Russie: l’orthodoxie, une idéologie de substitution ?
Pour "Parlons d'orthodoxie", texte de Vladimir Golovanow

Le site géopolitique diploweb.com publie sous ce titre provocateur un article de Nathalie OUVAROFF Journaliste, correspondante à Moscou durant plusieurs années. Il commence bien – "Alors que s’approche le Noël orthodoxe, début janvier, il est utile de s’interroger sur la place de l’orthodoxie dans la Russie de 2010" et, après une analyse rapide des 20 dernières années en Russie, conclu lapidairement: "Il semble donc que la Russie s’orienterait plutôt vers une forme de « conservatisme social » dont l’orthodoxie serait une composante au même titre que les autres religions traditionnelles. Ce qui n’empêche pas de l’utiliser sur le plan international comme un étendard permettant de rallier, voire d’instrumentaliser, les communautés russes de l’étranger en cas de besoin."

L'approche est intéressante car l'auteur connaît bien la situation en Russie. Ce qu'il écrit n'est pas faux mais son analyse, si brève qu'elle en devient caricaturale, souffre surtout du défaut habituel chez les analystes occidentaux: on juge la situation en Russie à partir de critères occidentaux et en occultant complètement le contexte historique. Or la réalité russe ne rentre pas dans les cases de la grille d'analyse occidentale car l'échelle de valeurs des Russes n'est pas identique à celles des Occidentaux (qui croient leur échelle de valeurs universelles!). De ce fait il est difficile d'en rendre compte brièvement sans caricaturer et je prie mes lecteurs d'excuser la longueur inhabituelle de cet article.

Russie: l’orthodoxie, une idéologie de substitution ?
La Russie sort du plus terrible régime totalitaire que le monde moderne ait connu. Est-il surprenant qu'elle cherche encore sa voie? Toutes les transitions historiques ont connu un passage anarchique et une réaction: 20 ans après la révolution française Napoléon avait rétabli l'esclavage et Hitler est au pouvoir 20 ans après la chute de l'empire germanique… La Russie, elle, se cherche encore: après 10 ans de libéralisme désordonné avec Eltsine, qui a dévalorisé la notion de démocratie dans l'opinion, et 8 ans de remise en ordre autoritaire avec Poutine, parler d'un "conservatisme social", d'ailleurs sans le définir, parait inadapté.

Quelle place pour l'Église orthodoxe?

Nathalie OUVAROFF souligne à juste titre la place importante qu'elle occupe: "C’est la religion dominante : 80% des habitants de la Fédération de Russie se réclament de l’orthodoxie mais seulement 10% pratiquent régulièrement. Cependant, la religion devient de plus en plus présente dans la vie de la nation. Pas une manifestation publique sans la bénédiction d’un prêtre. Les médias couvrent toutes les fêtes religieuses et rapportent la moindre des interventions du Patriarche." Mais elle ne pousse pas son analyse:
- En faisant remarquer que cette situation, où la majeure partie de ceux qui se réclament de l'orthodoxie ne pratiquent pas réellement, rappelle celle de nombreux pays, dont la France (cf. note dédiée). Il est clair que cela correspond à la sécularisation croissante de nos sociétés, dont les Églises, orthodoxes comme catholiques, sont parfaitement conscientes. L'Église russe y fait face avec les autres religions traditionnelles de Russie (1) et propose aussi des actions communes à l'Église catholique.
- En analysant ce que l'on entend par "pratiquer régulièrement" (cf. notes précédentes : s'il s'agit de la messe hebdomadaire, le chiffre de 10% est certainement trop élevé (on parlerait plutôt de 2-3%, à comparer au 4,5% en France d'après la note citée). Ces 10% se rapprochent des derniers chiffres connus pour une fréquentation très épisodique de l'église (au moins 1 fois/an), mais il ne tient pas compte des autres formes de pratique plus répandues en Russie: port d'une croix pectorale, vénération individuelle des icônes, bénédiction des biens, jeune pendent le grand carême, recueillement dans les cimetières(2), usage de l'eau bénite… etc. (cf. note dédiée. Toute cette approche ritualiste de la religion touche un nombre de personnes qui n'a jamais été estimé à ma connaissance et l'Église russe est bien consciente qu'il y a là un terrain prioritaire pour son action pastorale.
- Enfin, et cela me parait essentiel pour toute analyse qui se veut prospective, en rappelant les tendances: nous partions, il y a 25 ans, de quelques milliers de pratiquants dans quelques centaines d'églises. En reprenant ce chiffre de 10%, nous serions passés à 14 millions et il y a prés de 10 000 paroisses en Russie d'après les derniers chiffres: l'accroissement représente certainement un facteur supérieur à 10! Nathalie OUVAROFF rappelle la vague de baptêmes des années 1990, qui est retombée car ceux qui voulaient être baptisés le sont (là encore je ne connais pas de chiffres!). Mais les ouvertures d'églises et de monastères, comme les ordinations de prêtres, continuent à un rythme soutenu et devraient se poursuivre car on est loin de la saturation: il n'y a qu'une église pour 14 000 habitants en Russie contre une pour 1500 à 5000 habitants en Occident. C'est cela qui permet à l'Église de prendre une place croissante dans la société.

Un rôle social essentiel:

Curieusement, l'article néglige complètement cet aspect là. Pourtant, l'effondrement du système soviétique et l'éclatement des grandes entreprises avait mis bas tout le système de protection sociale: jardins, d'enfants, orphelinat, maisons de retraites, organisations de jeunesses ont quasiment disparu, laissant les plus défavorisés complètement démunis. Ils se sont alors tournés vers l'Église, seule institutions organisée qui semblait pouvoir répondre. Et l'Église a répondu, mais avec de grandes difficultés: toute activité sociale lui avait été interdite durant 70 ans et elle ne disposait ni des moyens physiques ni des cadres nécessaires. Il y eut néanmoins des initiatives et des réponses à tous les niveaux et orphelinats, soupes populaires, accueils des infirmes, organisations scouts et autres maisons de repos ont vu le jour à travers toute la Russie.

Prés de 20 ans après, ces aspects là de l'action ecclésiale sont en train de se structurer complètement: des départements spécialisés existent depuis plusieurs années au niveau central et dans les évêchés, et des cadres spécifiques vont faire leur apparition dans la nouvelle organisation paroissiale. L'Église renforce ainsi sa place institutionnelle au sein de la société… comme en Occident ou existent "Secours catholique", "enseignement catholiques", "Ordre de Malte"… etc

Idéologie de substitution ou contre-pouvoir?

C'est donc en se substituant à une carence du pouvoir que l'Église a pris un rôle social important. Et de la même façon elle a retrouvé une place de guide moral: après l'effondrement de l'idéologie communiste, la société russe s'est retrouvée sans repères, sans idéaux, et la religion a été le seul recours possible. Toutes les réponses religieuses ont d'ailleurs été sollicitées et nous avons vu fleurir toutes sortes d'églises importées, des Krishnaïtes aux Mormons en passant par les communautés protestantes ou des sectes locales. Mais une étude récente montre que ces mouvances là sont en perte de vitesse alors que les Églises traditionnelles progressent, avec l'Église orthodoxe au premier rang. Bien entendu, l'Église orthodoxe participe aussi au débat sur "l'idée nationale" (ce qu'on appelle en France "identité nationale") et une majorité de Russes, même non-religieux, reconnaissent les racines orthodoxes de la Russie.

