Plus d’une centaine de métropolites et d’archevêques du Patriarcat œcuménique du monde entier se sont réunis à Constantinople (Istanbul, Turquie) afin de participer à une synaxe (assemblée) des évêques convoquée à l'invitation et sous la présidence du patriarche œcuménique Bartholomée.

Les travaux de la synaxe ont débuté le 1er septembre, après la célébration de la divine liturgie en la cathédrale patriarcale Saint-Georges à Constantinople. Les séances plénières qui ont suivi ont eu lieu à l'église de la Sainte-Trinité sur la place Taksim et se sont poursuivies jusqu'au 4 septembre. Dans son allocution d'ouverture, saluant les évêques de l'Église, le patriarche œcuménique Bartholomée a fait une longue déclaration dont nous donnons ci-dessous quelques extraits

Permettez-nous de saisir l'occasion de vous exprimer notre grande fierté et notre grande estime, ainsi que nos félicitations patriarcales et nos vœux les plus sincères, à vous tous, nos frères et concélébrants, pour le travail que vous accomplissez - chacun de vous dans le lieu qui vous a été assigné - pour la gloire de Dieu, l'annonce de l'Évangile et le salut des âmes. Dans la mesure où, par la miséricorde de Dieu, nous possédons la primauté d`honneur dans l`Église orthodoxe, nous avons aussi la possibilité de connaître personnellement beaucoup de hiérarques dans les Églises autocéphales locales.

Cette proximité renforce notre profonde conviction que la hiérarchie du patriarcat œcuménique conserve un niveau qualitativement élevé, étant capable de répondre aux attentes de l'Église et de faire face aux défis de notre temps, car elle compte en son sein des évêques méritants, des théologiens de valeur, des universitaires érudits, des missionnaires enthousiastes, des écrivains de renom, des enseignants savants et d'excellents prédicateurs. C'est pourquoi nous sommes profondément fiers de vous, chers frères, qui faites partie de cette noble assemblée des hiérarques du trône de l'Église-mère (…)

Comme nous le savons, pour l'Église orthodoxe, la communion profonde et personnelle constitue un élément et une expression de la foi - littéralement, un mode de vie - nous permettant de nous dépasser afin que nous puissions acquérir dans le Christ une compréhension du sens de la vie, écouter l'opinion des autres, approfondir notre discernement et nous approcher de nos semblables avec amour. En effet, dans l'Église une, sainte, catholique et apostolique, dont nous sommes tous d'humbles serviteurs, la manière parfaite de vivre est d'être en communion avec Dieu et les autres êtres humains (…)

Le Patriarcat œcuménique est, pour l'orthodoxie, un levain « qui fait lever la pâte » (Gal. 5-9) de l'Église et de l'histoire. (…) Ainsi, avec la grâce de Dieu, nous cheminons à travers le temps et l'histoire avec la conscience que l'Église orthodoxe n'est pas l'Église des triomphes mais celle des épreuves ; elle ne constitue pas non plus une théocratie terrestre, mais bien l'Église du Christ, à savoir l'Église des temps derniers et de son règne, "qui n'a pas de fin". En tant que gardien des traditions saintes et sacrées de l'orthodoxie, ainsi que des dogmes des sept saints conciles œcuméniques et autres conciles locaux, mais aussi des enseignements des saints Pères, le Patriarcat œcuménique existe comme « le petit troupeau » (Luc 12). (...) Peu importe que certains souhaitent donner une image embellie de la situation en Ukraine, l'histoire leur donne tort et leur présente des arguments indiscutables démontrant que l'origine des difficultés et des interventions en Ukraine n'est ni un phénomène récent ni une création du Patriarcat œcuménique. Depuis le début du XIVe siècle, lorsque le siège de la métropole de Kiev a été déplacée sans le consentement canonique de l'Église-mère à Moscou, il y a eu des efforts incessants de la part de nos frères de Kiev pour obtenir l'indépendance vis-à-vis des autorités ecclésiastiques de Moscou.

En effet, l'obstination du Patriarcat de Moscou a parfois contribué à créer des fusions et des restaurations répétées d'éparchies ecclésiastiques, des élections anticanoniques d'évêques ainsi que des schismes, qui affligent encore le pieux peuple ukrainien. (…) Mais au-delà de tout cela, une analyse de cette question à la lumière des saints canons ne justifie pas une quelconque intervention de l'Église de Russie. Le tomos proclamant Moscou en tant que patriarcat n'inclut pas la région de la métropole actuelle de Kiev dans la juridiction de Moscou. De plus, suite à la proclamation bien connue de Moscou comme patriarcat par le patriarche œcuménique Jérémie II, la dépendance canonique de Kiev de l'Église-mère de Constantinople est restée constante et ininterrompue.

En 1686, notre prédécesseur, le regretté patriarche Denis IV, sous la pression politique de circonstances douloureuses et pour la paix dans l’Église locale, a été contraint de délivrer une lettre accordant à Moscou la faculté d'ordonner le métropolite de Kiev à la condition irrévocable que chaque métropolite de Kiev commémore le nom du patriarche œcuménique comme son autorité et supérieur ecclésiastique, mais aussi pour manifester la juridiction canonique de Constantinople sur cette métropole. (…) Quoi qu'il en soit, il est avéré que les efforts déployés à l'occasion par l'Église de Russie pour résoudre ce problème ont échoué. Ainsi, puisque la Russie, en tant que responsable de la situation douloureuse que connaît actuellement l'Ukraine, est incapable de résoudre ces difficultés, le Patriarcat œcuménique a pris l'initiative de les prendre en charge, conformément à l'autorité que lui confèrent les saints canons et sa compétence pour la juridiction de l'éparchie de Kiev, et a reçu une demande à ce sujet de la part du gouvernement ukrainien, ainsi que des requêtes répétées du "patriarche" Philarète de Kiev pour nous demander de trancher ce dossier qui nous est soumis. SUITE

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 6 Septembre 2018 à 20:34 | 5 commentaires | Permalien



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