La responsabilité  des chrétiens orthodoxes
En cette semaine du Pardon il faut nous demander pourquoi, après un siècle de présence orthodoxe au cœur des terres traditionnellement latines, nous n’avons pas su éclairer nos frères séparés Catholiques et Protestants pour revenir tous ensemble à la foi qui nous était commune durant le premier millénaire de la chrétienté.
Ne devons nous pas demander au Seigneur de nous pardonner, pour avoir si mal témoigné notre foi !

Car le témoignage orthodoxe n’a pas été crédible aux yeux des peuples qui ont accueilli les exilés de la révolution russe.


Aussi loin que mes souvenirs me permettent de revenir en arrière, les images, chères à mon cœur des églises orthodoxes se présentent à moi, toujours identiques à elles-mêmes. Partout, la maison de Dieu réservait le même accueil aux fidèles qui franchissaient son seuil. Nous laissions derrière nous l’Occident, sa culture et sa civilisation et nous pénétrions dans un temple du Seigneur, marqué d’un sceau étranger. Là, tout n’était que recueillement, encens et prières. Les exilés russes emplissaient ces églises et la splendeur de la liturgie byzantine nous frappait d’un inépuisable émerveillement.
Au fil des années, nous avons pu croire, qu’en dépit de l’étrangeté de notre rite, les autochtones furent sensibles à sa beauté puisque nos églises n’ont pas désempli.

Aujourd’hui le slavon est souvent abandonné au profit du Français en France, et au profit des langues locales dans d’autres pays d’Europe. Cette constatation devrait nous réjouir puisqu’elle signifie que notre religion s’est véritablement enracinée dans nos pays d’accueil. Mais en réalité, un siècle s’est presque écoulé et les Orthodoxes sont encore bien minoritaires en Occident.
Notre témoignage n’a pas été convainquant. Quelles ont été nos erreurs ? Nos fautes ?

Lorsqu’on veut témoigner le Christ, on ne peut le faire que par l’exemple de l’amour.

Au début du siècle dernier, à peine arrivés en exil, nos prêtres et nos évêques se sont scindés en trois juridictions différentes : l’Eglise orthodoxe russe Hors Frontières, l’archevêché des Eglise russes d’Europe occidentale et l’Eglise russe du Patriarcat de Moscou! Nous avons oublié combien cette déchirure fut douloureuse, pourtant dans bien des familles les fils s’opposèrent à leurs pères et les amitiés les plus indéfectibles furent brisées. Depuis ce jour, l’esprit de division n’a jamais cessé de nous habiter et les journaux de l’Europe entière se réjouissent de publier nos différents et nos litiges !

Nous possédons le trésor de la foi orthodoxe et nos divisions nous rendent incapables de transmettre autour de nous la vérité de notre foi !

Certains affirment :
« Nous sommes à présent des Occidentaux, nous voulons, comme l’Eglise orthodoxe d’Amérique, devenir l’Eglise Locale Orthodoxe d’Occident ! »
« Mais qui sommes-nous pour prétendre créer une église locale en Occident ? » s’est exclamé lors d’une causerie à l’Eglise d’Exelmans le recteur de Saint Serge, notre Institut de théologie orthodoxe.

La question que je me pose est :
L’usage de la langue locale rend-elle notre religion orthodoxe de tradition russe, occidentale ?

Car la particularité de l’orthodoxie a toujours été l’acculturation au sein des peuples qui l’ont adoptée. Le génie et la culture de chaque peuple épouse sa foi orthodoxe, la marque de façon indélébile et s’identifie à elle.
Un chemin similaire a été suivi en Occident ! Autour de nous, nous pouvons voir le christianisme latin modelé par le génie et la culture des peuples occidentaux. Même la rupture protestante est restée imprégnée par quinze siècles de romanité.
Jusqu’à Vatican II, l’identité des peuples a été négligée par la volonté centralisatrice de Rome au profit d’un rite latin commun. En conséquence, nous constatons qu’une majorité d’Occidentaux s’identifient à leur religion respective, catholique ou protestante.
Ce sont des différences de dogmes qui séparent les chrétiens. Si nous voulons agir de façon œcuménique, ne devons nous pas espérer et prier pour qu’advienne ce jour voulu par Notre Seigneur, ce jour de la plénitude et de la communion du monde chrétien ? Le jour où nous partagerons ensemble une foi orthodoxe dans le sens littéral de ce mot !

Le jour du triomphe de l’Orthodoxie !

Il nous faut prier avec ferveur pour que l’Esprit Saint nous permette de reconnaître les torts que nous avons eu les uns envers les autres. En ce carême qui commence, demandons, « Pardon !», faisons acte de repentance et d’humilité, pour qu’il nous soit accordé de revenir ensemble à une foi identique.
Ainsi les occidentaux seront-ils véritablement orthodoxes dans le rite latin qui a toujours été celui de leur Eglise. Et nous resterons tous fidèles à notre tradition deux fois millénaire de la diversité des visages de la chrétienté.

Comment serait-il possible de nier la légitimité du territoire canonique des chrétiens occidentaux et prétendre créer chez eux, « l’Eglise Locale du Christ » ?

Il est grand temps de comprendre que seul l’amour fraternel entre tous les orthodoxes peut nous rendre crédibles. Il est grand temps de réparer nos fautes et témoigner notre foi orthodoxe dans l’unité des juridictions russes, qui aurait du, depuis le début du siècle dernier, être la notre !
Ainsi prendront fin toutes les procédures et les litiges, qui éclaboussent notre religion d’un parfum de scandale dans les journaux qui nous fustigent.
N’est-il pas temps pour l’archevêché de revenir vers son Eglise mère enfin libérée du joug athée ?
Ce sera une démarche de réconciliation, d’humilité et d’amour, la seule digne d’un chrétien orthodoxe authentique. La seule qui pourra mettre fin aux querelles judiciaires qui nous minent. Ne sommes nous pas tous ensemble, avec les Russes de Russie, les héritiers de nos belles églises ?

Revenir vers notre Église mère est la seule démarche qui nous permettra de participer à la plénitude de la vie conciliaire de l’orthodoxie, dont nous sommes privés aujourd’hui.

L’unité des juridictions orthodoxes russes sera le premier pas franchi vers l’authenticité de notre témoignage, le premier pas vers ce triomphe de l’Orthodoxie, l’unité de tous les chrétiens !

Appelons le de toutes nos forces ! Pour que nos voix puissent enfin se faire entendre et interdisent les effusions de sang qui déciment sous nos yeux le genre humain.

Le jour du triomphe de l’orthodoxie sera l’aube d’une ère nouvelle, celle de la Paix voulue et donnée par le Christ à l’homme nouveau, enfin converti.

© Pour " Parlons d'orthodoxie" par Marie Genko

Rédigé par Marie Genko le 18 Février 2010 à 16:10 | 24 commentaires | Permalien



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