Le pouvoir reconnaît à l'Église ce double impact moral et culturel et, n'ayant rien d'autre à proposer, cherche à s'appuyer dessus. Nous avons donc là une situation unique dans l'histoire de l'Orthodoxie: l'Église était traditionnellement soumise au pouvoir, l'empereur, le sultan ou le tsar nommant et destituant les principaux dignitaires, à commencer par le patriarche(3); là, au contraire, le pouvoir fait tout son possible pour obtenir le soutien de l'Église. Et l'Église obtient des résultats concrets, de l'enseignement des fondements religieux à l'école à la fête nationale du 4 novembre, de l'interdiction des "gay-prides" à la condamnation des crimes staliniens, sans oublier la restitution des biens ecclésiastiques (y compris, parfois, ceux qui avaient été confisqués… sous Catherine II (4)).

Vers une "Démocratie chrétienne"?

L'Église Russe semble ainsi en passe d'occuper dans la société une place similaire à celle que l'Église catholique occupait en France au XIXe siècle, et qu'elle occupe toujours dans nombre de pays (Italie, Espagne, Pologne Lituanie… l'Église orthodoxe occupant d'ailleurs une place similaire en Grèce): celle d'une référence morale et sociale indiscutable, voire d'une référence politique. Cela ne va toutefois pas sans résistance: l'administration fait tout son possible pour écarter l'Église des organisations de jeunesse et nombre de chefs d'unités voient d'un mauvais œil l'arrivée d'aumôniers… Mais la volonté politique est affirmée au plus haut niveau, comme le montrent encore les .changes pour Noël (5), et le reste va suivre, même en trainant les pieds, car en Russie l'exemple d'en haut vaut loi!

Par contre les tentatives de créer un parti "démocrate chrétien" semblent vouées à l'échec car l'Église ne souhaite pas s'engager en politique:
- Les patriarches Alexis et Cyrille ont clairement répété que l'Église devait se tenir en dehors des partis et toute activité politique est interdite aux clercs
- Sa Sainteté Cyrille I propose une alternative à la démocratie parlementaire à l'occidentale(6), qu'il considère comme étrangère à la Russie. Il développe l'idée d'explorer les voies d'une conciliarité consensuelle sur le modèle ecclésial, qui seraitbasée sur des "États Généraux" (Zemski sobor) comme il en existât avant Pierre le Grand (le dernier s'est réuni en 1683-84…). Aucune mise en œuvre pratique n'est toutefois esquissée et on est loin d'une véritable option politique.

Conclusion: une vision renouvelée de la société
L'Église est, en Russie, un vecteur de progrès moral et social essentiel pour mettre fin à l'idéologie communiste, dont les reliquats marquent encore les esprits et empêchent une véritable renaissance sociale. Le pouvoir prend en compte cette donnée et s'appuy sur l'Église pour faire avancer la société. Par contre le « conservatisme social » reste l'apanage des forces qui, autour du Parti communiste, cherchent à freiner cette évolution pour revenir au système bolchevique. Elles cherchent d'ailleurs à s'attirer les bonnes grâces de l'Église, mais elles lui restent en fait fondamentalement hostiles.

En fait, tant au plan économique que politique, la Russie semble explorer des voies nouvelles, où l'efficacité de l'économie de marché serait au service de la justice sociale. C'est en effet la justice sociale qui est la principale valeur sociétale pour les Russes, contrairement à l'Occident qui insiste plus sur les droits et libertés individuelles, mais il est intéressant de constater que cette optique rejoint les recherches occidentales les plus avancées sur la "moralisation de l'économie" après la crise…

L'Église se situe bien dans cette démarche là mais, en mettant en avant les valeurs éthiques et morales traditionnelles que l'Occident néglige complètement, elle apparait comme rétrograde aux yeux de l'observateur superficiel (7). L'article de Nathalie OUVAROFF est ainsi typique de la vision que l'intelligentsia occidentale se fait de la Russie actuelle et il est intéressant en cela: en partant d'éléments justes, mais partiels, et en appliquant des critères et échelles de valeurs occidentaux on aboutit à une idée complètement fausse de ce qui se passe là bas.


Notes
(1) Ainsi Le Conseil interreligieux de Russie, qui réunit les représentants des principales religions russes - orthodoxie, islam, bouddhisme et judaïsme, a adressé en 2008 une lettre au commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe pour protester contre l'intention des
organisations européennes d'imposer aux citoyens russes les "gay prides".
(2) Des sondages d'avril 2009 montraient que 30% des Russes "font un effort" pour le Grand Carême et que, pour Pâques, il y en plus qui vont au cimetière qu'à l'église
(3) Cela allait encore plus loin en Russie après la suppression du patriarcat par Pierre le Grand: l'Église était dirigée par le Synode dont les membres étaient nommés et prêtaient serment à l'empereur. Il était contrôlé par un fonctionnaire nommé par l'empereur, le Procureur du Synode, secondé par des "inquisiteurs" (sic!)
(4)Par exemple les bâtiments de l'évêché de Krutiskoie à Moscou).
(5) Cf. Commentaire 2 sur
(6) Cf. "L'Evangile et la liberté" de Mr Cyrile (qui n'était pas encore patriarche), cerf, 2006, pages 133-148
(7) Au même titre que l'Église catholique, d'ailleurs, avec qui l'Église russe entend mener le combat contre ce reniement des valeurs traditionnelles que Sa Sainteté Cyrille I appelle "libéralisme". La note 1 ci-dessus en est un parfait exemple.

Rédigé par Vladimir Golovanow le 11 Janvier 2010 à 10:02 | 38 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Gabriel Kevorkian le 11/01/2010 15:57
"on juge la situation en Russie à partir de critères occidentaux"

D'un autre côté (vu d'ici), les dirigeants russes actuels (tant Vladimir Poutine que Dmitri Medvedev) semblent plutôt imprégnés par l'esprit occidental.

Que l'orthodoxie puisse être intégrée, plus particulièrement dans l'esprit de Poutine, à une idéologie de substitution, voilà qui est relativement vraisemblable. Aussi, au phénomène plus spontané de renaissance spirituelle se juxtapose un courant idéologique (lequel transparaît nettement dans certains films récents, à l'évidence de commande e.g. http://www.youtube.com/birubirfilms#g/c/165CD7CF930B8022), courant visant à une forme d'instrumentalisation du sentiment identitaire. On voit également s'opérer un mélange des genres entre religion/"tradition" et géopolitique par certains penseurs/idéologues pas toujours très orthodoxes, c'est le cas de le dire :) (http://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Douguine)

La question centrale qui n'est pas abordée est de savoir comment l'église se situe elle-même par rapport au pouvoir.

Le fait est que Nathalie Ouvaroff analyse la réalité suivant l'angle quasi-exclusif du pouvoir politique. Ou plus exactement, elle ne s'intéresse pas à la réalité spirituelle mais limite son analyse à la seule réalité du pouvoir. Dans cette dimension-là, politique donc, l'orthodoxie ne peut apparaître qu'en tant que facteur idéologique.

PS: De toute façon, la réalité dans son ensemble est bien trop complexe pour être pleinement saisie par l'intellect humain.

"There are more things in heaven and earth, Horatio,
Than are dreamt of in your philosophy."

2.Posté par Marie Genko le 12/01/2010 12:10

Cher Gabriel,
Vous vous avancez beaucoup en écrivant que Poutine et Medvedev semblent plutôt imprégnés par l'esprit occidental ....

Ce n'est pas du tout la perception que ces deux politiciens donnent aux Russes eux-mêmes.

L'article de Natacha Ouvaroff mérite bien la longue critique détaillée qu'en fait Vladimir.
Natacha Ouvaroff, orthodoxe pratiquante, fait partie des personnes très négatives vis à vis de la Russie actuelle.
C'est son droit.
Simplement il est mauvais, à mon sens, de toujours prêter des intentions matérialistes et politiciennes, là où se trouve la conviction et la Foi véritable.
Ce qui est, sans équivoque, le cas du premier ministre Poutine.
Je ne reprendrai pas toute la critique de Vladimir, elle est très bien faite, simplement beaucoup trop indulgente vis à vis de la journaliste en question, dont les papiers se veulent toujours négatifs.
Le seul point à sa décharge, est le fait que ses articles ne seraient probablement pas publiés si leur substance était différente....

