Que devient le patrimoine culturel russe à Nice et à Cannes ? Peut-on encore le sauver ?
Un signal alarmant nous vient de la Côte d'Azur, où la Russie risque de perdre un sanctuaire. Il s’agit de l'église Saint-Michel Archange à Cannes qui est en train de s'effondrer. Alors, notre patrimoine culturel peut-il être protégé en France?

A Nice, sur les cartes, ce lieu s'appelle le cimetière russe « Caucade », à l'entrée il est également écrit ainsi, mais en fait cela n'a pratiquement rien à voir avec la Russie: le tribunal de Nice a statué que le cimetière appartenait à une association française. Bien que pour la Russie, cet endroit soit historiquement important. Il a été acheté par le consulat russe en 1866 pour y inhumer les membres de la communauté orthodoxe russe de la Côte d'Azur. Le cimetière a été fondé au 19ème siècle par l'impératrice Alexandra Feodorovna, mère d'Alexandre II. Ceci est un cimetière privé, il est géré par l'association cultuelle ACOR de la paroisse Saint Nicolas et Sainte Alaxandra.

Christian Frizé, secrétaire de l’Association des Amis de la cathédrale Saint Nicolas à Nice (ACRN), a précisé : "La réalité est qu'ACOR Longchamp commercialise des tombes. Ils ont brûlé des cercueils, nous avons trouvé des restes. J'ai une confession audio enregistrée d'un jardinier qui travaille dans cette association, il a dit qu'il a vidé les tombes lui-même et mis les restes dans d'autres tombes", a déclaré Christian Frizé ... "Les gens d'ACOR assurent que les tombes ne sont pas ouvertes, au contraire, ils se sont engagés dans la restauration. Mais en novembre, une crypte historique ornée d’une croix en pierre a été démantelée"

Que devient le patrimoine culturel russe à Nice et à Cannes ? Peut-on encore le sauver ?
"Nous allons la démonter complètement puis la restaurer, car le toit s'est effondré", ont alors assuré les ouvriers. -" Et voici à quoi ressemble la même crypte aujourd'hui : rien qu’ un tas de blocs de béton. Il s'avère qu'il y a environ six mois, l’emplacement de cette tombe a été vendu 20 mille euros. Où les restes qu’elle contenait sont allés n'est pas clair. Ce tombeau est censé abriter un général décédé en 1881. Nous avons vu que la tombe avait été ouverte. L'intérieur du cercueil est relativement récent, 20-30 ans, peut-être moins, partiellement cassé, le visage est complètement défiguré. Pendant deux ans, cette tombe a été ouverte 5 à 6 fois. On peut être sûr que la personne qui gît ici n'est plus ce général ».

A « Caucade » 6 mille personnes sont enterrées dans 900 tombes. "Nous avons ouvert la tombe, il y avait un cercueil renversé, déplacé sur le côté, et sur le dessus gisaient des cadavres empilés les uns sur les autre. Il y a un mètre et demi de corps dans cette tombe, - Christian Frizé rappelle les faits. – « En France, c'est un crime ! La Fédération de Russie, semble-t-il , a choisi de ne pas prêter attention au fait qu'elle est le propriétaire de ce cimetière, ainsi que de l'église, ainsi que d'autres endroits, - dit Frizé. - A-t-il été abandonné? -

René Guerra dit: " Il a été confié à l’ACOR et Alexis Obolensky, vice-président de l'association ACOR, se dit descendant princier. La famille Obolensky elle-même ne le reconnaît pas". René Guerra, spécialiste du patrimoine culturel de la Russie en France et proche du président d'honneur de l'Union de la famille Obolensky "J'ai demandé un jour au prince Nikolai Nikolaevich Obolensky, maintenant décédé : vous connaissez Obolensky Alexis. Il a dit ne me parlez pas de ce menteur. Il a commencé à me dire que cet Obolensky était un imposteur. Il n'est pas docteur, il n’est rien. Il était tuteur, et partout il écrit qu'il est professeur. Il est professeur, comme je suis "l’empereur de Chine ", se souvient René Guerra. -" De l’Université de Nice, Obolensky a été expulsé en 2003 pour vol et privé du droit de prendre sa retraite. Un an plus tard il s’est trouvé à la cathédrale de Nice. Il a commencé à prendre 3 euros par entrée, il en tirait environ 300 mille euros par an, jusqu'à ce que l'église soit rendue à la Russie par le tribunal. Obolensky, au nom de l'association ACOR , poursuit le contentieux pour trois sites autour de la cathédrale Saint Nicolas, le cimetière et l’église de la rue Longchamps, L'église Saints Nicolas et Alexandra est la plus ancienne église orthodoxe russe construite en France ».

Mais en 2019, l'association qui la dirige l'a transféré au sein de l'Église roumaine, et maintenant le tribunal français a décidé que la même association est l'unique propriétaire à la fois du bâtiment et du territoire adjacent. L'association ACOR a insisté sur le fait que c'était elle qui gérait la propriété pendant près de cent ans, et qu'elle devait donc lui appartenir par ancienneté.

