L’Église ne combat pas le mal, elle s’oppose au mal
Le père Alexis Ouminsky, archiprêtre de la paroisse de la Sainte Trinité à Khokhly parle du sens de la vie, de l’Eglise moderne et des conflits en cours

« Vous savez, j’ai entendu un jour un critique de l’Église dire lors d’une réunion que l’Église russe n’avait pas rempli sa mission historique au XIXe siècle en Russie, qu’elle devait lutter contre le servage...

Mais l’Église n’a pas de mission historique. Elle ne doit lutter ni contre le servage ni contre le système politique. L’Église n’a aucun but de lutte historique et politique. Plus encore: l’Église n’a aucun but dans la lutte contre le mal. La tâche que toute l’humanité progressiste se fixe. Par conséquent, s’il met l’objectif principal de la lutte contre le mal, il manquera toujours le mal.

Je dirai peut-être des choses bizarres. L’Église n’a pas pour but de lutter contre l’avortement, la criminalité, la toxicomanie, le mariage homosexuel. Pour une raison simple. L’Église ne combat pas le mal, elle s’oppose au mal. C’est très essentiel.

Christ dit dans l’Évangile que nous ne devons pas résister au mal.

Ces mots peuvent être perçus comme un pacifisme à cent pour cent, mais si vous plongez en eux, vous vous rendrez compte qu’un chrétien ne peut pas résister au mal en utilisant les méthodes du mal lui-même. Vous ne pouvez pas résister à mentir en utilisant des mensonges, l’agression - en utilisant l’agression, l’insulte - en utilisant l’insulte. La résistance au mal ne peut pas avoir lieu sur le territoire du mal. La lutte contre le mal dans les voies du mal est impossible.

Ce qui est possible en politique est impossible dans l’Église. C’est pourquoi, lorsque ces deux éléments sont mélangés, les gens ne peuvent pas se comprendre eux-mêmes. Ils ne comprennent pas ce qui se passe autour d’eux...

Le but de l’Église est le Christ lui-même et son Royaume céleste. Par conséquent, nous prions pour les chrétiens avec ces mots « Donnez-leur au lieu du terrestre -du céleste, au lieu du temporaire, de l’ éternel, au lieu du périssable – du solide »... Et notre lutte principale contre le mal est le témoignage de la vie pure, un témoignage que Dieu est amour et lumière, et qu’il n’y a pas d’obscurité en Lui. L’Église manifeste cette vérité, et cette vérité libère les gens du mal.
L’Eglise suit un chemin simple et difficile : « Ne jugez pas, vous ne serez pas jugés », dit l’Évangile.

Et la lutte contre le mal en nous tous commence par la condamnation, avec le jugement - le jugement de l’homme, l’identification de l’homme avec ses actes, avec l’étiquetage, et avec la possibilité de le détruire.

Отец Алексей Уминский, протоиерей храма Святой Троицы в Хохлах — о смысле жизни, лице современной церкви и сегодняшних конфликтах

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 11 Mars 2021 à 09:41 | 17 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Grégoire le 05/03/2021 18:04
Ce prêtre mélange un peu tout.

Il faudrait lui demander ce qu'il pense l'Impératrice Irène qui a crevé les yeux de son fils (qui était iconoclaste). Elle est considérée comme sainte par l'église. Notamment pour sa lutte contre l'hérésie.

Les exemples sont nombreux dans l'histoire ou certains actes ont été nécessaire pour sauver l'Église orthodoxe.

2.Posté par Tchetnik le 06/03/2021 08:12 (depuis mobile)
Le Christ enjoint bien à combattre le mal, si. Pas seulement à l'identifier. A partir du moment où Il nous demande de faire le Bien, car sans les oeuvres, la Foi est morte, Il nous demande bien aussi de faire reculer le mal par lesdites. Logique.

