"LA NEF": Où en sont les rapports entre l'Église catholique et l'Église orthodoxe russe. Vers un rapprochement ?
Le cahier juillet-août de l'excellente revue "La Nef" vient d'être mis en ligne. Au sommaire , un dossier consacré à l'orthodoxie russe. Avec l'aimable autorisation de la rédaction de "La Nef" nous vous proposons l'article de Vladimir Golovanow

Où en sont les rapports entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe russe ? Pour ce dossier, un point de vue orthodoxe nous a semblé particulièrement intéressant.

« Je dis au patriarche Cyrile ‘si tu m’appelles, je viens’ »: "J'ai fait savoir au patriarche Cyrile que je voulais le rencontrer. ‘Je viendrai où tu diras; appelles-moi et je viendrai, lui ai-je fait transmettre. Il est d'accord sur le principe mais avec cette guerre /en Ukraine/ et les autres évènements la question de notre rencontre est passée au second plan. Mais nous voulons avancer ensemble." - Pape François, 30/11/2014

"LA NEF": Où en sont les rapports entre l'Église catholique et l'Église orthodoxe russe. Vers un rapprochement ?
Le patriarche Cyrille a constaté avec satisfaction "le haut niveau des relations entre l'Église orthodoxe russe et l'Église catholique romaine, dicté par la nécessité d'unir les efforts des Orthodoxes et des Catholiques pour défendre les valeurs chrétiennes traditionnelles." Il a aussi souligné que la coopération entre Orthodoxie et Catholicisme a acquis une actualité particulière dans la défense des Chrétiens contre les persécutions.

Discours du patriarche Cyrille, 30 avril 2015. : "Nous avons traité de nombreux thèmes, surtout les relations entre l’Église orthodoxe russe et l’Église catholique. On a traité les différences et les défis du dialogue théologique entre les Églises orthodoxes et l’Église catholique. On a traité les défis de notre société, surtout la situation de la famille mais aussi beaucoup de défis au niveau culturel. On a approfondi des possibilités pour la collaboration culturelle et éthique entre l’Église orthodoxe russe et l’Église de Rome. On a aussi surtout parlé des problèmes politiques en Ukraine, en Syrie et au Moyen-Orient. "

Cardinal Kurt Koch après sa rencontre avec le patriarche Cyrille, 18 décembre 2013 : "Je pense que le Pape François a une volonté de dialogue avec l’Église orthodoxe. Il est désolé par ce qui se produit actuellement en Ukraine. Et, naturellement, il faut continuer à le rencontrer, ainsi que les autres dirigeants de l’Église catholique romaine."

Métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations extérieures du patriarcat de Moscou .

Ces quatre citations résument assez bien la nécessité et les difficultés du dialogue entre l'Église catholique et l'Église orthodoxe russe. Nous allons essayer d'en expliciter les points principaux.

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Le rôle incontournable de l'Église russe dans l'Orthodoxie

Contrairement au Catholicisme, l'Orthodoxie n'a pas une structure centralisée autour d'un primat universel. Elle est organisée en 15(1) Églises autocéphales (indépendantes) unies entre elles par la communion dont les plus honorées ont le titre de patriarcats. Chacune dirigée par son propre primat entouré d'un synode et parmi eux le patriarche de Constantinople porte le titre de Patriarche Œcuménique et bénéficie d'une primauté d'honneur (Primus inter pares, premier entre les égaux) mais n'a aucun pouvoir sur les autres Églises. L'Église russe est clairement la plus puissante: elle compte environ150 millions de fidèles (soit plus de la moitié, voire les deux tiers, des orthodoxes du monde estimés à 250 - 300 million), plus de 35 000 paroisses desservies par près de 40 000 clercs, 330 évêques et plusieurs écoles théologiques de haut niveau . Elle a donc un poids prépondérant dans le monde orthodoxe.
(2)14 pour certains car la dernière-née, l'Église Orthodoxe en Amériques (OCA, cf. http://oca.org/) n'est pas reconnue comme autocéphale par toutes les Églises orthodoxes

Fondée il y a mille ans, l'Église russe a subi bien des vicissitudes historiques: soumise au pouvoir impérial du XVIIIe au XXe siècles (Pierre le Grand avait remplacé le patriarche élu pas ses paires par un fonctionnaire nommé par l'empereur), martyrisée et quasiment détruites par le pouvoir bolchévique athée (il n'y avait plus que quatre évêques en liberté en 1930 et ses milliers de néomartyrs sont en cours de canonisation), sa résurrection après 1991, son indépendance du pouvoir et sa puissance actuelles tiennent du miracle.

Une confrontation historique

L'Église orthodoxe russe fut fondée par Constantinople qu'elle suivit donc lors du Grand Schisme de 1054. Lors du concile commun de Ferrare-Florence (1439), le primat de l'Église russe adhéra à l’Union avec Rome, comme la plupart des hiérarques orthodoxes présents, mais il fut désavoué et destitué par le grand-prince de Moscou qui en profita pour libérer l’Église russe de la tutelle de Constantinople ; cette indépendance fut reconnue en conférant à l'Église russe le titre de patriarcat de Moscou et de toutes les Russies en 1589). Et c'est la suite de ces évènements qui va envenimer la discorde en Ukraine occidentale: le patriarcat de Moscou est le continuateur de la chaire métropolitaine de Kiev, alors que toute la région était annexée au royaume lituano-polonais depuis le XIVe siècle. L'Eglise orthodoxe de ces territoires fut dès lors soumise à la pression de l'autorité royale, catholique, pour la séparer de Moscou et l'unir à Rome, si bien que la majorité des évêques signèrent l'Union avec Rome (Brest-Litovsk, 1596). Les Orthodoxes récalcitrants subirent alors une répression sévère: ils furent privés de tous droits religieux et les biens ecclésiaux, églises, monastères passèrent aux "uniates". Ces persécutions contre les Orthodoxes devinrent un abcès permanent entre Rome et l'Église russe et la confrontation se doubla d'un conflit militaire qui culmina lors de l'occupation de Moscou par les Polonais en 1610 et ne s'éteignit qu'avec les partages de la Pologne (1773-1795)

La plus grande partie de l'Ukraine actuelle fut alors rattachée à la Russie et les autorités impériales favorisèrent le retour à l'Orthodoxie de centaines de paroisses "uniates" tout au long du XIXe siècle. Mais cette Eglise fut au contraire favorisée dans les provinces occidentales rattachées à l'Autriche-Hongrie: le décret impérial de 1774 lui attribua les mêmes droits qu'à l'Eglise latine, majoritaire dans l'empire. (Cette Église fut alors dénommée "grecque-catholique pour distinguer des latins ces catholiques qui gardaient le rite grec-byzantin avec clergé marié, Credo sans "filioque", etc. Des Eglises "grecques-catholiques" furent aussi fondées dans d'autres régions de l'empire austro-hongrois (Roumanie, Slovaquie…) mais l'Église ukrainienne reste la plus importante.)