"Toute propriété à Nice a été acquise avec la participation de responsables russes. Si nous parlons de l'ancienne église, ce sont l'impératrice Alexandra Fedorovna et le ministre qui la représentait, le comte Shtekelberg, qui ont signé l'acte de vente", a déclaré l'archiprêtre André Elisseev, recteur de la cathédrale Saint-Nicolas -" L'église n'était alors pas séparée de l'État, les biens, comme la cathédrale Saint-Nicolas, appartenaient à l'Empire russe, puis à son successeur légal - la Russie. Ceci est confirmé dans la conclusion de 2010 par l’ instance française de dernier recours - la Cour de cassation".

La décision actuelle du tribunal de Nice contredit le verdict précédent. «Il a été convenu avec la Cour de cassation que l'église Saint-Nicolas possède trois parcelles autour, mais l'église de la rue Longchamps et le cimetière ont été mystérieusement retirés de cette décision. C'est incroyable! Un patrimoine national, du moins en France, ne peut jamais être donné, car il appartient à l'Etat, un individu ne peut pas privatiser ce qui appartient au peuple », a souligné Sylvie Dutto, avocate de l'Association pour la protection et la préservation du patrimoine historique de la Russie en France. Mais ni le cimetière ni l'église Saints Nicolas et Alexandra n'ont été inclus dans le registre du trésor national de la Russie, bien que cela puisse devenir un argument supplémentaire fort dans le procès. Il n'est pas moins surprenant que, ayant perdu les deux ouvrages fin février, notre pays n'ait pas encore déposé de recours.


Que devient le patrimoine culturel russe à Nice et à Cannes ? Peut-on encore le sauver ?
A Cannes le manque d'intérêt de la part du propriétaire pour le sort d'une autre église - Saint Michel Archange - menace de faire perdre cette église.

Ces murs ont vu le mariage du grand-duc Andrei Vladimirovitch Romanov avec la ballerine Matilda Kshesinskaya. Et maintenant, pendant les pluies, l'eau les imprègne, le sol pourrit, les poutres qui soutiennent le dôme principal sont également en bois et risquent de s’écrouler. Tout est humide, les structures portantes sont fêlées, la peinture est boursouflée, le plâtre s'effrite, les vitraux sont détruits. Celui sous le dôme est souillé par des excréments d'oiseaux, le sol est jonché de morceaux. En 2015, le dôme doré qui couronnait le clocher s'est effondré. Déchiré, rouillé et pourri, à peine reconnaissable, il repose sous la clôture. Les rats rongent les drapeaux.

En 2015, les restes du grand-duc Nikolai Nikolaevich, l'oncle de Nikolas II, ont été enlevés d'ici avec tous les honneurs. Mais son adjudant, le grand-duc Pierre Romanov, sa femme Militsa Nikolaevna, le plus grand bienfaiteur de l'époque, le fondateur de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, le prince Pierre d'Oldenbourg, l'héroïne du mouvement de résistance, la grecque Elena Vagliano et bien d'autres, reposent ici. Pendant la saison des pluies, la crypte est inondée, de la moisissure sur les murs, sur les icônes, l'iconostase pourrit.

En 2014 le responsable de l'association en faillite, Vladimir Jansen, en a créé une autre - cultuelle - et a loué à lui-même tous les biens immobiliers russes du site, à l'exception de l'église. Il a converti le presbytère en hôtel, où, pour la sixième année consécutive, les clients se voient proposer un choix d'hébergement dans différentes chambres et un chalet d'été séparé dans le jardin. De plus, le propriétaire, la Russie, n'a pas autorisé l'utilisation commerciale du terrain. Selon la loi, il est possible d'expulser un squatter par voie judiciaire en trois mois. Mais jusqu'à présent, même la demande n'a pas été soumise au tribunal. Pendant ce temps, le liquidateur français de l'association tente de retirer la propriété foncière de la Russie.

Le territoire - 6 mille mètres carrés au centre de Cannes - va être mis aux enchères. Le processus entre dans sa quatrième année. Dans le même temps, le propriétaire, la Russie, ne paie aucun impôt foncier, ni les factures d'électricité, ne commence pas les réparations, bien que des hommes d'affaires russes soient prêts à fournir des fonds. Tout cela, ainsi que l'état de l'église, fait pencher la balance contre la Russie.

La mairie ne sait pas pourquoi le propriétaire est inactif. "Le salut de l'église et du patrimoine russe est en jeu", a déclaré Thierry Migoule, porte-parole de la mairie de Cannes. Selon les experts, le bâtiment délabré de l'église se maintiendra encore six mois, puis il s'effondrera. Dans ce cas, disent-ils, la mairie a préparé son propre plan de sauvetage: le site peut être confisqué par les autorités françaises, les églises se verront attribuer le statut de patrimoine culturel français, il est possible qu'il soit ensuite transformé en musée.

Cannes décidera, puisque le propriétaire de cet ouvrage historique unique de la Côte d'Azur russe ne montre toujours aucun intérêt et ne commence pas les réparations, bien que les hommes d'affaires russes soient prêts à fournir des fonds. Tout cela, ainsi que l'état de l'église, fait pencher la balance contre la Russie….

Ce texte est le script abrégé d’une émission télévisée, RTR L'auteur de ce reportage est une journaliste RTR Planeta Anastasie Popova
Автор репортажа журналист ВГТРК Анастасия ПОПОВА

Que devient le patrimoine culturel russe à Nice et à Cannes ? Peut-on encore le sauver ?

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 17 Mars 2021 à 12:28 | Permalien



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