3.Posté par Mélanie le 06/03/2021 10:05
Résister au mal est un travail spirituel! il ne faut jamais dialoguer avec le diable ni avec les tentations

4.Posté par Grégoire le 06/03/2021 20:02
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mouvement_tolsto%C3%AFen


Il y a quand même d'étranges similitudes entre l'opinion ce prêtre et le pacifisme de Tolstoï...

5.Posté par N.B. le 06/03/2021 21:39
Comment le père Alexis Ouminsky peut-il dire qu'il ne faut pas combattre le mal?
Le Christ a chassé les marchands du temple. Ils appartenaient au mal. L'Eglise, depuis toujours, a donné dans ses monastères l'asile aux persécutés, aux opprimés et même aux forçats. Basile le Bienheureux, fol en Christ, s'est appliqué à mettre en évidence le mal qui était inhérent à Ivan le Terrible.

Les Néomartyrs russes par leurs souffrances mis en évidence le caractère satanique du pouvoir communiste, ont péri. Ce n'était pas seulement un témoignage. Ils avaient combattu. Le Saint patriarche Tikhon, l'un des premiers d'entre eux, avait montré les abominations propres au pouvoir communiste, émanation de l'enfer!

6.Posté par Théophile le 06/03/2021 22:02

« L’antipathie, l'hostilité ou la haine ne doivent pas être connues, même de nom, aux chrétiens. Est-il possible que l'antipathie puisse exister parmi les chrétiens ? Nous voyons partout l'amour, nous en respirons partout le parfum. Notre Dieu est un Dieu d'amour, son règne est un règne d'amour. Par amour pour nous, il n'a pas épargné son Fils unique et l'a livré à la mort pour nos péchés. Chez toi de même, tu dois l'amour dans ta famille, car ses membres ont reçu, par le baptême et la sainte onction, le sceau de la croix d'amour ; ils portent l'emblème de la croix et partagent avec toi à l'église la même Cène de l'amour.

À l'église, nous trouvons partout les symboles de l'amour : les croix, les icônes des saints qui ont mérité du Seigneur par leur amour de Dieu et du prochain, et enfin nous trouvons l'amour lui-même incorporé dans les saintes espèces. Au ciel et sur la terre, l'amour est partout ; il adoucit le cœur car il est Dieu, tandis que l'hostilité tue non seulement l'âme, mais aussi le corps. De ton côté, fais donc voir toujours et partout l'amour ! Peux-tu ne pas aimer quand tu entends de toute part la voix qui te parle d'amour, quand il n'y a que le démon homicide qui est la personnification de l'hostilité éternelle ! »
S. Jean de Cronstadt

7.Posté par Silvain le 06/03/2021 22:07
L'article est tronqué. Il y a un lien où on peut lire l'article original dans son intégralité, en russe. Nous ne devrions parler que sur cette base. Je crois que ce que nous pouvons dire avant, c'est de projeter nos attentes sur le père Alexis, et c'est le trahir un peu, tout de même. Il est plus profond que ce que nous en percevons.

8.Posté par Alexandre le 08/03/2021 11:35
Tout d’abord je me réjouis de ce petit miracle concernant le Père Alexeï Ouminsky : un parfait soviétique, pionnier komsomol à l’époque de l’URSS devenu prêtre orthodoxe ! Loué sois-tu Seigneur : c’est la démonstration de la façon merveilleuse dont agit l’Esprit, qui guide chaque individu selon la sincérité de sa foi et qui à l’inverse laisse voir l’inanité du prosélytisme style évangélique.

Ensuite je salue la profondeur de son témoignage : en effet l’Église n’a pas de mission historique autre que de transmettre le dépôt sacré de la foi avec douceur, humilité et tempérance. Certes il existe dans l’orthodoxie une autre tradition, carrément guerrière et tout aussi valable, de la sainteté orthodoxe : celle des saints combattants : Prince Vladimir, Alexandre Nevsky, Dimitri Donskoï, etc., mais si l’on s’en tient au domaine concerné par le message du Père Ouminsky : "l’Église ne combat pas le mal, elle s’oppose au mal", il faut reconnaître que c’est une analyse effectivement très juste car l’Église n’a pas vocation à remplacer l’État et la politique, et ne peut pas utiliser la violence, mais bénir seulement les justes causes, comme saint Serge de Radonège qui a béni le combat à venir de Dimitri Donskoï et priait pour sa victoire.

