V.G.

«La véritable théologie n’est pas défensive, n’a pas peur du dialogue » mais que tout au contraire « elle le recherche et le développe », car la relation entre la fidélité à la Tradition et l’ouverture au monde contemporain « est une garantie de l’authenticité du travail théologique».

Message envoyé par le Patriarche œcuménique Bartholomée pour l’ouverture du colloque qui eut lieu à Chambésy/Genève les 17-18 octobre 2013.

Voici en résumé quelques thèses particulièrement intéressantes présentées à ce colloque de l’Institut d’études supérieures en théologie orthodoxe (Chambésy) (1), en collaboration avec la Faculté de théologie de l’Université de Fribourg (2).

L’Église catholique accepte les droits de l’homme

Pour le professeur Constantin Delikostantis (Chambésy-Athènes) l’Église catholique a fini par accepter les droits de l’homme comme dimension centrale de son témoignage pour le monde, oubliant le contexte anticlérical et athée de leur rédaction et promulgation originale. Le professeur s’est référé à la place des droits de l’homme et s’interrogea sur leur place dans la doctrine sociale de l’Église orthodoxe contemporaine et aux tensions entre la liberté moderne et la liberté chrétienne. Les trois générations des droits de l’homme se manifestent comme une évolution des principes de la liberté vers l’égalité et de l’égalité vers la fraternité ou la solidarité.

Sacramentalité de l’Église orthodoxe et primauté

L'Eglise catholique proclame que l’Église Une se trouve dans l’Église catholique romaine, tout en reconnaissant la sacramentalité des communautés chrétiennes ne se trouvant pas à son sein, et spécialement de l’Église orthodoxe (constitution dogmatique sur l'Église "Lumen Gentium" (3)). Pour Mgr Charles Morerod, évêque catholique de Lausanne, Genève et Fribourg, elle rend possible la notion des Églises sœurs et pause aussi la question des limites de l’Église qui, à partir des limites canoniques de l’Église catholique romaine, furent élargies, par l’œuvre de Vatican II, à des limites charismatiques.

Le contexte et le sens originel de la primauté et de l’infaillibilité papale, tels que défini par le concile Vatican I, furent revus et rééquilibrés, mais le professeur Hervé Legrand (Institut catholique de Paris) montre comment on était malheureusement revenu, durant le pontificat du Pape Jean-Paul II, à une interprétation maximaliste de ces définitions.

Akoinonésia et "ecclésiologie eucharistique"

Pour le professeur Vlassios Phidas (Chambésy), la levée des anathèmes de 1054, en 1965, du point de vue canonique, remet les relations des Églises orthodoxe et catholique-romaine dans la situation du Schisme des deux Serge (1014), c’est-à-dire que celles-ci ne se trouvent plus depuis lors dans un état de schisme accompli, mais seulement dans une rupture de communion (akoinonésia), ce qui ouvre la perspective d’un dialogue théologique bilatéral entre elles, qui peut mener vers le rétablissement de la communion ecclésiale.

Le professeur Job Getcha a quant a lui montré comment le mouvement liturgique de l’Église catholique romaine d’une part, et la contribution des théologiens orthodoxes de l’Institut Saint-Serge, dont Nicolas Afanassieff, ainsi que la participation active des observateurs orthodoxes à Vatican II d’autre part, ont contribué à ce que Vatican II adopte une «ecclésiologie eucharistique» mettant en relation l’Église avec l’Eucharistie tant dans son décret sur la liturgie ( Sacrosanctum concilium (4) que dans Lumen gentium (ibid 1). Ce faisant, Vatican II a permis d'élargir les limites de l’Église et rentrer en dialogue avec les autres chrétiens, lequel se trouvait facilité en parlant « d’ecclésiologie de communion ».

Rapprochement liturgique

La réforme liturgique promulguée par le concile dans Sacrosanctum concilium qui culmina sur la sur l’édition du nouvel Ordo missæ en 1969 et où l’on observe une influence incontestable des richesses de l’Orient chrétien pour le frère Isaia Gazolla, de l’Institut supérieur de liturgie de l’Institut catholique de Paris: il insista en particulier sur l’importance qui y est accordée à l’Écriture sainte, à la prédication, à la prière universelle (synapties, ecténies), à la communion sous les deux espèces et à la concélébration à la messe.

Le père Michel Mallèvre, Directeur du Centre Istina et rédacteur en chef de cette revue, souligna l’accent accordé par la réforme liturgique aux deux pôles de la liturgie que sont la Parole et les Sacrements, en rappelant que l’unité de la Parole et du sacrement avait fini par effacer au concile la peur qu’on éprouvait parfois à mettre au même niveau la table de la Parole et la table eucharistique, qui toutes deux, nourrissent les chrétiens. Par contre l’icône a été la grande oubliée du concile et de cette réforme liturgique a quant à lui regretté le père Nicolas Ozoline, doyen de l’Institut Saint-Serge à Paris.

Un espace de confiance

En conclusion du colloque, plusieurs intervenants ont souligné leur joie d’avoir participé au colloque qui a montré que Vatican II a créé un espace de confiance et les dialogue entre les Églises après plusieurs siècles de virulente polémique. En ce sens, Vatican II fut véritablement un événement historique pour l’ensemble de la chrétienté, car il marque le début d’un rapprochement entre chrétiens. Ce processus est certes long et exige de notre part de la patience, mais il permet de mieux nous connaître mutuellement et de porter un regard critique sur soi-même. Le fait de vivre ensemble permet de se découvrir tel que nous sommes et prendre le temps de s’expliquer sur les malentendus sur la base de Tradition commune des premiers siècles.