3.Posté par Gabriel Kevorkian le 12/01/2010 14:55
Chère Marie,

Il faut que je précise, quand je dis plutôt imprégnés par l'esprit occidental, j'entends par là une certaine façon ("moderne") d'appréhender le réel, non pas un alignement idéologique sur l'occident contemporain ou un quelconque parti pris pro-occidental.

Je comprends tout à fait votre raidissement face à une certaine propagande mais l'article de Nathalie Ouvaroff pris comme tel n'est pas particulièrement négatif. On ne peut pas en dire autant de certains passages agaçants de l' "analyse très pointue" de Lounguine (qui de toute évidence n'a pas suffisamment médité le "Deux siècles ensemble" de Soljénitsyne, si tant est qu'il l'ait lu). Ceci dit, y compris dans les propos de Lounguine, on peut trouver des choses intéressantes, des remarques fondées.

PS: Ne me dîtes que vous appréciez ce genre de trucs:
http://www.youtube.com/watch?v=X77CUkFXXyI
http://en.wikipedia.org/wiki/Oleg_Gazmanov

4.Posté par Marie Genko le 13/01/2010 00:59
Cher Gabriel,

Merci de combler les profondes lacunes de ma culture dans le domaine de la " Pop Rock russe"
J'ai écouté avec amusement Oleg Gazmanov, que je n'avais jamais entendu auparavant....
Sur wikipedia il est indiqué qu'il a reçu plusieurs distinctions du gouvernement...
Je suppose que ce doit être moi qui ai des goûts d'un autre âge car les foules de gesticulantes de jeunes gens et de jeunes filles hurlant de façon bien rythmée leur fierté d'avoir grandi en URSS, n'éveille vraiment aucun contentement musical ni aucune sympathie chez moi!
Par contre lors d'un show retransmis par la TV Russe, j'ai entendu un chanteur, peut-être même était-ce Gazmanov, chanter que tout l'espace ukrainien, bielorusse etc. tout était russe.
Pour quelqu'un comme moi qui suis la fille d'un officier de l'armée blanche, ces paroles ne semblaient pas absurdes du tout!
Lorsque je pense à tout le sang russe répandu par nos ancêtres pour construire un immense empire, il me semble un contre sens de le fractionner pour la mode de nationalismes locaux dans l'air du temps!
Mais je suppose qu'il est difficile d'inverser le cours de l'Histoire!
Mon plus grand espoir est que les peuples slaves entendront le message du patriarche Kyrill de Moscou lorsqu'il dit que c'est à présent l'orthodoxie qui est le ciment qui unit les peuples par-dessus les frontières.


5.Posté par Marie Genko le 13/01/2010 17:55

Cher Gabriel,

Je vous conseille vivement de consulter le lien ci-dessous.
Lien publié sur le site "orthodoxierusseoccident"
Même pour moi qui suis très positive en ce qui concerne l'action de Vladimir Poutine, j'ai été surprise par les éléments donnés dans ce lien par Alexandre Latsa.

http://alexandrelatsa.blogspot.com/2009/12/les-26-mythes-russophobes.html

Il est toujours bon de consulter les statistiques et de lire ce qu'elles veulent bien nous enseigner, car malgré nous, nous restons perméables à la propagande russophobe que nous subissons chaque jour!

6.Posté par Gabriel Kevorkian le 13/01/2010 20:59
Et moi, ma chère Marie, je vous conseille vivement de regarder un film comme le Tarass Boulba de Vladimir Bortko (ses adaptations de l'Idiot ou de Maître et Marguerite ne laissaient pas augurer du pire), je vous ai donné le lien plus haut, si au bout du quatrième cosaque déclamant sa petite phrase sur la "terre russe éternelle" et la "grandeur de la foi orthodoxe" au moment d'expirer, vous ne ressentez pas une certaine gêne (en tant que patriote et orthodoxe), je vous décerne l'Ordre national du Mérite ;)

Je cite ce film en tant qu'illustration d'une tendance réelle, une volonté d'induire _ artificiellement _ un sentiment de fierté nationale. Dans ce cadre-là, le couplet sur l'orthodoxie relève du slogan. On est dans le domaine de la propagande et de l'ideologie. Notez que je ne juge pas du caractère bon ou mauvais de l'intention. Ce n'est pas mon propos. Mais l'église, c'est pas un club de foot. Certains arborent des croix comme d'aucuns, un maillot du Real ou un T-shirt à l'effigie du Che.

PS: Pour ce qui est de l'actualité en Russie, je lis RIA Novosti, pas les colonnes du Monde ou du Figaro. Alors pas de faux procès ;) (d'autant que j'ai un fort tropisme russophile)

7.Posté par Marie Genko le 14/01/2010 08:48
Cher Gabriel,
Vous avez raison, lorsque vous vous élevez contre instrumentalisation de l'orthodoxie à des fins politiques.
Car il n'est pas bon de parler de notre foi et de notre amour du Christ de façon purement temporelle.
L'Église est bien plus qu'une identité culturelle nationale!
L'Église est le Chemin et la Vie proposée par Notre Seigneur.
Mais parce que cette Vérité de notre orthodoxie est proposée à tout être humain, elle devient aussi un ciment d'amour et de paix entre les peuples orthodoxes.
Et en cela, le message du Patriarche Cyrille de Moscou est VALABLE non seulement pour les orthodoxes de l'ancien empire russe, mais POUR L'HUMANITÉ TOUTE ENTIÈRE.
J'ai regardé Tarass Boulba en DVD et j'ai été choquée par la violence des images.
Je pense, comme vous, que l'intention était de glorifier le patriotisme des cosaques et je suis d'accord, ce film presque caricatural dans son outrance, obtient l'inverse du but recherché.
Comme quoi "le Mieux est l'ennemi du bien" selon notre vieil adage.
Toutefois, je suis personnellement encore suffisamment primitive pour trouver normal qu'une personne soit attachée à son pays!
Comme je l'ai écrit plus haut nous n'inverserons pas le cours de l'Histoire, et l'empire russe de nos pères restera amputé de son berceau l'Ukraine, et des provinces baltes et belorusses acquises il y a trois siècles au prix du sang versé!
Mais alors que les politiciens de ces pays attisent autant qu'ils le peuvent les sentiments russophobes de leurs citoyens, il est bon que les prêtres et les fidèles orthodoxes leur rappellent la fraternité, qui va de soi, lorsqu'on se veut disciple du Christ.
Je pense que je ne vous choque pas en écrivant cela?

