Dernières nouvelles des églises parisiennes

Didier Rykner


Ce serait risible si ce n’était tragique. La seule réaction de la Mairie de Paris au sévère constat effectué par le World Monument Fund, les associations ou la presse (dont La Tribune de l’Art) sur l’état désastreux des églises parisiennes est un communiqué de presse publié le 13 novembre dont la mauvaise foi le dispute au grotesque.


Les chiffres que nous citons régulièrement ne sont même pas contestés par la Mairie de Paris. Celle-ci explique en effet qu’entre 2001 et 2014 elle a investi 10,8 millions d’euros par an pour entretenir les édifices religieux. Nous ne reprendrons pas ici les seules comparaisons qui vaillent, à savoir celles avec les projets aussi pharaoniques que destructeurs que la paire Delanoë/Hidalgo inflige à Paris et qui se chiffrent par centaine de millions d’euros.

Le communiqué fait bien des comparaisons, mais il choisit de les faire avec le prédécesseur de Delanoë, Jean Tibéri, en expliquant que sur cinq ans (entre 1996 et 2000) la moyenne était de 5,48 millions d’euros par an.

On peut être légitimement méfiant de tout ce que racontent des gens capables, par exemple, d’affirmer que les serres qui doivent être détruites dans le jardin des Serres d’Auteuil sont fermées au public alors qu’elles sont gratuites.
Mais admettons que ces chiffres soient exacts. Ne voient-ils pas le ridicule qu’il y a à se comparer à une équipe municipale qui exerçaient au XXe siècle ? Ne comprennent-ils pas qu’on leur demande d’agir pour entretenir un patrimoine dont ils ont la charge depuis treize ans ? Pensent-ils que l’alternative c’est eux ou Tibéri ?

Le communiqué recense ensuite toutes les opérations de restauration effectuées pendant ces treize ans par la Mairie de Paris.

Mais si personne n’a jamais contesté que celles-ci ont bien été menées (nous en parlons d’ailleurs parfois comme ici ou expliquer que trente opérations de toitures ont été effectuées (soit trois par an) n’a aucun sens si l’on ne donne pas la taille réelle de ces chantiers. Cela signifierait-t-il que trente églises ou édifices religieux ont vu leur toiture entièrement restaurée ? Évidemment non. La meilleure preuve en est que la ville n’est même pas capable de restaurer celle de Saint-Philippe-du-Roule que l’on a couvert d’une protection temporaire (ill. 1) qui va durer des années faute d’y affecter le financement nécessaire !

Le même communiqué explique doctement, à propos de Notre-Dame-de-Lorette à laquelle nous avons consacré un article et un film que « certaines peintures [ont été sauvées] par la pose de papier de protection ». Cette contre-vérité manifeste laisse planer le doute sur tout le reste. Car si les papiers de protection peuvent effectivement protéger les peintures murales en attendant une restauration, les laisser trop longtemps (pour ne pas parler de plusieurs années comme c’est le cas ici) est extrêmement dangereux comme nous l’ont confirmé plusieurs restaurateurs. Quant à affirmer les avoir sauvées, les photos que nous avons publiées, prises il y a quatre ans et aujourd’hui, prouvent qu’il n’en est rien. SUITE

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L’état des églises parisiennes : le World Monument Fund dénonce le scandale

Le World Monument Fund s’est donné pour mission de contribuer à la sauvegarde de chefs-d’œuvre architecturaux gravement menacés, à la fois en aidant à leur restauration en collaboration avec les organismes officiels en charge de leur conservation, et en publiant tous les deux ans une liste de monuments en péril dont la survie est gravement compromise en raison des « cataclysmes naturels et de l’impact du changement social, politique et économique »1.

À New York, aujourd’hui 8 octobre, le World Monument Fund a donc révélé sa liste pour 2014. Et parmi ces monuments en péril, il a retenu deux églises parisiennes, Notre-Dame-de-Lorette et Saint-Merri. On ne peut dire pourtant qu’elles sont mises en danger par un cataclysme naturel, ni par un changement social, politique ou économique. La ville de Paris n’est pas pauvre, loin de là. Elle a simplement d’autres priorités que d’entretenir son patrimoine. Le cataclysme n’est pas naturel, il est politique. SUITE
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Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 20 Novembre 2013 à 09:47 | 0 commentaire | Permalien



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