Notes:
(1) https://www.facebook.com/media/set/?set=a.527472207334864.1073741831.177795085635913&type=1
(2) http://www.unifr.ch/theo/fr
(3) http://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_const_19641121_lumen-gentium_fr.html
(4) http://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_const_19631204_sacrosanctum-concilium_fr.html

Rédigé par Vladimir Golovanow le 25 Janvier 2014 à 21:09 | 24 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par justine le 26/01/2014 18:28
«La véritable théologie n’est pas défensive, n’a pas peur du dialogue » mais que tout au contraire « elle le recherche et le développe », car la relation entre la fidélité à la Tradition et l’ouverture au monde contemporain « est une garantie de l’authenticité du travail théologique». –
"Théologie" est ici et dans la suite de l'article un "misnomer", un abus de nom, car il ne s'agit point de la théologie au sens qu'il a chez nos Saints Pères théophores, de la théologie de la Sainte Eglise, mais d'une idéologie instrumentale, d'un instrument idéologique qu'on forge et reforge au fil des besoins du moment et dont on se sert à des fins diverses des "church politics". Quant à ceux qui aiment la Vérité, qu'ils lisent donc les Saints Pères théophores eux-mêmes, surtout dans leurs homélies qu'ils adressaient au peuple. Ils y trouveront la vraie théologie. On vient de célébrer la mémoire de Saint Gregoire le Théologien (resp. on le célébrera le 7 février dans l'Ancien Calendrier): il a écrit des pages instructives sur ce que signifie "théologie" et ce qu'est un "théologien" (voir son "Premier Discours Théologique", notamment alinea 3, Sources Chrétiennes vol. 250).

2.Posté par Vladimir.G le 27/01/2014 10:29
Ce colloque (cf. lien pour le compte rendu complet) a montré comment Vatican II a marqué une volte-face complète du Catholicisme dans ses relations avec l'Orthodoxie il y a maintenant 50 ans. Malgré la rencontre historique entre le Patriarche Athénagoras et le Pape Paul VI (5 janvier 1964), dont le Pape François a commémoré les 50 ans en annonçant une nouvelle rencontre du même niveau et au même endroit pour mai prochain, malgré la levée des anathèmes un an plus tard et le début du dialogue théologique, bon nombre d'Orthodoxe n'ont pas encore perçu la portée fondamentale de ce changement. Comme le souligne le professeur Vlassios Phidas nous ne sommes plus dans un état de schisme mais seulement dans une rupture de communion et le dialogue théologique peut mener vers le rétablissement de la communion ecclésiale. Malheureusement certains Orthodoxes s'enferment dans une vision dépassée depuis ½ siècle. Comme s'il n'y avait pas eu Vatican II (cf. http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Une-nouvelle-querelle-orthodoxe-autour-de-l-oecumenisme-et-du-document-de-Ravenne_a444.html)


https://www.facebook.com/media/set/?set=a.527472207334864.1073741831.177795085635913&type=1

3.Posté par Daniel le 27/01/2014 16:07
La levée des anathèmes ne concerne que Constantinople. Il y a encore sur le feu des anathèmes qui trainent de part et d’autres : anathèmes du concile de Lyon contre les orthodoxes, anathèmes des conciles palamites sous lesquels tombent les latins etc. Si l’on suit la distinction de Saint Basile, canon 1, entre hérésie, schisme et parasynagogue, au vu des désaccords de foi, il y a toujours une rupture qui est au niveau de l’hérésie. Je comprends qu’on puisse se montrer enthousiaste mais la sobriété et le réalisme sont les meilleures façons d’avancer dans un dialogue théologique honnête. Il ne peut y avoir de communion sans foi commune, ce qui n'est toujours pas le cas.

4.Posté par justine le 27/01/2014 16:53
Ils ont levé les anathèmes, mais les hérésies demeurent. Vatican II n'a levé ni le papisme, c'est à dire la prétention à la juridiction universelle et à l'infaillibilité - tout au contraire, cette dernière a été encore renforcée, au sens que la soumission à l'autorité didactique du pape est exigée désormais aussi au cas où il ne parle pas "ex cathedra" (voir "The Documents of Vatican II, New York 1966, p. 48) - , l'affirmation de la nécessité d'etre en communion avec le pape pour jouir de la plénitude de l'ecclésialité et pour etre sauvé, ni le filioque, ni la grace créée, ni la conception immaculée de la Mère de Dieu, ni la transformation de l'Eglise en un Etat etc. etc. Quand donc vous dites que "certains Orthodoxes s'enferment dans une vision dépassée depuis un demi siècle", il faudrait préciser en quoi cette vision serait dépassée.

5.Posté par Vladimir.G le 28/01/2014 15:24
Avant Vatican II les Catholiques considéraient les Orthodoxes comme des schismatiques et vice versa, ce qui rendait tout dialogue impossible. C'est là-dessus qu'il y a changement total: les Catholiques considèrent les Eglises Orthodoxes comme des "Eglises sœurs" et les Orthodoxes voient les Catholiques dans une rupture de communion. Des deux côtés la voie est ouvertes au dialogue théologique, qui peut mener vers le rétablissement de la communion ecclésiale, et à la coopération effective sur le terrain dont nous tirons beaucoup d'avantages, ne serait-ce que par la mise à disposition de lieux de cultes.

