Bartimée

"Un grand écart sépare, cette année, la date de Pâques dans le calendrier occidental et dans le calendrier oriental, pensez-vous qu'il soit urgent d'avoir une date commune pour l'ensemble du monde chrétien ?"

Conformément au concile de Nicée I, Pâques ne se rapporte pas à une date mais à un événement : le premier dimanche qui suit la pleine lune, qui suit l'équinoxe de printemps calculé sur le méridien de Jérusalem.
Cette période cosmique, mobile par nature d'une année sur l'autre, a été choisie par les Pères car est la seule période de l'année où toute la planète aussi bien côté jour que côté nuit, est éclairée au maximum par chacun des deux luminaires diurne et nocturne. La formule nicéenne a donc une signification théologico-cosmique essentielle.

Le calcul du moment de l'équinoxe relevait en ce temps-là (en 325) du calendrier adopté par Jules César pour tout l'Empire Romain 50 ans avant notre ère. Ce calendrier - dit julien - étant basé sur l'hypothèse d'alors, à savoir que la révolution terrestre autour du soleil s'accomplissait en 365 jours et 6 heures.

On s'aperçu ultérieurement que le calcul était erroné puisqu'en fait la révolution s'accomplit en 365 jours, 5 heures, et 49 minutes, soient 11minutes d'écart.
Mine de rien ce sont ces 11 minutes fatales qui génèrent la différence induisant un décalage par rapport au soleil de 1 jour tous les 128 ans dans le calendrier julien.

Au XVI°s., au temps du pape de Rome Grégoire XIII, le décalage cumulé par rapport au soleil du calendrier julien alors en vigueur étant de 10 jours, il fut décidé que le lendemain du 4 octobre 1582 s'appellerait 15 octobre 1582. Ce nouveau calendrier appelé désormais "grégorien" remettait ainsi les pendules à l'heure du soleil. Depuis cette date trois autres jours ont été rattrapés au fil du temps. Ce qui porte le décalage actuel entre les deux calendriers à 13 jours.
Le calendrier grégorien est le plus exact par rapport au soleil et donc le plus conforme à Nicée I.

La priorité ne saurait être d'imposer ex abrupto un diktat aux chrétiens concernés, la moindre des choses est de prendre le temps de leur expliquer préalablement le pourquoi de cet abandon, non idéologique mais somme toute simplement logique. L'urgence n'est donc pas d'opérer un changement précipité mais d'expliquer le pourquoi du changement, encore faut-il l'avoir compris soi-même.
Le but n'est pas d'adopter "le même"calendrier ou une date "commune", mais le calendrier le plus juste possible, donc de corriger les tables.

Les fidèles ne sont pas des demeurés, tous y compris ceux qui vivent au fond de la taïga accepteront le calendrier grégorien dès lors que l'on aura pris le temps dans les paroisses,
de les aider à en comprendre préalablement les tenants et aboutissants. Ils savent aussi bien que d'autres que l'on règle la montre sur le soleil et non le soleil sur la montre.


Rédigé par Bartimée le 20 Mars 2013 à 09:56 | 10 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Vladimir le 20/03/2013 14:51
Merci Bartimée,

Dans votre explication on peut aussi ajouter que le dimanche correspond au 1er jour de la Création, où Dieu créa la lumière, ce qui renforce encore l'icône cosmique que vous décrivez.

Mais comment expliquez-vous que même les Orthodoxes qui ont chois le calendrier grégorien pour les fêtes fixes ont gardé le comput julien pour Pâques? Et les Catholiques du Moyen Orient ont choisi de passer du comput grégorien, "plus exact par rapport au soleil et donc le plus conforme à Nicée I" au comput julien, et ce justement cette année où l'écart est maximum? Tous "des demeurés qui vivent au fond de la taïga"?

