V. GOLOVANOW

Le pape François a donné une véritable conférence de presse sur le vol de Rio à Rome, répondant à des dizaines de questions dont les plus "croustillantes" ont été reprises dans la presse. Les points qui nous concernent particulièrement ont été quasiment passés sous silence alors qu'ils montrent des signes d'ouverture indéniables.(1)

Sur les prochains voyages ...

« Il n’y a encore rien de défini. … Le patriarche Bartholomée m’a invité à Jérusalem à l’occasion des cinquante ans du voyage de Paul VI et de la rencontre avec Athënagoras (*), qui a eu lieu là. Il y a une invitation du gouvernement israélien et de l’Autorité palestienne. ... Le 30 novembre, je voulais aller à Constantinople pour la fête de saint André, mais ce n’est pas possible pour des raisons d’agenda.

Sur les sacrements aux divorcés remariés

« C’est un thème qui revient toujours. Je crois qu’est venu le temps de la miséricorde, ce changement d’époque dans lequel il y a beaucoup de problèmes, y compris au sein de l’Eglise, avec les témoignages pas très bons de certains prêtres. Le cléricalisme blessé beaucoup de gens et il faut aller soigner ces blessés avec la miséricorde. L’Eglise est maman, et dans l’Eglise on doit trouver de la miséricorde pour tous. Et les blessés, il ne faut pas les attendre, mais il faut aller les rencontrer. Je crois qu’est arrivé le temps de la miséricorde, comme en avait eu l’intuition Jean-Paul II, qui a institué la fête de la Divine Miséricorde. Les divorcés peuvent communier, ce sont les divorcés en seconde union qui ne le peuvent pas. Il faut voir le thème dans la totalité de la pastorale matrimoniale. J’ouvre une parenthèse : les orthodoxes, par exemple, suivent la théologie de l’économie et autorisent une seconde union. Lorsque se réunira le groupe des huit cardinaux, dans les trois premiers jours d’octobre, nous traiterons comment avancer dans la pastorale matrimoniale. Nous sommes en chemin pour une pastorale matrimoniale plus profonde.

Mon prédécesseur à Buenos Aires, le cardinal Quarracino, disait toujours: « Pour moi, la moitié des mariages sont nuls, parce qu’on se marie sans savoir que c’est pour toujours, parce qu’on le fait par convenance etc... ». Nous devons étudier également le thème de la nullité.

Les orthodoxes

« Les Eglises orthodoxes ont conservé une liturgie qui est très belle. Nous avons perdu un peu le sens de l’adoration. Eux adorent Dieu et le chantent, ils ne comptent pas le temps. Un jour, à propos de l’Europe occidentale et de son Eglise, ils m’ont dit que “ex Oriente lux”, “ex Occidente luxus”, c’est-à-dire de l’Orient la lumière, de l’Occident la société de consommation et le bien-être qui ont fait tant de mal. En revanche, les orthodoxes conservent cette beauté de Dieu au centre. Quand on lit Dostoïevski, s on perçoit ce qu’est l’âme russe et orientale. Nous avons tant besoin de cet air frais de l’Orient, de cette lumière. »

......................................
(1) source

(*) Note du rédacteur: Paul VI reçut le patriarche Athénagoras à la Délégation apostolique à Jérusalem le 5 janvier 1964. C'était la première fois que les primats des Églises de Rome et de Constantinople se rencontraient après le concile de Florence (1439). C'est là que fut décidée la création de la Commission théologique mixte.

La "Déclaration commune du pape Paul VI et du patriarche Athénagoras exprimant leur décision d’enlever de la mémoire et du milieu de l’Église les sentences d’excommunication de l’année 1054" est datée du 7 décembre 1965. Elle fut lue dans la session solennelle du IIème concile du Vatican par Monseigneur Jean Willebrands. En même temps, elle était lue par le secrétaire du saint synode, dans la cathédrale du Phanar. source

Rédigé par Vladimir GOLOVANOW le 2 Août 2013 à 19:56 | 5 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Juan García Muñoz le 02/08/2013 22:06
Le Pape Francisco doit bien connaître la liturgie orthodoxe parce qu' il était l'ordinaire des cathos de rites orientaux à l'Argentina.

