Père Andrew Phillips: La pensée et l’enseignement du Père Alexandre Schmemann
Je voudrais faire part aux lecteurs de ce site d’une réflexion, inspirée par le journal du Père Alexandre Schmemann, écrite par le Père Andrew Phillips. La pensée et l’enseignement du Père Alexandre Schmemann ont une grande importance dans l’Archevêché des Eglises Russes d’Europe occidentale. Il me semble donc utile à la réflexion de tous de prendre connaissance de l’article du Père Andrew Phillips, qui a une approche de l’Orthodoxie assez différente de celle du Père Alexandre. Je tiens à souligner que, l’un comme l’autre, ces deux prêtres sont animés par le désir sincère d’amener des âmes au Christ. Et il appartient au lecteur de faire la part des choses en ce qui concerne le jugement, parfois sévère, du Père Andrew concernant l’enseignement du Père Alexandre. Je recommande vivement aux anglophones cet article dans son intégralité sur le lien ICI
Pour ma part, je donne uniquement la traduction en Français de la seconde moitié de cet article pour éviter de mettre en ligne un exposé trop long.
Je tiens aussi à faire remarquer qu’il n’est pas question ici de l’immense travail d’écriture fourni par le Père Alexandre, travail utile et toujours largement utilisé aujourd’hui. Il est question du fond de la pensée du Père Alexandre tel qu’elle apparaît dans les pages de son journal. ( Marie GENKO )


Père Andrew Phillips: La pensée et l’enseignement du Père Alexandre Schmemann
« Nous parvenons à présent à la véritable tragédie du Père Alexandre. ….
Il était suffisamment intelligent pour rejeter l’école de Paris (p.527), il traitait Boulgakov d’hérétique, l’accusait de marxisme à l’envers (p.527), de fantaisie occulte (« sophianisme »), d’imagination, d’auto-exaltation et de déracinement. Mais le Père Alexandre lui-même était totalement déraciné, à la fois intellectuellement et culturellement, ni Russe, ni Parisien, ni Américain.
L’essentiel de la tragédie du Père Alexandre se résume dans le fait qu’il aimait la Bible et l’Eucharistie (p.615, 635- et qui ne les aime pas ?) mais il n’accepta jamais la masse populaire de l’Eglise, telle qu’elle apparu sous le règne de Constantin, cette Orthodoxie des masses qui est le fruit de l’Incarnation. Fondamentalement - et c’est ce qui donne un prétexte à toutes les accusations qu’il était Protestant – il ne franchit jamais la limite du 4ème siècle, il n’accepta jamais la réalité d’une Eglise des masses populaires. Voilà pourquoi il refusa toujours ce mouvement sanctifiant de balancier de l’Eglise du 4ème siècle, celui de l’Orthodoxie du monachisme, de l’ascétisme, des symboles, des mystères, des Pères de l’Eglise, du « Byzantinisme », de la Sainte Russ, des Iconostases, des prières secrètes, de la confession, de la vie des Saints, de la vénération des reliques, des Menées, du « sanctoral », des akathistes, des molebens (services d’intercession) et des panikhides (service à la mémoire des défunts).

C’est certainement une excellente chose de louer « les chrétiens primitifs », « qui n’avaient pas d’iconostases » mais contrairement à nous, ils étaient des Saints, capables de d’endurer à n’importe quel moment le martyr, et nous ne sommes pas des Saints.

En ce sens, l’orthodoxie du Père Alexandre était une orthodoxie puriste et élitiste, qui ne tenait simplement pas compte du fait que la plus part des gens sont heureux de participer à des célébrations, dont ils ne saisissent que peu de choses intellectuellement, parce qu’ils ne comprennent pas la langue utilisée. Ils n’ont pas besoin de la comprendre. La plus part des gens ont besoin d’une atmosphère pour prier et non de livres à lire, de choses à comprendre. La plus part des gens ne lisent simplement jamais et ne vivent pas de leur intelligence. Leurs besoins sont différents. Ils vivent dans leurs corps et dans leurs cœurs, même si, pour les intellectuels, cela semble une approche émotionnelle ou sentimentale – ou spirituelle et « mystique ».
Il est intéressant de constater que ceci est le nœud du problème qui se pose aujourd’hui à tous ces Russes d’origine, ou qui se disent de « Tradition Orthodoxe Russe », qui refusent toujours d’accepter une unité dans l’amour sous l’autorité de l’Eglise Orthodoxe Russe : ils ne peuvent accepter l’Orthodoxie des masses populaires, mais préfèrent de petites « communautés » presque de petits ghettos, souvent de 20 à 30 personnes, parmi lesquelles chacun est supposé être un intellectuel, et avoir ainsi une foi « pure ». Ceci est essentiellement de l’orgueil, l’orgueil qui se cache derrière chaque division, derrière chaque rejet de l’unité, que celui-ci vienne de la gauche (séminaire Saint Vladimir) ou de la droite (la véritable Eglise Orthodoxe etc.) Ils pensent tous, qu’eux seuls « seront sauvés ». Et cela montre simplement une absence d’amour inacceptable pour ces masses populaires , qui, en réalité, ne les rejoindront jamais.

Les malentendus

Intellectuellement, le Père Alexandre ne comprit jamais que l’orthodoxie est, dans sa conduite de vie chrétienne, l’Evangile incarné. De là viennent aujourd’hui les accusations d’hérésie contre le Père Alexandre en Russie. En cela, l’esprit du Père Alexandre n’est jamais complètement entré en Eglise, de là son aversion pour le terme « ecclésial » (p.379). Son approche des services religieux était une approche de « dé mythologie » de destruction à la base, en fait l’approche d’un critique littéraire profane. Tout l’aspect mystique en était absent, ne restait que le bibliste rationnel protestant. Ironiquement c’est aussi cela qui conduisit au nationalisme ethnique américain russophobe, qui infecte jusqu’aujourd’hui une partie de l’OCA (Orthodox Church in America).

