L'unique réalité qui ne change pas

Le 13 avril 2010 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde - Nous publions ci-dessous une réflexion de Sa Sainteté Cyrille, patriarche de Moscou et de toutes les Russies, pour la fête de Pâques:

Essayons de nous poser une question: existe-t-il au moins une chose d'immuable dans ce monde qui change constamment? Il ne s'agit pas bien évidemment de nos sentiments personnels, des convictions et des souvenirs, qui constituent le microcosme de l'individualité humaine et qui sont destinés tôt ou tard à disparaître de la vie terrestre avec nous, leurs titulaires sur terre.
Ce n'est pas non plus notre planète, sur laquelle, depuis l'époque d'Adam et Eve, s'écoule l'existence du genre humain, étant donné que l'histoire géologique atteste qu'à la place des déserts et hautes montagnes actuels, s'étendaient autrefois les eaux de l'océan et que même les pôles magnétiques de la terre se déplacent périodiquement. ...suite Eucharistie Sacrement de la Miséricorde

Rédigé par l'équipe de rédaction le 13 Avril 2010 à 22:13 | 11 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par vladimir le 14/04/2010 20:22
Je voudrais souligner l'oportunité de la conclusion de ce message, qui semble vraiment nous être adressée à nous, Orthodoxes de tradition russe, qui nous perdons dans nos querelles de clocher:
"Le bienheureux abbé Dorothée de Gaza, un ermite chrétien canonisé par l'Eglise antique qui s'est distingué au vi siècle en Palestine et dont les orthodoxes comme les catholiques honorent la mémoire, dans le but d'atteindre l'évidence mathématique la plus précise, compara Dieu au centre du cercle, et les hommes aux points de sa circonférence. Il s'ensuit que plus ces points s'approchent du centre du cercle, plus la distance entre eux diminue, et plus ils se rapprochent l'un de l'autre de façon ordonnée.

"Telle est la propriété de l'amour", conclut le sage starets: "Plus nous nous trouvons à l'extérieur sans aimer Dieu, plus chacun s'éloigne de son prochain Si, en revanche, nous aimons Dieu, alors, plus l'amour nous rapproche de Dieu lui-même, et plus nous nous unissons dans l'amour pour le prochain; et plus nous nous unissons au prochain, plus nous sommes unis également à Dieu". Car l'objection authentique à la nature de l'homme est sa tendance au péché qui, face à l'action de la grâce divine, ferme les portes de notre cœur, qui ne désire pas ou ne sait pas répondre par l'amour à l'amour" Fin de citation.

Je voudrais aussi souligner que ce texte nous parviens, en français, par l'intermédiaire du journal officiel du Vatican. Tout un symbole!

2.Posté par Cathortho le 14/04/2010 23:22
@ Vladimir

" Tout un symbole " en effet !

Magnifique méditation pascale de Monseigneur Cyrille qui vient nous rappeler à nous qui sommes sans cesse sollicités par les faux principes du monde moderne, ou des principes relatifs et impermanents, que pour nous chrétiens le Principe des principes est " Je Suis Celui qui Est ". Qui Est, rappelle Monseigneur, " depuis l'éternité, sans début, non créé, sans fin, immuable, inchangeable, indivisible, libre de tout aspect matériel, impossible à atteindre. " et qui " porte en lui également toute la plénitude de la sainteté, du bien, et de l'énergie vitale, avec lesquels il nous nourrit tout au long de notre vie. " . Un Principe qui n'a pas voulu rester que principe, indifférent aux conséquences de l'expulsion d'Adam, mais Principe " qui a daigné s'incarner dans la nature humaine fragile, impuissante et souffrante " et qui ainsi nous ressuscite par sa Résurrection.

Magnifique méditation avec cette si belle citation du bienheureux abbé Dorothée de Gaza, dont Monseigneur Cyrille n'a pas manqué de rappeler que les catholiques honorent la mémoire avec les orthodoxes, rappel qui est aussi, d'une certaine manière, " Tout un symbole " !




