Vladimir GOLOVANOW

Le thème des la relations des Églises orthodoxes aux schismatiques est très actuelle: des groupes se séparent dans toutes les Églises canoniques (cela va du "patriarcat" autoproclamé de Kiev aux différents groupements Vitalistes et vétéro-calendaristes, le dernier en date, à ma connaissance, étant celui de l'évêque du Kosovo…), alors que d'autres s'en rapprochent et les conditions de leur réception dans l'Orthodoxie font alors question. A ma connaissance, les «principes fondamentaux de l’attitude de l’Eglise orthodoxe russe à l’égard des autres confessions chrétiennes» adoptés par le concile épiscopal de l'Église russe et confirmés par son concile local sont le seul document conciliaire qui fasse le tour de la question et je voudrais montrer sa cohérence sur un point particulièrement controversé: la validité des sacrements. En plus du document même je m'appuy sur compte rendu préliminaire du métropolite Philarète de Minsk, qui fait une analyse détaillée des phénomènes schismatiques.

LE PRINCIPE DE BASE est posé en ces termes: (1.9) : « La répudiation de la hiérarchie ecclésiale légitime équivaut à la répudiation du Saint Esprit et du Christ Lui-même ». Il s'agit en fait de ces schismes "courants", comme ceux dont je parle au début de ce billet: ils sont créés par des évêques qui refusent de se plier aux décisions de leurs synodes, sont démis de leurs fonctions et réduits à l'état laïque, mais persistent dans leur activité en dehors de toute obédience. Il est bien évident que ces hiérarques perdent la possibilité de procéder à des sacrements marqués par la grâce en se séparant ainsi de l’Eglise, et l'Église ne leur reconnaît pas la bénédiction de la continuité apostolique.

POUR L’ÉGLISE ROMAINE le Concile "est très laconique" comme le souligne Mgr Philatète, mais il pose, en annexe, que l'Église Catholique n'entre pas dans le cas précédent puisque "Le dialogue avec l'Église catholique romaine est fondé et doit rester fondé à l'avenir sur le maintien de la succession apostolique des ordinations." Pour moi cela tient au fait que la hiérarchie catholique n'a jamais fait l'objet d'aucune condamnation générale (l'excommunication de 1054 ne visait que le cardinal Humbert et ses 2 collègues). De ce fait la succession apostolique des ordinations a été maintenue même si, comme le précisent bien les "principes fondamentaux" " il apparaît indispensable de prendre en considération le caractère du développement des bases doctrinales et de l’ethos de l’Église catholique romaine qui va assez souvent à l’encontre de la Tradition et de l’expérience spirituelle de l’Église ancienne". Et Mgr Philarète souligne que " C'est un des rares documents, sinon le seul au caractère conciliaire, qui distingue ainsi l'Eglise romaine des autres communautés et lui reconnaît l'attribut principal de l'Eglise du Christ, la succession apostolique, dont l'importance a été soulignée dans les premiers paragraphes du document. "

ENFIN SUR LES SECTES "Le Concile fait encore une distinction entre les communautés religieuses qui confessent la Trinité et la Divinité de Jésus-Christ, auxquelles elle reconnaît «le droit de témoigner et d’instruire religieusement les groupes de la population qui en font partie traditionnellement», et les sectes dont l’activité est jugée destructive et indésirable.(6,3)"

Rédigé par Vladimir GOLOVANOW le 7 Janvier 2011 à 19:52 | 22 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par l'équipe de rédaction le 08/01/2011 22:42
The Telegraph, 6 janvier 2011-01-08

Trois évêques anglicans ont embrassé la foi catholique romaine. Ils ont été reçu au sein de l’église catholique le 1 janvier et seront à nouveau ordonnés diacres puis prêtres. Pendant douze jours leur statut sera celui de simples laïques.