« Père spirituel de l’OCA », le Père Alexandre, n’était pas russophobe (p.360), mais il avait une vue très critique de la Russie (p.438) et il se sentait davantage chez lui, à l’Ouest, à Paris. En parlant de l’évêque Gregory Grabbe de l’EORHF (Eglise Orthodoxe Russe Hors Frontières, juridiction dans laquelle se trouvaient des groupes s’opposant entre eux, du moins aux USA), le Père Alexandre exprima que les enfants sont certainement pires que leur père (p.54). Le Père Alexandre, qui était un internationaliste, aurait été horrifié par le nationalisme qu’expriment aujourd’hui certains de ses enfants spirituels dans diverses juridictions. Déjà de son vivant, il s’inquiétait du style protestant de l’activisme et de l’approche du business à l’américaine dans l’OCA (p.438-617-18), qu’il avait bien malgré lui encouragé ; et il admettait lui-même, qu’il se sentait davantage à la maison « à l’Ouest » et non « à l’Est » c'est-à-dire qu’il se sentait mieux « à l’Ouest » que dans un univers orthodoxe.

Ainsi le Père Alexandre ne comprenait souvent l’Eglise que comme « une religion » (mot qu’il n’aimait pas en évidence – nous détestons « les religions organisées », c’est la raison pour laquelle nous sommes orthodoxes) il n’aimait ni « les théologiens » (p.39), ni les institutions (« croix et barbes » p.10) (en tant qu’institution, évidemment tous nous ne l’aimons pas (la religion), mais nous l’acceptons comme nécessaire). Il ne regardait jamais plus loin que l’apparence de la coquille, ne voyant pas son contenu ? Il y avait toujours chez lui cette superficialité ; si typique des conférenciers orthodoxes dans le circuit des conférences internationales, avec leur vues académiques, plates, superficielles et dénuées de spiritualité concernant l’Eglise, et sans réelle expérience. La tragédie du Père Alexandre fut qu’il ne réalisa jamais ce principe positif à savoir que l’Orthodoxie est toujours incarnée dans la vie des groupes et des Nations ; il ne voyait que les aspects négatifs de l’Incarnation et à cause de cela en rejetait le principe même. En dépit du fait qu’il comprenait clairement les faiblesses de nombres de personnes, par exemple le prince Andronikov (p.110 et 132), Olivier Clément (p.422), Dimitri Obolensky (p.604, 607, 630) et Nicolas Zernov (p.78, 79, 564), il montrait une certaine naïveté dans son jugement concernant d’autres personnes. Comme nous l’avons déjà mentionné, il avait une saine aversion pour « les pères spirituels » (p.35, 631) et le mensonge d’une pseudo-spiritualité (ce qui est un phénomène inter juridictionnel – le diable se faufile toujours partout). A partir de cela nous pouvons comprendre son attitude envers une mauvaise sorte de convertis (« les maximalistes »), il les rencontra par exemple à Oxford au début des années 80 (les transfigurés p.640).

Le Père Alexandre ne comprenait pas du tout la véritable Angleterre, il ne connaissait que les élites de Londres et d’Oxford (p.590). Comme tous les élitistes, il ne comprit jamais le peuple. Je me souviens parfaitement d’un de ses disciples à Paris, diplômé de Saint Vladimir, me faisant part de son choc en prenant connaissance des aspects de la vie de tous les jours, la vie que moi-même, et tous ceux que je connaissais bien, avaient toujours menée, et je me demandais de quelle planète venaient des gens comme lui. C’était de la planète de la Désincarnation.

La dimension absente

Le Père Alexandre écrivait qu’il aimait l’Orthodoxie, (l’idée désincarnée, la théorie), mais qu’il n’aimait pas l’Eglise (p.237-7, 248) qui, Elle, est incarnée. Il opposait parfois l’Eglise et la chrétienté au Christ (p.85, 459), chose qu’il est possible de faire seulement si on considère l’Eglise comme une institution surtout humaine, artificielle et « Byzantine » (p.92, 95, 105, 331, 452). Son aversion pour le « Platonisme » le « Byzantinisme » pour Saint Dionysos l’Aréopagite (p.236, 453, 619- Comme tout ce non sens « pseudo Dionysos » est fatigant) son aversion pour Saint Maxime le Confesseur contrariait de façon tout à fait compréhensible le Père Georges Florovsky et tous les Grecs – et pour cette raison tous les Orthodoxes- qui méritaient davantage de sa part. Voilà pourquoi il n’aimait pas également le terme « Sainte Russie », qu’il confondait aussi avec l’idolâtrie, au lieu de La comprendre comme une Incarnation du Christ, ce qui est la réalité de la Sainte Russie.

Parfois, il considérait les services liturgiques à la façon d’un critique littéraire jugeant des textes, laissant échapper tout l’aspect mystique de la liturgie orthodoxe et cela parce qu’il était tellement concerné par l’aspect humain de la vie de l’Eglise. Et comment aurait-il pu conserver un jugement équitable sur tout cela ? Il n’y avait aucun monastère où il aurait pu aller se ressourcer spirituellement, juste sa maison d’été familiale au Canada. D’un autre côté, nous avons vu qu’il prenait position contre la fausseté en Eglise, contre une pseudo-religiosité, contre l’hypocrisie, la bigoterie et qu’il comprenait que toute la théologie orthodoxe est contenue dans les services religieux.

Le Père Alexandre comprenait la place centrale de l’Eucharistie et parlait de « Eucharistisme » (p.608). Il œuvra beaucoup pour encourager une communion fréquente auprès de son troupeau composé dans sa majorité d’ex-uniates, qui avaient été forcés d’adopter, plus de deux siècles auparavant, la vieille coutume catholique d’une communion rare. Cependant le Père Alexandre ne comprenait absolument pas la nature sacrée, « Byzantine » mystique de l’Eglise (p .452, 518, 480), ni la prière secrète, la repentance, la vie ascétique, ni Saint Grégoire Palamas (p.374, 539), ni Saint Ignace et Saint Théophane (p. 502, 587), et, comme d’autres parisiens, il ne comprenait pas l’utilité de la confession (p. 511) de la prière et du jeûne. En cela il était dans le siècle et, comme il l’admettait lui-même, il ne pouvait pas se détacher du monde (p.452). Pour cette raison toute une dimension, toute une moitié de la vie orthodoxe en Eglise lui manquait.

