Cathortho

J'ai pensé qu'après cette dénonciation de la "modernisation" par Mgr Hilarion (dénonciation absolument nécessaire dès lors que l'on a acquis la certitude que le monde moderne apparu avec les "Lumières" est fondamentalement anti-chrétien), les commentaires que je souhaite nombreux, pourraient utilement être nourris par les considérations d'un auteur français, René Guénon (1886-1951), dont une partie secondaire mais non négligeable de son œuvre, qui était principalement consacrée à ce qu'il appelait la "métaphysique pure", a consisté en une critique implacable, sans concessions, de la modernité. L'essentiel de ces critiques acerbes mais légitimes se trouvent dans deux livres régulièrement réédités et toujours d'une étonnante actualité : "La crise du monde moderne" paru pour la première fois en 1927 et "Le règne de la quantité et les signes des temps" paru pour la première fois en 1945.

Il me faut préciser que certains aspects de la pensée de René Guénon sont irrecevables pour nous chrétiens, notamment le fait qu'il se référait à une Tradition primordiale et universelle dont le Chrstianisme ne serait qu'un aspect à côté des autres grandes religions, minimisant ainsi le caractère absolument nouveau, universellement salvateur de l'Incarnation du Verbe qui, assumant la nature humaine, accepte volontairement sa mort pour, en ressuscitant, poser ainsi le germe de la résurrection en tout homme.
Néanmoins l'œuvre de René Guénon est d'une importance capitale dans le domaine de la métaphysique (qui pour lui relevait non pas de la philosophie mais de la spiritualité), de l'herméneutique des symboles et , nous y revenons, de la nécessaire critique du monde moderne et de la défense de la pensée traditionnelle.
Je vous propose ici en extrait d'un article de René Guénon paru en juin 1926, dans une revue catholique à laquelle il avait collaboré durant quelques numéros avant d'en extre exclu sur la pression des milieux néo-thomistes de l'époque. Cette revue, du nom de "Regnabit", avait été fondée en 1921 par le père Félix Anizan, des "Oblats de Marie Immaculée". Voici un extrait de cet article intitulé : "La réforme de la mentalité moderne" :

La civilisation moderne apparaît dans l'histoire comme une véritable anomalie : de toutes celles que nous connaissons, elle est la seule qui se soit développée dans un sens purement matériel, la seule aussi qui ne s'appuie sur aucun principe d'ordre supérieur. Ce développement matériel qui se poursuit depuis plusieurs siècles déjà, et qui va en s'accélérant de plus en plus, a été accompagné d'une régression intellectuelle qu'il est fort incapable de compenser. Il s'agit en cela, bien entendu, de la véritable et pure intellectualité, que l'on pourrait aussi appeler spiritualité, et nous nous refusons à donner ce nom à ce à quoi les modernes se sont appliqués : la culture des sciences expérimentales , en vue des applications pratiques auxquelles elles sont susceptibles de donner lieu. Un seul exemple pourrait permettre de mesurer l'étendue de cette régression : la "Somme théologique" de saint Thomas d'Aquin était, en son temps, un manuel à l'usage des étudiants ; où sont aujourd'hui les étudiants qui seraient capables de l'approfondir et de se l'assimiler ?
[...]
l ne fut pas se le dissimiler, ceux même qui se croient être sincèrement religieux n'ont, pour la plupart, de la religion qu'une idée fort amoindrie ; elle n'a guère d'influence effective sur leur pensée ni sur leur façon d'agir ; elle est comme séparée de tout le reste de leur existence. Praitquement, croyants et incroyants se comportent à peu près de la même façon ; pour beaucoup de catholiques, l'affirmation du surnaturel n'a qu'une valeur toute théorique, et ils seraient fort génés d'avoir à constater un fait miraculeux. C'est là ce qu'on pourrait appeler un matérialisme pratique, un matérialisme du fait : n'est-il pas plus dangereux encore que le matérailisme avéré, précisément parce que ceux qu'il atteint n'en ont même pas conscience ?
D'autre par, pour le plus grand nombre, la religion n'est qu'affaire de sentiment, sans aucune portée intellectuelle ; on confond la religion avec une vague religiosité, on la réduit à une morale : on diminue le plus possible la place de la doctrine, qui est pourtant l'essentiel, ce dont tout le reste ne doit être logiquement qu'un conséquence. "

(Article repris dans : René Guénon, "Symboles fondamentaux de la Science sacrée", Gallimard, 1980, pp. 27 et 29.)

Ce qui précède ne justifie-t-il pas la nouvelle évangélisation de l'Europe lancée par le Pape Benoît XVI et soutenue par le Patriarche Cyrille et Mgr Hilarion ?

Rédigé par CATHORTHO le 17 Juillet 2010 à 16:33 | 26 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Cathortho le 23/07/2010 15:08
" Il faut envisager un échec qui reporterait à une époque peut-être fort éloignée l'unité visible des chrétiens orthodoxes et catholiques. L'Histoire est pleine d'occasions manquées. Léon XIII avait multiplié les tentatives de rapprochement avec les églises orientales, sans y parvenir et ses sucesseurs jusquà Jean XXIII, eurent d'autres priorités. C'est une incontestable priorité pour Jean Paul II et nous ne savons pas si, en cas d'échec, cela le restera pour ses successueuers qui pourraient davantage se préoccuper de l'Asie à avangéliser, en lui donnant le rite romain, que du rapprochement avec les Eglises orientales. Ces dernières n'auraient probablement pas plus de chances d'éviter leurs division dans la liberté politique qu'hier dans la contrainte idéologique. La sécularisation ferait le reste, car les Eglises non missionnaires sont vouées à une progressive extermination.
L'unité visible des Eglises particulières permettrait au monde de croire et, pour l'Europe, où le christianisme se développa d'abord, l'unité ecclésiale pourrait renverser le mouvement de sécularisation que Jean Paul II n'hésite pas à qualifier d'anti-chrétien. "

Ces lignes ont été écrites par le père Patrick de Laubier, grand ami de la Russie et de l'Eglise russe, en 2001 dans " L'avenir d'un passé. Rome / Saint-Pétersbourg / Moscou ", Pierre Téqui éditeur, p. 176.

Les craintes du père de Laubier ne se sont pas réalisées. Si le rapprochement avec les "églises orientales", et plus particulièrement avec l'Eglise russe (dont la restitution de l'icône de kazan - originale ou copie - qui se trouvait dans la chapelle particulière du Pape slave fut un des signes forts), était une priorité du Pape polonais Jean-Paul II, elle le reste pour le Pape allemand Benoît XVI, et trouve un écho très favorable, en continuité avec son maître spirituel Mgr Nicodème de bienheureuse mémoire, chez le Patriarche russe Cyrille. A l'évidence se sont là autant de signes qui montrent qu le sort de l'Europe est indéfectiblement lié à celui de l'Unité visible de l'Eglise catholique-orthodoxe.

