Les brebis égarées...
V.G.

Sous le titre "Noël. Messe orthodoxe à Saint-Dolay", "Le Télégramme" présente une communauté de "l'Église orthodoxe celtique", l'une des plus anciennes pseudo-Églises orthodoxes occidentales puisqu'elle fait partir sa "restauration" de 1866.

Revendiquant 7 "éparchies" au Royaume Unis, USA, Australie et France (qui compte une seule et unique communauté!), cette organisation appartient à la "Communion des Églises Orthodoxes Occidentales" avec "L'Église Orthodoxe Celtique, L'Église Orthodoxe Française et L'Église Orthodoxe des Gaules" et fait partie de la nébuleuse des Eglises Orthodoxes non canoniques.

Une Liturgie "réinventée"

(Digest de l'article du "Télégramme")

Se revendiquant "d'une des Églises les plus anciennes du monde chrétien, fondée par Saint-Joseph d'Arimathie, en Grande-Bretagne, en l'an 37 de notre ère", la communauté s'est installée en Bretagne dans les années 1960-70: 4 moines sur un terrain de 22 hectares, une église en bois, ornée d'icônes peintes; « Nous y avons planté 4.000 arbres. Nous avons recréé des haies. L'environnement est vraiment au cœur de nos préoccupations »… et réinventèrent (sic!) une liturgie: «Récemment, un chercheur a découvert, à Munich, un palimpseste très ancien. Ce parchemin qui avait déjà été utilisé et dont la première écriture avait été recouverte, nous a livré des éléments très intéressants d'une liturgie oubliée. Nous l'avons adaptée. Elle est très dépouillée et va vraiment à l'essentiel. Elle correspond bien à ce que nous cherchions».

Trois heures de "messe" (sic): contrairement à de nombreux orthodoxes, qui bannissent les instruments des églises, pensant que seule la voix humaine est digne de communiquer avec Dieu, les "orthodoxes celtes" utilisent fréquemment la harpe. De même, ils ont adopté le calendrier grégorien et non le julien comme l'ont fait leurs frères russes, macédoniens ou serbes qui fêteront Noël le 7 janvier. Ce soir, la "grande messe" (re-sic), qui, comme d'habitude, sera célébrée en français, débutera à 22 h. «Elle durera trois heures, précise le père Marc qui a été nommé évêque en juillet, à la suite du décès de Mgr Maël, l'ancien primat. Ensuite, si le temps le permet, nous organiserons une procession aux flambeaux. Et on se retrouvera au cœur de la nuit pour des agapes et des chants».
Les brebis égarées...

Une dénomination usurpée

Ce type de recherche peut avoir son utilité pour amener à l'Orthodoxie des personnes en recherche, voir par exemple l'itinéraire de l'Higoumène George Leroy. Toutefois le terme "Orthodoxe" est, à mon sens, une usurpation puisque ce groupe ne fait pas partie de la communion des Eglises orthodoxes. Et ce détournement de dénomination est évidement gênant puisqu'il induit en erreur certains fidèles Orthodoxes qui croient de bonnes foi recevoir des sacrements valides. Ainsi le soi-disant Mgr Marc parle de "ces Syriens ou Érythréens que nous accueillons parfois"… il est probable que ces croyants y réfléchiraient à deux fois s'ils savaient à qui ils avaient affaire!
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Rédigé par Vladimir Golovanow le 25 Décembre 2014 à 21:58 | 10 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Daniel le 26/12/2014 13:44
Et oui, la nature a horreur du vide. A faire de l'ethnicisme pendant 80 ans, on nourrit la naissance de mouvements pseudo-orthodoxe.

2.Posté par Alexis le 26/12/2014 17:34
Et malheureusement, l'ethnicisme continue de plus belle, on va à l'église russe ici, à l'église roumaine là etc... nous sommes en France, et devons oeuvrer avec les Patriarcats Canoniques pour l'Église Locale, et célébrer en français...

