Daniel: Que faire ?
Dans les pays de tradition orthodoxe, bien des jours de fêtes ne sont pas des jours fériés, comme la Théophanie en Russie et comme récemment la Dormition en Roumanie... ou comme la Présentation du Christ au Temple en Géorgie. Et on ne les décale pas au dimanche le plus proche!

Le typikon ne prévoit absolument pas de décalage d'une fête en semaine à un weekend, ceci est un signe tout de même de quelque chose, vous ne croyez pas? Et croyez-moi la problématique n'est pas nouvelle car la question des fidèles éloignés et des fêtes tombant en semaine doit bien se poser depuis le début du christianisme.

Que faire alors? L'évêque Averky de Jordanville rappelait qu'un fidèle seul peut dire la totalité des offices en l'absence de prêtres (sauf la Divine liturgie) par l'office du lecteur, chose que beaucoup d'orthodoxes isolés (parfois seuls à savoir une seule personne) font. Je connais des cas en Australie, aux Etats-Unis et ailleurs; ma famille le pratique aussi modestement aussi et il est d'ailleurs impératif de savoir dire un office du lecteur avec les ouvertures réduites d'églises orthodoxes en France mais aussi les obligations professionnelles


Ainsi, si on veut par exemple suivre l'intégralité du cycle de la préparation à Noël comme cette semaine, depuis Saint Ignace d'Antioche jusqu'au heures royales dites le vendredi... et que votre église n'ouvrira que le weekend, une seule solution, l'office du lecteur! Chers amis, équipez-vous des menées et autres livres liturgiques et faites-vous expliquer comment dire cet office du lecteur plutôt que de rester les bras ballants! Être chrétien, ce n'est pas avoir une mentalité de consommateur passif qui attend tout du magasin et du marchand tenant le magasin, à savoir l'église et le prêtre, c'est aussi se prendre en main.

Surtout, cette pratique du report d'une fête au weekend pose de multiples problèmes:

- si le fête est précédé par un un jeûne, jusqu'à quand jeûne-t-on? A la vrai date, ou à la date reportée ou déportée si elle est avancée. Si elle est suivie d'un jeûne, quand le débute-t-on?

- cela rompt l'unité du temps liturgique de l'église(comme si le nouveau calendrier ne suffisait en matière de désordre)

- cela écrase la vraie fête du jour: ainsi, si Noël tombe en semaine et que vous le célébrez le dimanche suivant, vous écrasez le premier dimanche après Noël, jour qui possède un ordo propre. Ainsi, cette année on y fêtera l'après-fête de Noël, la synaxe de la Déipare (lendemain de Noël), Saint Jospeh le Fiancé, le Roi David et Saint Jacques Frère du Seigneur. Le typikon prévoit parfaitement la succession des stichères des vêpres, les cathismes à lire etc pour le dimanche après-Noël.

Mais il ne prévoit pas que Noël soit célébré le dimanche qui suit Noël, veuillez m'excuser, ça, ça n'existe pas et c'est absurde!

Soit Noël va écraser ces autres fêtes totalement, soit on va faire une bouillie pas très nette en passant à la trappe les textes légitimes prévus par le typicon pour les autres fêtes (nul doute que les Saints prévus à la bonne date apprécieront). A mon sens, le mieux serait de célébrer normalement le dimanche en question comme le prévoit le typikon et ce d'autant plus que l'on n'est dans l'après-fête de Noël.

La solution de l'agrypnie me semble également très bonne en semaine. J'ai juste une question liturgique: à partir de quelle heure le soir peut-on dire une divine liturgie? Et dans quelles conditions? Je sais qu'on doit achever toute divine liturgie avant midi.

Daniel " P.O."

Rédigé par Daniel le 28 Janvier 2012 à 10:34 | 18 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Justine le 04/01/2012 10:45
Excellente, cette invitation de Daniel aux fidèles orthodoxes dispersés de se procurer les menées etc. et de lire l'office quotidien chez eux (ou par groupes dans une chapelle ou un endroit aménagé en oratoire)! Une telle pratique est un enrichissement spirituel et doctrinal énorme, très nécessaire aujourd'hui.