2.Posté par Daniel le 24/07/2010 08:37
Ah je ne savais pas que le christianisme s'était d'abord développé en Europe... On en apprend tous les jours...

3.Posté par Cathortho le 24/07/2010 10:44
Il va de soi qu'en Europe le Chrsitianisme s'est développé avant le sécularisme.

4.Posté par Cathortho le 26/07/2010 23:35
La nouvelle évangélisation de l'Europe doit aller de pair avec l'élargissement (autrement que de la manière dont elle a été menée ces dernières années) de la construction européenne, après l'Europe centrale, à l'Europe orientale, c'est à dire l'ancienne " Rus' ", à savoir la Russie et l'Ukraine.

Mgr Christoph Schônborn, cardinal-archevêque de Vienne :

" Cette Europe qui s'offre à nous et qui est l'objet de tous nos efforts s'étend bien au-delà des frontières actuelles de l'Union. Comme saints patrons de l'Europe, nous honorons saint Benoît bien sûr, mais aussi les saints Cyrille et Méthode. En 1985, le pape Jean-Paul II a écrit dans son encyclique "Slavorum apostoli" que toute tentative sérieuse de construction européenne ne pourrait s'abstenir de remonter aux racines établies par ces deux apôtres slaves, et que la différence entre les traditions chrétiennes orientale et occidentale ne pourrait qu'enrichir la civilisation européenne et susciter le renouvellement spirituel que nous sonhaitons tant. C'est à cette Europe précisément que nous pensons, quand nous parlons de l'Europe. " (Christoph Shônborn, "Le défi du christianisme", Cerf, 2003, p. 77).

Cette vision par Mgr Schônborn d'une complémentarité des traditions chrétiennes orientale et occidentale est partagé par le patriarche Cyrille :

" - Pensez-vous que la tradition latine et la tradition byzantine sont complémentaires ?
- Oui, sans aucun doute. Les oeuvres des papes Grégoire et Léon, du bineheureux Augustin, de saint Jérôme, étaient bien connues en Orient et ont exercé un ascendant certain sur le développement de la pensée théologique orientale; Nous avons également des Pères que nous pouvons considérer commen autant orientaux qu'occidentaux : ce sont notamment Irénée de Lyon, Jean Cassien, Maxime le Confesseur.
Pendant une période assez longue, les pensées théologiques latine et byzantine, enracinées toutes deux dans le message apostolique, non seulement se complétaient, mais se développaient dans une même direction. Cela est particulièrement manifeste au premier millénaire, alors que les théologiens d'Orient et d'Occident étaient confrontés aux mêmes hérésies qui menaçaient les deux parties de l'oikumene, par exemple, l'arianisme, le nestorianisme, le monophysisme, le monothélisme, l'iconoclasme, etc. " (Métropolite Cyrille, "L'Evangile de la liberté", Cerf, 2006,p.69)

Aujourd'hui les traditions chrétiennes orientale et occidentale, après la confrontation aux mêmes hérésies énumérées par Mgr Cyrille, sont confrontées au même péché contre l'Esprit qu'est la "modernisation" et la "civilisation moderne" dénoncés par Mgr hilarion et René Guénon.

5.Posté par Tchetnik le 28/07/2010 16:46
Sans doute l'actuel Benoit XVI est-il plus franc et honnête que son prédécesseur au sujet des églises hélas qualifiées d,"orientales" (alors que Saint Ambroise de Milan, Saint Vincent de Lérins, Saint Hilaire de Poitiers n'étaient guère "orientaux" au sens géographique ou culturel du terme...).
Sans le double langage qui a hélas freiné une bonne occasion de bonne entente.

Le constat qui est fait de la "religiosité" superficielle, folklorique et peu enracinée dans l'intelligence et la réflexion d'une certaine frange hélas importante de croyants est juste. cela justifie-t-il une "nouvelle évangélisation"? Certainement.

Un combat et un témoignage commun pour porter le Christ et l,Évangile, dans sa réalité son idéal de vertu, son sens de sainteté, plus en profondeur? certainement aussi. Ce face à un ennemi commun de sécularime justificateur de bestialité, d'égoisme et de vanité.

Mais peut-être pas un mélange trop hatif des genres, ni une relativisation des enseignements respectifs qui, avec leurs indéniables points communs, ont aussi des divergences.

6.Posté par Cathortho le 28/07/2010 23:17
Les genres spirituels, liturgiques ou autres ; les enseignements respectifs qui n'ont pas à être relativisés mais gardés dans leur complémentarité ; les divergences théologiques ; tout cela est secondaire face à l'Unité invisible mais bien réelle de l'Eglise, et ne doit pas continuer à être une entrave pour transformer cette Unité invisibilité en Unité visible aux chrétiens et au monde.

Le Patriarche Cyrille dans "L'Evangile et la liberté" donne une appréciation favorable concernant le Pape Jean Paul II qu'il avait rencontré lorsqu'il était Président du Département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou :
"J'ai eu notamment deux longues rencontres avec le pape Jean-Paul II. Nous avons parlé des difficultés posées par la présence en Russie de l'Eglise catholique, ainsi que de la sitauation en Ukraine. A mon retour à Moscou, j'ai toujours fait part de ces entretiens au patriarche Alexis et au Saint-Synode, et de dois avouer que dans les paroles du pape nous ne trouvions rien qui n'eût l'accord de l'Eglise orthodoxe russe. Nours regrettions simplement que la position du pape, qui en elle-même ne suscitait aucune objection de la part de notre Eglise, ne fût pas davantage mise en pratique. C'est ce que j'ai dit au Saint-Père lors de notre dernière rencontre : "Je suis prêt à adhérer à chacune de vos paroles, à tout ce que vous dites au sujet de la présence de l'Eglise catholique en Russie et de la place de l'Eglise géco-catholique en Ukraine. Cela correspond tout à fait à notre popre conception des choses." Je voudrais une fois de plus exprimer mon regret de voir que les idées exprimées par le pape Jean-Paul II n'aient pa pu être mises en pratique dans la vie quotidienne des Eglises. Espérons que cela se fasse dans un avenir proche. " (Métropolite Cyrille de Smolensk et de Kaliningrad, "L'Evangile et la liberté, Cerf, 2006, pp. 39-40)

Si les idées de Jean-Paul II n'ont pas été mises en pratique c'est pour des raisons assez complexes dues à des divisions et des lourdeurs au sein de la curie romaine (de même qu'il existe des divisions et des lourdeurs au sein de autorités orthodoxes) et c'est aller très vite en besogne et lui faire un injuste procès d'intention que d'accuser le Pape Jean Paul II de ne pas s'être toujours montré franc et honnête. Il a été a été un très grand Pape, qui s'est toujours montré fraternel envers les Eglises orthodoxes, désireux de mettre fin à un schisme artificiel qui n'a plus lieu d'être et de faire respirer l'Eglise avec ses "deux poumons", le poumon catholique et le poumon orthodoxe. L'actuel Pape Benoît XVI, qui était très proche de Jean-Paul II du temps où on le connaissait comme cardinal Ratzinger est non pas en rupture avec son prédécesseur mais en pleine continuité.