8.Posté par volkoff le 14/01/2010 14:28
@ Marie,
Albert Camus dont nous honorons ces jours la mémoire disait « entre la justice et ma mère, je préfère ma mère ». Ce qui donne en anglais « my country, right or wrong ». Aucune réponse à ces deux syllogismes, en tout cas de réponse argumentée…
Mais dans ses « Lettres à un ami allemand » Camus appelle à un amour avant tout lucide de son pays. Le danger est grand de laisser son attachement aveugle: « le patriotisme » nazi ou « stalinien » ont, par cécité précisément, conduit à de véritables holocaustes.
Regretter l’indépendance des « provinces baltes », du Turkestan ou de l’Ukraine n’est guère plus constructif que de pleurer l’Algérie française. L’Empire soviétique a connu la décolonisation deux générations plus tard que ses homologues français ou britannique. Et c’est tant mieux pour la Russie contemporaine…
Ce ne sont pas les russophobes d’outre-atlantique ou les rédacteurs d’un grand quotidien du soir parisien qui nous le disent mais les statistiques des organismes ONU (qui se fondent sur les données fournies par les pays eux –mêmes) :" La Russie moderne détient les records mondiaux de morts sur les routes, de mortalité précoce, de consommation d’alcool, de suicides et de tentatives de suicide… De corruption et d’arbitraire judiciaire. Il y a eu un léger mieux en 2009 pour ce qui est des chiffres de la natalité".
Ce n’est pas au nombre d’ogives nucléaires que se mesure la grandeur d’un pays mais, entre autre, à la qualité de vie de ses retraités ou à son régime pénitentiaire.
Refuser d’accepter ces paramètres relèverait d’un optimise béat. Croire qu’il est impossible d’améliorer la situation serait une marque de désespoir, donc un péché.
Admirons l’action clairvoyante du patriarche Cyrille et de l’Eglise. Ils se refusent au passéisme et cherchent à aider les âmes telles qu’elles viennent vers eux.

9.Posté par Gabriel Kevorkian le 14/01/2010 21:04
Marie, c'est parce que je me fais une haute idée du patriotisme que je m'insurge contre ce qui m'apparaît comme sa caricature ou sa parodie. Volkoff, la grandeur d'un pays, d'une culture, d'un peuple, c'est la profondeur de son âme.

http://www.youtube.com/watch?v=OHVP4WPrHDM

10.Posté par Marie Genko le 14/01/2010 23:32

@ Volkoff,
Il est un fait que la situation est loin d'être parfaite, en Russie!
Et il est aussi un fait qu'une volonté d'amélioration est une nécessité.
Je crois que cette volonté d'amélioration existe, même si les circonstances n'ont pas toujours été favorables!
Car il faut admettre, comme le dit si souvent Hélène Carrère d'Encausse, que cet immense pays vient de traverser une nouvelle révolution!
Il faut admettre qu'il a été pillé et démembré sous la présidence de Boris Eltsine!
Et il n'y a pas eu d'effusion de sang au moment de ce démembrement!
Comment voulez vous qu'en 9 ans de pouvoir de Poutine et Medvedev la situation soit aussi évoluée que celle des pays riches européens?
Si les retraités sont encore pauvres et si le système carcéral doit être amélioré, les choses progressent néanmoins dans le bon sens!
Vous aussi, je ne peux que vous recommander de consulter les statistiques données dans le lien ci-dessous:

http://alexandrelatsa.blogspot.com/2009/12/les-26-mythes-russophobes.html

Pour conclure, j'ajouterai aux paroles de Gabriel, qu'il y a vingt ans seulement, la Russie était un pays athée!

N'est-ce pas déjà merveilleux que la Russie ait retrouvé la liberté de pratiquer la Foi orthodoxe?
N'est-ce pas merveilleux que le peuple russe puisse à nouveau s'ouvrir à la spiritualité et retrouver la profondeur de son âme?




11.Posté par vladimir le 15/01/2010 13:26
Chère Marie,

Si vous connaissez Nathalie OUVAROFF, pourriez-vous lui suggérer de commenter, en retour, mon analyse. Cela m'intéresserait beaucoup et pourrait donner lieu à un échange intéressant. Je suis prêt à le faire dans un échange personnel si elle le souhaite: qu'elle écrive aux modérateurs.

Le blog que vous signalez est intéressant mais ses excès diminuent la valeur des arguments. Je prends 2 exemples :
1/ L'augmentation de la population russe en 2009 est un mensonge basé sur des données partielles qui donnent lieu à des cocoricos de Poutine and Co: les chiffres définitifs ne sont pas encore connus sauf "Au 1er novembre, la population du pays s'élevait à 141,9 millions d'habitants, un chiffre plus élevé qu'à cette date en 2008." (RIA Novosti). Il n'est pas sérieux d,en tirer des conclusions. Par contre voici des données objectives: " La population permanente en Russie a diminué en janvier-juillet 2009 de 31.500 personnes (0,02%) à 141,9 millions d'individus, a déclaré lundi le Service fédéral russe des statistiques (Rosstat). La dépopulation naturelle s'est diminuée en janvier-juillet de 86.700 habitants en glissement annuel pour se chiffrer à 184.000, annonce le Rosstat. L'accroissement de l'immigration (+82,9%) a compensé les pertes. Par ailleurs, le Rosstat note une hausse du nombre des immigrés enregistrés de 2.000 individus (1,2%), y compris des immigrés des pays de la CEI — plus 2.400 personnes (1,5%). Un accroissement des flux migratoires entre les pays de la CEI a été enregistré en janvier-juillet, tandis que l'on constatait une diminution des échanges migratoires avec l'Azerbaïdjan, la Géorgie, le Turkménistan et l'Ukraine, indique le Rosstat. (MOSCOU, 21 septembre - RIA Novosti)".
La population russe a diminué de 7 MILLIONS depuis 1992. La hausse de 3% des naissances n'est pas significative: elles restent inférieures aux décès et la stabilisation actuelle, due essentiellement au solde migratoire, ne peut âtre qualifiée de "résultat absolument foudroyant" même si on constate bien quelques timides signes d'amélioration, dont la nouvelle (et èniemme) campagne contre l'alcoolisme fait partie.

2/ je trouve particulièrement satisfaisant que "au classement du nombre de journalistes emprisonnés, la Russie est au même niveau que le Vietnam ou encore la Turquie" pays connus pour être des modèles de démocratie et d'humanisme ... :-)

Le reste est, malheureusement, de la même eau!

12.Posté par vladimir le 15/01/2010 13:28
PS: je suis totalement d'accord avec vous sur "N'est-ce pas déjà merveilleux que la Russie ait retrouvé la liberté de pratiquer la Foi orthodoxe?
N'est-ce pas merveilleux que le peuple russe puisse à nouveau s'ouvrir à la spiritualité et retrouver la profondeur de son âme?"
Mais il ne faut pas sombrer dans la satisfaction béate de blog DISSONANCE: il reste énormément à faire! L'Église s'y emploi d'ailleurs aussi...

13.Posté par Tchetnik le 15/01/2010 16:33
Les choses sont loin d'être parfaites en Russie. Le redressement économique et social, indéniable par bien des aspects, a malheureusement laissé des sacrifiés derrière lui, en particulier les retraités. mais à titre personnel, je connais des personnes qui comptaient les kopecks il y a 15 ans pour acheter des allumettes et qui aujourd,hui roulent carrosse, ce de façon parfaitement honnête.

Le gouvernement actuel tente de réintroduire dans la vie sociale et publique un certain nombre de valeurs familiales, patriotiques, religieuses....avec bien sûr erreurs et maladresses, lourdeurs et fausses directions, mais le résultat reste quand même appréciable par rapport à un pays comme la France qui s'enfonce dans son athéisme, et qui n'en est pas plus heureux. Les panneaux publicitaires du métro de MK vantent famille et nation quand ceux de Paris font la promno de l'avortement. Ne boudons pas notre plaisir.


De très nombreux Russes ont retrouvé le chemin des églises et tentent d'aligner leurs vies sur le sens de salut et de sainteté de l'Évangile, en essayant d,accomplir l'idéal de vertu qu'Il recommande. Bien sûr, encore une fois, rien n'est parfait.
L'Église participe à la construction de la société civile, avec quelques couacs mais aussi beaucoup de bonnes choses qu'on aurait tort d'annuler. Quant à l'affirmation du patriotisme, tant qu'il reste en relation avec l'expression et la transmition du Christ et de L'Évangile, pourquoi pas? Cela se fit pendant des siècles d'Europe Chrétienne.

