Le texte intégral est :

Je chanterai le Seigneur tant que je vivrai » (psaume 145)

Koliassia nous a quittés et il laisse, derrière lui, l'image d'un homme tout à fait exceptionnel. Durant la plus grande partie de sa vie, il a vécu quotidiennement tout le cycle des offices de la Sainte Eglise orthodoxe. On peut assister aux offices sans vraiment y participer. Lui, non seulement y participait, mais encore il les ordonnançait en tant que psalmiste de l'église Saint Serge. Cette familiarité avec les offices lui a permis d'en saisir toute la richesse accumulée dans les textes par des générations de moines qui les ont composés. Richesse qui découle aussi des règles qui régissent l'agencement de ces offices (l'ordo) où rien n'est dû au hasard mais tout découle de la Tradition de l'Eglise.

Cette connaissance progressivement intériorisée des offices et de leur arrangement lui a permis de devenir un théologien très fin, nourri des enseignements que l'Eglise nous offre à travers ses offices divins. Cette théologie n'était pas pour lui un objet d'étude mais sa façon de vivre ; sa vie en était imprégnée.



Il savait qu'un office devait être empreint de beauté. Pour tendre vers cette beauté, il utilisait l'exceptionnel don musical dont le Seigneur l'avait gratifié. A la suite de son père qui, encore en Russie, avait déployé de grands efforts pour redécouvrir et sauvegarder les mélodies traditionnelles, il s'attachait à célébrer les offices en utilisant ces mélodies sobres mais portant les prières sans les désarticuler tout en étant d'une étonnante beauté. Il savait, également, utiliser toutes les ressources du chant pour souligner la solennité d'une fête, la retenue et le repentir, pendant le carême, ou la joie du salut et de la résurrection. De fait, les offices qu'il dirigeait étaient toujours très beaux. Dans certaines occasions, comme, par exemple, lors de la Semaine Sainte, et plus encore lorsque le nombre de chanteurs permettait d'avoir deux chœurs, on pouvait vraiment se demander si l'on ne commençait pas à goûter au Royaume.

Son authentique connaissance des offices et du chant liturgique et la bienveillance naturelle, dont il faisait preuve envers son prochain, ont attiré de nombreux jeunes orthodoxes, d'ici et d'ailleurs, et ont fortement contribué à la transmission de la tradition orthodoxe dans son expression russe. Sans doute, nombre de ces jeune gens, qu'ils aient été ses étudiants à l'institut de théologie ou seulement ses choristes, ont affermi leur foi au contact de ce serviteur du Christ, hors du commun.

En tout cas, de nombreux chefs de chœur, en fonction actuellement, lui doivent leur formation proprement ecclésiale et non seulement musicale.

Qu'il repose en paix, Mémoire éternelle !

Séraphin Rehbinder

Président de l'OLTR

Décembre 2014