Martyr des Églises au XXe siècle et abcès de fixation:

En Ukraine: le métropolite orthodoxe de Kiev Vladimir fut l'un des premiers martyrs du pouvoir bolchévique et la métropole de Kiev subit le martyr de l'Eglise russe, l'Ukraine étant particulièrement frappée par la collectivisation et la famine ("Holodomor") . En Ukraine occidentale, annexée par la Pologne entre 1922 et 1945, les Eglises orthodoxe et grecque-catholique furent réprimées dans le cadre de la politique de polonisation du pays. Des paroisses qui avaient rejoint l'orthodoxie au XIXe se virent confisquer leurs églises .

Après l'annexion de 1945, l’Eglise grecque-catholique d’Ukraine fut accusée de collaboration avec les nazis et dissoute par Staline. Prêtres, évêques et édifices religieux furent incorporés à l'Eglises orthodoxe, 1500 clercs, des centaines de religieux, des milliers de laïcs furent arrêtés, déportés, exécutés. L’Eglise orthodoxe, elle-même persécutée, entérina la situation. Le primat de l'Église grecque-catholique, réfugié au Vatican, fut élevé à la dignité de "Métropolite majeur" et pu prononcer des homélies quotidiennes en ukrainien sur radio-Vatican, ce qui provoqua plusieurs crises entre l'Église russe et le Vatican quand les relations furent renouées après 1965.

L’Eglise grecque-catholique d’Ukraine a pu renaitre en 1989, après la visite du président de l'URSS, Mikhaïl Gorbatchev, à Jean Paul II. Arès l'indépendance (1991) les gréco-catholiques "ont carrément privé d'église les communautés orthodoxes dans certaines villes et villages /VG: là où les églises orthodoxes avaient été détruites par le pouvoir soviétique/ et, malheureusement, cette situation perdure…" souligne le représentant du patriarcat de Moscou. . La demande du statut de "patriarcat de Kiev" n'aboutit pas en 1993 devant les protestation de Moscou et du patriarche de Constantinople qui écrivit au Pape que «cela fera sauter en éclats les tentatives de poursuite du dialogue» et « fera revenir le climat d'hostilité qui régnait il y a quelques décennies » , mais le siège de l'Église a été transféré de Lviv à Kiev en 2005 et le titre du primat a évolué "d'Archevêque majeur de Lviv" à "Archevêque majeur de Kiev et de Galicie", provoquant la protestation de patriarcat de Moscou. Pour finir l'Église grecque-catholique a pris parti pendant les évènements de 2014, provoquant une nouvelle crispation de l'Église russe, le patriarche de Moscou Cyrille déclarant que l'Église grecque-catholique se livre à des activités politiques directes, ce qui jette « une ombre très mauvaise» sur les relations entre l’Église russe et le Vatican .

En Russie même: le catholicisme avait été pratiquement éliminé en URSS avant la guerre; le dernier de ses hiérarques fut supprimé dès 1927 et seules deux communautés fonctionnaient à Moscou et à Leningrad…

Mais un grand nombre de Catholiques de Lituanie, Biélorussie et Ukraine se retrouvèrent en URSS après la guerre et ils furent persécutés, surtout après la déclaration de Pie XII sur l’incompatibilité du communisme-stalinisme avec le christianisme (juillet 1949); les déportations se multiplièrent et la plupart des lieux de cultes furent fermés.

Là aussi le dégel et l'établissement de relations diplomatiques entre la Russie et le Vatican permirent la réouverture de communautés à travers tout le pays. On compte actuellement près de cinq cents paroisses organisées en quatre diocèses depuis 2002, mais l'Église orthodoxe conteste la création d'une "structure centralisée de l'Eglise catholique en Russie" en accusant Rome de prosélytisme.

"LA NEF": Où en sont les rapports entre l'Église catholique et l'Église orthodoxe russe. Vers un rapprochement ?
Le revirement de la position catholique vis-à-vis de l'Orthodoxie

Pourtant la position de l'Église catholique vis-à-vis de l'Orthodoxie a beaucoup évolué. Alors que durant pratiquement tout le 2ème millénaire elle a violemment combattu les positions orthodoxes comme hérétiques (sac de Constantinople par les Croisé en 1204, Concile de Lyon 2 condamnant ceux qui nient le "filioque" en 1274, le projet uniate conçu comme un moyen de soumettre à Rome les Orthodoxes qui ont rejeté l'Union de Ferrare, promulgation des nouveaux dogmes de l'Immaculée Conception et de l'Infaillibilité pontificale (1854-70) qui vont à l'encontre de la théologie orthodoxes… tout justifie l'appel de l'évêque de Limoges exhortant les troupes de Napoléon III partant en Crimée à "extirper le schisme photien" ,) la position changea radicalement au concile Vatican 2 (1962-65).
"Les relations des Églises orthodoxe et catholique-romaine ne se trouvent plus depuis lors dans un état de schisme accompli, mais seulement dans une rupture de communion, ce qui ouvre la perspective d’un dialogue théologique bilatéral entre elles, qui peut mener vers le rétablissement de la communion ecclésiale" . Et nous en arrivons à l'accolade entre le Pape de Rome et le patriarche œcuménique de Constantinople et à la levée des anathèmes de 1054 en 1965.

L'Église russe a immédiatement profité de cette ouverture.

Le dialogue bilatéral avec l'Église russe

Bien que le KGB accuse le soutien du Vatican à l'Église gréco-catholique d'Ukraine, d'entretenir l'agitation des fidèles demandant la réouverture de leurs églises, l'Église russe entame un dialogue très actif dès 1962. Sa délégation est la première des délégations orthodoxes à participer comme observateur au Concile de Vatican 2 et son représentant est reçu en audience privée par Paul VI; une première conférence théologique mixte se tient à l'Académie de théologie de St Petersbourg en 1967 et la possibilité d'une visite du Pape en URSS est officieusement posée; à partir de 1972 l'Église russe participe activement au mouvement Pax Christi . Il faut dire que la propagande soviétique utilise alors l'Église pour promouvoir ses positions pacifistes.

