Russie: Rencontre avec Mgr Joseph Werth, évêque de Novossibirsk

Les rapports de l’Eglise orthodoxe russe avec l’Eglise catholique en Russie sont passés, ces dernières années, de la franche hostilité à la tiédeur. "Le temps des accusations de prosélytisme et des insultes est passé depuis longtemps!", confie à l’Apic Mgr Joseph Werth, de passage en Suisse à l’invitation de l’oeuvre d’entraide catholique "Aide à l’Eglise en Détresse" (AED). basée à Lucerne.

L’évêque de Novossibirsk, la capitale de la Sibérie occidentale située à quelque 2’800 Km à l’est de Moscou, admet cependant que "si les fronts se sont adoucis et l’atmosphère hostile des premières années a disparu, ce n’est pas encore la fraternité œcuménique!" Une décennie a passé depuis février 2002, quand, en réponse à la décision du pape Jean Paul II de créer le diocèse catholique de la Transfiguration à Novossibirsk, l’archiprêtre Alexander Novopashin organisait des manifestations contre "l’Eglise catholique et les sectes totalitaires"…

Le doyen de la cathédrale orthodoxe de Saint-Alexandre-Nevsky était à la pointe du combat contre tous ceux qui voulaient s’implanter sur le "territoire canonique de l’Eglise orthodoxe russe", qui se relevait à peine de décennies de persécution antichrétienne.

Dès 1938, le régime communiste était parvenu à anéantir également toutes les structures extérieures de l’Eglise catholique romaine en URSS, dont la grande majorité des fidèles était composée de soviétiques d’origine allemande, polonaise, lituanienne, lettone ou ukrainienne. Avec la perestroïka, les catholiques qui avaient conservé clandestinement leur foi – souvent transmise dans leurs foyers par les "babouchkas", les grands-mères - étaient peu à peu sortis des catacombes. Ce "réveil catholique", somme toute de modeste ampleur, avait suscité méfiance et hostilité de la part d’une Eglise orthodoxe qui avait, elle aussi, été décimée par le régime totalitaire.

Nombre de catholiques sont devenus orthodoxes

Lorsque les temps sont devenus plus favorables et que la répression s’est faite moins pesante, nombre de catholiques se sont alors fait baptiser dans l’Eglise orthodoxe, "mais le contraire n’est pas vrai", relève Mgr Werth. "Des prêtres orthodoxes ont baptisé des familles d’origine allemande… Nous n’avions plus de prêtres, ils étaient dans les camps. Alors quand un prêtre orthodoxe venait, il baptisait tout le monde, même les catholiques qui avaient déjà été baptisés par les babouchkas…"

Dans les campagnes, à des centaines de kilomètres à l’ouest de Novossibirsk, dans la région de Tobolsk ou de Tiumen, on rencontre des villages où vivent des Lituaniens, des Lettons, des Polonais, des Allemands, des Ukrainiens, des Biélorusses qui sont ainsi devenus orthodoxes depuis le début des années 90. "On ne peut plus avoir accès à eux, leurs enfants vont désormais à l’Eglise orthodoxe, et ils ne veulent plus changer. A mon sens, c’est là un vrai prosélytisme, car nombre d’entre eux étaient catholiques à l’origine. Mais on tait cela…", relève l’évêque de Novossibirsk.

Alors, les accusations de prosélytisme lancées contre l’Eglise catholique il y a encore quelques années font sourire Mgr Werth: "Chaque année, nous avons seulement 30 à 50 personnes qui se préparent au baptême à la cathédrale, 5 à 10 chez les franciscains et peut-être 5 à Akademgorodok. La préparation aux sacrements dure un an, et plus de la moitié viennent de familles mixtes. Très peu n’ont aucune racine catholique".....SUITE APIC

Rédigé par Parlons d'orthodoxie le 20 Décembre 2011 à 14:05 | 2 commentaires | Permalien



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