par Jacques Berset

Le Vatican entretient depuis longtemps d’excellentes relations avec le Patriarcat de Constantinople et le contact avec le Patriarcat de Moscou a fait de très grands progrès depuis la rencontre entre le pape François et le patriarche Cyrille en février dernier à Cuba.

Alors que de nombreux problèmes ne sont pas résolus, la tenue du Concile panorthodoxe, qui doit ouvrir ses portes le 16 juin 2016 à l’Académie orthodoxe de Crète, est “irréaliste”, a estimé le 11 juin Vladimir Legoïda, président du Département synodal des relations du Patriarcat de Moscou avec les médias.

Le Saint Synode de l’Eglise orthodoxe russe doit se rencontrer en session extraordinaire lundi 13 juin. Il débattra à cette occasion de la participation de l’Eglise russe à ce Concile, le premier depuis un millénaire, après la décision de plusieurs Eglises – dont les Eglises orthodoxes de Bulgarie, de Serbie et de Géorgie ainsi que le Patriarcat d’Antioche – de ne pas y prendre part.

Défection des Eglises bulgare, serbe et géorgienne

Vladimir Legoïda estime que le statut de la rencontre en Crète doit être redéfini, parce que le Saint et Grand Concile panorthodoxe requiert la participation des 14 Eglises locales, alors qu’actuellement plusieurs ne sont pas prêtes à participer. Pour lui, une telle rencontre pourrait s’appeler, par exemple, “Conférence panorthodoxe”, mais pas Concile. Il a annoncé la position du Patriarcat de Moscou le 10 juin à la chaîne TV “Rossia 24”.

L’Eglise orthodoxe russe n’a pas reçu de réponse directe du Patriarcat de Constantinople à sa proposition de procéder à une consultation extraordinaire dans le but d’éliminer les problèmes qui ont surgi lors de la préparation du Concile panorthodoxe. Le Patriarcat de Moscou avait proposé “un mécanisme absolument réaliste” permettant de prendre en compte les intérêts de tous et même de convoquer le Concile dans les délais prévus.

Constantinople ne répond pas

“Mais pour cela, il faut que l’on se réunisse comme nous l’avons proposé, et discuter ces problèmes. Parce que la proposition alternative de Constantinople, venir au Concile, est irréaliste. En effet, au Concile même, il n’y a pas de mécanisme pour modifier les documents, ils ne peuvent qu’être signés. Or, ils doivent être élaborés jusque-là. C’est la pratique habituelle”, a déclaré Vladimir Legoïda. Mais l’Eglise orthodoxe russe n’a reçu aucune réponse directe à sa proposition de la part du Saint-Synode de Constantinople.

Lire aussi "L’Eglise orthodoxe semble traverser en ce moment une grave crise et connaître de nombreuses divisions alors même que son grand concile de la Pentecôte, en préparation depuis 55 ans, devait être une démonstration de renouveau et d’unité".

Les représentants de l’Eglise orthodoxe de Géorgie ont déclaré qu’ils ne participeront pas au Concile en Crète puisque le Patriarcat de Constantinople a ignoré leurs demandes. Pour l’Eglise géorgienne, le Concile a laissé de côté des questions aussi importantes que le calendrier liturgique et le mariage. Cette dernière question a été soulevée activement par l’Eglise de Géorgie. “Nous avons considéré qu’il serait juste de nous abstenir de participer, a déclaré aux journalistes l’archevêque Zosimas Shioshvili, métropolite de Tsilkani et Dusheti, après la session du Saint-Synode à Tbilissi, à laquelle participait le patriarche Ilia II.

Quid du principe essentiel d’unanimité ?

L’évêque Hilarion Kitiashvili, métropolite de Mestia et Svaneti, a déclaré à son tour à la presse que “le principe essentiel d’unanimité, qui se trouve à la base du déroulement du Concile, n’est pas réalisé à cette étape, parce que la décision a été prise par l’Eglise de Géorgie de s’abstenir de participer… Il y a également des questions fondamentales qui doivent être prises en compte par le Patriarcat de Constantinople et qui ne le sont pas”.

