La liturgie des Présanctifiés du saint apôtre Jacques a été célébrée pour la première fois au monastère de la Sainte Trinité de Jordanville
Variété de rites à l'Eglise Russe Hors Frontière

Contrairement aux idées reçues, l'EORHF ne reste pas figée dans des certitudes sclérosées mais va de l'avant pour développer et enrichir sa tradition liturgique en puisant aux sources mêmes de la Tradition. Ainsi elle remet en honneur une ancienne forme de Liturgie des dons présanctifiés et, d'autre part, elle favorise la diffusion des "rites occidentaux" "pour faciliter l'accès à l'Orthodoxie de ceux qui sont déroutés, voire repoussés, par 'l'orientalisme' des rites byzantins qui ne correspondent pas à leur culture." Voici deux exemples récents de ces deux tendences.

La liturgie des Présanctifiés du saint apôtre Jacques a été célébrée pour la première fois au monastère de la Sainte Trinité de Jordanville EORHF le vendredi 12 Avril 2013

La Liturgie des Présanctifiés de Saint-Jacques était célébréу par l'Eglise de Jérusalem, particulièrement au Saint-Sépulcre, et au Sinaï comme une forme locale de Liturgie des Présanctifiés. A partir du XV siècle elle fut progressivement remplacée par le rite Byzantin de saint Grégoire le Grand. Le texte grec n'en a été publié qu'en 1896 , sans les prières secrètes du célébrant, puis le texte complet est paru il ya quelques années dans le "Liturgicon de Jérusalem" publié par le Patriarcat de Jérusalem. Cette publication précise que cette Liturgie peut être célébrée tous les jours de semaine du Carême. Parmi les différences avec le rite de saint Grégoire il y a le fait que l'Eucharistie n'a pas lieu pendent les vêpres mais au cours de la Liturgie.

Une traduction en serbe moderne a été publiée par Mgr Chrysostome du Banat et cette Liturgie est célébrée certains jours particuliers du Carême dans son diocèse; la traduction en slavon utilisée à Jordanville a été faite par Mgr Jérôme (Show) évêque de Manhattan, qui a présidé cette première célébration.

Les rites occidentaux se développent aussi dans l'EORHF, et ce en particulier grâce à l'action de Mgr Jérôme de Manhattan qui a été chargé du "vicariat du rite oriental" crée en mai 2011; ce vicariat compte actuellement 34 paroisses et communautés (http://www.rwrv.org/map.html) (sur plus de 400 pour l'ensemble de l'EORHF) aux Etats Unis, en Europe (3 en Grande Bretagne) et en Australie. Mgr Jérôme a ainsi présidé une Liturgie en rite occidental dans la chapelle du Keble College à Oxford le 15 février dernier.

C'était la première Liturgie épiscopale orthodoxe en rite occidental célébrée en Angleterre depuis la conquête normande (1066) et le visite de Mgr Jerôme s'inscrit dans une "mission générale de l'Eglise russe pour offrir aux croyants la possibilité de prier dans la forme et la culture propres à nos iles, où elles se sont développées dans les premiers siècles" a déclaré Monsieur Philipe Pughe-Morgan qui dirige une communauté de rite occidental à Weston-Super-Mare (prés de Bristol).

V. Golovanow, Sources ICI et ICI

В Русской Зарубежной Церкви возрождают древние формы Литургии

Rédigé par Vladimir GOLOVANOW le 21 Avril 2013 à 10:48 | 14 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Daniel le 21/04/2013 13:42
Des éclaircissements seraient les bienvenus. Il faut traduire : " Parmi les différences avec le rite de saint Grégoire il y a le fait que l'Eucharistie n'a pas lieu pendent les vêpres mais au cours des Typiques" , typqiues et non liturgie.

J'ai une interrogation. Cette liturgie a-t-elle entièrement disapru de Jérusalem et du Sinaï. Si oui, je suis sceptique quant à ces exhumations liturgiques car une liturgie est quelque chose de vivant qui ne se limite pas à un texte. En dehors, du texte, il y a les chants (pour sûr à Jérusalem et au Sinaï on ne chantait pas en polyphonie à 4 voix), les vêtements, les gestes, etc. Si une durée sans célébration très longue a lieu et que la chose n'est plus célébrée, la tradition se perd et on ne peut prétendre la ressuciter fidèlement même si on retrouve les textes liturgiques.