Néanmoins le chrétien doit dénoncer le mal et le combattre par la parole pour la défense de la vérité du Christ. Comme l’écrit fort bien et de manière émouvante le Père Alexeï : "Le problème essentiel me semble être notre absence de mémoire historique, nous avons été, nous continuons à être un peuple soviétique et c’est aussi vrai parmi les croyants. Nous n’avons pas nommé le communisme, le stalinisme, comme le grand crime contre le peuple".

Effectivement, qui au sein du patriarcat de Moscou a réellement pleuré et condamné le drame du sergianisme (la repentance d’Alexis II de 1993 constitue en réalité un acte d’accusation du peuple russe, seul coupable à ses yeux d’avoir accepté le communisme) ? Tant que l’Église du patriarcat de Moscou ne se repentira pas de ses fautes, elle restera spirituellement malade, continuant comme Serge Stragorodsky à servir l’État.

Certes à l’époque il s’agissait de servir Satan (car l’Etat bolchevik voulait ouvertement éradiquer la foi et la religion en Russie) ou de choisir le martyre ; c’est moins grave aujourd’hui, mais Kirill de Smolensk, que l’on peut comparer à un nouveau cardinal de Richelieu, utilise l’orthodoxie au service de la politique du Kremlin. Même si l’on soutient Vladimir Poutine comme chef d’État, ce n’est pas là le rôle de l’Église. La dénonciation de telles erreurs est un devoir du croyant et je souhaiterais l’entendre de la part du Père Alexeï qui sans doute partage cette analyse traditionnelle. La Sainte Providence avait permis à l’Église russe de rétablir en 1917 le patriarcat, mettant fin à la vieille situation non canonique de soumission à l’État due à Pierre le Grand et ce fut une réelle bénédiction, qui allait permettre le combat glorieux du saint patriarche Tikhon contre les hordes sataniques du bolchevisme. Tout est simple et compliqué à la fois.

9.Posté par Théophile le 09/03/2021 08:10
@ Alexandre
Merci pour votre commentaire - simple et compliqué.
A cela j'ajouterai que Dimitri Donskoi a été canonisé par le PM en 1988, pour fêter le millénaire du Baptême de la Russie. C'était encore l'URSS.
Alexandre Nevsky a lui été canonisé en 1547, une période également compliquée.
Ces deux saints guerriers ont été abondamment utilisés par la propagande stalinienne.
Les premiers saints russes Boris et Gleb meurent en martyrs en 1015 et sont canonisés en 1072.
Enfin, Vladimir Ier ne sera canonisé que durant le XIIIe siècle (la date exacte de sa canonisation est d'ailleurs inconnue).

10.Posté par Tchetnik le 09/03/2021 12:09
@Théophile
Saint Alexandre Nevski et Dimitri Donskoi ont été utilisés par la "propagande stalinienne"...pendant la Grande Guerre Patriotique contre le nazisme. Sans doute aurait-il fallu - selon vous - faire la propagande des Chevaliers Teutoniques
Votre appréciation de la sainteté de certains personnages selon leurs dates de caionisation relève simplement du procès d'intention.

11.Posté par Théophile le 09/03/2021 14:59
@ Non, la propagande patriotique stalinienne était déjà en marche bien avant la guerre (film sur A. Nevsky de S.Eizsenstein terminé en 1938). A l'époque les persécutions contre l'Eglise étaient toujours bien en cours. Nombreuses exécutions jusqu'en 1940 dans les camps - notamment de religieux.
Ce n'est qu'avec l'invasion de l'URSS que Staline a eu un sursaut de lucidité et a vu l'intérêt de mettre fin aux persécutions grossières. Et c'est seulement en 1943 que Staline permet l'élection d'un nouveau patriarche!
Quant à la canonisation tardive, vous pouvez y voir ce que vous voulez, mais àmes yeux, elle est l'indice de ce que l'Eglise a toujours été très prudente en la matière.