Puisse la nouvelle évangélisation de l'Europe mettre fin au schisme.

7.Posté par Daniel le 29/07/2010 13:30
Belle citation que celle donnée par ce prêtre catholique, Félix Anizan et rappelée par Cathortho :
"on diminue le plus possible la place de la doctrine, qui est pourtant l'essentiel, ce dont tout le reste ne doit être logiquement qu'un conséquence. "

C'est tout de même aussi une des versions de l'oecuménisme, qui se veut adogmatique et de ce fait se désintéresse de la doctrine au maximum pour se concentrer sur le mot sirupeux d'amour...

8.Posté par vladimir le 29/07/2010 21:49
L'oecuménisme est vraiment mis à toutes les sauces! C'est pourtant grâce à lui, pris au sens général, que se réunissent les différentes qui ne traitent que de doctrine!

9.Posté par Cathortho le 29/07/2010 23:23
Si on lit attentivement mon post on s'apercevra que la phrase "on diminue le plus possible la place de la doctrine, qui est pourtant l'essentiel, ce dont tout le reste ne doit être logiquement qu'une conséquence. " n'est pas du père Anizan mais du métaphysicien René Guénon qui était plus qu'oecuménique puisqu'il croyait en une Tradition universelle et primordiale dont le Christianisme ne serait qu'une branche à côté des autres religions, qu'elles soient abrahamiques ou non, ce qui pour nous chrétiens est inacceptable pour les raisons que j'ai brièvement exposées dans mon post.

Il existe effectivement plusieurs tendances dans l'oecuménisme que l'on peut, en simplifiant, résumer en deux : la tendance moderniste et la tendance traditionnelle. C'est seulement dans la tendance moderniste (et encore pas dans sa totalité ni "au maximum") que l'on relativise les dogmes, ce qui est évidemment une grave erreur et nuit considérablement au véritable oecuménisme qui ne doit pas évacuer la Vérité mais la servir.

L'amour est "sirupeux" (un sentimentalisme niais ou ce que Jean Borella a appelé "La charité profanée") seulement lorsqu'il évacue la Vérité, laquelle est accessible seulement lorsqu'on accepte en toute humilité et confiance les dogmes et qu'on les intériorise grâce à l'enseignement des Pères et des théologiens, de la liturgie, de la réception des sacrements, et de la prière.

10.Posté par Cathortho le 30/07/2010 17:20
Concernant la "charité profanée" née de la confusion du psychique et du spirituel et à laquelle j'ai fait rapidement allusion dans mon comm. 9 (et qui n'a rien à voir avec l'oecuménsime traditionnel), voici ce qu'en dit le philosophe et théologien catholique Jean Borella :

" Dieu agit toujours trinitairement, et ce qui "inspire" son action est toujours trinitaire. Egalement, cela signifie que le chrétien (véritable) agit toujours dans la charité, et que ce qui inspire son action est toujours caritatif. Mais cette nature caritative de la vie chrétienne est inséparable de la nature trinitaire de la vie divine, l' exercice de cette charité est inséparable de la connaissance de cette vérité, faute de quoi la charité, reflet créé de la Trinité incréée, n'étant plus déterminée par l'Absolu, s'érige elle-même en absolu, en norme universelle.
[...] Un fait, à tout le moins, nous a frappé et frappera quiconque s'arrêtera un instant à le considérer. C'est que toute les entreprises des réformateurs modernes se font au nom de la charité, et sont donc à la fois motivées et justifiées par elle. Sauf à suspecter leur bonne foi, nous tenons pour assuré que tous les réformateurs sont mus essentiellements par ce qu'ils pensent être la charité, et en tous cas justifient objectivement la nécessité des bouleversements ou des transformations qu'ils entreprennent par la charité ; en fin de compte la loi d'amour résume (ou remplace) la religion. Le vrai dogme, c'est l'amour ; il n'y a dignorance que de l'amour ; la vraie morale c'est l'amour ; il n'y a de péché que contre l'amour ; le vrai culte liturgique c'est l'amour ; il n'y a d'oubli de Dieu qu'en dehors de l'amour. A cette motivation, comme à cette justification, personne n'ose rien opposer. Son évidence semble prévenir toutes les objections. "
(Jean Borella, "La charité profanée", éditions du Cèdre, 1979, p. 30 [réédité aux éditions Dominique Martin Morin]).

Ces lignes ont été écrites à la fin des années soixante-dix, à une époque ou une "herméneutique de la rupture" du concile Vatican II faisait des ravages dans l'Eglise catholique. Grâce au Pape Jean- Paul II et à son principal collaborateur le cardinal Ratzinger devnu le Pape Benoît XVI qui prône une "herméneutique de la continuité et de la tradition" du concile Vatican II, les choses se sont nettement améliorées. La nouvelle évangélisation de l'Europe doit continuer cette oeuvre de redressement, et dans cette perspective la lutte contre la profanation de la charité, profanation qui réduit cette vertu théologale qu'est la charité en un sentimentalisme "droit-de-l'hommiste" facilement intégrable à un "supplément d'âme" nécessaire pour faire passer la pilule du Marché global, cette lutte contre la profanation de la charité donc, est un acpect essentiel de la nouvelle évangélisation car la profanation de la charité est pour l'Eglise un danger au moins aussi important que feu l'athéisme communiste. Pour la mener à bien, l'Eglise catholique ne peut se passer du concours oecuménique vrai, c'est-à-dire traditionnel, des Eglises orthodoxes et principalement de l'Eglise orthodoxe russe. C'est, Dieu merci, ce dont semblent êtres convaincus le Patriarche Cyrille et Mgr Hilarion.


11.Posté par Gérard le 01/08/2010 08:52
Daniel
Réponse à votre comm. 7
Vous trouvez que l'"amour" est sirupeux???? Si vous enlevez l'amour de l'Evangile, c'est une coquille vide. Si vous avez oublié ce que c'est que l'amour et qu'il vous inspire un certain dégoût, je vous conseille de beaucoup prier. Donc pour vous le mot "amour" est un mot creux, qui n'a aucun sens. L'AMOUR" est le coeur de la foi chrétienne. Vous voulez une doctrine où le mot "AMOUR" n'a plus sa place?
Et je ne parle de l'amour que dans la doctrine, mais l'amour en actes ne porte-t-il aucun fruit non plus? Etes vous aussi contre l'amour en actes? Considérez-vous l'orthodoxie comme la seule vérité jusqu'au point de renoncer à l'amour?
Gérard

12.Posté par Daniel le 01/08/2010 16:56
@ Gérard (commentaire 11)

L'amour est sirupeux quand il ne s'accompagne pas de la vérité.