Le 13 janvier John Broadhurst, Andrew Burnham et Keith Newton, anciennement évêques anglicans seront ordonnés diacres. Le 15janvier ils deviendront prêtres. Ils seront tous les trois affectés au clergé de l’abbaye de Westminster, principale église catholique du Royaume-Uni. Le Vatican a ainsi fait valoir qu’il ne reconnaissait pas la continuité apostolique de l’église anglicane moderne ainsi que la validité de ses ordinations.

2.Posté par Daniel le 10/01/2011 14:55
Qu'entendez-vous par condamnation générale de l'église catholique? Par le mot "générale" plus exactement. Plusieurs condamnations pèsent sur l'église catholique datant de diverses époques et de divers synodes sur divers points :

- 879/880 : concile photien condamnant le filioque (l'altération du symbole)
- 1054 que vous citez
- les conciles palamites (sur la question de la grâce)
- encycliques des patriarches orientaux

L'affirmation ""Le dialogue avec l'Église catholique romaine est fondé et doit rester fondé à l'avenir sur le maintien de la succession apostolique des ordinations." est trop laconique pour être satisfaisante. J'attends toujours les arguments de l'Eglise de Russie pour soutenire que les latins ne seraient ni schismatiques ni hérétiques...

3.Posté par vladimir le 10/01/2011 16:12
Voici un exemple récent de réception de schismatiques chez nous: l'Eglise russe hors frontières (patriarcat de Moscou) aux Etats-Unis a reçu en novembre 2010 un groupe schismatique appelé "Archidiocèse de New York de la saint Église Orthodoxe Catholique et Apostolique d'Amérique", qui avait fait partie de l'exarchat du patriarche d'Alexandrie. Il s'agit de dix paroisses avec 18 clercs. La plupart viennent du catholicisme, quelques uns ont été anglicans ou sont passés par d'autres confessions protestantes. Ils ont accepté que tout leur clergé soit réordonné, les 2 évêques devenant archimandrites, et ils ont adopté le calendrier julien; par contre ils conservent leur liturgie occidentale dite "de saint Grégoire".

4.Posté par Daniel le 10/01/2011 18:17
@ Vladimir (message 3)

Le groupe d’ont vous faites état n’est même pas un groupe schismatique, pire encore, c’est un groupe orthodoxe autocréé comme il en existe souvent avec des origines diverses. Il est plus proche des évêques vagants. Alors, pour se donner une respectabilité il se réclame d’un soi-disant exarchat du patriarcat d’Alexandrie en Amérique dont on ne trouve aucune trace. Ils seraient nombreux à être dans ce cas aux Etats-Unis, et en Amérique latine, c’est encore pire, comme ce groupe « orthodoxe » du Guatemala reçu par Constantinople récemment. Pas des schismatiques, plutôt des vagants qui parfois ont été cherchés leur « succession apostolique » du côté du célèbre Vilatte…

5.Posté par Tchetnik le 10/01/2011 18:30
Patriarcat d'Alexandrie? Aux USA?

Ne serait-ce plutôt pas celui d'Antioche?

Si vous avez une source, je suis preneur, l'information est intéressante.

6.Posté par vladimir le 10/01/2011 19:57
@ Tchetnik:
J'espère que ce lien va fonctionner. J'avoue ne pas avoir cherché à approfondir l'origine de ce groupe car la "géographie" des différentes liturgies occidentales aux USA est très compliquée. La plupart semblent bien dépendre d'Antioche comme vous l'écrivez, d'autre de l'Église Russe Hors Frontières (cf. http://orthodoxwiki.org/Western_Rite_in_the_Twentieth_Century), mais là il était bien question d'Alexandrie... Si vous trouvez d'autres informations merci de les partager!

@Daniel
Je suis assez d'accord avec vous sur l'origine "vagante" de ce groupe et donc l'absolue nécessite de consacrer son clergé... Remarquons toutefois qu'il n'a pas été question de rebaptiser...

