V.G.

Discuter le célibat des prêtres


Le nouveau numéro deux du Vatican, Pietro Parolin, actuellement nonce apostolique au Venezuela désigné le 31 août secrétaire d'État du Vatican, a déclaré dans un entretien avec le journal local El Universal publié dimanche: le célibat "n'est pas un dogme et on peut en discuter, car c'est une tradition ecclésiastique… ", a il déclaré, admettant que ce débat était "un défi" pour le pape François.

"L'effort qu'a fait l'Église pour instaurer le célibat des prêtres doit être considéré. On ne peut pas dire, simplement, qu'il appartient au passé. C'est un grand défi pour le pape [...] et toutes ces décisions doivent être prises dans le but d'unir l'Église, pas de la diviser", a poursuivi l'ecclésiastique. "Il faut tenir compte, au moment de prendre des décisions, de ces critères [la volonté de Dieu, l'histoire de l'Église], de même que de l'ouverture à l'air du temps", selon le nouveau numéro deux de l'Église catholique.

Vers une direction collégiale

Mgr Parolin a jugé aussi que les changements promus par le pape François au Vatican pouvaient être obtenus avec "un esprit démocratique" et par une direction "collégiale de l'Église où peuvent s'exprimer toutes les tendances". "Il a toujours été dit que l'Église n'est pas une démocratie. Mais il est bon, à notre époque, qu'il y ait un esprit plus démocratique, dans le sens d'une écoute attentive et je crois que le pape en a fait un objectif de son pontificat", a-t-il également déclaré.

..........................
Commentaire

Il me parait intéressant de souligner que les deux évolutions ainsi suggérées par le nouveau numéro deux de l'Église catholique peuvent, si elles aboutissent à des résultats concrets, amener à un rapprochement des pratiques qui différencient nos Eglises :

- La fin de l’obligation de célibat des prêtres, qui est d’ailleurs déjà pratiquée dans la Eglises orientales qui dépendent de Rome, serait un vrai retour à la pratique orthodoxe ;
- L’introduction de la collégialité, si elle débouche sur la conception conciliaire de la direction de l’Eglise, lèverait l’obstacle probablement le plus important sur la voie d’un rapprochement dogmatique.

Bien entendu on n’en est pas là. Ce ne sont que des idées, des ballons d’essais lancés par Mgr Paoli, probablement avec l’accord du Pape François. Mais il est tout de même intéressant de constater que ces idées vont dans le sens d’un rapprochement concret… Reste à voir ce qui en sortira vraiment.

Source : "Le Point" avec AFP

Rédigé par Vladimir GOLOVANOW le 13 Septembre 2013 à 10:03 | 30 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Daniel le 13/09/2013 12:25
Je ne partage pas cet enthousiasme. Concernant le célibat, c’était une ancienne tradition des églises autocéphales de Carthage et Rome y compris du temps de leur orthodoxie et de leur communion avec l’orthodoxie. Cela n’a donc jamais été un problème. Concernant la question de la collégialité, il ne s’agit pas du seul problème dogmatique et pas forcément du plus grand. Le ballon d’essai de la collégialité a déjà été lancé voici des années. Je dirais, rien de nouveau sous le soleil du Vatican.

2.Posté par Perplexio le 13/09/2013 15:56

Sans rire, pendant qu'on y est, pourquoi ne pas remettre aussi sur le tapis la rengaine démagogique du sacerdoce féminin ?
On pourrait entonner également le troisième refrain : sur les contraceptifs (dit poliment par respect pour ce blog).

Ces ronrons qui remplacent les vrais questions, celles qui fâchent, qui dérangent, qu'il serait constructif d'aborder plutôt que de les cacher sous la table.

On ne rapproche pas les Eglises avec des incantations cosmétiques, qui font de l'eûûcuménisme un tourisme bercé de ritournelles insipides.