13.Posté par justina le 01/08/2010 19:29
Pour re-evangeliser l'Europe, il faut de Saints Apotres, pas des heretiques.

14.Posté par Cathortho le 01/08/2010 20:27
Cher Gérard

Je comprends votre réaction. Dire de manière abrupte que le mot "amour" est "sirupeux" est assez choquant. Il est dommage que la précision apportée dans le comm. 12 n'a pas été faite dès le comm. 7.

Ceci étant dit, j'aurais aimé savoir ce que vous pensez de cette question de la "profanation de la charité" dont j'ai fait rapidement allusion dans mon comm. 9 et que je reprends dans mon comm. 10 en citant le philosophe et théologien catholique Jean Borella qui a consacré un livre de 425 pages à cette question importante ; ainsi que votre point de vue sur la distinction capitale que fait Benoît XVI à propos du concile Vatican II entre une "herméneutique de la rupture" (celle des catholiques modernistes) et une "herméneutique de la continuité" (celle des catholiques traditionnels), car cette distinction est un des points fondamentaux sur lequel son pontificat est enraciné.
A mon avis, dans le cadre d'un oecuménisme de Vérité avec l'Eglise orthodoxe russe, la "Nouvelle évangélisation de l'Europe" devrait s'appuyer sur la véritable dimension de la charité et la véritable appréciation du concile Vatican II.

15.Posté par Gérard le 02/08/2010 11:39
Cher Cathortho
Oui, Daniel a raison, pas d'amour sans vérité.
Je n'ai pas lu René Guénon et Jean Borella.
René Guénon s'est converti à l'islam à la fin de sa vie car il croyait y trouver une synthèse des religions précédentes, alors que le Isa du Coran est étranger au Jésus de l'Evangile, que Abraham est autre que Ibrahim, etc,.... Il était syncrétique.
Quant à Jean Borella, je ne l'ai pas lu et je ne le lirai pas car je crois qu'il a des liens avec l'ésotérisme. Je vous invite à lire l'article de Jean-Jacques Alain " Un ésotérisme que l'on dit chrétien".
L'ésotérisme ne fait pas partie de la foi catholique. Elle n'a aucune collusion avec ce genre de gnose. Mais je n'entamerai pas un débat avec vous sur ce thème car je suis peu formé à la philosophie.
Quant à Vatican II, cela a été un chantier immense qui s'est terminé dans les années soixante avec l'état d'esprit de l'époque "Il est interdit d'interdire".
Beaucoup des conclusions du concile ont été mal comprises ou ont demandé de nombreuses mises au point depuis.
Je me suis converti dans l'Eglise catholique en 1986, et je peux vous dire que l'on pouvait entendre parfois des choses bizarres à l'époque. Entre 1960 et 1980, Plus de 20% des prêtres catholiques ont quittés le sacerdoce. Cette hémorragie est terminée aujourd'hui. Il y a eu une grande déstabilisation.
Jean-Paul II, par son énergie, a remis de l'ordre dans la maison, car il y avait une grande confusion sur les sacrements, le dialogue inter-religieux, l'oecuménisme, l'écclésiologie, la théologie de la libération.
J'avoue ne connaître qu'une partie des livres du concile.
Maintenant, il y a une grande clarté sur la réalité des sacrements.
Au niveau du dialogue inter-religieux, il y a des choses à préciser et il a fallu le document "Annonce et dialogue" du conseil pontifical de 1991 pour clarifier les choses. Mais ce document est encore trop peu connu dans l'église catholique, et il y a encore de nombreuses confusions sur ce thème dans l'esprit de beaucoup de catholiques. Je conseille aussi la lecture du livre du Père Jourdan 'Dieu des chrétiens, Dieu des musulmans" pour sortir de cette confusion.
Quant à l'oecuménisme, je pense que le peuple catholique est prêt depuis longtemps à l'unité visible. Il n'y a chez les catholiques ni crainte, ni ranceur envers les orthodoxes.
Petit à petit, les résultats du concile sont digérés et je pense que "Motu propio" en est un bon exemple. Les erreurs d'interprétations des "modernistes" disparaissent. La nouvelle génération de prêtres est plus traditionnelle dans le sens où ils étudient les oeuvres du concile au séminaire et que leurs professeurs le connaissent de mieux en mieux.
Quant à la nouvelle évangélisation de l'Europe, je pense que la France est le pays par excellence à évangéliser. La société secrète et occulte des franc-maçons détient les pouvoirs politiques, médiatiques, judiciaires,.... Je vous invite à lire le livre de Maurice Caillet "J'étais franc-maçon ... Nous ne luttons pas contre des forces terrestres mais contre des esprits maléfiques. La France a été la fille aînée de l'Eglise et la France a apostasié son baptême. Je pense que le rejet de Dieu par les français est le problème de la France aujourd'hui. Je dirai même que que tous ses problémes viennent de là.
J'ai lu quelque part que la foi des français était comme un feu de braises recouvert de cendres et qu'elle pourrait s'embraser de nouveau le jour venu. A mon avis, après beaucoup de douleurs. Quand on voit ce qui se passe dans nos banlieues, on peut peut-être penser que la purification, la colère de Dieu, le châtiment a commencé. Avortement, euthanasie, recherche sur les embryons, impudicité, apostasie, ....
Que faire? Aimer en actes. Chaque acte libre d'amour est une graine qui féconde le royaume de Dieu et qui prépare les récoltes futures. Chaque chrétien, avec l'aide de l'Esprit-Saint doit semer l'Evangile dans le champ que le Seigneur lui a donné de féconder: sa famille, son travail, ses réseaux d'amis, sa paroisse,.... Nous ne savons pas quand aura lieu la récolte mais nous savons qu'elle se fera sûrement.
Les musulmans de France se convertiront de plus en plus s'ils voient des français qui vivent leur foi chrétienne et non pas le spectacle affligeant d'un peuple qui se moque, qui méprise la foi de ses ancêtres. Evangéliser les musulmans, oui, mais surtout et d'abord les français. Bien sûr, la division des chrétiens surtout au Moyen-Orient et surtout au Saint-Sépulcre , est un des obstacles à l'évangélisation, mais nous pouvons évangéliser par la prière, par les actes d'amour envers Dieu, ou envers le prochain, et des petits sacrifices offerts à Dieu, par le témoignage de notre expérience avec Jésus,....
Je termine par cette prophétie que Marthe Robin a dite au Père Finet en 1936: « La France tombera très bas. Plus bas que les autres nations, à cause de son orgueil et des mauvais chefs qu’elle se sera choisie. Elle aura le nez dans la poussière. Il n'y aura plus rien. Mais dans sa détresse, elle se souviendra de Dieu et criera vers Lui, et c'est la Sainte Vierge qui viendra la sauver. La France retrouvera alors sa vocation de Fille aînée de l'Eglise, elle sera le lieu de la plus grande effusion de l'Esprit Saint, et elle enverra à nouveau des missionnaires dans le monde entier ».
Voilà, cher Cathortho, j'espère avoir répondu, en partie, à votre question.Prions pour la France.
Gérard