Son appreciation sur le "temps" est très belle et profonde («ils [les orthodoxes] ne comptent pas le temps») comme aussi sur la «beauté de Dieu dans le centre», parmi les orthodoxes, versus «la société de consommation et le bien-être» de l'Occident.

2.Posté par nina le 03/08/2013 08:58
oui c'est prometteur , "cette beauté de Dieu au centre" " le sens de l'adoration " " le temps de la miséricorde"

3.Posté par Daniel le 03/08/2013 18:07
Ces déclarations ne sont pas une nouveauté, et déjà dans la ligne de qu'avaient dit les prédecesseurs...

4.Posté par Vladimir.G : Le métropolite Hilarion ne veut pas gommer les divergences entre chrétiens le 10/08/2013 10:34
Moscou: Le métropolite Hilarion ne veut pas gommer les divergences entre chrétiens
Critique adressée à la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique
Moscou, 4 août 2013 (Apic) Le Patriarcat de Moscou n’est pas satisfait du travail de la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l'Eglise catholique romaine et l'Eglise orthodoxe. Selon le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, le cours actuelle de ladite Commission ne conduit pas à une meilleure compréhension des différences subsistant entre les deux Eglises.

Le métropolite Hilarion, chef du Département des relations ecclésiastiques externes du Patriarcat de Moscou, avec le cardinal Kurt Koch (Photo: Jacques Berset)Le métropolite Hilarion, chef du Département des relations ecclésiastiques externes du Patriarcat de Moscou, avec le cardinal Kurt Koch (Photo: Jacques Berset)
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Dans une interview accordée à l’agence de presse catholique allemande KNA, le métropolite Hilarion estime que des divergences sont gommées et que l’on donne ainsi l’impression qu’il n’y aurait pas de différences entre les deux Eglises.
Ne pas faire comme s’il n’y avait pas de différences

"Quand nous faisons simplement comme si nous n’avions pas de divergences ou bien qu’il n’y en aurait que peu, quand nous essayons de représenter les traditions théologiques de nos Eglises comme étant rapprochées au maximum, nous nous trompons !"

Le métropolite Hilarion demande que, lors du dialogue théologique commun, l’on nomme exactement les divergences existantes entre les deux confessions. Les deux Eglises devraient par conséquent s’aider mutuellement à comprendre la logique du développement des traditions théologiques séculaires. Il estime très peu probable que l’Eglise orthodoxe ou l’Eglise catholique abandonnent leurs traditions et la compréhension de leurs services divins qui se sont développées au cours des siècles.
Une "dynamique positive" depuis le pontificat de Benoît XVI

Il voit cependant qu’une "dynamique positive" dans les relations entre l’Eglise catholique et l’Eglise orthodoxe est en marche depuis le pontificat de Benoît XVI (2005-2013), sous lequel les relations entre les deux Eglises se sont considérablement améliorées.

Ainsi, un accord a été trouvé dans toute une série de questions. Le métropolite Hilarion a l'impression que "le pape François considère l’Eglise orthodoxe russe avec amour et respect et que nous allons trouver un langage commun dans nos relations". A plusieurs reprises cette année, Mgr Hilarion a dit espérer le développement de la collaboration orthodoxe-catholique sous le pontificat du nouveau pape François, y compris dans le domaine de la défense des valeurs chrétiennes dans la société, du ministère social et de la défense des chrétiens persécutés dans le monde. (apic/kna/be)

5.Posté par Le Pape François en Terre Sainte au printemps ? le 06/10/2013 17:43
Le pape l’avait évoqué au retour des JMJ de Rio : sa seconde visite apostolique hors d’Italie pourrait avoir pour destination la Terre Sainte au Printemps prochain, pour y célébrer le 50ème anniversaire de la rencontre historique entre Paul VI et le patriarche Athënagoras. Les propos de l’évêque d’Amman, en Jordanie, Mgr Maroun Lahham, recueillis par l’agence SIR, renforcent cette hypothèse.

