V.G.

Mais n’est-ce pas précisément dans la découverte et le respect envers la manière ‘différente’ de célébrer le même Seigneur et Sauveur du monde que toute notre cohérence et sincérité œcuménique ainsi mises à l’épreuve s’expriment vraiment ? Pasteur Vincent Tonnon

L'invitation de nos frères hétérodoxes à nos célébrations donne souvent lieu à polémique. C'est pourtant une façon évidente de rendre témoignage de notre foi et, comme la beauté de notre culte en fait intrinsèquement partie (qu'il suffise de rappeler le témoignage des envoyés de St Vladimir à Sainte Sophie…) c'est la la meilleure façon de la faire connaitre à nos frères.

Et ce ne sont pas du tout des expériences gratuites comme le montre le témoignage suivant d'un pasteur protestant.

Citation: Moment œcuménique

Invités à l’occasion de la première visite de l’Archevêque Job de Telmessos dans la paroisse de Liège (*), c’est un moment œcuménique particulièrement fort qu’en tant que membres de la Concertation des Églises chrétiennes de la Province de Liège, nous avons vécu ce matin-là.

Tiens, étrange… J’ai écrit ‘œcuménique’ alors qu’il s’agissait d’une ‘divine liturgie’ entièrement vécue selon le rite orthodoxe. Cherchez l’erreur ! D’ordinaire, je suis nettement plus réservé pour utiliser le qualificatif ‘œcuménique’ lorsqu’il ne nous est demandé que d’être là pour participer à un office célébré selon le rite de l’église accueillante. Et pourtant…

Comment rendre compte de l’intensité de ce moment vécu dans la fraternité où, grâce à une traduction de la liturgie en slavon – et les judicieuses explications distillées par notre frère diacre (catholique) Luc Mahiels) – les autres membres de la Concertation et moi-même avons été invités à entrer dans toute la profondeur et toute la richesse de ce moment de culte. Comment rendre compte aussi du sentiment qui nous a étreints lorsqu’au moment de l’eucharistie, généralement vécu comme un moment d’exclusion (du fait de ce qui nous sépare toujours à ce sujet au sein du corps du Christ), nous y avons été associés malgré tout par le partage de pain et de vin bénis par l’archevêque (mais non consacrés). Pour le protestant que je suis, j’ai partagé là un véritable moment de Cène où, communiant au corps et au sang du Christ par l’Esprit, je me suis senti relié et en communion spirituelle avec mes frères et mes sœurs orthodoxes communiant au même corps et sang du Christ par le biais des espèces consacrées. Ainsi, avec beaucoup de délicatesse, ce moment qui aurait pu se révéler moment d’exclusion s’est transformé en moment inclusif. Un grand moment œcuménique donc ! Alors même que, dans le même temps, tant d’aspects dans la liturgie ne manquaient de troubler voire heurter ma sensibilité protestante. Parmi ceux-ci : le décorum, les baisers nombreux tantôt des mains de l’évêque, tantôt des croix et autres ustensiles du culte, la place et le rôle des ‘saintes icônes’, de l’encens. C’est peu dire que ce sont là autant d’aspects plutôt étrangers à mon univers spirituel et liturgique… Mais n’est-ce pas précisément dans la découverte et le respect envers la manière ‘différente’ de célébrer le même Seigneur et Sauveur du monde que toute notre cohérence et sincérité œcuménique ainsi mises à l’épreuve s’expriment vraiment ? Voilà pourquoi en repensant à cet office ainsi qu’aux agapes qui le suivirent, je n’ai aucune hésitation à affirmer : Ce matin-là, nous étions bien unis dans un même esprit et dans une même pensée (1Co 1, 10b) pour la seule gloire de Dieu ! Et pour ce beau moment, et bien, loué soit le Maître de l’Église, notre Seigneur Jésus-Christ !

Pasteur Vincent Tonnon (E.P.U.B. église protestante unifiée de Belgique

Feuillet de l’exarchat N°66 (avril 2014), p.3
(*) Les 13-14 février 2014

Rédigé par Vladimir Golovanow le 24 Avril 2014 à 19:41 | 1 commentaire | Permalien



Recherche



Derniers commentaires


RSS ATOM RSS comment PODCAST Mobile