Pour ce qui concerne le Catholiques, comme vous le comprenez, je parle de condamnation précise excluant de l'Église et/ou réduisant à l'état laïque. Le concile de 879/880 (Constantinople) condamne bien le filioque, et celui de 1274 (Lyon II) l'impose (avec la participation du patriarche de Constantinople Georges Akropolitès) etc. Aucun de ces conciles n'est reconnu comme œcuménique... Je trouve que Mgr Philarète donne suffisamment d'explication pour qu'il soit claire que le cas romain est considéré comme très particulier par l'Église russe.

De toute façon la question n'est pas tranchée puisqu'elle est explicitement à l'ordre du jour du prochain Saint Concile pan-orthodoxe.

7.Posté par Marie Genko le 10/01/2011 21:13
Cher Daniel,

Auriez-vous la bonté d'éclairer mon ignorance:

-Qu'est-ce qu'un évêque vagant?

-Qui est le célèbre Vilatte?

Merci d'avance !
Marie

8.Posté par Daniel le 10/01/2011 22:33
@ Marie Genko

Comme vous le savez, un évêque appartient typiquement à un synode. On appelle évêque vagant des évêques sans synode, souvent indépendants, qui ont été cherchés des consécrations épiscopales on ne sait où... Parfois, ils passent de synodes d'évêques vagants à d'autres synodes d'évêques vagants... Bref c'est un sacré désordre et il faut vraiment suivre cela de près pour s'y retrouver. Je sais qu'en Espagne il existe ainsi un évêque vétéro-calendériste (enfin il s'en réclame) qui a créé sa boutique de cette façon : consacrée par des vagants d'origine catholique peut-être, il est devenu orthodoxe vétérocalendériste; sachant qu'aucun synode vétérocalendériste ne le reconnaît. Il y a des vagants orthodoxes, catholiques etc.

Ce Monseigneur Vilatte (Joseph René de son prénom) est un prêtre français qui affirme avoir été consacré évêque par un patriarche syriaque; au passage il n'est pas devenu syriaque mais a monté sa boutique; bien des vagants se réclament d'une succession de ce Monseigneur Vilatte.

@ Vladimir

Mais aucun concile oecuménique n'a non plus condamné les vieux-croyants, les ukrainiens schismatiques etc.

9.Posté par vladimir le 10/01/2011 23:13
@Daniel
Les Vieux Croyants ont été condamnés et anathématisés par le Concile de Moscou de 1667. Le pseudo patriarche de Kiev Philarète (Denisenko) a été défroqué par décision du synode en 1992 et anathématisé en 1997; les autres "évêques" sont, à ma connaissance, tous sous le coup des mêmes sanctions...

NB: il est intéressant de noter que tous les hiérarques de l'Église Hors Frontière avaient été interdits de célébration et demis de leurs fonctions par décision du Saint Synode et du locum tenens du siège patriarcal № 50 du 22 juin 1934, qui les qualifiait de schismatiques. Mais leurs dignités ont été reconnues dans l'acte d'union de 2007...

10.Posté par Daniel le 11/01/2011 12:28
@ Vladimir

Vous allez dans mon sens : des conciles purement locaux ont condamné des entités religieuses diverses et variées, sans recourir à un concile oecuménique. Or, pour une raison qu'on ignore, pour l'église catholique, vous attendez un concile oecuménique qui la condamne alors qu'elle a déjà été condamnée par des conciles locaux (cf mon message 2) comme schismatique et hérétique... On invente donc le tour de passe passe incroyable qui voudrait que les schismatiques et hérétiques ait une succession apostolique. Pour qu'un clergé ne soit plus un clergé, il ne faut pas forcément qu'il y ait déclaration officielle sur ce point mais simplement que l'église condamne un schisme ou l'hérésie car cela même suffit à jeter hors de l'église.

Concernant les vieux-croyants, les anathèmes ont été levés, concernant la condamnation de l'Eglise hors frontière, elle était en grande partie politique, personne n'en est dupe!