Une hypothèse commentée sur le site Vatican Insider dans un article traduit par nos soins :


Giorgio Bernardelli

Au cours de son voyage en Terre Sainte, le Pape François pourrait visiter le camp de réfugiés de Syrie de Zaatari, en Jordanie, lieu symbolique par excellence du drame des réfugiés qui ont fui la guerre en Syrie.

Cette possibilité a été évoquée par Mgr Maroun Lahham, le prélat qui en tant que vicaire pour la Jordanie du patriarcat latin de Jérusalem, est évêque d’Amman. « Si le Pape demande à se rendre aussi dans le camp de Zaatari, parmi les réfugiés syriens, nous l’y emmènerons », affirme-t-il à la fin d’une interview accordée au Sir, l'agence catholique d'information qui dépend de la Conférence épiscopale italienne.

Ce sont là les paroles habituelles d’un évêque parlant d’un voyage qui n’est pas encore confirmé par le Vatican. « Il n’y a encore rien d’officiel – explique Mgr Lahham – mais le Pape devrait venir en Terre Sainte entre mars et avril, pour le 50e anniversaire de la rencontre œcuménique entre le patriarche Athénagoras Ier et Paul VI. Ici, en Jordanie, tous les musulmans l’adorent, il a été invité par les plus importantes autorités ».

Des paroles qui, de façon significative, ont été aussitôt reprises sur le site du Patriarcat latin de Jérusalem. On se souviendra que ce même Pape François - dans son entretien avec les journalistes au cours du vol de retour de Rio de Janeiro – avait confirmé que la Terre Sainte était la destination la plus probable de son second voyage apostolique, en réponse à une invitation de Bartholomée 1er.

Le patriarche œcuménique de Constantinople souhaite, en effet, commémorer avec François, à Jérusalem, l’anniversaire de l’accolade historique entre Paul VI et Athënagoras, qui avait eu lieu en janvier 1964 pendant le pèlerinage de Montini en Terre Sainte. Mais, pour des motifs politico-diplomatiques, un voyage d’un Pape à Jérusalem est impensable sans une étape en Jordanie: ce n’est pas par hasard si Jean-Paul II en 2000, comme Benoît XVI en 2009, se sont rendus d’abord à Amman. Et l’audience accordée le 29 août au roi Abdallah allait précisément dans cette direction.

Mais pour le Pape François, aller en Jordanie aujourd’hui signifie entrer de plain-pied dans le chaos du monde arabe secoué par les révoltes du printemps arabe et par le conflit en Syrie.

C’est donc dans ce sens que l’allusion de Mgr Lahham à une éventuelle étape dans le camp de réfugiés de Zaatari revêt ’une telle importance. Géré par le Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés, le camp de Zaatari abrite actuellement 130 000 réfugiés syriens (dans l’ensemble de la Jordanie, ils sont près d’un million, dans un pays qui compte six millions d’habitants). Surgi de nulle part, ce camp est devenu en l’espace de deux ans une des villes les plus peuplées en Jordanie; mais une ville faite de tentes, avec l’arrivée de milliers d’autres personnes chaque jour.

La Caritas jordanienne est mobilisée en première ligne pour l’assistance à tous ceux qui viennent de la Syrie. C’est aussi pour cela que l’idée d’un déplacement à Zaatari du pape François, après Lampedusa, ne paraît pas du tout étrange. Et ce serait un nouveau geste très fort après la journée de prière et de jeûne pour la paix vécue sur la place Saint-Pierre, le 7 septembre dernier.

Rappelons, enfin, que déjà Benoît XVI, au cours de son voyage en Jordanie, en 2009, avait rencontré un groupe de réfugiés iraniens durant la Messe célébrée au stade d’Amman. En effet, voici déjà une dizaine d’années que l’Eglise de Jordanie vit constamment en première ligne l’accueil des victimes des guerres qui ensanglantent le Moyen-Orient.

Article traduit par Elisabeth de Lavigne



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