16.Posté par Gérard le 02/08/2010 14:08
Cher Cathortho
A propos de l'évangélisation de l'Europe, je pense que de voir nos représentants ( Cyrille I et Benoît XVI) qui échangent des signes d'amitié et qui expriment leur désir d'unité est un grand témoignage. Je suis toujours convaincu que "c'est à l'amour que nous aurons les uns pour les autres que le monde croira au Christ".
La Vierge avait demandé de prier pour la conversion de la Russie à Fatima en 1916. La Russie a une vocation à jouer dans le plan de Dieu. Lequel? Je ne sais pas mais je pense que l'Eglise russe est leader dans le monde de l'orthodoxie et elle entrainera toute l'orthodoxie avec elle. Rien dans l'orthodoxie ne peut se faire sans elle. L'unité des chrétiens passe par l'Eglise russe. Si elle le veut, elle se fera. La Russie a aussi sûrement un grand rôle à jouer dans la conservation de la foi chrétienne. Sa foi a été comme conserver dans une sorte de permafrost pendant 70 ans et elle ressort vivifiée et prête à dialoguer avec les autres chrétiens dont certains se sont laissés aller aux modes des temps. Elle aura peut-être aussi un rôle de protection et de refuge des chrétiens et du christianisme à jouer, un peu comme la France l'avait fait pandant 1400 ans.
A propos de la véritable dimension de la charité dont vous parlez, je ne sais si je comprends exactement ce que vous voulez dire mais je pense que tout homme, quelque soit sa croyance, qui commet un acte de charité participe à la construction du Royaume de Dieu. Ainsi tout acte de charité commis pour sauver un juif de la main des nazis venait de Dieu quelque soit la foi de la personne. Aucun acte de charité n'est perdu, mais notre foi nous dit même qu'il porte des fruits éternellement.
Ensuite, dans la lutte contre la culture de mort (avortement, euthanasie, eugénisme, recherche sur les embryons humains...), nos églises ont plus de chance de sauver des vies si elle parle à l'unisson sur ces sujets.
Il en est de même pour le rappel de nos racines chrétiennes et la résistance au rejet de toute trace de christianisme en Europe, ainsi que pour la diffusion d'un enseignement social chrétien qui soit une véritable alternative aux idéologies libérales et islamistes.
Gérard

17.Posté par Irénée le 02/08/2010 14:56
@Gérard
Permettez-moi de contester votre insertion selon laquelle les divisions au St Sépulcre seraient un obstacle à l'évangélisation...
Je ne sais pas d'où sort ce genre d'analyse, mais elle ne me semble pas du tout correspondre à la réalité.
Chaque nuit, depuis des siècles, les communautés chrétiennes y célébrent l'eucharistie à l'heure définie d'un commun accord. Rendant grâce au Seigneur chacun dans sa langue et selon ses usages liturgiques...
Ce n'est pas parcequ'une fois de temps en temps un diacre zèlé ou énervé déborde de son rôle que l'évangélisation est menacée !
Restons fidèles dans la prière et l'amour du prochain, tout comme le restent la majorité des chrétiens du Proche-orient, et ne relayons pas les infos fallatieuses de you-tube ou autres comme étant l'expression de la seule vérité...
Permettez-moi enfin de rappeler que les tensions entre Eglises au Moyen-Orient sont essentiellement dues au prosélytisme catholique romain,puis uniate et protestant depuis le milieu du 19è siècle.

18.Posté par Cathortho le 02/08/2010 18:10
Cher Gérard

Je vous remercie d'avoir pris soin de me répondre. Le temps me manquera ce soir et demain pour apporter mon commentaire à vos dernières interventions qui sont comme d'habitude fructueuses sur le plan des échanges, mais je ne manquerai pas de le faire dès que possible.

Puisse la prophétie de Marthe Robin se réaliser.

19.Posté par Cathortho le 04/08/2010 01:02
Cher Gérard

Vatican II a effectivement été un chantier immense qui a fait, et fait toujours, l'objet de deux "herméneutiques", ou si vous préférez deux interprétations, comme je l'ai écrit dans mon comm. 10. L' "herméneutique de rupture" a largement été influencée par l'esprit de Mai 68, le père dominicain Jean-Miguel Garrigues, dans sa remarquable autobiographie (sous forme d'entretien) "Par des sentiers resserrés" (éd. Presses de la Renaissance, 2007) consacre tout un chapitre à cette infiltration dans l'Eglise catholique (infiltration qu'on ne peut expliquer uniquement par l'action des franc-maçons, les choses sont hélas beaucoup plus complexes) . Comme vous le dites très justement : "Il y a eu une grande déstabilisation" (que n'ont pas connues les Eglises slaves grâce au "réfrigérateur" communiste), déstabilisation qui est loin d'être terminée malgré l'oeuvre de redressement accomplie par Jean-Paul II et son successeur Benoît XVI car la secousse a été forte, profonde et durable (le père Garrigues parle de "glissement tectonique" et compare les acteurs de Mai 68 aux "possédés" de Dostoîevski ), c'est une des raisons pour lesquelles l' Europe a besoin d'une nouvelle évangélistaion.

Vous dites que "le peuple catholique est prêt depuis longtemps à l'unité visible", admettons, mais êtes vous sûr que ce soit pour de bonnes raisons ? Je crains fort que ce désir d'unité ait pour fondement un manque (à part une minorité certes non négligeable) de connaissance réelle de la part des catholiques de ce qu'est leur Eglise, son histoire et ses dogmes, et de ce que sont les Eglises orthodoxes, et relève d'un certain relativisme en matière de dogmes, d'où la nécessité que cette nouvelle évangélisation se fasse en symbiose avec un apporofondissement oecuménique traditionnel et non pas moderniste. Dans cette optique, vous avez raison, l'Eglise orthodoxe russe a un rôle de premier plan à jouer, pas seulement parce qu'elle est la plus importante quantitativement, mais parce qu'elle n'est en rien responsable du schisme symboliquement dâté de 1054 et a donc vocation, en tant que "Troisième Rome", à réconcilier la "Première Rome" et la "Deuxième Rome" et ainsi a faire en sorte que Rome soit "Une en Trois", d'une certaine manière à l'image de la Sainte Trinité. Tel me semble être le fondement de "L'heure sainte des slaves" dont parle le père Paul Toinet dans son beau livre sur Vladimir Soloviev.