On voit aussi que les Catholiques ont avancé vers l'Orthodoxie:
- en révisant la primauté et l’infaillibilité papale: même si c'est là dessus que bute toujours le dialogue, la vraie question se pose maintenant à l'intérieur de l'Orthodoxie, qui est ainsi amenée à préciser sa propre doctrine;
- en adoptant une «ecclésiologie eucharistique» qui tient compte de la participation active des observateurs orthodoxes;
- et sur le "Filioque" c'est la Commission théologique orthodoxe-catholique d’Amérique du Nord qui est allé le plus loin en recommandant dans sa Déclaration commune (cf. lien): "Que l’Église catholique, en raison de la valeur normative et dogmatiquement irréformable du Credo de 381, n’utilise que le texte grec original dans ses traductions pour usage catéchétique et liturgique" (point 7); et "Que l’Église catholique, suite à un consensus théologique grandissant, et en particulier suite aux paroles de Paul VI, déclare que la condamnation du 2e Concile de Lyon (1274) de « ceux qui ont l’audace de nier que le Saint-Esprit procède éternellement du Père et du Fils » ne s’applique plus" (point 8).

Il reste bien évidement encore beaucoup de chemin à parcourir, comme le souligne Justine, mais ce sont là déjà des évolutions tout à fait essentielles dont, heureusement, les Eglises orthodoxes tiennent compte en approfondissant le dialogue à tous les niveaux (avec des fluctuations pour 2 Eglises qui ont dernièrement suspendu leur participation …). Rester à l'écart comme si rien ne s'était passé depuis 50 ans ne saurait être une attitude constructive dans ces conditions.

6.Posté par justine le 29/01/2014 08:18
Une remarque au sujet de cette "ecclésiologie eucharistique": il s'agit là d'un des éléments principaux du "zizioulisme", autrement dit de la "théologie post-patristique" (laquelle prétend dépasser et "surmonter" les Saints Pères de l'Eglise et se pose ainsi franchement aux antipodes de l'Eglise tout en faisant semblant d'y appartenir) et non pas de théologie orthodoxe. Car cette "ecclésiologie" oecuméniste tente de définir l'Eglise par l'Eucharistie, alors que, selon toute la théologie orthodoxe de l'Eglise, cest tout le contraire: c'est l'Eglise qui définit l'Eucharistie, car il ne saurait y avoir d'eucharistie authentique en-dehors de l'Eglise. Voir à ce titre notamment les analyses théologiques du Métropolite de Naupacte, Hiérotheos Vlachos (malheureusement disponibles en grec seulement). A titre d'exemples:


http://pelagia.org/index.php?page=shop.product_details&flypage=flypage-ask.tpl&product_id=110&category_id=1&option=com_virtuemart&Itemid=8&lang=el (présentation en grec du livre - en grec également - du métropolite Hiérotheos "Théologie post-patristique et expérience ecclésiale des Pères").

7.Posté par Irénée le 29/01/2014 09:40
@Justine
Pourriez-vous faire l'effort de vous exprimer avec un peu moins de brutalité et d'agressivité ?
Vos attaques personnelles, et votre extrêmisme discréditent vos propos.
On peut ne pas apprécier les écrits du métropolite Jean (Zizioulas) sans parler de "Zizioulisme" et sans dire qu'elle se situe aux antipodes de l'Eglise.
Et cet évêque est, que je sache, en communion avec l'ensemble des Eglises orthodoxes.
Où se trouve donc la Vérité ? dans des groupuscules marginaux non-canoniques ? Si telle est votre conviction, dites-le clairement !
J'ai la chance de lire et de comprendre le grec (sans doute moins bien que vous), mais je ne suis pas convaincu par ce que vous mettez en lien dans votre message 6. C'est un point de vue certes très intéressant, mais sur certains points discutable.

8.Posté par justine le 29/01/2014 17:46
La Verite se trouve, bien sur, chez les Saints Peres et non pas chez ceux qui pretendent etre au-dessus d'eux.

9.Posté par Vladimir.G le 29/01/2014 18:42
Merci bien cher Irénée de ce rappel à la mesure; notre bien chère Justine a clairement tendance aux jugements à l'emporte pièce, et cela rend difficile, voire impossible tout véritable débat…

En l'occurrence elle voit le verre à moitié vide là où je le vois à moitié plein: je suis entièrement d'accord avec elle sur le chemin qui reste à parcourir pour en arriver au rétablissement de la communion ecclésiale, mais le professeur Vlassios Phidas ne dit pas non plus que c'est pour demain! Par contre le chemin déjà parcouru est suffisamment extraordinaire pour donner espoir et continuer…

Un très bel exemple d'unité, qui n'a été rendu possible que par Vatican II, nous vient ainsi de Bruxelles (lien): ces vêpres célébrées par le Métropolite de Belgique, Mgr Athénagoras, "dans la pure tradition orthodoxe, avec simplicité, recueillement et prières, élevant chaque participant «tel l’encens qui monte au ciel»", avec la participation des représentants de toutes les juridictions orthodoxes, en présences des plus hautes autorités catholiques en tenue liturgique (voir photo sur le lien), des Anglicans, Arméniens, Episcopaliens, Protestants, de l’Armée du Salut, etc., illustraient les mots de l’Homélie assurée par l’Archevêque de Bruxelles-Malines, Mgr Léonard: "qui partant de la question brûlante: «le Christ est-il divisé?» il assurait que «l’unité entre nous tous» ne se ferait «que par le retour au Christ du NT» et des premiers conciles. Se référant à Soloviev dans son court récit sur l’Antéchrist*, publié en 1900, il souligna que la grande épreuve de l’Eglise de notre époque serait double, «d’abord d’une tentation d’un christianisme sans Christ», et ensuite de la pression de la «pensée unique», «d’un athéisme culturellement uniforme», nous contraignant ainsi à travailler dans un «coude à coude fraternel»."