2.Posté par Laurent le 06/01/2012 13:12
@Daniel , merci! Super analyse et constats de la situation

3.Posté par vladimir le 18/01/2012 12:42
UN VADEMECUM DU PARFAIT ORTHODOXE
Comme je l'ai écrit sur un autre fil, Daniel soulève là une question particulièrement intéressante. A force d'insister sur l'importance sacramentelle essentielle de l'Eucharistie, et donc de la Divine Liturgie, une grande partie des fidèles en vient à négliger complètement les autres offices, à commencer par les mâtines et les heures: il suffit pour s'en convaincre de voir comme peu de monde vient aux mâtines et combien de fidèles arrivant après les heures, sans parler des paroisses qui les omettent complètement en les jugeant probablement inutiles pour une assistance aussi faible. Pourtant ce sont bien les lectures durant ces offices (Ménées et Triode) qui contiennent l'enseignement théologique, la "connaissance de Dieu", de l'Eglise orthodoxe; le fait que si peu de fidèles les suivent explique donc en grande partie notre manque flagrant de culture théologique, et cela est grave! En allant plus loin, les lectures du Nouveau Testament sont elles-mêmes réparties sur tous les jours de la semaine d'une manière fixe; ainsi, ceux qui ne fréquentent l'église que le dimanche n'entendent, année après année, que les mêmes passages et peuvent donc ignorer les deux-tiers du Nouveau Testament... Je pense que nos pasteurs devraient en prendre la mesure mais je n'ai jamais vu aucun prêtre en parler ou conseiller des lectures pour palier ces carences.

Daniel nous explique comment chacun peut le faire tout seul et nous propose, en quelque sorte, le "vadémécum" du parfait Orthodoxe. C'est très important puisque l'Evangile nous appelle à la perfection: "Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait" (Mt 5.48). Cela doit donc bien être là l'objectif de tout Chrétien.

LE PRINCIPE D'ECONOMIE:
Seulement voilà, la plupart d'entre nous sont très loin de la perfection et, heureusement, il y a de bons pasteurs pour appliquer le principe d'économie aux "Orthodoxes du dimanche" que nous sommes. Il s'agit en fait de la grande majorité des fidèles: ainsi une très intéressante études réalisée l'an dernier sur les orthodoxes des Etats Unis (1) montre que seuls 28% des fidèles INSCRITS viennent à l'église TOUS LES DIMANCHE: ainsi plus des deux tiers y viennent moins souvent et si j'ai fait ressortir des mots en majuscules, c'est pour souligner qu'il s'agit uniquement de ceux qui se sont inscrits dans une paroisse (nous savons d'expérience que la majorité ne s'inscrit pas) et qu'il s'agit bien de la Liturgie du dimanche et non de l'ensemble des offices. On peut donc en déduire que la fréquentation systématique de tous les offices et encore nettement plus basse… et il n'est pas question d'office en semaine! Il est donc clair que, si on suit Daniel, la plupart n'auront pas droit du tout aux offices des grandes fêtes. La mesure d'économie reportant les offices permet d'accueillir tous ceux qui le veulent au "festin" du royaume. Comme le dit Saint Jean Chrysostome pour Pâques "Que tout homme pieux et ami de Dieu jouisse de cette belle et lumineuse solennité!... S’il en est un qui a traîné jusqu’à la onzième heure, qu’il n’ait pas honte de sa tiédeur, car le Maître est généreux, il reçoit le dernier aussi bien que le premier. …"

Il est en effet un aspect de la théologie orthodoxe qui est au-delà de la connaissance intellectuelle: celui de la communion dans l'assemblée en église ("Là où deux ou trois sont réunis en Mon Nom"). C'est là que se manifeste la conciliarité de l'Eglise et c'est là, et pas dans une lecture solitaire, qu'on peut physiquement faire partie du Corps du Christ… "Le typikon ne prévoit absolument pas de décalage…" écrit Daniel. L'interdit-il ? Cette phrase ne rappelle-t-elle pas : "Regarde ! Pourquoi le jour du sabbat font-ils ce qui n'est pas permis ?" Et la réponse ne doit-elle pas être "Le typikon a été fait pour l'homme et non pas l'homme pour le typikon... "? En tout cas ce type d'écart par "économie" se rencontre fréquemment: de la célébration de Liturgies nocturnes "courtes" dans une trentaine d'églises à Moscou le 31 décembre à la célébration simultanée de la Nativité du Christ selon l’ancien calendrier et de la Théophanie selon le nouveau les 6 (vigiles) 7 (Divine Liturgie) janvier dernier à Hong Kong (3)

Je veux donc encore remercier Daniel de nous pousser à approfondir notre réflexion sur ce passionnant sujet et souhaiter à tous de joyeuses fêtes en semaine et les dimanches!


(1) http://www.hartfordinstitute.org/research/2010-USOrthodox-Census.pdf
(2) http://www.orthodoxie.com/2012/01/dans-une-trentaine-d%C3%A9glises-moscovites-la-liturgie-est-c%C3%A9l%C3%A9br%C3%A9e-%C3%A0-minuit-%C3%A0-loccasion-du-nouvel-an-la.html
(3) http://www.orthodoxie.com/2012/01/c%C3%A9l%C3%A9bration-commune-de-la-nativit%C3%A9-du-christ-selon-lancien-calendrier-et-de-la-th%C3%A9ophanie-selon-le-n.html#more

4.Posté par Daniel le 18/01/2012 18:52
Je suis entièrement d’accord avec le 1er paragraphe de Vladimir qui est un constat réaliste et hélas triste sur la pratique religieuse en générale dans le monde orthodoxe qui s’est réduite à une pratique essentiellement dominicale.