3.Posté par Tchetnik le 13/09/2013 19:27
Quand le ballon avait été lancé une première fois lors du Concile de Constance, l'Église Romaine a justement commencé à comprendre que le Concile est effectivement l'incarnation de l'universalité de l'Église, et non des Papes qui justement s'étaient multipliés comme des petits pains après Fondi en 1378 et Pise en 1409, ce dans l'entropie la plus absolue.


4.Posté par Vladimir.G le 14/09/2013 15:52
Il faut souligner que ces réflexions sur une possible inflexion doctrinale dans deux domaines importants de la divergence catholique-orthodoxe ne sont pas le fruit d'un dialogue inter-religieux mais constituent des pistes de réflexion internes à l'Eglise catholique. Et ce qui me parait très important, c'est qu'elles marquent un total changement de cap par rapport à l’évolution historique de la doctrine catholique.

En effet, pendent tout le 2ème millénaire, la doctrine catholique s'est éloignée de l'Orthodoxie: du filioque et du célibat des prêtres, affirmés dès la fin du 1er millénaire, à la mariologie et à la primauté, le sommet de cet "estrangement" semble avoir été atteint à la fin du XIXe (infaillibilité, Immaculée Conception), voire 1950 (Assomption). Depuis nous assistons clairement à un changement d'orientation et le fait que la réflexion sur ces deux thèmes importants (voire essentiels, si la collégialité en arrive à promouvoir la conciliarité pour remplacer l'infaillibilité...) va dans ce sens me semble en être une nouvelle preuve dont les Orthodoxes ne peuvent pas ne pas tenir compte...

5.Posté par Nicodème le 14/09/2013 21:39
Tout ça va en effet dans le bon sens .Les ex-ktos devraient se calmer ...Cela dit , jl y a un vieux fond théologique à revoir depuis Augustin d'Hippone .

6.Posté par Tchetnik le 15/09/2013 14:01
Ceci dit, la doctrine de Saint Augustin reste parfaitement orthodoxe, lue en entier et dans le contexte des hérésies de l'époque.

7.Posté par Vladimir.G le 15/09/2013 23:23
Bien cher Nicodème,

Si vous alliez voir dans la blogosphère orthodoxe russe vous constateriez que nos "ex-ktos" sont bien calmes et posé. Et eux, aux moins, savent de quoi ils parlent, alors que les russes en sont restés à 1204...

Saint Augustin pourrait, en effet, être un bon point de rapprochement au départ, puisque sa doctrine est reconnue des deux côtés...

8.Posté par Nicodème le 16/09/2013 09:11
Et l'invention du "péché originel" ? Et les limbes ? Et la diabolisation du corps et de la sexualité (même conjugale ?) . Il y a cependant quelque chose de remarquable , c'est la position qu'il a prise contre la prétention à la monarchie universelle qui commençait (déjà) à tenter tel ou tel patriarche (et pas seulement de Rome !) .

9.Posté par Tchetnik le 16/09/2013 10:13
Pour Saint Augustin, le problème vient moins de ce qu'il a écrit, surtout en tenant compte de ceux pour qui il écrivait et de leur contexte que de l'interprétation bien plus tardive qui fut faite de ses écrits.


Par exemple, on le désigne souvent comme celui qui niait la liberté humaine par rapport à la Grace. Il a effectivement beaucoup insisté sur le caractère fondamental de la Grâce contre des Pélasgianistes qui le niaient, mais n'a jamais pour autant déprécié la liberté des hommes ni le rôle de cette liberté dans le Salut:

« 11. Pourquoi alors sa justice ne châtierait-elle point les crimes que ne nécessite pas sa prescience? Ta mémoire n’impose aucune violence aux faits accomplis : ainsi Dieu dans sa prescience ne force point d’accomplir ce qui doit arriver. Et comme tu te rappelles des actions que tu as faites sans avoir fait tout ce que tu te rappelles, ainsi Dieu sait d’avance tout ce qu’il doit faire, sans devoir faire tout ce qu’il sait d’avance. Pourquoi donc sa justice ne punirait-elle point les oeuvres perverses dont il n’est pas l’auteur?
Ainsi comprends maintenant comment Dieu peut châtier les péchés avec justice: c’est qu’il ne fait pas ce qu’il sait devoir se faire. Si d’ailleurs il ne peut condamner les pécheurs aux supplices parce qu’il a prévu leurs péchés, il ne doit pas non plus récompenser les justes, parce qu’il a également prévu leurs bonnes oeuvres. Avouons plutôt que sa prescience ne peut rien ignorer de ce qui doit se faire, et que le péché étant volontaire sans être nécessité par sa prescience, sa justice ne saurait le laisser impuni. [367] »
Traité du Libre Arbitre, Livre 3ème, Chapitre 4

10.Posté par Tchetnik le 16/09/2013 15:38
Quant à la diabolisation du corps et de la sexualité conjugale, elle vient d'avantage de Tertullien que de Saint Augustin et ce sont surtout les Gnostiques qui illustraient le plus cette tendance.

Il existe cependant chez Saint Augustin des opinions théologiques qui n'ont pas toujours été reprises par l'Église et qui parfois tenaient à son histoire personnelle. Mais cela est le cas aussi pour Saint Ambroise de Milan ou pour Saint Grégoire le Théologien qui tous deux, ont soutenu l'hypothèse de l'apocatastase que l'Église n'a pas reprise comme définition absolue. Si les Pères ont mis en valeur la Vérité évangélique tout ce qu'ils ont dit ou écrit n'est cependant pas retenu comme absolu.

11.Posté par Daniel le 16/09/2013 17:09
@ Tchtenik

Que Saint Gregoire de Nysse et Saint Ambroise de Milan ait soutenu l'apocatastase n'est d'ailleurs pas absolument certain. Il semble au'il s'agisse de restauration des aptitudes de l'ame.

12.Posté par Tchetnik le 16/09/2013 18:54
@Daniel

En effet, le contexte de leurs écrits sur le sujet reste à nuancer, plus personnel que général du reste.

Ils sont moins précis sur le sujet qu'Origène, c'est certain.

13.Posté par Nicodème le 16/09/2013 21:47
Merci , Tchetnik , pour ces précisions .

14.Posté par Perplexio le 17/09/2013 09:59
@Tchetnik

Il n'y a pas une ligne sur Augustin d'Hippone dans le Synaxaire publié par le monastère Simonos Petra, Thessalonique, éd. 1988.
Toutefois son nom est mentionné dans la table alphabétique du tome six des Appendices édité en 1996.

Augustin d'Hippone confine la grâce et la liberté, entre autres, dans une opposition dualisante typique de sa pensée, jusqu'à faire l'impasse sur la notion de base pourtant essentielle depuis les début de la chrétienté, de synergie.

Est-il oui ou non considéré canoniquement comme un saint par notre Eglise, si oui depuis quand ? Merci.

15.Posté par Tchetnik le 17/09/2013 12:05
@Perplexio


En fait, dans le synaxaire de Père Macaire, Saint Augustin figure à la date du 15 Juin, dans une édition qui doit être postérieure.
Père Macaire a agrémenté sa biographie d'un commentaire assez long sur la réception de sa doctrine dans l'Église Orthodoxe et la qualification de "bienheureux" sous laquelle il le présente.

Sur la Grace et la Liberté, en plus de ce que j'ai mentionné plus haut, il a aussi écrit "je t'ai créé sans toi, mais je ne te sauverai pas sans toi".

Le synaxaire de Père Macaire est disponible ici:

http://www.monastere-transfiguration.fr/synaxaire/synaxaire.html

Saint Nicolas d'Ohrid mentionne aussi Saint Augustin dans les Prologues d'Ohrid:

""6. BLESSED AUGUSTINE, THE BISHOP OF HIPPO
Augustine turned from paganism to Christianity, thanks to the counsels, tears and prayers of his mother
Monica. He was a great teacher of the Church and an influential writer but with certain unapproved
extremes in his teaching. As bishop of Hippo, he glorified the Lord for thirty-five years and lived a total
of seventy-six years on earth (354-430 A.D.).""