Autre question, les présanctifiés sont prévus les mercredi et vendredi de carême avec cette liturgie des présanctifiés, de nouveaux jours sont-ils ajoutés?

De même, les rites occidentaux adoubés ont une orthodoxie assez douteuse. Pour celui de Sarum, il semble postérieur à la conquête normande de l'Angleterre et originaire de Rouen. Je n'ai pas connaissance d'étude détaillée faite à son sujet et de sources disponibles qui auraient suivi l'évolution du rite depuis le 11e siècle ou avant jusqu'à nos jours.

Je note au passage que la position des moins jointes de l'évêque est tout sauf orthodoxe. Cette position des mains en prière a été promue par les franciscains (13e siècle) car elle était celle du vassal lors de l'hommage à son seigneur. Aucune orthodoxie occidentale dans tout cela, un souvenir de la féodalité en revanche.

2.Posté par Tchetnik le 21/04/2013 14:06
Saint Jean de San Francisco avait déjà personnellement (il fut bien le seul) soutenu la démarche de recherche et de résurrection du patrimoine spirituel, hagiographique, liturgique Chrétien Occidental.

Le rite occidental existe déjà depuis quelques décennies et est téléchargeable ici:

http://www.allmercifulsavior.com/Liturgy2/sasb.pdf

Ce document explique aussi son histoire avec le travail de celui qui n'était alors que l'Évèque Tikhon. Isabel Flirence Hapgood avait dans le même temps effectué une traduction très complète des offices de l'Église orthodoxe.

Au sein de l'EORHF aux Amériques existe aussi une communauté monsatique suivant la Règle de Saint benoit, au Canada:

http://christminster.org/

Ceci dit, on peut appliquer à ces deux louables mais trop rares efforts la même analogie que celle du regretté Michel Audiard sur les poussons volants (film "Le Président" d'Achod Malakian). A Montréal, les lectures ne se font que du bout des lèvres en français ou en anglais.
Quant à l'évéché de Genève...

3.Posté par Vladimir le 21/04/2013 14:38
La photo illustrant l'article provient de "l'Oxford Times" et montre Mgr Jérôme présidant la Liturgie en rite occidental dans la chapelle du Keble College.

4.Posté par Tchetnik le 21/04/2013 16:57
@Daniel

Disons que le Rite de Salisbury, introduit par Osmund avec Guillaume le Conquerant, n'est fondamentalement qu'une variante du rite Romain Grégorien.

En cela, on peut le considérer comme "orthocompatible".

5.Posté par Daniel le 21/04/2013 18:19
Le rite occidental dont Tchetnik donne lien pour téléchargement est en fait celui utilisé par d'anciennes communautés anglicanes...qui avaient demandé à devenir orthodoxe. Il s'agit globalement du Book of Common Prayer avec une petite sauce orthodoxe. C'est assez net dans le texte du mariage... Cela ne résoud pas la question d'une étude liturgique sérieuse des sources. De quand datent ces textes, avant ou après le schisme, que s'est-il rajouté par la suite s'ils datent d'avant etc. Autre exemple, je vois une mention du chemin de croix, pratique qui semble inventée par les Franciscains à nouveau et bien postérieure au schisme. Quand l'Eglise de Serbie s'était penchée sur le rite dit de Saint Germain de Paris, elle avait conclu que celui-ci méritait plus de s'appeler rite d'Evgraph Kovalevksy. Saint Jean de Shangai avait autorisé son usage mais noté son caractère entièrement composite avec entre autre l'anaphore empruntée à la liturgie de Saint Jacques... Quant au rite mozarabe espagnol, il a survécu de façon interrompu mais avec des modifications après le schisme, notamment dans l'anaphore...

Cette ajout de rite et résurrection d'ancien rite doit faire l'objet d'études liturgiques très sérieuses...

6.Posté par Daniel le 21/04/2013 22:42
@ Tchetnik

D'après certains liturgistes catholiques eux-mêmes, Duchesne je crois, le rite romain était en fait un rite imposé par les Carolingiens et n'étaient pas si romain. Pour prouver une chose ou d'autre, il faut remonter assez loin dans les manuscrits. Est-ce matériellement possible? Par ailleurs, Guillaume le Conquérant est celui-là même qui envahit l'Angleterre avec la bénédiction papale, peu orthodoxe. Par la suite, les Normands vont déposer les évêques saxons légitimes (et possiblement orthodoxes) pour les remplacer par des évêques normands. Etrange d'utiliser un rite introduit par des envahisseurs non orthodoxes et qui liquidèrent une église orthodoxe. J'ai donc un a priori négatif sur ces rites occidentaux, à défaut d'en savoir plus.