Ne prenez pas cette question comme une attaque s'il vous plait, son ton est volontairement "taquin" pour en souligne l’acuité. Je suis sincèrement intéressé à trouver une explication à ce paradoxe car, comme vous, je constate l'illogisme de la position des croyants qui s'accrochent à un calendrier évidement faux (il donnera Pâques en hiver et Noël en été... dans quelques millénaires!). J'y vois personnellement deux explications:

1. Les fidèles considèrent que la Tradition, dont le calendrier fait partie, a été mise en place par les pères sous l'inspiration du Saint Esprit. Il faudrait donc qu'Il manifeste Sa volonté d'en changer… et ce n'est pas le rôle des calculs scientifiques de manifester la volonté de Dieu

2. L'essentiel est bien, comme la montre la décision des Catholiques du Moyen Orient, de fêter Pâques tous ensemble.

Notons enfin aussi que les données devraient être inversées pour l'hémisphère sud: cela est surtout pour vrai pour Noël et cela montre bien la relativité de ces repères…


2.Posté par Bartimée le 21/03/2013 10:41

@Cher Vladimir vous avez raison, "les repères sont relatifs" car le temps humain est imparfaitement calculable. Il y aura toujours des secondes qui échappent, des données qui divergent selon l'hémisphère, le méridien, la courbure terrestre etc …

Les plus aptes à vous répondre ne seraient-ils pas les intéressés eux-mêmes, Latins du P.O., et bi-calendaristes ?
Et si la question de l'unicité calendaire ne revêtait pas finalement un sens plus pratique que métaphysique ?

Unicité regroupant les calendriers civil, religieux, fixe et mobile.
Soyons franchement terre à terre : ne serait-ce pas avant tout plus commode ?

3.Posté par Walter le 21/03/2013 11:57
Il existe une église autonome, l'église orthodoxe de Finlande qui a opté pour le calendrier grégorien intégral (donc, y compris la date de Pâques). Il me semble que cette option a le mérite de la cohérence. Elle me parait être est la plus logique et la plus souhaitable.
Maintenant, émotionellement, les choses ne sont pas si simples.

La question va se poser de manière aigüe dans 87 ans (en 2100) lorsque le décalage va passer de 13 à 14 jours.et que Noël ne sera plus célébré le 7 janvier mais le 8.

4.Posté par Daniel le 21/03/2013 21:13
Il me semble qu'il y a confusion entre cycle fixe et cycle mobile dans les interventions des intervenants... En 2100, le décalage va passer de 13 à 14, mais cela s'est produit aussi au 19e siècle quand le décalage est passé de 12 à 13. Personne n'est mort! Je ne vois pas pourquoi cela serait aigue.

Le calendrier julien rénové me semble être le plus mauvais car il rompt l'harmonie entre cycles fixe et mobile :

- le jeûne des apôtres est réduit voir annulé
-Saint Georges, comme cette année, tombe en plein carême alors que la fête est faite pour tomber dans la période pascale, comme l'indique son hymnographie
- les 40 martyrs de Sébaste tombent hors du carême comme cette année
- L'invention de la tête de Saint Jean Baptiste, comme cette année tombe bien avant le carême alors que cette fête par son hymnographie a un goût carêmique

Quant au calendrier grégorien pour la pascalie, il me semble faire l'objet d'anathèmes. Cela dit, qu'apporte de plus fêter la fête en même temps que les non orthodoxes? A mon sens, rien...

5.Posté par Walter le 22/03/2013 10:30
@Daniel : Suis d'accord avec vous en ce qui concerne le calendrier julien rénové qui n'est pas cohérent et est un non sens liturgique. Ceci étant, le calendrier julien rénové ici en Occident, est utilisé tout d'abord pour des raisons d'économie pastorale évidentes.