3.Posté par vladimir le 15/04/2010 10:19
On dit "Sa Sainteté" pour un patriarche... je vous taquine car j'apprécie bien ce commentaire

4.Posté par Cathortho le 15/04/2010 12:58
@ Vladimir

" On dit "Sa Sainteté" pour un patriarche " , c'est vrai, vous avez raison, on emploie aussi la même formule pour le Pape et même pour le Dalaî-Lama ! Moi aussi je vous taquine, un peu d'humour ne peut pas faire de mal !
Plus sérieusement, je suis de ceux qui ont le plus grand respect pour la hiérarchie et il ne me viendrait pas à l'idée par exemple de ne plus appeler un prêtre " père " même s'il est beaucoup plus jeune que moi où s'il a failli peu ou prou à sa fonction. Par contre je suis réservé sur ces formules toutes prêtes, dites mécaniquement, et dont je ne serais pas étonné d'apprendre qu'elles n'existaient pas aux débuts de l'Eglise où les rapports entre les évêqies et les fidèles étaient sans doute plus simples. Il me semble que la fonction de l'évêque devenu patriarche est suffisammanent sainte en elle-même sans qu'il soit nécessaire de répéter mécaniquement et de manière souvent ostentatoire une formule, aussi vraie soit-elle. Un patriarche est avant tout un évêque, un pasteur chargé de conduire son troupeau vers le Royaume, et le véritable respect envers la hiérarchie vient du coeur et non pas d'une formule toute prête.
Mais malgré ces réserves de peu d'importance, je veux bien me plier à la règle et dorénavent je n'oublierai pas la formule consacrée, d'autant plus que je voue une grande admiration pour Sa Sainteté le Patriarche Cyrille.

5.Posté par vladimir le 15/04/2010 13:49
Cher Cathortho
Votre réflexion mène plus loin que vous ne pensez sans doute et nous ramène au débat que nous avons entamé sur un autre fil. En effet, ces "formules toutes prêtes" font partie de cette tradition (avec t minuscule!) spécifique à l'approche orientale de l'Église. Il ne viendrait à l'esprit à personne en Russie d'appeler un prêtre autrement que "père X", avec le prénom (le nom de famille est mis entre () dans les écrits), et aucun clercs ne se présenterait sans soutane; les évêques sont entourés d'un décorum certain (voitures de fonctions)... etc, sans parler du patriarche. Dans l'esprit des fidèles, tout cela marque notre respect pour leur fonction de représentants du Seigneur, et par là notre respect pour le Seigneur. A l'heure actuelle cela montre en plus la victoire sur le bolchevisme, qui cherchai à avilir les fonctions et les hommes.

En Occident on insiste beaucoup plus sur la participation des fidèles au sacerdoce et donc la nécessité de réduire la distance avec les clercs. Notre tendance la plus "moderniste" y réfléchit beaucoup en se fondant en particulier sur les écrits du p. Alexandre (Schmemann) lorsqu'il dénonce la conception hiérarchique du rôle du clergé et du rôle du peuple dans la liturgie et promeut une "concélébration entre les ministres et le peuple" ou une « concélébration de chacun avec tous » affirmant que « ce n’est pas le clergé qui officie », mais que « tous sont consacrés, tous célèbrent » (1). Dans ces conditions là, bien évidement, il devient nécessaire d'établir plus de familiarité avec les célébrants, y compris dans les formules de politesse...
Comme vous voyez, tout un débat peut en sortir!

(1) In Père Alexandre Schmemann, L’Eucharistie, Sacrement du Royaume, 2ème édition, YMCA PRESS et F.-X. De Guibert, 2005, 276 p.

6.Posté par Daniel le 15/04/2010 15:29
Concernant le décorum qui entoure les évêques, il n'est que liturgique... En dehors, l'évêque, qui est tout de même un moine, pourrait éviter les voitures de fonction Mercedes classe S et autres montres suisses luxueuses. J'ai été choqué de voir le Patriarche Bartholomée avec des boutons de manchettes et le patriarche Kirill avec sa montre de luxe Breguet. Les clercs ne sont pas censés porter des vêtements luxueux... Ca ne fait pas très ascétique. Saint Jean de Shangai marchait pieds nus, feu le patriarche Pavle alors évêque au Kosovo prenait les transports en commun comme tout le monde et avait refusé une voiture avec chauffeur.

