Le patriarche de Moscou Cyrille a appelé les Églises orthodoxes locales à ne pas reconnaître « l’Église orthodoxe d’Ukraine »
Le patriarche de Moscou Cyrille a adressé un message aux primats des Églises orthodoxes locales, les exhortant à ne pas entrer en communion avec la nouvelle « Église orthodoxe d’Ukraine »

Le patriarche Cyrille a informé les primats que, le 15 décembre 2018 à Kiev, avec la participation et sous le patronage direct des autorités gouvernementales d’Ukraine a eu lieu une réunion de « hiérarques », du « clergé » et de laïcs des deux groupes schismatiques ukrainiens.

Constantinople Patriarchate is accomplice to persecution of Ukrainian Orthodox Church - Patriarch Kirill

Les participants de ce conciliabule illégal, qui ont siégé en l’église historique Sainte-Sophie de Kiev, se sont auto-proclamés « Concile de réunification ». En réalité, cette soi-disant réunification s’est terminée par la fusion des deux organisations schismatiques, le « Patriarcat de Kiev » et « l’Église orthodoxe autocéphale d’Ukraine ». « Or, l’Église orthodoxe canonique d’Ukraine, présidée par S.B. le métropolite de Kiev et de toute l’Ukraine Onuphre, reconnue dans tout le monde orthodoxe, a refusé, conformément à la décision de son Saint-Synode du 7 décembre, de participer à l’événement en question, le considérant comme « une réunion illégale ».

Malgré les nombreux cas de pression sur ses archipasteurs, des 90 hiérarques constituant son épiscopat, seuls deux hiérarques ont participé au pseudo-concile, dont un évêque diocésain et un évêque vicaire. Par la décision du Saint-Synode de l’Église orthodoxe d’Ukraine du 17 décembre, les deux hiérarques, en raison de leur passage au schisme et à la violation flagrante de leur serment épiscopal, ont été libérés de leurs fonctions et interdits a divinis », a souligné le Primat de l’Église orthodoxe russe.

Le patriarche a fait remarquer que la réunion qui a eu lieu a confirmé le fait de l’immixtion manifeste de l’État dans la vie ecclésiale. Ainsi, le président P. Porochenko n’a pas seulement été présent à ce « concile », mais a siégé dans son présidium. Le président du parlement, A. Paroubyi, de confession gréco-catholique [uniate ndt] a également participé à l’événement, lui qui, le 17 décembre, a annoncé le vote, dans les très prochains jours, du projet de loi sur la privation du droit, pour l’Église orthodoxe d’Ukraine, de porter le nom qui est conforme à ses statuts.

« Le but de ce changement de nom est le réenregistrement de toutes les paroisses et monastères, l’invalidation des documents donnant à l’Église canonique des droits sur les églises et autres propriétés ecclésiales », a fait remarquer le patriarche Cyrille.

« À notre grande tristesse, contrairement aux saints canons et en violation des institutions ecclésiales, les représentants du Patriarcat de Constantinople ont participé à cette manifestation hostile à l’Église» a poursuivi le patriarche, ajoutant que « le métropolite de France Emmanuel présidait le concile des schismatiques, ayant à sa droite P. Porochenko, qui communie chez les gréco-catholiques, et à sa gauche, Philarète Denissenko, qui est excommunié par l’Église, ainsi que Macaire Maletitch, qui ne dispose pas de la succession apostolique. Le triste résultat de ce conciliabule illégal a été l’élection du « primat » de la soi-disant « Église orthodoxe d’Ukraine ». Celui-ci est le « hiérarque » schismatique du « Patriarcat de Kiev » auto-proclamé, S.P. Doumenko, qui a reçu ses pseudo-ordinations, et même sa « tonsure monastique » avec le nom d’Épiphane, des mains de Philarète Denissenko, destitué de son rang et anathématisé.

Le nouveau « primat » s’est empressé de déclarer publiquement que Philarète garderait à vie son titre de « patriarche d’honneur » et qu’il « nous aiderait à vie à développer l’Église locale ukrainienne une ». « L’acte d’une iniquité criante qui a été accompli, est présenté par les autorités civiles du pays et par l’Église de Constantinople comme la réunification de l’Orthodoxie ukrainienne », a souligné le patriarche Cyrille.

« Néanmoins, la réunification n’a en réalité pas eu lieu. Les schismatiques restent tels qu’ils étaient, hors de l’Église. Et même en se réunissant les uns avec les autres, ils restent comme précédemment une minorité sur la carte orthodoxe de l’Ukraine ». Le patriarche a encore mentionné que, conformément aux statistiques de l’État ukrainien, produite par le ministère de la culture de ce pays, l’Église orthodoxe canonique compte 12’348 paroisses, ce qui est deux fois supérieur à la quantité totale des paroisses qui constituent la nouvelle structure pseudo-ecclésiale. Le nombre des clercs de l’Église canonique d’Ukraine est de 10’424, le nombre des monastères, 211, tandis que le nombre des moines et moniales s’élève à 4’721.