3.Posté par Père Joachim le 27/12/2014 02:09
Peut être revient il aux églises "ethnisistes d'exercer une certaine sollicitude vis à vis des résurgences d'un christianisme hexagonal disparu sous les coups de boutoir d'un christianisme ariano-médiéval qui est parvenu a prendre possession définitivement de l'antique siège primatial de l'antique Rome avant et autour du grand schisme et d'y imposer un esprit centralisateur stérilisant qui a coursé toutes les églises autonomes d'occident et d’Afrique et leurs rites originaux ?

Les nuée des martyrs orthodoxes victimes de l’éradication implacable, qui a durée des siècles, sont venus rejoindre la nuée des Saints martyrs antérieurs victimes du paganisme, des anachorètes et des Saints Pères d'occident de l'antiquité tardive.
Cela est actuellement parfaitement étudier et exprimé par les historiens de l'université laïque !

La question que peut se poser le croyant c'est de savoir si il n'est pas significatif qu'en ces temps extrêmes, la comunio sanctorum que le Seigneur favorise à Tomsk avec St; Théodore, à Lesbros avec les Sts Nicolas et Irène, dans l’Attique avec St Ephrem, ne doit pas être liée avec les découvertes d"Arles et de Marseille centre, avec la découverte inattendue des restes vite oublier d'une nécropole et de reliques myrovlites à la rue Malaval ?

A qui revient la charge de concrétiser cette communion universelle ?
à une église épatée par des alliances mondialisées hétéroclites,
à des églises écrasées par des dilemmes de replis intra culurels et politique sanctifiés par un ritualisme fossilisé qui annonce un passage programmé vers un légitime"unionisme" ...quand le Pape viendra...
ou à des communautés infini-décimales qui campent dans des bastions celto-gaullois et dont un Patriarcat à réglé le compte il y a quelques années sous les acclamations et les vivas de pseudo théologiens restés sans postérité ?

En relisant Palierme on pourra peut être trouver une réponse ?
Peut être dit-il que la solution est dans la crucifixion des mentalités anathématisantes frileuse pour favoriser l’éclosion ecclésiale de la koinonia biblique ?,
dans l'avancé des dogmatisme et des ritualisme orgueilleux d'un piétisme d’alcôve, vers l’adhésion cordiale à la théologie mystique des Pères ?
ou plus simplement à une piété épiclétique ?

On serait dans une dangereuse utopie si il n'y avait eu "la sortie de bonne année" de François à la Curie ou si les temps n'étaient pas si marqués par la venue évidente du Seigneur, qui germine patiemment dans le monde depuis l'avènement survenu il y a 2000 ans dans la Grotte de Bethléem?

4.Posté par Vladimir.G.: la volonté d''''acculturation forcée tient beaucoup de l''''orgueil de Babel le 27/12/2014 19:45
LES ÉGLISES ORTHODOXES TRADITIONNELLES SE SONT TOUJOURS INTÉRESSÉES AU DÉVELOPPEMENT D'UNE ORTHODOXIE OCCIDENTALE. Sans remonter au métropolite syriaque-orthodoxe de Homs, Mutran Boutros (futur patriarche d'Antioche sous le nom d'Ignace Pierre IV) qui consacra Jules Ferrette évêque « pour l'île d'Iona et ses dépendances » en 1866, marquant ainsi la "restauration" de "l'Église orthodoxe celtique", il faut surtout rappeler l'action remarquable de la "Confrérie de Saint Photius", créée au début des années vingt dans l'Eglise russe, qui donna naissance à la paroisse francophone "Notre-Dame-Joie-des-Affligés et Sainte-Geneviève". Les fondateurs de cette paroisse, qui fonctionne toujours "ont laissé à leurs successeurs un héritage qu'il s'agit de faire fructifier. Eux-mêmes n'avaient apporté qu'une seule richesse : l'attachement fidèle à une Orthodoxie comprise non pas comme un conservatisme jaloux, mais comme la voie ascétique d'une conversion permanente à l'Orthodoxie par l'adhésion toujours approfondie à l'essentiel de la foi apostolique, la foi de nos Pères, la foi de l'Eglise de tous les temps, la foi en « Jésus Christ, le même, hier, aujourd'hui et à jamais » (He 13 : 8). Cette foi ne peut que transformer la vie autour de nous et tendre vers la réunification de tous ceux qui s'en réclament pour que d'abord dans notre quartier " le monde croie " (Jean 17 : 21) que le Père a aimé le monde " jusqu'à donner [Son] Fils unique afin que quiconque croit en Lui ne périsse mais ait la vie éternelle " (Liturgie de saint Jean Chrysostome)." (diacre Nicolas LOSSKY, http://ndjasg.perso.neuf.fr/textes/historique2006.html)