Le Père Alexandre comprenait aussi que Saint Vladimir pouvait déboucher sur un désastre, qui échapperait à son contrôle (p. 34, 331, 438, 460, 596). Il comprenait que les séminaires eux-mêmes ne sont pas orthodoxes ; ils sont le résultat du cléricalisme catholique romain. Néanmoins, malheureusement, à cause de son préjugé anti monastique, il ne comprenait pas qu’un véritable séminaire doit faire partie d’un monastère, comme Saint Tikhon, dans sa propre juridiction, plutôt qu’un établissement dirigé et conçu par, et pour, des intellectuels. Le Père Alexandre n’aimait pas confesser (p.34, 511), mais il le faisait et, apparemment, il le faisait bien. Il avait de la Liturgie une approche rationnelle, anti mystique (p.518), protestante – et pour cela il accusait ceux qui avaient une approche orthodoxe de se comporter comme des Catholiques (p. 158)

Le Père Alexandre ne comprit jamais l’importance de l’habit clérical, ni celle des femmes aux têtes couvertes dans les églises, ni la fidélité à l’ancien calendrier orthodoxe, ni la façon dont les services sont célébrés (p.96). Il ne comprit jamais qu’en dépit du fait que le rituel est certainement secondaire, il est aussi l’image d’une vérité intérieure. Son rejet de la piété traditionnelle fut une tragédie, il ne comprit jamais que de nombreux paroissiens pieux et fidèles ne sont simplement pas capables de prier dans des églises selon le nouveau calendrier, avec des prie-Dieu et des prêtres glabres, qui interdisent l’usage d’une langue étrangère (elle n’est étrangère qu’aux ignorants) des prêtres, qui interdisent le jeûne et les têtes voilées des femmes.
Il ne comprit pas davantage que des prêtres rasés et portant le col romain ne seraient jamais pris au sérieux, pas plus que le nouveau calendrier- tout du moins dans l’Eglise russe (p.426).
Il est désolant que de jeunes prêtres naïfs, qui célèbrent matines sans observer le Canon (en supposant qu’ils célèbrent les matines ?), qui détestent les Menées, qui gardent les portes royales ouvertes durant toute la liturgie (en supposant qu’il ait un iconostase ?) qui déclament à haute voix les paroles sacrées des prières secrètes, qui mettent des prie Dieu dans leurs églises, qui refusent de confesser et interdisent aux femmes de se couvrir la tête, soient, peut-être injustement, considérés aujourd’hui comme une conséquence de l’enseignement de l’OCA, enseignement appelé à tord à présent le « Schmemanisme ».
Le fait est que, quelque soit son appellation, cet enseignement piétine la piété orthodoxe et scandalise les fidèles.

La personnalité du Père Alexandre

Néanmoins dire, que toute la tragédie actuelle de l’OCA et ses scandales, indirectement mentionnés dans son Journal censuré, seraient la faute du Père Alexandre, est injuste. Il n’était pas seul à fonder l’OCA. Ce qui lui semblait être une bonne idée, en ces tristes temps de guerre froide. Il ne fut pas responsable pour les compromis séculiers qui se répandirent dans certains endroits de l’OCA. Il est vrai que son parti pris anti monastique ne fut pas une aide. Et ce fut l’absence fondamentale d’une vie monacale authentique et d’une tradition ascétique, qui fut, et qui est toujours, la racine du déclin de l’OCA.

Mais pourquoi devrait-on accuser le Père Alexandre, un prêtre marié, un bon et honnête père de famille pour le manque de vie monastique et le déclin qui en résulte ?

Cela ne serait pas le cas si le Père Alexandre avait voulu le pouvoir et s’il avait voulu être responsable de Saint Vladimir – il n’était ni ambitieux, ni carriériste, il aurait été plus heureux en se limitant à prêcher, parler, écrire et vivre avec sa famille. Il lui arrivait bien souvent d’être fatigué et exaspéré par les mesquineries bureaucratiques, les querelles, les plaintes et les coups de téléphone. C’est en dépit de lui-même qu’il avait été placé dans une position de pouvoir. Et ses efforts infatigables en conférences, écriture, confessions, services et émissions sur Radio Liberté, sont certainement inestimables, même s’ils sont unilatéraux.

Le Père Alexandre faisait ce qu’il pouvait, dans les limites de ses possibilités, dans les tragiques limites humaines, qui sont notre lot et qui étaient les siennes. En cela son effort n’était pas moindre que celui de n’importe quel d’autre et même, bien souvent, il lui était infiniment supérieur. Le fait que toute la dimension sacrée, monastique et ascétique est absente de son travail et le fait, qu’il la considérait comme une erreur ( !), ne veut pas dire que sa compréhension de la place centrale de l’Eucharistie soit erronée. Cela veut simplement dire qu’elle est unilatérale – juste la moitié du contenu. Et ce fut cette moitié qu’il fit revivre. Il appartient à ceux qui viendront après lui de redonner vie à l’autre moitié, pour compléter le puzzle.

Aucune Eglise orthodoxe n’a été fondée par des laïques, ou des prêtres mariés. La mission monastique occupa toujours une place centrale, qu’il s’agisse de l’empire romain des premiers siècles, de la Géorgie et de l’Arménie, du pays de Galle, de l’Irlande et de l’Ecosse aux 5ème et 6ème siècles, de l’Angleterre en 597, des Slaves aux 9ème et 10ème siècles, ou de la Roumanie et de la Serbie au 20ème siècle, cette place a toujours été vitale. Sans monachisme, il y a immaturité et prématurité, avec pour résultat une absence de progrès spirituel, juste un « activisme » extérieur qui s’éteint lorsque s’estompent l’émotion et le naïf enthousiasme de la jeunesse.