12.Posté par Tchetnik le 09/03/2021 20:00
@Théophile
Négatif.
Le film d'Eisenstein ne présentait certainement pas Alexandre Nevski comme "saint" et avait comme thème la lutte des classes et l'anéantissement d'un ennemi intérieur. Je ne vois rien dans la date de canonisation, qu'elle fut ou pas tardive, c'est justement vous qui en faites un argument. Hors-sujet en l'occurrence. Il ne faut pas faire des vies de certains saints des réponses à des questions qu'ils n'ont jamais eu à traiter.

13.Posté par Théophile le 09/03/2021 22:29
@ Tchetnik
Disons, que ce film présentait A. Nevsky comme un héros soviétique - à savoir une figure tutélaire du pouvoir soviétique. L'URSS avait sa propre religion, avec ses héros. Et ce n'est certainement pas Boris et Gleb qui l'inspiraient, ni l'Esprit Saint. En revanche, les héros épiques étaient très appréciés, peu importe leur culture d'origine.
D'ailleurs, les héros militaires existent dans toutes les cultures et religions, tous sont généralement courageux et pieux, indépendamment de leur religion.

14.Posté par Tchetnik le 10/03/2021 08:15 (depuis mobile)
@Theophile
Les héros épiques de L'Histoire Chrétienne et impériale russe n'ont certainement pas inspiré le régime soviétique avant 1943, non. Leur mention était même quasi-interdite. Il suffit de regarder ce film pour comprendre qu'Alexandre Nevski n'en n'est d'ailleurs pas ne personnage principal. Il est ensuite logique et légitime que des hommes ayant donné leurs vies pour protéger leurs prochains soient reconnus et appréciés.

Ce qui ne signifie d'ailleurs pas qu'ils seront appréciés de la même manière et pour les mêmes raisons. Musashi ou Yagyu Jubei n'incarnent pas pour un Japonais les mêmes valeurs que Dimitri Donskoi ou Jeanne d'Arc pour un Chretien.

15.Posté par Théophile le 10/03/2021 11:34
@Tchetnik
Vous tordez toujours mes arguments, avec passablement de mauvaise foi. Je vous parle de héros épiques, dont la période soviétique est remplie - et qui ont joué un rôle unificateur en URSS. Idem dans les pays sattelites dès 1945, avec des héros nationaux populaires.
La littérature soviétique, l'art soviétique est rempli de personnages épiques, dès 1917.
Toute le cycle de la révolution est vendu comme une victoire guerrière du peuple. La lutte des classes étant de toute manière un cylce épique.
L'histoire impériale russe est d'abord eclipsée (car perçue comme chauvine), mais elle revient à la mode sous Staline - et avant 1943. Ce qui varie ensuite, c'est la personnalité épique mise en avant: Ivan le Terrible ou Pierre le Grand? ou simple soldat?
Bien évidemment l'aspect chrétien n'est pas mis en avant. Et qui l'a prétendu?
Ce que je dis, c'est que le cycle épique est lié en son essence aux Etats.
D'ailleurs ce n'est pas pour rien si E.Macron a commencé son affreux parcours politique avec la fête de Jeanne D'arc. Ce qui l'intéressait, ce n'était pas le christianisme, mais le mythe de la figure qui transforme la nation.

16.Posté par Tchetnik le 10/03/2021 15:36 (depuis mobile)
@Theophile
Négatif. Les personnages de l'Histoire Chrétienne et Impériale eusse n'ont joué aucun rôle dans la propagande soviétique de 1922 à 1943. Tchapaev ou Babouchkine n'étaient pas Chrétiens pas plus que les Dekabristes du reste. Quant au micron et à Jeanne d'Arc, in s'agit juste d'une grossière propagande de circonstance. Car, à l'instar d'ailleurs de l'URSS, la république "française" ne prend comme référence publique que des personnages républicains.