""By prayer, Monica brought Augustine back from a wayward life to the path
of good works and faith. By prayer, St. Basil converted his teacher Evulios.""

""And why did Blessed Augustine, who knew the wisdom of both the
Greeks and the Romans, throw away all and seek salvation and illumination in the Faith of Christ?""

Je vais essayer de trouver la notice de Père Macaire facilement (?) et de la copier-coller.

16.Posté par Irénée le 17/09/2013 16:06
Claude Laporte dans son livre "Tous les saints de l'orthodoxie" mentionne Augustin au 15 juin, en indiquant : Bienheureux Augustin, évêque d'Hippone.
Il y est également mentionné que son office figure dans le supplément aux Ménées à la date du 28 août, traduit par le père Denis Guillaume.

17.Posté par Daniel le 17/09/2013 16:41
Concernant les termes de saint et bienheureux, il n’y a aucune différence de signification dans l’orthodoxie, ces mots sont interchangeables. Concernant la sainteté de l’intéressé, elle est attestée par les propos de nombreux autres saints qui lui attribuent le qualificatif de saint, de bienheureux ou de divin. C’est le cas de Saint Nicodème l’Hagiorithe dans son Manuel de la Confession, de Saint Photios dans Mystagogie de l’Esprit Saint… C’est vrai que s’est développée une tendance à taper sur ce pauvre Augustin, source de tous les maux de l’occident…

18.Posté par Victorov le 17/09/2013 17:49
Une page consacrée à St Augustin dans l'Eglise orthodoxe :
http://stmaterne.blogspot.be/2013/06/saint-augustin-eveque-dhippone-heraut.html

19.Posté par justine le 17/09/2013 20:01
Posts 10,11 et 12 sur l'apocastase: Le mot grec "apocatastasis" est un terme général signifiant "restauration, renouveau". Origène l'a utilisé dans un sens hérétique en disant qu'à la fin des temps tous seront sauvés, même le diable et ses démons; contredisant ainsi le Seigneur Lui-même et niant la liberté de l'homme et sa responsabilité pour ses actes. En aucun cas, Saint Grégoire le Théologien n'a utilisé le terme dans ce sens, mais dans le sens de la Sainte Ecriture: "Et je vis un Ciel nouveau et une Terre nouvelle..." (Révélation 21, 1-7).

Malheureusement, une certaine patristique origéniste occidentale qui a fait beaucoup d'efforts pour "prouver" que les Saints Pères grecs étaient eux aussi origénistes, a mésinterprété maints passages de leurs écrits, et ceci souvent à dessein. Pour cela, nous les Orthodoxes devons être très prudents à ce sujet et ne pas avaler tout ce qu'on nous sert sur ce plateau particulier.

Il est très recommandé par exemple de s'en tenir, si possible, au texte grec dans les éditions patristiques bilingues des Sources Chrétiennes et d'ignorer certaines notes des traducteurs-éditeurs.

20.Posté par Nicodème le 18/09/2013 12:22
Quand j'ai découvert la notion d'apocatastase , je crois que c'était sous la plume d'Henri Fesquet , ds le Monde , référence ô combien sulfureuse ... c'était avant l'affaire du Rainbow Warrior , et j'ai cessé de le lire à ce moment là , j’aime pas les médias qui trahissent les intérêts fondamentaux du pays , c'est comme ça , mais passons .

Evidemment , ça me paraissait bizarre que l'"enfer" puisse être vide , car vu l'énormité des crimes de certains individus ds l'histoire , petits obscurs , aussi bien que personnages publics , on ressent comme une sorte d'"injustice" .

