Vladimir GOLOVANOW

NB : faute de ressources statistiques, l’analyse suivante n’est pas basée sur des données scientifiques mais uniquement sur des appréciations personnelles de différents contacts en France et des ressources Internet. Il s’agit donc d’une approche très empirique et je serais heureux de tout commentaire complétant ou modifiant mon analyse.

Deux approches différentes pour un objectif commun

Tout le monde semble d’accord pour considérer que l’unification de l’Orthodoxie occidentale sur une base canonique est nécessaire. Ainsi dans son appel historique de 2003 le patriarche Alexis II parlait, en conclusion, de "l’organisation de la future Eglise orthodoxe Locale multiethnique en Europe Occidentale, construite dans un esprit de conciliarité par tous les fidèles orthodoxes se trouvant dans ces pays." De même Mgr Kallistos Ware expliquait lors de la première conférence diocésaine de Daru (2005) « Nous sommes d’accord sur [...] notre objectif à long terme : un seul évêque dans chaque lieu ; et tous les évêques dans chaque pays, ou région, unis autour du même métropolite local, selon les principes du 34e canon apostolique. » Et le dernier communiqué du "bureau de la Fraternité Orthodoxe" parle de "l'aspiration légitime des fidèles à l'unité visible" (2011).

"Mais nous ne sommes pas encore d’accord sur la voie qu’il faut suivre pour atteindre cet objectif." continuait Mgr Kallistos (ibidem) et, de fait, deux approches différentes se dessinent clairement comme je l’avais montré dans deux articles précédents:

• "L'ambition de créer une orthodoxie sui generis, occidentale et européenne", est essentiellement portée par "La Fraternité orthodoxe" et l'Archevêché de Daru, où "ce courant minoritaire détient un pouvoir réel": je pense ce projet irréaliste car, en faitni la majorité des fidèles ni aucune Eglise ne s'y reconnaissent.

• La " … création en Europe Occidentale d’une Métropole réunissant plusieurs diocèses et incluant toutes les paroisses, les monastères et les communautés orthodoxes d’origine et de tradition russe qui souhaiteraient la rejoindre. Nous prévoyons d’accorder à cette Métropole les droits de l’Autonomie avec élection du Métropolite par le Concile Métropolitain (…) Nous fondons notre espoir que la Nouvelle Métropole autonome, qui réunira tous les fidèles de tradition orthodoxe russe des pays d’Europe Occidentale, servira au moment choisi par Dieu, de creuset à l’organisation de la future Eglise orthodoxe Locale multiethnique en Europe Occidentale, construite dans un esprit de conciliarité par tous les fidèles orthodoxes se trouvant dans ces pays."(ibid.) Je trouve ce projet pragmatique mais peu précis et de toute façon lointain…

La modification de la composition ethnosociologique des Orthodoxes français risque d’approfondir encore les divergences.
• La croissance probable du nombre de conversions, qui devrait logiquement suivre la croissance du nombre des clercs convertis (1), de même que l’assimilation progressive des anciennes émigrations, va augmenter le nombre d’Orthodoxes peu attachés aux Eglises-mères et donc partisans d'une Eglise locale totalement indépendante.
• A contrario, l’arrivée massive de nouveaux migrants des Pays de l’Est, et en particulier des migrants temporaires, va augmenter le nombre de ceux pour qui l’Eglise doit permettre de maintenir un lien avec leurs racines culturelles. Ils tiendront donc au maintien de liens étroits avec les Eglises-mères

Trouver un modèle commun permettant de répondre aux attentes de tous sera donc le défi des Orthodoxes occidentaux. Il est important, pour cela, que chacun se mette à l’écoute de l’autre plutôt que de s’enfermer dans sa propre logique en essayant de démontrer que c’est la seule qui respecte les canons, comme c’est le cas actuellement. Et c’est le modèle de l’OCA (Eglise orthodoxe en Amérique) qui me parait représenter le seul exemple conciliant les attentes qui semblent opposées :

• c’est clairement une Eglise d’Américains pour les Américains: ce modèle convient donc aux tenants de la première approche
• elle intègre aussi des èparchies non géographiques, roumaine, bulgare et albanaise, qui permettent de préserver les particularismes culturels et de garder des liens particuliers avec les Eglises-mères, comme le demandent les partisans du maintien de ces liens.

Nous savons bien toutefois que l'autocéphalie de l'OCA est loin d'être unanimement admise et nous pouvons aisément imaginer comme il sera difficile de reprendre ce modèle, même s'il parait théoriquement acceptable. De plus nous avons une autre question à surmonter en Europe:

Quel rôle pour le Catholicisme?

Les Orthodoxes reprochent suffisamment aux Latins d’avoir implanté des hiérarchies parallèles dans leurs territoires canoniques, que ce soit au Moyen-Orient ou en Europe de l’Est, pour ne pas faire exactement la même chose dans l’autre sens. Malgré cela, je ne connais aucun théologien orthodoxe défendant le respect scrupuleux du territoire canonique de Rome défini au premier millénaire et ce principe a subi bien des accrocs : plusieurs dizaines de diocèses orthodoxes sont établis en Europe occidentale, sans parler des deux Eglises autocéphales de Pologne et des Terres Tchèques et Slovaques.

Toutefois, la plupart des Eglises orthodoxes marquent un certain pour l’évêque catholique titulaire : ainsi les évêques orthodoxe ne portent pas les titres des villes épiscopales catholiques mais soit des titres «in partibus» (2), soit de pays qui ne représentent pas des diocèses catholiques (de France, d’Allemagne…) (3). De plus, certains évêques orthodoxes (en particulier ceux de l’Eglise russe) ne manquent pas de rendre visite au titulaire catholique quand ils visitent une ville de province ni de l’inviter pour les grandes occasions (bénédiction d’une église, fête patronale…).

Mais rien de cela n’est concerté ni entre Eglises Orthodoxes ni avec l’Eglise romaine et il me semble que, si l’on en vient à la mise en place d’une ou plusieurs Eglises autocéphales en Europe occidentale, cela ne devrait pas se faire sans un accord avec Rome.

Notes
(1) Voir par exemple le dynamisme de la fraternité de l’Eglise de Serbie en Languedoc-Roussillon
(2) Villes dont le siège épiscopal orthodoxe a été historiquement supprimé, exemple Chersonèse , Comane ou Souroge.
(3) Les nouveaux diocèses catholiques en territoire orthodoxe semblent obéir au même principe : leurs diocèses en Russie s’appellent « de Notre Dame » ou « de Saint Nicolas »…


Rédigé par Vladimir GOLOVANOW le 5 Janvier 2012 à 15:01 | 53 commentaires | Permalien


Commentaires
Du plus récent au plus ancien | Du plus ancien au plus récent

53.Posté par vladimir le 23/02/2012 09:51
Comme Marie, je trouve cette visite en France très prometteuse par tout l'atmosphère qui en émane. On peut se prendre à espérer que les mauvaises pages sont tournée qie nous repartons dans la bonne direction: alors qu'il lui avait fermé au nez les portes de Daru lors de sa dernière visite, Mgr Gabriel a invité cette fois Mgr Hilarion à Saint Serge et c'est par là que, de façon très symbolique, ce dernier a commencé sa visite en France. Comme mentionné dans le compte rendu, "le métropolite y fut reçu par l'archevêque Gabriel, le recteur de l'Institut l'archiprêtre Nicolas Cernokrak et les représentants du corps enseignant. Les participants de la rencontre se sont rendus à l’église de l’Institut, ...

L'archevêque Gabriel a salué cordialement son visiteur, qui est docteur en théologie de l'Institut. Le métropolite Hilarion s’est déclaré content de se trouver à nouveau dans le lieu qui est devenu le centre de la renaissance de la pensée théologique russe au XXe siècle, là où ont prié et enseigné des théologiens éminents, comme l'archimandrite Cyprien (Kern), les archiprêtres Georges Florovsky, Serge Boulgakov et Nicolas Afanassiev, V.N. Lossky et plusieurs autres. Le métropolite a partagé les souvenirs de ses visites à l'Institut durant ses études et a mentionné, en particulier, comment il s’était arrêté dans la cellule de l'archiprêtre Serge Boulgakov." (http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Visite-en-France-du-metropolite-Hilarion-de-Volokolamsk_a2236.html).

Et dès le lendemain le métropolite rendait officiellement un hommage appuyé aux théologiens de l'Institut mentionnés ci-dessus dans son allocution à l'ouverture des premières Journées du livre orthodoxe en France (cf. commentaire 1 sur http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Visite-en-France-du-metropolite-Hilarion-de-Volokolamsk_a2236.html?com#comments)

Nous avions déjà souligné que l'Institut Saint Serge semble montrer le chemin de l'Unité au reste de Daru en passant par la théologie (1). Espérons qu'il pourra être associé à l'école doctorale "saints Cyrille et Méthode" que préside Mgr Hilarion (http://www.doctorantura.ru/): il s'agit là de formation théologique la plus élevée de l'Eglise russe et ce serait bien évidement un pas très symbolique vers la réunification. Espérons aussi que, lors de la prochaine visite de Mgr Hilarion, nous pourrons voir le voir communier au même calice avec Mgr Gabriel… Toutefois ne prenons pas trop tôt nos désirs pour des réalités et prions en espérant la suite!

(1) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/L-Institut-Saint-Serge-met-l-Unite-de-l-Eglise-russe-en-pratique_a2046.html?com#comments

52.Posté par Marie Genko le 21/02/2012 11:15

Je voudrais remercier celui qui s'est donné la peine de mettre sur ce blog le discours du métropolite Hilarion.

Après les nombreuses seccousses, qui ont agité nos paroisses et le coeur des fidèles, la limpidité des paroles de Mgr Hilarion apportent un immense espoir de paix.

Sur orthodoxie.com nous pouvons voir la photo de cette réunion de l'AEOF.

Nous pouvons voir l'archevêque Gabriel, qui malgré son état de santé alarmant, s'est donné la peine de venir assister à cette réunion.
Grace lui en soit rendue!
Grace lui soit rendue de se tenir aux côtés du métropolite Hilarion et des autres évêques orthodoxes de France, chacun représentant son Eglise et témoignant de l'unité du monde orthodoxe.

Il semble loin déjà le temps où l'archevêché prétendait à lui seul être le fondement de l'Eglise Locale d'Occident!

L'avenir de l'Orthodoxie en Europe occidentale est entre autre, comme vient si justement de le souligner le métropolite Hilarion, le témoignage de l'amour fraternel entre les différents patriarcats représentés dans les assemblées des évêques orthodoxes des pays d'Europe occidentale.

Dans le monde déchristianisé dans lequel nous vivons, nous avons besoin plus que jamais des toutes nos forces vives et comme le dit si clairement le métropolite Hilarion:

"La voix de l’Orthodoxie sera de fait mieux entendue si nous résistons ensemble au laïcisme agressif, si nous défendons ensemble l’idéal moral du christianisme dans un monde contemporain".

Il me reste à espérer que dans le contexte de cette orthodoxie plurielle en Europe occidentale, l'unité entre l'archevêché et son Eglise mère se fera dans un avenir proche.


51.Posté par AEOF - DISCOURS DU METROPOLITE HILARION le 19/02/2012 11:07
DISCOURS DU METROPOLITE HILARION DE VOLOKOLAMSK DEVANT L’ASSEMBLEE DES EVEQUES ORTHODOXES DE FRANCE
Éminences, chers confrères archipasteurs,

Vénérables pères et frères membres de cette assemblée,

Votre Assemblée, par l’intermédiaire de son Président, Son Éminence le métropolite Emmanuel de France, m’a aimablement invité à participer à cette séance, et je vous en remercie. Je suis heureux de pouvoir m’entretenir fraternellement avec vous: cette rencontre était prévue depuis longtemps mais n’a pu avoir lieu qu’aujourd’hui du fait de circonstances diverses.

L’histoire de l’Orthodoxie en France aux XX et XXI siècles abonde en évènements et processus renvoyant à de nombreuses pages tragiques de l’histoire contemporaine de l’Église. L’Orthodoxie française s’est démarquée et se démarque toujours par l’intérêt qu’elle porte à l’organisation ecclésiale dans le contexte de la diaspora. La collaboration entre évêques des différentes Églises locales représentées en France compte plus d’une décennie, puisqu’elle débute en 1967. On peut dire que l’Assemblée des évêques orthodoxes de France, au même titre que la structure qui lui correspond en Amérique du Nord a été ces dernières décennies à l’avant-garde de la collaboration interorthodoxe dans la diaspora. Comme tout pionnier, l’Assemblée a naturellement traversé différentes crises de croissance, n’a pas toujours trouvé les méthodes de travail adéquates avant l’adoption en 2009 du Réglement actuel, concerté à la IV Conférence panorthodoxe préconciliaire.

L’exemple de l’AEOF démontre toute l’importance du principe de consensus dans la prise de décisions, principe fixé par le Règlement. L’emploi de cette méthode permet à l’Assemblée de prendre des décisions réfléchies et équilibrées au maximum, tenant compte des intérêts de chaque juridiction ; il permet d’éviter équivoques et désaccords et donc, dans les faits, de renforcer l’unité de l’Orthodoxie en France.