Conclusion et vue d’ensemble

Nous avons une prémonition depuis 1974 et cette vision des choses est la suivante :

Un jour, après toutes les divisions de l’Eglise Russe, dues à la tragique Histoire de la guerre froide, qu’il s’agisse de l’Amérique ou de l’Europe de l’Ouest, divisions causées par la paralysie du centre à Moscou, lorsque cette situation aura été maîtrisée et consignée dans les livres d’Histoire, toutes les pièces du puzzle devront retrouver leur place. Ce jour là nous verrons à nouveau une image d’ensemble, que peu de personnes de la tragique génération du Père Alexandre auront vue.
Le processus de la reconstruction de cette image d’ensemble a commencé avec la canonisation des Nouveaux Martyrs et Confesseurs à New York et elle a été terminée à Moscou. C’est par leur sang et leur sacrifice que tout a pu changer et que l’Unité a pu se faire. Leur canonisation a donné ses fruits lorsque les deux parties les plus importantes du puzzle, celles particulièrement proches des Nouveaux Martyrs et Confesseurs, l’Eglise Russe Hors Frontières fondée par le Patriarcat russe et le Patriarcat lui-même, entrèrent en communion en 2007.

A présent les autres pièces de ce puzzle, l’OCA et la rue Daru, doivent encore les rejoindre. Cela arrivera lorsque partout et sans restriction, seront commémorés les Nouveaux Martyrs et Confesseurs. Alors le puzzle entier sera reconstitué. Alors la grande image de l’universalité et de la mission mondiale de l’Orthodoxie Russe et son rôle vital dans l’unité de la pan-orthodoxie seront à nouveau visibles. Cela sera évident même pour ceux qui sont partis loin d’elle, parce qu’ils étaient concernés par leurs petits coins retirés et leurs « personnalités ». En ce qui concerne les personnalités dans les petits coins, il y a un proverbe qui dit que si vous voulez être un grand poisson, tout ce que vous avez à faire est d’entrer dans une petite mare. Et c’est ce que certains et leurs adeptes ont fait, ils ont rétréci leur pièce d’eau, afin d’avoir l’air plus importants eux-mêmes.

Comme tout ce qui est sectaire, il s’agit ici d’une illusion, ou plutôt d’un mensonge à soi-même. Le mensonge avec son culte de la personnalité a toujours été la croix de l’émigration russe. Les petits groupes d’émigrés étaient si concernés par leur petits groupes avec leur petit monde, ils étaient si insulaires, si coupés de leur centre, qu’ils avaient perdu la vision de la grande image, la vision du Tout. Cela est compréhensible puisque leur centre était captif d’un athéisme militant. Ainsi que restait-il d’autre que de petits coins et quelques personnes ayant le souvenir de la grande image et souhaitant sa restauration ? Mais ces temps sont à présent révolus, ils doivent être rangés dans la case des mauvais vieux jours – et, ne nous faisons pas d’illusion, c’est ce qu’ils étaient.

Il n’y a aucun doute que le Père Alexandre aida de nombreuses personnes à entrer dans l’Eglise, personnes qui plus tard eurent une compréhension et une vie plus profondes dans l’Eglise du Christ et lui en furent reconnaissantes. Il est un fait que la métropole moribonde des années 1950 avec son ritualisme ethnique de « l’ancienne patrie » fut transformée par lui et son entourage. Il est indubitable, qu’en dépit de ses vues unilatérales, le Père Alexandre était sincère et de bonne volonté. Il est aussi indubitable qu’il a aidé à poser les fondations et le renouveau de l’Eglise Orthodoxe en Amérique du Nord.

Depuis la mort du Père Alexandre, d’autres, comme le Père Ephrem, des membres de l’Eglise Russe Hors Frontières et d’autres encore complètent ce qu’il n’a pas pu faire de son vivant, en redonnant vie à toute l’autre moitié, supranationale, de l’Eglise orthodoxe, le monachisme, l’ascétisme , la Tradition, que le Père Alexandre, en homme de son temps, ne connaissait et ne comprenait que partiellement.

Pour cette raison, à l’intention de celui qui aida à poser ces fondations, nous n’hésitons pas à dire :
Au Protopresbytre Alexandre – Mémoire éternelle !

Archiprêtre Andrew Phillips, recteur de l’église de Saint Jean de Shanghai, Colchester U.K.
16 février/1er mars 2011

Cet article a déjà été publié Orthodoxierusseoccident
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Notes du traducteur

1) Les numéros de pages cités ci-dessous correspondent à l’édition anglaise du journal du Père Alexandre Schmemann.

2) Colchester, England. March 1, 2011. Archpriest Andrew Phillips, Comparing Notes: The Diaries (Дневники) of Fr. Alexander Schmemann and Russian Church Unity in the Diaspora

3) Cet article a déjà été repris partiellement en russe sur le lien ICI
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"PO" V.Golovanow - Reconfiguration inachevée de l'Eglise russe dans l'émigration
Marie Genko - Réflexion sur le modernisme dans mon Archevêché
Par Georges Nivat - "Prêtre, orthodoxe, occidental et russe: Alexandre Schmemann"

Rédigé par Marie GENKO le 2 Juin 2011 à 09:45 | 17 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Théophile le 02/06/2011 14:11
Quelle tristesse de lire un pareil jugement sur cette personne remarquable que fut le père Alexandre ! Qui est ce père Andrew pour se permettre de tels jugements ?

2.Posté par Boris le 02/06/2011 20:57
Merci p.Andrew et madame Genko!
Quelle structure et travail
Tout cela est complété d'un superbe texte, à la fois émouvant et détaillé

3.Posté par Marie Genko le 02/06/2011 21:51

Cher Théophile,

Le Père Andrew Phillips est un prêtre de l'EORHF en Angleterre.
Vous avez parfaitement raison, le Père Alexandre Schmemann a accompli une œuvre remarquable, puisqu'il a redonné vie au diocèse russe d'Amérique, qui était moribond en 1950, comme l'écrit le Père Andrew ci-dessus.
Comme c'est également mentionné dans cet article, le Père Alexandre a travaillé bien plus que d'autres pour remplir son devoir pastoral.
Il a voulu introduire, ce que nous appelons le modernisme, dans le rite orthodoxe russe.
Pour lui, il s'agissait d'un retour au christianisme des premiers siècles.
Je me trompe peut-être, mais il me semble évident que c'est la volonté de témoigner un christianisme orthodoxe accessible aux Protestants américains, qui l'a amené à agir ainsi.