Je suis en désaccord en revanche avec la solution proposée dans la suite du message qui légitime les décalages de fêtes au dimanche.

En premier lieu, les deux exemples cités de liturgie le 31 décembre dans la nuit et de célébration simultanée de la théophanie et des vigiles de Noël ne sont pas de l’économie… Il est tout à fait correct de célébrer une liturgie dans la nuit notamment après minuit. Quand à la célébration et de la Théophanie et de Noël, elle est marquée par le fait qu’absolument rien n’est décalé. Le texte de la Théophanie est dit le jour indiqué et de même le texte de Noël.

S’abriter derrière l’économie me semble aussi trop facile. « Economie, que de crime on commet en ton nom ». L’économie, le nouveau mot magique qui permettra et permet déjà de tout justifier.

Revenons donc à la suggestion de Vladimir de décalage au dimanche afin de que les fidèles aient « droit du tout aux offices des grandes fêtes », quand ceux-ci tombent en semaine. Comme vous le savez, d’une année à l’autre pour une date donnée, le jour change. Ainsi si le 19 janvier est un samedi, l’année suivante il sera un dimanche et ainsi de suite. Dans le pire des cas, les fidèles assisteront à ces offices en un samedi ou un dimanche s’ils ne peuvent jamais se libérer en semaine. Il y a aussi l’option de l’agrypnie dont parlait le hiéromoine Nicolas : commencer les vêpres très tard pour finir la liturgie après minuit. Mais c’est vrai que les gens sont plus enclins à veiller devant les programmes fascinants de la télévision que pour prier… Car il existe des possibilités de se libérer en semaine : cela s’appelle les jours de congés, payés, non payés ou pas, voire des demi-journées… Il s’agit simplement de savoir où l’on place ses priorités : est-ce plus important d’assister aux offices du jour ou pas. Là est la question. Et même s’il est impossible de se libérer, comme je l’ai signalé, il est souhaitable de se procurer les textes liturgiques, ce qui permettrait de lire à domicile ou dans les transports ne serait-ce que le canon de la fête. Avec l’habitude et la pratique et de bonnes indications, on finit par savoir réaliser l’office du lecteur.

La solution que propose Vladimir est « très occidentale » dans son esprit. Les gens ne veulent plus jeûner, supprimons le jeûne, ils ne veulent plus faire d’efforts, ne leur en demandons pas ! C’est donc entièrement le contraire de ce qui rend l’orthodoxie attrayante, en témoigne l’interview du journaliste américain publié sur « Parlons orthodoxie » (1). Bienvenue dans le "christianisme bourgeois mou qui ne propose pas grand-chose parce qu’il ne demande presque rien".

Ce n’est plus l’homme qui entre dans l’Eglise hôpital pour être guéri de ces passions et s’adaptant au traitement prescrit par le médecin, c’est l’Eglise qui s’adapte à l’homme. Sans doute la revendication suivante sera de réduire la liturgie car la liturgie est faite pour l’homme et pas l’homme pour la liturgie.

D’un point de vue liturgique, ces reports et décalages sont un non sens total. Mais pour avoir conscience de ce non sens, il faut bien évidemment avoir conscience que la vie liturgique ne se réduit pas aux grandes fêtes et aux dimanches, choses qu’on essaye d’inculquer aux fidèles un peu oublieux. Il est évident que les fidèles n’en auront pas conscience si on verse dans le laxisme…

Prenons l’exemple de la théophanie qui est célébrée demain. La Théophanie est préparée par une période d’avant-fête avec des lectures spécifiques. Essayant d’être consciencieux, un orthodoxe, appelons-le Vladimir, étant donné que sa paroisse est fermée en semaine, a lu chez lui les textes préparatifs, il est donc fin prêt à célébrer la fête le 19 janvier (calendrier civil). Et patatras, la cérémonie aura lieu dimanche… Etait-il aussi censé décalé sa préparation d’autant de jours ? Si oui, que lire alors comme office, car excusez du peu, les menées indiquent bien que la Théophanie est une fête fixe et qu’en conséquence, les jours de l’avant-fête sont aussi fixes…

La veille de la Théophanie est un jour de jeûne où on lit les heures royales. Etait-il censé les lire le vendredi soir (car quand la Théophanie tombe un dimanche on lit ces heures royales le vendredi soir) ? La veille de la Théophanie est un jour de jeûne : devait-il jeûner mercredi 18 ou samedi 21.

