. La « garantie » à tout prix. Non, c'est plus qu'une caricature, plus qu'une perversion, c'est une mort collective. Le socialisme, c'est l'adoption du monde déchu et le refus de voir qu'il est déchu. C'est une contagion mortelle. C'est la réponse de l'Antéchrist à Dieu."
.................................................
(1) communiques de presse
(2) Gérard Leclerc est un journaliste, philosophe et essayiste. Il est éditorialiste à France catholique et à Radio Notre-Dame.
(3) Le Figaro
(4) Orthodoxie.com
(5) Ibid. "Journal" 20 octobre 1981
Les racines antichrétiennes de la France

Rédigé par Vladimir Golovanow le 27 Avril 2014 à 22:43 | 5 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Nicodème le 29/04/2014 15:28
Mouais . On peut comprendre , vu le contexte de l'époque . Cela dit , je crois que l'auteur confond "pensée de gauche" et "socialisme" . Le "socialisme" est en réalité une valeur "de droite" parce que toute organisation de la société visant à ce que les riches cessent de s'enrichir indécemment sur le dos des pauvres qui s'appauvrissent , suppose un ensemble de contraintes , sociales et économiques , qui vont s'opposer au "je fais ce que je veux!" . De mon fric , de ma boîte , de mes salariés . Cette attitude , à savoir croire être son propre maître et nier toute transcendance , càd toute norme (loi) qui ne viendrait pas de soi , est la version moderne du péché d'Adam .Elle est typiquement "de gauche" . Le libéralisme est "de gauche" . Comme le libertarisme . Dans les deux cas , on prétend faire ce qu'on veut de son corps , et aussi du corps d'autrui . On touche là au satanisme . Le copinage de Cohn-Bendit et de Giscard ds les années 90 a été extrêmement révélateur à cet égard . Le libéralisme , le libertarisme et l'esprit de gauche voire gauchiste des dirigeants actuels , sont des aspects différents d'une même philosophie sataniste . Je sais que cela n'est pas facile à comprendre , surtout avec les journaleux aux ordres qui ne cessent d'embrouiller les esprits , en plaquant sur tout en n'importe quoi une dichotomie "gauche-droite", totalement hors de, propos . Mais il faut bien se résoudre à comprendre que les libéraux ne sont pas "de droite" , ils sont "de gauche" . L'affaire du mariage homo est exemplaire à ce sujet : avez-vous vu ou entendu un seul marquis de la fausse droite promettre qu'il fera abolir le mariage homo ? Non . Même le très kto Fillon . Ils vont la réécrire" . La bonne blague !! En réalité , ils refusent absolument de combattre l'esprit sataniste , parce qu'ils sont menacés : dans leurs places , leurs biens et leur vie.

P.S.: Au modo , je ne verrais pas d'inconvénient à ne pas être censuré cette fois-ci : je ne tape pas sur l'islam ...

2.Posté par Tchetnik le 29/04/2014 17:38
La seule véritable expérience "socialiste" qui ait réussi demeure celle de Benito Mussolini...

Pour cette collusion entre gauchisme et libéralisme, les premiers sont ultralibéraux sur les mœurs, le second sur l'activité de production et d'échange, on peut mentionner le financement de Trotsky par Jacob Schiff, de la révolution de 17 par Rotschild, Parvus Helfand et consort, que 68 pour cent des capitaux ayant industrialisé l'Oural étaient US, comme l'étaient aussi ceux qui ont financé cette autre idéologie de gauche qu'était le national-socialisme...

Il est symptomatique que des "intellectuels" aussi différents en apparence que Jean Daniel et Alain Minc défendent sur le fond exactement le même projet d'humanité indifférenciée, sans idéal, sans passé, sans sens transcendant, réduit à sa seule réalité biologique consommatrice.

3.Posté par Théophile le 29/04/2014 18:00
A mon avis, Nicodème, vous confondez gauche/droite et conservatisme/progressisme. Les libéraux sont "progressistes" - en cela ils sont proches des socialistes au niveau de leurs idées. Mais il me semble dangereux de croire que le Christianisme soit de gauche ou de droite comme vous le suggérez. Le Christianisme n'est pas une doctrine politique, c'est la foi dans Jésus comme Sauveur et Fils de Dieu. Il existe de relatives bonnes choses à droite (respect, responsabilité, valeurs traditionnelles, etc.) comme à gauche (protection des plus faibles, solidarité sociale, etc.), mais pas de vérité absolue. La Vérité, c'est Jésus-Christ.

4.Posté par Nicodème le 30/04/2014 02:25
Toute la question est de savoir ce qu'on entend par "gauche" et "droite" . Mis à part évidemment la doxa unique que le totalitarisme "soft" nous inflige depuis 92 (Maastricht) , à savoir que la gauche" , c'est le Beau , le Bien et le Vrai ...

Je pense qu'il faut distinguer le niveau philosophique et le niveau électoral . Les deux ne se recouvrent absolument pas . Juste une question : Chavez , il était était "de gauche" ou "de droite" ? Il a promu à la fois le partage social des richesses produites , et le conservatisme des intérêts de son pays , le Vénézuela , la première chose n'étant possible que par le respect de la seconde (avis aux amateurs que le malheur des temps nous oblige à supporter ...) ..

@Théophile : non , je ne prétends pas classer le christianisme dans cette dichotomie . Dieu m'en garde!! c'est d'ailleurs ce qu'a fait la maffia postconciliare ds l'eglise kto depuis 50 ans . Maintenant , ils ont tous 70 ans passés , l'âge les a calmés de force . Mais ils n'ont jamais désarmé et ne se sont jamais repentis . A leur erreur , répond celle des pseudo-"traditionnalistes" (pseudo , car pour eux , la "tradition" s'arrête au concile de Trente , et à St Thomas d'Aquin ...) . ces deux déviations son les deux faces d'une même erreur , l'idéologie mondaine , càd le fait de vouloir ramener le christianisme à une idéologie sociale et politique . Cela étant , si on se réfère seulement à la signification philosophique des concepts de "gauche" et de "droite" , j'oserais quand même dire que le christianisme , comme toute "religion" qui promeut des règles , est "de droite" . Mais encore une fois absolument pas au sens politique , social ou électoral . C'est pourquoi , je suis globalement d'accord avec vous , ô Théophile , au pseudo que j'espère bien accordé .

@Tcheknik : 'faudra que vous me donniez la recette pour ne pas vous faire censurer ... Vous êtes copain avec le modo , ou quoi ?...:-)))))

5.Posté par Vladimir.G: "Pensée de gauche" le 30/04/2014 15:22
Je me réfère bien évidement à "la pensée de gauche" dont parle souvent le père Alexandre dans son "Journal" car elle domine la pensée occidentale, à son époque comme actuellement. Le père Alexandre met Sartre en tête de cette cohorte de "compagnon de route" du bolchévisme, admirant son "génie" et regrettant qu'il se soit tourné du côté du Mal…

Les dates des citations ne sont pas anodines: il s'agit du début de cette vague rose en Europe marquée en particulier par les élections de Mitterrand (1981) et Papandréou (1982) auxquelles le père Alexandre réagit particulièrement; mais je trouve que les réflexions du père Alexandre restent étonnamment d'actualité avec Hollande comme le montre Gérard Leclerc.

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