Ce qui est dommage, c'est que nous n'admettons pas, lorsque nous avons de l'admiration pour une personne, surtout lorsqu'il s'agit d'un ecclésiastique, qu'il puisse commettre la moindre erreur...
Nous avons terriblement besoin d'avoir une sorte de vénération, de culte de la personnalité, qui nous entraîne à accepter en bloc la vérité et la part d'erreur contenues dans la grande majorité des enseignements qui nous sont dispensés.
Il faut pourtant nous souvenir que nul d'entre nous n'est infaillible!

Pour ma part, je pense que les orthodoxes russes, ou d'origine russe, ne sont pas prêts à accepter un changement dans le rite séculaire qui est le leur.
Cela ne veut pas dire, qu'aux USA, un rite plus dépouillé ne permettra pas d'attirer de nouvelles âmes vers le Seigneur!
La juridiction du Père Andrew est infiniment plus conservatrice que ne l'est l'OCA.
Et la longue querelle qui a opposé l'EORHF et l'OCA a certainement porté les fidèles et les prêtres de ces deux juridictions à une attitude réciproque plus critique que nécessaire.
Pourtant il me semble que lorsque un prêtre ou un théologien commet une erreur, il est tout à fait "SAIN" de relever cette erreur, avant qu'elle ne contamine un grand nombre....!
Voilà pourquoi, dans nos communautés orthodoxes nous ne devons pas hésiter lire les opinions des nos prêtres et de nos théologiens, même si ces prises de position semblent parfois se contredire!
Il est bon que certains pasteurs soient plus conservateurs et traditionalistes que d'autres, car les fidèles eux aussi ont des sensibilités différentes.






4.Posté par irénée le 03/06/2011 10:10
Il me semble une fois encore que ces commentaires reposent plus sur des "constructions" ou des "représentations" assez artificielles et peu fondées...
On parle de modernisme, de plaire au monde protestant et je ne sais quoi d'autre...
Comme je l'ai déjà écrit ici, j'ai eu le bonheur de participer à plusieurs reprises à des offices présidés par le Père Alexandre, dont la dernière semaine sainte qu'il a célébrée à St Vladimir. En lisant ces commentaires, j'ai simplement l'impression que vous parlez de quelqu'un d'autre...
La rigueur et la précision avec laquelle Père Alexandre célébrait les offices était absolument remarquable et exemplaire (y compris pour beaucoup de prêtre du Patriarcat de Moscou aujourd'hui...)
Il ne faut pas confondre certains de ses écrits, certaines de ses réflexions ou propositions qu'il a pu faire afin de provoquer ou de nourrir le débat avec la manière dont il a lui même vécu et célébré.
Et je ne comprend absolument pas cette volonté de caractériser les paroisses ou les prêtres en les traitant de "schmemaniens" ou d'autres attributs...
Encore une fois tout ceci me semble assez désolant et peu conforme à l'enseignement de l'évangile...
et à la Tradition vivante de l'Eglise...

5.Posté par Théophile le 03/06/2011 10:57
Chère Marie,

Bien entendu, Schmemann n'est pas infaillible (pas plus qu'un autre), et de nombreux points de sa théologie sont contestables, mais il faudrait pour cela l'étudier et fournir des arguments profonds et valables, et non des ragots médisants ("protestant", "moderniste", accusé d'"hérésie").

Heureusement, le père Andrew est là, qui veille, pour dénicher toutes les erreurs de Schmemann, et amener la théologie malade à la guérison !!!
Cela me fait penser au grand Inquisiteur...

6.Posté par An orthodox from Moscow le 03/06/2011 11:27
Я рад что вы вернулись к обсуждению текстов о.Александра. Я уже писал своё мнение в комментариях к статье госпожи Генко: "Réflexion sur le modernisme dans mon Archevêché"
Русская интеллигенция в современной России, та которая пришла в храм поздно и не любит обрядовости и традиции, вполне разделяет всё то что говорил и проповедовал о.А.Шмеман. Об этом в статье о, Андрея написано много/ см. ссылку/, а вот отрывок:

"Главная трагедия о. Александра в том, что, хотя он любил Библию и Евхаристию (стр. 615, 635 - а кто из православных их не любит?), но так и не признал «массовость» православной церкви, появившуюся еще при императоре Константине Великом. Это «массовое» православие есть плод воплощения. В сущности (и за это его особенно обвиняют в протестантизме), о. Александр так и не продвинулся далее IV века - так и не принял тот факт, что православная церковь - это церковь «Массовая», церковь многих и разных народов.

Следовательно, он так и не признал монашеское движение, которое имело место в православной церкви в IV веке - с его аскезой, символами, таинствами, отцами, «Византией», «Святой Русью», иконостасами, тайными молитвами, исповедью, житиями святых, почитанием мощей, «Минеями», «Санкторалом», акафистами, молебнами и заупокойными богослужениями"

7.Posté par Marie Genko le 03/06/2011 14:06

Cher Irénée,

Comme l'écrit si justement le Père Alexandre Schmemann, cité par le Père Andrew ci dessus:
"...les enfants sont pire que leur Père..."
Le Père Alexandre était un liturgiste scrupuleux au dire de tous ceux qui l'ont connu.
Et pourtant lorsque le Père Andrew écrit:

"Il est désolant que de jeunes prêtres naïfs, qui célèbrent matines sans observer le Canon (en supposant qu’ils célèbrent les matines ?), qui détestent les Menées, qui gardent les portes royales ouvertes durant toute la liturgie (en supposant qu’il ait un iconostase ?) qui déclament à haute voix les paroles sacrées des prières secrètes, qui mettent des prie Dieu dans leurs églises, qui refusent de confesser et interdisent aux femmes de se couvrir la tête, soient, peut-être injustement, considérés aujourd’hui comme une conséquence de l’enseignement de l’OCA, enseignement appelé à tord à présent le « Schmemanisme »

Cette affirmation repose sur un fondement....

J'ai lu avec beaucoup d'intérêt le Journal du Père Alexandre et je trouve que c'est là un témoignage extraordinaire, unique, de la vie de l'Orthodoxie aux États Unis!
J'ai attentivement étudié son livre "Le chemin de l'Orthodoxie" qui est étudié par les séminaristes du séminaire russe (PM) d'Epinay sous Sénart comme support de leur cours d'Histoire de l’Église!