Le pape polonais Jean-Paul II se montre très actif vis à vis de l'Orthodoxie, parlant des deux poumons de l'Église, et d'Églises-sœurs et multipliant les contacts. Mais il soutient aussi l'Eglise gréco-catholique, ce qui provoque plusieurs crises dans les relations avec l'Eglise russe(3) et plusieurs tentatives de rencontre entre le Pape et le patriarche de Moscou capotent malgré le beau geste du pape rendant l'icône très vénérée de Notre Dame de Kazan en 2004
(3)Annulation d'une rencontre de théologiens orthodoxes et catholiques à Odessa en 1979, absence de la délégation russe à la 4ème réunion de la Commission Théologique mixte à Bari en 1986 …

Mais le dialogue se développe aussi dans le cadre général des discussions entre l'Orthodoxie et le Catholicisme et en particulier de la «Commission mixte internationale pour le dialogue théologique»(4). Un document particulièrement important a été adopté sur «L’uniatisme, méthode d’union du passé, et la recherche actuelle de la pleine communion»: (Balamand, 1993): "Il contient plusieurs recommandations pratiques visant à réduire la tension entre orthodoxes et catholiques dans certaines régions. Hélas, ces recommandations sont souvent restées lettre morte: en pratique, certains gréco-catholiques n’ont pas souhaité les suivre, bien au contraire…" écrit le représentant du patriarcat de Moscou en 2009 .

Fondée en 1980, cette Commission est composée de 56 membres (2 pour chacune des 14 églises orthodoxes, 28 pour l'Église catholique), elle s'est réunie 13 fois de 1980 à 2014. Cf. http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/chrstuni/sub-index/index_orthodox-ch_fr.htm

La situation actuelle

L'Église russe se libère de la tutelle de l'état en 1991 et, après une dizaine d'années consacrées à son raffermissement, elle prend toute sa place dans le dialogue religieux international. En août 2000 le concile épiscopal adopte une véritable charte des relations avec les autres confessions chrétiennes qui précise:
Le dialogue avec l'Église catholique romaine est fondé et doit rester fondé à l'avenir sur le maintien de la succession apostolique des ordinations. En même temps il apparaît indispensable de prendre en considération le caractère du développement des bases doctrinales et de l'ethos de l'Église catholique romaine qui va assez souvent à l'encontre de la Tradition et de l'expérience spirituelle de l'Église Ancienne.

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Le dialogue théologique avec l'Église catholique romaine doit se poursuivre parallèlement à l'examen des problèmes les plus considérables affectant les relations bilatérales. Les sujets les plus brûlants à l'heure actuelle demeurent la question du prosélytisme et le problème uniate. Actuellement et dans un futur proche, une des formes de collaboration les plus prometteuses avec l'Église catholique romaine est l'affermissement des liens régionaux existants avec les diocèses et les paroisses catholiques. Une autre forme de collaboration pourrait être la création ou le développement des liens existant déjà avec les Conférences épiscopales catholiques.

Ce document devient le véritable vade-mecum des relations entre les deux Églises, d'autant que le métropolite Cyrille de Smolensk, qui en fut le maître d'œuvre, sera élu patriarche de Moscou en 2009.

Le dialogue s'approfondi au plus haut niveau après cette élection, en particulier avec la nomination du métropolite Hilarion de Volokolamsk au poste de directeur du Département des Relations Ecclésiales Extérieures (DREE), véritable ministères des affaires étrangères du patriarcat de Moscou où il secondait précédemment le métropolite Cyrille. Très dynamique et polyglotte, le métropolite Hilarion multiplie rencontres, déplacements et déclarations en faveur du dialogue avec l'Église catholique. Dans une conférence très récente le métropolite souligne que "Le dialogue avec l'Église catholique est le plus prometteur /des dialogues interchrétiens/ car le catholicisme reste attaché à la Tradition et l'amélioration des relations vient de l'accent mis sur ce qui réunit et non ce qui divise: un héritage commun qui permet aux deux confessions de témoigner ensemble des valeurs permanentes de l'Évangile. C'est une "alliance stratégique" (sic) où il n'est pas prévu d'union formalisée, impossible actuellement, mais il faut apprendre à agir comme des alliés face aux défis du monde.

Et intervenant en 2014 au synode des évêques catholiques consacré aux « défis pastoraux de la famille» le métropolite précise les deux axes de ces actions communes: "Le plus important actuellement c'est la défense des Chrétiens en Afrique et au Moyen Orient qui subissent des persécutions inouïes, mais aussi la défense des valeurs chrétiennes et la lutte contre la discrimination des Chrétiens qui prend de plus en plus d'ampleur en Europe occidentale… Je veux espérer que nous saurons surmonter nos désaccords internes pour agir ensemble là où se pose la question du présent et de l'avenir du Christianisme."

La confrontation continue sur le territoire de l'ex-URSS: l'Église russe y est en position dominante et la coexistence est loin d'être satisfaisante. Outre le conflit ouvert en Ukraine, il y a beaucoup de méfiance de la part des fidèles Orthodoxes vis-à-vis des catholiques à qui ils reprochent les conflits historiques et leur présence actuelle vécue comme du prosélytisme. Les instances locales de l'Église russe ignorent d'ailleurs totalement les communautés catholiques locales: il n'y a pratiquement aucun contact au niveau des paroisses ou des diocèses et, le catholicisme n'étant pas reconnu comme "religion traditionnelle", il n'y a pas de représentants dans les instances interreligieuses.

Cela se passe clairement mieux dans les pays à majorité catholique comme la France: les contacts entamés depuis les années 1920, avec l'arrivée des émigrés russe-blancs majoritairement orthodoxes, se sont beaucoup développés après le virage de Vatican II. Des échanges pastoraux et manifestations communes ont lieu régulièrement à tous les niveaux et de nombreuses paroisses orthodoxes sont hébergées dans des locaux mis à disposition par les diocèses catholiques.

Le meilleur exemple de cette fructueuse collaboration sera certainement le séminaire ouvert par l'Église russe en 2009 à Épinay-sous-Sénart . Sa devise est tout un programme: "Au service de la formation et de la rencontre des chrétiens d'Orient et d'Occident" et tant la formation mixte (avec l'université catholique de Paris) que les nombreuses manifestations organisées avec les catholiques sont certainement le meilleur chemin vers une unité de cœur. «Je souhaite que le schisme entre Orient et Occident touche à sa fin, cette séparation est une grande souffrance pour moi. J’ai des amis prêtres catholiques et des amis prêtres orthodoxes et je souffre que nous ne puissions partager le sacerdoce et l’unité ecclésiale,» avait d'ailleurs clairement déclaré son recteur en 2013…

Lien " La NEF" le n°272 de juillet-août 2015

"LA NEF": Où en sont les rapports entre l'Église catholique et l'Église orthodoxe russe. Vers un rapprochement ?
Vladimir Golovanow, laïc orthodoxe, a travaillé comme expert de l’UE et de la BERD dans les pays russophones où il a souvent séjourné depuis 1964 ; il intervient dans l'enseignement supérieur sur les relations avec la Russie. Il a notamment publié « La préparation du Concile panorthodoxe », in le Messager de l'Église orthodoxe russe, revue trimestrielle du diocèse de Chersonèse, n°25 d’avril-juin 2014 ; depuis 2009, plus de cent articles et commentaires sur le forum « Parlons Orthodoxie »

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 25 Septembre 2015 à 11:33 | 19 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par N.B. le 02/10/2015 12:21
Сomment à la lecture de cette profonde analyse ne pas évoquer Jean-Paul II disant " Le catholicisme et l'orthodoxie sont les deux poumons du christianisme..." Je suis peut être imprécis dans la citation mais le sens est là. Dieu entendra nos Credo - l’Église, UNE sainte, catholique et apostolique.