Malgré les débats en cours dans le monde orthodoxe, le cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, a déclaré que ce serait un très mauvais signe si ce Concile ne pourrait pas avoir lieu. Sur le portait internet katholisch.de, le cardinal suisse a estimé qu'”un Concile est finalement aussi là pour que l’on règle les désaccords”.

Le cardinal Koch souhaite que le Concile ait lieu

Le cardinal Koch, qui est également en charge des relations avec le monde orthodoxe, est invité à participer au Concile en tant qu’observateur, en compagnie de Mgr Brian Farrell, secrétaire du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens. Les hôtes ne pourront pas participer aux débats, mais recevront quotidiennement des informations sur le déroulement des travaux....SUITE

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 13 Juin 2016 à 13:02 | 9 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Marie Genko le 12/06/2016 00:09
Il me semble me souvenir que le consensus n'avait pas été atteint lors de la dernière réunion préparatoire au Grand Concile...?
Donc, il n'y a rien d'étonnant à ce que la situation se soit bloquée de cette façon, puisqu'il aurait été élémentaire de tenir compte des positions divergentes !

Puisque tous les Orthodoxes professent la même Foi, il est troublant pour le FIDÈLE DE BASE de constater que des divergences existent entre les différents Patriarcats.

Pour ma part, je m'étonne que des hommes de Prière aussi puissamment orthodoxes que les théologiens, qui ont participé aux réunions préparatoires, n'aient pas trouvé dans la Prière et dans leurs cœurs le moyen de mettre au point des conclusions satisfaisantes, acceptables pour tous?

Il est pourtant impératif de témoigner au monde que nous sommes l’Église.
Celle qui a conservé intacts l'enseignement de Notre Seigneur, celui des apôtres et celui de nos Saints Pères.

Je prie pour que l’œcuménisme ne soit jamais entre une pomme de discorde entre les Orthodoxes. Lorsque le temps sera venu, l'Esprit Saint conduira les chrétiens vers l'unité.

C'est la Gloire de l'Orthodoxie que nous devons au monde! Et non le détestable exemple de nos discordes.

2.Posté par Théophile le 12/06/2016 08:56
Merci pour votre témoignage, Marie !!!

"Lorsque le temps sera venu, l'Esprit Saint conduira les chrétiens vers l'unité." Oui !
Seul l'Esprit Saint peut faire au milieu de nous une telle œuvre - retourner ensemble vers le Père, par le Christ. Il faut prier pour la venue de l'Esprit Saint, sur nous et sur nos hiérarques.

3.Posté par Daniel le 12/06/2016 12:25
Marie Genko : "Pour ma part, je m'étonne que des hommes de Prière aussi puissamment orthodoxes que les théologiens, qui ont participé aux réunions préparatoires, n'aient pas trouvé dans la Prière et dans leurs cœurs le moyen de mettre au point des conclusions satisfaisantes, acceptables pour tous?"

J'ignore s'il faut le prendre avec ironie mais cela m'a bien fait rire. Au vu du phrasé des documents préparatoires, on voit que le travail n'a pas été fait pas des hommes de prière mais par des bureaucrates qui n'ont de théologiens que leur diplôme... Quant à la vrai connaissance de Dieu, acquise par l'expérience spirituelle, l'ascèse etc, manifestement, ils en sont dépourvus. Les faux théologiens de ce genre sont nombreux et nous en voyons les fruits au grand jour.

Un fiasco total. Heureusement qu'il reste l'euro de foot pour se consoler.

4.Posté par Galina le 12/06/2016 16:42
Il faut reporter le Concile panorthodoxe jusqu’à « un moment meilleur », étant donné que l’accomplir sans les Églises qui refusent d’y participer serait étrange. C’est ce que considère Mgr Calliste (Ware), théologien connu mondialement et métropolite de l’Église orthodoxe de Constantinople.