Je répondais juste à votre commentaire qui - comme toujours - faisait de Boris et de Gleb un référentiel- en l'occurrence HS - en jetant la suspicion sur les "guerriers" sous prétexte qu'ils auraient été canonisés "sous l'URSS".

17.Posté par Théophile le 11/03/2021 12:27
@ Tchetnik
Justement, je sépare ce qui est chrétien, de ce qui est impérial. Car l'Etat même soviétique était tout à fait capable de la faire.
Par ailleurs, il y a l'édition du Don paisible, de 1928 à 1940, qui raconte l'histoire cosaque - 1e Guerre mondiale et révolution - comme une tragédie populaire. Le cycle est aussi épique, même si ce n'est pas le seul motif. Oeuvre qui reçoit le prix Staline en 1941.
Bien entendu, tout cela est complexe, mais je trouve que vous évacuez un peu facilement les arguments qui ne vont pas dans votre sens.
Si l'URSS a choisi certains motifs de l'histoire impériale russe, c'est bien que cette histoire trouvait des échos favorables. D'autres personnages sont laissés dans l'oubli - et cela n'est pas dû au hasard.
De fait, je suis toujours plus convaincu, que les héros épiques participent à la construction de l'obéissance consentie à l'Etat chez les populations. C'est ainsi - entre autres - que se construit le Léviathan moderne.
Et je pense que le père A.Ouminsky a raison sur l'Etat.

18.Posté par Tchetnik le 11/03/2021 17:30 (depuis mobile)
@Theophile
"Le Don paisible" se contente de raconter le quotidien de simples cosaques pendant la Première guerre mondiale, mais en aucun cas ne constitue une apologie de héros épiques. Un roman assez vaste qu'on faut lire pour comprendre.
Les héros épiques participent simplement à la construction de l'Histoire Nationale et à la valorisation de certains idéaux de vertu, ce en quoi, ils ne posent aucun problème spirituel. Et il ne faut simplement pas leur faire dire ce qu'ils ne disent pas. L'URSS n'a jamais valorisé des héros qui pourraient être communs avec le Christianisme avant 1943 et ce pour des raisons qui furent compréhensibles. Donc ce n'est pas la peine de jeter le discrédit sur ces saints sous prétexte que "Staline les a utilisés".

19.Posté par Théophile le 12/03/2021 08:44
"Je suis le Seigneur, ton Dieu, qui t'ai fait sortir du pays d'Égypte, de la maison de servitude.
Tu n'auras pas d'autres dieux face à moi.
Tu ne te feras point d'image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre.
Tu ne te prosterneras pas devant elles, et tu ne les serviras point ; car moi, l'Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punit l'iniquité des pères sur les enfants jusqu'à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me haïssent
et qui fais miséricorde jusqu'en mille générations à ceux qui m'aiment et qui gardent mes commandements."
La construction de l'Histoire nationale, comme vous le dites, est une idole devant laquelle les gens se prosternent volontiers.
Culte de la terre et des héros de la terre.
Aimer sa contrée et rendre grâce à Dieu est naturel, protéger sa famille fait partie du décalogue (honorer son père et sa mère, ne pas tuer) - d'accord.
Mais bâtir des statues et des représentations mythiques pour la nation, c'est une idolâtrie. Surtout quand on voit que le prince de ce monde dirige maintenant plus ou moins tous les pays (qu'ils soient socialistes, libéraux ou conservateurs). D'ailleurs le Christ nous dit que c'était déjà le cas de son temps, lorsque l'Adversaire lui proposait tous les royaumes du monde et leur gloire, s'il se prosternait devait lui.
"Jésus lui dit: Retire-toi, Satan! Car il est écrit: Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu le serviras Lui seul."