2.Posté par Daniel le 02/10/2015 17:37
@ N.B

Sa Sainteté Jean-Paul II, qui s'y connaissait peu en anatomie humaine avait oublié dans sa citation le foi anglican, les reins calvinistes, le coeur luthérien, la moelle épinière copte, le cerveau arménien apostolique, l'estomac évangéliste et j'en passe...

3.Posté par Nicodème le 02/10/2015 18:58
Mouais... à condition qu'on le proclame . Il n'y a plus beaucoup d'églises "ktos" où il est proclamé .

4.Posté par justine le 03/10/2015 12:34
Beau bariolage, un Picasso "ecclésiastique" en quelque sorte... C'est exactement cela que ca donne, l'écuménisme. Un théologien grec disait récemment: "Le mouvement écumenique depuis cent ans se livre à la reconstruction lente et persévérante de la Tour de Babel."
Apprécions tout de meme la belle selfie de Vladimir!

5.Posté par Vladimir. G: Célébration orthodoxe à Notre-Dame de Paris, 50 ans après la levée des anathèmes le 04/10/2015 12:52
CELEBRATION ORTHODOXE A NOTRE-DAME DE PARIS, 50 ANS APRES LA LEVEE DES ANATHEMES

Cinquante ans après la levée par le pape Paul VI et le patriarche Athénagoras 1er, le 7 décembre 1965, des anathèmes en vigueur depuis le schisme de 1054, un message rédigé par les membres du Comité mixte de dialogue catholique-orthodoxe de France a été publié mercredi 30 septembre.

Les membres du comité mixte se réjouissent « des jalons importants posés par le texte de la Commission mixte internationale de dialogue entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe sur les “conséquences ecclésiologiques et canoniques de la nature sacramentelle de l’Église” » par le document de Ravennes, en 2007, sans ignorer « les difficultés de réception de ce document ». (*)

« Plus largement, nous sommes conscients des obstacles qui se dressent encore sur le chemin de la communion espérée, poursuivent-ils. Cependant, nous sommes convaincus qu’il nous faut aller de l’avant sur ce chemin. Nous y sommes spécialement encouragés par le pape François et le patriarche œcuménique Bartholomée qui, lors de leur rencontre à Constantinople le 30 novembre 2014, ont exprimé leur commune intention “d’intensifier [leurs] efforts pour la promotion de la pleine unité entre tous les chrétiens et surtout entre catholiques et orthodoxes”. »
« Nos Églises doivent tout faire pour retrouver entre elles une véritable unité »

Décrivant la situation de l’Europe « marquée par la poursuite d’un conflit en Ukraine», de la société française « fragmentée et meurtrie, aspirant à la paix sociale », et du Proche-Orient « dévasté par la montée de l’extrémisme islamiste et la persécution des chrétiens », ils se disent « convaincus que nos Églises doivent tout faire pour retrouver entre elles une véritable unité et fraternité dans le Christ ».

«NOUS NE POUVONS PAS NOUS DEROBER A L’EXIGENCE QUI SE FONDE ULTIMEMENT SUR LA VOLONTE MEME DU SAUVEUR : “Que tous soient un comme toi, Père, tu es en moi et que je suis en toi, qu’ils soient en nous eux aussi, afin que le monde croie que tu m’as envoyé” », ajoutent-ils.

Une célébration des vêpres orthodoxes présidée par le métropolite Emmanuel, président de l’Assemblée des évêques orthodoxes de France, en présence de Mgr Jérôme Beau, évêque auxiliaire de Paris, aura lieu à la cathédrale Notre-Dame de Paris le dimanche 4 octobre à 17 heures.

(*) Note de VG: l'Église russe a très clairement rejeté ce document!

Source: http://www.la-croix.com/Urbi-et-Orbi/Actualite/France/Celebration-orthodoxe-a-Notre-Dame-de-Paris-50-ans-apres-la-levee-des-anathemes-2015-10-01-1363411

6.Posté par justine le 04/10/2015 18:59
Hereux d'apprendre qu'ils veulent "tout faire pour retrouver une véritable unité". On peut donc s'attendre à ce que sous peu les papistes renonceront à leurs erreurs et reviendront à l'Orthodoxie?

7.Posté par Victorov le 04/10/2015 20:27
Il y a encore du pain sur la planche ! Et pas toujours dans le sens qu'on croit ...

Voici, à propos de cette célébration à Notre-Dame de Paris, ce qu'écrit (sur Facebook) un témoin :

"Aujourd'hui, le dimanche 4 octobre, je suis allé assister aux Vêpres orthodoxes célébrées dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, en l'honneur de la mémoire de saint Denis l'Aréopagite. Cet office était célébré en présence de l'Archevêque de Paris, de Mgr. Emmanuel et de Mg. Job, du Patriarcat œcuménique - et du clergé catholique et orthodoxe, en signe de mutuelle compréhension. Les chants étaient assurés par une chorale grecque et par celle du Séminaire orthodoxe russe d'Épinay-sous-Sénart. - Nous arrivons substantiellement à l'heure, car il faut franchir une longue file qui s'étend jusqu'aux deux tiers de l'esplanade, afin de franchir les portes de la Cathédrale. Nous prenons place à l'avant, et méditons quelque temps, dans l'attente du début de l'Office. - Juste avant le commencement des Vêpres, un homme d'environ trente ans s'empare du micro, et commence à dire que les protestants et les orthodoxes sont des schismatiques et des hérétiques (!), et que par conséquent il est inadmissible de faire avec eux un Office religieux. Moyennant quoi, ils vont chanter un chapelet pour expier ce blasphème. J'avoue que je n'en croyais pas mes oreilles…

Personne n'est intervenu, et il quitta le micro sans encombre. J'étais pour le moins perplexe, comme la plupart des gens qui étaient là. - Les Vêpres commencent, et voici que, juste derrière nous, cinq personnes, très jeunes, se mettent à hurler un chapelet, et à chanter - affreusement mal, d'ailleurs. Avec ce charivari, il était pratiquement impossible d'entendre quoi que ce soit de l'Office. Nous nous retournons, pour voir d'où vient tout ce vacarme, et nous apercevons des jeunes, les yeux écarquillés, l'air fixe, en train de chanter leurs bondieuseries comme des robots. Ailleurs dans la Cathédrale, d'autres groupes faisaient le même vacarme. Bien sûr, tout cela attira l'attention, et les gens commencèrent à s'impatienter. J'ai dit à ces fanatiques que nous étions Chrétiens orthodoxes, et que ce serait le minimum de leur part, que de respecter notre prière. Ils nous ont traité de schismatiques ! Après quelque temps, le Recteur de la Cathédrale finit par arriver. Il discuta en vain avec ces fanatiques robotisés, et finalement, après énormément de retard, le service d'ordre signala sa présence. Il faut dire qu'ils ne firent absolument rien, et que le désordre et le vacarme continuèrent de plus belle.