L’expérience positive d’application du principe consensuel dans le cadre de l’AEOF et d’autres assemblées épiscopales orthodoxes des différentes régions de la diaspora est un argument de plus en faveur de la conservation de ce principe dans le processus préconciliaire, où il a été appliqué durant plusieurs décennies. Grâce à lui, les Églises locales sont parvenues à un accord préalable sur huit des dix questions portées à l’examen du Concile. Comme l’a montré la rencontre des Primats et des représentants des Églises locales de novembre dernier à Moscou, de nombreuses Églises se prononcent en faveur de la conservation du principe de consensus tant durant le processus préconciliaire qu’au Concile lui-même. Grâce au concensus des membres du Concile – et dans le cas du Grand concile il s’agira si possible de tous les évêques orthodoxes – la voix de chaque Église, même celle de la moins nombreuse, sera entendue et il sera tenu compte de sa position. Ceci est particulièrement important pour la réception ultérieure des décisions du plérôme de l’Église. Nous devons tout faire pour éviter de nouvelles divisions.

La préparation du Concile panorthodoxe est étroitement liée à la question de l’organisation de la diaspora orthodoxe. Conformément au décret de la IVe Conférence panorthodoxe préconciliaire sur la diaspora orthodoxe, les Assemblées d’évêques canoniques orthodoxes des différentes régions du monde sont un organe provisoire appelé à préparer le terrain à une future organisation canonique de l’Orthodoxie dans ses régions. De mon point de vue on pourrait envisager cet avenir dans la formation – lorsqu’il plaira à Dieu – d’Églises locales polyethniques indépendantes. Certains l’envisagent différemment.

Néanmoins, le processus de perfectionnement de l’organisation canonique et le mouvement vers une plus grande unité exigent une extrême prudence. Dans ce domaine, on ne saurait parvenir à un résultat positif au moyen de transformations brutales qui ne font que multiplier les divisions et blesser les cœurs humains. Pour beaucoup d’orthodoxes de la diaspora, le lien avec les Églises-mères est tout à fait essentiel, il fait partie de leur identité spirituelle et ces sentiments ne doivent en aucun cas être méprisés.

Partant de cet état de fait, le Règlement du travail des assemblées épiscopales respecte le droit de chaque Église locale à développer ses propres projets missionnaires, éducatifs et culturels en collaboration avec les autorités locales et autres organismes.

Ceci ne doit pas, cependant, contrevenir aux objectifs des Assemblées épiscopales qui œuvrent à la confortation des fidèles locaux, au développement de la collaboration entre hiérarques et clercs en vue du témoignage commun de l’Orthodoxie, de la coordination de leur dialogue avec l’hétérodoxie, avec les autorités civiles et les institutions publiques, et travaillent au développement commun de projets théologiques, éducatifs et missionnaires, collaborant dans les différents domaines de la pastorale. La voix de l’Orthodoxie sera de fait mieux entendue si nous résistons ensemble au laïcisme agressif, si nous défendons ensemble l’idéal moral du christianisme dans un monde contemporent.

Je souhaite sincèrement à chacun des membres de l’Assemblée des évêques orthodoxes de France la grâce et l’aide affermissante de Dieu dans vos efforts communs pour la réalisation de ces sublimes objectifs.

Merci de votre attention.

50.Posté par Marie Genko le 31/01/2012 21:17
Cher Séraphin,

Merci pour ce message N°49.
Nous sommes de nombreux orthodoxes à vivre nos traditions, et à les aimer, sans vraiment savoir au juste quelle est la raison profonde de leur existence.
Ton message nous éclaire merveilleusement sur ce que nous dicte notre intuition, sans que nous soyons pour autant capables d'expliquer le pourquoi de notre attachement à nos coutumes.

Merci aussi d'expliquer avec tant de clarté (je te cite) que :

" L’organisation de l’Eglise en Europe occidentale n’est pas un problème juridique que l’on pourrait régler en imaginant une formule équilibrée de gouvernement de cette Eglise.
Décider que ce territoire appartient à Constantinople, par exemple, serait commode, mais cela ne serait pas orthodoxe, car cela ne respecterait pas le vrai caractère territorial de l’Eglise. Ce serait une décision juridique qui remplacerait une situation anormale par une autre situation anormale."

Là aussi tu exprimes de façon limpide ce que nous sommes nombreux à penser.

Enfin lorsque tu écris:

"L’étape de l’assemblé des évêques est incontestablement une bonne voie. Remarquons en passant que la commission préconciliaire qui l’a instituée n’a rien inventé mais bénit simplement ce qui avait déjà émergé spontanément (grâce aux efforts de la Fraternité, première génération).
Quand cette conscience ecclésiale sera apparue elle s’imposera d’elle même, mais il est impossible de la décréter."

Tu as de nouveau entièrement raison!

Je veux simplement ajouter que pour que cette conscience ecclésiale apparaisse, il faudrait que certaines personnes cessent de considérer l'Eglise de Russie comme un ennemi à écarter par tous les moyens de leur chemin!

Personnellement je trouve parfaitement scandaleux que certaines personnes se voient interdire par leur archevêque de se rendre au séminaire d'Epinay sous Sénart!


49.Posté par Séraphin Rejhbinder le 30/01/2012 14:02

Excusez d’intervenir un peu tard dans cette discussion.
Tout d’abord je voudrais me réjouir qu’un tel débat ait lieu entre des personnes de bonne foi et désireuses de se comprendre mutuellement voire de se convaincre. Il est toujours réconfortant de voir des orthodoxes se préoccuper de la vie de l’Eglise plutôt que de dire « moi, je vais à la liturgie, le reste est affaire des prêtres » (ou, pire encore des clercs dire « ne vous en occupez pas, c’est notre affaire »)

Pour ma part je voudrais apporter, si vous le permettez, deux considérations au débat.
Le premier concerne les « koulitchis ». Un intervenant ne voit pas leur rapport avec la foi orthodoxe. (post 5) Je voudrais à cet égard développer ce qu’a écrit Justine (post 12). Nous vivons dans nos pays dans un monde sécularisé qui tend à intellectualiser la vie religieuse et la séparer de la vie tout court. Les orthodoxes sont soumis à cette pression autant que les autres Chrétiens d’ici.

Pourtant l’Eglise (orthodoxe) dans sa tradition liturgique, nous enseigne que la louange du Seigneur n’est pas (seulement) intellectuelle. Elle procède de l’homme dans sa globalité, corps, esprit et âme.

Dans nos offices, les textes enchantent l’intellect, les mélodies réjouissent l’oreille, le spectacle des icônes et des fresques ainsi que des habits liturgiques charment la vue, le parfum de l’encens séduit l’odorat. Tout cela est à la fois une louange à Dieu et une image du Royaume de Dieu pour les fidèles.
De même les traditions populaires, appelées parfois « folklore » tendent à réunir la vie domestique avec la vie liturgique pour constituer la vie d’un chrétien. Je voudrais expliquer ce que je veux dire sur l’exemple de la façon de fêter la résurrection (« fête des fêtes et solennité des solennités »)

Tout commence par la semaine du publicain et du pharisien, premier contact avec le triode du carême et, à la maison, début de la rupture avec la routine, en l’occurrence c’est la semaine où l’on ne fait pas maigre le mercredi et le vendredi. Puis, lors de la dernière semaine avant le carême, à l’ église on entre dans le triode de carême en se préparant aux exploits du carême alors qu’à la maison on se prépare aux privations du carême en faisant quelques réserves de nourritures, non carnées, encore permises. Ce sont les « blinis ». Ensuite commencent les longs offices de la première semaine de carême et, à la maison, on nettoie bien les plats et les casseroles de toute nourriture non carêmique, c’est le lundi « pur ».

Puis se succèdent les semaines du carême et chacun, se prive de nourriture selon ses possibilités (car respecter strictement l’ « oustav » est quasi impossible) tout en assistant aux offices quand il le peut. Enfin arrive la grande joie de l’Entrée de Notre seigneur à Jérusalem. La famille revient de l’office avec les rameaux ( et des cierges allumés il n‘y a pas encore si longtemps) qui sont ensuite soigneusement installés autour des icônes de la maison. Puis commence la grande semaine. De merveilleux offices nous préparent au « festin de la foi » tandis qu’à la maison on s’affaire pour préparer le festin de Pâques. On cuit les « koulitchi », on prépare la « pasha », on teint les œufs, etc.

Si vous avez des enfants, et si la vie se passe ainsi, vous n’avez pas besoin de leur expliquer. Avant de comprendre quoique ce soit il sentent déjà qu’il se passe quelque chose d’important et que cet important est grand et joyeux.
Quand le Patriarche de Roumanie engage ses ouailles à rester roumains c’est en espérant qu’ils garderont cette vie centrée sur l’Eglise que les peuples orthodoxes ont progressivement élaboré. La perte de ces traditions est peut- être inévitable, mais sans elles la foi devient plus abstraite et sa transmission plus difficile.

L’autre point sur lequel je voulais intervenir est l’espérance que le Grand concile règlera tout nos problèmes. L’organisation de l’Eglise en Europe occidentale n’est pas un problème juridique que l’on pourrait régler en imaginant une formule équilibrée de gouvernement de cette Eglise.
Décider que ce territoire appartient à Constantinople, par exemple, serait commode, mais cela ne serait pas orthodoxe, car cela ne respecterait pas le vrai caractère territorial de l’Eglise. Ce serait une décision juridique qui remplacerait une situation anormale par une autre situation anormale.

Aucun problème ecclésial ne se résout de manière juridique. Le vrai problème est comment faire que les orthodoxes de France, par exemple, se sentent membres de la même Eglise, et ne soient pas inclus de force dans une Eglise dans laquelle ils ne peuvent se reconnaître et ne peut donc être « leur » Eglise. Il faudra sans doute du temps pour cela et beaucoup de foi. L’étape de l’assemblé des évêques est incontestablement une bonne voie. Remarquons en passant que la commission préconciliaire qui l’a instituée n’a rien inventé mais béni simplement ce qui avait déjà émergé spontanément (grâce aux efforts de la Fraternité, première génération).
Quand cette conscience ecclésiale sera apparue elle s’imposera d’elle même, mais il est impossible de la décréter.

48.Posté par Behr Nicolas le 17/01/2012 23:28
Cher Monsieur,
L'image de la Fraternité est parfois bâtie par ceux qui n'en sont pas membres.
Je maintiens que la majorité des membres de la Fraternité espère qu'un consensus des Eglises mères lors du prochain Concile permettra d'unifier la présence orthodoxe dans les pays occidentaux dans le respect des canons.
Ce discours je l'ai tenu encore il y a quelques mois en présence de Mgr.Emmanuel lors d'une réunion de la Fraternité à la cathédrale St Etienne rue Georges Bizet en ma qualité de Président de notre Association.
Que des orthodoxes vivant ici ne partagent pas nos positions me semble tout à fait normal: le débat est et doit rester ouvert, mais à condition de rester irénique . La Fraternité n'est pas un lieu de pouvoir et de réseau. C'est une association de clercs et laïcs de toutes les juridictions qui est ,je le souligne, au service et sous l'égide de l'AEOF .
Quant au séminaire d'Epinay j'ai eu l'occasion d'en parler avec mon Evêque Mgr Nestor.
Dans le cadre de la future Eglise Locale nous n'aurons pas les moyens de nous offrir 2 Instituts de formation théologiques . Alors préfigurons cette situation et autant que de besoin faisons venir de Grèce , de Roumanie , de Russie ou d'ailleurs les enseignants qui pourraient nous manquer au plan local.
En Christ

47.Posté par vladimir le 17/01/2012 16:26
Bien cher Nicolas Behr,
Je suis très heureux de pouvoir échanger avec grâce à ce forum: l'éloignement géographique le rendrait difficile autrement. Quand à la " question de génération", nous sommes plusieurs participants de ce forum à faire partie du "3ème âge"; après cela, quelques années de + ou de – ne changent plus tellement!

J'avoue que votre profession de foi m'a surpris (commentaire 43), et je ne pense ne pas être le seul …: lL'image de la "Fraternité" est en effet très loin de votre affirmation " Pour la Fraternité la création de l'Eglise Locale en Europe Occidentale ne pourra résulter que d'un consensus de toutes les Eglises mères". Oû pourrait-on trouver des prises de position en ce sens? En effet, comme je l'ai écris, cela ne transparait pas dans vos travaux et, bien au contraire, vous apparaissez souvent comme "ce courant minoritaire, mais qui détient un pouvoir réel dans les instances orthodoxes, /qui/ est uni par la «fraternité orthodoxe». Ce réseau peu connu a pourtant l'ambition de créer une orthodoxie sui generis, occidentale et européenne. Et cherche donc à gagner son autonomie, tant vis-à-vis du patriarcat de Constantinople que de celui de Moscou." (1) Mais je suis très heureux d'apprendre que cela ne correspond pas à la réalité et j'espère que le congrès de Strasbourg sera l'occasion de l'affirmer haut et claire…

Pourtant la suite de votre commentaire laisse apparaitre un autre paradoxe: vous écrivez "Cette Eglise aura toujours besoin de l'aide spirituelle des Eglises mères mais aussi probablement pratique: formation des prêtres, diacres, chantres capables de répondre aux besoins spirituels des nouveaux émigrés." Mais alors pourquoi vous en prendre si violemment au séminaire d'Epinay qui, justement, répond exactement aux besoins pratiques que vous exprimez là?

Croyez bien, cher Nicolas Behr, que je ne cherche ni à vous piéger ni à nous embarquer dans une polémique stérile: ce que vous avez écrit est suffisamment important, je dirais même essentiel, pour notre avenir pour que j'essaye seulement de le consolider, de confirmer cette orientation de la "Fraternité" qui, pour moi, est nouvelle. Dites-nous en plus pour que nous puissions aller plus loin ensemble "AFIN QUE TOUS SOIENT UN..."!