11.Posté par vladimir le 11/01/2011 15:14
Bien cher Daniel
Je ne cherche pas à vous convaincre, mais à expliquer une logique. Il y a pour moi 2 choses claires:
1/ Un prélat ne peut être condamné que par son Église et il se met hors de l'Église s'il ne se soumet pas (le canon 16 de Nicée interdisant aux autres Églises de le recevoir...). Son ordination devient nulle et il perd donc la succession apostolique que cette ordination lui avait conféré. C'est ce cas là qui est traité par les point 1.9 des "Principes".
2/ L'annexe confirme une évidence: ce cas ne s'applique pas à l'Église romaine...

Quand à la condamnations générale d'une doctrine hérétique, il me semble bien qu'il faut un concile œcuménique car, si on en reste à un concile locale, sa décision ne s'étend qu'à son Église locale. C'est du moins ce qui s'est toujours passé jusqu'au 7ème Concile... D'ailleurs les "Principes" étant un document conciliaire local, ils ne s'appliquent que pour l'Église russe, jusqu'à extension éventuelle par le Concile pan-orthodoxe; mais je répète que c'est le seul document conciliaire qui fasse le tour de la question, à ma connaissance, et je serais très intéressé à connaitre d'autre document de ce type émanant d'autres Églises sur cette question. Il pourrait aussi y avoir un document des commissions pré-conciliaires, puisque le sujet est à l'ordre du jours, mais je n'en ai pas connaissance.

Vous avez raison pour une partie des Vieux Croyants, ceux qui ont gardé les ordinations: les anathèmes ont été levées en 1971, la succession apostolique leur est reconnue et les discussion en vue d'une communion commune sont en cours...

Pour l'ÉORHF, quelles que soient les motivations, je voulais simplement souligner le respect des règles canoniques. Il va de soi que ceux qui ont refusé de suivre leur synode (les "Vitalistes"), ont été excommuniés et tombent donc sous le coup du point 1.9 des "principes". Il est d'ailleurs intéressant de constater que les différents "synodes" vitalistes se sont aussi excommuniés entre eux...

12.Posté par Daniel le 13/01/2011 11:34
@ Vladimir (Message 11)

Vous dites : "Quand à la condamnations générale d'une doctrine hérétique, il me semble bien qu'il faut un concile œcuménique car, si on en reste à un concile locale, sa décision ne s'étend qu'à son Église locale. C'est du moins ce qui s'est toujours passé jusqu'au 7ème Concile..."

Justement non, certains hérésies ont été condamnées de façon purement locale et cette condamnation a été admise par tout le monde. Le marcionisme fut condamné par l'église de Rome, le montanisme (Tertullien était montaniste) localement, le pélagianisme aussi et ces condamnations ont été admises par toute l'église sans nécessité de convenir un concile oecuménique. Dans le cas du catholicisme, la condamnation du filioque a toujours été admise par les églises orthodoxes, les conciles palamites quoique non oecuméniques sont aussi acceptés par toutes les églises orthodoxes.

Ce n'est que depuis le début du 20e siècle, depuis la fin de l'Empire russe qui a été une catastrophe pour l'orthodoxie (cet empire n'était pas parfait et même avait eu un comportement peu orthodoxe d'un point de vue religieux en Géorgie, mais avait le mérite de jouer un rôle de protecteur de l'orthodoxie) permettant la prise de contrôle de certaines églises par des forces antiorthodoxes et relativistes dogmatiquement qui se sont manifestées dès les années 20, que l'on voit émerger la nouvelle orthodoxie, très nouveau genre qui déclare que des condamnations anciennes n'en étaient pas, qui va se montrer dans des synagogues pour Hannouka (cf le patriarche de Serbie qui y allume une bougie) etc... Cette orthodoxie n'est bien évidemment pas la mienne et commence à sentir le souffre.