Ce soi-disant service d'ordre était parfaitement inutile et incompétent. L'impatience grandissait, et finalement un paroissien exaspéré s'en prit à l'un de ces fanatiques, qui s'égosillait de plus belle. L'un de ces intégristes fut emmené vers la sortie, par des volontaires, tandis que le service d'ordre restait absolument passif. Finalement, ces trouble-fêtes furent évacuées, et nous pûmes enfin entendre la fin des Vêpres. - À l'issue du service, l'Archevêque de Paris s'excusa auprès de l'assemblée ainsi qu'auprès des dignitaires en présence. Je dois dire que je ne m'étais absolument pas attendu à ce que les choses se présentent ainsi.

J'ai été totalement sidéré par l'attitude de ces fanatiques qui ne respectaient ni les prières ni les convictions d'autrui. D'autre part, il me semble que la Cathédrale Notre-Dame de Paris devra organiser un service d'ordre fait de bénévoles, afin de que de tels désordres ne puissent se reproduire. Car il ne faut pas compter sur les vigiles qui sont présents dans cet édifice. - Un tel fanatisme est dangereux : pour le moment, ils hurlent un chapelet. Ce sont des jeunes qu'il a été très facile d'endoctriner : pour eux, tous sont condamnables : les protestants, les orthodoxes, les catholiques non-intégristes, et finalement, tout le monde sauf eux. C'est le même processus mental que celui des membres de l'État islamiste. Lorsqu'on en arrive à un tel point d'irrespect à l'égard des convictions des autres, tout devient possible. Pour le moment, c'est le vacarme d'un chapelet hurlé dans la nef ; plus tard, cela peut très facilement dégénérer en brutalité et en violence. Des fanatiques auraient très bien pu entrer dans sanctuaire et s'en prendre aux évêques, au clergé, ou aux membres des chorales présentes, sans qu'aucune intervention rapide ne s'y serait opposée.

La Cathédrale Notre-Dame de Paris devra y réfléchir. Mais c'est le symptôme, dans la société française, d'un mal beaucoup plus grand, et qui risque de s'aggraver : il s'agit de la radicalisation des micro-minorités, qui trouvent leur bras armé parmi des jeunes ignorants que l'on peut facilement imprégner par quelques concepts élémentaires qui excluent la totalité de l'humanité, sauf eux. - Disons que je ne m'attendais absolument pas à trouver ce genre de chose lorsque je franchissais le seuil de la cathédrale Notre-Dame de Paris !"э

8.Posté par Vladimir. G: la bêtise intégriste n'a pas de frontières... le 05/10/2015 00:30
La bêtise intégriste n'a décidément pas de frontières...

Dernièrement, à Moscou, une bande d'ultras pseudo-Orthodoxes a fait du grabuge dans une exposition d'art dissident des années 1960 (celui que Khrouchtchev écrasait, au sens propre, au bulldozer...) au prétexte que certaines œuvres exposées étaient "blasphématoires." Le meneur a été condamné à 10 jours de prison pour "houliganisme"...

9.Posté par Daniel le 05/10/2015 12:24
Il me semble normal que des catholiques demandent des offices catholiques dans une cathédrale catholiques, et non, en effet des offices de schismatiques orthodoxes rejetant le filioque et ce qui leur vaut l'anathème du concile oecuménique de Lyon. Je me place d'un point de vue catholique ayant un minimum de culture et de logique.

10.Posté par Nicodème le 05/10/2015 12:43
Hum , cher Daniel , l'ex-catholique que je suis , "ayant un minimum de culture , de logique , et , ajouterai-je , de connaissance de l'histoire de l'Eglise , n'aurait pu , en aucune façon , ni comprendre ni approuver ce qui s'est passé . Nonobstant nos désaccords , j'approuve totalement ce que dit VladimirG. Je suis horrifié , et même j'ai honte . Ces gens là , je les connais , je les ai fréquenté , il y en a ds ma famille . Ce sont des crétins lobotomisés . Il n'y a aucune discussion possible avec eux . D'abord , leurs réflexes pavloviens dûs à leur ignorance totale de l'histoire de 'lEglise , notamment de ce qui s'est passé en 1054 . Ensuite , et cela a été bien relevé , ils sont ds une problématique semblable à celle des ... . Seul leur groupe ou leur ecclésiole a la connaissance totale du monde , de l'homme et de Dieu . Point barre . Et cela justifie que l'on tue les autres . Pour l'heure, et c'est leur différence avec les islamistes , ils ne tuent que par leurs braillements , leur haine et leur désordre . Mais demain , si par malheur , ils avaient le pouvoir , ils rallumeraient les bûchers . Nous avons plusieurs ennemis : l'islam , et les ktos ultra . Quelle époque !

11.Posté par Tchetnik le 05/10/2015 13:10


On peut être "intégriste" avec respect d'autrui, intelligence, sans être importun, mais qu'un Catholique sincère défende son église et réponde à des attaques vulgaires et hypocrites contre sa foi est logique et même en un sens recommandé, même si le procédé peut être ensuite plus discutable.

12.Posté par Vladimir.G: Mgr Emmanuel a prononcé une allocution le 05/10/2015 13:21
Non, pas l'Islam, les terroristes sois-disant islamistes...

Et pour vous rassurer (?) bien cher Nicodème, il y a les mêmes chez les soi-disant Ortho!

13.Posté par Daniel le 05/10/2015 16:17
Y a-t-il une vidéo des troubles à Notre Dame, que l'on puisse juger sur pièces.

14.Posté par Nicodème le 05/10/2015 16:39
Ben non , Vladilmir , ça ne me rassure pas . Je le savais , on en a quelques échos parfois sur le "courrier de Russie" ou" sputnik" . C'est le pb d'une "religion" quand elle devient "identitaire" .

15.Posté par justine le 05/10/2015 22:05
Voila que d'un cote inattendu, il y a enfin des interventions contre ce genre de manifestations hypocrites et anticanoniques. On ne peut que feliciter ces "fanatiques" catholiques, car au moins ils prennent leur foi au serieux, meme si elle est erronnée, tandis que les autres sont complètement inconscients de ce qui se passe et s'énervent parce qu'on leur a gache le "beau" spectacle. Quels Orthodoxes osent s'opposer aux concélébrations anticanoniques et anti-orthodoxes dans leurs églises? Puisque les protestations en due forme, meme par de vénérables hiérarches et toute la Sainte Montagne, ne font aucun effet chez les écuménistes, que voulez-vous que s'ensuivent? Les écuménistes sont entièrement responsables pour les suites de leurs actes et n'ont à blamer qu'eux memes.

