Nice - Dévoilement du buste du Tsarévitch - Benoît KANDEL premier adjoint au Maire de Nice : " Pour mourir, il n'y a pas de bel âge"
Mercredi19 Décembre 2012 à 12h30, Boulevard du Tsarévitch

Discours

Son Eminence Pavel, Métropolite de Ryazan et de Mickaelovfk et Messieurs les hauts représentants ecclésiastiques de l’église orthodoxe du patriarcat de Moscou
Monsieur Vladimir Igorevitch KOJIN, Directeur Général des Affaires de la Présidence Russe
Son Excellence Alexandre ORLOV, Ambassadeur de Russie en France
Monsieur Vladimir IAKOUNINE, Président des Chemins de fer de Russie
Monsieur Alexandre BOURGANOV, Sculpteur de l’œuvre
Mesdames et Messieurs les Elus, Mesdames et Messieurs les Présidents d’association, Mesdames et Messieurs,

Pour mourir, il n'y a pas de bel âge!
Et que l'on soit fils de l'empereur de toutes les Russie, ou du plus humble paysan de notre terroir niçois, il est injuste, il est incompréhensible, de mourir à 21 ans.
Nicolaï Alexandrovitch Romanov, grand duc héritier ou tsésarévitch, avait 21 ans quand il mourut ici, le 24 avril 1865, dans les bras de sa mère, l'impératrice Marie Alexandrovna.

Nice - Dévoilement du buste du Tsarévitch - Benoît KANDEL premier adjoint au Maire de Nice : " Pour mourir, il n'y a pas de bel âge"
On le savait malade, et c'est parce qu'on le savait malade que ses médecins lui avaient recommandé de se reposer au soleil.
Mais à cette époque, quand on disait soleil, à Saint-Petersbourg, on pensait Nice. On pensait Nice depuis que la tante du tsarévitch, veuve de Nicolas Ier, y avait séjourné en 1856, et qu'elle y était revenue tant de fois, par la suite, avec sa famille.
On pensait Nice depuis que l'empereur Alexandre II, père du tsarévitch, y était venu durant l'hiver 1864, pour se reposer mais aussi pour y rencontrer Napoléon III.
On pensait Nice, depuis qu'à compter des années 1820, des dizaines de membres de la cour de Russie et de l'élite russe séjournaient, tous les hivers, dans notre ville.

Mais toute la beauté du monde, tous les charmes de Nice sont impuissants contre la mort.
J'imagine ces journées d'avril, dans le vaste parc qui s'étendait alors, autour de la villa Bermond, où résidaient l'impératrice et le grand Duc héritier.

J'imagine le parfum des fleurs du printemps et la douceur du soleil, quelques oranges encore dans les feuillages verts, et l'espoir du jeune homme, et l'espoir de sa mère, de pouvoir un jour triompher de la maladie.
J'imagine l'angoisse de l'empereur, à qui tous les précepteurs avaient toujours assuré que Nicolas serait un très grand souverain, au regard du jeune homme qu'il était, un être déjà exceptionnel, dont l'intelligence et l'humanité feraient assurément merveilles à la tête de l'Empire russe.
Il n'y a pas là d'empereur qui tienne. Il y a là surtout, un père, et une mère, au chevet d'un enfant plein de promesse, et qui se meurt.
Et la maladie l'emporta.

Je vois une photographie du cortège funèbre, une des toutes premières photographies prises dans notre ville. On voit la place Masséna, dont tous les bâtiments ne sont pas encore achevés.
On voit cette place traversée par une longue file de voitures à chevaux, descendant ce qui n'est pas encore l'avenue Jean-Médecin, mais un simple chemin dans la campagne.

On devine, au-delà des arcades, les jardins et les arbres qui forment, à l’époque, tout le quartier alentour. Au centre du cortège, on voit le char funèbre, qui franchit le Pont Neuf et s'engage sur l'actuel boulevard Jean-Jaurès. Et partout, on voit la foule, que l'on imagine attristée, saisie, et muette.