13.Posté par vladimir le 13/01/2011 15:06
Bien cher Daniel,

Je comprends très bien votre point de vue et il a, pour moi et nos lecteurs un intérêt tout particulier: vous présentez une position proche de ceux qui sont contre tout dialogue avec les Catholiques (cf. lien), et c'est d'autant plus important que cette position est très peu représentée chez nous, très peu visible en tout cas, alors même que je la crois très rependue, voire majoritaire, dans le Peuple orthodoxe, chez tous ces fidèles, ces moines et ces clercs des paroisses qui constituent l'Église visible...

Mais ce que l'on voit ici, c'est presque exclusivement la position officielle des Églises, dont il faut souligner la quasi-unanimité en faveur du dialogue comme l'écrit le patriarche Bartholomé: "les contacts avec les hétérodoxes, comprenant des dialogues théologiques avec eux, ne constituent pas des actes de certaines Églises ou personnalités, mais, comme nous l’avons dit, des décisions de toutes les Églises orthodoxes sans exception, y compris la très sainte Église d’Hellade, comme l’est la décision de la IIIe consultation pan-orthodoxe préparatoire au concile (1986) ainsi que les accords portant sur le contenu de notre dialogue théologique avec l’Église catholique-romaine…" (1). La majorité des commentateurs orthodoxes occidentaux ne connaissent que cette position mais j'avais déjà souligné dans un billet dédié (2) que cette fracture comportait un vrai risque de schisme entre ces prélats et cette grande masse d'Orthodoxes de terrain, dont vous êtes un rare représentant parmi nous.

Toutefois je ne partage pas votre opinion sur la responsabilité de la révolution russe dans ce processus: il y avait des tendances pro-catholiques dans l'Empire, de l'empereur Paul 1 accueillant les Jésuites au prince Gagarine devenant prêtre catholique et à SOLOVIEV et BOULGAKOV, dénonçant «l'étroitesse gréco-russite» héritée de Byzance (3). Je crois plutôt que les bouleversements du XXe siècle, en projetant en occident des masses orthodoxes (non seulement de Russie, mais aussi des Balkans et du Proche-Orient) ont permis de se connaître et ont fait bouger les lignes. Et, du point de vue doctrinal, c'est bien du côté Catholique que le mouvement est le plus perceptible: on est passé de l'anathème promulgué en concile contre ceux qui refusent le filioque à la reconnaissance de "la valeur conciliaire, œcuménique, normative et irrévocable du symbole de foi professé en grec au second Concile œcuménique de Constantinople en 381, en tant que l’expression de l’unique foi commune de l’Église et de tous les chrétiens." (4) Je trouve, personnellement, que les tenants de la ligne du refus, dont je vous vois proche, ne tiennent pas suffisamment compte de ces mouvements de fond qui, pour moi, manifestent une Sainte Inspiration et non le souffre… Mais je répète que votre position est suffisamment représentative et fondée pour mériter toute notre attention!

(1) http://www.orthodoxie.com/2009/10/importants-remous-au-sein-des-%C3%A9glises-orthodoxes-%C3%A0-propos-de-la-prochaine-r%C3%A9union-de-la-commission-i.html
(2) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Une-nouvelle-querelle-orthodoxe-autour-de-l-oecumenisme-et-du-document-de-Ravenne_a444.html
(3) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Sous-les-remparts-de-Chersonese_a1254.html
(4) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/LE-FILIOQUE-UNE-QUESTION-QUI-DIVISE-L-EGLISE_a1022.html



14.Posté par Daniel le 13/01/2011 17:52
@ Vladimir

Je ne refuse pas tout contact... mais des contacts qui n'aillent pas de pair avec des pratiques ou des opinions anti-orthodoxes. Qu'on dialogue, cela est bienvenu; même au concile de Florence, Saint Marc d'Ephèse a dialogué... mais sans bouger d'un iota de sa position...