Je pense qu'on ne peut mieux dire et mieux illustrer cette impérieuse nécessité de l'unité des Chrétiens dont Vatican II a ouvert la voie aux Catholiques

* Note de VG: "le court récit sur l’Antéchrist" de Soloviev est disponible sur http://bibliotheque-russe-et-slave.com/Livres/Soloviev%20-%20L%27Antechrist.htm
http://www.orthodoxia.be/Z-Nouvelles_2014/Vepres_Oecumeniques.html

10.Posté par Daniel le 30/01/2014 00:18
Ces vêpres oecuméniques bruxelloises sont plutôt un mauvais exemple. On y voit:

- l'archevêque latin s'adresser à l'auditoire depuis l'ambon, endroit réservé au seul clergé orthodoxe. Il faudra aussi m'expliquer depuis quand les hétérodoxes prêchent-ils dans les églises orthodoxes

- une femme pasteur lire un texte

- une procession commune du clergé (la fusion a-t-elle eu lieu?)

Tout est fait pour entretenir la confusion sur les limites ecclésiales par ces cérémonies répétées et peu scrupuleuses du respect des canons...

11.Posté par Boris le 30/01/2014 06:33
Merci Daniel - OUI et OUI et 100000 fois OUI -Ces vêpres oecuméniques bruxelloises sont plutôt un mauvais exemple

12.Posté par Vladimir.G le 30/01/2014 09:53
Le reportage non traditionnel sur le Mont Athos, comme ces "vêpres bruxelloises" montrent le clivage entre les deux courants que nous rencontrons dans l’Orthodoxie:
- il y a ceux qui veulent l'enfermer dans une rigueur généralement triste et passéiste
- et ceux qui l'ouvrent pour porter son message au monde entier...

Je reconnais évidement aux premiers le droit de camper sur leurs positions et même le devoir de veiller au respect des fondements intangibles de notre foi, mais je me sens évidement plus proche des seconds, tout en me méfiants des excès.

"L'heure vient où ce ne sera ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père."

Et ces vêpres me paraissent un excellent exemple d'ouverture contrôlée: la différence entre les Orthodoxes et les autres est physiquement marquée durant l'office, les uns étant dans le sanctuaire et les autres dans la nef; "la pure tradition orthodoxe" est mise en évidence par l'office et l'ouverture est offerte en donnant la parole (les Orthodoxes l'auront à leur tour).

La réciprocité est démontrée par cette présence au plus haut niveaux et en habits sacerdotaux. Vraiment un bel exemple qui annonce la rencontre du Pape et du patriarche œcuménique au tombeau du Christ...

13.Posté par justine le 30/01/2014 10:45
Et contraires aus Saints Canons.

14.Posté par Daniel le 30/01/2014 17:50
Porter le message entier se fait par la mission, comme les comme les Apôtres, les saints missionnaires, en montrant le salut qui est dans l'orthodoxie et non en entretenant la confusion.Quand on est un orthodoxe sérieux, on cherche à approfondir sa foi, ce qui est la priorité en ayant des pratiques orthodoxes et des enseignements orthodoxes. Les homélies d’un évêque latin, se tenant sur l’ambon, partie réservée au seul clergé orthodoxe n’en font certainement pas partie et distillant on ne sait quelle enseignement faux.

L’œcuménisme sous sa forte actuelle, c’est beaucoup de sensiblerie, de joie mondaine, de superficialité, pour des résultats proches de 0 et une confusion accrue.

15.Posté par Vladimir.G le 30/01/2014 19:31
C'est votre opinion, et vous la partagez, comme dit Dupont (à moins que cela soit Dupond?) :-)

16.Posté par justine le 31/01/2014 08:08
Selon Vladimir, il y aurait donc dans l'Eglise le camp des rigoureux, des tristes et "passéistes" et le camp des joyeux, ouvert sur le monde et porteurs du message orthodoxe au monde entier.

Voilà un tranchement bien net, selon la logique de qui aime les chiffres. Il reflète d'ailleurs ce qui se fait depuis Vatican II dans le monde catholique: vu que la grisaille catholique avec son rationalisme désiccant, son légalisme mortifiant et sa spiritualité moribonde a abouti à vider les églises, on s'est rendu compte qu'il fallait trouver un moyen de faire revenir les gens dans les temples, et on l'a trouvé, grâce aux services et ingéniosités de bureaux spécialisés en matière de sondages d'opinion, de relations publiques et de psychologie sociale: les "messes joyeuses". Ce que cela a donné un peu partout dans le monde autrefois chrétien, aujourd'hui plutôt païen du catholicisme, on peut le voir dans les reportages filmés de gloria TV. Où trouvera-t-on les mots pour décrire ce cirque que sont ces "liturgies" avec des clowns, de poupées, des animaux en peluche, des danses plus ou moins érotiques, enfin des gags innombrables pour créer cette "gaieté", cette "joie" qui fera venir le monde à l'église? En fait, il n'y a plus d'église, mais seulement le monde et ses amusements. L'horreur, c'est que tout cela se passe dans des bâtiments consacrés par principe à l'adoration de Dieu, devant et autour d'un autel sensé être consacré à l'accomplissement du Sacrifice de Dieu devenu homme pour le salut des hommes et devant la Croix même du Christ crucifié. Outre la stupidité de ces spectacles en soi, il y a le blasphème. Vraiment, ce que les ennemis du Christ faisait et font encore pour ridiculiser le Dieu-Homme, ces "messes joyeuses" le font encore mieux!

Mais tout cela, c'est l'affaire des catholiques. Dans l'Eglise du Christ, heureusement, les choses sont différentes, et nous n'avons aucun besoin d'imiter les catholiques dans ce domaine aussi.