Doit-il souhaiter bonne fête de la Théophanie le 19 ou le dimanche suivant où on célébrera un office de la « Théophanie ». Car il en va aussi de l’unité de l’Eglise. Cela ne vous dérange-t-il pas de célébrer vos fêtes dans votre coin pendant que l’Eglise les a déjà célébrée ? L’unité calendaire a été un but recherché dans l’Eglise historiquement avec notamment la volonté que tout le monde célèbre Pâques en même temps.

Mais la question se pose aussi à la Transfiguration ! Transfiguration rime avec « poisson » car elle tombe en plein jeûne de la Dormition. Quand va-t-il manger son poisson, le jour J ou le dimanche suivant ou précédent. La question se reposera pour l’Annonciation qui tombe en plein carême etc.

Ces décalages créent un désordre réellement insupportable pour peu qu’on essaye de suivre une année liturgique qui va au-delà de l’assistance dominicale et aux grandes fêtes. Or ce suivi un peu plus étoffé du cycle liturgique est ce qui est attendu du chrétien orthodoxe. Plutôt que d’abaisser le niveau, essayons un peu de le relever, il en va du salut.

Il y a une parabole qui parle de « ne pas jeter les perles ou porc et aux chiens ». N’est-ce pas ce que l’on fait en décalant ces offices le weekend : offrir des choses précieuses à des gens qui n’ont pas conscience de leurs valeurs, car si elles en avaient conscience elles feraient des efforts pour suivre ses offices en semaine par un des différents moyens évoqués ? N'est-ce pas favoriser un christianisme de "tièdes"? Or le Seigneur vomit les tièdes (cf Apocalypse, message à Laodicée)

Cette question est loin d'être mineure car en visitant les sites orthodoxes en France, j'ai vu que bien des paroisses pratiquent ces décalages et reports. Le président de l'AEOF ne donne pas l'exemple car j'ai cru voir qu'il bénirait la Seine depuis une pénique un jour qui n'est la Théophanie ni dans l'ancien ni dans le nouveau calendrier! C'est du propre! A quand une vie liturgique digne de ce nom?

Pourquoi faut-il mettre en oeuvre en France ce qu'il n'est jamais venu à l'idée de mettre en oeuvre dans des pays traditionnellement orthodoxes alors que la question des fêtes en semaine se pose tout autant?

(1) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Le-journaliste-americain-Rod-Dryer-l-Orthodoxie-ne-vous-dira-pas-que-tout-va-bien-pour-vous_a2148.html

5.Posté par Daniel le 18/01/2012 19:16
Je voudrais ajouter quelques remarques au texte de Vladimir. Des points m'ont échappé.

1° Le festin du Royaume, on y participe tous les dimanche car on y on célèbre toujours la Résurrection du Christ.

2° Comment parler de conciliarité si la paroisse de Bourg-en-Bresse célèbre sa fête en décalé tandis que tout le reste de l'église le fait à la bonne date. L'église ne se limite pas à la petite paroisse du coin, il faut voir plus large.

3° Vous dites : "Il est en effet un aspect de la théologie orthodoxe qui est au-delà de la connaissance intellectuelle: celui de la communion dans l'assemblée en église ("Là où deux ou trois sont réunis en Mon Nom"). C'est là que se manifeste la conciliarité de l'Eglise et c'est là, et pas dans une lecture solitaire, qu'on peut physiquement faire partie du Corps du Christ… "

C'est totalement incorrect. La prière personnelle et solitaire n'est pas recherche de connaissance intellectuelle premièrement, mais s'inscrit bel et bien dans le corps du Christ auquel le chrétien appartient par le baptême. Comme le dit Saint Justin de Celije dans sa dogmatique, le chrétien n'est jamais seul. A ce rythme-là, tous les saints ermites de Saint Antoine à Théophane le Reclus n'étaient pas physiquement membre du Corps du Christ. Même l'ermite qui semble seul aux yeux des hommes, il est membre d'un corps, du corps du Christ et par ce biais, il est en lien avec tous les chrétiens orthodoxes en tout lieu et en tout temps, avec les anges invisiblement présents... Il faut aller au-delà des choses sensibles!

De plus, le propre d'un corps est de fonctionner de façon harmonieuse et organisée. Chaque membre réalise son rôle dans un but commun en coordination et unité avec les autres... Comment la paroisse de tel lieu peut-elle prétendre fonctionner harmonieusement avec le reste du corps si elle fait sa propre cuisine dans son coin à décaler et reporter ses célébrations? Pauvre corps!