« L’Église orthodoxe d’Ukraine est l’organisation religieuse la plus nombreuse du pays. Son épiscopat qui, au sein du Patriarcat de Moscou, dispose d’un statut de large auto-administration, s’est prononcé lors de l’Assemblée de ses évêques, qui a eu lieu le 13 novembre de cette année, pour la préservation de l’unité pluriséculaire avec l’Église russe », affirme le patriarche Cyrille, « or, le pouvoir ukrainien fait tout pour rompre ce lien historique » a-t-il précisé. Le primat a souligné que, en s’unissant entre eux, les schismatiques n’ont pas fait le pas le plus important, à savoir se repentir pour le péché de schisme et revenir dans l’Église qu’ils avaient quittée et de l’unité de laquelle ils s’étaient séparés. SUITE Orthodoxie.com

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 21 Décembre 2018 à 11:30 | 9 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par justine le 21/12/2018 18:11
Il faudrait vraiment être fou pour la reconnaître. Pour mesurer toute la portée de la farce qui vient de se jouer à Kiev, un excellent article a été publié hier sur pravoslavie.ru (en russe, on peut mettre le traducteur automatique, pas idéal, mais mieux que rien), avec le titre évocateur "Dans le style de l'ère des Borgia - le 'Concile d'unification' de Kiev: Déroulement du spectacle, résultats et prévisions", par Taras Melnik. On y apprend des détails nouveaux, notamment sur les declarations d'Epiphane concernant l'introduction future du Nouveau Calendrier et le rapprochement avec les Uniates, ainsi que sur les pensées du "metropolite" du feu KP Michel concernant la "non-permanence" de primats elus...
Voir: http://www.pravoslavie.ru/118047.html

2.Posté par justine le 23/12/2018 11:22
A signaler que l'article très informatif indiqué au post 1 est désormais disponible en traduction anglaise convenable: http://orthochristian.com/118113.html

3.Posté par père Joachim le 24/12/2018 01:26
Dans l'attente de la nuit du 24 décembre, il nous est offert un cadeau appréciable, déposé sur le site d'info grec/pro russe ROMFEA.
Sa Sainteté révise son tir et permet aux pèlerins russes, la participation eucharistique sur la Sainte Montagne.
Elle est cependant limitée au Monastère Saint Panteleimon qui relève de Constantinople, mais qui utilise la langue russe.
Je vais m'empresser de ressortir mon NINA POTAPOVA avant d'aller faire un nouveau pèlerinage sous les magnifiques bulbes du Quai Branly...
Grand merci Sainteté et excellent Noël Russe le 7 janvier !

4.Posté par Daniel le 24/12/2018 11:16
@ Père Joachim (3)

Veuilez m'excuser mais l'expression Noel russe est incorrecte et n'a pas en fait de sens. Ou faut-il l'appeler Noel serbe, Noel géorgien, Noel macédonien...

5.Posté par OrthodeFrance le 24/12/2018 12:40
Joyeuse Fête de la Nativité à tous les orthodoxes, de France et d'ailleurs, que cette belle fête nous permette d’accueillir en nos cœurs notre Sauveur, qui s'est abaissé jusqu'à nous dans son humilité, qu'elle soit l'occasion de prier encore et toujours plus, et de cesser d'entretenir nos querelles "du monde" et de juger nos hiérarques. L'Église locale est constituée des fidèles et clercs qui prient, se confessent, communient, selon les saints canons, font le bien... Le reste n'est que de l'administration et de la politique.
Petite remarque: le 7 janvier "civil" correspond bien au 25 décembre du calendrier julien, la Nativité est bien fêtée le 25 décembre par tous les orthodoxes! L'usage du calendrier "ancien" n'est pas l'exclusivité des russes, loin de là! Il est donc tout à fait excessif de qualifier le 7 janvier de "Noël Russe"! C'est tout aussi bien le Noël des Églises de Jérusalem, Géorgie, Serbie, et du Mont-Athos!

6.Posté par Affeninsel le 24/12/2018 14:30
On parle souvent de "Noël russe" pour des expositions ou ventes d'objets et de plats traditionnels russes. Effectivement, conservons sagement cette expression pour ces choses non ecclésiales.

7.Posté par justine le 24/12/2018 14:49
Au post 3: Pourquoi omettez-vous de dire ce que le texte sur "romfea" dit très clairement sur la raison pour laquelle le patriarche Cyrill autorise les Russes à communier au Monastère de St Panteleimon seulement? Ce n'est nullement parce qu'on y utilise la langue russe, mais parce que, dit le patriarche Cyrille, ce monastère "porte une responsabilité bien moindre pour les agissements nocifs de Constantinople".

8.Posté par Vladimir.G: la balance peut pencher vers Moscou le 28/12/2018 11:53
Bénissez père Joachim,

Vous faites erreur au poste 3: le Monastère Saint Panteleimon du mont Athos n'utilise évidement pas le russe mais le slavon d'église pour ses célébrations...