La joie, elle existe, le Christ l'a dit et Ses Saints la vivent. Voir à ce titre Jean 17,14 où le Seigneur montre ce qu'est la vraie joie. En Orthodoxie, nous avons une expression, "joie douloureuse", laquelle signifie la joie de celui qui se repent, qui lutte pour se libérer des passions, du péché, du diable et de la mort, car en se livrant de tout son être à cette lutte vitale, il est constamment fortifié par Dieu et reçoit Sa grâce. Voilà les arrhes de la vraie joie dont jouiront en plénitude les bons combattants dans le monde à venir, et ces arrhes sont la seule joie authentique qui existe sur terre. Toutes les autres joies sont des pseudo-joies, des rêves diurnes, de la fumée, des illusions. En grec on dit de ceux qui s'accrochent à ce genre de pseudo-joies qu'ils sont "χαζοχαρούμενοι", ce qui donne en français quelque chose comme "bêta-joyeux". Et on voit en effet parmi ceux qui fréquentent assidument les manifestations œcuménistes où l'on est "ouvert au monde" et répand "le message orthodoxe" (???) au monde entier ce genre de "gaieté" ou plutot "euphorie" (dans tout le sens psychologique de ce terme).

Le terme "passéiste", selon les définitions qu'on peut trouver sur l'internet, signifie "attachement excessif aux valeurs" ou: "qui aime le passé". Il exprime donc une critique, mais à l'égard de choses malcomprises. Les valeurs sont par définitions authentiques, car si elles ne le sont pas, elles ne sont pas des valeurs. Et le critère des valeurs authentiques, c'est bien sûr la Valeur Suprême, c'est à dire Dieu. On ne peut être trop attaché aux valeurs, on peut seulement être pas assez attaché aux valeurs. Quant au "péché" d'aimer le passé, il se réfère évidemment à un passe négatif, néfaste, dépassé. Mais quand ce passé est celui de la Révélation de la Vérité et de la Sainteté, il ne saurait être un péché que de l'aimer, car il faut l'aimer, à moins d'être fou.

17.Posté par justine le 31/01/2014 08:09
(PS au post précédent: Pour ne pas faire injustice aux catholiques: ils ont eux aussi des choses vraies à dire au sujet de la joie authentique, s'ils puisent dans leur passé pas encore trop abimé. En effet, dans les "Fioretti" de François d'Assise, on trouve la réponse suivante du Poverello à la question ce qu'était la joie parfaite:

"Quand nous arriverons à Sainte-Marie des Anges, ainsi trempés par la pluie et glacés par le froid et couverts de boue et affamés, et que nous frapperons à la porte du couvent et que le portier viendra en colère et dira: "Qui êtes-vous?" et nous dirons: "Nous sommes deux de vos frères", et celui-ci dira: "Vous ne dîtes pas vrai; vous êtes au contraire deux ribauds qui allez trompant le monde et volant les aumônes des pauvres, allez-vous en"; et quand il ne nous ouvrira pas et nous fera rester dehors dans la neige et dans l'eau, avec le froid et avec la faim, jusqu'à la nuit; alors, quand nous soutiendrons patiemment, sans trouble et sans murmurer contre lui, tant d'injures et tant de cruauté et tant de rebuffades et quand nous penserons humblement et charitablement que ce portier nous connaît véritablement et que Dieu le fait parler contre nous, ô frère Léon, écris que là est la joie parfaite. Et quand nous persévérerons en frappant, et qu'il sortira dehors, en colère, et comme des fripons importuns nous chassera avec des injures et des soufflets, disant: "Allez-vous-en d'ici, très méprisables petits voleurs, allez à l'hôpital; car ici vous ne mangerez, ni ne logerez", quand nous soutiendrons cela avec patience et avec allégresse et avec beaucoup d'amour, ô frère Léon, écris que là est la joie parfaite. Et quand, nous, contraints par la faim et le froid et la nuit, nous frapperons et appellerons et prierons pour l'amour de Dieu, avec de grands pleurs, qu'il nous ouvre pourtant, et nous fasse entrer, et quand lui, plus irrité, dira: "Ceux-ci sont des fripons importuns; je les paierai bien comme ils en sont dignes", et quand il sortira dehors avec un bâton noueux et nous saisira par le capuchon, et nous jettera à terre, et nous enfoncera dans la neige et nous battra avec tous les noeuds de ce bâton; quand nous supporterons tout cela avec patience et avec allégresse, en pensant aux peines du Christ béni, lesquelles nous devons supporter pour son amour: ô frère Léon, écris qu'en cela est la joie parfaite." - Fioretti, chap. 8)

18.Posté par Daniel le 31/01/2014 12:12
Pour nuancer Justine et son message 17, je dirais que l’enseignement juste dans le catholicisme vient de ses origines orthodoxes. Autant remonter directement à la source directe et non polluée plutôt que de prendre le risque de consommer une nourriture qui peut être bonne mais avec un fort risque d’être mêlée avec divers poisons. C’est le cas de François d’Assise, notamment. L’ennui est que l’œcuménisme a répandu l’idée chez certains orthodoxes qu’il y avait du bon à prendre chez les autres confessions et que la plénitude n’était pas dans l’orthodoxie.

19.Posté par Vladimir.G le 31/01/2014 14:51
"vient de ses origines orthodoxes": entièrement d'accord avec Daniel, mais ce n'était pas Byzance, c'était Rome. La messe grégorienne est évidement orthodoxe, avant ses divers avatars, et elle a certainement des choses à nous dire. C'est donc en particulier dans ce retour aux sources de l'Orthodoxie occidentale qu'il faut chercher "ce qu’il y a de bon à prendre chez les autres confessions"… Et saint François n'est alors pas si loin!