A L'Église de veiller à ce que cet élan ne dérape pas vers des amalgames contre nature (Icônes de Staline...), et à poursuivre une oeuvre pastorale et charitable qu,elle a d'ailleurs plutôt bien commencée.

Quant aux chiffres de journalistes emprisonnés et autres pseudo atteintes aux DDH, ils proviennent en général de médias Rotschildiens déçus de vouir que les Russes sont redevenus propriétaires de leur pays.
Quand ce n,est pas de personnalités plus que douteuses comme Gary Kasparov (Sectes OVNIS...) qui hurlent à la dictature aujourd'hui après avoir donné l'accolade à Léonid Brejnev hier.

PS: On ne parle pas d'augmentation de la population Russe, mais du nombre de naissances, en 2009. Nuance.

14.Posté par Marie Genko le 15/01/2010 17:52
@Tchetnik,

Merci pour votre message, il me fait infiniment plaisir!
Je ne peux que répéter que la Russie n'est administré par des personnes compétentes que depuis le 1er janvier 2000!
Et ceci après 83 ans d'absurdités et de crimes...
Alors réjouissons-nous et espérons que notre vieille Europe retrouvera au contact du bon sens russe et de sa foi profonde, l'identité et la foi chrétienne qu'elle a hélas perdu!

15.Posté par Tamara Schakhovskoy le 15/01/2010 20:04
Rencontré tout récemment à Saint-Pétersbourg un jeune monteur de cuisine/électricien/plombier etc orthodoxe, discret, paisible, consciencieux, mettant toute son énergie à bien faire son travail pour que tout soit bien droit et sécurisé, respectant le carême de Noël dans sa gamelle préparée maison, malgré la dureté physique de son activité.
Apprenant qu'à 37 ans, il est déjà père de quatre enfants, je le félicite et j'ajoute en souriant qu'il fait mentir les statistiques catastrophiques de dénatalité. Ce à quoi, il me regarde droit dans les yeux et me dit : "Les enfants, on ne les fait pas pour ça, on les fait pour le Seigneur !" . Oups ! Comme dirait Tchetnik, ne boudons pas notre plaisir !!!
Quant à l'article de Mme Blime-Ouvaroff, je ne sais pas si vous l'avez vraiment lu dans sa version originale (et non dans la version commentée par Vladimir), mais je peux vous dire que j'en ai été révulsée. Ton fielleux, kyrielle d'insinuations perfides par de petites phrases sans nuances sous prétexte d'aller vite (le patriarcat rétabli par "Joseph Staline", l'Etat russe qui veut "mettre la main" sur les églises de l'émigration, l'orthodoxie manipulée et dévoyée, etc etc) et je m'étonne qu'on lui accorde autant de crédit sur ce forum. C'est juste le répertoire habituel des journalistes de parti pris que nous lisons tous les jours en France, histoire de bien flatter la russophobie ordinaire des médias et de beaucoup de lecteurs (pas tous heureusement, comme le prouvent les interventions sur les divers blogs de ces mêmes journaux, comme le Figaro).

16.Posté par Marie Genko le 16/01/2010 10:27
Chère Tamara,

Non, je n'avais pas lu l'original de l'article de Nathalie Blime.
Merci de remettre les pendules à l'heure.
Je pense que Vladimir Golovanow, dans sa trop grande bonté, n'en a perçu que les les faits énoncés, en laissant de côté le ton et les méchantes insinuations, que tu mentionnes.
Comme quoi, dans l'archevêché, nous avons aussi nos Vitalistes!
Ceux qui ne voient que le négatif et le mal, ceux qui sèment la discorde entre les orthodoxes!
Notre Seigneur ne nous a-t-il pas dit:
"Que celui d'entre vous, qui est sans péché, lui jette la première pierre" (Jean 8, 7)
Nul d'entre nous n'est parfait, voilà bien pourquoi nous devons nous soutenir dans l'Amour entre orthodoxes et non chercher à nous nuire et à nous diviser.

17.Posté par vladimir le 16/01/2010 16:20
Chères en Christ Marie et Tamara,
Vos commentaires sur le ton de l'article de Nathalie Ouvarov me déçoivent: votre perception de ce ton est totalement subjective et, personnellement, je n'y vois que des faits justes: oui, la patriarcat a été rétabli pas Staline, Poutine est intervenu auprès de Mgr Laure et l'état russe cherche à se réapproprier les biens qui lui appartenaient avant la révolution et la séparation de l'Église et de l'état. Les "citations" de Tamara ne correspondent d'ailleurs pas au texte: il y est questions du soutien du MAE au patriarcat, et non de "l'Etat russe qui veut mettre la main", et des biens "appartenant aux autres juridictions", et non "de l'émigration" (la nuance est importante, car personne ne s'attaque aux églises ou monastères crées par les émigrés...). Quand à "l'orthodoxie manipulée et dévoyée," ce n'est pas de Nathalie Ouvarov mais de Tamara...

Je trouve toujours négatifs de faire ainsi des procès d'intention. Je ne connais pas Nathalie Ouvarov et j'ai analysé cet article en toute objectivité: je n'y ai trouvé que des faits exacts, ce qui est très important, malheureusement analysés avec une mauvaise grille de valeurs, ce que j'ai essayé de corriger. Mais l'exercice n'est pas simple car tous les intellectuels du monde, et en particulier les chercheurs en Sciences humaines, pensent utiliser une grille universelle, alors qu'il s'agit en fait seulement de celle de leur microcosme... Il y a bien quelques rares équipes qui travaillent sur cette différence des échelles de valeur entre la Russie et l'Occident, à Sciences-Po et à l'université de Grenoble en particulier, mais leurs travaux n'ont pas dépassé le cercle des spécialistes du domaine...

De mon coté, en ayant une approche pragmatique, concrète et largement accessible, j'espère faire réellement avancer la compréhension que le publique occidental informé peut avoir de ce qui se passe en Russie. Il est vrai que c'est mon devoir: il serait malhonnête d'enseigner ses propres préjugés et partis-pris à des étudiants qui vous font confiance!

18.Posté par Marie Genko le 16/01/2010 20:06
Cher Vladimir,

Je ne peux que répéter que votre âme est bien trop bonne!
Oublions Natacha Blime-Ouvaroff.
Votre honnêteté est tout à votre honneur.
Simplement pour avoir des amis dans toutes les paroisses orthodoxes parisiennes, je connais les dégâts fait par ceux que j'appelle les vitalistes de l'archevêché.
La mode, ou des forces obscures, veulent que les médias Français accablent la Russie!
Et cette action à pour effet de diviser les orthodoxes!
Vous savez aussi bien que moi qu'être négatif à tout crin est aussi un trait particulièrement répandu chez les Slaves!.
Alors le malin danse sur nos querelles, et l'orthodoxie au lieu de s'unir se divise!
Voilà pourquoi je suis convaincue que nous devons être positifs!
Ce n'est certainement pas dans la peur et la haine que nous participerons à l'édification de l'Église du Christ!
Mais bien dans l'amour et le pardon!


19.Posté par Gabriel Kevorkian le 16/01/2010 22:22
@Vladimir
Nathalie Ouvaroff que je ne connaissais pas s'inscrit effectivement dans un certain mouvement (une simple recherche google et on tombe sur des perles: http://www.francesoir.fr/etranger/2009/04/24/russie-la-population-est-massivement-depressive.html). Cependant, je suis de votre avis, l'article dont il est ici question n'apparaît pas factuellement faux et son ton, pas spécialement fielleux ni même critique (et je connais bien le problème ayant été jusqu'à lire il y a quelques années l'ouvrage d'un mathématicien connu ayant succombé à une certaine obsession).

