LES CONFESSIONS DE SAINT AUGUSTIN ( 354 - 430)

Pendant ces neuf années de mon âge, de dix-neuf à vingt-huit, je demeurai dans cet esclavage, séduit et séducteur, au gré de mes instincts déréglés; je trompais en public par les sciences dites libérales; en secret, par le mensonge d’une fausse religion : ici, jouet de l’orgueil, là, de la superstition, partout de la vanité. Épris du vide de la gloire populaire, j’en étais venu à jalouser les applaudissements du théâtre, les luttes de poésie, la poursuite des couronnes de foin, les bagatelles des spectacles, toutes les intempérances du libertinage.
Et demandant d’autre part d’être purifié de ces souillures, j’apportais des aliments à ces saints, à ces élus de Manès, pour que l’alambic de leur estomac en exprimât à mon intention des anges et des dieux libérateurs. Telle était l’extravagance des opinions et des pratiques que je professais avec mes amis, par moi et comme moi séduits.

Qu’ils me raillent, ces superbes, qui n’ont pas encore le bonheur d’être humiliés et écrasés par vous, mon Dieu: moi je confesse mes ignominies pour votre gloire; permettez-moi, je vous en conjure, donnez-moi de promener aujourd’hui mes souvenirs par tous les détours de mes erreurs passées, et « de vous immoler « une victime de joie (Ps XVI, 6).»
Car, sans Vous, que suis-je à moi-même, qu’un guide malheureux penché sur les précipices? Et que suis-je, dans la santé de l’âme, qu’un nourrisson allaité de Votre lait, et qui se repaît de vous, incorruptible nourriture? Et qu’est-ce que l’homme, quelque homme que ce soit, puisqu’il est homme? Qu’ils nous raillent donc, les forts et les puissants ; mais confessons toujours à vous nos infirmités et notre indigence.

Oeuvres complètes de
Saint Augustin

Rédigé par l'équipe de rédaction le 9 Mars 2010 à 09:39 | 1 commentaire | Permalien



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