Et Merci, bien chère Justine pour ce bel exposé: je suis pratiquement d'accord avec vous, sauf que, comme l'a souligné Irénée, vous forcez tellement le trait que cela en devient inintelligible:

- NON, ce n'est pas le cirque et le rock qui sont la règle des messes catholiques: j'ai assisté à plusieurs messes très traditionnelles (en langue vernaculaire), en France et en Italie et je vous suggère, par exemple, d'aller à une messe à Notre Dame de Paris ou à Lyon. Les excès existent, comme partout, il n'y a pas lieu d'en faire une caricature de la règle.
- Oui, il y aussi des excès chez nous: on supprime l'iconostase, en s'embrasse tous en rond… cela reste des expériences exceptionnelles et, évidement excessives que je qualifierait de modernisme.
- Oui, quand "passéiste" je pense à "un attachement excessif à l'égard de choses mal comprises". Il s'agit en l'occurrence de marques extérieures de piété qui me font surtout penser au Pharisien. Cela aussi est, à mon sens un extrême à éviter, tout comme le modernisme l'est de l'autre côté

Enfin, pour la Joie chrétienne, je préfère personnellement d'autres citations:

« Vous vous êtes donc approchés de l’autel, vous avez reçu la grâce du Christ, vous avez obtenu les sacrements célestes. L’Eglise se réjouit de la rédemption d’un grand nombre et c’est pour elle une allégresse spirituelle de voir près d’elle sa famille vêtue de blanc. Tu trouves cela dans le Cantique des cantiques. Dans sa joie, elle appelle le Christ ; elle a préparé un banquet tel qu’il doit sembler digne d’un festin céleste (…)
Le Seigneur Jésus a accepté volontiers et il a répondu à son Eglise avec une bonté céleste : « Je suis descendu, dit-il, dans mon jardin. J’ai vendangé la myrrhe avec mes parfums, j’ai mangé mon pain avec mon miel, j’ai bu mon vin avec mon lait. Mangez, dit-il, mes frères, et enivrez-vous. » (…)
J’ai mangé mon pain avec mon miel. Tu vois qu’il n’y a nulle amertume dans ce pain, mais qu’il est toute douceur. J’ai bu mon vin avec mon lait. Tu vois que c’est une sorte de joie qui n’est salie par aucune souillure du péché. Chaque fois, en effet, que tu bois, tu reçois la rémission des péchés, et tu es enivré par l’Esprit. C’est pour cela que l’apôtre dit encore : « Ne vous enivrez pas de vin, mais remplissez-vous de l’Esprit. » (Saint Ambroise de Milan, « Des sacrements », Livre V, 14-17.)

« Merci, Seigneur, pour tous et pour tout. Tu es grand, Seigneur, et grandes sont tes œuvres ; nos paroles ne suffisent pas à raconter tes miracles. Seigneur, qu’il est bon d’être ici ! » Dernière homélie du père Alexandre Schmemann, le 24 novembre 1983. Et les derniers mots de son journal intime, trouvé dans son bureau après son décès : « Quel joie tout cela ! » http://www.pagesorthodoxes.net/theologiens/schmemann/schmemann-general.htm#joie

20.Posté par Vladimir.G le 05/02/2014 17:50
Un exemple parmi d'autres du champ de coopération ouvert par Vatican II:

Le 3 février 2014, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou a visité Gênes avec la bénédiction du Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie. Il y a rencontré le cardinal Angelo Bagnasco, président de la conférence épiscopale italienne.

L’entretien a porté sur différents aspects de la coopération entre l’Église orthodoxe russe et la Conférence épiscopale italienne. Le métropolite Hilarion a souligné notamment l’importance de la consolidation des efforts entre orthodoxes et catholiques pour la défense des valeurs morales chrétiennes face à l’idéologie libérale laïque. L’éthique familiale a fait l’objet d’une attention particulière, ainsi que la défense des chrétiens du Moyen Orient, en butte aux persécutions et à une extermination physique.

Le président du DREE a parlé de la renaissance de la vie de l’Église en Russie et dans les autres pays faisant partie de la sphère canonique de l’Église orthodoxe russe. Il a évoqué la renaissance monastique et paroissiale. De son côté, le cardinal Bagnasco a parlé des problèmes auxquels sont confrontés les catholiques en Italie, exprimant son désir de voir s’élargir la collaboration entre orthodoxes et catholiques.

Les deux prélats ont échangé leurs opinions sur la question de la participation de l’Église orthodoxe russe et de la Conférence épiscopale italienne aux travaux du forum-dialogue russo-italien sur les sociétés civiles, dont les réunions avaient eu lieu à Rome et à Trieste en novembre 2013.

Source:https://mospat.ru/fr/2014/02/04/news98006/

21.Posté par Vladimir.G: le 20e siècle a ouvert de nouvelles perspectives, avec la naissance du mouvement œcuménique puis le concile Vatican II et son ecclésiologie renouvelée, plus proche de celle des orthodoxes... le 25/02/2016 17:25
Le concile de Florence reste dans les mémoires comme une belle occasion manquée, mais il ne fut pas inutile puisqu’une vraie rencontre a eu lieu. Après un long espace de temps où des obstacles politiques ont rendu presque impossible une nouvelle vraie rencontre entre l’Occident et l’Orient chrétiens (domination ottomane puis persécution communiste), le 20e siècle a ouvert de nouvelles perspectives, avec la naissance du mouvement œcuménique puis le concile Vatican II et son ecclésiologie renouvelée, plus proche de celle des orthodoxes," écrit Marie-Hélène Congourdeau dans une magistrale étude résumant les circonstances historiques du concile de Florence et le débat sur "Vatican II et l’Église orthodoxe" est reparti sur un fil oz il n'avait rien à faire...

