Angoulême - Vladimir : la Russie romane
Par Natacha Thuillier

Deux spécialistes russes du musée de l'Ermitage ont établi leur base à Angoulême. Ils veulent démontrer que nos bâtisseurs d'églises sont allés jusqu'en Russie.

Ils cherchent des preuves. Et, comme Sherlock Holmes, s'attardent sur le moindre détail concret qui va appuyer leur raisonnement scientifique, photographiant à tout-va. Deux chercheurs russes du musée de l'Ermitage, à Saint-Pétersbourg (l'équivalent du Louvre), se sont établis pour un mois à Angoulême
Depuis ce camp de base, ils parcourent la Saintonge et l'Angoumois, scrutant une moyenne de sept églises romanes par jour. Sur leur carnet de chasse, il y a Talmont et Vaux-sur-mer. Ils s'apprêtaient, la semaine dernière, à passer au peigne fin Fléac et Trois-Palis.

Dans la région, ils recherchent des correspondances architecturales entre nos églises romanes et l'église Saint-Démétrios, datée du XIIe, située dans la ville russe de Vladimir, en Russie centrale. Vladimir, avec Souzdal, du XIIe au XIVe siècle fut une principauté importante et riche, jouant le rôle de « capitale ».

La Russie, rappelons-le, a « importé » de Byzance, vers le Xe siècle, sa religion, l'orthodoxie, et, en même temps, les plans de construction de ses églises, leur décoration, les icônes, etc.

Angoulême - Vladimir : la Russie romane
« Dès le moment où, en Russie, l'architecture des églises russes a commencé à être étudiée, au XIXe siècle, tous ont regardé dans une seule direction, vers l'Est et vers Byzance », explique Oleg Ioannissian, chef du département de l'archéologie du bâti au musée de Saint-Pétersbourg.

Et Saint-Démétrios, l'église de Vladimir, est truffée de petits détails terriblement romans et inhabituels en Russie : des façades parsemées de sculptures de pierre, un bestiaire fantastique… Tout sur sa pierre « clame » ses liens avec le monde roman de l'Europe occidentale. Oui, mais lequel précisément ? Personne n'avait cherché à répondre à cette question....
Suite de cet intéressant article ICI
Site de la cathédrale Saint Dimitri à Vladimir ICI

Rédigé par Larissa le 4 Novembre 2010 à 09:41 | 4 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Tchetnik le 04/11/2010 13:56
Ce qui est certain, c'est que le Roman doit effectivement beaucoup ;a certains architectes Byzantins et Armémiens. Quand les Croisés reconstituèrent l'Arménie Cilicienne après la Première Croisade (prince Rupen), il y eut beaucoup de liens et d'échanges entre ce pays et la France, avec, entre autres des architectes qui travaillèrent sur certaines églises (Saint Front à Périgueux par exemple).

Toros Roslin, dans son travail d'enluminure, reprend aussi, outre des éléments Byzantins, des éléments esthétiques Francs.

2.Posté par vladimir le 04/11/2010 18:56
Rappelons que Anne de Kiev devint reine de France au milieu du XIe siècle (1051) et Novgorod commerce activement avec l'Europe du Nord avant même la création de la Hanse: c'est peu dire que la Russie était alors intégrée dans les échanges inter-européens et il n'y a aucune raison pour que les compagnons bâtisseurs n'y participent pas. Par contre, dés le XIIIe siècle, les liens seront coupés par un premier rideau de fer: les invasions tatars rejetterons la Russie en Asie pour 300 ans et la couperont des mutations européenne de la Renaissance...

3.Posté par Nikita Krivocheine le 05/11/2010 18:47
J'ai admiré Saint Dimitri à la fin des années cinquante et, non loin l'église de la Protection de la Vierge sur le Nerl, elle aussi apparentée au roman. A l'époque, ni visites, ni pèlerins, ni touristes. Cependant l'état des église ne laissait pas à désirer et, du moins à l'extérieur, elles paraissaient bien entretenues.

Le défunt Constantin Andronikof m'a parlé bien plus tard "d'un arc roman" allant de l'Irlande jusqu'à la Géorgie et l'Arménie en traversant la France, l'Espagne et l'Italie. Les églises des IV-V siècles dans les pays chrétiens du Sud Caucase n'ont rien à envier à architecture toscane ou au Poitou. Celles de Géorgie ont conservé des fresques d'une beauté immense et comparable aux peintures murales. de Piero della Francesca. Cet arc roman est la colonne vertébrale de l'Europe chrétienne. Par ces monuments la Russie appartient à cet arc.
Je ne me retiendrai pas d'ajouter que c'est sur l'insistance du président Chirac que la mention de ces racines a été supprimée du préambule de la Constitution Européenne!

4.Posté par Tchetnik le 05/11/2010 20:45
Les Wisigoth avaient aussi l'usage de l'arc Outrepassé. Mais San pedro de la Nave (VIIIième siècle, Zamora, près de ce qui allait devenir le Portugal) et Santa Comba de Bande (VIIième siècle, Galice) sont effectivement des exemples de cet art qui fut vraiment universel à la Chrétienté, avec dans chaque nation un génie esthétique propre.

Certaines églises de Serbie ont aussi hérité de caractéristiques occidentales et Arméniennes, suite au voyage que Saint Sava effectua dans ce pays.

L'Éthiopie, en revanche, développa un style à part (monastère de Debre Damo, VIIième siècle).

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