Vous avez raison : vous rappelez à juste titre qu'il y avait des tendances philocatholiques dans l'Empire de Russie... Ce n'est pas une nouveauté en effet. Je pensais à un processus beaucoup plus global de "perte de sel" de l'orthodoxie qui inclut bien sûr les compromissions oecuménistes (prières communes, reconnaissances de mystères hérétiques et autres, que je distingue du dialogue honnête) mais aussi toutes ces nouveautés modernistes (moins de jeûnes, pas de confession, limitation des offices aux divines liturgies...). Ce processus s'est très largement accéléré avec l'effondrement de l'Empire russe...


15.Posté par Marie Genko le 13/01/2011 22:29

Cher Daniel, cher Vladimir,

La situation actuelle est pourtant simple à définir.
Pour éviter tout problème interne, risque de schisme etc. toutes les Églises orthodoxes doivent adopter une démarche œcuménique susceptible d'être acceptée par les plus conservateurs.

OUI, aux dialogues et aux démarches communes avec les hétérodoxes pour défendre le christianisme auprès des instances gouvernementales nationales et internationales.

NON aux prières communes avec les hétérodoxes et NON à toutes réformes modernistes qui pourraient mettre les diocèses, où elles se pratiquent, en accusation d'être tombées dans un déviationnisme des traditions, justement à cause de l'influence hétérodoxe!

Comme je l'ai écrit sur un autre fil, ces mesures n'ont rien de vexatoire pour les Catholiques puisqu'ils sont aussi soumis, que nous le sommes, aux Canons du premier millénaire de l'Église!

NON à l'auto satisfaction, car aucun de nous n'est sans faute!
OUI à l'Humilité et à la Prière pour que l'Esprit Saint veuille bien nous éclairer.


16.Posté par l'équipe de rédaction le 16/01/2011 07:44
GB: trois anciens évêques anglicans ralliés au catholicisme ordonnés prêtres

Trois anciens évêques anglicans traditionalistes, opposés au virage "libéral" de leur hiérarchie, ont été ordonnés prêtres samedi à la cathédrale de Westminster à Londres, deux mois après avoir rejoint l'Eglise catholique romaine.
"Cette journée unique marque une nouvelle étape dans la vie et l'histoire de l'Eglise catholique", a déclaré dans son homélie l'archevêque Vincent Nichols, lors de cette cérémonie à laquelle assistaient des centaines de représentants du clergé.
Deux mois après la visite au Royaume Uni du pape Benoît XVI, Andrew Burnham, Keith Newton et John Broadhurst avaient annoncé en novembre qu'ils rejoignaient l'Eglise catholique romaine, pour marquer leur opposition aux évolutions récentes des anglicans sur l'ordination des femmes ou la bénédiction d'unions homosexuelles.Il seront les premiers prêtres à intégrer l"ordinariat", une nouvelle structure créée par l'Eglise catholique pour accueillir les transfuges de l'anglicanisme au sein de laquelle il pourront garder une liturgie "propre à la tradition anglicane".Cette initiative, mal perçue par nombre d'anglicans, avait une nouvelle fois tendu leurs relations avec les catholiques, souvent orageuses depuis le schisme avec Rome en 1534.Les trois évêques étant tous mariés et pères de famille, ils ne peuvent conserver leur rang au sein de l'Eglise catholique et ont donc été ordonnés prêtres.
L'Eglise anglicane compte quelque 77 millions de fidèles, dont environ 13 millions au Royaume-Uni où il s'agit de la religion dominante, et une centaine d'évêques. L'Eglise catholique revendique de son côté 1,1 milliard de fidèles, dont environ cinq millions en Grande-Bretagne.

