CONSTANTINOPLE BOULEVERSE LA CARTE DE L’ORTHODOXIE EUROPÉENNE
Pierre Sautreuil

L’annonce inattendue a pourtant jeté un trouble profond dans l’archevêché, qui a précisé dans un communiqué qu’une telle décision « n’a aucunement été demandée », et que l’archevêque Jean, qui a appris cette décision lors d’un entretien privé avec le Patriarche à Istanbul, « n’a pas été consulté préalablement ». L’archevêché a annoncé une réunion de son conseil « dans les jours qui viennent » afin de débattre de la question, et appelle d’ici là ses clercs et ses fidèles à « garder leur calme » et à « se recueillir dans la prière ».

Au trouble se mêle la perplexité des observateurs, qui peinent à discerner les motifs derrière la décision du Patriarcat de Constantinople.

« Je suis très étonné par cette décision »,
avoue Yves Hamant, professeur émérite des universités, « cela va être difficile à avaler pour les paroissiens de l’archevêché, qui célèbrent la liturgie en slavon, accordent une grande place aux laïcs, et sont très attachés à leur autonomie ».

Une autonomie qui s’était ouvertement manifestée par un désaccord entre le conseil de l’archevêché et le Patriarcat au moment de l’élection d’un nouvel archevêque en 2013, et qui « ne reçoit pas l’approbation unanime du Patriarcat de Constantinople », note Jivko Panev, maître de conférences à l’Institut de théologie orthodoxe Saint Serge à Paris. « Difficile de déterminer dans quelle mesure cette autonomie a motivé la décision du Patriarcat de Constantinople », nuance-t-il cependant.

Le Saint Synode a décidé l’intégration et le rattachement des paroisses de l’archevêché des églises orthodoxes russes en Europe occidentale aux différentes métropoles du Patriarcat de Constantinople dans les pays où elles se trouvent.

Par un communiqué publié le 28 novembre, le Patriarcat de Constantinople a annoncé avoir décidé dans sa session du 27 novembre de « révoquer le tomos patriarcal de 1999 » par lequel il octroyait « le soin pastoral et l’administration des paroisses orthodoxes de tradition russe en Europe occidentale à son archevêque-exarque ». Dans les faits, cette révocation signe la disparition de cet archevêché, et le rattachement de ces paroisses aux métropoles du Patriarcat de Constantinople dans les pays où elles se trouvent.

Issue de l’émigration russe blanche en Europe occidentale à l’époque de la révolution bolchevique de 1917, l’archevêché des églises orthodoxes russes en Europe occidentale est rattaché au Patriarcat œcuménique de Constantinople depuis 1931. Clercs et fidèles émigrés avaient à l’époque refusé de demeurer sous l’autorité d’un Patriarcat de Moscou perçu comme soumis au pouvoir soviétique. Marquées par l’exil, ces paroisses avaient conservé une tradition spirituelle russe, et célèbrent tout ou partie de la liturgie en slavon.

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Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 30 Novembre 2018 à 11:01 | 53 commentaires | Permalien



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