20.Posté par Théophile le 12/03/2021 11:15
@ Tchetnik
Pour compléter:
De 1930 à 1934, Alexis Tolstoï publie son roman "Pierre le Grand". Ce roman est resté inachevé (2 parties publiées, il manque), son auteur travaillant dessus jusqu'à sa mort en 1945.
L'oeuvre qu'on dit être une commande de Staline est encensée par Gorki. Elle est aussi portée à l'écran en 1937-1938.
Ce roman historique reçoit également le prix Staline en 1941.
Donc, encore une fois, les figures impériales trouvent une écho dans l'URSS bien avant 1943. Pierre le Grand est décrit comme l'archétype de celui qui transforme et modernise l'Etat pour le bien de son peuple.
Ex. de citation tirée du film de 1937-1938:
discours de Pierre le Grand (traduit rapidement):
"En ce jour heureux de la fin de la guerre du Seigneur, le Sénat m'a accordé le titre de "Père de la Patrie"! J'ai été dur avec vous, mes enfants - car je n'étais pas dur pour moi-même, mais la Russie m'était chère! Par mes travaux et vos travaux, nous avons couronné notre patrie de gloire, et les navires russes naviguent déjà vers tous les ports de l'Europe! Nos travaux n'ont pas été vains, et il revient à nos générations futures de protéger et multiplier la gloire et la richesse de la Patrie! "
Bref, on perçoit sans beaucoup d'effort la préfiguration du petit père des peuples.
Bien entendu Pierre le Grand est une figure ambiguë pour les orthodoxes, mais il est une figure incontestable pour l'Empire, qu'il soit russe ou soviétique.

21.Posté par Tchetnik le 12/03/2021 14:32 (depuis mobile)
@Theophile
En aucun cas une idole, Theophile. Simplement le témoignage de ce qui a été vécu et valorisé. Sinon, les Macchabées ne setaient pas mis en valeur ni les Prophètes, ni les justes ni les...saints guerriers par Saint Paul.

Idem pour Pierre le Grand qui, loin de valoriser la Russie "impériale", mettait aussi l'accent sur la lutte contre un ennemi intérieur et sur la vie paysanne de l'époque. Lisez vos propres références, avant de vous en réclamer pour soutenir une thèse

22.Posté par Théophile le 12/03/2021 23:07
@ Tchetnik
Votre lecture au premier degré des œuvres que j'ai citées ne me convainc pas. Pierre le Grand est le fondateur de l'Empire russe. Mais passons.

Sinon, les Prophètes, les justes et saints ne se mettent pas en valeur. Ils mettent en valeur sa Volonté, ils annoncent sa Parole car ils sont dévorés par le zèle de Sa maison - sans rien attendre en retour. Raison pour laquelle les Etats s'en méfient partout comme des éléments incontrôlables. Et ils les persécutent, depuis toujours.
Quant à ceux qui bâtissent des tombeaux aux Prophètes et s'en réclament dans un but intéressé, le Christ lui-même a répondu sur eux.
De toute manière l'époque que nous vivons - qui est celle de l'imposture généralisée - révèlera que l'Etat impérial est l'ennemi le plus implacable de la foi. C'est pour cela que nous ne sommes pas d'accord, Tchetnik. Je ne crois pas à l'Etat vertueux. La raison d'Etat oui. Vieux principe de l'Etat. C'est donc que le mensonge est la racine de l'Etat. S'il semble exister des Etats vertueux, c'est simplement que les gens qui font vivre cet Etat sont vertueux en eux-mêmes, malgré l'Etat. Et il y en a aura toujours pour notre consolation.
Certes, il y a aussi de saints rois ou princes. Mais ce sont essentiellement des martyrs ou des souverains qui se sont retirés dans la vie contemplative - qui ont abandonné leurs richesses pour Le suivre. Et les quelques païens qui se sont convertis (à ceux-là, on a bcp pardonné, comme à David).
J'ai aussi à me faire pardonner... Bon Carême.