En revanche, je ne suis pas d'accord avec vous en ce qui concerne la fête de Pâques du calendrier grégorien, le principe n'étant pas de fêter Pâques avec les non orthodoxes mais à partir d'un calendrier aligné sur le soleil, de fêter Pâques à la date définie par les saints canons. Et si par hasard, des non orthodoxes fêtent Pâques le même jour, grand bien leur fasse.
En ce qui concerne l'impact psychologique lié au décalage supplémentaire d'un jour : lorsque le précedent décalage entre calendrier julien et grégorien s'était produit au 19 è siècle passant de 12 à 13 jours, le "monde orthodoxe" de l'époque vivait essentiellement selon le calendrier julien. il n'y avait pas de différence entre le calendrier liturgique et le calendrier civil. Noël était fêté le 25 Décembre du calendrier civil et non pas le 6 janvier. Là, pour la première fois, les fidèles vont pouvoir toucher du doigt l'"erreur" de comptage du calendrier julien, cela va créer de l'émotion. Et de plus, le problème de cette dychotomie entre la sphère civile et la sphére religieuse illustrée par ces calendriers décalés et concurrents est liée à une erreur qui n'a rien à voir avec l'évangile puisque sa définition (et l'erreur de calcul) n'a pas été commise par l'Eglise mais par l'état romain païen.

6.Posté par Daniel le 22/03/2013 18:41
@ Walter

Vous dites: "Ceci étant, le calendrier julien rénové ici en Occident, est utilisé tout d'abord pour des raisons d'économie pastorale évidentes." Ah bon, lesquelles? C'est une évidence que je ne vois pas d'autant plus que mes voisins hindous, juifs, musulmans et autres gardent leur calendrier sans s'en porter plus mal pastoralement.

A vrai dire, ces histoires d'équinoxe, de planètes et autres me passent par dessus la tête à des années-lumières! Dans tous les cas, il faudra faire à l'imbrication des cycles mobiles et fixes qui ne sont pas indépendants comme je l'ai montré. Dans l'ancien calendrier, on peut utiliser un typikon perpétuel qui a prévu toutes les coïncidences possibles et inimaginables... Dans le nouveau calendrier non. Qu'en sera-t-il avec le calcul astronomique de la date de Pâques couplé au + 13 du calendrier julien?

7.Posté par Nicodème: Le contenu de l'article est exactement ce que je pense depuis plusieurs décennies le 23/03/2013 08:56
Le contenu de l'article est exactement ce que je pense depuis plusieurs décennies .La question n'est pas le choix d comput de Pâques (choix imposé contre les "quartodécimains " d'Asie , mais cela est une autre question) , la question est l'exactitude du calendrier . Il s'agit d'un simple problème astronomique . Seulement voilà , ce qui compte le plus aux yeux de beaucoup , notamment des "sages et des savants" , c'est de se démarquer des frères qui en disent pas Amen avec le même accent , ou ne font pas le signe de croix dans le même sens , etc... les pauvres et les petits ne donnent l'impression d'être des "arriérés de la Taïga" que parce q'ils ne savent pas , et là , je suis encore une fois entièrement d'accord avec ce uqi vient d'être expliqué . Et , en cela on peut leur pardonne leur obstination , comme si l'orthodoxie était une question de calendrier ...

Ou de latin , en occident . Pauvres de nous !! Si nous avions une foi grosse comme une graine de moutarde , nous nous aimerions , et il y a belle lurette que ni le "filioque" ni le calendrier constitueraient des barrières aussi hautes que le ciel ... Lorsque Polycrate avait été voir le pape de Rome , ds les années 150 , je crois , celui-ci avait convenu que la communion n'était pas rompue du fait d'une autre différence de date , à l'époque , et qui créait un conflit :les asiates célébraient le 14 nisan (selon le calendrier juif , puisque Jésus était juif...), et les autres le fameux dimanche qui suit la première pleine lune après l'équinoxe , comput qui allait finalement être officialisé 1 siècle et demi après à Nicée I , sous la pression de Constantin qui ne voulait à aucun prix que la Pâque "chrétienne" tombe en même temps que la Pâque juive .

