"L’Eglise, la culture et le nationalisme en Russie"

Je voudrais répondre aux premières idées exposées dans l’introduction de l’article de Sergueï Tchapnin. Ces idées n’ont pas été traitées dans la réponse faite par Vladimir, qui s’attache surtout aux sous cultures ecclésiales évoquées par l’auteur.
Il me semble important d’évacuer cette fausse idée que les Russes, (et ceux qui leur sont extérieurs), se font d’un peuple russe « post soviétique ». Et ma première réaction est de dire que la nature humaine reste semblable à elle-même.

Pour reprendre le début de cet article, je dirai que chacun d’entre nous a une certaine peine à se faire une idée juste du monde dans lequel nous vivons.Qu’il s’agissent des Russes, ou des Européens de l’Ouest, nous nous adaptons tous aux circonstances auxquelles nous sommes confrontés. Lorsque les contraintes, dues aux événements extérieurs changent, notre comportement change lui aussi, sans que notre nature profonde en soit altérée. Le tempérament des peuples reste constant.

Parler d’une Russie « post soviétique », comme l’écrit Sergueï Tchapnin, peut nous induire en erreur, car les Russes d’aujourd’hui sont pour moi les Russes d’hier et ceux de demain !

J’aimerais citer l’exemple de l’Allemagne à la fin de la seconde guerre mondiale. La population allemande était décimée et exsangue, et c’est avec une certaine horreur qu’elle a pris conscience des crimes, dont sa patrie allemande s’était rendue coupable ! Ce fut un choc, qui a marqué la population allemande sur deux ou trois générations, et qui a sapé la belle confiance que ce peuple avait depuis bien des siècles en lui-même !

Je pense que c’est d’un mal similaire que les Russes souffrent aujourd’hui :
La désintégration de l’URSS et les crimes commis par les Communistes des différents pays soviétiques contres leurs propres compatriotes sont un poids insupportable pour la conscience collective de ces peuples !
Simplement, dans les pays périphériques à la Russie elle-même, ces pays autrefois soviétiques, il est de bon ton de se voiler la face et d’accuser le grand frère russe de tous les maux, en oubliant commodément que les dirigeants locaux portent l’entière responsabilité de leurs actes et de leur engagement idéologique !

En ce qui concerne la Russie, la conscience collective n’est pas prête, elle non plus, à admettre les crimes de ses prédécesseurs !

C’est probablement en grande partie de là que provient le malaise de la société russe, qui se voile la face au regard de ses propres exactions derrière le souvenir glorieux de la victoire de 1945.

Mais d’autres facteurs, et non des moindres, entrent en ligne de jeu :
La génération des Russes d’aujourd’hui a assisté à l’effondrement d’un régime totalitaire athée, qui se voulait universel.
Cette génération, après 75 années derrière le rideau de fer, s’est trouvée brutalement confrontée à un monde extérieur totalement différent de celui auquel elle était préparée. Or ce monde extérieur est, lui aussi, en pleine mutation.

Je vais me borner à parler de l’Europe avec laquelle la Russie a une Histoire commune. Cette Europe, que découvrent les Russes d’aujourd’hui, elle est bien différente de celle qu’ils ont pu percevoir au travers de la Littérature ou dans leurs livres d’Histoire. C’est une Europe qui se cherche au même titre que se cherche la Russie !
Derrière la volonté effrénée de mondialisation des gouvernants européens, une nouvelle « weltanschauung » se met en place ! Et cette nouvelle conception du monde rejette délibérément les racines chrétiennes des nations européennes.

Sergueï Tchapnin a raison d’écrire que les valeurs actuelles sont contradictoires et ne sont pas un tout cohérent en Russie !
Mais il en va de même en Europe occidentale.

Simplement les vecteurs me semblent inversés !