« En tenant compte de telles circonstances [i.e. l’absence de plusieurs Églises locales orthodoxes, ndt], il est possible que l’on en vienne à l’ajourner. Procéder à ce Concile sans de telles Églises comme celles d’Antioche, de Serbie et, peut-être de Russie, serait étrange. Ce ne serait plus un Concile panorthodoxe. Sans représentation complète, il est possible que ce soit mieux pour nous de l’ajourner jusqu’à un moment meilleur » a déclaré le métropolite de Diocleia Calliste dans une interview à l’Agence russe RIA Novosti. Selon ses propres termes, tenant compte du refus de plusieurs Églises, l’événement prévu en Crète « serait une conférence et non un Concile fructueux ». Répondant à la question sur l’opportunité de convoquer une telle conférence avant le Concile, comme cela est proposé par certaines Églises, le métropolite a répondu : « Cela dépend qui manifestera le souhait de venir, parce que certaines Églises participeront, d’autres, non, et cela ne renforcera pas notre unité ». SUITE

5.Posté par Marie Genko le 12/06/2016 21:59
Un concile, auquel toutes les Églises ne participent pas, perd son sa raison d'être.

Nous devons nous souvenir du schisme des monophysites qui a justement été la conséquence de l'absence de certains évêques au concile de Calcédoine.
Si l'Esprit Saint ne permet pas la réunion de ce Concile, cela veut dire que l'heure n'est pas encore venue pour régler les questions en suspens dans nos Patriarcats.

Prions...Seule la Prière permettra de dénouer cette situation.

6.Posté par Лучше отложить Всеправославный Собор, чем проводить поспешно, считают в Русской церкви le 12/06/2016 22:05
В Московском патриархате призвали не допустить, чтобы Всеправославный Собор, запланированный на Крите во второй половине июня, привел к расколу православного мира.

"На протяжении всех 55 лет подготовки Всеправославного Собора мы говорили о том, что он должен быть фактором единства Церкви и ни в коем случае не должен стать причиной разделения. Если мы чувствуем, что подготовка еще не завершилась, что какие-то вопросы еще не выяснены, то лучше отложить этот Собор, чем проводить его поспешно, и в особенности без участия нескольких поместных Церквей", - сказал глава синодального Отдела внешних церковных связей митрополит Волоколамский Иларион в воскресенье после литургии в московском храме в честь иконы Божией Матери "Всех скорбящих радость".

Как подчеркнул иерарх, Собор не может быть всеправославным, если в нем не участвует та или иная Церковь.

"Чем ближе мы подходим к Собору, тем больше видим, что по некоторым вопросам нет единомыслия и единодушия между Церквами. Слава Богу, это не богословские вопросы - нет сейчас такой ереси, ради который надо было бы собирать Вселенский Собор. Все ереси с Божией помощью были отторгнуты и побеждены отцами семи Вселенских Соборов. Но есть различные вопросы, которые Церковь ставит, на которые хотят получить ответ", - заявил он.

Представитель Церкви напомнил, что в понедельник в Москве пройдет экстренное заседание Священного Синода, на котором предстоит решить, будет ли Русская церковь участвовать в Соборе или нет....ДАЛЕ ПО ССЫЛКЕ

7.Posté par Marie Genko le 12/06/2016 22:10
Cher Daniel,
Je ne me permettrais pas d'ironiser à propos de théologiens qui ont eu le courage de consacrer toute leur vie au Seigneur.
Peut-être que leur rédaction des documents préparatoires a été maladroite ?
Peut-être ont-ils laissé échapper l'importance du consensus qu'il auraient du obtenir?
Peut-être, peut-être?
Ils ont certainement fait de leur mieux.
Mais quelque part le souffle de l'Esprit Saint n'a pas voulu les inspirer et les porter.
C'est à eux et à nous tous d'en tirer les conséquences.
Avec toute mon amitié Marie