S'ajoute le fait que même chez les autochtones en Occident, ils sont ultraminoritaires et inconnus. Pour un néophyte occidental, le rite de Sarum est aussi exotique et nouveau que le rite byzantin. Rappelons aussi que l'orthodoxie a déjà un rite occidental par le biais des présanctifiés qui semblent avoir été composé ou agrégés sous cette forme à Rome.

7.Posté par Tchetnik le 22/04/2013 14:10
@Daniel

il est effectivement juste de dire que le rite Grégorien s'est diffusé dans l'ensemble de l'Europe à l'époque de Benoit d'Aniane et de Charlemagne.
Cependant, l'Angleterre, évangélisée par Saint Grégoire le Grand justement, avait déjà connu le rite grégorien un peu avant, et même si Charlemagne était effectivement spirituellement douteux, l'ensemble de la politique ontificale de l'époque, comme en témoigne l'attitude de Léon III, ne lui était pas soumise, il s'en faut de beaucoup.

Pour les évèques Anglais, la chose est vraie aussi, Guillaume s'est fait "élire" roi par le Witan et couronner par Aldred, évêque d'York, après avoir viré Stigand évêque de Cantorbery qui était parfaitement orthodoxe, mais qui refusait une soumission trop directe au Pape dont les prétentions absolues et hégémonistes s,affirmaient alors. (C'est d,ailleurs avec la bénédiction de Grégoire VII que Guillaume put parachever la conquète et la mise au pas de l'Angleterre, pour lui même comme pour le Pape).

Cependant, le rite Grégorien n'est pas à priori uniquement celui de Guillaume le Conquérant et sous une forme plus locale, existait déjà en Angleterre. La Liturgie Grégorienne peut être déjà reprise dans l'ensemble des pays Européens sans cet a-priori (que je comprends du reste). Le rite dit "de Saint Tikhon" s'inspire ensuite d'une liturgie Anglicane, elle-même fondée sur le rite de Salsbury. La aussi, même si certaines circonstances historiques peuvent effectivement susciter de la défiance, l'origine plus profonde et lointaine du rite reste Orthodoxe et les formes plus actuelles peuvent être adaptées à la théologie et à la tradition liturgique Orthodoxe.




8.Posté par Tchetnik le 22/04/2013 14:12
En revanche, si vous lisez bien le contenu du livre téléchargeable, vous verrez qu'il contient aussi la Liturgie Grégorienne et que son origine date de Tikhon.

Pour l'Angleterre, j'ajoute qu'on peut faire remonter l'imposition du rite Romain sur les autres (Celtes notamment) au Concile de Withby de 667, dont Bede le Vénérable fait la relation dans son Histoire Ecclésiastique.

9.Posté par Daniel le 23/04/2013 00:25
Votre raisonnement se tient à supposer que les liturgies originelles aient été conservées sans intrusion d'éléments non orthodoxes. Comme je le signalais, chemin de croix et mains jointes en prière viennent des franciscains. Quant au Patriarche Tikhon, quand il fut métropolite aux Etats-Unis, je doute qu'il ait eu le moyen de faire une analyse historique très détaillée de ces rites, avec un accès aux sources. L'époque du métropolite Tikhon est aussi une époque assez confuse où les orthodoxes n'avaient pas vu forcément très clairement que l'anglicanisme n'était pas orthodoxe...