7.Posté par Cathortho le 15/04/2010 15:52
Cher Vladimir
Merci pour vos précisions du message n° 5 qui effectivement peuvent susciter un débat qui n'est cependant pas d'une importance capitale à mes yeux sur un sujet qui me semble plus relever de la coutume que de la tradition, même si je ne sous-estime pas la coutume. En ce qui concerne le premier paragraphe de votre message, sur le fond je ne trouve rien à y redire. Quelques petites précisions tout de même afin que ne subsiste aucun malentendu.
Il va de soi que lorsque je disais qu'il ne me viendrait jamais à l'idée de ne pas appeler un prêtre
" père " sous quelque pretexte que ce soit, cela allait implicitement avec l'adjonction de son prénom, même si j'ai oublié de le préciser, c'est ce que j'ai toujours fait, que je continue de faire, et que je ferai toujours.
Il n'est pas vrai que ce que j'appelle " formules toutes prêtes " soit spécifique à l'approche orientale de l'Eglise puisque, comme je le rappelais sur un ton un peu facétieux mais qui n'enlève cependant rien à la véracité de la chose, on retrouve cette formule pour qualifier le Pape ainsi que le Dalaî-Lama. Je le répète, le véritable respect dû à la hiérachie ecclésiastique voulue et établie par le Seigneur vient avant tout du coeur et le fait d'oublier d'employer la " formule " ne me paraît pas d'une grande importance et encore moins être la marque d'un quelconque irrespect. Cette question est un peu du même ordre que celle de celui qui se sent obligé d'afficher une mine défaite pour bien faire comprendre qu'il applique bien les règles alimentaires du saint carême et celui qui bien qu'il applique avec non moins de zèle les mêmes règles ne se sent pas obligé de le faire comprendre à tout un chacun en affichant une mine défaite.

Dans le deuxième paragraphe vous abordez la question de la " participation des fidèles au sacerdoce ", là je vous avoue que je ne comprends pas de quoi il s'agit. Il me semble évident qu'il y a les fidèles d'un côté et le sacerdoce de l'autre et je ne vois pas comment les premiers pourraient participer à l'ordre sacerdotal tout en restant de simples fidèles ! Je ne connais pas les thèses modernistes que vous dénoncez à juste titre car comme je vous l'ai déjà dit j'ignore tout du
" schmémanisme ". Si comme vous le dites, et je n'ai aucune raison de ne pas vous croire, ce courant " dénonce la conception hiérarchique du rôle du clergé et du rôle du peuple dans la liturgie et promeut une "concélébration entre les ministres et le peuple" ou une « concélébration de chacun avec tous » affirmant que « ce n’est pas le clergé qui officie », mais que « tous sont consacrés, tous célèbrent » " alors je suis clairement opposé à ce courant. Cela ne veut pas dire à mes yeux que l'on ne doit pas souhaiter une participation toujours plus " active " des fidèles à la liturgie, mais cette participation " active " ne doit en aucun cas remettre en cause la distance - qui ne veut évidemment pas dire séparation - entre le clergé dans sa fonction et les fidèles, distance symbolisée entre autre par l"iconostase (je ne veux évidemment pas dire que là est la seule signification de l'iconostase).

8.Posté par Tchetnik le 15/04/2010 16:28
La prêtrise ne constitue certes pas un "pouvoir" qui amoindrirait la dignité humaine des simples fidèles.

Cependant, l'Église n'a jamais été et n,est pas une "démocratie". Sa mission, qui est d'incarner et de transmettre la Grâce et la Vérité, ne peut se faire que d'en haut. Ce avec le concours d'homme qui, avec leurs qualités et leurs défauts, ont quand même reçu une légitimité et une autorité pour transmettre Grâce et Vérité, guider les gens dans la Vérité, à savoir, les corriger quand leurs comportements en dévient.

Un troupeau a besoin d,un pasteur, une classe a besoin d,un enseignant, tous deux munis d'une autorité légitime qui doit être reconnue et respectée. Pour le prêtre, tant que ce qu'il dit et fait est orthodoxe, moral et honnête, son action ne doit pas être discutée. Bien évidemment, cette autorité ne doit pas être utilisée avec injustice ou arbitraire mais avec charité et discernement. Mais parfois aussi avec fermeté.

Le problème dans nos sociétés "modernes" étant que chacun veut jouer au prêtre à la place du prêtre et que tout un chacun se croit aussi compétent que 2000 ansde Tradition, 7 Conciles et des dizaines de Pères pour interpréter les Saintes Écritures et l'enseignement du Christ.