17.Posté par l'équipe de rédaction le 16/01/2011 07:48
GB: création d'un premier diocèse pour accueillir des fidèles anglicans (Vatican)

Le Vatican a annoncé samedi la création d'un premier "ordinariat", équivalent d'un diocèse, pour accueillir d'anciens prêtres, évêques et fidèles de l'Eglise anglicane souhaitant rejoindre l'église catholique.
Benoît XVI a nommé le père Keith Newton, un ex-évêque anglican et un homme marié, à la tête de ce diocèse mis en place par la Congrégation pour la doctrine de la foi, selon un communiqué officiel.
Cette structure canonique qui ne coïncidera pas avec un diocèse territorial a pris le nom "d'ordinariat personnel de Notre-Dame de Walsingham", dans l'est de la Grande-Bretagne.
La création de ce diocèse intervient en parallèle de l'ordination comme prêtres samedi dans l'abbaye de Westminster à Londres, de trois anciens évêques anglicans dont celui de Richborough, le nouvel "ordinaire" le révérend Keith Newton, marié et père de trois enfants.
Dans son communiqué, le Vatican a rappelé que "pour des raisons doctrinales l'Eglise catholique n'admet en aucun cas l'ordination d'hommes mariés comme évêques".
Le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi a indiqué samedi que la création d'autres ordinariats du même type étaient à l'étude notamment aux Etats-Unis et en Australie.
Le 4 novembre 2009, le Saint-Siège avait promulgué une Constitution apostolique - nom donné aux lois les plus importantes de l'Eglise - permettant une conversion collective au catholicisme des anglicans opposés aux évolutions récentes de leur Eglise, telles que l'ordination des femmes et la bénédiction de mariages homosexuels. L'ordinariat créé en Grande-Bretagne sera doté d'un conseil de direction d'au moins 6 prêtres et chapeautera des paroisses où en plus du rite romain, des traditions liturgiques anglicanes pourront être conservés. L'"ordinaire" à la tête de ce diocèse peut être un prêtre ou un évêque et dispose de l'autorité et des responsabilités de droit canon d'un évêque diocésain.

18.Posté par vladimir le 16/01/2011 17:55
Bien chers Marie et Daniel,

Je ne pense pas que nos avis soient fondamentalement différents:
- Marie suggère "une démarche œcuménique susceptible d'être acceptée par les plus conservateurs". Qui n'y souscrirait... en dehors de ceux qui condamnent violemment toute forme de dialogue interconfessionnel, amalgamé avec l'œcuménisme qui "est le nom commun pour les pseudo-Églises de l’Europe occidentale (…) Leur nom commun est en fait «panhérésie»". Ils condamnes "ceux qui se meuvent dans cette irresponsabilité œcuméniste, quelle que soit leur place dans l’organisme ecclésial, se trouvent en contradiction avec la tradition de nos saints et par voie de conséquence en opposition avec eux." (1). Et ce sont ceux-là qui, à mon sens, raasemlent les gra

19.Posté par vladimir le 16/01/2011 18:23
Biens chers Marie et Daniel,
Comme de juste entre gens de bonne volonté, nos avis sont loin de diverger :
- Marie propose «d’adopter une démarche œcuménique susceptible d'être acceptée par les plus conservateurs». Qui n’y souscrirait … en dehors de ceux qui condamnent toute forme de dialogue interconfessionnel, amalgamé avec l'œcuménisme qui "est le nom commun pour les pseudo-Églises de l’Europe occidentale (…) Leur nom commun est en fait «panhérésie»". Il condamne "ceux qui se meuvent dans cette irresponsabilité œcuméniste, quelle que soit leur place dans l’organisme ecclésial, se trouvent en contradiction avec la tradition de nos saints et par voie de conséquence en opposition avec eux. » (1) Et je pense que c’est ce courant là qui en fait majoritaire dans nos Eglises, même s’il est peu visible dans l’Orthodoxie occidentale
- Daniel est d’accord pour des contacts « qui n'aillent pas de pair avec des pratiques ou des opinions anti-orthodoxes. Qu'on dialogue, cela est bienvenu; même au concile de Florence, Saint Marc d'Ephèse a dialogué... mais sans bouger d'un iota de sa position... ». N’est-ce pas exactement là la position de l’Eglise russe analysée dans ce billet? Le rappel de St Marc est particulièrement bien venu puisqu’il montre que, en plein XVe siècle, la plupart des hiérarques orthodoxes, empereur de Byzance et patriarche de Constantinople en tête, ne considéraient pas les Catholiques comme hérétiques et acceptaient d’envisager une réunification… 5 siècles après la position des Catholiques semble avoir évolué et nous pouvons maintenant imaginer revenir sur cet échec.