(1) Jean-Marie Guénois – dans "Le Figaro": http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Le-Figaro-Moscou-veut-recuperer-la-cathedrale-orthodoxe-de-Nice_a668.html?com

46.Posté par Daniel Fabre le 16/01/2012 07:44
chère Marie, oui je comprends quand même et j'aime à penser que lorsqu'il se pourrait qu'un de nos enfants ou petits enfants en leur âge adulte, venait à perdre la foi ou(et) la pratique, lors d'une grand épreuve de tristesse ils sauraient, gr^ce à Dieu et grâce au souvenir des "chants" orthodoxes, du parfum de l'encens, de la " Lumière Joyeuse de la Sainte Trinité " à travers, les étincelles de centaines de bougies, d'habits sacerdotaux, ils sauraient alors comme le dit Saint Gégoire de Nysse " "La puissance divine étant capable d'inventer un espoir là où il n'y a plus d'espoir, et une voie dans l'impossible." dans la Sainte Eglise en présence de Saints amis Iconiques.....et entendre les paroles du Seigneur, " venez à moi, vous tous qui êtes fatigués (Mat.11, 28): Daniel F.

45.Posté par justine le 15/01/2012 20:50
A Nicolas Behr (No 38)
Si ce bannissement de » toute forme de prosélytisme » devait signifier (il y a en effet, dans les milieux œcuménistes, une tendance à utiliser les mots comme cela les arrange, et Daniel a raison de poser sa question) l’interdiction de confesser la Foi orthodoxe et le refus d’accueillir dans l’Eglise Orthodoxe des Roméo-catholiques et des Protestants désirant sincèrement revenir à la Foi des Pères et au sein de l’Eglise Une, Sainte et Catholique et Apostolique, c’est à dire l’Eglise Orthodoxe, cela signifierait le rejet et l’obstruction de l’œuvre du Christ qui est venu au monde pour sauver les pécheurs, œuvre qu’Il continue à accomplir jusqu’à la fin des temps dans Son Eglise. Qui oserait perpétrer un tel méfait ?

Il semble bien que tout ce discours d’ »Eglises locales » dans la diaspora, tel qu’il est mené par la Fraternité et de semblables organismes, manque de franchise, parce qu’il vise en réalité à assurer la Primauté de Constantinople sur toute la diaspora (comme le mentionne aussi Marie), et pas seulement sur elle, aboutissant ainsi à une vaticanisation de l’Orthodoxie, ce dont Dieu veuille nous préserver !

44.Posté par Marie Genko le 15/01/2012 18:53
Cher Daniel Fabre,

Je peux vous assurer qu'en ce qui concerne les exilés russes de la première vague d'émigration, ces personnes ne rêvaient que d'une chose, c'était de la chute du régime communiste et rentrer le plus vite possible chez eux...!
Beaucoup d'entre eux n'ont pas voulu demander la nationalité française pour cette raison et ont vécu toute leur vie avec une valise à portée de main et un passeport Nansen.

Certains, comme mes parents, ont compris assez vite qu'ils allaient probablement finir leurs jours en France et ont demandé la nationalité française.
Nous sommes donc nombreux dans ma génération à être nés français de parents français.
J'ajoute toujours à ceux qui mettent en doute ma loyauté de citoyenne française que je suis la fille d'un officier français et que je suis éperdument reconnaissante à la France d'avoir accueilli ma famille!
Mais cela n'a rien à voir avec mon attachement à mon identité patriarcale orthodoxe russe!
Tout comme certains catholiques en France se reconnaissent dans l'obéissance à un pontife allemand régnant à Rome, je me reconnais moi dans l'orthodoxie russe qui m'a été transmise par mes parents!
Il n'y a là, ni phylétisme, ni politique, simplement l'attachement aux prières de mon enfance en slavon!
Je suis triste de lire que vous entendez dire que les orthodoxes entre eux se regardent avec méfiance!
Cela ne devrait pas être!
Chacun d'entre nous est libre de choisir sa paroisse, sa juridiction!
Chacun d'entre nous devrait avoir à coeur à ne pas pourrir la vie de ceux qui ne partagent pas ses vues!
Ce n'est malheureusement pas toujours le cas, car certains veulent à tout prix prendre le contrôle dans les conseils paroissiaux et nombreux sont ceux qui en souffrent....

Pour ce qui est du prosélytisme orthodoxe, comment voulez-vous que nous soyons un exemple pour les Nations lorsque nous sommes incapables de nous entendre entre nous????

Lorsqu'il n'y aura plus de procès entre les juridictions et entre les paroissiens, lorsque qu'une véritable fraternité verra le jour parmi nous, alors comme vous le citez vous-même:

"(aie la paix en toi et des milliers viendront à toi ....)

Ce jour là, si le Seigneur le permet, des milliers viendront à la Vérité.

Avec toute mon amitié Marie

43.Posté par Behr Nicolas le 15/01/2012 17:58
Cher Vladimir Golovanov
Je ne suis guère adepte des forums : probablement une question de génération.

Je vais tenter néanmoins de vous apporter une brève réponse en ma qualité de membre d'une paroisse du Patriarchat de Moscou et de responsable de la Fraternité Orthodoxe en Europe Occidentale.

1°Je me réjouis du souffle de renouveau et de liberté qui permet aux Eglises de l'Est de l'Europe de reprendre leur mission mais cela ne change pas à mes yeux le besoin de continuer à oeuvrer en direction d'une Eglise locale dans les pays de l'Europe Occidentale qui réunisse tous les orthodoxes russes , ukrainiens; biélorusses,roumains , géorgiens, moldaves , bulgares ,serbes ,grecs, chypriotes, syro-libanais, palestiniens,égyptiens et européens de l'Ouest etc...

2° Pour la Fraternité la création de l'Eglise Locale en Europe Occidentale ne pourra résulter que d'un consensus de toutes les Eglises mères donc prise au niveau du Grand Concile que nous attendons.
Et c'est pourquoi dans cette attente la Fraternité travaille sous l'égide de l'Assemblée des Evêques Orthodoxes de France.

3° Cette Eglise aura toujours besoin de l'aide spirituelle des Eglises mères mais aussi probablement pratique :formation des prêtres , diacres, chantres capables de répondre aux besoins spirituels des nouveaux émigrés.

J'espère cher Vladimir avoir répondu à vos principales questions et puisque vous avez été proche de la Fraternité dans les années 70/80 nous avons du nous croiser à cette époque (j'en étais le trésorier et organisateur des premiers congrès). J'aurai plaisir à vous revoir et poursuivre notre dialogue.
Tous à Strasbourg!!!
En Christ

42.Posté par Daniel Fabre le 15/01/2012 16:25
Il est quelque chose qui m'échappe : après avoir lu ici ou là, ceci ou cela, il me semble que contrairement à l'Amérique où les personnes en diaspora, ont plutôt tendance à faire souche comme ensuite ils l'expriment dans le serment qu'elles font lors de la réception de leur nouvelle nationalité américaine, il m’apparaît qu'en occident, en France en tout cas, les personnes de la diaspora n'ont pas autant le désir de faire souche....et chez nous, il n'est pas de serment de fidélité à la nouvelle nation...

D'autre part, et je suis désolé de le constater et de me l'entendre dire par des prêtres et de futurs candidats à la prêtrise, que déjà les orthodoxes entre eux se regardent avec défiance, chacun en sa maternité nationale orthodoxe, plus apte et fidèle à l'orthodoxie que l'autre et aussi que c'est mieux d'assurer une pastorale en leurs pays respectifs de souche qui est plus avancé : je cite : " spirituellement " que les occidentaux ..."

Ceci pose le problème que s'il pouvait être bon de critiquer l'appauvrissement du peuple occidental catholique, voir l'absence de toute spiritualité chez lui....cet argument n'a de valeur que si les valeureux et magnifiques tenants de l'orthodoxie actualisaient vraiment alors le Commandement du Christ : " allez enseignez toutes les nations ! "
Et si on ne veut le faire sous prétexte de difficiles sujets occidentaux.....on se tait et on s'exerce soi-même à devenir plus saint ! (aie la paix en toi et des milliers viendront à toi ....)

Pour ma part je ne puis ignorer que la majorité des églises " mères " furent elles aussi églises " filles " de quelqu'une ...je crois ! heureusement pour nous minorité occidentale, Dieu ne fait acception de personne !

Donc je doute que soit faisable une église locale dans ces conditions. : Daniel .F petit orthodoxe local, d'origine culturelle latine gallo celte mâtiné de wisigothisme, pèlerin sur cette terre d'accueil où non pas moi, mais le Seigneur a bien voulu me faire naître....


41.Posté par Marie Genko le 15/01/2012 16:05
@Nicolas Behr

Cher Monsieur,

Merci de vous donner la peine d'intervenir sur ce site.
J'ai lu avec beaucoup d'intérêt votre échange avec Vladimir Golovanow.
Il me semble qu'il serait nécessaire pour tous les tenants d'une Eglise Locale autocéphale de lire attentivement les articles publiés par l'archimandrite Grigorios Papathomas.

Le Père Grigorios, comme vous le savez certainement, est un savant qui cummule bien des titres universitaires prestigieux et il a été particulièrement distingué par Sa Sainteté le Patriarche Bartholomé.
Ces articles se trouvent très facilement sur le site:
orthodoxie.com.

Après avoir lu ces publications il me semble clair que Sa Sainteté Bartholomé considère que les orthodoxes en diaspora doivent naturellement, à l'image de la toute nouvelle Eglise d'Estonie, dépendre du Patriarcat oecuménique.

Pourtant nous constatons que ni les Roumains, ni les Serbes, ni les autres orthodoxes présents en Europe occidentale ne souhaitent rompre leur lien avec leur Eglise mère.

Seuls certains membres de l'ARCHEVECHE DES EGLISES RUSSES D EUROPE OCCIDENTALE poursuivent ce rêve de création d'une Eglise orthodoxe Locale multi ethnique.

Comme je l'ai moi-même écrit à plusieurs reprises, la création d'une Eglise Locale autocéphale sur un territoire autrefois canonique de l'évêque de Rome, me semble poser problème!

Je suis convaincue qu'il ne nous appartient pas, ni à vous, ni à moi, de discuter ce concept.
Car ce concept n'avancera pas d'un pouce tant qu'il ne sera pas béni par le concensus de tous les patriarcats orthodoxes!
Et ni les congrès, ni les conférences organisées sur ce thème ne seront en mesure de le promouvoir.

Je ne sais quoi vous répondre lorsque vous, et d'autres personnes de l'archevêché, disent qu'ils sont déterminés à vouloir persévérer dans leur chemin séparé de leur Eglise mère!!!
Il a toujours été clair dans l'esprit des fondateurs de l'Archevêché que celui-ci retournerait un jour dans le giron de son Eglise Mère.....
Mais comme l'écrit Valdimir Golovanow:

"Dans les derniers congrès, dont j'ai lu les exposés et les comptes rendus, comme dans vos communiqués, je vois revenir les mêmes thèmes qu'il y a trente ans avec, en plus, une grande désillusion du fait de "l'absence de progrès substantiels réalisés récemment en direction de l'Eglise locale."

Les mêmes thèmes qu'il y a trente ans, je dirai même les mêmes thèmes que ceux qu'employait le défunt Père Alexandre Schmemann lorsqu'il qu'il s'efforçait il y a 50 ans d'obtenir l'autocéphalie pour l'Eglise orthodoxe en Amérique!

Vous êtes effectivement libres de vos choix!
Et nul d'entre nous ne saura vous convaincre de renouer avec l'Eglise Russe de laquelle vous êtes poutant issus.

Il est simplement triste que ceux d'entre nous qui souhaitent renouer avec leur Eglise mère se voient acculés devant le dur dilemme de quitter leur paroisse ou de rester sur place et subir les tensions générées par les querelles entre les paroissiens....!

Cher Monsieur, il nous reste à souhaiter que nos prières et notre espoir dans le Seigneur viendront éteindre toutes nos querelles.
Bien à vous en Christ

Marie
Lien: Marie Genko: Réflexions à propos d'un article du Père Grigorios Papathomas

40.Posté par vladimir le 15/01/2012 13:03
Bien cher Nicolas Behr,
Je suis très heureux de vous voir intervenir sur ce fil, puisque vous êtes signataire du dernier communiqué du "bureau de la Fraternité Orthodoxe" que je cite dans mon post. J'espère que, avant même votre congrès de mai prochain, nous pourrons poursuivre le dialogue sur ce forum. Je dois vous dire que j'étais proche de la "Fraternité orthodoxe" dans les années 1970-80 à Paris, quand il ne semblait pas y avoir d'autre solution pour l'orthodoxie en France qu'une Eglise locale indépendante des Eglises de l'Est assujetties au pouvoir athée.

Mais depuis il a eu un miracle: la libération et la résurrection des Eglises prisonnières qui nous semblaient moribondes et je trouve que votre mouvement n'a pas vraiment pris en compte ce miracle. Dans les derniers congrès, dont j'ai lu les exposés et les comptes rendus, comme dans vos communiqués, je vois revenir les mêmes thèmes qu'il y a trente ans avec, en plus, une grande désillusion du fait de "l'absence de progrès substantiels réalisés récemment en direction de l'Eglise locale."