Mais laissons Madame Blime-Blum?-Ouvaroff à ses analyses. Ce qu'il importe de dire, c'est que balayer une critique au motif que son auteur est "russophobe" ou "antisémite" (la logique est ici sensiblement la même *) relève du sophisme.

On progresse à travers la critique et les critiques les moins complaisantes viennent presque toujours du camp d'en face. Parfois elles sont fondées, parfois elles ne le sont pas mais se fermer à la critique, c'est renoncer à la lucidité. Dans toute forme d'adversité, il y a un défi et une opportunité.

* technique révolutionnaire classique pour disqualifier le contradicteur en lui refusant toute dignité.

20.Posté par Marie Genko le 17/01/2010 22:54
Cher Gabriel,
Vous avez certainement raison, il n'est jamais bon de se fermer à la critique.
Cependant si une critique est aimante et constructive, elle est bienvenue, puisqu'elle exprime une vérité bienveillante de la part de son auteur!
Dans le cas inverse, les critiques risquent de mettre en péril, non seulement des personnes, mais l'unité même de l'orthodoxie!
Je pars du principe que nous devons soutenir l'Église russe qui renaît de ses cendres.
Ce qui ne veut pas dire que cette Église, ni l'ensemble de son clergé soit au-dessus de toute critique!
Nulle institution animée par des hommes ne peut être parfaite!
Et pourtant notre Orthodoxie, malgré les persécutions subies, malgré ses propres maladresses, a su au travers des siècles préserver la Vérité que nous a transmise Notre seigneur.
Ne nous hâtons pas dans la critique, car nous pouvons faire trop de mal au corps de notre Église!
Et, lorsque nous faisons des erreurs d'appréciation, notre seul but atteint est de remuer la boue de la médisance!

21.Posté par vladimir le 18/01/2010 09:30
Je me permettrais de tirer quelques conclusions de ce débat:
1/ SITUATION EN RUSSIE: elle n'est pas franchement bonne sur aucun plan et suivant aucun critère objectif statique. Elle apparait comme excellente sur la beaucoup des points si on regarde la DYNAMIQUE, en comparant sur une période historique minimale de 20 ou 50 ans.
2/ ÉCHELLES DE VALEURS: celle ses Russes est différente de la notre. La vie humaine humaine (1) et la valeur de l'individu y sont moins élevés par rapport à l'intérêt collectif et aux devoirs devant la collectivité; l'ordre et l'égalité passent avant la liberté, l'initiative et les mérites individuels. C'est par rapport à ces valeurs qu'on peut dire "la Russie est administré par des personnes compétentes depuis le 1er janvier 2000". En effet, le tandem Poutine-Medvedev dirige la Russie en fonction des valeurs russes et croire à leur "occidentalisme" est une erreur d'appréciation digne de G. Bush!
3/ CRITIQUE ET ANALYSE: il est toujours bon de s'intéresser aux analyses critiques de personnes compétentes et honnêtes: même si l'analyse est erronée du fait de son cadre de référence, elles fournit des faits vrais qui peuvent nourrir une réflexion, contrairement à nombre d'hagiographies qui débordent de bons sentiments mais sont totalement dépourvues d'informations vérifiables...

22.Posté par Arnadlux le 18/01/2010 12:30
Madame Monsieur
je reviens de 4 mois en Russie ou je prépare un film.
Je ne crois pas une seul minute que l'orthodoxie soit une solution pour le bien être des russes.
Je ne crois pas une seul minute que le pouvoir en place soit une solution pour le bien être des russes.
Ce pays et un pays de malheur ou toute forme d'expression n'est que totalitaire. Ma famille est russe, ma femme est russe. Je crois que la liberté d'expression comme la faute n'est pas possible actuellement en Russie. et les Orthodoxes, ne comprennent et n'aime pas sont peuple.

23.Posté par vladimir le 18/01/2010 13:48
Point de vue intéressant mais assez peu étayé. Je vais suffisamment souvent en Russie et j'y connais suffisamment de monde pour pouvoir citer des dizaines de témoignages qui diront le contraire de ce qu'écrit Arnadlux... La Russie n'est pas monolithique!
Pour une analyse sérieuse, il faut lire:
...que l'orthodoxie soit une solution pour le bien être des Russes /et /....que le pouvoir en place soit une solution pour le bien être des Russes SELON LA DÉFINITION DU BONHEUR PAR ARNADLUX (nous ne connaissons pas cette définition!)... etc.
Mais ce témoignage est intéressant car il montre bien l'état de désespérance de toute une partie de la société russe (mon point 1 précédent) et toujours ce problème d'échelle de valeurs...

24.Posté par Marie Genko le 18/01/2010 13:57
Cher Arnadlux,

Parlez-vous le Russe?
Êtes-vous croyant?
Êtes-vous un fidèle orthodoxe ?

25.Posté par Tamara Schakhovskoy le 18/01/2010 14:13
Cher Vladimir, j'ai le plus grand respect pour vos interventions et cela me peine que vous trouviez mon message si peu fondé et malveillant. Pour cette raison, même si cela m'ennuie de "revenir en arrière" dans ce débat qui touche certainement à son terme, je pense indispensable de publier ici des citations de l'article de N. B-O qui expliquent mon analyse.

- "Il ne faut pas oublier que c’est Joseph Staline qui a rétabli le patriarcat ..." (tout est dans ces trois points de suspension, ouvrant sur de leurs lourds sous-entendus plus courants sous la plume des vitalystes) ;

- "des Russes de tous âges se sont précipités vers les églises pour recevoir le sacrement du baptême. (...)Par ailleurs, ils se sont jetés frénétiquement dans la société de consommation… (...)Ces deux démarches parallèles aboutissent à une crise profonde de la société" (sic...!)

-"le ministère des Affaires étrangères soutient activement les tentatives du patriarcat de Moscou pour mettre la main sur les églises russes et les monastères appartenant aux autres juridictions, que ce soit en Terre sainte ou en Europe." (ok, j'ai été trop vite, le MAE (= Etat) se contente, si l'on peut dire, de "soutenir activement", mais les "autres juridictions" sont évidemment celles issues de l'émigration, donc je ne comprends pas vraiment vos réticences. Par ailleurs, l'expression "mettre la main" n'a vraiment rien de neutre).

et le bouquet final :

-"Ce qui n’empêche pas de l’utiliser (l' = l'orthodoxie) sur le plan international comme un étendard permettant de rallier, voire d’instrumentaliser, les communautés russes de l’étranger en cas de besoin". (ce que je traduis par "orthodoxie manipulée et dévoyée", à bon droit me semble-t-il).
Très bonne journée à vous et à tous, et encore pardon d'insister.

26.Posté par Tchetnik le 18/01/2010 16:49
@Arnadlux

On n,a pas dû aller dans le même pays. J'ai cru que vous parliez de la Turquie ou de l'Égypte...

Depuis le baptême des souverains, la foi Chrétienne et l'église sont devenues, non seulement la Vérité et le sens de la vie de chaque personne, mais aussi la base de l'idéal de vie commune et du projet de société indispensables pour transformer un peuple en nation. L'Église et la Chrétienté sont aussi à la base de l'héritage littéraire, artistique, historique des Nations Européennes, de la Russie en particulier. Que les affaires du monde requierent des compétences différentes des spirituelles, et donc des hommes différents est un fait. Que temporel et spirituel soient distingués est normal (le Roi d'un côté, l'archévêque de l'autre) est normal. Mais les deux domaines ont en fin de compte le même objectif de sanctification de leur peuple et pour ce faire, doivent collaborer.