Cet intérêt se retrouve maintenant dans toutes les juridictions, puisque les paroisses francophones "sont devenues majoritaires aujourd’hui, répondant aux besoins pastoraux de fidèles français, mais aussi des enfants et petits-enfants d’immigrés, de plus en plus intégrés à la société française." (Père Siméon, http://www.monastere-cantauque.com/annuaire-orthodoxe.html) Et il faut aussi citer les paroisses pratiquant le rite occidental…

LES EXPÉRIMENTATIONS DOUTEUSES DONT PARLE MON ARTICLE sont à l'opposé de ces exemples d'acculturation réussie. Elles sont le plus souvent le fait d'individus orgueilleux qui refusent le devoir d'obéissance à l'Eglise orthodoxe et veulent aller plus loin que ce qu'autorise la Tradition. Lorsque la volonté d'acculturation prévaut sur le respect de la Tradition orthodoxe, nous en arrivons à ces tristes résultats de groupuscules sectaires dont l'ECOF, sortie elle aussi de la "Confrérie de Saint Photius" sous les auspices de l'Eglise russe, donne le meilleur (ou pire) exemple. Ainsi le patchwork de ces pseudo-Églises orthodoxes "Celtiques, des Gaules, de France, etc." (cf. carte illustrant mon article) démontre que la volonté d'acculturation forcée tient beaucoup de l'orgueil de Babel.

Il est tout à fait normal de tendre vers une Eglise local française… à condition qu'il y ait suffisamment d'Orthodoxes qui le demandent! Mais nous devons constater que ce n'est pas le cas et que la majorité des paroisses restent fondées, desservies et fréquentées par les émigrés et les descendants. Et là il est tout aussi normal de respecter leur volonté de rester fidèles à leurs Eglises d'origine, dont ces paroisses font partie, même s'ils sont "de plus en plus intégrés à la société française" et si les vicissitudes de la mondialisation les ont placées en dehors de leur territoire canonique d'origine.

5.Posté par Daniel Fabre le 28/12/2014 07:56
cher Vladimir, vous dites :
" Elles sont le plus souvent le fait d'individus orgueilleux qui refusent le devoir d'obéissance à l'Eglise orthodoxe et veulent aller plus loin que ce qu'autorise la Tradition."
et je di cet orgueil qui rencontre celui tout aussi grand des Evêques orthodoxes " canoniques de la diaspora qui voulant préserver et leurs privilèges de pouvoir et d'avoir (matériel) ont tout fait pour empêcher l'ECOF d'exister e"n refusant par exemple et sans raison que leur Evêque pourtant sous patriarcat roumain siège aussi au conseil des Evêques....! et, quant à :
"Il est tout à fait normal de tendre vers une Eglise local française… à condition qu'il y ait suffisamment d'Orthodoxes qui le demandent! Mais nous devons constater que ce n'est pas le cas et que la majorité des paroisses restent fondées, desservies et fréquentées par les émigrés et les descendants"
sauf bien sur quand volontairement on, les " pas français " les ostracisent et les ignorent et font croire qu'il n'y a pas de demande....un peu facile non :! quelle hypocrisie dans l'Eglise du Christ !