J'ai exposé mes observations concernant l'approche de l'Eglise locale que séfend "la Fraternité", du moins telle que je la comprends, dans un article posté il y a un an (1) et je serais heureux de connaitre vos commentaires sur ce sujet. Vous contestez mon appellation "sui generis" pour caractériser cette approche et je vous accorde que, dans votre communiqué, vous précisez que "cela ne signifiera pas une rupture avec les Eglises-mères… mais le dépassement des clivages d'origines nationale ou culturelle." Toutefois, dans ce même communiqué, vous regrettez l'ouverture de "un séminaire russe et un centre spirituel russe" alors même que le témoignage du doyen de Saint-Serge (2) montre comment ce séminaire permet justement de dépasser ces clivages que vous déplorez.

De fait, je ne vois aucune référence concrète au rôle que doivent jouer les Eglises-mères dans la construction de l'Eglise locale, ni dans vos différents documents ni dans les discours de Mgr Gabriel, qui me semble largement partager votre approche (voyez par exemple son allocution de veux cette année (3)), ni dans la conférence programmatique de Mgr Kallistos (cité dans mon post), qui en prend même clairement le contrepied. Or l'intervention des Eglises-mères est indispensable, comme l'ont en particulier souligné les réunions de Chambésy (4), et d'autant plus incontournable que, comme je l'écris, le maintien de liens avec leur Eglises-mère est une exigence clairement exprimée par la majorité des orthodoxes.

Je serais donc très intéressé à connaitre votre opinion sur ces sujets et je pense ne pas être le seul participant de ce forum dans ce cas.

(1) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Deux-projets-pour-l-Orthodoxie-en-Occident-PROJET-1-REVE-D-AUTOCEPHALIE_a728.html?com
(2) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/L-Institut-Saint-Serge-et-le-Seminaire-russe-Il-n-y-a-pas-de-concurrence-mais-un-enrichissement-mutuel-P-Nicolas_a2153.html
(3) http://www.exarchat.eu/IMG/pdf/Feuillet_exarchat_41_janvier2012.pdf
(4) Je pense à la Conférence de Chambésy IV sur les Assemblées épiscopales et à la Commission de décembre 2009 sur l'autocéphalie.

39.Posté par Daniel le 14/01/2012 19:17
@ Nicola Behr (message 38)

Comment définissez-vous le prosélytisme? Le fait de suivre l'enseignement du Christ « Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.? (Matthieu 28:19)?

38.Posté par Behr Nicolas le 14/01/2012 15:22
Cher Vladimir Golovanov,
J'ai lu avec intérêt votre article Avenir de l'Orthodoxie en France.
Je partage votre analyse sur la difficulté de trouver une solution qui consiste à réunir tous les orthodoxes vivant dans un même pays en Europe Occidentale et c'est pourtant le défi que nous devons relever.
La position de la Fraternité Orthodoxe en Europe Occidentale est de suivre l'ecclésiologie orthodoxe :sur un territoire la célébration de l'eucharistie est présidée par un évêque entouré par ses fidèles.
Pour l'émergence de cette Eglise Locale je récuse le terme "sui generis" que vous utilisez car cette Eglise ne peut se couper de ses racines car elle s'appauvrirait . Chaque fidèle doit pouvoir continuer à prier s'il le souhaite, dans la langue et selon le rite qui lui est familier. Cela est vrai ,notamment , pour les nouveaux émigrés de l'est européen et du moyen- orient.
Cette Eglise Locale hérite d'un riche patrimoine dans le dialogue oecuménique.Ce dialogue devra être poursuivi en banissant dans notre action toute forme de prosélytisme.
Vous avez ouvert un dialogue. Je vous invite à le poursuivre ,ainsi que tous ceux qui ont commenté votre article en venant au congrès de la Fraternité Orthodoxe en Europe Occidentale organisé sous l'égide de l'Assemblée des Evêques Orthodoxes de France qui se tiendra à Strasbourg du 25 au 28 Mai prochain et prier rassemblés autour de nos Evêques.



37.Posté par Daniel le 13/01/2012 13:51
Je ne pense pas que nous disions des choses fondamentalement différentes... Les traditions religieuses méritent d'être conservées quand elles sont bonnes... Ni Daniel Fabre ni moi-même n'ont prôné un christianisme desséché, notamment liturgiquement...

Mais attention toutes les traditions liées à un événement religieux ne sont pas forcément bonnes. Être orthodoxe c'est aussi savoir distinguer entre des habitudes mauvaises qui se sont infiltrées et de saines habitudes. Un exemple me semble être celui cité par Maricha avec les coups de feu dans l'église durant le mariage.

Je suis un peu surpris que cela ait lieu dans l'église et pendant la cérémonie car à priori personne n'entre armé dans une église... Peut-être les fêtards étaient-ils dehors. Ceci pose problème car outre le fait qu'on entre pas armé dans une église, on y va aussi pour prier. Les coups de feu déconcentrent, font du bruit, de la fumée (d'habitude la seule fumée tolérée dans l'église est celle de l'encens et pas de la poudre), en somme cela ne convient pas à un mystère divin. Je ne pense pas que Saint Nicodème l'Hagiorithe, tout grec qu'il fût, ait approuvé ces manifestations, lui qui, dans une homélies sur le mariage, dénonçait les festivités intempestives.

Être orthodoxe, c'est aussi se demander ce qui est spirituellement profitable et ne l'est pas. Pour donner un exemple concret, jusqu'à il n'y a pas très longtemps, en Grèce, lors du mariage et de la danse d'Isaïe, l'assistance lançait du riz, ce qui donnait lieu à une atmosphère des plus bruyante et très peu priante, voire pas du tout chrétienne.

Vous pouvez visionner les vidéos suivantes, que je trouve personnellement choquantes.

http://www.youtube.com/watch?v=L74QyHS8zy4

http://www.youtube.com/watch?v=3hTQtH3UPf8


Par bonheur, l'Eglise de Grèce a interdit ces manifestations dans l'église, comme quoi, le folklore n'a pas que du bon.

36.Posté par Daniel Fabre le 13/01/2012 09:39
merci pour votre message 35 Marie,

ben oui, j'ai proposé à notre communauté, au vu de l'argent en trop en nos caisses communautaires de créer un fond d'entraide....on nous a plutôt proposé de garder l'argent pour des cadeaux d'anniversaire des membres..............!

Pour ce qui est des prêtres des hommes comme les autres, convenez qu'il est requis, voir exigé d'eux ( par eux-mêmes et les év^ques devant les candidats à la prêtrise, et j'en témoigne) une certaine exemplarité et je conviens en ceci qu'il est un équilibre toujours à chercher et pas évident même si nous nous en référons à Saint Paul 1 Timothée 3 de 1 à 13, mais on ne peut tomber quand même dans une excuse de pharisianisme pour ce qui concerne l'exemple et le Christ lui-même ne dit-Il pas :" tout arbre bon, produit de bons fruits......"

Mais j'aime la spiritualité, la théologie orthodoxes et j'admire la grandeur et la beauté des saints orthodoxe et la beauté, la richesse, de nos Liturgies, et la douceur, les entrailles ' entrailles utérines en vraie traduction ' de miséricordes, de compassion, de douceur et de bonté du Visage de notre Dieu, DÉCOUVERT, révélé, pour moi du moins, dans l'orthodoxie ! merci gentille Marie, affection en Christ : Daniel.F

35.Posté par Marie Genko le 13/01/2012 00:54
Cher Daniel Fabre,

Merci pour votre message 34!
Aucun orthodoxe ne contestera que le remord pour nos péchés et une prière fervente quotidienne sont les seuls moyens de nous rapprocher de cette Sainteté qui nous est proposée.

Dans votre message 31 vous reprochez avec force le manque d'esprit communautaire chez les orthodoxeset leur manque de structure d'entre-aide au niveau paroissial!
Vous avez certainement été confronté à ce type de situation, je n'en doute pas un instant.

Je répondrai à ceci que c'est à chacun d'entre nous d'avoir de l'initiative lorsqu'un manque flagrant se produit dans une paroisse!
Lorsqu'il y a un vide à remplir, c'est à chacun de nous de proposer des solutions, car les gens ont davantage de bonne volonté que nous leur en prêtons.
Souvent c'est plutôt à cause d'une sorte de désir de ne rien imposer aux autres que personne ne se met en avant pour prendre des initiatives.
Il est aussi permis de prendre son téléphone et de réclamer une aide, ou au moins une écoute, lorsque le besoin s'en fait sentir.
Car il peut arriver que cela soit par discrétion que les fidèles de votre communauté hésitent à prendre de vos nouvelles....?
Et puis je veux ajouter que les prêtres sont aussi des hommes, ils peuvent se tromper, émettre des jugements choquants....
Peut-être serait-ce une chose salutaire de leur parler et de leur expliquer en quoi leurs paroles, ou leur attitude, ne vous semble pas conforme à ce que vous attendez d'eux!!!

Cher Daniel, je crois que nous avons tous besoin les uns des autres, nous avons besoin de bons prêtres et nos prêtres ont aussi besoin de nous de notre soutien et de nos prières!

Comme beaucoup d'entre nous vous avez une sensibilité très vive.
Cette sensibilité est une immense richesse, mais elle peut aussi être une source de souffrances.

Un des remèdes à cette sensibilité est, du moins il me semble, une forte détermination à être positif envers et contre tout!
Et c'est ce que je vous souhaite de tout coeur.

Avec toute mon amitié Marie






34.Posté par Daniel Fabre le 12/01/2012 20:15
ceci pour tous baptisés , pas seulement convertis occidentaux :

"
Cependant la grâce du renouvellement et de la régénération accordée par le saint baptême a besoin d'être entretenue par une vie selon les commandements évangéliques. Le Seigneur a d'ailleurs dit: « Si vous gardez Mes commandements, vous demeurerez dans Mon amour. Demeurez en Moi et Je demeurerai en vous. Comme le sarment ne peut de lui-même porter du fruit s'il ne demeure attaché au cep, ainsi vous ne le pouvez non plus si vous ne demeurez en Moi... Si quelqu'un ne demeure pas en Moi, il est jeté dehors comme le sarment et il sèche; puis on ramasse les sarments et on les jette dans le feu et ils brûlent »(Jn.15). Celui qui ne retient pas ce qu'il a acquis par le saint baptême en menant une vie selon les commandements perdra son acquis. « La gloire ineffable et effrayante accordée par le saint baptême demeure en nous un ou deux jours; ensuite nous l'éloignons en amenant sur elle la tempête des soucis de la vie, voilant ses rayons sous des nuages épais » (Saint Jean Chrysostome).

Régénérés par le saint baptême, nous nous mettons à nouveau à mort par une vie selon la chair, une vie pour le péché, les jouissances et les acquisitions terrestres. « Nous ne sommes pas redevables à la chair pour vivre selon la chair. Ceux qui vivent selon la chair ne sauraient plaire à Dieu. L'affection pour la chair, c'est la mort »(Rom.8). La grâce du baptême reste ainsi sans effet, comme un soleil lumineux voilé par des nuages, comme un précieux talent enfoui dans la terre. Le péché commence à agir en nous avec toute sa force, et peut-être encore davantage qu'avant le baptême, selon ce que nous lui concédons. Mais, jusqu'à notre mort, le trésor spirituel qui nous a été donné ne nous est pas repris, et nous pouvons, par le repentir, lui redonner toute la force de sa gloire.

Se repentir de notre vie de péché, regretter nos péchés volontaires et involontaires, combattre nos habitudes pécheresses, s'efforcer de les vaincre, s'attrister d'avoir été vaincus contre notre gré, faire notre possible pour accomplir tous les commandements évangéliques, voilà notre destin. Il nous appartient d'obtenir le pardon de Dieu, de nous réconcilier avec Lui, d'effacer l'infidélité par la fidélité, de haïr le péché au lieu de l'aimer. Le saint amour est l'héritage de ceux qui se sont réconciliés. Ce n'est pas tant nous qui le cherchons, que Dieu qui cherche à nous rendre capables de le recevoir, puis à nous le donner.

Après avoir dénoncé le leurre de celui qui, par présomption et cécité spirituelle, est satisfait de lui-même, après l'avoir appelé à un repentir fervent, le Seigneur lui adresse les promesses et la consolation suivante: « Voici, Je me tiens à la porte et Je frappe. .... » (Essai ascétique
de Saint Ignace Briantchaninov, Evêque du Caucase et de la Mer Noire )

Notre vraie patrie n’est pas ici mais au ciel. Pour elle nous avons été créés, appelés par la Parole de Dieu, et renouvelés par le Saint Baptême.
Nous ne devons pas, compte tenu de notre vocation céleste, rechercher les biens terrestres ou nous y attacher, sauf pour le nécessaire : la nourriture, les vêtements, un toit...
Le chrétien ne doit rien désirer d’autre en ce monde que la vie éternelle : là où est ton trésor, là aussi sera ton coeur (Mt.6,21).
Celui qui veut être sauvé doit détacher son coeur du monde tant que son âme n’a pas émigré vers les demeures éternelles.
Celui qui cherche la richesse ou la gloire montre qu’il a le monde et non le ciel pour patrie : il comprendra son erreur le jour de sa mort..."
(Trésor spirituel de Saint Tikhon de Zadonck)

33.Posté par Maricha le 12/01/2012 18:05
Chers tous!
Pour le N°30 - bien sûr Чиж que je t'ai reconnu.

Je suis loin des considérations purement théologiques de certains. Je suis une pragmatique.
Je sens dans ces débats un conflit entre le cartésianisme occidental et l'orthodoxie telle qu'elle a été vécue après 1054 dans les pays orthodoxes avec leurs apports "folkloriques".