6.Posté par Daniel Fabre le 19/01/2012 08:36
Tout à fait d'accord avec Daniel, il y a longtemps....je me suis vu admonester par " mon" évêque à qui j'avais fait part de mon désaccord de ce qu'il avait décalé, avancé la liturgie de la nativité d'une semaine parce que des fidèles que je connaissais, très amis avec l'év^que et membres très généreux recevaient de la famille à Noël et ne voulais pas les frustrer du réveillon et du jour du petit papa Noël.................

7.Posté par vladimir le 23/01/2012 23:15
J'ai écrit dans mon commentaire précédent le bien que je pensais de la question posée par Daniel. Toutefois, je suis un peu déçu que nos deux Daniels n'entendent pas le besoin exprimé par ces milliers (millions?) de croyants qui n'ont pas la possibilité de se rendre en semaine à l'église. Cette indisponibilité peut aussi bien venir des fidèles, qui ont des obligations professionnelles et familiales qui les en empêchent, que de l'absence de prêtres: chez nous, en particulier, un grand nombre d'entre eux doit travailler pour faire vivre leur famille, d'autres doivent desservir plusieurs paroisses… Toujours est-il que prêtres et fidèles se retrouvent dans l'impossibilité de célébrer une fête en semaine et Daniel leur propose de patienter et de célébrer la fête tous les sept ans. Je me demande si c'est bien là l'objectif du typicon? Faut-il ainsi le prendre au pied de la lettre? LE TYPIKON A-T-IL ETE FAIT POUR L'HOMME OU L'HOMME POUR LE TYPIKON"? Je crois que la réponse évangélique est évidente!

Et j'en veux pour preuve les multiples exemples qui montrent l'orientation du Peuple Orthodoxe, qui est pour nous le gardien de la Vérité: de Saintines à Montpellier, de Lyon à Hong-Kong les reports de fêtes sont largement pratiqués et suivis. Ce dernier exemple me parait d'ailleurs particulièrement significatif, car il montre un report non seulement pour permettre la participation du plus grand nombre à la fête, mais aussi pour imaginer une façon nouvelle de faire prévaloir l'unité orthodoxe en dépassant les questions de calendrier qui nous perturbent depuis prés d'un siécle.

En effet, que c'est-il passé à Hong Kong (note 3 ci-dessus et lien)? Deux fêtes ont été célébrées simultanément: la fête de la Théophanie selon le nouveau calendrier (le 6 janvier pour le typicon) et celle de la Nativité du Christ selon le calendrier ancien (7 janvier). "Les vigiles ont été célébrées le soir du 6 janvier et furent présidées par le métropolite Nectaire de Hong Kong et d’Extrême-Orient (Patriarcat de Constantinople). On a procédé aux lectures et aux chants des hymnes des deux fêtes…" Rien n'est dit pour la Liturgie de Noël le 7 janvier (ancien calendrier), par contre "le dimanche 8 janvier, après la liturgie, les fidèles orthodoxes se rendirent dans la ville de Stanley, dans la péninsule de Hong Kong, où fut célébrée pour la troisième année l’office de la bénédiction des eaux et l’immersion de la croix dans la mer." Comme on voit, les néo-calendaristes on décalé leur célébration de la Théophanie tandis que les vétéro-calendaristes entendaient lectures et aux chants de la Théophanie à Noël et célébraient la bénédiction des eaux le lendemain… et cela pour pouvoir prier ensemble! L'exemple venait de haut: "lors d’une célébration commune des Russes et des Roumains en émigration, présidée par saint Jean Maximovitch en 1954, les tropaires avaient été chantés selon les deux calendriers". Je trouve bien dommage que le bel exemple d'économie pour l'unité ainsi donné par ce saint pasteur n'ai pas été suivi plus souvent.

8.Posté par Daniel Fabre le 24/01/2012 07:47
cher Vladimir, ou vous ne lisez pas bien ou vous voulez me traiter d'affreux jojo...
1,la raison du décalage de Noël que j'évoquais était de faire la fête et faire ripaille.....
2,chez nous, les fidèles travaillent et mon épouse, médecin hospitalier, a souvent des astreintes le week-end, jamais on n'oserait demander à décaler les Dimanches....
3, notre prêtre est hiéromoine, archimandrite, d'un monastère ....d'une personne, et dessert deux communautés de 10 familles au total..... et s'il est vrai que c'est le sabbat qui est fait pour l'homme et non l'homme pour le sabbat, il n'empêche que fut institué le Dimanche comme " jour du Seigneur " et que quand même il est requis du peuple et de chacun de se conformer autant que possible, en général aux rites et traditions de l'Eglise (avec un petit "t") même si comme nous par exemple ici en quatre mois nous n'avons " pu " nous rendre à une Liturgie communautaire et nous " louons Dieu chez nous chaque jour et chaque Dimanche, mais en nos esprits ce nous demeure une " exception "
obligée. Daniel . F.