Enfin je suis paroissienne de l'Archevêché Orthodoxe Russe d'Europe Occidentale et c'est à cause de certaines inaugurations, qui se mettent tout doucement en place, que je me suis intéressée à leur source.
Voilà ce qui m'a amenée à écrire, il y a déjà plusieurs mois, l'article qui est mis en référence sous celui du Père Andrew Philipps ci-dessus.

Et comme le Père Andrew je n'hésite pas à dire :

Au Protopresbytre Alexandre -MEMOIRE ETERNELLE!


8.Posté par Marie Genko le 03/06/2011 15:01
Cher Orthodoxe de Moscou,

Merci pour votre commentaire.
C'est à nous et à tous nos théologiens de veiller à ce que notre religion orthodoxe continue, comme elle l'a toujours fait, à appeler les fidèles à la SAINTETÉ !

Nous avons la chance de vivre à une époque où l'information circule à la vitesse de la lumière!
Et grâce à cela, nos moines orthodoxes de la Sainte Montagne et nos Patriarches peuvent veiller avec une sollicitude tout à fait particulière à la pureté de notre Foi!
Ils peuvent nous rappeler à l'ordre si nous nous éloignons de ce chemin étroit qui nous conduit vers le Seigneur !
Ce chemin, qui est celui des différentes traditions liturgiques orthodoxes, forgées dans les siècles par la piété des fidèles et par les Saints qui les ont conduit.

9.Posté par irénée le 03/06/2011 17:49
J'aimerais inviter les lecteurs de ce blog à ouvrir un peu leur horizon orthodoxe...
Regardez par exemple les photos des visites du métropolite Jean (Yazigi) On y voit des célébrations dans des cadres divers...pourtant ce très respectable évêque n'est pas un disciple du Père Alexandre, ni formé rue Daru...
Voulez-vous dire que parcequ'il célèbre sans iconostase il ne serait pas orthodoxe ?

10.Posté par Larissa le 03/06/2011 18:12
@Irénée

Et voici: "Une vidéo-diaporama sur les récentes visites pastorales de Mgr Jean (Yazigi), métropolite de l'Archevêché grec orthodoxe d'Antioche d'Europe occidentale et centrale, est proposée ici."

N'ai nulle part trouvé des photos de célébration sans iconostase?!!! Simplement des conférences.

11.Posté par irénée le 03/06/2011 19:12
Regardez Hambourg par exemple...Personnellement je n'y vois pas un problème majeur... mais je voulais simplement dire qu'il y a certaines situations ou des personnes qui ne sont pas des les courants si contestés ici se sentent libres de ne pas suivre à la lettre certains usages...

12.Posté par Marie Genko le 03/06/2011 21:16

Cher Irénée,

Mgr Jean Yazigi semble la bonté même et il a un beau visage lumineux!
Je suppose qu'avec tous les voyages qu'il effectue pour remplir ses devoirs pastoraux, il doit célébrer dans un nombre importants de paroisses différentes...
Si certaines ne possèdent pas encore d'iconostases, allons-nous avoir l'esprit suffisamment étroit pour le lui reprocher???
Comme l'écrit Théophile, avec tant de justesse, ce serait nous comporter comme des inquisiteurs!
Parce qu'en Europe occidentale, nous sommes souvent obligés de vivre dans des églises qui sont prêtées par l’Église Locale Catholique, il n'y a rien d'étonnant à ce que certains prêtres célèbrent au moins provisoirement sans iconostase!

Pourquoi la Tradition orthodoxe a-t-elle introduit les iconostases dans les églises?

C'est tout simplement pour induire les fidèles à se souvenir des Saints qui les ont instruits dans leur Foi.

N'oublions pas que tout au long de bien des siècles, nombreux étaient ceux qui ne savaient pas lire!

Voir Le Christ, la Mère de Dieu, Jean le Baptiste et de nombreux autres Saints représentés sur les iconostases était une façon d'instruire les analphabètes dans la Foi chrétienne.

Mais aujourd'hui encore, l'iconostase nous incite à la prière et c'est la raison pour laquelle nous lui sommes attachés.

13.Posté par An orthodox from Moscow le 03/06/2011 21:26
@irénée
А почему сегодня нужно строить православные храмы без иконостаса? В чём смысл? Мы же не в 3 веке, когда небыло даже икон? Вы хотите, чтобы была "простота" как у протестантов?
Конечно, во времена о.А.Шмемана эмиграция была бедная и приходилось строить храмы простые, но и тогда/ как я читал в литературе/ старались устроить всё по-людски, по Божески. Строили храмы и были иконы и иконостасы и свечи и облачения и проч.. Не будем же мы сегодня специально устраивать фальшивую "аскезу"?
ЭТО НАЗЫВАЕТСЯ ОБНОВЛЕНЧЕСТВО!!!!!

14.Posté par vladimir le 03/06/2011 21:32
Je n'ai jamais trouvé chez le père Alexandre Schmemann de contestation de l'iconostase. Bien au contraire, il explique que ce n'est pas une barrière, mais un trait-d'union entre la nef et le sanctuaire, entre la terre pécamineuse où nous sommes tombés et le Règne réellement présent dans la sainte liturgie...

15.Posté par Marie Genko le 04/06/2011 09:05

Cher Vladimir,

Il n'est pas question pour moi de porter un jugement sur l’œuvre du Père Alexandre Schmemann!

Je suis bien trop consciente que j'en suis totalement indigne.

Je pense qu'une critique, dans la CHARITÉ, comme celle du Père Andrew Phillips, est toujours constructive, surtout pour ceux qui s'appuient sur l'enseignement du Père Alexandre Schmemann pour apporter des innovations, pénibles aux plus conservateurs d'entre nous.

Et, Orthodoxe de Moscou a parfaitement raison d'écrire que pour un orthodoxe russe "обновленчество" rappelle de particulièrement mauvais souvenirs liés à la révolution.

La raison pour laquelle j'ai traduit le texte du Père Andrew Phillips est parce qu'il dit explicitement ce que je crois depuis longtemps:

A savoir que l'exemple du Père Alexandre Schmemann, et la création par ses soins de l' Église autocéphale en Amérique, est la raison profonde de la russophobie et d'un nationalisme français anti Église russe au sein de l'Archevêché.

