Mgr Marc Arndt: deux questions vitales pour l'Eglise à l'Etranger  (II)
J'ai présenté un premier extrait de l'entretien entre le métropolite Marc et le diacre André Psarev publié par Bogoslov.ru . En voici la suite consacrée à deux questions que Mgr Marc juge essentielles: l'absence des jeunes et le schisme "Vitaliste" (*) en Amérique du Sud:

Pourquoi les jeunes ne viennent-ils pas à l'église?

Ce qui m'a le plus interpelé, aussi bien pour la première que pour la seconde émigration, c'est que leurs enfants sont absents des églises. Je ne peux pas expliquer comment c'est arrivé mais la langue a pu jouer un certain rôle… Pour les jeunes qui ont grandi ici, l'absence totale de langue locale pouvait contribuer à les éloigner. Alors, par exemple, j'insiste pour que l'Evangile et l'Apôtre soient lus dans les deux langues et l'une des grande écténies soit prononcée en langue locale afin que les enfants entendent des sons qui leur soient plus proches, compréhensibles que le slavon. C'est notre faute, mais nous ne nous préoccupons pas assez de ce que les enfants parlent russe et comprennent le slavon; cela ne réussit pas dans toutes les paroisses

C'est peut-être un aspect de la question, mais ce n'est pas tout et je ne peux pas dire pourquoi ils ne viennent pas. C'est ce qu'il y a de plus triste – ils réapparaissent habituellement sur leur lit de mort. Là nous les revoyons; là ils ont besoin de l'Eglise… Mais parfois c'est trop tard. C'est une véritable tragédie.

Il y aussi le fait, que nos jeunes rapportent, qu'ils sont mal vus par leur entourage à l'école ou à l'université quand ils disent qu'ils vont à l'église. Là il faut de la volonté pour défendre son point de vue.

Le schisme en Amérique du sud

Notre église est un organisme très hétéroclite du fait que nos paroissiens vivent dans des pays très divers et chaque pays imprime sa marque sur toute personne qui y habite. Ainsi nous avons des problèmes différents en Europe – et même l'Europe ne peut considérée comme uniforme – ou en Amériques ou en Australie.

La situation la plus difficile est celle de l'Amérique du sud: les fidèles n'ont pas le choix car une poignée de prêtres a tout pris en main. Pour moi ce sont des gens qui ne comprennent pas la situation actuelle de l'Eglise et de la société en Russie et à l'étranger, qui ne sont plus en contact avec les réalités du monde et se sont enfermé dans leur propre situation psychologique interne. Ils ont quitté l'Eglise et c'est actuellement la plus grande plaie sur le corps de notre Eglise. Les fidèles n'ont pas le choix: là-bas il n'y a pas d'autre paroisse a cinq cents ou mille de kilomètres, et bien que les gens soufrent de cette situation, nous ne les avons pas suffisamment éduqués et ils considèrent que s'il n'y a pas d'autre prêtre, on va aller chez celui-là. C'est une blessure effrayante, une plaie effroyable sur le corps de l'Eglise.

(*) Note de VG: Prés de 30% des paroisses, dont pratiquement toutes celles d'Amérique du sud, avaient suivi le métropolite Vitaly qui avait tenté de s'opposer au processus de réunification entre l'Eglise Orthodoxe Russe Hors Frontières (ROCOR, dont fait partie Mgr Marc) et le patriarcat de Moscou entre 2000 et 2007. Quelques unes sont revenues au sein de l'Eglise russe à l'étranger, les autres constituant plusieurs groupes dits "Vitalistes" qui ne sont pas reconnus canoniquement.

V.Golovanow

Rédigé par Vladimir Golovanow le 21 Mars 2015 à 22:22 | 0 commentaire | Permalien



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