Un exemple raconté par mon oncle, le père Dimitri Hvostoff, qui était pendant la guerre d'Algérie chargé des âmes orthodoxes de l'armée française. On lui a demandé de célébrer un mariage orthodoxe dans une famille dont je ne me souviens plus exactement de l'ethnie, peut-être des Grecs. Il a dû vaillament supporter les tirs aux armes à feu dans l'église car il a compris que c'étaient leurs habitudes "folkloriques". Cela n'a pas empêché que le sacrement du mariage a été célébré selon les règles.

Oui, il faut suivre les Saintes Ecritures et les Pères de l'Eglise, mais il ne faut pas dessécher l'orthodoxie comme l'a été l'église catholique où j'ai assisté à des mariages où il n'y avait pas une seule prière, pas même un Notre Père, mais seulement des textes et des musiques choisis par les familles. Je me suis demandée si de tels sacrements pouvaient être reconnus comme tels.

Regardez donc les Evangiles et parlez-en à un théologien. Les Evangiles ont été adaptées aux ethnies pour lesquelles elles ont été écrites. Ainsi l'Evangile selon Saint Mathieu était écrite pour les Juifs pour qui il était très important de relier les prophéties de l'Ancien Testament et la Naissance de Jésus-Christ. C'est pour cela que le texte commence par la généalogie de Jésus car le Messie devait venir de David. Déjà donc dès les Evangiles l'importance de la mentalité des différents peuples auxquels les textes étaient adressés avait une grande importance. Et ce n'est pas à nous qui venons d'horizons très différents de critiquer tel ou tel "folklore". Si vous préférez les chants de l'église russe avec une influence occidentale, c'est votre choix, si vous préférez le "znaménié" c'est également votre choix, l'important c'est que ce moment chanté dans l'église vous mène à vous rapprocher de Dieu et non le contraire. Moi, par exemple, j'ai du mal avec le chant des Grecs. Mais c'est mon choix. Heureusement il y a suffisamment d'églises orthodoxes avec leurs différences pour que chacun s'y retrouve.

Ici, en Russie, le problème est différent. Les petites vieilles qui ont été les supports les plus solides de l'église pendant la période communiste ont amené en qualité de "règles" une masse de superstitions avec lesquelles les prêtres doivent lutter quotidiennement. Et s'il n'y avait que le "folklore"!?! Avec mes habitudes de l'orthodoxie occidentale j'ai quelquefois du mal à m'y retrouver. Et dans ce cas il faut choisir une paroisse où le prêtre est très ferme avec ses ouailles aux cheveux blancs qui tentent de diriger la paroisse à leur manière.

Chers amis orthodoxes occidentaux, oubliez votre cartésianisme, sinon vous vous retrouverez catholiques dans peu de générations. Essayez de regarder avec "les yeux du coeur" et non avec l'esprit un peut trop rationnel que l'on nous a enseigné à l'école.

A très bientôt
Maricha Gestkoff

32.Posté par Marie Genko le 12/01/2012 16:45
Merci à vous tous d'intervenir avec vos sensibilités respectives et d'apporter votre témoignage sur ce fil de discussion, qui est en fait plus important qu'il pourrait le sembler au premier abord.

Je tiens juste à préciser une chose à mon ami Daniel Fabre:

Je ne considère absolument pas, comme vous semblez le croire, les orthodoxes occidentaux comme des orthodoxes de seconde zone!
Je suis tout à fait convaincue que LA SAINTETE EST CE QUE LE SEIGNEUR PROPOSE A TOUT ORTHODOXE, quelle que soit sont origine!
Et cette Sainteté elle est lui est proposée dès son baptême en Orthodoxie!

Mais restons réalistes, combien d'entre nous s'emploient à s'efforcer de se rapprocher de cette Sainteté????????????????

J'ai simplement essayé de dire qu'il est probablement plus difficile à un occidental de s'acclimater dans une juridiction donnée, qu'elle soit roumaine, grecque ou autre....

Ce qui ne veut pas dire qu'il se sentira non accepté ou exclu!

Ce qui ne veut pas dire qu'il ne sera pas probablement meilleur que les autres (les convertis sont en général particulièrement fervents)!
Et ce converti aura toutes les chances d'être un excellent orthodoxe.
Mais lorsqu'il occupe des charges pastorales, ou même épiscopales, dans une juridiction donnée, il y a un risque d'incompréhension entre lui et ses fidèles!
Simplement à cause d'une formation d'esprit différente à la base.

Comme l'écrit Justine dans son message 27:

"Au pire, des Occidentaux mal-convertis, surtout quand ils deviennent prêtres et théologiens, risquent de causer de graves problèmes dans leurs communautés orthodoxes (tout autant, evidemment, que ces Orthodoxes « de souche » qui acceptent trop d’influences heterodoxes). "

Il y a quelques années nous avons pu voir que l'influence du protestantisme sur un clergé à la base majoritairement orthodoxe de souche a bien faillit détruire l'OCA aux Etats Unis.

Pour résumer je peux dire que des Orthodoxes de souche peuvent être de mauvais orthodoxes et des convertis peuvent au contraire être des exemples de Sainteté.

Mais ceci n'enlève rien au fait qu'une méfiance instinctive vis à vis des hétérodoxes ait été l'attitude des orthodoxes de souche pour les raisons que nous avons évoquées sur ce fil.

Et ceci est une constation dont je me suis efforcée de donner les raisons...
Désolée pour mes maladresse!

31.Posté par Daniel Fabre le 12/01/2012 15:38
je suis désolé Justine, je ne conteste absolument pas et je l'ai pourtant bien précisé le fait culturel propre à chaque peuple au contraire ! que cela soit dit et je ne me souviens jamais exactement mais j'applaudis au concile d'Ephèse, je crois, où concernant l'Eglise de Chypre, il était admis des différences culturelles même dans la Divine Liturgie du moment que les paroles de l'anamnèse et de l'épiclèse et consécration étaient respectées et pareilles partout !

D'autre part si des prêtre sont " mal choisis " c'est du charisme et de la responsabilité de l'évêque avec la permission du Seigneur.
Je sais aussi qu'il n'est pas de magie en les sacrements et qu'entre efficient et efficace il est une distance qui diminue seulement par la praxis, l'ascèse et l'humilité.

Et pour finir, voulez-vous vraiment parler de l'esprit communautaire orthodoxe....

Des personnes sans véhicule qui ne peuvent se rendre à la Liturgie sans que quiconque même contre remboursement ne s'inquiète de chercher....ni de prêtre qui vient pour vous communier pas plus qu'il ne vient vous visiter quand vous êtes malade pas même un appel téléphonique durant des mois ! de l'aide que vous demandez à d'autre prêtres pour parler à leur fidèle de voir si quelqu'un peut vous héberger ( quand vous n'avez pas tant d'argent)une nuit lors d'un passage obligé en une autre ville et qui vous répondent l'un qu'il y a des hôtels... et un autre qui vous dit je ne peux pas faire cela, demander, mais votre salut n'en dépend pas !

Cet autre prêtre orthodoxe qui reçois des parents pour dire qu'ils doivent accepter la permission qu'il a donné à votre fille et son fiancé de " coucher " ensemble durant votre absence mais d'être rassurés parce-qu’il les confesse quand même chaque fois avant la Liturgie !!!!

Les protestants, les catholiques ( dont je faisait parti) les témoins de Jéhovah, les mormons même ont une structure d'aide et d'entraide paroissiale bien plus et bien mieux établi que toutes les paroisses orthodoxes que j'ai connu jusqu'ici ! ............alors où est la leçon , !?
Oui en orthodoxie on dit vrai et bien mais que fait-on ??! Et ce que je conteste quand j'entends qu'ici ou là on donnerait sa vie pour l'orthodoxie x, y ou z, c'est que nous donnons notre vie pour notre foi en Christ Ressuscité !

Aucun martyr n'a donné sa foi pour d'autre raison, même modernes même des Ktos dans les camps de concentration pour leur catholicité !

30.Posté par justine le 12/01/2012 14:37
Réponse à Daniel Fabre (post 6 et suivants)
« Une éducation simplement chrétienne. » Le terme « chrétien » est devenu très ambigu., si ambigu qu’on ne peut plus omettre de préciser de quel genre de chrétienté et de christianisme on parle, si on ne veut pas causer de confusion. Car aujourd’hui, on appelle par ce nom des réalités et des gens qui n’ont absolument rien de chrétien.

Quand au niveau de la politique internationale par exemple on parle de l’ « Occident chrétien » face à un monde musulman, on entend par là les puissances politiques, militaires et économiques occidentales, lesquelles sont aux antipodes du christianisme. Ou quand on désigne comme « chrétien » le monde protestant avec ses innombrables hérésies et apostasies qui vont jusqu’au reniement du Christ et de Dieu (tout récemment encore, un pasteur protestant en Suisse a déclaré publiquement et sans honte qu’il ne croit pas en Dieu, et cela n’est pas du tout un cas isolé), au reniement de la Sainte Ecriture comme Parole de Dieu, au reniement de la validité des commandements évangéliques, de l’éthique chrétienne. Ou encore, quand on désigne comme « chrétiennes » certaines messes roméo-catholiques qui ressemblent fort des manifestations païennes (voir les innombrables vidéos-témoignages de gloria-tv) , on induit certes le monde en erreur au sujet de la signification du mot « chrétien ».

Pour nous Orthodoxes, éducation chrétienne signifie une éducation dans l’esprit de l’Evangile, de la Sainte Foi orthodoxe, telle qu’elle nous a été transmise, au sein de l’Eglise Orthodoxe, par les Apôtres et les Saints Peres de l’Eglise. Or, cette transmission ne s’est pas faite d’une manière abstraite, immatérielle, mais par la voie du langage, de l’écriture, de la liturgie etc. , et comme il a plu à Dieu de répartir l’humanité en peuples divers, avec leur caractéristiques propres, leur langue, leur écriture etc., cette Tradition apostolique a trouvé des expressions diverses dans les peuples orthodoxes divers. Cette diversité légitime en Orthodoxie, pourquoi voulez-vous insister à la contester, au profit de je ne sais quelle abstraction sans vie ? Ne sont-ce pas les Saints de chaque peuple qui au Ciel intercèdent pour leurs enfants sur terre ? Ne seront-ils pas leurs juges au Dernier Jour ?

Le patriarche de Roumanie appelle les Roumains de la diaspora à éduquer leurs enfants « dans la tradition roumaine ». Il va de soi qu’il entend dans la tradition orthodoxe roumaine, car il n’est pas le président d’une association culturelle, mais le Patriarche de l’Eglise de Roumanie. Il le fait, parce que les Roumains comme tous les autres Orthodoxes dans la diaspora risquent de perdre l’héritage orthodoxe qu’ils ont reçu de leurs pères, d’oublier l’exemple et les exhortations de leurs Saints, et de se noyer dans cette « civilisation » athée et destructrice des âmes de l’Occident moderne. A-t-il mal fait ?

Je pense que votre contestation vient du triste fait que nous Occidentaux avons perdu depuis longtemps cet héritage sacré, ce lien avec la Tradition spirituelle vivante qui autrefois a pu exister en Occident, ce qui a créé un déficit d’expérience concrète. Une raison de plus de remercier Dieu du fond de notre cœur de nous avoir conduit dans l’Eglise orthodoxe où ce lien reste vivant et nous accueille, pour peu que nous veillons bien l’accepter humblement, au lieu de le contester.

N’est-ce pas d’ailleurs pour cette raison que l’Economie Divine a porté tous ces Orthodoxes en Occident ?

29.Posté par vladimir le 12/01/2012 14:33
Les 3 anecdotes rapportées en 19 ne sont absolument pas significatives de la réalité de l'Orthodoxie en Occident; j'en veux pour preuve les milliers de conversions réalisées dans tous les pays cités et le vécu des paroisses dont témoigne, par exemple, Marisha (bienvenue dans nos débats, Marisha. Tu as reconnu Чиж…).

Par contre la déclaration du patriarche de Bucarest, citée par Daniel Fabre, illustre ce que pensent la majeure partie des Orthodoxes: conformément à notre doctrine, les évêques proclament la Vérité que détient le Peuple de Dieu (cf. toujours le même passage du livre de Mgr Kallistos de Diocletia) et, comme je l'ai écrit, il y a un consensus sur ce sujet: contrairement à ce que déclarent les tenants de mon option un, nous ne sommes pas directement reliés à une Orthodoxie universelle sans racines, mais un lien sacramental et ontologique nous lie à l'Eglise, corps du Christ, par notre évêque et par l'Eglise locale qui l'a nommé dont le primat est en communion avec les autres primats. C'est cela que nous apprennent les canons.

Par ailleurs, les Eglises locales sont parties intégrantes des cultures nationales depuis plus de mille ans (conversion des Slaves) et l'appel du patriarche Daniel, qui continue dans la ligne de son prédécesseur (1) et de son synode (2), rappelle bien ces principes fondamentaux qui différencient l'unité dans la diversité de l'Orthodoxie de l'uniformité centralisée catholique.

Mais c'est bien là que se situe le défi pour l'Orthodoxie en France: comment réaliser ici l'unité ecclésiologique et canonique en tenant compte de ces liens avec les différentes Eglises-mères, d'une part, et sans rejeter les aspirations des tenants de la première approche, "ce courant minoritaire mais qui détient un pouvoir réel dans les instances orthodoxes" (3)?