6.Posté par Daniel le 28/12/2014 09:53
Non, les églises ont longtemps tout fait pour empêcher les conversions avec des "restez catholiques, de toute façon l'union est proche", empêchant certaines tentatives d'ouvertures de paroisses francophones, étant hostiles pour certaines à l'usage du français, avec des "cette église est pour les X (remplacez le nom de l'ethnie". Mais le principe des réalités s'impose, même à la cathédrale grecque, on célèbre le samedi soir en français car on a vu la désertification avancée qu'a entraîné la politique précédente. En Angleterre, côté grec, la désertification est quant à elle en pleine avancée...

7.Posté par Tchetnik le 28/12/2014 11:09
Fonder une Église locale n'a rien à voir avec la "vox populi" mais tout avec la mission de l'Église.

Ce d'autant plus que rayon Vox Populi, la grosse majorité des fidèles Français le demandent...t que les descendants d'immigrés qui fréquentent encore l'Église se comptent sur les doigts d'une main fortement accidentée.

8.Posté par V. GOLOVANOW: Higoumène George Leroy: l'Église canonique offre une sorte d'«espace de certitude» le 04/01/2015 19:34
Dans les 10 "Chroniques d'Abitibi", publiées sur PO début 2013, le père George avait retracé le parcours qui l'a amené de Belgique au fin fond du Canada, parcours qui reflète bien l'évolution de l'Orthodoxie occidentale durant la deuxième moitié du XXe siècle. Il m'a maintenant écrit une lettre sur les "Églises qui s'autoproclament «orthodoxes»" et a accepté que je la présente sous la forme d'un article.

Je pense que le père George propose plusieurs pistes de réflexion particulièrement intéressantes, mais je ne suis pas d'accord en tout avec lui et lui en laisse donc l'entière responsabilité.

Un "sas pédagogique"?

Vladimir Golovanow suggère que les Églises qui s'autoproclament «orthodoxe», peuvent servir de "sas pédagogique" pour des gens qui finiront par devenir orthodoxes canoniques (Cf. http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Les-brebis-egarees_a4104.html). Pour ma part, je suis effectivement devenu orthodoxe dans une «secte» qui était à l'époque l'Église russe hors-frontières. Cette « Église » avait toutes les caractéristiques d'une secte, car elle ne reconnaissait personne et n'était reconnue par personne... Selon ses représentants, les seuls détenteurs véritables du message du Christ se limitaient aux membres de l'Église russe hors-frontières, ce qui était pour le moins, improbable ! Depuis lors, cette organisation est devenue canonique, en se réunifiant avec l'Église russe, mais ses membres ont gardé leur mentalité sectaire, surtout en Amérique du Nord. À titre de circonstance atténuante, je tiens à préciser que le prêtre qui m'a introduit à l'Orthodoxie, le Père Dimitri Hvostoff (cf. http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Higoumene-George-Leroy-un-changement-d-epoque_a3022.html), de bienheureuse mémoire - et à qui je dois beaucoup - n'adhérait aucunement à cette idéologie particulariste et relativement fanatique.

À l'époque, bien des gens sont passés par l'«Église catholique-orthodoxe de France» (ECOF), avant de découvrir l'Église orthodoxe en tant que telle. De tels «immigrants» dans l'Orthodoxie emportaient souvent avec eux un certain bagage qui rendait aisément reconnaissable leur origine: une tendance à garder des comportements pour le moins fantaisistes, et une nette propension à inventer des originalités liturgiques… Néanmoins, toute une génération est passée par là. Aujourd'hui, le filon est tari, car celui-ci se nourrissait en grande partie de la nostalgie que certains éprouvaient envers le catholicisme d'avant la réforme de Vatican II. Maintenant, pour les nouvelles générations, l'ancien rite romain est aussi «exotique» que le rite byzantin - ce qui fait que l'on ne peut plus présenter l'étrangeté culturelle du rite byzantin, comme étant un obstacle à l'entrée dans l'Église orthodoxe.

Je ne me permettrais pas de «jeter la pierre» aux membres de "l'Église celtique" (ibid.), comme aux membres de toute autre Église parallèle. À mon avis, de telles Églises réalisent la parole du Christ: «ceux qui ne sont pas contre nous sont avec nous». Assurément, l'Orthodoxie ne consiste pas dans le seul fait d'être russe ou grec, même si bien des Russes et Grecs le pensent…

Que signifie être un "Chrétien orthodoxe"?