Je veux dire que la Foi chrétienne, après une longue et douloureuse parenthèse, semble renaître et être encouragée en Russie, lorsqu’en Europe occidentale bien des forces obscures s’activent au contraire pour étouffer le christianisme.
Si en Russie nous assistons au réveil de l’identité nationale russe, occultée par le marxisme, en Europe de l’Ouest tout est entrepris pour faire perdre leurs identités respectives aux Nations, et les faire entrer dans un moule mondialiste.
En Russie, la population a dans l’ensemble toujours été en cohésion autour de ses dirigeants, en Europe au contraire les démocraties sont le théâtre d’une étonnante multitude de partis politiques souvent très semblables entres eux et qui font le jeu d’une instabilité périlleuse de la vie politique.
Enfin la Russie est sortie d’un carcan totalitaire, alors que les démocraties européennes, de plus en plus souvent victimes d’agitations populaires incontrôlées, pourraient s’engager sur le chemin dangereux des régimes autoritaires.
Enfin, à l’inverse de la Russie, l’Europe ne se réclame plus des valeurs chrétiennes de ses princes fondateurs, mais elle se réclame de la déclaration des droits de l’homme rédigée et votée le 26 août 1789 par les révolutionnaires français régicides. C’est à cette déclaration que fait référence la convention européenne de la sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales, établie par le conseil de l’Europe à Rome en 1950 et entrée en vigueur en 1953.

La Russie est à la croisée des chemins : va-t-elle établir les fondements de ses lois et de sa justice sur les valeurs évangéliques, ou bien va-t-elle se laisser influencer et contraindre par les sirènes athées de l’Occident ?

Sergueï Tchapnin est parfaitement conscient du seuil de civilisation que la Russie moderne est appelée à franchir.

Pour que la Russie puisse, comme il le souhaite, trouver la force de construire son propre destin, elle doit retrouver sa confiance en elle-même.Admettre ses faiblesses et ses erreurs passées, éprouver comme l’a fait le peuple allemand, l’horreur pour les crimes commis par ses prédécesseurs, voilà la seule issue possible.
L’enjeu est de taille, car lorsque la conscience collective aura l’humilité de reconnaître les crimes de ses pères envers leur propre peuple, et en éprouver un repentir sincère, au lieu d’essayer de leur trouver des excuses, alors ceux-ci seront rangés dans les pages sombres de l’Histoire des peuples. Purifiée de ses fautes, la conscience collective retrouvera la confiance et la force nécessaires pour penser son avenir.Est-il utile pour parvenir à cette fin d’éliminer d’emblée les symboles païens attachés aux célébrations de la victoire dans la grande guerre patriotique ?
Sergueï Tchapnin en semble convaincu, lorsqu’il dit :« Cette culture présente des traits très dangereux : préservation « du personnage de l’ennemi » ; présentation de la guerre sous forme d’une image d’Epinal. Oblitération complète de la guerre vécue en tant que tragédie »

Cette perception d’un culte laïc porteur de valeurs négatives est certainement une approche qui mérite réflexion. Les premiers martyrs chrétiens furent ceux qui refusaient le culte rendu à César !
Peut-être n’est-il pas trop tard pour que le peuple russe prenne conscience des dangers que porte en lui-même un symbole purement païen !
Pour les Européens cela me semble actuellement totalement utopique !
Il nous reste à prier pour que la Russie redevienne véritablement orthodoxe, fière de sa foi et de sa culture. Qu’elle devienne un pays, qui ne sera plus jamais un géant aux pieds d’argiles, mais au contraire le socle d’un christianisme inébranlable !

S’il suffit parfois d’un individu, et d’un seul, pour faire basculer le cours des choses !
Nous devons espérer que la Russie sera cette Nation orthodoxe, qui inversera la course du courant mondialiste athée !
Ce courant infernal, qui entraîne l’humanité vers sa perte ! Parce qu’elle a tant souffert, peut-être le Seigneur permettra-t-Il, dans Son infinie miséricorde, que la Russie orthodoxe devienne l’exemple que suivront les Nations, afin que le monde se sauve dans les voies du Christ.

Puissent tous les Saints de la terre russe lui venir en aide !

Marie GENKO










Rédigé par Marie GENKO le 26 Août 2011 à 14:02 | 6 commentaires | Permalien



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