(1) http://orthodoxeurope.org/page/19/2/335.aspx
(2) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Appel-a-l-unite-et-a-la-dignite-roumaine-de-l-Eglise-orthodoxe-de-Roumanie_a821.html
(3) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Deux-projets-pour-l-Orthodoxie-en-Occident-PROJET-1-REVE-D-AUTOCEPHALIE_a728.html?com

28.Posté par Daniel le 12/01/2012 14:24
@ Marie Genko (message 24)

J'admets que des idées hétérodoxes peuvent polluer l'esprit des néophytes, mais le travail de l'église est justement d'amener chacun à revêtir le Christ. Imaginez le début de la prédication apostolique: les païens avaient des idées à eux éloignées du christianisme; la question s'est posée pour toute prédications auprès de peuple non chrétiens. L'église a été à ses début une église de "convertis" en grande partie qui se sont montrés à la hauteur de la difficile tâche.

Actuellement, j'ai constaté que bien des orthodoxes dit de souche quoi avaient en fait des idées très occidentales (dans le mauvais sens d'occident) à savoir humaniste, par humaniste j'entends l'homme comme mesure de toute chose. Ces idées ont pénétré tous les pays et bien des cultures du fait de la fascination pour l'occident, fascination qu'on trouvait déjà en Russie avant la Révolution et là, les convertis n'y furent pour rien.

Je puis vous citer des exemples à priori triviaux mais qui à mon avis en disent long. Des églises grecques aux Etats-Unis utilisent... des orgues (pitié non!). Regardez les images et photos de mariages grecs aux Etats-Unis, vous verrez à quel point ils sont "américanisés" sous certaines formes: cortège dans l'église avec les témoins et autres invités entrant dans un ordre établi, demoiselles d'honneur (ah bon), office du fiançailles se tenant dans la nef et non dans le narthex...

Paradoxalement, certaines personnes demandant à rejoindre l'orthodoxie et justement d'origine occidentale ont l'intuition ou parfois la conscience très nette de cette faillite de cet esprit "occidental", alors que l'orthodoxe de souche adhérera sans s'en rendre compte à cet esprit occidental. Un autre exemple, bénin que je citerais et dont nous avions déjà parlé sur ce blog, est celui des formes "artistiques". Ainsi, pour moi, et pour d'autres aussi, la musique russe en 4 tons sonne vraiment de façon très voire trop occidentale (c'est son origine d'ailleurs, italo-polonaise) de même que l'iconographie russe d'après Pierre le Grand, qui fait très renaissance humaniste et parfois pire. Je ne m'y reconnais pas du tout alors que je n'ai aucun souci avec le znamenié ou les icônes russes plus anciennes...

A cela s'ajoute les années du communisme (idéologie occidentale également) qui font qu'à mon sens qu'un Russe n'est pas forcément plus sain par ses modes de pensée qu'un Français...

Mais devenir chrétien, c'est abandonner le vieil homme... que l'on soit aztèque, russe ou autre. Le problème c'est quand certains estiment être les meilleurs orthodoxes à cause de leur nationalité, considérant en effet, ceux qui n'ont pas cette nationalité comme des orthodoxes de seconde zone.

27.Posté par justine le 12/01/2012 12:21
(A Daniel Fabre) Je ne pense pas que nous Orthodoxes d’origine occidentale devrions nous sentir contestés personnellement dans notre identité orthodoxe par certaines réserves des Orthodoxes
« de souche » contre des Occidentaux venant à l’Orthodoxie, car il s’est malheureusement avéré dans certains cas que leur conversion n’était pas sincère et que leur volonté de s’intégrer dans la Sainte Eglise était minime. Il faut bien comprendre que le Baptême n’est pas un acte de magie et que, pour faire son effet purificateur et opérer la naissance du Nouvel Homme, il faut de la part du baptisé une foi sincère et un détachement conscient de sa vie passée. Si cette condition fait défaut, il arrive ce que nous montre si bien Jean Moschos (540-620) dans son « Pré Spirituel » : On demanda à St Athanase le Grand comment Dieu acceptait le baptême de ceux qui ne croient pas selon la prédication des Chrétiens, et le Saint répondit : « De vos ancêtres, vous avez appris que jadis, lorsqu’une épidémie mortelle s’était répandue, un grand nombre de gens, par crainte de la mort, se firent baptiser à la hâte. Alors un Ange apparut au bienheureux Pierre le Martyr (Patriarche d’Alexandrie martyrise en 311) et lui dit : ‘Combien de temps encore allez-vous nous envoyer ces bourses, sans doute marquées du Sceau, mais bien vides et n’ayant rien à l’intérieur ?’ ... » (Le Pré Spirituel, chap. 198, trad. française SC 12).
Au pire, des Occidentaux mal-convertis, surtout quand ils deviennent prêtres et théologiens, risquent de causer de graves problèmes dans leurs communautés orthodoxes (tout autant, evidemment, que ces Orthodoxes « de souche » qui acceptent trop d’influences heterodoxes).

Quant aux « hérésies orthodoxes » de votre message no 22, c’est bien sûr un non-sens, car par le fait même que des doctrines sont hérétiques, elles ne sont pas orthodoxes, et que des personnes qui tombent dans l’hérésie cessent d’être orthodoxes.

(A Marie Genko, post 24) En ce qui concerne les moines qui se battent avec d’autres moines à Bethlehem, il convient de discerner que ce sont les Arméniens « orthodoxes » qui chaque année, avec une notoire régularité, provoquent ces incidents et violences contre les Orthodoxes dans l’Eglise de la Nativité pour contester les règlements officiels en place et « documenter » ainsi leur crainte de Dieu et leur identité « orthodoxe »....

Enfin, concernant le thème central, l’Orthodoxie en Europe, et là je reviens aux commentaires de Daniel Fabre, je pense qu’en tant qu’Occidentaux, il est très nécessaire de nous rendre à cette évidence - qui pour l’individualisme moderne européen n’est plus évidente - que la vie chrétienne orthodoxe est une vie communautaire, comme nous le montrent les Actes des Apôtres. Et tout comme la première communauté chrétienne à Jérusalem avait, ensemble avec sa Sainte Foi, ses principes évangéliques universels et eternels, aussi ses us et coutumes locales, ainsi les Eglises orthodoxes d’aujourd’hui ont les leurs. Il va de soi que ces us et coutumes n’ont pas le même rang que la Sainte Foi orthodoxe, mais vouloir contester leur raison d’être même, comme Daniel Fabre semble le faire, ce serait comme contester aux fleurs leurs arômes et couleurs variées, donnés pourtant par Dieu Lui-même, leur Créateur. Cela aboutirait, me semblait-il, à ce qu’on trouve dans les « temples » protestants – murs nus, prêche, froideur et mort.

26.Posté par Maricha le 12/01/2012 02:28
Chers tous!
J'ai eu la grandissime chance d'avoir été paroissienne pendant plus d'un demi-siècle de l'église d'Asnières. Pendant très longtemps et jusqu'à son décès Monseigneur Georges (Wagner) y a vécu. Comme vous le savez, il était Allemand et pourtant.... orthodoxe de l'église russe. Egalement à Asnières, j'ai connu le père Andrew Philips. Lors de mes nombreux voyages en Allemagne, j'ai connu quand j'avais une vingtaine d'années un certain Michel Arndt, Allemand de pure souche. Il est actuellement l'archevêque Marc d'Allemagne de l'EORHF et ce n'est certainement pas lui qui a mal accueilli le père Andrew. A Munich, lui Allemand, fait ses homélies en russe et c'est quelqu'un de sa paroisse qui les traduit en allemand pour ceux qui ne sont pas russophones, contadictoire, non? (c'est lui-même qui l'a raconté)
Avec tout cela je veux dire que l'église orthodoxe ne doit pas être impliquée dans certaines mauvaises réactions des uns ou des autres, c'est le facteur humain qui entre en ligne de compte. Quand j'ai quitté Asnières pour Moscou, il y avait à Asnières 17 Français orthodoxes dans la paroisse et pour eux, nous Russes (sous l'impulsion du père Nestor, actuel évêque de Chersonèse du Patriarcat de Moscou), imprimions en français des textes importants (12 Evangiles, Canon de Saint André de Crète, etc) pour qu'ils puissent mieux participer parce qu'ils ne voulaient pas aller dans une paroisse purement de langue française.
J'espère que cette année verra la pacification de certains conflits à l'intérieur de l'église orthodoxe de quelque juridiction que ce soit, je pense en particulier à ma paroisse d'origine à Nice.
Que la paix soit avec vous tous!
Maricha Gestkoff

25.Posté par Daniel Fabre le 12/01/2012 01:51
OH !Oh! Marie,
non, je ne suis pas d'accord avec vous, vous semblez confondre sensibilité affective et culturelles, le psychisme voir l'intellectuel en fait avec le spirituel, ce qui est important c'est notre foi, notre credo commun orthodoxe et non son véhicule,même pas, les roues du véhicule qui les transportent.; pour preuve vous ne semblez attacher aucune réalité de force, de valeur d'efficacité au sacrement du Baptême des paroles, de souffler trois fois, et l'exorcisme qui les précède...pour anéantir " les erreurs et égarements du passé même catholique....alors où la foi en tout ceci ???!! où le pouvoir du Christ ?! à quoi renaitre en Christ si cela n'a aucune chance de renaissance justement ??!
la différence culturelle est belle et utile parfois comme une palette de couleurs mais elle n'est pas notre, ni votre credo je le souhaite !
et croyez moi j'ai vécu un peu en Israël en une communauté arabe chrétienne, puis ai bien fréquenté un monastère du patriarcat d'Antioche, puis très longtemps une paroisse grecque, et maintenant roumaine; je pense que les grecs par exemple sont bien plus proches dans la culture des français que les russes et quid de valeurs communes entre les russes, grecs ou arabes orthodoxes..??! je n'en connais pas tellement.
ne nous dites pas que 1000 ans de catholicisme, d'humanisme (que je n'aime pas) font et feront des occidentaux des orthodoxes de seconde zone ! mais si vous le pensez alors ...c'est bien, pour nous il nous reste l'essentiel à répondre de notre foi en Christ sans cithare, ou balalaïka ou trompette. mais dans la foi droite et la juste louange que d'aucun nomme l'orthodoxie. avec ma vraie affection en Christ : Daniel F.

24.Posté par Marie Genko le 11/01/2012 22:14
Cher Daniel,

Je savais bien que j'allais vous faire bondir en écrivant ce que je pense!
Je sais aussi que l'arianisme et l'hérésie des iconoclastes et d'autres encore ont marqué le premier millénaire.

Il est même vraisemblable que c'est à Arius et sa négation de la divinité de Jésus que nous devons l'apparition de Mahomet et du Coran....?

Les hommes, qu'ils soient occidentaux ou orientaux, chinois ou africains sont tous des créatures du Seigneur et en cela ils sont tous respectables.
Mais avouez que la culture occidentale (dont je suis moi-même imprégnée soit dit en passant) est très différente de la façon de penser des orientaux ou de la façon de réagir des Slaves...!

Quant aux moines, qui attaquent d'autres moines, nous les voyons régulièrement aux informations se battre à coup de balais à Bethléem ou à Jérusalem!
Cela est aussi vieux que notre foi chrétienne, hélas, trois fois hélas!

Cher Daniel, les Occidentaux ont bien des qualités que les Slaves ou les Orientaux n'ont pas!
Mais nous ne devons pas oublier toutefois qu'il est toujours ridicule de généraliser....!

Je persiste et signe toutefois à dire que la formation intellectuelle, reçue sur les bancs de l'école, varie d'un pays à l'autre et laisse un empreinte profonde sur notre façon d'appréhender le monde.
L'enseignement de notre religion a, elle aussi, une profonde influence sur notre façon de comprendre le monde!
Et cet enseignement n'est pas le même chez les Orthodoxes et chez le hétérodoxes

Avec toute mon amitié Marie

23.Posté par Daniel Fabre le 11/01/2012 19:59
paroles prière du baptême : ... en soufflant trois fois ." chasse de lui tout esprit mauvais et impur qui se cache dans son coeur, tout esprit d'erreur, de méchanceté, d'idolatrie, et d'avarice, esprit de mensonge et d'impureté sous l'inspiration du diable..."

22.Posté par Daniel Fabre le 11/01/2012 19:31
Oh Marie !!!!!
ben heureusement que l'arianisme et le nestorianisme étaient d'abord des hérésies orthodoxes !!!!?? donc méfions-nous d'eux aussi ! non ? et les moines qui " attaquaient " d'autres moines pour la lutte des Icônes ??! et le pauvre Saint Maxime le confesseur, torturé par ses pairs mais défendu par l'évêque de Rome ??!!
méfions-nous encore si ces gens là on pu faire cela....! on ne sait jamais !! des fois qu'ils aient tout cela gardé à l'esprit ???!
n'oublions les paroles du prêtre durant le sacrement du Baptême ! (délié de .......................)

21.Posté par Marie Genko le 11/01/2012 15:55
Cher Daniel,

Les exemples que vous citez sont certainement regrettables.

Mais grâce à Dieu, il y a aussi des prêtres intelligents et accueillants dans toutes les juridictions.

Pour ce qui est du Père Andrew Phillips, il a bien fini par forcer la porte de l'Eglise Hors Frontières et cela pour le plus grand bien de tous....

Ceci dit, il faut aussi comprendre la méfiance des Roumains, ou des Russes, ou d'autres, lorsqu'un occidental de souche vient frapper à la porte des orthodoxes!
Il amène avec lui toute la culture dans laquelle il a baigné toute sa vie, et l'aider à se transformer en un homme nouveau ne va pas être une mince affaire!
N'oublions pas que si les occidentaux ont mille ans de christianisme authentique derrière eux, ils ont aussi mille ans d'une hérésie qui a profondément marqué leur façon de voir et de comprendre le monde!