Les "fanatiques" catholiques n'ont fait que dire leur chapelet, mais nos vaillants écumenistes proposent la violence contre eux! Ce qui prouve une fois de plus l'hypocrisie de leur discours d'"amour", "dialogue", "paix" etc.

16.Posté par Nicodème le 06/10/2015 09:23
Pour la une plus unième fois : on n'écrit pas "écuméniste" , mais "oecuméniste" .Quand on se targue de connaître le grec , on devrait le savoir . S'obstiner ds la faute d'orthographe juste parce que c'est moi , présumé ortho agnosticisant , qui le fait remarquer , cela dénote le niveau de Justine . Ensuite , je résumerai son propos par un "ultra-tridentins , orthodoxistes , même combat !!" (je dis "orthodoxiste" au sens que donnait Oliver Clément (de bienheureuse mémoire , comme on dit en ortholangue) ) .

17.Posté par Daniel le 06/10/2015 10:30
Je rejoins entièrement Nicodème : oecuménisme et non écuméniste. D'ailleurs, on écrit oecoumène, je crois, pour désigner la terre habitée.

18.Posté par justine le 07/10/2015 23:38
Je vous propose donc d'écrire aussi oeconomie et non plus économie, et oecologie et non plus écologie, car ce qui vaut pour l'un vaut aussi pour l'autre!

19.Posté par Nicodème le 08/10/2015 10:05
Argument dont la stupidité le dispute à la mauvaise foi . Mais je vous fais observer que Daniel est de mon avis sur cette question orthographique , et comme il est , contrairement à moi , un orthodoxe bon teint et rigoureux , vous devriez vous ranger à son avis . Tant il paraît évident que ce qui compte pour vous , ce n'est pas le contenu du message mais celui qui en est l'auteur . Signe , là encore , de la plus grande largesse d'esprit . Sur le fond , et pour répondre à votre observation , qui n' a que l'apparence de la logique , si les deux termes ont la même racine : "Oïkos"'(translittéré en français) = la maison , on ne peut que constater que la vie de la langue a consacré ces deux orthographes différentes en français . Ce n'est pas le seul cas où la logique paraît mise en défaut dans l'orthographe , et l'orthographe du français en particulier . c'est comme ça , et vous n'allez pas vouloir la modifier , comme le dernier instituteur gauchiste venu...

20.Posté par Vladimir.G: Bravo Justine! le 10/10/2015 11:07
Je veux tirer mon chapeau à notre bien chère Justine pour sa grande maîtrise de la langue de Molière, même si lui échappent encore certaines finesse de la "science des ânes" que certains cuistres mettent sur un piédestal dépassé...

21.Posté par Nicodème le 10/10/2015 16:58
Défenseurs de l'orthodoxie linguistique de tous les pays , unissez-vous !!!:-))))))

22.Posté par justine le 10/10/2015 19:39
En effet, Vladimir, je ne m'y connais pas, aux ânes, du fait qu'ils ont pratiquement disparu de la circulation et qu'on ne s'occupe plus guère que de leur ombre!! Et puis, concernant les âmes, peut-on coudre du gros tissus avec du fil fin?

23.Posté par Catholiques et Orthodoxes : qu'est-ce qui les divise ? le 27/11/2016 16:03
Les chrétiens catholiques et orthodoxes croient tous en Dieu et en la Bible, alors pourquoi ces différences de culte et de hiérarchie ? Il faut remonter des siècles en arrière…
Histoire

Au sein de la Chrétienté, les grandes querelles avaient déjà commencé à éloigner l’Eglise d’Occident et les Eglises d’Orient bien avant la rupture. Des facteurs politiques, comme l’invasion normande des possessions byzantines d’Italie, ou socioculturels, comme l’aspiration de la papauté à dominer la scène politique, jouèrent au cours des siècles suivants un rôle au moins aussi important que les querelles théologiques.

La première rupture est survenue le 16 juillet 1054 entre l’Eglise de Rome et l’Eglise de Constantinople, lorsque le cardinal Humbert de Moyenmoutier déposa sur l’autel de la basilique Sainte-Sophie une bulle excommuniant le patriarche Michel 1er Cérulaire et ses proches collaborateurs. Ce à quoi, le patriarche rétorqua en excommuniant à son tour le cardinal Humbert, légat du Pape Léon IX qui venait de mourir.

En 1054, l’orthodoxie des sept conciles fut donc adoptée par quatre des cinq patriarcats de l‘Église indivise : Constantinople, Antioche, Alexandrie et Jérusalem.
Le seul patriarcat à se séparer fut Rome. C’est ce qu’on a appelé le Grand schisme d’Orient.
SUITE

24.Posté par Clovis le 27/11/2016 19:05
La bulle en question était une bulle de savon puisque durant ledit voyage du cardinal Humbert, le pape mourut, rendant l'excommunication nulle et non avenue.

25.Posté par Vladimir G: De la guerre à la coexistence: comment vivent les catholiques de Moscou? le 27/12/2017 09:59
De la guerre à la coexistence: comment vivent les catholiques de Moscou?
Valery Sharifulin/TASS

Mal vu en Russie tsariste, interdit en URSS, le catholicisme évolue aujourd’hui en paix à Moscou aux côtés des autres confessions, et ses fidèles ont la possibilité de vivre librement leur foi. Néanmoins, leur communauté reste très mince et seules quelques églises catholiques ont ouvert leurs portes aux croyants dans cette mégapole de 15,5 millions d’habitants.

Aux yeux des passants, la cathédrale de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie, le plus grand lieu de culte catholique de Russie, émerge soudainement au centre de Moscou. Entouré de maisons bien entretenues et se ressemblant toutes, ce massif bâtiment rouge de style gothique rappelle ceux de l’Europe d’autrefois. Pourtant, cette cathédrale n’a été érigée qu’en 1911.

Plusieurs personnes se pressent pour pénétrer à l’intérieur : la messe, la quatrième de ce jour, est sur le point de commencer. Pour les catholiques, il est en ce moment particulièrement important d’y assister car c’est l’Avent, une période précédant Noël où les croyants doivent consacrer leurs pensées à Dieu, prier et attendre la naissance de Jésus.

Ceux qui entrent dans l’édifice se retrouvent face à une imposante croix, sur laquelle figure l’inscription « Christ hier, aujourd’hui et toujours ». Pourtant cela n’a pas de tout temps été ainsi. En effet, des décennies durant, Jésus et ses adorateurs n’ont en ces murs pas du tout été les bienvenus.