Il est clair que ce monastère est très proche du patriarcat de Moscou même si, canoniquement, il dépend (provisoirement?) de Constantinople comme toute la Sainte Montagne. C'est cela qui explique cette autorisation particulière.

9.Posté par Vladimir.G: une bon résumé par l''''AFP, mais toujours la même approximation le 28/12/2018 12:06
Approximation: il faudrait écrire "le Patriarcat de Kiev qui revendique le plus grand nombre de SYMPATHISANTS" (et non fidèles) puisque le nombre de paroisses, 12000 sur environ 18000, montre que les fidèles sont du côté du patriarcat de Moscou. De même " la minuscule Eglise dite autocéphale, qui représente 0,3% des SYMPATHISANTS", puisque ces 1000 paroisses représentent plus de 5% du total... .

Les Orthodoxes en Ukraine: une communauté divisée
AFP
15 décembre 2018

Kiev (AFP) - L'Ukraine compte parmi les plus importants pays du monde orthodoxe en nombre de croyants. Mais ceux-ci sont divisés entre fidèles du Patriarcat de Kiev et fidèles de celui de Moscou, qui rejette la nouvelle Eglise unifiée créée par un concile samedi.

Si ce concile a acté la formation d'une Eglise indépendante de la tutelle religieuse russe dans ce pays de plus de 40 millions d'habitants situé au portes de l'Union européenne, le sort d'une partie de ses orthodoxes reste incertain.

- Le chemin vers l'indépendance -

La Chrétienté est arrivée à Kiev, alors capitale de la Russie kiévienne, au 10e siècle depuis Constantinople, aujourd'hui Istanbul, dont le Patriarche reste la figure la plus respectée dans le monde orthodoxe.

La tutelle spirituelle de Kiev a été transférée en 1686 au Patriarcat de Moscou, qui jouit encore d'une influence considérable dans le pays.

Après la chute de l'Union soviétique en 1991, des figures religieuses ou politiques ont tenté à plusieurs reprises de créer une Eglise indépendante, alors sans succès.

En 1992, un ancien hiérarque du Patriarcat de Moscou, Filaret, proclame un Patriarcat de Kiev dissident. Celui-ci n'est alors reconnu par aucune autre Eglise orthodoxe dans le monde et Filaret est excommunié par Moscou.

Avec l'arrivée de nouvelles autorités pro-occidentales à Kiev en 2014 et le début d'une crise sans précédent avec la Russie marquée par l'annexion de la Crimée et un conflit meurtrier avec des séparatistes prorusses dans l'est, les autorités ukrainiennes ont plaidé auprès de Constantinople pour la reconnaissance d'une Eglise indépendante.

C'est chose faite en octobre avec une décision en ce sens du Patriarche de Constantinople, Bartholomée, qui décide également de lever l'excommunication de Filaret.

Furieuse, l'Eglise orthodoxe russe dénonce un "schisme" et rompt ses liens avec Constantinople.

- Trois Eglises à unifier -

L'orthodoxie est la principale confession en Ukraine avec 66% de croyants.

Cette communauté était jusqu'à présent divisée entre trois Eglises: le Patriarcat de Kiev, créé en 1992, le Patriarcat de Moscou et la minuscule Eglise dite autocéphale, qui représente 0,3% des croyants.

C'est le Patriarcat de Kiev qui revendique le plus grand nombre de fidèles (autour de 40%, selon des sondages), tandis que celui de Moscou (20%) dispose du plus grand nombre de paroisses, plus de 12.000, dont trois grands monastères (laures).

Si les autorités ukrainiennes assurent que chaque paroisse sera libre de choisir de rejoindre ou non la nouvelle Eglise indépendante, le Patriarcat de Moscou s'inquiète d'une prise de contrôle par la force de ses églises, dont plusieurs ont été récemment perquisitionnées par la police.

Le Patriarcat de Moscou a refusé de prendre part au concile de samedi, qu'il rejette comme "illégal", bien qu'une trentaine de ses dignitaires, dont deux évêques, s'y soient rendus malgré tout.

- Un nouveau primat -

Le concile de samedi a également élu à la tête de la nouvelle Eglise indépendante le métropolite Iepifani, 39 ans, qui a connu une carrière éclair au sein du clergé et qui est considéré comme un proche du Patriarche de Kiev, Filaret.

Selon l?agence RBC Ukraine, Iepifani faisait notamment face à un autre métropolite du Patriarcat de Kiev, Mykhaïlo, et à un métropolite de l'Eglise loyale à Moscou, Simeon.

Filaret, qui approche les 90 ans et dont les critiques l'accusent d'avoir une famille en secret et d'avoir été un collaborateur actif du KGB, s'était pourtant dit en octobre prêt à assumer cette fonction et faisant longtemps office de favori.

C'est finalement à son jeune protégé, peu connu du public mais farouche critique de l'influence religieuse russe en Ukraine et soutien de l'armée face aux séparatistes, qu'incombera la lourde tâche d'unifier les Orthodoxes du pays.

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