La citation que je reprends, dans le texte ci-dessus, du Père Andrew Phillips l'explique ainsi:

"Il est intéressant de constater que ceci est le nœud du problème qui se pose aujourd’hui à tous ces Russes d’origine, ou qui se disent de « Tradition Orthodoxe Russe », qui refusent toujours d’accepter une unité dans l’amour sous l’autorité de l’Eglise Orthodoxe Russe : ils ne peuvent accepter l’Orthodoxie des masses populaires, mais préfèrent de petites « communautés » presque de petits ghettos, souvent de 20 à 30 personnes, parmi lesquelles chacun est supposé être un intellectuel, et avoir ainsi une foi « pure ». Ceci est essentiellement de l’orgueil, l’orgueil qui se cache derrière chaque division, derrière chaque rejet de l’unité, que celui-ci vienne de la gauche (séminaire Saint Vladimir) ou de la droite (la véritable Eglise Orthodoxe etc.)"

Les prétextes qu'on nous allègue en permanence pour appuyer le refus de l'union avec notre Église Mère, sont, qu'il est impossible d'être soumis à un patriarcat dépendant de l'Etat russe, alors que parallèlement, nous voyons chaque jour à quel point Sa Sainteté Bartholomée est l'otage de l'Etat Turc et du gouvernement américain...
Le désir exprimé de l'Archevêché de fonder une Église Locale Orthodoxe d'Europe Occidentale a vu ce rêve, inspiré par l'exemple de l'OCA, s'effondrer à la suite des réunions de nos théologiens à Chambésy.

Malgré cela, le refus de revenir au sein de son Église Mère est toujours présent!
L'Archevêché est donc voué à rester UN EXARCHAT GREC de tradition russe....?

Les fidèles de l'archevêché, attachés à l’Église Russe, et nous sommes encore très nombreux, n'auront donc plus d'autre alternative que celle d'abandonner leurs paroisses, quel que soit l'arrachement que cela apportera dans leurs existences.

VOILA LA CROISÉE DES CHEMINS A LAQUELLE NOUS SOMMES ARRIVES!!!!

16.Posté par Daniel le 04/06/2011 11:56
Je compte traduire l'article de Père Michel Pomazansky qui revient sur les soucis de la théologie liturgique chez le Père Alexandre Schmemann et notamment certaines de ces affirmations. Mes souvenirs de lecture du Père Alexandre sont loin, et ils ne sont pas pas positifs. Je l'ai toujours jugé assez banal (ça ne m'a jamais décoiffé, rien d'exceptionnel; chez des modernes le Père Justin de Celije quand il parle de l'église, ou même l'ancien Païssios du Mont Athos, ou le Père Cleopas sont bien plus fascinant; on sent un souffle patristique qu'on ne retrouve pas chez l'auteur précité), ne justifiant pas toujours ses affirmations et en effet, un rien partisan de cette vision selon laquelle à partir du 4e siècle, bien des choses changeraient en moins bien, bien sûr...

C'est cette vision qui est pour le moins problématique car souvent l'auteur laisse à penser que les fidèles sont cocélébrants de la liturgie (ah bon) et que dans l'église ancienne il n'y avait pas de distinction entre fidèles et clergé

Pour l'iconostase, elle ne tient pas uniquement à l'analphabétisme des gens de l'époque, qui tout en étant analphabètes (à vérifier d'ailleurs car Jésus, fils de charpentier savait bien lire bien que n'ayant pas étudié, a, je suppose discuté avec Pilate et les Romains en grec...) comprenait parfaitement la langue des célébrations (qui était une langue moderne à l'époque) mais comme l'explique volontiers le métropolite Hiérothée de Naupacte, au fait qu'au 4e siècle l'église devient en effet une église de masse. Jadis, seuls n'entraient dans l'église et n'y demeuraient pour toute la liturgie que les fidèles non excommuniés (c'est à dire non interdit à communion pour des péchés) alors que les autres personnes selon les moments devaient quitter l'église un peu comme les catéchumènes. La mot "messe" vient du racine latine signifiant renvoi. Mais à cette époque l'iconostase n'existait pas en tant que tel, même si la séparation entre nef et sanctuaire est bien nette (balustrade, voile ou autre).

Pour signaler la dimension ascétique et exigeante du christianisme aux nouvelles masses, qui n'étaient pas un noyau dur comme par le passé, on érige des iconostases... Cela expliquerait aussi pourquoi les prières se font secrètes...

Naturellement, certains ayant peut-être mal lus ou mal interprétés ou instrumentalisant le Père Alexandre, veulent un "retour aux sources" d'avant le IVe siècle. Il n'y avait pas d'iconostases donc supprimons, les iconostases ou instaurons des iconostases ouvertes, disons les prières secrètes à voix hautes... Je leur réponds : les confessions étaient publiques, faites donc des confessions publiques, les excommunications étaient fréquentes en cas de péché faites-en de même etc... Je parle trop et devrait traduire le texte promis

17.Posté par Boris le 04/06/2011 15:54
@Daniel №16
Merci, pour cette analyse très intéressante ! Cet article est fortement utile pour nous. Je rejoins votre analyse... en particulier pour ce qui concerne un "retour aux sources" d'avant le IVe siècle. Pour quelle raison ?

18.Posté par l'équipe de rédaction le 22/06/2011 16:15
Отрывок из интересной статьи о Православной Церкви в Америке
Полностью статью можно прочесть по ссылке

ЦЕРКОВНЫЙ ВЕСТНИК, ЖМП
Доктор богословия протоиерей Михаил Аксенов-Меерсон

"Иммигранты карпатороссы, русское духовенство и их каноническое признание"

.............................
При всей своей самостоятельности американская митрополия оставалась глубоко провинциальной, мало способной себя выразить богословски и церковно-кафолически. Эта ситуация стала меняться, когда Промыслом Божиим в ней возник второй этаж — в виде переселившегося сюда после Второй мировой войны очень небольшого слоя высокорафинированной и профессиональной русской церковной интеллигенции, которая составила штат местной богословской школы — Свято-Владимирской семинарии — и часть церковного лидерства в среде духовенства и епископата. Среди наиболее выдающихся следует назвать отца Георгия Флоровского, Георгия Федотова, Николая Арсеньева, Николая Лосского, профессора канонического права Александра Боголепова, бывшего первым выборным ректором Санкт-Петербургского университета. Хотя они и осели в маленькой и мало кому известной тогда семинарии, Флоровский, Федотов, Лосский и Арсеньев оставались при этом творцами высшей русской философской и богословской культуры ХХ века. Отметим, что все эти деятели были прежде всего люди русскоязычные, сформировавшиеся профессионально в России, а затем прожившие долгие годы в Европе и приехавшие в Америку уже в преклонном возрасте.....