L'imbrication entre Église et Etat est donc logique. Ceux qui la critiquent sont d'ailleurs les mêmes à ne pas s'émouvoir de la mainmise de certaines officines philosophiques sur l'état républicain en France. Mainmise certainement plus grande que celle de l'Église autrefois.

27.Posté par vladimir le 18/01/2010 17:53
Chère Tamara,
Je suis désolé de jouer les donneurs de leçons, mais mon, age et mon expérience de professeur et de chercheur me le permettent peut être dans le domaine restreint où l'on me considère généralement comme un expert: la Russie (mais, bien entendu, je ne prétends pas tout savoir et suis toujours heureux d,apprendre ce que je ne sais pas).
Rien de ce que vous citez de NO n'est faux, ni même tendancieux. Par contre, la façon dont vous le citez, voire le transformez, en accentuant le trait, en fait un texte tendancieux. C'est un procédé de polémiste, utilisé par toutes les propagandes mais que, comme enseignant et chercheur, je ne peux que réprouver. Si vous me donner votre adresse (par les modérateurs du site), je peux faire une exégèse plus complète des extraits que vous citez, en montrant ce qu'ils ont de juste et d'intéressant du point de vue de la mise en perspective des différentes echelles de valeurs, mais je ne pense pas que cela passionne les autres: "laissons Madame Blime-Blum?-Ouvaroff"...

28.Posté par Gabriel Kevorkian le 18/01/2010 22:37
Cher Vladimir,
«En effet, le tandem Poutine-Medvedev dirige la Russie en fonction des valeurs russes et croire à leur "occidentalisme" est une erreur d'appréciation digne de G. Bush!»

Il faut croire que je me suis mal exprimé.
Je vois en Poutine un esprit "rationnel", "cartésien".
Je ne le sens pas habité par une quelconque mystique orthodoxe.

Prenez Tchetnik par exemple. Sa tournure d'esprit est celle d'un occidental (tendance "France de Louis XIV") Elle n'a (à mon sens) rien de russe. Il peut s'affirmer slavophile, orthodoxe... Cela ne change rien à l'affaire. Ce n'est pas une question de "valeurs" (parler de "valeurs", c'est très occidental, soit dit en passant... :))

Vous connaissez sans doute les critiques de la "modernité", Evola, Guénon...
Et bien, ce sont des modernes eux aussi (à leur insu)

29.Posté par vladimir le 18/01/2010 23:30
Cher Gabriel,
Je pense que nous avons le même cadre de référence. Bien entendu, je suis un économiste occidental, Parigot de naissance, je parle un langage d'occidental et j'étudie les comportements russes avec des outils occidentaux. Il y a eu, il y a 25 ans, une étude mondiale sur les valeurs managériales, et les Russes s'y distinguaient des occidentaux, mais les Américains se distinguaient des Européens et les Japonnais étaient encore différents... Aujourd'hui je vais plus loin en parlant des valeurs générales (la vie, le bonheur, la justice, les droits, les devoirs...) et je vois qu'il y a des différences majeures entre Russes et Occidentaux (et avec les Orientaux aussi...) comparé à des différences mineures entre les Occidentaux eux-mêmes... En fait, c'est le cadre de référence même (encore un concept occidental) qui n'est plus le même, alors que des commentateurs comme NO (et beaucoup d'autres) prétendent appliquer à la Russie notre cadre de référence. Et c'est là qu'ils se trompent.

Je suis d'accord avec vous que Poutine-Medvedev ne sont pas des Orientaux au sens mystique du terme, comme l'utilisait le p. Gillet (le « Moine de l'Église d'Orient ») ou le p. Michel Evdokimov... Mais si eux aussi utilisent des outils occidentaux, rationalisme et cartésianisme comme vous dites, leurs prémices et le paradigme dans lequel ils utilisent ces outils restent basés sur ce cadre de référence russe. Et c'est pour cela que nos Bush et autres Sarkozy se trompent complétement sur leurs réactions! Remarquez d'ailleurs qu'une A.Merkel les appréhende avec beaucoup plus de succès - elle a quand même reçu la même éducation de base!
Quand à Tchetnik, c'est encore un autre cas: je le vois Serbe et donc par nature placé entre le marteau et l'enclume... et je lui laisserai le soin de me corriger sur ce point!
Par contre je suis désolé de ne pas connaitre Evola et Guénon (mon père, plutôt gnostique, s'y était intéressé, comme à la Franc maçonnerie, mais n'a pas réussi à me contaminer): j'ai mes limites et l'Orthodoxie me suffit!!!

30.Posté par Marie Genko le 18/01/2010 23:42
Cher Vladimir,

J'ai beaucoup apprécié votre message 21
Je vous suis entièrement dans ce que vous écrivez.
A propos du message 27, adressé à Tamara, il montre qu'un aspect que vous évoquez dans le point 3 du message 21 vous échappe tout de même un peu.
Je veux simplement expliquer qu'il est difficile, lorsqu'on a plusieurs fois eu l'occasion de rencontrer une personne et de lui parler, de ne pas avoir une opinion ou une sympathie à son égard (j'admets tout à fait qu'il s'agit là de quelque chose de subjectif!)
Il n'est certainement pas question d'émettre un jugement de valeur, puisque chacun est libre de ses opinions, mais simplement, pour Tamara et moi-même, mais il est question d'user de notre droit d'exprimer que nous n'apprécions pas l'éclairage donné par certains à des problèmes qui risquent de nuire à l'unité de notre Eglise.
Pardonnez-nous cette réaction épidermique!
Je conçois qu'il vous soit difficile de comprendre cela à distance.
Et pardonnez moi d'insister sur ce point, qui n'est pas essentiel en lui-même.

31.Posté par Tchetnik le 19/01/2010 16:36
@Gabriel
@Vlad

On parle des absents, les enfants?

"France de Louis XVI" serait plus exacte. Et les Orthodoxes ne sont pas nécessairement orientaux (heureusement). L'ensemble de l'Humanité est concernée par le Salut, pas uniquement l'Orient, et les autres mentalités ont toujours été les bienvenues dans l'Église.

Evola est un des chefs de cette "révolution" conservatrice" qui eut son succès autrefois, avec des idées intéressantes, d,autres à laisser de côté.

32.Posté par vladimir le 19/01/2010 19:57
@Tchetnik

Les personnalités intéressantes suscitent ... de l'intérêt :). Mais vous n'avez pas dit nous avions visé juste?

Il n'est pas question de limiter l'Orthodoxie à l'Orient et, personnellement, je n'ai rien écrit de tel. Ce point me parait tellement important que je clarifie: le p. Michel Evdokimov, dans son excellent petit livre "Une Voix Chez Les Orthodoxes" (Cerf 1988), donne une très bonne définition de la spiritualité orientale, qu'il oppose à la pensée occidentale. Je pense que cette pensée orientale, plus mystique, tient une place très importante et dans l'Orthodoxie et, plus généralement, dans la façon de penser des Russes, alors qu'elle est marginale en Occident (même si elle se rencontre aussi, parfois, chez des catholiques), et vice versa... . Je pense que ceux qui n'ont pas saisi cela ont du mal à appréhender tous les aspes de l'Orthodoxie et de la Russie.

33.Posté par Tamara Schakhovskoy le 19/01/2010 21:43
A Vladimir G.

Monsieur le Professeur,

Votre réaction me déçoit et diminue assez considérablement le crédit que j’accordais jusqu’ici à vos interventions, même quand je n’étais pas d’accord avec leur orientation. Vous n’êtes pas dans l’une de vos salles de cours, mais dans un espace de dialogue. En m’expédiant ainsi dans les sous-sols où les nobles rhéteurs bannissent les polémistes tendancieux, il me semble que vous employez vous-même le « procédé » que vous m’attribuez si peu charitablement. Si vous me connaissiez, vous sauriez que ce n’est pas du tout mon style.