C'est pourtant ici qu'il a toute sa place car la conclusion de l'article est dans la même veine: "En conclusion du colloque, plusieurs intervenants ont souligné leur joie d’avoir participé au colloque qui a montré que Vatican II a créé un espace de confiance et les dialogue entre les Églises après plusieurs siècles de virulente polémique. En ce sens, Vatican II fut véritablement un événement historique pour l’ensemble de la chrétienté, car il marque le début d’un rapprochement entre chrétiens. Ce processus est certes long et exige de notre part de la patience, mais il permet de mieux nous connaître mutuellement et de porter un regard critique sur soi-même. Le fait de vivre ensemble permet de se découvrir tel que nous sommes et prendre le temps de s’expliquer sur les malentendus sur la base de Tradition commune des premiers siècles."...

http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Pourquoi-les-Grecs-ont-rejete-l-Union-de-Florence-1438-1439_a4631.html?com#com_4955204

22.Posté par Vladimir.G: le 20e siècle a ouvert de nouvelles perspectives, avec la naissance du mouvement œcuménique puis le concile Vatican II et son ecclésiologie renouvelée, plus proche de celle des orthodoxes... le 25/02/2016 21:16
Le concile de Florence reste dans les mémoires comme une belle occasion manquée, mais il ne fut pas inutile puisqu’une vraie rencontre a eu lieu. Après un long espace de temps où des obstacles politiques ont rendu presque impossible une nouvelle vraie rencontre entre l’Occident et l’Orient chrétiens (domination ottomane puis persécution communiste), le 20e siècle a ouvert de nouvelles perspectives, avec la naissance du mouvement œcuménique puis le concile Vatican II et son ecclésiologie renouvelée, plus proche de celle des orthodoxes," écrit Marie-Hélène Congourdeau dans une magistrale étude résumant les circonstances historiques du concile de Florence et le débat sur "Vatican II et l’Église orthodoxe" est reparti sur un fil oz il n'avait rien à faire...

C'est pourtant ici qu'il a toute sa place car la conclusion de l'article est dans la même veine: "En conclusion du colloque, plusieurs intervenants ont souligné leur joie d’avoir participé au colloque qui a montré que Vatican II a créé un espace de confiance et les dialogue entre les Églises après plusieurs siècles de virulente polémique. En ce sens, Vatican II fut véritablement un événement historique pour l’ensemble de la chrétienté, car il marque le début d’un rapprochement entre chrétiens. Ce processus est certes long et exige de notre part de la patience, mais il permet de mieux nous connaître mutuellement et de porter un regard critique sur soi-même. Le fait de vivre ensemble permet de se découvrir tel que nous sommes et prendre le temps de s’expliquer sur les malentendus sur la base de Tradition commune des premiers siècles."...

http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Pourquoi-les-Grecs-ont-rejete-l-Union-de-Florence-1438-1439_a4631.html?com#com_4955204

23.Posté par justine le 26/02/2016 07:58
Puisque Vladimir re-ouvre le fil sur Vatican II, donnons sur celui-ci aussi le résumé - voir le fil "Pourquoi les Grecs ont-ils rejeté le Concile de Florence" - sur cette étude magistrale de l'Archipretre Peter Alban Heers intitulée "The Ecclesiological Renovation of Vatican II, An Orthodox Examination of Rome's Ecumenical Theology on Baptism and the Church", parue en grec et en anglais aux Editions Uncut Mountain Press à Thessalonique

Au lieu de retracer l'évolution historique que le livre decrit en détail, il est plus utile ici de retracer la dimension spirituelle, intérieure, de cette évolution, car la première fait souvent qu'on se noie dans les phénomènes extérieurs et qu'on perde de vue l'essentiel. Pour cela, je préfère résumer ce que l'auteur lui-même, l'Archiprêtre Peter Alban Heers, a expliqué sur cette dimension spirituelle lors d'une conférence dédiée à son livre, où intervenaient aussi le métropolite Hiérotheos de Naupacte et le professeur Dimitrios Tselengidis (on peut la visionner cette vidéo à l'adresse suivante: http://intv.gr/index.php?option=com_zoo&task=item&item_id=914&Itemid=78 (en grec, durée 2 h 20, l'exposé de l'auteur commence à environ 1 h 30).

Il présente donc cette évolution comme suit, en soulignant que celle-ci menace aujourd'hui aussi l'Orthodoxie qui est sur le point de tomber dans les mêmes pièges que les Occidentaux au Moyen-Age:

- Elle commence avec la perte du mode de vie ascétique (et il précise que vie ascétique ne veut pas simplement dire ascèse corporelle, c.à.d. jeûne, veille, etc., mais qu'elle constitue un tout, comprenant outre l'ascèse corporelle selon les sages règles des Saints Pères et selon les meilleures possibilités de chacun: la métanie, autrement dit le repentir continuel, la continuelle correction de nos déviations quotidiennes de la volonté de Dieu, le relèvement continuel de nos chutes continuelles, la lutte quotidienne pour le maintien de la Foi droite, le renoncement à soi-même, à ses opinions personnelles pour suivre l'enseignement de l'Eglise (orthodoxe s'entend), cultiver les vertus, la prière etc., autrement dit une vie selon le Christ et pour le Christ, consacrée au Christ, faire du Christ le centre de notre vie; car tous les Chretiens sont appelés à une telle vie, pas seulement les moines! les moines simplement vivent la vie ascétique d'une manière plus complète, mais les couples chrétiens vivant dans le monde, ayant des enfants et toutes les obligations qui en découlent, sont eux aussi appelés à cette vie ascétique, car le paradis aussi est le même pour eux; l'auteur cite l'exemple les pays de tradition orthodoxe où la famille fonctionnait, il n'y a pas si longtemps - nos parents et grand-parents s'en souviennent encore et certaines familles vivent ainsi meme de nos jours - comme un petit monastère et la maison familiale était comme une petite église, et où toute la communauté, la société tout entière avait ces mêmes valeurs chrétiennes et evangéliques, les mêmes standards, une vision commune, chrétienne et orthodoxe de la vie et du monde).