Concernant l'Islam, il convient évidemment de le distinguer de l'Islamisme ; comme il convient de distinguer le Judaisme du Sionisme ; et comme il convient de distinguer le Christianisme du Droit-de-l'hommisme catholico-progressiste, de l'orthodoxisme auto-proclamé et nombriliste orthodoxe, et du néo-conservatisme des protestants évangéliques.

Bien que cela n'entre pas directement dans le sujet de ce fil, je voudrais apporter quelques rectifications sur rené Guénon et Jean Borella, dont vous dites que vous ne les avez lus ni l'un ni l'autre, ce qui explique les erreurs que vous faites à leur égard.

Concernant René Guénon (1886-1951), il ne s'est pas, comme vous le dites, converti à l'Islam à la fin de sa vie mais a été rattaché dès 1912 à la tradition islamique dans une branche du soufisme par Abdul-Hâdi (le peintre suédois Yvan Aguéli). Guénon ne pensait pas trouver une synthèse de toutes les religions dans l'Islam mais dans ce qu'il appelait la "Tradition primordiale" vue symboliquement comme le centre d'une Roue dont l'Islam et toutes les vraies religions étaient selon lui les rayons qui relieraient ce centre à la circonférence où nous sommes. De même, dire que Génon était "syncrétique" est faux. Dans les "Aperçus sur l'initation", Guénon consacre tout un chapitre : "Synthèse et syncrétisme", à réfuter le syncrétisme et établir la nécessaire distinction entre le syncrétisme qui, " entendu dans son vrai sens, n'est rien de plus qu'une simple juxtaposition d'éléments de provenances diverses rassemblés "du dehors" pour ainsi dire, sans qu'aucun principe d'ordre plus profond vienne les unifier ", et " la synthèse, [qui] par définition, part des principes, c'est-à-dire de ce qu'il y a de plus intérieur " (René Guénon, "Aperçus sur l'initiation", Editions Traditionnelles, 1980, p. 44).

Pour ce qui est de Jean Borella vous écrivez : " je ne l'ai pas lu et je ne le lirai pas car je crois qu'il a des liens avec l'ésotérisme. " Se refuser à lire un auteur uniquement parce que l'on "croit", sans vérifier si cela est vrai, qu'il a tel ou tel lien me paraît curieux. En l'occurence, le lien que vous reprochez à Jean Borella est celui de l'ésotérisme. Or, à propos de l'ésotérisme vous écrivez : " L'ésotérisme ne fait pas partie de la foi catholique. Elle n'a aucune collusion avec ce genre de gnose. Mais je n'entamerai pas un débat avec vous sur ce thème car je suis peu formé à la philosophie. " Il y aurait beaucoup à dire sur ces trois phrases. Le seul point sur lequel je suis d'accord avec vous c'est que moi non plus je ne tiens pas a entamer un débat sur ce sujet car il ne rentre pas dans le cadre du thème de ce fil : "La nouvelle évangélisation de l'Europe". Je me bornerais seulement à vous dire que l'ésotérisme n'a rien à voir avec la philosophie en général, encore moins avec la philosophie moderne, mais qu'il a par contre quelque chose à voir avec la gnose, mais la "gnose au vrai nom" comme disait Saint-Paul, qu'il ne faut pas confondre, comme on le fait malheureusement trop souvent, avec le "gnosticisme" qui est une hérésie.



20.Posté par Gérard le 04/08/2010 23:20
Cher Cathortho
Je ne dis pas que les franc-maçons ont déstabilisés l'Eglise catholique car je ne connais pas leur capacité d'influence à l'intérieur de l'Eglise. Je sais que les franc-maçons ont le pouvoir en France depuis plus d'un siècle et qu'ils travaillent avec persévérance au rejet de la foi chrétienne. D'ailleurs avec succès. Cette association est composée de 33 grades d'initiation, la majeure partie des membres restent aux 3 premiers grades et sont d'inoffensifs humanistes, en dehors du fait qu'ils appliquent les consignes et directives venant d'en haut, y compris au Parlement. Par contre les initiations aux grades supérieurs sont des initiations occultes. Ils ont tous les pouvoirs en France (médiatiques, politiques, judiciaires, ....) et sont responsables du "relativisme moral" qui entrainent l'avortement, l'euthanasie,... et par la grande éducatrice qu'est la télé ils formatent les conciences... . J'espère que la Russie n'est pas dans leurs mains. Je vous ai donné les références d'un livre qui est un témoignage d'une personne ayant été des leurs.
En ce qui concernent les catholiques, vous dites que beaucoup ignorent leur église, leur histoire, leurs dogmes. Oui, c'est vrai. Beaucoup sont surtout intéressés par leur relation à Jésus, par sa rencontre dans les sacrements et par les relations fraternelles en Eglise. N'est ce pas le cas aussi chez les orthodoxes. Tous les catholiques ne lisent pas les encycliques du Pape ou des livres spirituels, mais il y a quand même une forte minorité qui les lisent et c'est cette forte minorité active et militante qui entraîne les autres et qui exprime l'opinion de l'ensemble. Et c'est pourquoi, je dis qu'il n'y a pas dans l'Eglise catholique d'opposition à l'unité avec les orthodoxes comme on en trouve parfois chez les orthodoxes. Cette idée est plus ancienne et a déjà fait son chemin chez les catholiques. Je pense, mais je me trompe peut-être, qu'elle est plus nouvelle chez les orthodoxes et qu'elle sera beaucoup mieux accueillie par les futures générations (coucou Daniel, Irénée et Sonia).
Quant à René Guénon, comment peut on devenir musulman, même soufi après avoir fait une rencontre personnelle avec le Christ dans la prière et avoir médité les évangiles? Le Coran nie que Jésus soit mort en croix, et qu'il soit le Fils de Dieu. Pour moi, si on passe du christianisme à l'islam, on n'a pas connu le Christ. Je pense que pour en arriver là, René Guénon a vécu la religion chrétienne dans des concepts intellectuels et non pas dans la rencontre avec le Christ par la prière et le silence. Paix à son âme. Comme a dit Jésus: "Je te rends grâce, Père, d'avoir caché cela aux sages et aux intelligents et l'avoir révélé aux tout-petits." Oui, le Christ est accessible aux simples. La foi chrétienne est compréhensible aux plus petits. Pas besoin d'être brillant intellectuellement pour connaitre Dieu. Je ne crois pas en ce qui est écrit dans le Coran. Une religion vraie peut-elle nier le Christ? Et si le Christ est Dieu, l'islam peut-il être une religion vraie? Dieu aurait-il envoyé un prophète pour dire qu'Il n'était pas mort en croix, que Jésus n'est pas son Fils, et qu'il ne nous aime pas jusqu'à mourir sur la croix pour sauver chacun de nous? Ce n'est pas ma foi. Je crois vraiment que Jésus est mort en croix, et qu'il est Fils de Dieu (engendré, non pas créé), et que le Père nous aime jusqu'à souffrir (le mot est faible) la mort de son Fils sur la croix. Amen.
Gérard