9.Posté par Daniel Fabre le 24/01/2012 07:49
Ps, du temps où j'étais à Montpellier en la paroisse grecque Sainte Philotée, je n'ai pas le souvenir de fêtes décalées.............

10.Posté par Marie Genko le 24/01/2012 13:54
Merci à tous pour ce passionnnant échange!

11.Posté par Nicolas le 24/01/2012 18:35
Bonjour

certes j'aime la formule "le typikon a été fait pour l'homme et non l'homme pour le typikon."
Et il est clair que dans certains cas (situation de certaines paroisse) la mesure d'économie (report) est nécessaire.
Néanmoins ce n'est pas une raison pour vouloir décalé à tout bout de champs chaque fête pour quelle tombe un dimanche ou je ne sais quel jour parceque ça donne des arrangement matériel et temporel.

Si les pères avaient souhaité cela ils auraient prescrit pour chaque fête de la célébrer entre telle date et telle date du moment que ça tombe un dimanche comme cela se fait pour certaines commémoration par exemple: Dimanche des pères de l'ancien testament le 18 décembre (nouveau style) si c'est un dimanche ou le dimanche qui suit. (ce n'est peut etre le meilleur exemple mais c'est le premier qui me vient)
Or ils n'ont pas fait cela mais ils ont donné des dates fixes pour les grandes fêtes.

En tout cas c'est un sujet de réflexion très intéressant, merci aux intervenants

12.Posté par Daniel le 24/01/2012 19:06
Je suis surpris que des expérimentations hasardeuses à Saintines, Hong Kong et dans d’autres endroits permettent d’annoncer qu’il s’agit d’une large pratique. D’après les dernières informations, à Moscou, Bucarest, Tbilissi, Jérusalem, Belgrade, Athènes etc qui sont quand même un peu plus le cœur de l’orthodoxie, on ne pratique toujours aucun report. Quand bien même il serait pratiqué, Vox Populi ne veut pas dire Vox Dei et l’orthodoxie a aussi connu des périodes décadentes dans les usages. Donc un peu de méfiance vis-à-vis de l’argument démocratique.

Les arguments avancés me semblent peu pertinents. Les orthodoxes ont toujours eu des impératifs professionnels et familiaux. La manne céleste ne tombe pas et il faut aller travailler et cela est vrai quel que soit les latitudes et les époques. L’époque moderne présente même des avantages : la pénibilité du travail est en général moindre, les moyens de locomotion se sont vraiment améliorés etc

Je pense aussi que vous m’avez mal lu, ou que je me suis mal exprimé. Qu’est-ce que célébrer une fête. C’est idéalement aller à la Divine liturgie du jour et avant aux matines et vêpres, mais en cas d’impossibilité on peut bien entendu lire et/ou chanter une partie des offices prévus selon ses moyens et ainsi participer à la fête. Je suis sûr que le Seigneur en tient compte. Autre point, si par malheur, une personne ne devait pas pouvoir se libérer en semaine, elle pourrait y assister samedi et dimanche quand la fête tombe en ce jour (ce qui donne 2 fois tous les 7 ans et non une) plus d’éventuels jours fériés qui pourraient coïncider.

Mais la grande question est de savoir où les gens placent leurs priorités et quel sacrifice ils sont disposés à faire pour les choses sacrées.

Il y a une une histoire vraie et tragique qui remonte à 1907 aux Etats-Unis. De nombreux immigrés travaillaient dans les mines en Pennsylvanie à Jacobs Creeks : Hongrois, Italiens, sujets de l’Empire austrohongrois. Les mineurs étaient payés à la journée. Or il s’avère que le 19 décembre 1907 dans le calendrier civil ne tombait pas un jour férié. Un accident terrible arriva et la mine explosa tuant environ 250 personnes au lieu des 500 travailleurs habituels. Où était l’autre moitié : à l’église, il s’agissait en fait d’uniates carpathorusses qui avaient pris une journée sans solde pour célébrer Saint Nicolas. 13 jours plus tôt, le 6 décembre 1907, à Monongah en Virginie, une terrible explosion dans une mine fit des centaines de victimes à l’exception des Italiens qui en majorité célébraient Saint Nicolas selon le calendrier grégorien… Dieu merci, à l’époque, personne n’avait eu l’absurdité de suggérer de décaler la fête au dimanche pour impératifs professionnels…

« Cherchez d’abord son Royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par-dessus le marché.»