Être Chrétien consiste en le fait de confesser sa Foi en trois affirmations fondamentales :
- je crois en un seul Dieu en trois Personnes ;
- je crois en la pleine et entière humanité et divinité du Christ ;
- je crois en la Résurrection de la chair.
Avec cela, on est Chrétien.

Pour être Orthodoxe, il convient de confesser sa Foi en deux éléments supplémentaires :
- je crois que Dieu est totalement présent en les Énergies divines, par lesquelles Il nous illumine, et auxquelles nous sommes appelés à devenir transparents, par l'approfondissement de notre vie spirituelle ;
- je crois que la matière est d'une primordiale importance pour notre Salut car, par son Incarnation, Dieu est devenu matière - la matière, pénétré par les Énergies divines, devient le levier nécessaire à notre Salut : c'est cette matière pénétrée par les Énergies divines qui constitue une icône, en laquelle nous reconnaissons la présence de celui qui y est représenté.
Avec cela, on est Orthodoxe.

Certains trouveront cette synthèse un peu rapide, mais il me semble que cela résume assez bien les points essentiels de la Foi.

Peut-on être « Orthodoxe » en-dehors d'une Église officiellement canonique? Disons que l'Église canonique offre une sorte d'«espace de certitude» - mais nous laisserons à l'Esprit-Saint le soin de savoir où se trouvent les limites de l'Église - Corps mystique du Christ.

Ce qui ne va pas dans les soi-disant Églises orthodoxes:
Après avoir dit tout cela, je vais essayer de préciser les points qui me gênent dans les organisations du genre de l'« Église celtique ».

1. On ne crée pas une liturgie. La liturgie, tout comme l'Église, est un organisme vivant. On ne reconstitue pas une liturgie au départ d'un manuscrit retrouvé dans une bibliothèque. Pour que la liturgie puisse être priée, elle doit bénéficier d'une continuité ininterrompue, tout comme l'Église. La fonction même de la liturgie de l'Église est de nous permettre d'exister spirituellement au-delà des limitations de notre individu. Ces limitations sont temporelles et géographiques : en chantant l'Office divin, je le chante avec tous ceux qui le chantent au même moment dans l'Église, sur toute la terre ; en chantant l'Office divin, je le chante avec tous ceux qui m'ont précédé dans le temps, et qui me suivront, après mon bref passage sur cette planète. Il est donc infiniment préférable de se situer dans une tradition ancienne et existante, plutôt que d'inventer « MON machin », ce qui est le plus souvent une exaltation de l'Égo. Nous voyons des gens qui se croiraient déshonorés d'utiliser une prière qui n'ont pas eux-mêmes composée ou transformée…

2. Je trouve gênant également de voir des gens se trimbaler avec des ornements sacerdotaux de pure fantaisie, et des mitres de formes étranges. Tout cela ne fait qu'exalter le MOI. Il est bon d'avoir une certaine modestie qui permet de s'intégrer tout simplement dans la Tradition de l'Église.

3. Généralement, ceux qui se vantent d'avoir retrouvé de précieux éléments d'une liturgie perdue, dans quelque vieux manuscrit, ont besoin de compléter ces textes par des adjonctions de la liturgie latine ou byzantine, car les textes liturgiques prétendument retrouvés sont loin d'être suffisants pour constituer un ensemble liturgique. Cela donne une sorte de « patchwork » liturgique, parfois assez surprenant. Personnellement, il me semble que, tant qu'à récupérer un nombre substantiel de textes et de chants de la liturgie byzantine, autant adopter celle-ci tout entière…

4. Les communautés qui s'autoproclament « orthodoxes », ttout en n'adhérant pas à l'orthodoxie canonique, trouvent un réel avantage à adopter cette position : en France, qui est un pays culturellement catholique, la population qui vit à proximité de l'une ou l'autre de ces communautés considère ses membres comme de « bons pères » qui font une « belle messe ». Et un certain nombre de pieuses personne vont y communier. Si une communauté de ce type rentre dans l'Orthodoxie canonique, il ne lui est désormais plus possible de donner la communion à tout le monde… Quand on appartient à l'Église orthodoxe, on demande une confession de Foi en bonne et due forme et une entrée officielle dans l'Orthodoxie, comme préalable à la communion eucharistique. Une telle exigence ferait perdre à de telles communautés la plus grande partie de leurs fidèles.