Proximité et inimitié

De nos jours, les différences entre les catholiques (environ 1% de la population de Russie) et les orthodoxes, qui dominent parmi les religions du pays, semblent mineures. Toute personne qui a été dans une église orthodoxe peut reconnaître des cérémonies similaires dans la cathédrale catholique remplie de sapins de Noël.

Les principales divergences qui attirent l’œil sont que les femmes catholiques ne couvrent pas leur tête, que l’on fait le signe de croix de manière différente, que les prêtres n’ont pas de barbe et qu’ils portent des vêtements particuliers. Évidemment, il y a des contrastes plus sérieux : pour les orthodoxes le pape n’est pas le chef de tous les chrétiens, et les deux confessions ne s’accordent pas sur le concept de la Sainte Trinité, etc.

Mais dans un même temps, le catholicisme et l’orthodoxie sont proches. « Nous sommes tous chrétiens et nous devrions être plus proches les uns avec les autres qu’avec les personnes d’une autre religion », a déclaré Igor Kovalevski, secrétaire général de la Conférence des évêques catholiques de Russie, dans une interview pour la radio Ekho Moskvy (L’écho de Moscou).

Le métropolite orthodoxe Hilarion rejoint cet avis : « Nos deux Églises partagent les mêmes préoccupations : la crise morale, le taux élevé d’avortements et de divorces, le manque de sécurité sociale », a-t-il assuré. Les relations prospèrent, mais l’histoire a connu de plus sombres périodes.

Jeux politiques

L’orthodoxe Russie a acquis sa minorité catholique principalement au XVIIIe siècle, après avoir annexé de vastes territoires en Pologne et en Lituanie. « Historiquement, la plupart des catholiques vivent soit dans les régions occidentales de notre pays, soit, et cela est lié à de plus tristes pages de notre histoire, en Sibérie, où de nombreux catholiques ont été déportés depuis la Pologne, la Lituanie, l’Ukraine », a précisé le père Kirill Gorbounov, porte-parole de l’Archidiocèse des catholiques romains de Moscou, interrogé par Russia Beyond.

Les tsars n’ont autorisé la population à se convertir au catholicisme qu’en 1905. Et si six ans plus tard sortait de terre la grandiose cathédrale de l’Immaculée Conception, sa prospérité n’a pas duré bien longtemps. Après la prise du pouvoir par les bolcheviks en 1917, la situation s’est rapidement détériorée pour toutes les religions.

Domaine public

Beaucoup d’églises catholiques ont été fermées (y compris cette cathédrale), et nombreux sont les prêtres à avoir été arrêtés. À la fin des années 1930 il ne restait ainsi que deux églises catholiques en URSS, toutes deux sous le statut d’« églises de l’ambassade de France ». Pour ce qui est de l’unique cathédrale moscovite, elle était alors utilisée comme bâtiment profane dont les quatre étages étaient occupés par différentes entreprises : une fabrique de meubles, un magasin de luminaires et même une boutique de bouteilles d’alcool.

Ce n’est que dans les années 1990, après des négociations avec le gouvernement et avec l’aide du Vatican et de la communauté catholique internationale, que les fidèles locaux ont pu profiter à nouveau de ce lieu de culte.

Retour à notre époque

La musique de l’orgue et les chants résonnent dans la cathédrale, tandis que des dizaines de fidèles prient, debout ou assis sur les bancs, se signant sans cesse. Les prêtres lisent l’Évangile dans un latin maîtrisé, mais cinq minutes plus tard la messe latine s’achève pour laisser place à celle en russe.

« Nous avons des messes en russe, en latin, et bien sûr en polonais, anglais, français », explique le père Kirill. Le dimanche, pas moins de onze messes sont assurées dans la cathédrale, sans oublier celles qui ont lieu dans d’autres églises de Moscou. Selon le prêtre, environ 50 000-60 000 catholiques vivent dans la capitale russe « une simple goutte dans l’océan ».

La ville ne compte cependant que trois églises catholiques : cette cathédrale, l’église Saint-Louis-des-Français, et une petite église située dans le district reculé de Lioublino. Ce n’est évidemment pas suffisant pour le nombre de fidèles, avance le père Kirill. « Nous négocions actuellement avec le gouvernement de Moscou pour obtenir des terres pour la construction d’une autre église catholique. Avec un peu de chance, dans les prochaines années une autre église sera bâtie à Moscou », espère-t-il.

Qui sont les catholiques de Moscou?

Andreï, 25 ans, chante dans la chorale de l’église. Il a des racines biélorusses et était autrefois orthodoxe, mais après avoir analysé les différents aspects des confessions il a considéré que le catholicisme correspondait plus à sa vision du monde et s’est donc converti. « Je me range du côté des catholiques pour toutes les questions divergentes, notamment la suprématie du pape », confie-t-il avec le sourire.

Selon le père Kirill, chaque année près de 150 personnes embrassent la foi catholique à Moscou. Ce chiffre comprend ceux qui viennent d’autres religions, les anciens athées qui ont trouvé la foi, et les nouveau-nés des familles de tradition catholique. « Nos paroissiens sont principalement des personnes de culture russe, qui parlent russe et s’associent au pays », affirme-t-il. Certains ont des origines catholiques (polonaises ou allemandes), certains ont simplement choisi cette confession.

D’une certaine façon, le catholicisme russe a ses propres spécificités. Par exemple, à Noël et durant les autres fêtes religieuses, les catholiques russes respectent la tradition de la fraction du pain. « Vous verrez rarement cela au sein des communautés catholiques d’Italie ou d’Amérique latine, c’est une tradition d’Europe de l’Est », assure le père Kirill. De plus, les catholiques russes ont adopté des traditions principalement orthodoxes, comme celle du jeûne strict durant le Grand Carême ou l’Avent, alors qu’en Occident cela n’est pas obligatoire. Il en résulte donc que les confessions sont assez proches ici.

Des portes grandes ouvertes

Bien que l’Église catholique de Moscou soit assurément de taille modeste, tant les prêtres que les paroissiens sont toujours prêts à accueillir à bras ouverts des invités : des expatriés vivant ici ou toute autre personne de passage pour quelques jours dans la capitale. Aussi, à Moscou vous pouvez trouver différentes communautés de catholiques, non seulement des européennes, mais aussi une vietnamienne, une coréenne, une philippine, etc.

