Viktor Moskvine, directeur de « la Maison de la Russie à l’étranger » : Les exilés russes du début du XXe siècle méritent la citoyenneté russe

Au XXe siècle à cause de la guerre civile et de la révolution, des millions de nos compatriotes se sont trouvé en exil à l’étranger. Ils y ont fait fructifier leurs talents, scientifiques, ingénieurs, médecins, écrivains et peintres.

Certains de leurs descendants auraient voulu avoir la citoyenneté russe aujourd’hui mais les administratifs préfèrent remplir « le déficit démographique » par des ouvriers peu qualifiés d’Asie Centrale et préfèrent ne pas oublier l’existence de 30 million de nos compatriotes qui vivent hors frontières. « AiF » (Argoumenty i fakty) en a parlé avec Viktor Moskvine, docteur ès sciences historiques, directeur de « la Maison de la Russie à l’étranger » A. Soljenitsyne qui fondée à Moscou il y a 18 ans.

Maria Mart, « AiF » : Viktor Alexandrovitch, j’ai parlé récemment avec un ami qui a « une carte de séjour polonaise ». Ce document lui suffit pour obtenir un visa gratuit en Pologne, y travailler et recevoir une formation et une assistance médicale en cas d’urgence. Le jeune homme a obtenu ce document ayant présenté un certificat établi par une église catholique en Biélorussie de l’Ouest attestant que son grand-père était polonais.

Viktor Moskvine : J’ai honte d’en parler. Il n’y a pas longtemps j’ai rencontré des descendants de Koutouzov. Pour obtenir un visa et se rendre dans leur patrie historique ils doivent présenter un certificat d’hébergement, le présenter au consulat et répondre à tout un nombre de questions. En même temps, n’importe quel citoyen d’Ouzbékistan ou du Tadjikistan a le droit d’entrer tout simplement en Russie en présentant son passeport.

AIF: Grace à l’activité de votre Maison certaines personnes, gloire de la science mondiale, commencent à pouvoir retourner facilement en Russie. Vous avez été le premier à tourner un film sur le créateur de la télévision Vladimir Zvorykine obligé d’émigrer en emportant ses épures techniques en 1919 aux Etats-Unis où il a déposé le brevet pour son invention.

Viktor Moskvine : Après 1917, des émigrés russes et leurs descendants ont reçu plusieurs prix Nobel. Le XX siècle est marqué par leurs inventions. Par exemple, le magnétophone a été inventé par le colonel Alexandre Poniatov. Il est né en 1892 dans un village non loin de Kazan, il a étudié à l’université de Kazan et ensuite à l’école supérieure d’ingénieur impériale. Pendant la guerre civile, il faisait partie de l’armée de Koltchak où il a obtenu le grade de colonel. Ensuite, il s’est trouvé en Chine où il a travaillé dans une entreprise électro énergétique et, enfin, a déménagé aux Etats-Unis. Pendant la deuxième Guerre mondiale Poniatov a fondé une société en Californie qui en 1946 a lancé la production d’un magnétophone à bobine.

En 1956 il a fabriqué le premier magnétoscope et tous les grands de l’électronique – Panasonic, Sony, Samsung et d’autres, achetaient ce brevet à Poniatov. Au moment de son essor, sa société embauchait plus de 20 mille personnes, il avait des filiales dans différents pays et devant chaque filiale Poniatov a ordonné de planter des bouleaux. A l’ouverture du premier centre de télévision à Chabolovka l’URSS a commandé l’équipement à Zvorykine et plus tard à Poniatov pour « Ostankino ».

L’ingénieur Igor Sikorsky a fait ses études en Russie du temps du tsar et, ensuite, émigré, il a mis au point une série d’hélicoptères et d’avions. Les présidents des Etats-Unis utilisent l’avion élaboré par Sikorsky.

AIF: Est-ce vrai que la majorité des émigrés de la 1ère et de la 2ème vague voulaient rentrer en Russie ?


Viktor Moskvine : Les exilés du début du XXe siècle étaient de vrais patriotes. Presque toute l’émigration jusqu’au début de la Deuxième Guerre avaient des valises prêtes pour partir et le jour du Réveillon on prononçait un toast pour passer le Réveillon suivant en Russie.

Les émigrés emportaient essentiellement des reliques familiales et des archives. Quelques dizaines de rares objets exposés dans notre Maison sont les cadeaux de nos compatriotes ou de leurs descendants. Nous n’avons rien acheté, tout cela coûte des millions de dollars. Nos donateurs sont loin d’être riches mais leur conscience ne leur permet pas de les vendre, ils considèrent que ces objets doivent revenir à leur Patrie.

AIF: Comment auriez-vous cerné l’émigration actuelle en Russie?

Viktor Moskvine : Un jour Natalia Soljenitsyne, veuve de l’écrivain, a dit qu’avant on emportait de Russie des reliques familiales et maintenant on prend des cartes bancaires. En effet, beaucoup d’entrepreneurs qui viennent travailler à l’Occident sont émigrés mais sans une goutte de patriotisme. Leurs femmes, enfants, maisons, yachts et clubs de football et de basketball se trouvent à l’étranger. Ces personnes se sont enrichies par des procédés peu moraux grâce à la privatisation sauvage qui a dépouillé la Russie. Ils en sont conscients et sont prêts à rompre leurs attaches avec le pays à tout moment.

Il faut tabler sur des personnes qui ont la même mentalité que nous. Il faut offrir la citoyenneté à ceux qui au début du XXe siècle ont été obligés d’émigrer. Nous y sommes gagnant parce qu’il s’agit de personnes de valeur qui, malgré les difficultés, se sont imprégnées de l’amour de leurs parents pour leur Patrie historique.

LIEN AIF
Traduction Elena Tastevin

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PO Intervention du métropolite Hilarion à la cérémonie du quinzième anniversaire de la "Maison de la Russie à l’étranger"

Le séminaire théologique de la Sainte Trinité, Etats-Unis, a reçu un don de livres en provenance de Russie
Allocution de Monseigneur Hilarion président du département des relations ecclésiastiques extérieures, adressée aux participants et aux convives du VIème festival international de cinéma « La Russie à l’Etranger »

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 3 Février 2014 à 19:46 | 0 commentaire | Permalien



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