Ceux qui ne sont pas «ethniquement autorisés»

Il n'entre aucunement dans les projets de l'« Église celtique » - ou de bien d'autre Églises parallèles - de s'agréger à l'Église orthodoxe canonique. On peut les comprendre, car le chemin qui mène à l'Église orthodoxe est difficile et pénible, pour ceux qui ne sont pas «ethniquement autorisés». C'est encore plus vrai aujourd'hui, alors que nous sommes inondés par une immigration massive venant des pays de l'Est.

On pouvait penser que le temps avait fini par avoir raison de la première et de la deuxième émigration russe, et que l'on était enfin sur le chemin de l'inculturation. Mais le flot migratoire que nous connaissons aujourd'hui remet toutes les pendules à zéro… C'est un retour dans le temps, d'une cinquantaine d'années. Pour les nouveaux immigrants venant des pays slaves, ce qui se passe à l'église doit se faire en Slavon, et suivant l'ancien calendrier. Là s'arrête la science de nos Orthodoxes slaves fraîchement arrivés en Occident. - Bien sûr, ceci est une généralisation abusive : nous voyons l'Église serbe faire des remarquables efforts pour créer des paroisses francophones et hispanophones et, en dehors de l'univers slave, l'Église roumaine adopte la langue du pays d'accueil, pratiquement dès la première génération. Cette Église prie en utilisant une langue vivante, et ne cultive donc pas la mystique de la « langue sacrée », ce qui explique sans doute son dynamisme pastoral en Occident.

Discerner l'action de l'Esprit

Je suis conscient du fait que quelques-unes des constatations énoncées en ces lignes ne manqueront pas d'être récusées par les tenants d'une Orthodoxie plus que traditionnelle. Mais je me permettrai de reprendre l'affirmation du père Wladimir Guettée: «on peut me calomnier, mais l'on ne peut pas me réfuter !» Bien sûr, je ne dis pas que quiconque désire me calomnier, mais j'estime que mes affirmations reposent tout simplement sur la réalité concrète. Au risque d'aggraver mon cas, je vous citerai la théologie du Lecteur de la Chapelle Sainte Marie-Madeleine, qui affirme : «l'Orthodoxie est la vraie Église, mais elle n'est pas universelle - tandis que l'Église catholique-romaine n'a sans doute pas la Vérité en plénitude, mais elle est universelle. L'Église orthodoxe a perdu son universalité depuis bien longtemps. Je n'ai jamais entendu un catholique-romain dire à une autre personne qu'elle ne peut pas devenir catholique-romaine, car elle n'est pas italienne ou française. Par contre, c'est monnaie courante dans l'Orthodoxie». Je vous laisse réfléchir sur cette affirmation. (Note de VG: le Lecteur de la Chapelle Sainte Marie-Madeleine, Mario Rousseau, a été présenté dans Chronique d'Abitibi 5.)