« Notre principale mission est de connecter les gens à Dieu mais nous sommes également heureux de connecter les gens entre eux, commente le père Kirill Gorbounov. L’église unit tout le monde : un étudiant étranger assurant la messe dans l’une de nos églises peut voir un ambassadeur de son pays être assis juste à côté de lui. Pourquoi pas ? »

Source: https://fr.rbth.com/lifestyle/79751-comment-vivent-catholiques-moscou#.WkFm0qIy6Cc.facebook

26.Posté par Vladimir G: et si on compare... le 03/01/2018 16:40
J'ai proposé l'article ci-dessus (commentaire 25) pour tenter une comparaison entre la situation des Catholiques en Russie et celle des Orthodoxes en France. Il y a bien des points communs: ils représentent tous deux moins de 1% de la population face à une religion majoritaire revendiquée par 65-70% et, s'il y a des messe en russe en Russie, il y en a aussi "en latin, et bien sûr en polonais, anglais, français", tout comme en France, il y a des Liturgies en français et dans les langues traditionnelles de l’Orthodoxie. Soulignons aussi que, dans les deux cas, la minorité musulmane représente de 5 à 10% de la population... Là s'arrêtent les ressemblances.

Car l'environnement de l'Église catholique à Moscou est assez largement hostile, comme je l'écrivais dans l'article au début du fil: "il y a beaucoup de méfiance de la part des fidèles Orthodoxes vis-à-vis des Catholiques à qui ils reprochent les conflits historiques et leur présence actuelle vécue comme du prosélytisme. Les instances locales de l'Église russe ignorent d'ailleurs totalement les communautés catholiques locales: il n'y a pratiquement aucun contact au niveau des paroisses ou des diocèses et, le catholicisme n'étant pas reconnu comme "religion traditionnelle", il n'y a pas de représentants dans les instances interreligieuses." Toutefois, selon certains témoignages, cela est en train de changer dans le bon sens depuis la rencontre de La Havanne (https://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Mgr-Pickel-eveque-de-Saratov-ere-nouvelle-dans-les-relations-entre-catholiques-et-orthodoxes_a4772.html)... Espérons!

En France, en revanche, si les relations étaient symétriques avant Vatican II, elle ont totalement changé ensuite et on peut dire que les Orthodoxes sont très généralement bien accueillis par les Catholiques qui font leur la doctrine des "Églises sœurs"; il y des contacts à tous les niveaux, en particuliers à l'occasion des "semaines de l'unité", allant jusqu'à des célébrations orthodoxes dans des lieux catholiques prestigieux comme Notre Dame de Paris, St Nicolas de Port et d'autres (rien de tel pour les Catholiques en Russie!). Cela facilite l'intégration des Orthodoxes, alors même qu'il s'agit essentiellement d'une religion immigrée (même quand l'immigration remonte à plusieurs générations!), et cela se traduit en particulier par la mise à disposition de nombreux lieux de cultes permettant la fondation de bon nombre de paroisses: rappelons qu'il y a plus de 250 paroisses et communautés orthodoxes en France, contre à peine 200 en Russie pour une population plus de deux fois supérieure...

27.Posté par Vladimir G: « Le problème, c’est qu’on ne se connaît pas… » Le P. Hyacinthe Destivelle, le 04/01/2018 10:18
Rome et Moscou se rapprochent aussi grâce aux jeunes prêtres

Benjamin Quénelle, à Moscou , le 06/09/2016

Dix étudiants européens issus de diverses universités pontificales ont achevé dimanche un voyage d’études d’une semaine à Moscou et à Saint-Pétersbourg. Avec pour ambition de mieux connaître la communauté orthodoxe.

« Le problème, c’est qu’on ne se connaît pas… » Le P. Hyacinthe Destivelle, prêtre dominicain et membre du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens au Vatican, sait qu’entre catholiques et orthodoxes la route de la bonne entente sera encore longue.

L’homme connaît bien le sujet : il a œuvré dans les coulisses du sommet entre le patriarche Kirill de Moscou et le pape François à Cuba, le 12 février, première rencontre historique entre les deux principaux dirigeants des chrétiens d’Orient et d’Occident, séparés depuis le schisme de 1054.

« La rencontre de Cuba a fait tomber un tabou et a servi d’accélérateur. Le pape et le patriarche ont donné l’exemple. Il s’agit désormais d’entrer dans le concret », s’enthousiasme le P. Destivelle. Son ambition : loin des différends religieux et des tensions géopolitiques au sommet, favoriser les rencontres entre membres des deux clergés – catholique et russe orthodoxe – pour une meilleure connaissance mutuelle.

Dix jeunes prêtres catholiques accueillis en Russie

Le « concret », c’est le voyage qu’ont effectué la semaine dernière dix jeunes prêtres catholiques à Moscou et à Saint-Pétersbourg. Âgés de 30 à 40 ans, ils suivent tous des études auprès des différentes universités pontificales.

Cinq d’entre eux sont italiens, mais les autres représentent bien la diversité de l’Église européenne : deux Espagnols, un Allemand, un Polonais et un Maltais. La majorité ne parle pas russe. Trois seulement étaient déjà venus en Russie. Surtout, la plupart n’avaient jamais assisté à une liturgie orthodoxe.

À Moscou, ils ont non seulement suivi des offices et pris des cours de langue, mais ils ont aussi multiplié les rencontres. Des visites culturelles et religieuses, dans des centres d’étude – comme la Laure Saint-Serge qui forme près de Moscou l’élite du clergé russe orthodoxe – comme sur des lieux saints du Patriarcat.

Mieux comprendre l’Église orthodoxe

Sans oublier les monastères à la réputation conservatrice, où le sommet de Cuba a été mal perçu. Les dix jeunes prêtres se sont rendus aussi bien sur la tombe du P. Alexandre Men, grande figure de l’œcuménisme de l’Église russe orthodoxe, assassiné en 1990, que dans des paroisses moscovites moins ouvertes au rapprochement.

Aucune visite politique n’a cependant été inscrite au programme. « Ces jeunes prêtres viennent avant tout voir la réalité du terrain, découvrir la communauté de l’intérieur, comprendre comment l’Église orthodoxe travaille et vit », insiste le P. Hyacinthe Destivelle qui, en mai, avait accueilli au Vatican une délégation de prêtres orthodoxes.

« Depuis Cuba, nous sommes entrés dans une nouvelle phase, même si des préjugés demeurent », reconnaît le religieux. Officiellement, le Patriarcat assure « ne plus avoir de problèmes avec les catholiques » mais, dans les églises à Moscou, de vieux différends religieux reviennent régulièrement dans les discussions. Au sein même du clergé orthodoxe, la jalousie vis-à-vis du Vatican s’accompagne encore de soupçons sur les prétendues velléités de prosélytisme catholique.
Multiplier les échanges

Ces voyages croisés entre jeunes prêtres avaient été mis en place avant même le sommet entre le pape et le patriarche, avec des premières visites programmées dès l’an passé. Cette pratique novatrice s’inscrit dans le cadre d’un groupe de travail créé par le Vatican et le Patriarcat pour multiplier les échanges.

Benjamin Quénelle, à Moscou

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