Oui , le mot "apocatastase" était compris comme la possibilité que l'"enfer" soit vide . Et , en y réfléchissant depuis , je me suis dit que ce n'était pas si absurde que ça . En effet , si on part du principe que Dieu est bon , et qu'il est omniscient , il "sait" quelle va être la destinée (métaphysique) d'un individu lambda dès sa conception , et même avant ("avant que tu ne sois conçu , etc..") . Et pourtant , il n'y a pas de prédestination , sinon , il en serait pas bon . Je dirais plutôt que , à chaque fois qu'un être humain est conçu , il y a une certaine probabilité qu'il soit damné , ou qu'il fasse ce qu'il faut pour l'être , si vous préférez . Je dis par conséquent : comment Dieu serait-il bon s'il acceptait le principe qu'il y aune chance , si minime soit-elle , pour, qu'une de ses créatures (humaines) , ne serait-ce qu'une seule , soit damnée ?

Or , si on en peut pas accepter l'hypothèse qu'il ne serait pas bon , c'est que , en effet , l'"enfer" càd cet état de la séparation radicale avec Dieu (=l'Amour), l'enfer , disais-je , est vide . Je pense justement que c'est le sens de la belle icône de la Résurrection qui illustre la phrase du symbole des apôtres : "Il est descendu dans les enfers" (qui a des bases scripturaires , mais j'sais p'us où) . d'ailleurs , les partisans de l'apocatastase disent que le Christ descend dans "les enfers" tendre la main au pécheur , mais que celui-ci peu refuser , ds un sursaut d'orgueil démoniaque , et là , il se met lui-même ds cet état , d'être non pas "dans les enfers" , mais cette fois , "en enfer" . Mais comme Dieu est bon , et ne saurait souffrir qu'une seule de ses créatures tombe ds le malheur" éternel" , nous croyons qu'il donne , à ce "moment" là , la "grâce" (tiens , rev'là Augustin d'Hippone !!!) , d'accepter avec joie le repentir qu'on n'aura pass été capable d'atteindre sur terre , et , par ces larmes versées durant ce "séjour" ds l'"Hadès" ou le "Shéol" , trouver la force de saisir la main du "sauveur" . Voilà mon point de vue . Cela ne signifie pas qu'on puisse se permettre de commettre toutes les sal... possibles et imaginables , non pas .

De toutes façons , on est là ds un mystère . Notre Dieu est bon , mais pas bonasse . Et ce n'est pas un tyran sadique ("Et de son père apaiser le courroux !!!" aaaah! les messes de minuit avec "minuit chrétiens" ...) . Evidemment , je vais être taxé d'hérétique . Vous aurez sans doute raison . Mais bon , j'assume .Du moment qu'on allume pas les fagots (vieille coutume romaine) ...

21.Posté par A-Marie Gueit le 18/09/2013 15:21
Je signale sur France-Culture cette semaine 4 émissions sur Saint Augustin, dans la série "les nouveaux chemins de la connaissance", le matin de 10h à 10.50
http://www.franceculture.fr/emission-les-nouveaux-chemins-de-la-connaissance-0

22.Posté par Tchetnik le 18/09/2013 16:28
@Nicodème

Pour reprendre un mot de Bossuet, Dieu nous laisse libre de nos choix, mais ne nous laisse pas libre de choisir ou non leurs conséquences.

Ce qui rejoint un peu Saint Augustin qui, comme d'autres, disait en substance que Dieu ne force pas l'Homme à l'aimer et ne le sauve pas contre sa volonté.