Avant, le téléscope qui nous servait à contempler la planète était de fabrication patristique. Aujourd'hui chacun se croit habilité à en construire un soi-même avec comme résultat une grande auto-complaisance et autojustification.

La connaissance de la Vérité suppose une certaine lucidité par rapport à ses critères personnels de compréhension et d'interpretation. Critères qui peuvent accueillir, identifier et comprendre cette Vérité, mais certainement pas la créer de toutes pièces.

9.Posté par Daniel le 15/04/2010 18:08
Il existe bien une forme de sacerdoce royale des laïcs comme le dit Saint Paul : "Vous, au contraire, vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis, afin que vous annonciez les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière. " 1 Pi. 2.9.

Les modernistes, pour faire simple, ont tendance à estimer, et cela se retrouve aussi chez le Père Alexandre Schmeman, qu'à parti de Constantin, quand l'église est devenue religion prédominante de l'Empire romain, elle a développé certains traits, l'un de ces traits étant une certaine hiérarchisation entre fidèles et clergés, les fidèles tendant à être à la périphérie et en quelque sorte participant moins. De ce fait, ils veulent remettre à l'honneur ou développer tout ce qui apparaît comme une plus grande participation des fidèles. Les manifestations de cela sont diverses : suppression de l'iconostase, ou du moins ouverture permanente des portes royales et suppression du rideau, communion fréquente (ce qui n'est pas mauvais en soi mais hélas en incitant peu sur la préparation à la communion), baiser de paix que se donnent les fidèles, prières secrètes à haute voix selon l'usage ancien, proscomédie réalisée dans la nef et plus dans le sanctuaire, participation de tous à la chorale, récitation collective avant la communion du "Je crois et je confesse..." etc...

Ces diverses pratiques devraient être étudiées point par point (car certaines sont en réalité des usages antiques antérieurs à la pratique habituelle) et je n'en ai pas la prétention dans ce message... Il s'agirait de voir dans une approche historique pourquoi tel usge ancien a été abandonné, dans quel contexte et s'il est bon de le restaurer... Elles ne sont pas forcément propres à l'exarchat mais peuvent aussi se trouver dans la paroisse Notre Dame Joie des Affligées qui dépend du Patriarcat de Moscou.

10.Posté par vladimir le 15/04/2010 22:55
Et bien nous sommes en plein dans un sujet très important! Le manifeste, que nos "modernistes" utilisent pour remplacer le Typicon, la Loi et les prophètes est l'ouvrage du p. Alexandre cité plus haut, dont JC Larchet fait une excellente recension ici: file:///C:/Users/Utilisateur/Documents/ORTH/recension_litur_schmemann%20Larchet.html.

Je suis d'accord que les " formules toutes prêtes " existent aussi en Occident, de même que le baiser de l'anneau et le décorum liturgique. La différence c'est que, en Russie, ils passent complétement dans la vie quotidienne: l'évêque n'est plus un moine, mais un dignitaire de la coure du Seigneur à qui les honneurs, voire les prosternations, les Mercedes et les panagya ornées comme des bijoux reviennent de droit. Il n'y a rien de trop beau pour le Seigneur et les croyants donneront leurs économies pour que Ses églises et les hommes qui les servent montrent avec éclat qu'il s'agit de Sa maison et de Ses serviteurs... Il n'est pas question de prendre aucune distance ni de faire aucune critique: aux rares voix qui s'élèvent pour trouver que la Russie a payé trop chère pour la future cathédrale orthodoxe de Paris, alors même qu'il y tant de pauvreté dans le pays, on répond en citant Mt 26-11: "Des pauvres, vous en aurez toujours autour de vous; mais Moi, vous ne M'aurez pas toujours avec vous."

11.Posté par Tchetnik le 16/04/2010 16:52
Sans oublier cependant que l'Église Russe dépense aussi sans compter en Russie pour moultes oeuvres caritatives, Hospices, orphelinats, hopitaux, foyers d'accueil...

L'argent dépensé pour un certain décorum, parfois abusif, certes, ne doit pas non plus faire oublier cette réalité. Et il vaut mieux que ce batiment à Paris soit utilisé comme église que comme autre chose. Dans un pays comme la France où églises sont quotidiennement pillées, souillées et détruites, cela ne peut être que positif.

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