23.Posté par Tchetnik le 13/03/2021 09:10
@Théophile
Je vous ai juste cité Saint Paul, qui, lui mettait bel et bien en valeur les Justes et saints de l'Ancien Testament, y compris ces guerriers qui vous font si peur.
Et, hélas, l'interprétation que je fais des oeuvres soviétiques est celle qu'ils y donnaient eux-mêmes, indépendamment de ce que furent les personnages évoqués réellement dans l'Histoire.
L'état est une forme de puissance publique qui, comme toute chose humaine, peut être imparfaite. Cependant, elle reste motivée par des idéaux qui peuvent des fois être justes, des fois pas. Peut des fois être mensonger, des fois pas, il ne faut pas généraliser arbitrairement. Mais le problème n'était pas là. Le problème venait du fait que l'Eglise est un tout que l'on ne peut sélectionner d'une part. L'Eglise transfigure la condition Humaine riche et complexe dans sa totalité, dans tous ses aspects et activités et agit aussi au travers de ses aspects matériels, terrestres, culturels, artistiques...mais aussi politiques et étatiques. La chose n'est pas forcément négative. Et les rois et princes Chrétiens ont dû gérer des enjeux riches, complexes, difficiles, notamment celui de protéger leurs nations, peuples et communautés d'agresseurs, de comportements bestiaux, brutaux, injustes, cruels ou égoïstes. Et ces rois et princes Chrétiens ont pris des décisions et ont réalisé des actes qui leur ont mérité la sainteté. Comme toujours, il y a bien des raisons pour lesquelles un Chrétien peut se sanctifier, et l'accomplissement de certains idéaux de Vertu parmi lesquels donner sa vie pour ses amis, protéger ses aimés, sa famille, son peuple. La Justice comme le devoir de protection des siens font autant partie de ces idéaux que la pauvreté et le renoncement aux richesses et honneurs du monde, l'un n'empêchant d'ailleurs pas l'autre. Et c'est ce qu'il vous faudra apprendre à admettre un jour. L'Eglise, le Christianisme n'est pas "pacifiste", je vous l'ai déjà démontré. Et ce n'est pas parce qu'un saint guerrier fut récupéré par un état, de manière juste ou injuste, qu'il devient nécessairement illégitime.

24.Posté par Théophile le 13/03/2021 13:36
@ Tchetnik
L'Eglise est une, sainte, catholique et apostolique. Elle est le corps du Christ, la Tour imprenable du salut.
Mais aussi :"Mon Royaume n'est pas de ce monde".
Donc chaque fois que nous ne sommes plus dans l'unité, la sainteté, la catholicité et l'apostolicité - qui sont des dons du Saint Esprit, nous nous retranchons nous-même de l'Eglise.
Bien sûr, la sainteté s'incarne. Mais jusqu'à la consommation des siècles, elle reste et restera tout autre, mise à part de ce monde, qui passe. Dans le monde, mais pas du monde. Jamais.
Le problème n'est donc pas de défendre le "monde chrétien" - ce que vous mettez toujours en avant - mais de ce que les chrétiens s'accomplissent vraiment dans la sainteté. Et il y a encore du travail.
En ce sens, je suis d'ailleurs moins pacifiste que vous, car je considère que certaines réalités sont impossible à réconcilier. Elles feront la guerre aux saints jusqu'à la fin des temps - jusqu'à ce que le Christ soit tout en tous, et que ces ennemis - qui sont des entités démoniaques - soient complètements vaincus, dépouillés de tout pouvoir et jetés dans l'étang de feu.

25.Posté par Tchetnik le 14/03/2021 16:50 (depuis mobile)
@Theophile
Il y a les deux, Theophile. L'être humain est corps et âme, il est unité de personne et n'est pas pur esprit. Et vous avez hélas le tort de rejeter et de considérer comme "opposés aux saints" des enjeux qui ne le sont pas forcément. Enjeux qui doivent simplement être travaillés et réorientés. Attention, Theophile. Il n'y a pas que le quiétisme qui est hérétique. Le manichéisme l'est aussi.

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