Total contresens , puisque ces la même , la Pâque "juive" étant le "prototype" , comme on dit en ortholangue , de la Pâque "chrétienne" ... le plus drôle est que , suite à la réforme calendaire grégorienne , astronomiquement justifiée , cette magouille lui est revenue dans la figure , car , depuis 20 ans , cette simultanéité est arrivée 3 fois (je ne sais plus les années exactes) . Et rien ne s'est passé . Ktos , orthos et juifs .Ensemble !! je ne vois pas quel signe de plus Dieu aurait pu donner . Mais non ! tout le monde est resté enfermé dans son orgueil , en sorte que rien ne bouge . Quelle misère !! Pendant ce temps Satan rigole , je veux dire , l'islam rigole ...

Là dessus , je vous souhaite à tous une bonne Pâques , et la joie de pouvoir bientôt saluer tout un chacun par le kérygme : "Christ est ressuscité!"

8.Posté par Walter le 23/03/2013 22:57
@Daniel : Vous êtes peut-être hindous, juifs, musulmans et autres mais moi je suis chrétien orthodoxe et donc, le sens du calendrier liturgique d'aprés lequel je vis est important à mes yeux.

Je ne vois donc pas pourquoi je devrais subir une erreur introduite par des païens dans celui-ci et qui détourne le sens que les saints pères ont voulu lui donner.

9.Posté par Rehbinder séraphin le 24/03/2013 22:03
@Nicomède Vous dites que Constantin ne voulait pas fêter Pâques avec les juifs. Ce n'est pas tout à fait exact. Ce qu'il voulait éviter c'est de dépendre des juifs pour la fixation de la dates de Pâques. A son époque les juifs n'avait pas encore élaboré un calendrier donnant la dates de pâques pour chacune des années à venir. Cette date était fixée empiriquement par les autorités religieuses.
Ceci avait deux inconvénient. Les chrétiens devaient attendre que la date de la pâque juive soit fixée pour connaître la date de la Pâques chrétienne. De plus les juifs pouvaient se tromper dans le comput et fixer notamment leur pâque avant l'équinoxe. (cf la condamnation de ceux qui fêtent Pâques "avec les juifs avant l'équinoxe"
D'où la décision de fixer la date de Pâques par des calculs astronomiques objectifs :
Pleine lune après l'équinoxe de printemps = Pâque juive
Dimanche suivant = Pâques chrétienne.
Une fois cette règle établie la date qu'adopte les juifs pour fêter leur pâque n'a plus d'importance. Elle devrait toujours tomber avant la Pâques chrétienne par construction. Mais toujours à cause d'erreurs de comput elle pouvait et peut encore tomber en même temps ou après la nôtre.

10.Posté par Vladimir le 28/03/2013 23:32
Les catholiques de Terre sainte au rythme orthodoxe

Natalia Trouiller
Créé le 26/03/2013 / modifié le 26/03/2013 à 06h50
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C'est en application d'une directive de l'Assemblée des ordinaires (évêques) de Terre sainte que la grande majorité des catholique de Palestine et d'Israël fêtera la Semaine sainte en suivant le calendrier julien, calant ainsi sa liturgie sur celle des orthodoxes. "L’unification de la date à laquelle les chrétiens des différentes confessions célèbrent Pâques – fait désormais accompli depuis des décennies en Jordanie et à Chypre – suscite encore des perplexités parmi les Evêques maronites. Selon Mgr Shomali, elle représente cependant un pas éloquent du point de vue œcuménique et du témoignage : «Des membres de la même famille ou du même village appartenant à des réalités ecclésiales différentes – remarque le Vicaire patriarcal – peuvent désormais célébrer la Passion, la mort et la Résurrection de Jésus Christ pendant les mêmes jours, de manière à porter un témoignage d’unité à nos voisins non chrétiens»".

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