20.Posté par justine le 11/01/2012 14:51
Les exemples que donne Daniel (no 19) sont évidemment criants. De telles attitudes frisent le blasphème contre le Saint Esprit. Il est évident que dans les communautés locales où elles existent, il y a du pain sur la planche pour la catéchèse (celle des prêtres concernés inclus !).

19.Posté par Daniel le 11/01/2012 13:54
Je crains que mon commentaire ait été mal compris. Je parlais du risque qui intervient sur une paroisse donnée met plus en avant l'origine nationale, ethnique, religieuse, etc que la foi orthodoxe. Voici quelques anecdotes authentiques qui montrent certains effets pervers.

1) En Angleterre, l'EORHF a eu jadis une importance numérique plus importante avec notamment un évêque. Quand le Père Andrew Phillips a voulu devenir orthodoxe et s'est adressé à elle, il y a longtemps, on lui a répondu que cela était impossible car il n'était pas russe et n'vait pas d'ancêtres russes (bien qu'il ait débuté l'apprentissage du russe en autodidacte très jeune)

2) Aux Etats-Unis, une femme orthodoxe ayant déménagé alla à l'église orthodoxe la plus proche qui était grecque. Elle se vit demander ce qu'elle faisait là car elle n'était ni grecque, ni d'origine grecque et pas mariée non plus avec un Grec

3) En Belgique, un paroissien d'origine grecque, mais le comprenant mal ou très peu comme bien des Grecs, demanda au prêtre s'il était possible d'introduire quelques parties en français. Le prêtre répondi que s'il voulait prier en français, il n'avait qu'à se rendre à... "l'église catholique"

Ce sont des anecdotes péchées sur internet ces dernières années mais qui montre que l'insistance exagérée sur l'aspect ethnique ou national entrave le témoignage orthodoxe en niant son universalité et en la transformant en club ethnico-régionalo-lingüistique.

18.Posté par Daniel Fabre le 11/01/2012 12:33
merci Vladimir, ce que j'écris, je le crois tout autant que l'a encore déclaré le Père Syméon dans la fin de son entretien à : radio Notre Dame du 10/01/2012 in émission " Ecoute dans la nuit" (http://www.radionotredame.net/rnd_player_plus.php?date=2012-01-)10&url=http://notredameradio.s3.amazonaws.com/ecoutedanslanuit_20120...vers la fin, à savoir que quand Saint Paul s'adresse à l'église de ce-ci ou ce-là, il préserve l’ecclésiologique principe de territorialité quand autant en cette église il pourrait y être des grecs, des juifs etc...et pour finir en cela, je me souviens que : " vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu le Christ ! " et non la françainité, l'alsaciennité, la roumanité etc...le mot peuple, laos, n'a rien à voir avec la nation, il s'agit du peuple de Dieu en Christ, et d'ailleurs les Roumains eux-mêmes ont deux mots différents pour désigner et, ou, le peuple d'une nation, ethnie, et le peuple de Dieu (voir in forum orthodoxe, lecteur Claude)
MAIS ! je suis absolument " fan " des rites et traditions russe ! mon oreille ne se fait pas à la façon, aux tons byzantins....
et pour dire sincèrement, je me fiche quand même d'une identité orthodoxe occidentale....même si je ne puis oublier que mon occidentalité m'est, disons... génétiqueet me colle à la peau. en tout cas, je ne me soucie pas du tout de ma nationalité française. et j'adhère à votre analyse ! merci : Daniel F.

17.Posté par vladimir le 11/01/2012 10:29
Christ est né!

Et bien nous voyons clairement que nos deux Daniels illustrent parfaitement ma première approche, celle qui veut une Orthodoxie occidentale, voire française, coupée des différentes Eglises-mères, alors que Marie, Justine, Marisha et moi cherchons à préserver ces liens (deuxième approche). Les deux approchent sont respectables et notre défi est justement de trouver le moyens de les concilier.

Pour moi cela passe par l'écoute de l'autre en lui ouvrant réellement son cœur. Or c'est cela qui nous manque le plus:
- d'un côté les tenants de la fidélité aux Eglises-mères refusent de remettre en cause la moindre de leur tradition, même celles qui sont inadaptées ici, voire prennent fait et cause pour les états d'origine et leurs gouvernements, en les confondant avec leur Eglise-mère, et c'est à cela que pense Daniel Fabre…
- de l'autre, les tenant de l'Orthodoxie locale ne voient qu'une Orthodoxie uniforme, modèle Catholicisme, en réduisant "le mystère de l'unité dans la diversité" dont parle Mgr Kallistos(1) à " la recette du koulitch et de la paska, la balalaïka, les danses serbes," (commentaire 4) ou aux interventions politiques des patriarches (commentaire 9).

Oui, les tenants de l'Orthodoxie locale ont des arguments canoniques solides mais ils ne tiennent pas compte du Peuple de Dieu, qui est le détenteur de la Vérité dans l'Orthodoxie(2). Or s'il y a un consensus parmi les Orthodoxes, c'est bien autour du rôle essentiel des Eglises locales, de leur indépendance et de leur diversité. Pour ce qui concerne la diaspora, ce principe est admis au niveau des Conférences préconciliaires: ainsi dans les règles de procédures des "Assemblées Episcopales", approuvées par la dernière conférence de Chambésy (2009), il est souligné que "les conférences des évêques ne s’ingèrent pas dans le domaine de compétence diocésaine de chacun des évêques qui continuent à relever de l’Eglise locale qui les a nommée. Les conférences ne limitent en rien le droit des Églises locales à avoir des relations indépendantes avec les organisations internationales, les pouvoirs publics, les autres confessions et organisations religieuses."(3)

Mais je pense que le rôle prophétique de la diaspora orthodoxe est justement de ne pas en rester là, mais de nous obliger à confronter et concilier ces deux points de vue dans un dialogue constructif … qui remplacerait le dialogue de sourds actuel et permettrait d'avancer vers une orthodoxie réellement universelle.

Notes
(1) Renvoi (4) du commentaire 16: in Mgr Kallistos Ware "L'Orthodoxie : L'Eglise des sept Conciles", Editions du Cerf, Paris, 2002 (avec Françoise Lhoest), (p.311)
(2) "le gardien de la religion est le corps même de l'Église, c'est-à-dire le peuple (laos) même" (Lettre des patriarches orthodoxes, 1848, ibidem p.324).
(3) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/m/Mgr-Hilarion-au-sujet-de-la-diaspora-orthodoxe_a371.html?com

16.Posté par Marie Genko le 11/01/2012 09:00
Cher Daniel Fabre,

Voici ci-dessous un extrait de ce que Vladimir répond à notre ami Daniel au sujet justement de l'importance de la diversité dans l'unité de l'Orthodoxie, et ceci sur un autre fil de ce même site:

"Mais votre commentaire me semble nier complètement le charisme particulier de chaque Eglise Orthodoxe alors que c'est justement leur diversité dans l'unité qui constitue l'une des différences fondamentales avec le catholicisme: il y a en effet là un sens eschatologique profond et important. Ainsi Mgr Kallistos de Diokleia explique: "l'Église orthodoxe est une icône de la Trinité, (...) reproduisant sur terre le mystère de l'unité dans la diversité". Ainsi les apports spécifiques et les particularismes de chaque Eglise participent, pour nous, au mystère de l'Unité et je ne peux vous suivre quand vous réduisez cela à "du folklore national, aussi sympathique soit-il."(4) Le Peuple orthodoxe dans sa très grande majorité le comprend, l'intègre et tient à le conserver, démontrant un consensus quasi général. Malgré les voies discordantes de rares théologiens occidentaux, toutes les Eglises répondent à ces attentes de leurs ouailles dispersées en fondant de nouvelles paroisses pour les desservir, comme dernièrement le patriarcat de Moscou à Montpellier, le patriarcat de Géorgie à Paris et surtout le patriarcat de Roumanie avec plusieurs paroisses et trois nouveaux évêques en France, Italie et Espagne…"

Je trouve cette explication limpide et elle me convient parfaitement.

Ce qui est tellement important est de nous souvenir que nous, pauvres humains, sommes particulièrement imparfaits, et lorsque la diversité dans l'unité de notre foi orthodoxe est là pour nous aider à rester proches de la foi de notre enfance, certains d'entre nous s'attachent davantage à la forme qu'au fond!
Mais ce n'est pas en éliminant la forme que nous amènerions ces même fidèles à une foi plus vivante!
Le cheminement de chaque âme vers le Seigneur est un des mystères que nous avons de la peine à comprendre.
Tout l'espoir du Salut du monde est dans la prière de chacun d'entre nous!

Avec toute mon amitié Marie

15.Posté par Daniel Fabre le 10/01/2012 17:16
Chère Marie, je parle du patriarche de Roumanie.
" vous dite :
C'est par notre fidélité à nos Eglises mères respectives et par l'exemple de l'amour que nous nous témoignons les uns aux autres, que nous devrions être en mesure, sur des territoires non orthodoxes, d'illuminer ceux qui errent dans la nuit des hérésies! " je pense que c'est par fidélité au Christ et à la foi orthodoxe tant qu'elle est réellement actualisée que nous témoignons.
vous dites : "Pour moi chaque patriarcat orthodoxe a le droit, (l'obligation même) de prendre soin de ses fidèles en diaspora. "
en l’occurrence le patriarche Daniel exhortait les fidèles à : "J’adresse aussi une parole paternelle à tous les Roumains vivant hors des frontières de la Roumanie, leur souhaitant l’aide de Dieu pour préserver leur identité chrétienne et roumaine et le resserrement de leurs liens communautaires en tous lieux."
identité chrétienne oui ...Roumaine en quoi c'est Chrétien ???! (St Paul in Galates 3 28, il n'y a plus ni juif ni grec, ni homme libre, ni esclave....) et je ne me souviens d'aucune homélie, d'aucun discours de Pères de l'Eglise qui prônerait la défense d'une culture, d'une nation...
pour moi, d'abord le Christ ! l'E glise, dans la foi orthodoxe le reste c'est un sincère et parfois très beau habillage culturel tant il se peut que ces vêtements aient teinte des " sept " couleur de l'arc en ciel (peut-^tre les dons du très Saint Esprit)(bon cela c'est ma divagation...

14.Posté par Marie Genko le 10/01/2012 10:10
Cher Daniel Fabre,

Je ne suis pas sûre de bien saisir ce que vous avez voulu exprimer dans votre message N°13?
A quel patriarche faites-vous référence, et quelles sont les paroles qui vous ont semblé déplacées?

Pour moi chaque patriarcat orthodoxe a le droit, (l'obligation même) de prendre soin de ses fidèles en diaspora.
Tous les fidèles orthodoxes en diaspora ont un devoir de témoignage de notre Foi orthodoxe!

C'est par notre fidélité à nos Eglises mères respectives et par l'exemple de l'amour que nous nous témoignons les uns aux autres, que nous devrions être en mesure, sur des territoires non orthodoxes, d'illuminer ceux qui errent dans la nuit des hérésies!

Voilà pourquoi le diviseur s'acharne tant à nous diviser, car il sait bien que l'exemple de la Vérité en Christ est l'arme la plus sûre pour détruire l'empire du mal!

Si vous faites rérérence aux paroles du Patriarche Cyrille lorsqu'il affirme que les autorités politiques doivent tenir compte des contestataires en Russie, ces paroles me semblent plutôt de nature à apaiser les tensions, tout en conservant à l'Eglise son rôle d'impartialité et de non ingérence dans les tensions sociales.

J'ai trouvé au contraire ces paroles pleines de sagesse, car prendre le parti d'un soutien inconditionnel du gouvernement russe aurait été justement perdre toute crédibilité et par conséquent tout espoir de calmer les les esprits si la chose s'avèrait nécessaire...?

Avec toute mon amitié Marie

13.Posté par Daniel Fabre le 09/01/2012 17:07
A Maricha, je ne conteste absolument pas " le folklore " plutôt nos et vos cultures et bien au contraire je l'apprécie et l'approuve, dans nos églises, ce que je conteste c'est autant d'un président d'un pays s'adressant à ses éxilés, je conçois très bien l'encouragement à préserver la culture de souche, autant je ne vois absolument ce que cela vient faire dans la bouche d'un patriarche d'abord chrétien précisé orthodoxe et indiqué en son obédience territoriale et non " ad personem " comme les évêques catholiques....les év^ques orthodoxes ne devraient canoniquement pas avoir sous leur omophore les personnes en dehors de leur territoire....enfin je crois que c'est cela dans la tradition orthodoxe...??!!;

12.Posté par justine le 09/01/2012 17:01
Il faudrait savoir ce qu’on entend au juste par « une orthodoxie sui generis », car il ne faudrait certes pas que l’Orthodoxie en Occident devienne un berceau d’hérésies. Je ne pense pas que l’OCA soit en tous points un exemple très positif, du moins dans son état présent, car on y trouve des éléments très bizarres et contestables, comme par exemple ces « monastères de gens mariés » ou ces moniales sans voile ou encore ces paroisses où l’on célèbre selon un « rite » roméo-catholique. Toute personne qui revient à l’Orthodoxie, si elle est sincère dans sa conversion, désire d’elle-même s’intégrer dans l’authentique Tradition orthodoxe, la Tradition des Saints Peres et des Saints Conciles (des Œcuméniques tout autant que des autres Saints Conciles locaux). Elle se convertit précisément parce qu’elle a compris l’impasse de l’hétérodoxie ou des diverses religions de ce monde ou des diverses concoctions « religieuses » qu’on se fabrique soi-même, et désire de toute son âme suivre la Voie des Saints. Cette voie est par définition étroite, et on ne peut y faire ce qu’on veut, comme il plaît à chacun. Cela va de soi et ne se discute même pas, et une personne craignant Dieu ne désirera jamais une telle chose. Elle est vraiment de ceux qui mettent la main à la charrue et ne regardent plus en arrière.