23.Posté par justine le 19/09/2013 11:53
Dans le dernier numéro de "The Orthodox Word" (périodique publié par le Monastère St. Herman of Alaska à Platina, Californie) sont publiés quelques extraits des "Conversations avec des enfants spirituels" de St Barsanuphe d'Optina, à l'occasion du 100e anniversaire de son repos. On y lit: "A l'époque actuelle (il parle en 1909), une certaine conviction commence à se répandre non seulement parmi les laïcs, mais même parmi de jeunes clercs: que les tourments éternels sont incompatibles avec la miséricorde infinie de Dieu et que par conséquent, les tourments ne sont pas éternels. Ce raisonnement erroné provient d'un manque de compréhension. En effet, tourments éternels et béatitude éternelle ne sont pas des choses qui viennent de l'extérieur. Ils sont avant tout dans l'être humain lui-même. "Le Royaume de Dieu est au dedans de vous" (Luc 17,21). C'est avec les sentiments dont l'homme s'emplit lui-même pendant sa vie terrestre qu'Il part vers la Vie éternelle. Un corps malade est tourmenté sur terre et plus la maladie est aigue, plus grande est son tourment.

De même, une âme infectée par des maladies diverses commence à être cruellement tourmentée lors de son passage dans la Vie éternelle. Une maladie corporelle se termine à la mort du corps, mais comment une maladie de l'âme peut-elle se terminer, puisque l'âme ne meurt pas? Malice, colère, luxure et autres infirmités de l'âme sont de la vermine qui accompagnent un homme dans la Vie éternelle.

Aussi, le but de la vie terrestre consiste à écraser cette vermine ici-bas afin de purifier notre âme et de pouvoir dire, avec notre Sauveur, "Le prince de ce monde vient et il ne trouve rien en Moi" (Jean 14,30). Une âme pécheresse, non purifiée par le repentir, ne peut demeurer avec les Saints. Même si elle était placée au Paradis, il serait insupportable pour elle d'y rester, et elle essayerait de s'enfuir de la."

24.Posté par Nicodème le 19/09/2013 14:22
"Une âme pécheresse, non purifiée par le repentir, ne peut demeurer avec les Saints. Même si elle était placée au Paradis, il serait insupportable pour elle d'y rester, et elle essayerait de s'enfuir de là."

Ne serait-ce pas le rôle du Purgatoire que de permettre ce repentir ? capable de la ...heu "purifier" ... Evidemment , il ne faut pas comprendre cela ni comme un lieu et encore moins une "durée" (le principe des "indulgences" est parfaitement stupide) , mais comme un état intermédaire entre la mort physique et la résurrection . Le fait que ce soit l'Eglise romaine qui ait inventé ce principe n'est pas suffisant pour décréter que c'est erronné . De toutes façons , on n'en sait absolument rien . Il me semble que ma compréhension de ce mystère est tout à fait compatible avec la formule du symbole des apôtres : "Il est descendu dans les enfers" , et est , encore une fois , illustrée par la contemplation de la belle icône de la résurrection , qu'on pourrait voir comme l'icône du Purgatoire assumé ....

Je m'obstine (comme tous les zérétiks , c'est bien connu ) : si Dieu ne donne pas à l'homme , ici bas ou au moment du passage , la possibilité d'atteindre ce repentir qui est la clé de sa vie Eternelle ds la béatitude , alors il n'est pas bon . Puisque non seulement omniscient mais omnipotent .

P.S.: j'ai été élevé kto , mais je ne fréquente plus et je ne m'en sens plus membre .

@ Justine , merci pour l'annonce des émissions sur St Augustin (tiens , vous ne dites pas "Augustin d'Hippone" , comme certains ultras ?).
@Tchetnik merci pour la formule de Bossuet . Excellente .

25.Posté par Tchetnik le 19/09/2013 22:29
@Nicodème


Vos questionnements sont légitimes et pas forcément impertinents du reste.

Simplement, il est vrai que, pour nous, l'œuvre de repentir et de sanctification concerne toute la personne, corps et âme. Pour cette raison entre autres, nous pensons que cette œuvre ne peut s'accomplir que pendant la vie terrestre, quand la personne est non seulement corps et âme, mais aussi a la pleine possession de sa volonté et de sa capacité d'action, de sa responsabilité et de sa capacité à comprendre, apprendre et agir sur lui-même. Morte, la personne n'a plus cette capacité-là. En revanche, Dieu peut effectivement être miséricordieux, on ne sait pas selon quelle canal, mais les prières des saints et des Chrétiens demeurés sur terre est à même d'améliorer considérablement la situation des défunts.