Peut-être parce que cette photographie est évidemment en noir et blanc, on a l'idée que notre soleil lui-même n'était pas présent ce jour-là.
Et il y a une autre photographie.
Nous sommes dans la rade de Villefranche, le même jour. Sur l'un des plus puissants navires de la flotte de guerre russe, la frégate Alexandre-Nevski, on charge le catafalque.

On voit de la fumée s'échapper des canons, et on entend presque la salve funèbre qui salue le départ. Et la flotte emporta la dépouille du tsarévitch sur la Méditerranée, vers la forteresse Pierre et Paul de Saint Petersbourg.
En ces quelques jours, tragiquement, sont déjà rassemblés tous les éléments qui fondent notre affection réciproque, à nous, Russes et Niçois.
La Méditerranée d'abord, qui fut, dès le 18e siècle, le premier lien à nous unir, depuis le port d'Odessa jusqu'au bassin Lympia, le port de Nice.
Les atouts et les attraits de Nice ensuite, ville de parfums et de fleurs, qui inspira une valse à Johann Strauss, valse que l'impératrice lui avait commandée et qu'il intitula "Souvenir de Nice".
La vie, en somme.
Et désormais, la mort.

Nice - Dévoilement du buste du Tsarévitch - Benoît KANDEL premier adjoint au Maire de Nice : " Pour mourir, il n'y a pas de bel âge"
On dit que, ce qui forge l'amitié, autant que l'amour, ce sont les sentiments partagés. Les joies, les bonheurs, mais aussi les deuils et les souffrances.

Depuis plus de deux siècles, Niçois et Russes partagent ces sentiments humains.
Mais on dit aussi qu'il n'y a rien de plus fort, pour faire exister l'amour, que d'en donner des preuves.
Et des preuves de ce sentiment qui nous unit, Nice en regorge.

Il y a naturellement, fait exceptionnel en Occident, votre Eminence Pavel, Métropolite de Ryazan, deux églises russes dans une même ville, et parmi elles, bien entendu, la cathédrale Saint Nicolas, dont nous célébrons aujourd'hui le centenaire et où vient de s'achever l'office religieux, qui demeure l'un des édifices orthodoxes russes les plus importants construits hors du territoire de la Russie.

Il y a aussi cette chapelle commémorative, qui rappelle, pour toujours, l'âme du jeune prince héritier, qui s'est envolée d'ici.
Il y encore le cimetière russe de Caucade, et tant d'autres lieux de sépultures russes dans les cimetières de la ville.
Dans les temps anciens, on disait que la patrie de tout être humain, c'est là où reposent ses os. Alors, de ce point de vue, Nice, peut revendiquer avec fierté d'être, pour tous les Russes, à côté de la Grande patrie, une petite patrie.

Et il y a désormais cette stèle que nous devons à Alexandre BOURGANOV et que je salue. Dans sa simplicité, elle vient nous rappeler le lien indissoluble qui unit la Russie et Nice, autour de la mémoire d'un jeune homme exceptionnel.
Par respect pour ce jeune homme exceptionnel, notre devoir est de ne pas oublier.
Notre devoir est de faire vivre ce lien.

Nice - Dévoilement du buste du Tsarévitch - Benoît KANDEL premier adjoint au Maire de Nice : " Pour mourir, il n'y a pas de bel âge"
Et, au nom de tous les Niçois, je peux vous assurer, qu'avec détermination, avec conviction, avec force, parce que c'est notre devoir certes, mais aussi parce que c'est notre privilège et notre bonheur, la ville de Nice s'efforcera de rester, pour tous les Russes, comme une petite patrie, ensoleillée, accueillante et douce.

Если попытаться определить самый "русский" город Франции, то на одном из первых мест непременно окажется Ницца.
Да здравствует дружба между Францией и Россией /
Cпасибо (Vive l’amitié entre la France et la Russie / Merci)



Nice - Dévoilement du buste du Tsarévitch - Benoît KANDEL premier adjoint au Maire de Nice : " Pour mourir, il n'y a pas de bel âge"

Rédigé par Parlons d'orthodoxie le 27 Décembre 2012 à 07:39 | 3 commentaires | Permalien



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