21.Posté par Cathortho le 05/08/2010 01:17
Cher Gérard

Dans votre comm. 15 vous dites ne pas avoir lu René Guénon, alors pourquoi en parlez-vous ? Guénon n'est pas le sujet de ce fil, si je l'ai cité dans mon post c'est seulement parce que ce qu'il dit me semble particulièrement bien vu. Personnellement je ne peux que regretter qu'un penseur d'une telle envergure se soit converti à l'Islam. Mais il avait ses raisons qui ne regardaient que lui et il me semble que si vous voulez le juger il faut prendre le soin de lire son oeuvre et non pas vous contenter de ce qui a été écrit sur lui, sinon mieux vaut ne pas en parler. C'est me semble-t-il une règle d'élémentaire bon sens de ne pas s'avanturer à parler d'un sujet que l'on ne connaît pas.

Pour ce qui est de la Franc-Maçonnerie, que je ne cherche nullement à défendre car je la tiens pour globalement néfate, il semble que vos renseignements soient assez limités car vous écrivez " Cette association est composée de 33 grades d'initiation ". Or la Franc-Maçonnerie n'est pas monolithique et la division règne en son sein comme partout (quel rapport par exemple entre le contre-révolutionnaire ultra-catholique Joseph de Maistre et le laîcard Jules Ferry qui étaient pourtant tous deux franc-maçons ?). Il n'existe pas "une association" maçonnique mais de très nombreuses obédiences très différentes les unes des autres et qui se combattent. Le système à 33 grades ne concerne qu'un rite maçonnique parmi beaucoup d'autres, d'autres systèmes n'en ont que 4, d'autres 6, d'autres 99 ! Il n'est nullement besoin d'être franc-maçon pour savoir cela, tout esprit curieux peut l'apprendre dans les très nombreux livres sur la Franc-Maçonnerie qui ornent les rayons non seulement des librairies ésotériques mais aussi des grandes librairies pour grand public.
Lorsqu'on essaie de trouver les origines de la subversion moderne il est un travers qui consiste à se contenter d'explications simplistes en désigant une seule cause, attitude confortable et paresseuse.

En ce qui concerne la minorité active des catholiques qui entraînent les autres, je suis en partie d'accord avec vous, et il est évident que le désir d'Unité est beaucoup plus grand chez les catholiques que chez les orthodoxes. Mais j'insiste, il est important que ce désir d'Unité soit mû par la prise de conscience toujours plus grande de la nature salvatrice des dogmes et la nécessité de rétablir partout une liturgie digne de ce nom.

22.Posté par abc le 05/08/2010 16:30
Bonjour


concernant Jean Borella , celui ci a largement critiqué Guénon et la lecture que celui ci a fait du christianisme dans Esotérisme Guénonien et Mystère chrétien en montrant d'une part notamment que la notion guénonienne d'ésotérisme ne convient pas au catholicisme , et d'autre part que la révélation chrétienne ne peut pas être lue selon les catégories de la pseudo métaphysique universelles pour qui Jésus n'est qu'un Avatar (comme les divinités hindous).
Il me semble que Guénon reste un auteur particulièrement nocif pour ses idées concernant la "Tradition Primordiale" et la "métaphysique universelle" et finalement peu connaisseur du christianisme et de sa théologie comme le montre Borella.

23.Posté par Cathortho le 05/08/2010 18:53
Cher abc

Vous avez tout à fait raison, Jean Borella dans son "Esotérisme guénonien et mystère chrétien", livre remarquable que j'ai lu avec grand intérêt comme tous les livres de cet auteur catholique majeur insuffisamment connu, s'est livré à une critique profonde des erreurs de René Guénon concernant le Christianisme, et je partage sans aucune réserve sa critique. Je me permets de reproduire ici ce que j'ai écrit dans ce post : " ...certains aspects de la pensée de René Guénon sont irrecevables pour nous chrétiens, notamment le fait qu'il se référait à une Tradition primordiale et universelle dont le Christianisme ne serait qu'un aspect à côté des autres grandes religions, minimisant ainsi le caractère absolument nouveau, universellement salvateur de l'Incarnation du Verbe qui, assumant la nature humaine, accepte volontairement sa mort pour, en ressuscitant, poser ainsi le germe de la résurrection en tout homme. "

Dès les première lignes de l'introduction générale, Borella met le doigt sur le noeud du travers qui affecte nombre de "chrétiens guénoniens" : " pour la plupart de ses lecteurs chrétiens, à l'exception évidemment de ceux qui l'on rejetée, l'importance de son oeuvre ne s'est pas limitée à la lumière dont elle éclairait les notions de tradition, de révélation, de sacré, de connaissance spirituelle, ou encore le langage symbolique des diverses religions ; ils lui ont attribué en outre une autorité déterminante sur leur propre religion. A leurs yeux, la doctrine guénonienne constitue la grille d'interprétation définitive de la foi catholique, de telle sorte que les données de la foi ne peuvent être comprises sous leur vrai jour qu'à la lumière des principes et des catégories de cette doctrine particulièrement à la lumière de la distinction réeele de l'ésotérisme et de l'exotérisme. Il en résulte - ce dont les lecteurs chrétiens semblent le plus souvent n'avoir guère conscience - que ce que la foi catholique dit sur elle-même se trouve sinon disqualifiée, du moins neutralisée. " (pp. 9-10) Bien entendu, ce que dit Borella sur ce travers de certains "catholiques guénoniens" est tout autant valable concernant certains "orthodoxes guénoniens".

Vous avez encore raison quand vous dites que Guénon était " peu connaisseur du Christianisme et de sa théologie ", sinon il n'aurait pas commis l'erreur majeure de considérer le Christianisme comme une branche de la "Tradition Primordiale". Par contre, là où je ne vous suis plus du tout c'est lorsque vous écrivez que Guénon est un auteur nocif. Je suis même persuadé du contraire, je pense que Guénon est un auteur plus important qu'un Heidegger ou qu'un Husserl et que malgré ses erreurs, il est beaucoup moins éloigné de la foi chrétienne que ces deux grands philosophes.