Les traditions des Eglises orthodoxes locales sont une chose vénérable et à respecter, car elles constituent en quelque sorte l’incarnation de la Foi orthodoxe dans un peuple donné. Elles se sont développées au cours de beaucoup de siècles, sous l’inspiration de l’Esprit Saint, au sein de l’Eglise, avec l’apport d’innombrables Saints. Entendons-nous, ces traditions, ce sont la langue, les lettres et arts ecclésiastiques, la manière particulière de vivre la Sainte Foi, les fêtes et coutumes locales. Parmi ces traditions, il y a bien sûr des plus importantes et des moins importantes.

Il serait extrêmement néfaste de vouloir imposer aux fideles provenant des diverses traditions orthodoxes de se couper de celles-ci. C’est une chose qui n’a jamais existé en Orthodoxie, contrairement au catholicisme romain papocentrique qui a éliminé, par la force souvent, les traditions locales là ou elles existaient, comme par exemple en Irlande, ou le centralisme romain a détruit à partir du 7e siècle une très vivante tradition monastique (les tentatives de restaurer ces traditions locales détruites depuis des siècles sont compréhensibles, mais dangereuses, car une telle restauration est tout à fait artificielle et manque d’authenticité ecclésiale).

Pour qu’en Europe se développe une Orthodoxie locale où les traditions de chacun des peuples orthodoxes concernés trouvent leur place, il faut avant tout du temps et la garantie que ce développement s’opère strictement dans le cadre de la Foi des Saints Peres et des Canons de l’Eglise Orthodoxe. Cette garantie exige évidemment que les hiérarques responsables de garder intact et préserver de toute adultération et corruption le dépôt confié (1 Tim 6,20) soient à la hauteur de leur responsabilité, ce qui aujourd’hui, malheureusement, n’est pas le cas de partout. Une Orthodoxie polluée par des doctrines et un esprit œcuménistes et hétérodoxes n’aura pas la bénédiction de Dieu et sera vouée à l’échec.

11.Posté par Maricha le 09/01/2012 14:20
Chers tous!
Bonne fête de la Nativité!

J'ai quelques remarques à faire sur les commentaires précédents:

1) La quantité d'orthodoxes russes arrivés en France était estimée entre 600.000 et 1 million. J'avais fait des recherches et les chiffres sont très différents suivant les administrations (Préfectures, OFPRA...).
2) Bien sûr il y a eu assimilation, en particulier par mariages mixtes, mais il y a eu aussi beaucoup de départs vers d'autres cieux
- Etats-Unis
-Canada
- Amérique du Sud
- Australie
- retour en URSS par bateaux entiers
et je ne parle que de pays et de personnes où sont partis des gens que je connaissais.

3) Folklore et orthodoxie sont intimement mêlés dans l'église russe qui a intégré dans les fêtes religieuses un certain nombre de fêtes païennes. Que ce soit la Saint-Jean, ou le Sauveur des Pommes (fête de la moisson), le Sauveur du miel etc. Cela a été la force de l'orthodoxie en Russie que d'intégrer ce folklore païen à des fêtes religieuses.

Un exemple pour la veille de la Nativité (jour de jeûne) que l'on nomme "sotchelnik" (même dans les calendriers religieux) parce que ce jour là on mangeait le "sotchivo" plat de jeûne composé de blé avec miel et amandes. On retrouve ce plat le jour de la commémoration des morts sous le nom de "koutya" et les deux ont une origine païenne.

Il y a bien d'autres éléments du folklore qui sont intégrés dans l'orthodoxie et cela n'empêche pas de croire en Dieu et de respecter le folklore des autres orthodoxes (exemple le "jito" des Serbes°) etc. En France on a bien conservé la fête païenne de la nuit la plus courte et on l'a baptisée "Nuit de la Saint Jean".
Un bonjour lointain (de Moscou) à tous ceux qui se souviennent de moi

Maricha Gestkoff

10.Posté par Marie Genko le 09/01/2012 09:21
Cher Daniel,

Merci pour votre message N°8.
J'ai, à plus d'une reprise, admiré votre rigueur et l'exigeance que vous mettez dans le vécu de votre foi orthodoxe.
Pourtant je suis convaincue que si nous sommes tous appelés à la Sainteté, nous devons comprendre que chacun d'entre nous à son propre cheminement vers le Seigneur.

Ce qui me paraît essentiel est de ne pas rompre le fil, ou je pourrai même dire ne pas rompre le cordon ombilical, qui nous relie à notre Foi orthodoxe!
Et pour cela nous devons accepter que beaucoup de croyants orthodoxes attachent une importance, probablement exagérée, aux traditions qui leur sont chères.
Ce rite qui les attache à la maison du Père est le fil salvateur qui les conduira indubitablement au questionnement de leur propre foi.

C'est à l'heure, qu'Il sait être la meilleure pour notre Salut, que le Seigneur frappe à la porte de nos coeurs.
Et cette heure est différente pour chacun d'entre nous .

Cher Daniel, Merci de nous rappeler à l'ordre.
A vous aussi, et à toute votre famille, je souhaite de rester encore longtemps dans la Joie de la Nativité.

Avec toute mon amitié Marie

9.Posté par Daniel Fabre le 09/01/2012 07:54
bonjour Marie, Christ Est Né ! mon silence n'était que dans la non publication de quelques messages...je ne conteste pas que l'on parle Russe (et encore ! slavon plutôt....,Roumain et ou grec...notre prêtre Roumain dit l'oofice deux fois presque chaque phrase,
une fois roumain un fois français et c'est normal ! quand on sait que l'on est 1, en Françe et 2 surtout quand on sait que des français assistent !)
non, je conteste que Evêque ou Patriarche se prenne pour président d'une nation, d'un peuple , ce n'est pas son rôle !
aussi on entend beaucoup le mot orhodoxe et Canon , j'attends de connaitre le Nom simplement et avant tout de Chrétien et de Christ et d'Evangile ! voici vouala ! bise très fraternelle ! Danie F.

8.Posté par Daniel le 09/01/2012 00:15
@ Marie (message 7)

Joyeux Noël vu que nous sommes dans l'après-fête. Le souci n'est pas que chacun prie dans sa langue (encore que certains ne voudraient pas que les francophones prient en français) mais quand dans certaines paroisses; on oublie que le Christ passe en premier pour se focaliser sur des traditions culturelles du pays d'origine, traditions qui peuvent ne pas être cultuelles. C'est un danger et un risque.

7.Posté par Marie Genko le 08/01/2012 22:53
Cher Daniel Fabre,

Vous voici de retour parmi nous!
Je m'inquiétais de votre silence!
Mais vous allez bien, et vous êtes comme nous tous dans la Joie de la Nativité de Notre Seigneur!

Peut-être ai-je mal compris le message N°5 de Daniel...?
Mais il me semble si important pour tous ces nouveaux arrivants de rester en communion avec l'Orthodoxie qui est la leur depuis leur enfance!

Voilà pourquoi je suis si heureuse de savoir qu'il y a des paroisses qui officient en Roumain pour les Roumains nouvellement arrivés en France, en Géorgien pour les Géorgiens etc.

Pour les descendants de anciennes vagues d'émigration, il y a actuellement beaucoup de paroisses francophones et cela aussi est une bénédiction!

Ainsi les Français, qui ont découvert l'Orthodoxie chez les Roumains, ou chez les Russes, ou ailleurs, ces Français comme vous-même, peuvent réellement choisir la paroisse et le rite qui correspond le mieux à leurs attentes!

Il me semble que lorsqu'on a découvert l'Orthodoxie chez les Serbes, il devrait être naturel de rester attaché à l'Eglise de Serbie...?

Le fait que nous soyons tous orthodoxes, ne nous empêche pas de choisir la paroisse la plus proche de notre coeur!

Avec toute mon amitié Marie

6.Posté par Daniel Fabre le 08/01/2012 09:33
Cher Daniel, encore étonné de ce qu'à plusieurs reprise ce forum n'a pas affiché mes réflexions.......( peut-être parce que je ne suis ni russe ni serbe, ni grec, ni roumain mais français assez inculte, il est vrai ).........qui donc allait dans votre sens, j'adhère entièrement à vos propos et comme je le notais dans la déclaration de Noël du Patriarche de Roumanie qui demandait aux fidèles Roumain de la diaspora d'éduquer bien leurs enfants dans la tradition roumaine ( citoyenne et ethnique, culturelle....) bien plus que simplement chrétienne..et j'ajouterai Orthodoxe... tant que l'Orthodoxie ne serait Vérité qu'après l'Ortho-praxie ! '(ce n'est pas lui qui le dit )Mais bon sans doute ce message ne paraitra ps ! en tout cas : Christ Est Né ! : Daniel Fabre

5.Posté par Daniel le 08/01/2012 00:57
Il faudra qu'on m'explique en quoi la recette du koulitch et de la paska, la balalaïka, les danses serbes, le folklore en somme, ont un lien avec la foi orthodoxe? Dans certaines églises grecques au Etats-Unis, l'aspect folklorique et "conservatoire des traditions grecques" est le seul qui demeure; ces églises sont spirituellement mortes.

Les faiblesses des conversions en France sont dûes en partie à l'absence de volonté d'avoir une action missionnaire. La Fraternité du Sud Ouest de la France que vous citez est l'un des rares contre-exemple...

4.Posté par vladimir le 07/01/2012 17:36
Joyeux Noël à tous!

Merci cher Georguy de votre précision (Commentaire 3). Je suis entièrement d'accord et cela ne fait que souligner la fragilité canonique de Daru et aussi le manque de cohérence entre Orthodoxes. Mais il faudrait aussi voir comment cela se passe dans les autres Eglises: d'après le site de l'AEOF (1), si Mgr Michel de Genève ne fait pas question (il n'y a pas d'évêque catholique dans la calviniste Genève), nous avons aussi 2 diocèses orthodoxes "de France" (Constantinople et Serbie) et 3 "d'Europe Occidentale" (Constantinople, Roumanie et Géorgie) et un évêque auxiliaire sans aucun diocèse (Roumanie). Je serais curieux d'avoir les explications canoniques de ces différentes appellations…

Bien cher Daniel (Commentaire 2), votre position confirme clairement la première approche. Votre chiffre de 200 000 Orthodoxes en France pour 1 million d'émigrés est à mon sens une bonne estimation: 20% de croyants non assimilés après deux ou trois générations me semble une bonne évaluation et démontre une résistance certaine (quel était le % de croyants au départ?); il confirme aussi la faiblesse des conversions (3000 "convertis" en France d'après le père Serge Model (2)). Mais, comme je l'écris, je pense que ce model est en train de changer de deux cotés:
- avec les nouveaux immigrés de l'Est: nous avons battu tous les recors d'affluence dans notre paroisse ce matin, et plus de la moitié des fidèles étaient des "nouveaux arrivants", comme je l'avais aussi constaté lors de ma dernière visite à Daru et comme je l'entends dire de plusieurs paroisses à Paris. Et certaines études laissent penser que cette nouvelle émigration va encore représenter 1 million (3);
- je crois aussi à l'accélération des conversions au-delà de l'exemple du Sud-ouest cité dans mon article…

Mais votre commentaire me semble nier complètement le charisme particulier de chaque Eglise Orthodoxe alors que c'est justement leur diversité dans l'unité qui constitue l'une des différences fondamentales avec le catholicisme: il y a en effet là un sens eschatologique profond et important. Ainsi Mgr Kallistos de Diokleia explique: "l'Église orthodoxe est une icône de la Trinité, (...) reproduisant sur terre le mystère de l'unité dans la diversité". Ainsi les apports spécifiques et les particularismes de chaque Eglise participent, pour nous, au mystère de l'Unité et je ne peux vous suivre quand vous réduisez cela à "du folklore national, aussi sympathique soit-il."(4) Le Peuple orthodoxe dans sa très grande majorité le comprend, l'intègre et tient à le conserver, démontrant un consensus quasi général. Malgré les voies discordantes de rares théologiens occidentaux, toutes les Eglises répondent à ces attentes de leurs ouailles dispersées en fondant de nouvelles paroisses pour les desservir, comme dernièrement le patriarcat de Moscou à Montpellier, le patriarcat de Géorgie à Paris et surtout le patriarcat de Roumanie avec plusieurs paroisses et trois nouveaux évêques en France, Italie et Espagne…

Sources:
(1) http://www.aeof.fr/uploads/files/AnnuaireRegroupe-AEOF.pdf
(2) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Orthodoxie-occidentale-la-lecon-belge_a1208.html
(3) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/L-emigration-de-Russie-est-actuellement-equivalente-a-ce-qu-elle-a-ete-a-la-suite-de-la-revolution-de-1917_a2027.html
(4) In Mgr Kallistos Ware "L'Orthodoxie : L'Eglise des sept Conciles", Editions du Cerf, Paris, 2002 (avec Françoise Lhoest), (p.311)

1 2
Nouveau commentaire :



Recherche



Derniers commentaires


RSS ATOM RSS comment PODCAST Mobile