(1) : http://www.stnicholascenter.org/pages/modern-miracle/ au sujet de la catastrophe minière à Jacobs Creek
(2) http://www.istockanalyst.com/article/viewiStockNews/articleid/4278611 au sujet de la catastrophe à Monongah

13.Posté par vladimir le 26/01/2012 19:24
Bien chers Daniels

J'ai l'impression que vous êtes ici tous les deux sur des positions similaires, mais je ne vous considère par comme des "d'affreux jojos" :-) pour autant! Bien au contraire, je vous admire pour votre ténacité à vouloir nous trainer sur le chemin de la perfection orthodoxe; vous nous en donnez même très concrètement les moyens… Mais je crois que ce chemin n'est pas pour tout le monde et que la plupart d'entre nous se placent plutôt au côté des ouvriers de la onzième heure. Vous avez raison de poser la question "où les gens placent leurs priorités et quel sacrifice ils sont disposés à faire pour les choses sacrées." Nous somme probablement incapables de faire les efforts qu'il faut, nous sommes les "mauvaises brebis": faut-il pour autant nous priver des fêtes? Surtout si, comme nous l'apprend le catéchisme, elles sont très importantes pour scander le calendrier liturgique? La parabole du Bon Pasteur a vraiment l'air de dire autre chose…

Et je reviens aussi et surtout sur l'assemblée en église (dans un lieu) car c'est peut-être là que nous divergeons: une célébration solitaire, ou même séparée, n'est pas satisfaisante car incomplète. La Liturgie demande la participation de tous et cela me semble plus important que le respect du calendrier, tant pour chaque personne que symboliquement (c'est la catholicité) bien qu'il faut évidement respecter les deux (quand c'est possible!). Je reprends la phrase du patriarche Cyrille (il parlait de la question du choix du calendrier, mais cela me semble aussi applicable à notre débat): "Notre salut ne dépend pas du calendrier"…

Prenons l'exemple concret de ces Orthodoxes de Montpellier pour qui le père Georges a célébré les offices de Noël et de la Théophanie décalés. Le père Georges célébrait ailleurs ces fêtes là et ne pouvez être à Montpellier que ces dimanches. Vous auriez donc voulu qu'il célèbre alors les offices du dimanche suivant la fête conformément au typicon. Les fidèles auraient du, eux, célébrer seuls un office du lecteur aux bonnes dates… Mais dans la réalité il n'en aurait rien été et ces fidèles auraient été privés des offices des fêtes cette année. Pensez-vous vraiment que ce soit là le but du typicon?

La question se pose différemment quand l'état est chrétien et les fêtes sont célébrées à bonne date: c'est le cas de la Rome des Pères (pour qui la question ne se posait donc pas) ou de la Russie impériale. Même dans les pays de tradition orthodoxe, avec de nombreuses églises célébrant les fêtes, on peut toujours se rendre aux vigiles, voire à une Liturgie matinale si on n'habite pas trop loin. Ce n'est pas le cas chez nous où les paroissiens sont dispersés sur des dizaines, voire des centaines de Km et qu'ils doivent consacrer au moins une demi journée pour participer à un office.

Avec toute mon amitié en Christ et mes remerciements pour vos très intéressants arguments et exemples. Les accidents de mines sont… percutants!

14.Posté par Daniel le 27/01/2012 12:21
@ Vladimir

Je pense que notre différence ne tient pas tant à la vision de liturgie. Quoi que je vous trouve un rien "schmemanien" à insister sur la réunion des fidèles en un lieu donné alors qu'une assemblée se doit d'être en communion avec les autres assemblés de par le monde car elle s'inscrit dans un ensemble plus large visible et invisible.

Je crois que la différence vient de ce que nous entendons par idéal. Vous dites : "Bien au contraire, je vous admire pour votre ténacité à vouloir nous trainer sur le chemin de la perfection orthodoxe; vous nous en donnez même très concrètement les moyens… Mais je crois que ce chemin n'est pas pour tout le monde et que la plupart d'entre nous se placent plutôt au côté des ouvriers de la onzième heure." Je dirais que la majorité se trouve plus du côté du serviteur qui enterre son talent.

Le propre d'un idéal est d'être élevé, sinon ce n'est plus un idéal. Il y a deux solutions pour atteindre une chose élevé : rabaisser le niveau de la chose, mais ce n'est plus un idéal, ou essayer de faire des efforts soi-même pour atteindre le niveau (même si on n'y arrive pas). Hélas nombre d'orthodoxes on fait le choix de la seconde option. Pourquoi les conforter dans ce choix qui est mauvais?