Le Dieu Trinitaire est le seul qui puisse allier une omnipotence et une charité, un dévouement aussi absolus dans leur puissance.

Le Christ a quelque part incarné cette charité absolue en mourant sur la Croix, en descendant aux Enfers et en Ressuscitant, entrainant nos premiers pères avec lui. Mais s'il a dû descendre aux Enfers pour en libérer les captifs justement, c'est que quelque part, le repentir desdits captifs ne devait pas être possible.

26.Posté par Daniel le 20/09/2013 07:40
@ Justine

"En effet, tourments éternels et béatitude éternelle ne sont pas des choses qui viennent de l'extérieur. Ils sont avant tout dans l'être humain lui-même"

Ca aussi c'est discutable car cette phrase entretient la vision d'un Dieu qui ne punit pas car cela serait contradictoire avec sa bonté. Cette vision fut lancé par Kalomiros dans le “Fleuve de Feu” mais elle est contestable.

27.Posté par Perplexio le 20/09/2013 14:15
Toutes questions, tous débats sont légitimes. Mais il semblerait sage d'accepter avec humilité qu'existent aussi des questions auxquelles nous n'avons pas de réponse ici-bas.

Si l'on persiste, elles finissent par devenir de faux problèmes dégénérant en faux débats qui font les choux-gras des ésotériciens gnostiques et autres charlatans.

Encore qu'en scrutant les Ecritures on s'aperçoit qu'elles recèlent des précisions très fines.
En ce qui concerne justement l'au-delà n'oublions pas Lc, 16, 26; et au sujet de l'apocatastase, bien évidemment Rm, 8, 18-21.

28.Posté par Tchetnik le 20/09/2013 17:36
@Perplexio

En effet, il faut prendre garde à ne surtout pas tomber dans les gnoses ésotériques les plus fantaisistes et dangereuses.

Simplement, il est vrai que bien des hommes doivent comprendre en quoi ils croient et identifier la réalité Divine par leur intelligence. La foi et les convictions sont plus fortes quand elles sont éclairées par l'exercice de la raison et de l'intelligence.

Par contre, il nous faut admettre que certaines choses incréées sont inexplicables, qu'étant incréées, on ne peut leur donner de cause logique et que si l'intelligence peut identifier Dieu, le sens de Salut et de Sainteté qu'Il donne à nos vies et saisir les liens de cause à effet entre les idéaux de Dieu et nos vies terrestres et spirituelles, certains postulats de base doivent simplement être décrits et admis par elle.

...et ne pas transformer Dieu en objet de spéculation comme la Scholastique le fit, hélas.

29.Posté par justine le 20/09/2013 20:37
A Nicodeme, post 24: merci pour les remerciements, mais ils doivent s'adresser a A-Marie Gueit, post 21.

30.Posté par justine le 20/09/2013 21:13
A Nicodème, post 24: "si Dieu ne donne pas à l'homme , ici bas ou au moment du passage , la possibilité d'atteindre ce repentir qui est la clé de sa vie Eternelle ds la béatitude , alors il n'est pas bon . Puisque non seulement omniscient mais omnipotent ."

Les Saints Pères sont unanimes – et en tant qu'Orthodoxes nous suivons les Saints Pères et non nos propres idées – à souligner que Dieu a créé l'homme libre et responsable, et ce don de la liberté, Il ne le lui retire pas. Il n'utilise donc pas Sa Toute-Puissance pour contraindre un homme au salut que celui-ci refuse. Etant bon, Il donne certes toutes les possibilités, mais encore faut-il que l'homme accepte le don. Et comme l'explique Tchetnik dans son post 25, le repentir est possible jusqu'a la mort, au-delà il n'est plus possible, selon tous les enseignements de l'Eglise.

Nouveau commentaire :



Recherche



Derniers commentaires


RSS ATOM RSS comment PODCAST Mobile