Pour en revenir à Borella, il faut savoir que ce philosophe et théologien catholique a été influencé, sans y adhérer totalement comme le prouve son " Esotérisme guénonien... ", par l'oeuvre de Guénon (et surtout par l'oeuvre de son principal épigone Frithjof Schuon) et s'il en crtitique à juste titre les aspects inacceptables pour nous chrétiens, il ne la considère pas, là encore à juste titre, comme une oeuvre nocive, il rend au contraire hommage à "l'ampleur" du "génie intellectuel" (p. 9) de Guénon et précise : " Le message guénonien a ainsi rendu à quelques hommes d'aujourd'hui un service inestimable : dans un monde voué au rationalisme le plus anti-spirituel qui ait jamais paru, il a rappelé avec une force exceptionnelle, que la religion était détentrice d'une Connaissance auprès de laquelle toute la science et toute la philosophie modernes n'étaient qu'un "savoir ignorant". " (p. 9)

Ne serait-ce que par ce seul aspect, l'oeuvre de René Guénon, malgré ses erreurs, participe à sa manière à la "Nouvelle évangélisation de l'Europe".


24.Posté par abc le 06/08/2010 02:00
On peut tout lire si on a une foi solide et les connaissances théologiques, car même Nietzsche et Heidegger méritent à certains égards d'être lus, mais sinon il vaut mieux s'abstenir. L'Index était une très bonne chose.

Guénon est-il l'homme de la situation ? qu'a t-il de plus à apporter qu'un Gilson qui a montré la beauté et la profondeur du thomisme (qui ne se réduit pas à de l'aristotélisme christianisé), ou qu'un Lossky pour les orthodoxes ? Ou tout simplement que les Pères de l'Eglise dont les écrits sont aujourd'hui largement accessibles.
De plus, la théologie orthodoxe ,contrairement à la théologie catholique, semble se porter plutôt bien et le sens de la tradition semble encore être présent.

Guénon a-t-il fait des chrétiens ? mise à part Borella qui a su extraire ce qu'il y avait de bon dans ses écrits , je vois qu'il a surtout fait des musulmans et qu'il a fourni tous les arguments aux chrétiens déçus pour apostasier et fuir vers les religions orientales, et que son école soi disant "traditionaliste" (en vérité un esprit païen insidieux, universaliste, qui convient bien aux Franc Maçon de "droite") composés d'apostats qui ,à une autre époque, auraient été brûlés (à cet égard leur critique du monde moderne me fait sourire) à par l'intermédiaire de son disciple Schuon popularisée la notion d'unité transcendante des religions , notion qui si elle se popularisait chez les chrétiens d'occident oublieux de leur tradition ne ferait que participer au recul du christianisme.

25.Posté par Daniel le 06/08/2010 15:43
Cette discussion entre Cathortho et ABC me replonge dans mon passé : Schuon, voici des années que je n'avais plus entendu ce nom... Ah! c'était du vieux temps où je succombais à la mode ésotérique avec un intérêt pour la kabbale (intérêt acceptable à mes yeux à cette époque car n'y a-t-il pas une kabbale chrétienne, pensai-je alors?). Comme les ésotéristes de tous poils aiment bien discuter entre eux, j'ai donc discuté avec des gens intéressés par l'ésotérisme musulman (qui au passage s'accomode bien avec la franc-maçonnerie vu qu'elle-même est à l'origine un enseignement ésotérique). Je confirme donc que Guénon a bien fini musulman soufi, que Schuon était lui-même musulman soufi et que son successeur à la tête de la confrérie fut Martin Lings auteur d'une biographie sur Mahomet qui compile diverses sources... Je confirme donc ABC : toute cette bande a fait des musulmans ou des gens très relativistes pour lesquels toutes les religions sont des points d'un même cercle à égale distance donc du centre de ce cercle qui est LA VERITE. Les religions sont donc différentes manifestations acceptables de cette vérité. J'ai pu ainsi recontrer des gens se réclamant à la fois du catholicisme, ils communiaient dans l'église catholique, et du soufisme. Quand je leur ai pointé les différences évidentes (nature du Christ etc), ils m'ont ressort l'unité transcendante des religions : par delà les différences et les contradictions qui ne sont qu'apparentes, toutes ces religions participent à la même vérité.

Cette ficelle un peu grosse est aussi une des armes classiques des oecuménistes (dans leur version relativisme dogmatique) : il y a plusieurs chemins mais tous mènent au sommet de la montagne et autres billevesées du même genre... Je rejoins donc ABC...

26.Posté par Cathortho le 06/08/2010 20:56
@ ABC et Daniel

J'aurais énormément de choses à dire sur vos commentaires 24 et 25 (sur de nombreux points je suis en accord avec vous, sur de nombreux autres en désaccord), mais je ne peux que répéter ce que j'ai précisé dans mon comm. 21 en réponse à Gérard : " Guénon n'est pas le sujet de ce fil, si je l'ai cité dans mon post c'est seulement parce que ce qu'il dit me semble particulièrement bien vu. "

Effectivement, lorsqu'on cite un auteur pour commenter un sujet il est dommage que des commentaires fassent dévier du sujet initial (ici "La nouvelle évangélisation de l'Europe") en se focalisant sur l'auteur dont on a choisi une citation comme je l'ai fait. Je m'abstiendrai donc de répondre à vos commentaires sur Guénon et Schuon, car pour discuter de ces auteurs il y a des sites pour cela.

Pour conclure, et pour que les choses soient claires, je considère Guénon comme un géant de la pensée trafitionnelle et de l'intellctualité vraie (c'est pourquoi il est possible que le le cite de nouveau quand cela me semblera opportun) tout en répétant une nouvelle fois ce que je disais, comme vous pouvez le vérifier, dès mon post introductif à ce fil : " certains aspects de la pensée de René Guénon sont irrecevables pour nous chrétiens, notamment le fait qu'il se référait à une Tradition primordiale et universelle dont le Chrstianisme ne serait qu'un aspect à côté des autres grandes religions, minimisant ainsi le caractère absolument nouveau, universellement salvateur de l'Incarnation du Verbe qui, assumant la nature humaine, accepte volontairement sa mort pour, en ressuscitant, poser ainsi le germe de la résurrection en tout homme. "

Concernant le sujet de ce fil : "La nouvelle évangélisation de l'Europe", Guénon n' a été pour moi qu'un doigt qui montre la lune, si vous voulez vous obstiner à regarder le doigt et non pas la lune, libre à vous, mais ce sera sans moi.



Nouveau commentaire :



Recherche



Derniers commentaires


RSS ATOM RSS comment PODCAST Mobile