Nous vivons aujourd'hui dans un univers très diversifié, dont font partie les Églises parallèles, et celles qui s'affirment «orthodoxes» soulignent de ce fait même, les limites ethniques et culturelles qui affaiblissent très notablement le rayonnement de l'Orthodoxie… Affirmer que « je suis un vrai », et que les autres « sont des faux », est une pente naturelle à l'esprit humain. Nous avons tendance à canoniser notre village et notre clocher. Et pourtant, lorsqu'un chrétien orthodoxe affirme qu'il est membre de la véritable Église du Christ, il a raison, même si cela fait de la peine à nos frères qui appartiennent à d'autres confessions chrétiennes. Mais cette raison lui donne tort : la hauteur du message chrétien, la pureté cristalline du Corps mystique du Christ, l'incroyable vocation à la divinisation qui nous est assignée, montrent en plein jour notre misérable faiblesse et nos incapacités. Et ce n'est pas seulement une sorte de « langage pieux », que l'on récite la bouche en cœur… Nous avons raison théoriquement - et dans la pratique, nous offrons le plus souvent un spectacle pathétique ou risible. L'Histoire de la présence orthodoxe en Occident au XXe siècle fourmille d'« occasions ratées » où, par aveuglement et par étroitesse d'esprit, des gens de bonne volonté ont été brutalement écartés du chemin qui les menait à l'Orthodoxie, s'il y avait eu un esprit bienveillant pour les accueillir (j'ai vécu cela, s'exclame le Lecteur de la Chapelle sainte Marie-Madeleine : «à l'époque, on m'a mis à la porte, à la Cathédrale Russe-hors-frontières saint Nicolas, à Montréal, alors que je demandais l'heure de l'Office de Noël. Visiblement, on désirait rester entre Russes. - Et plus récemment, en juillet 2013, dans la paroisse russe saints Pierre-et-Paul, dans la même ville, la dame qui vendait des cierges a refusé de me les donner, alors que je présentais la monnaie exacte, bien certainement parce que je ne les demandais pas en Russe... Dans un cas comme dans l'autre, on se faisait un honneur de ne pas répondre en Français, pour bien montrer que l'on n'a aucune intention de s'intégrer au Québec»). Espérons qu'en cette matière, l'avenir diverge du passé, et que l'Orthodoxie de demain soit capable de discerner l'action de l'Esprit, parmi les approches souvent hésitantes et indécises de ceux et celles qui gravitent autour d'elle.

Lire aussi : Higoumène Georges Leroy: Vers l'Abitibi! et SUITE http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/search/Higoumene+Georges+Leroy/

9.Posté par Tchetnik le 04/01/2015 21:04
Imposer le slavon ou le roumain en France, en Angleterre ou ailleurs fait justement partie d la catégorie "acculturation forcée" et "orgueil".

En revanche, comprendre que l'Église par définition embrasse touts les langues et cultures de manière naturelle fait partie de la catégorie "au parfum de la mission de l'Église".

10.Posté par Père Joachim le 05/01/2015 18:14
Il est bon de clarifier les situations.
Le titre de "brebis égarées" semble vouloir présenter une certaine fédération d'ecclésioles cultivant un rite liturgique ancien ayant eu cours en occident.
Une telle démarche a été remarquablement menée par l'ECOF.
Ce qui voudrait se présenter comme une résurgences de l'antique chrétienté occidentale a pour caractéristique d'être menée par des français pour des français, avec un matériel liturgique et des catégories philosophiques et mentales issues du monde occidental.
Autant le dire, une telle démarche bien cadrée sur la plan ecclésiologique serait redoutable sur le plan missionnaire.
Elle n'aurait rien à envier à la démarche pastorale "uniate" pratiquée par Rome. Elle serait de l'ordre de la démarche missiologique occidentale et par là totalement incompatible et en opposition avec la condamnation comme hérésie du "prosélytisme" qui enchaîne, alors que le "sacrosaint témoignage du viens et voie" de l'orthodoxie, libère et éclaire.
Pourtant, uand la foi des Pères sera annoncée à des français par des français en France, le temps du renouveau de la chrétienté occidentale sera, me semble t il, arrivé.

Mais, reste à préciser à qui il revient de confier cette démarche pour contourner la tentation du prosélytisme sectaire qui a cours par exemple dans la démarche uniate.
La démarche des francophonies à cloboucs colorés, avec rassons à larges manches à revers violets et croix pectorales à métal plus ou moins précieux, admirablement décrites par un livre de Gabriel MATZNEF sont au mieux des plages d'attentes d'une unité attendue, désirée et salutaire pour la chrétienté essoufflée du vieux continent;
Bon 6 et 7 Janvier !

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