Comprendre réellement les offices n'est pas une question de langue
Faut-il adapter la langue liturgique où est-ce au croyant de faire l'effort de comprendre? Ce débat fait rage chez nous mais aussi en Russie et Mgr Hilarion de Volokolamsk, a fait un point intéressant le 13 octobre 2009, lors d'une rencontre avec les professeurs de l'Académie de théologie de Saint Petersbourg.

Il a d'abord rappelé que l'Église Russe n'avait pas arrêté de position sur la question de la traduction des textes liturgiques du slavon en russe; les avis y sont partagés et la question doit être abordée sous plusieurs aspes.

Un effort personnel

"D'une part, il n'est pas normal que les offices soient célébrés dans une langue qui n'est pas comprise, ou pas bien comprise, a continue l'archevêque. Pour autant, je pense que chacun d'entre nous doit honnêtement reconnaître que nous ne comprenons pas tout dans les célébrations. Moi, par exemple, je ne comprend pas toujours ce qui est lu en slavon, malgré ma formation théologique, et je dois m'adresser à l'original grec pour saisir ce qui est lu en slavon." Partant de ce constat, il souligne que ce n'est pas la traduction qui résoudra le problème, et comme exemple il prend le Grand Canon d'André de Crète: "Si on le lit en russe, il deviendra un tout petit peu plus compréhensible qu'en slavon, mais c'est le style même de ce canon, ce commentaire allégorique des Saintes Ecritures, qui est complètement étranger à l'homme contemporain.
Bien plus, le plus souvent les gens ne savent pas, qui peuvent bien être ces personnages bibliques dont il est question, ce qu'ils ont fait et pourquoi on en parle." Le problème n'est donc pas de traduire ce texte en une langue compréhensible, mais il réside dans le fait que ces textes ont été composés alors que les gens avaient d'autres modes de pensée, d'autres systèmes références à conclu le prélat.

"Nos offices, tels qu'ils se sont formés, représentent une grande richesse spirituelle et une grande école spirituelle. Mais c'est une école qu'on ne peut suivre sans préparation, sans efforts intérieurs." A affirmé Mgr Hilarion, en soulignant que personne ne pourra comprendre comme il faut les célébrations, quelle que soit la langue, s'il ne lit pas les saintes écritures et s'il n'étudie pas les textes liturgiques, s'il ne se pénètre pas de l'esprit et de la forme de pensée qui ont donné naissance à ces textes.

Des pistes de réflexion

On peut toutefois introduire des passages traduits en russe pense Mgr Hilarion: "il est tout à fait acceptable de lire en russe l'Apôtre, l'Évangile, les cathismes. Mais, pour les cathismes, il faut partir du grec et non de l'hébreu, car le psautier liturgique est bâti sur la traduction de la septante." Mais, souligne-t-il, il ne sert à rien de tout traduire: "cela détruirait notre culture liturgique, il faudra inventer de nouvelles musiques (…). Il faudra complètement réformer la structure liturgique et, en résultat, on pourra arriver à rendre les célébrations plus compréhensible mais nous y perdrons quelque chose de beaucoup plus important."
Et il compare avec les tentatives faites il y a cent ans de traduire le langage de l'icône en langage de la peinture ordinaire…

L'archevêque a conclu en répétant que la question de la réforme de la langue liturgique est très complexe et qui n'a pas de réponse univoque: "Cette question demande une discussion tranquille et conciliaire, qui ne soit pas accompagnée de stigmatisations, agressions, divisons en partis. Et c'est seulement à l'issue d'une telle discussion qu'on pourra juger quelles mesures ils convient de prendre."

(Les titres et passages en gras sont de VG)

Rédigé par Vladimir Golovanow le 27 Octobre 2009 à 10:03 | 22 commentaires | Permalien



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