Эта ситуация начала меняться с приездом в Америку молодого и энергичного профессора Свято-Сергиевского института отца Александра Шмемана. Его сотрудник по семинарии и соработник по созданию автокефальной Церкви отец Иоанн Мейендорф так сказал о нем в статье-некрологе: «Пожалуй, самым ощутимым вкладом отца Александра в жизнь Свято-Владимирской семинарии было то, что ему удалось включить духовную школу в самую ткань церковной жизни. При нем она перестала быть только академическим учреждением, пользующимся уважением в экуменических кругах, но в значительной мере инородным по отношению к жизни епархий и приходов» (12).

Отец Александр Шмеман рассказывал мне, что, приехав в Америку из Парижа, где он преподавал в Свято-Сергиевском институте церковную историю, он нашел в Америке православную пустыню. Разбросанные по огромной территории США и Канады, почти не связанные между собой, приходы жили своей изолированной общинной жизнью на уровне местного этнического клуба, вполне чувствуя себя самодостаточными и не интересуясь ничем, что как-то выходило за границы их собственных приходских забот. Состоявшие в основном из рабочих семей, сталеваров и шахтеров, тяжелым физическим трудом зарабатывавших свой хлеб, эти приходы вышли из униатской традиции, где всё образование и руководство были в руках и на средства католической иерархии и осуществлялись профессионалами, священниками и монахами в клерикальном духе, без участия мирянской паствы. Поэтому эти приходы не считали нужным поддерживать ни богословское образование, ни центральную администрацию и какие-то общецерковные программы митрополии.
Отец Александр красочно описывал жилье профессорского состава до того, как его стараниями и верой семинария приобрела собственный кампус под Нью-Йорком. В большой епископальной квартире, где проходили занятия Свято-Владимирской семинарии, в зале, разделенной перегородками из занавесок, ютилось несколько семей профессорского состава. Ее ректор отец Георгий Флоровский, по рассказу отца Александра, и не пытался получить какие-то средства от собственной церкви и все счета посылал на оплату епископалам. Надо было преодолеть бездну между интеллектуальной элитой семинарии и достижениями русского богословия Свято-Сергиевского института, с одной стороны, и полным безразличием к богословию и непониманием того, что же происходит за Литургией в повседневной приходской жизни, — с другой. Для этого надо было начать просветительскую деятельность во всеамериканском масштабе, что отец Александр и начал делать, неутомимо разъезжая по всей Америке с лекциями и докладами, показывая, что богословие — это самосознание Церкви и потому должно быть открытым для всех. Но где это самосознание выражается с максимальной силой?

Прежде всего в церковной, литургической молитве. Не случайно отец Александр, по специализации церковный историк и канонист, выбрал для себя в Америке именно литургическое богословие. В том, что для многих уже давно превратилось в малопонятный и потому представлявшийся ненужным грузом «обряд», отец Александр видел основное богатство православия и поставил своей задачей показать за «обрядом» само тело богослужения, в котором внутренним, церковно-очевидным образом является Христос, обещающий: Где двое или трое собраны во имя Мое, там Я посреди них (Мф. 18, 20). Именно в богослужении реализуется имя Еммануил, что значит: с нами Бог (ср.: Мф. 1, 23). Считая богословие прежде всего осмыслением веры и Литургии, отец Александр стал строить мост от академического богословия к приходской жизни, приглашая весь народ Божий к сознательному и всеобщему участию в евхаристии.

Поразительно, с какой отзывчивостью и благодарностью Церковь откликнулась на проповедь отца Александра. Годами разъезжая по приходам со своими просветительными беседами, отец Александр радовался ответному свету понимания, загорающемуся в глазах верующих, которые с жадностью впитывали слова смысла, открывающегося им в привычных молитвах богослужения. Так ему удалось пригласить к «Трапезе Господней» всю Православную Церковь в Америке.

Начавшись с богословия Свято-Сергиевского института и с самого отца Александра, это «неисчерпаемое веселие Евхаристии» (13), превратившись в modus vivendi, в естественную жизнь всей ПЦА, стало выплескиваться наружу, заражать и других православных. Евхаристическое возрождение, зародившись в трудах нескольких русских богословов, заквасило и сделало динамичной всю ПЦА, а теперь уже вышло за ее пределы и распространяется среди других юрисдикций в Америке, а также и в других Поместных Церквах.

..........................
"Митрополит Никодим и Томос об автокефилии"

Митрополит Никодим узнал и почувствовал в отце Александре и в Церкви, которую тот представлял, живую силу православного динамизма, забившего ключом уже не в «осколке Византии», а в кафолической (соборной) Церкви Иисуса Христа, Который, как неустанно повторял отец Александр вслед за апостолом Павлом, вчера, сегодня и во веки тот же (Евр. 13, 8). Оставалось только вытащить теперь эту затерянную американскую юрисдикцию из ее угла и поставить на видное место, по словам Господа: И, зажегши свечу, не ставят ее под сосудом, но на подсвечнике, и светит всем в доме (Мф. 5, 15). Проект Томоса об автокефалии получил одобрение всего епископата Русской Православной Церкви. Престарелый Патриарх Алексий I, не имея возможности созвать собор, опросил епископов письменно. Русский епископат высказался в пользу автокефалии для Американской Церкви (14).

Томосом автокефалии Русская Церковь вознесла американскую митрополичью область и повесила ее как паникадило в храме мирового православия. Этот акт незамедлительно вызвал то, что отец Александр в своей одноименной статье назвал «знаменательной бурей»: «Буря, вызванная “автокефалией” ПЦА, является, вероятно, одним из самых значительных кризисов православной церковной истории последних столетий»......


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