Pourquoi ne pas plutôt leur montrer en exemple ces immigrés mineurs ou autres qui ne vivaient pas forcément à proximité de l'église à une époque où les transports n'étaient pas si dévéloppés, n'étaient pas riche comme Crésus. Ou encore les chrétiens des pays athées où on ne décalaient pas les fêtes au dimanche même si Noël n'était pas férié... J'avoue ne pas comprendre ce nivellement par le bas (d'ailleurs très général dans la société) qui fait de l'homme la mesure de toute chose. Cet homme veut que tout soit à sa disposition sans effort, mais dès qu'on lui demande un effort, il proteste car "on le prive de son droit" alors qu'il ne fait que se priver lui-même de quelque chose par son attitude obstinée.

Dans la version religieuse, une des formes sera la version "orthodoxie du dimanche" (qui peut aussi se combiner avec l'orthodoxie sans jeûne, sans confession, avec des offices écourtés etc) . Dans cette version, les décalages de fêtes sont acceptables car la vie liturgique se réduit à la fête et au dimanche et ne s'inscrit plus dans un cycle harmonieux. Mais comme Daniel et moi-même l'avons fait remarquer, cela constitue un non sens car la fête est précédé d'une phase préparatoire d'avant-fête avec un jeûne parfois et d'après-fête et ces décalages empêchent toute préparation correcte (quand débuter la préparation, quand jeûner etc). Sans parler de l'unité avec le reste de l'Eglise qui conserve la bonne pratique... Je ne sais pas si c'est encore de l'orthodoxie... Pourquoi se mettre au diapason des fidèles les plus fainéants ou paresseux?

Car le Christ n'enseigne nul part qu'il suffit d'un service minimum pour être sauvé. La parabole des ouvriers de la 11e heure ne prône pas la paresse. Elle ne dit pas que les ouvriers qui ont débuté le travail tardivement, car embauchés plus tard, se sont tournés les pouces. La parabole des talents insiste même sur la nécessité de faire tous les efforts possibles, sur la nécessité d'essayer sérieusement. Si l'on suit le principe de la synergie, la grâce divine alimente les efforts de l'homme. Mais encore faut-il que l'homme fasse des efforts.

Saint Jean Chrysostome dans la fin de son commentaire sur la parabole des talents écrit :

"Ecoutons, mes frères, ces paroles effrayantes, et pendant que nous en avons encore le temps, travaillons SERIEUSEMENT à notre salut. Prenons de l’huile dans nos lampes, et faisons fructifier le talent que Dieu nous a donné en dépôt : Si nous vivons ici dans la paresse et dans la négligence, personne n’aura alors compassion de notre misère ni de nos larmes. [...] Nous venons encore de le voir, le serviteur paresseux a beau rendre tout l’argent qu’il avait reçu, il n’évite pas néanmoins la juste colère de son maître. On voit aussi que les vierges folles viennent frapper à la porte de l’Epoux, et qu’on ne leur ouvre pas."

http://crypte.fr/evangiles/mt2514#sjc

15.Posté par Daniel Fabre le 27/01/2012 16:02
au début de la lecture du billet de Daniel, je ne pensais qu'à ceci que j'appris très fort et très heureusement de l'orthodoxie.....et en fin de compte Daniel le mentionna : " Si l'on suit le principe de la synergie, la grâce divine alimente les efforts de l'homme. Mais encore faut-il que l'homme fasse des efforts.
La Synergie !

16.Posté par Nicolas le 27/01/2012 19:21
Bonjour,

je souscris entièrement avec ce que vient de dire Daniel.

Mais il y a peut être un point qui n'a pas été assez évoqué concernant l’empêchement qu'on les prêtres de célébrer à la bonne date.
Le fait d'être obligé de travailler dans la vie civile et de s'occuper de sa famille constitue parfois un empêchement de pouvoir célébrer, non négligeable pour un prêtre.

17.Posté par Marie Genko le 28/01/2012 22:06
Cher Daniel,

Je pense que nous devons tous vous être reconnaissants pour vos messages!
De tout coeur MERCI !!!
Avec toute mon amitié Marie

18.Posté par Daniel le 01/08/2012 16:46
Je viens de prendre connaissance de quelques directives liturgiques d'un évêque américain de l'OCA en ligne ici : http://domoca.org/news_120601_2.html
Elles sont en lien avec notre discussion sur la question des fêtes tombant en semaine : décalage au dimanche le plus proche, célébration d'une liturgie la veille au soir, maintien au jour J.

L'évêque dit en résumé ceci :
- il veut mettre fin à la pratique de célébrer les liturgies nocturnes la veille de la fête, et ce de façon progressive car cela revient à célébrer un office la liturgie, à la place d'un autre, les vêpres ou les vigiles. Il insiste sur le fait que les personnes qui manqueraient la liturgie pourraient assister aux vêpres et matines et notamment profiter de l'enseignement théologique de ces offices.

- "En aucun cas, elle [la liturgie] ne doit être reportée au soir du jour de la fête ou transférée à dimanche"

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