8.Posté par Fabre Daniel le 14/06/2016 09:16
en effet, il y a longtemps que des hiérarques et des prêtres ne semblent même plus être dans l'Eglise mais ne sont dans l'église institution que pour leurs propres intérêts, leurs privilèges, leur besoin d'autorité etc...et demander que l'Esprit Saint les aides, les inspires et leurs fasse prendre leurs responsabilités....! c'est prendre le risque qu'il n'y en ai plus ....un seul quand ils seraient " soumis" au même avenir qu'Ananie et Saphire in actes des Apôtres 5 1-6.

9.Posté par Le patriarche Bartholomée a remercié le chef de l’Église gréco-catholique (uniate) d’Ukraine pour son soutien au Concile panorthodoxe le 05/08/2016 13:03
RISU
Le patriarche de Constantinople Bartholomée a remercié le chef de l’Église gréco-catholique (uniate) d’Ukraine, Sviatoslav (Chevtchouk) pour son soutien au Concile panorthodoxe exprimé par celui-ci dans sa lettre. Cette information est communiquée par le département de l’information de ladite Église. « Nous sommes heureux de la possibilité de communiquer avec vous, afin d’exprimer notre sincère gratitude pour votre lettre avec ses souhaits fraternels pour le Saint et Grand Concile qui, avec la grâce de l’Esprit Saint et la synergie de nos frères les primats et les hiérarques des Églises orthodoxes locales du monde entier, a finalement été convoqué le 19 juin et s’est achevé avec succès le 26 juin 2016 à l’Académie orthodoxe de Crète » a écrit le Patriarche œcuménique, qui ajoute : « Nous pouvons assurer Votre Béatitude, que notre propension au dialogue avec nos Églises sœurs a été soutenue par l’écrasante majorité au cours des sessions conciliaires et a été reflétée officiellement dans les documents finaux. Cela, selon notre conviction, revêt indubitablement une signification décisive pour le témoignage espéré et unique de l’Évangile dans notre monde et notre temps troublés ». Le patriarche Bartholomée a également assuré de sa prière « pour la stabilité et la paix en Ukraine. » « Que le Seigneur tout puissant défende et garde votre pays béni » a-t-il conclu. En mai 2016, le chef de l’Église uniate ukrainienne avait écrit au patriarche de Constantinople pour lui exprimer son soutien au Concile en Crète. « Nombreux sont, parmi les hiérarques rassemblés pour penser aux problèmes qui se dressent devant l’Église orthodoxe, ceux qui peuvent être étonnés d’apprendre que le Chef de l’Église que l’on décrit souvent comme le plus grand obstacle au dialogue œcuménique [i.e. l’Église uniate d’Ukraine, ndt] vous soutiendra par la prière sincère, afin que la présence divine soit réellement ressentie dans toutes vos discussions, sachant que « là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d’eux » (Matth. XVIII, 20), a écrit l’archevêque Sviatoslav. Dans sa lettre, celui-ci a aussi rappelé qu’il y a 21 ans, les membres du « Groupe d’études de l’Église de Kiev » [constitué des représentants de l’Église orthodoxe, de l’Église gréco-catholique et de l’Église catholique de rite latin, ndt] avaient rendu visite au patriarche, au Phanar. « Je vous assure que le même esprit d’ouverture et de sincérité œcuméniques, que vous avez vu alors chez les hiérarques et les clercs gréco-catholiques ukrainiens, est vivant aujourd’hui aussi. Pour cette raison, il y a une questions unique que je voudrais proposer au Concile [panorthodoxe, ndt] d’examiner, à savoir discuter la possibilité de la réalisation de projets historiques communs pour « la purification de la mémoire » et la guérison des blessures du passé » était-il dit dans la lettre du chef des uniates ukrainiens.

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