- La perte de la vie ascétique conduit à la théologie sans éthos, sans standards éthiques.
- La théologie sans éthos conduit au sécularisme et au mépris des Saints Canons.
- Le sécularisme et le mépris des Saints Canons conduit à l'autorité individuelle (en grec: ατομική αυθεντία), autrement dit à la suprématie de l'opinion personnelle qui prend la place des Saints Canons.
- L'autorité individuelle et le mépris des Saints Canons conduit au légalisme qui envisage tout de maniere extérieure, formaliste, typique, qui accorde une importance exagérée a l'institution
- Le légalisme conduit au minimalisme: on recherche la simplification extrême et se contente du moindre facteur commun.
- Le minimalise conduit à l'hérésie, la fragmentation, le schisme, la dissolution.

La nouvelle ecclésiologie de Vatican II n'a pas été élaborée pour corriger ou renverser cette évolution, mais pour pouvoir la nommer autrement, pour présenter cette évolution comme "un renouvellement", afin qu'elle puisse servir d'instrument "d'ouverture" envers les protestants et les Orthodoxes, cette "ouverture" ayant comme objectif final de les attirer à l'"unité" avec Rome.

Ce qui a conduit l'Occident à la fragmentation et à la dissolution, c'est donc en dernière analyse le mépris des présuppositions ascétiques et dogmatiques des sacrements, car sans la métanie et sans la Foi droite les sacrements demeurent inactifs, ineffectifs. En Orient, l'Eglise Orthodoxe est aujourd'hui en route vers la même dissolution. La seule voie pour arrêter et renverser cette dissolution, c'est le retour à une pastorale ascétique. Ce qui veut dire, souligne l'Archiprêtre Peter Heers, "ne pas avoir peur du petit troupeau". Mieux vaut avoir un troupeau petit, mais authentique, sain, qu'un troupeau grand, mais distropié et indifférent.

Le minimalisme-relativisme ne survit pas longtemps. Tôt ou tard il est remplacé par la division, les hérésies et la dissolution. Et ceci est bien l'objectif du diable depuis le début.

La nouvelle ecclésiologie de Vatican II n'est pas seulement d'une déviation de l'ecclésiologie orthodoxe, mais son renversement. Alors que les Saints Pères insistent sur une unité organique de l'Eglise, par la Sainte Eucharistie et la Confession orthodoxe, Vatican II par sa nouvelle ecclésiologie met en avant une unité qui n'est pas organique, mais fragmentaire, basée sur le baptême, séparant le baptême de l'Eucharistie (de laquelle découlent tous les autres sacrements et dans laquelle tous convergent), comme si ces deux sacrements pouvaient jamais être separés.

La nouvelle ecclésiologie de Vatican II, qui a été officiellement endossée par beaucoup d'Orthodoxes et est aujourd'hui enseignée dans des écoles théologiques orthodoxes, est le résultat final de siècles d'altération de la tradition ascétique et hésychaste de l'Eglise. Elle constitue, dit l'auteur du livre, la plus grande menace pour le salut aujourd'hui, car elle signifie la négation de l'Eglise Une et unique, et du moment qu'on plante dans le coeur du fidèle le doute à cet egard, tout le reste suit, jusqu'à l'apostasie finale et la perte du salut.
http://intv.gr/index.php?option=com_zoo&task=item&item_id=914&Itemid=78

24.Posté par Vladimir.G: la reconnaissance de la sacramentalité de l’Église orthodoxe et l''''adoption d''''une «ecclésiologie eucharistique» le 27/02/2016 00:08
Encore une fois merci, bien chère Justine, pour ce bel exposé.

Votre brillant résumé de l'étude du père l'étude de l'Archiprêtre Peter Alban Heers met l'accent sur un aspect pratiquement absent des débats du colloque rappelé dans l'article ci-dessus, celui de l'ascèse et de son lien avec la spiritualité orthodoxe. Bien que ce sujet ait suscité un grand intérêt parmi les théologiens catholiques du XXe siècle, Vatican II ne s'y est pas attardé s'attachant plutôt à «se tourner vers le monde» à la suite des idées de Teilhard de Chardin. Ainsi "Apostolicam actuositatem", 32 met en avant que la vie spirituelle est principalement concernée par la vie en ce monde, tournant ainsi le dos à la doctrine ascétique de l'Orthodoxie et sur ce point là je serais assez d'accord que "La nouvelle ecclésiologie de Vatican II n'a pas été élaborée pour corriger ou renverser cette évolution"…

Mais ce sont les autres points dont parle ce colloque qui permettent à MH Congourdeau d'écrire que Vatican II rapproche son ecclésiologie de celle des orthodoxes. Je vois en particulier la reconnaissance de la sacramentalité de l’Église orthodoxe dans "Lumen Gentium", qui a permis le départ des dialogues théologiques, et l'adoption d'une «ecclésiologie eucharistique» qui l'a réellement rapprochée des développements des théologiens orthodoxes.

En revanches, je suis assez surpris de voir un quelconque rapprochement dans la réforme liturgique. Si les excès constatés avec les messes "exotiques" des années 1980-90 semblent en grande partie appartenir au passé, il semble néanmoins de plus en plus difficile de percevoir de réels éléments d’orthodoxie dans les rituels catholiques romains.

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