10.Posté par Tchetnik le 23/04/2013 12:06
Je comprends cependant votre défiance vis-à-vis de textes liturgiques qui sont pour certains fondés et sans ambiguité spirituelle, pour d’autres effectivement assemblés de bric et de broc, sans cette étude sérieuse que vous appelez avec justesse de vos vœux.
Une position plus raisonnable et plus consensuelle voudrait simplement que la pratique de l’Église réintègre dans son cycle liturgique les saints Occidentaux (avec les tropaires et autres pièces liturgiques existantes ou réalisées au sein de l’Église Orthodoxe) dans les commémorations liturgiques, la lecture de leurs vies là ou c’est demandé et utile, l’enseignement des Pères Latins de l’Église dans les séminaires, en bref tout ce patrimoine, qui, lui, est avéré et reconnu de manière fiable, à la différence de textes liturgiques parfois encore un peu aléatoires pour certains. Faire participer ce patrimoine à la vie spirituelle des paroisses, à leurs catéchismes, quelles que soient les « nationalités » de leurs membres, car tout « étrangers » qu’ils soient, il leur est important de comprendre où ils vivent, de se souvenir de l’Histoire Chrétienne du lieu où ils habitent et d’y apprendre à témoigner de leur foi, dans le contexte du lieu en question. Pour aussi comprendre le caractère universel de l’Église qui n,abolit pas les nations, mais les englobe toutes et s’incarne en chacune d’entre elles pour en évangéliser les membres (Maurras disait de l’Église qu’elle était la seule Internationale qui tienne…).
Par exemple, je suis à chaque fois attéré quand, lors de cette prière longue qui conclut le Polyeleos avec cette litanie très longue de saints, aucun saint local ne soit mentionné. Saint Gall, Saint Maurice, Saint Maire ou Saint Fridolin pourraient être mentionnés en Suisse, par exemple, Saint Martin, Saint Hilaire de Poitiers ou Saint Honorat en France, Saint Boniface en Allemagne, Sainte Hilda ou Saint Augustin de Cantorbery en Angleterre…Effort qui tombe sous le sens et qui correspondrait d’avantage à la mission de l’Église et à ses idéaux mais que la plupart des juridictions délaissent, pour ne pas dire dénigrent, encore très largement.



11.Posté par Irénée le 23/04/2013 15:54
Dans l'édition de l'office des Vigiles publié en 2009 par l'archevêché des églises orthodoxes de tradition russe (Daru) et préparée par l'archiprêtre André Fortounatto avec la bénédiction de l'archevêque Gabriel, on voit figurer dans la prière dont parle Tchetnik Irénée de Lyon, Hilaire de Poitiers, Martin de Tours, Germain d'Auxerre, Rémi de Reims... et plus loin on trouve parmi les martyrs Denis de Paris et Blandine de Lyon...
C'est également vrai pour l'édition de la Liturgie de St Jean Chysostome de même provenance publiée en 2011 qui propose (dans la note 11) d'ajouter "le nom des principaux saints de France" pendant l'office de préparation.

12.Posté par Tchetnik le 23/04/2013 17:26
@Irénée

En effet, ces saints sont aussi mentionnés dans les prières de proscomédie dans ces mêmes ouvrages.

C'est là un point positif important de l'action de Daru.


13.Posté par Vladimir le 23/04/2013 20:11
Merci Daniel et Tchetnik pour cet échange très instructif. Les questions que vous posez dans le commentaire 1 seraient à adresser à Mgr Jérôme de Manhattan car je doute qu'il lise PO… :-)

Je vais essayez de faire une synthèse sur les 7 rites occidentaux qui sont pratiqués car je suis certain que bien peu d'Orthodoxes en sont informés. Il est en effet intéressant de constater que, face au monolithisme (d'ailleurs relativement récent) du rite byzantin, les adeptes des rites occidentaux acceptent en toute connaissance de cause la diversité. Voici ce qui en est dit sur le site officiel du Vicariat: (http://www.rwrv.org/faq.html): "There is much to be learned by studying all of the different ancient Liturgies that developed in the West prior to the great schism of 1054. As with many things in Orthodoxy, the best way to learn is to experience the liturgical life of the Holy Sacraments of the Orthodox Church. Actually in the ROCOR Western Rite there are a few renditions of the Roman Rite and the use of the Gallican Rite. These versions in use have been reviewed and approved by our Bishops for use in the ROCOR Western Rite Vicariate. All of these Western liturgies come from a time when the East and West were one church and one faith."

14.Posté par Vladimir : pour compléter les commentaires 11 et 12 le 24/04/2013 14:33
PS pour compléter les commentaires 11 et 12: dans bon nombre de paroisses du PM, dont la notre, et à l'EORHF ces mêmes saints sont commémorés et il me semble bien que, là comme pour la célébration en français, le départ a été donné par l'Eglise russe; je voudrais d'ailleurs rappeler que la première bénédiction à la Liturgie de Saint Germain a été donné en 1936 par le métropolite Serge, locum tenens du PM, précédant ainsi saint Jean de Shangaï qui l'a fait en 1966 (date données de mémoire et à préciser s'il y a lieu...).

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