(1 )http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Une-nouvelle-querelle-orthodoxe-autour-de-l-oecumenisme-et-du-document-de-Ravenne_a444.html

20.Posté par Daniel le 16/01/2011 21:51
@ Wladimir (Message 19)

Petite clarification historique. L'empereur byzantin espérait un soutien de l'occident contre les turques et étaient prêts à toutes les compromissions en matière de foi; cela avait déjà été le cas pour le concile de Lyon au 13e siècle. Les évêques orthodoxes présents à ce pseudo-concile qui étaient des évêques de l'empire byzantin en majorité étaient sous la pression de l'empereur, des catholiques eux-mêmes car il y avait des risques de finir sur le bûcher. Le fait qu'ils aient dialogué ne prouve pas qu'ils considéraient les catholiques comme des non hérétiques mais juste qu'ils étaient prêts à dialoguer. Ensuite, la majorité de ces évêques ont signé les décisions de Ferrare Florence pour les raisons préc-citées sauf Saint Marc d'Ephèse, sauf les représentants de l'Eglise de Géorgie, et hors de l'Empire byzantin, Ferrare Florence a été rejeté par Alexandrie, Antioche, les Eglises de Bulgarie et de Serbie, celle de Géorgie et aussi en Russie (pourtant dépendante de Constantinople) où le Métropolite philocatolique Isidor goûta des joies de la prison. Quant aux évêques orthodoxes ayant signé, en grande majorité, ils se rétractèrent une fois rentrée chez eux. A cela s'ajoute l'opposition de peuple. Il me semble donc erroné de dire qu'au 15e siècle, les catholiques n'étaient pas considérés comme hérétiques au vu de ces éléments, à moins de se faire uniate...

Cela est d'autant plus vrai que même dans l'Eglise de Constantinople, après 1204, fut institué à l'image du synodicon du 1er dimanche de carême, un synodicon pour le lundi de Pentecôte où le Filioque est anathématisé...

La réunification aurait pu se faire à Florence si les catholiques avaient abandonné leurs positions sur le Filioque, sur le purgatoire et d'autres choses encore, chose possible car au sein de l'église catholique existaient des voix orthodoxes. Dans son livre "la vie après la mort", le Métropolite Hiérothéos Vlachos indique que lors de ce débat sur le purgatoire, des ermites catholiques vinrent défendre la position orthodoxe mais furent renvoyés par la hiérarchie catholique qui jugea qu'ils n'avaient pas les connaissances théologiques nécessaires. Aujourd'hui, je n'ai pas vu de renoncement officiel au filioque, au purgatoire et j'en passe...

21.Posté par Marie Genko le 16/01/2011 23:06

Cher Daniel,

Votre message N°20 est fondé sur une analyse irréfutable, autant que je puisse en juger.

Mais cela ne m'empêche pas de penser que les intérêts du christianisme doivent être défendu conjointement par tous ceux qui se déclarent chrétiens.

Dialoguer avec les hétérodoxes est une forme de témoignage de notre foi!
Et nous ne devons pas hésiter à favoriser ces dialogues.
Par contre, il ne peut être question, sous prétexte de favoriser un retour à l'Unité de l'Église, de transiger une seule virgule de nos dogmes, ni d'altérer en rien nos propres traditions!

Ce sont les hétérodoxes, qui ont ajouté des dogmes sans l'aval d'un concile universel, c'est à eux à présent d'en prendre conscience et de revenir vers nous.



22.Posté par Daniel le 17/01/2011 21:10
@ Marie

Je suis entièrement d'accord avec vous...

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