Le rôle du pape de Rome actuel dans les dialogue interconfessionnel a suscité ces dernières années de nombreuses critiques. Or, les relations entre le Vatican et l’Eglise orthodoxe russe se sont nettement améliorées sous le pontificat de Benoît XVI.

Dans une interview accordée à la radio « Deutsche Welle » M. Thomas Bremer, professeur à l’institut œcuménique de l’université de Münster, a estimé que les cinq premières années de la papauté de Joseph Ratzinger ont permis une amélioration considérable dans les relations entre l’Eglise catholique et l’Eglise orthodoxe russe.

Le professeur Bremer a dit : «Ces relations laissaient vraiment à désirer au début du siècle. Nous pouvons constater un tournant vers le mieux à partir de l’élection du pape Benoît XVI. Il y a cela plusieurs raisons. N’oublions pas que Jean-Paul II était polonais et à l’époque cela ne contribuait en rien aux bonnes relations.

L’amélioration de la situation en Ukraine Occidentale où prévalent les greco-catholiques (uniates) y est également pour beaucoup. Ce facteur a pendant longtemps fait obstacle au rapprochement entre orthodoxes et catholiques. Des négociations sur se thème se poursuivent et l’on peut espérer qu’elles aboutissent. Référons nous également à la reprise en 2006 du dialogue théologique entre le Vatican et l’Orthodoxie dans son ensemble »

« On reproche souvent aux catholique de faire du prosélytisme en Russie. Je ne vis pas en Russie et il m’est difficile de juger. Le problème s’est posé avec acuité en 2002-2003. Des représentants de l’Eglise catholique ont à l’époque reconnu que ces reproches n’étaient pas sans fondements. Une commission mixte a été mise en place qui suit cette situation de près. Le prosélytisme est chose complexe. Il y a des personnes d’origine polonaise ou lituanienne qui ont perdu la foi à l’époque soviétique. Elles sont maintenant revenues au sein de l’Eglise. Il y a également des personnes qui étaient athées et qui ayant découvert la foi catholique ont souhaité s’y faire baptiser. On compte également des orthodoxes converti au catholicisme. L’inverse existe également. De nombreux Allemands sont ainsi venus à l’Orthodoxie du catholicisme et du protestantisme. Tout ceci est naturel, il s’agit d’ailleurs de cas très peu nombreux »

« Quelle peut être la raison de la non rencontre, jusqu’à présent, entre le patriarche de Moscou et le pape ? Cette rencontre était souhaitée par Jean-Paul II. Mais les relations entre les deux Eglises étaient à l’époque très tendues. Lorsqu’il était métropolite le patriarche Cyrille a rencontré le cardinal Ratzinger avant qu’il ne soit élu pape. Ils se connaissent donc bien l’un l’autre. Benoît XVI voyage bien moins que son prédécesseur. L’Eglise russe estime qu’il convient au préalable de trouver une solution à l’ensemble des problèmes inter ecclésiaux. Ce n’est qu’ensuite que l’on pourrait envisager une rencontre « au sommet ». Une telle rencontre doit être soigneusement préparée afin d’être réussie. L’Eglise catholique souhaite cette rencontre. Quoi qu’il en soit il ne convient pas de la hâter »

« Peut-on dire qu’il est plus difficile aux catholiques de s’entendre avec les protestants qu’avec les orthodoxes ? D’un point de vue purement théologique l’Eglise catholique est bien plus proche des orthodoxes que des protestants. De par le passé ces deux Eglises ont toujours été très proches l’une de l’autre. Cependant catholiques et protestants coexistent dans l’ espace culturel Occidental cela les rapproche entre eux »

« On ne saurait dire que l’amélioration constatée ces dernières années entre orthodoxes et catholique est à mettre au mérite personnel de Benoît XVI. Cependant les positions théologiques du pape sont très proches de la doctrine orthodoxe, et cela compte et rend plus productifs les contacts entre les deux Eglises »

18.04. 2010
Entretien mené par Gleb Gavrik, Deutsche Welle.

Bogoslov.ru

Traduction "P.O. "

Rédigé par l'équipe de rédaction le 21 Avril 2010 à 11:41 | 1 commentaire | Permalien


Commentaires

1.Posté par Cathortho le 21/04/2010 23:40
Mr Thomas Bremer a raison de souligner le réchauffement des relations entre le Vatican et le Patriarcat de Moscou, réchauffement dont je suis de ceux qui s'en réjouissent vivement. Ce réchauffement avait été initié du côté orthodoxe russe par le défunt Patriarche Alexis II, il est aujourd'hui consolidé par l'actuel Patriarche Cyrille et Mgr Hilarion (sans oublier que le premier artisan de ce rapprochement fut Mgr Nicodème). Du côté catholique, le Pape Benoit XVI et Mgr Schônborn archevêque de Vienne oeuvrent ardemment pour un rapprochement toujours plus étroit avec Moscou.
Il me semble cependant que Mr Bremer oublie un peu vite l'immense labeur qui fut celui de Jean-Paul II en faveur de ce rapprochement (gâché il est vrai par la malheureuse affaire de la nomination d'évêques catholiques en territoire canonique russe), labeur qui me semble porter aujourd'hui ses fruits. Je m'étonne en particulier du silence de Mr Bremer concernant la " Lettre encyclique Ut Unum Sint ", 25 mai 1995, du Pape polonais qui ne cessait de rappeler que l'Eglise devait respirer avec ses deux poumons, et dans laquelle il lança en faveur de l'Unité cet appel étonnant de la part de l'hypercentralisme romain : " C'est une tâche immense que nous ne pouvons refuser et que je ne puis mener à bien tout seul. La communion réelle, même imparfaite, qui existe entre nous tous ne pourrait-elle pas inciter les responsables ecclésiaux et leurs théologiens à instaurer avec moi sur ce sujet un dialogue fraternel et patient, dans lequel nous pourrions nous écouter au-delà des polémiques stériles, n'ayant à l'esprit que la volonté du Christ pour son Eglise, nous laissant saisir par son cri : "Que tous soient un... afin qu le monde croie que tu m'as envoyé " (Jn, 17, 21) ? ".

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