Je n’ai jamais dit qu’il n’y avait rien de vrai dans cet article. Au contraire, c’est justement son amalgame de faits vrais, d’incongruités et de sous-entendus délibérément offensants pour l’Eglise russe qui le rend à mon avis si déplaisant. Je ne pense pas être la seule à l’avoir perçu (chère Maroussia, c’est plus qu’une réaction épidermique !). Cet échange, si l’on peut dire, prend fin en ce qui me concerne. Bonsoir à tous.


T.S.




34.Posté par vladimir le 20/01/2010 12:20
Chère Tamara,
Je vous prie de m'excuser de vous avoir offensée. Ce n'était pas du tout mon intention et, comme vous, je suis "épidermiquement" sensible à tout esprit polémique. Je trouve ce blog particulièrement bien tenu de ce point de vue et je ferai tout mon possible pour qu'il le reste; le refus de tout préjugé, langue de bois et amalgame sont des bases de la sincérité indispensable pour cela (il suffit de regarder ce qui se passe sur d'autre blogs pour s'en convaincre).

Alors, votre insistance à trouver des sous entendu et des incongruités, là où le lecteur averti et objectif que je pense être n'a rien trouvé, m'a semblé déplacée: il faut réserver cette démarche aux cas vraiment avérés sous peine de la discréditer. Je suis maintenant loin du monde parisien, que vous connaissez si bien, mais ce blog doit avoir une ouverture plus large: nous avons des lecteurs du Canada à l'Australie, et il me semble important de le maintenir en dehors de ces controverses parisiennes ad hominem.

J'ai toujours trouvé intéressants vos commentaires - rien que votre ''monteur de cuisine/électricien/plombier" par opposition aux amis de Arnadlux - et j'espère que nous continuerons à débattre ensemble...
Fraternellement en Christ

PS: l'enseignement est une vraie école de rigueur et d'humilité. Les étudiants sont des critiques très durs et ils ne ratent aucun faux pas...

35.Posté par alexandre LATSA le 11/02/2010 22:05
@ Vladimir qui nous dit :

" Le blog que vous signalez est intéressant mais ses excès diminuent la valeur des arguments.
...
L'augmentation de la population russe en 2009 est un mensonge basé sur des données partielles qui donnent lieu à des cocoricos de Poutine and Co: les chiffres définitifs ne sont pas encore connus sauf "Au 1er novembre, la population du pays s'élevait à 141,9 millions d'habitants, un chiffre plus élevé qu'à cette date en 2008." (RIA Novosti). Il n'est pas sérieux d,en tirer des conclusions. "

etc etc etc

Il est fréquent de lire que "la Russie perdrait inexorablement 700 000 habitants par an" et que sa situation démographique est catastrophique. J’analyse de façon lucide cette évolution démographique sur mon blog dans la rubrique démographie.
En 2005 la population russe a décrue de 760.000 habitants, ce qui était le record absolu.
En 2006 la baisse n’a été « que » de 520 000 habitants.
En 2007 la baisse n’a été « que » de 280 000 habitants.
En 2008 la baisse a été d’à peu près 116 000 habitants
En 2009 la population aurait augmenté de 15.000 à 25.000 personnes, la natalité ayant augmenté de 3% sur l’année 2009 et ce malgré la crise économique. Les mesures Medvedev de 2005 ont donc eu un résultat absolument foudroyant.
Aujourd’hui, les prévisions démographiques Russes ne sont donc pas plus pessimistes que celles de la Chine ou bien de pays du G7 comme l’Allemagne.

L'immigration a augmenté de 80%, 400.000 citoyens ont obtenu la nationalité Russe en 2009, il s'agit majoritairement de citoyens Ukrainiens (50%) et de Russes des ex républiques Soviétiques.

**

Donc oui la population s'est effondré sous la décennie précédente mais désormais c'est terminé.
Désormais, la population Russe est stabilisée et devrait recommencer à augmenter.

Par conséquent "oui" on peut dire BRAVO à Poutine et Medvedev.

36.Posté par vladimir le 14/02/2010 20:18
@Alexandre
Merci de cette réponse. Elle confirme bien le commentaire que je faisais: les données fournies sont intéressantes (même si le manque de sources les rend peu utilisables). Oui, la chute de la population s'est ralentie et, par rapport à l'étude "Population 2000", que vous connaissez certainement, la Russie ne se trouve sur la courbe catastrophique qui amenait sa population à moins de 100 millions dans 25 ans mais sur la courbe verte qui l'amène vers 135 millions. En effet:
Vos chiffres des années précédentes, sans détails, ne montrent pas ce qui est dû à la décroissance naturelle et ce qui est compensé par l'immigration (dont le flot est ininterrompu depuis le début des années 1990). par contre pour 2009 on constate toujours une perte naturelle de 375-385 000, qui reste bien en ligne avec le scénario "optimiste" de "¨Population 2000". En fait, comme vient d'oser le dire Konstantin Romodanovsky, Direceteur du Services des migration de la Fédération "les mogrants remplacent une population russe en voie d'extinction" (cf. http://www.eurosmi.ru/migranty_zamenyat_vymirayuschih_jiteleiy_rossii.html. Et cela n'a rien de réjouissant car la source d'immigration des ex républiques Soviétiques n'est pas infinie et, eu égard aux conditions d'accueil (vous connaissez certainement l'excellent film "Baboussia"), on ne peut trop compter dessus à long terme.

D'ailleurs la dernière prévision d'évolution de la population livrée par Rsostat (cf. http://www.rb.ru/inform/111427.html) confirme la continuation de la baisse de plus de 100 000 personne/an en moyenne, pour tomber à 139 048 500 en 2031 (contre 141 820 500 actuellement)
De même l'accroissement de la natalité de 2,8% (même vos 3% sont une exagération! cf. http://www.rg.ru/2010/01/19/demografiya.html), est ridicule. Il est à l'intérieur de la marge d'erreur statistique et laisse la natalité russe au plus bas niveau du monde. Il peut certainement être considéré comme le résultat des mesures natalistes introduites en 2007 mais, à ce niveau, tout démographe sérieux dirait que c'est un échec! Parler de "résultat absolument foudroyant." n'est donc pas vraiment sérieux! Et pourquoi attribuez vous ces mesures à Medvev alors qu'il n'a été élu qu'un an après leur mise en place? De plus, comme vous le savez, il se passe 9 mois entre la décision d'avoir un enfant et sa naissance: les naissances qui ont impacté les premiers mois de 2009 ont été décidées avant la crise qui n'a frappé la Russie qu'au 4ème trimestre 2008 (en septembre Poutine proclamait que "la Russie est à l'abri de la crise financière mondiale"). En tirer la conclusion "et ce malgré la crise économique" parait à tous le moins prématuré.

Il n'y a donc vraiment pas de quoi pavoiser et vos dithyrambes se terminant pas un vibrant "BRAVO à Poutine et Medvedev" confirment bien la fin de ma phrase: "ses excès diminuent la valeur des arguments. " Et croyez bien que je le regrette profondément: vous faites un sérieux travail pour rechercher et rassembler ces données. Pourquoi ne pas rester objectif en les analysant, comme s'il s'agissait de n'importe quel autre pays. Il y un mieux certain, que ce soit par rapport aux années 1990 ou à la période bolchévique (sur d'autres plans). Pourquoi vouloir absolument prouver que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes?

37.Posté par Marie Genko le 15/02/2010 10:10

@Vladimir,
Des films ont été tourné en Russie, il y a quelques années déjà, pour encourager la natalité.
je me souviens en avoir vu un, il y a plus de deux ans.
Sur les chaînes russes nous pouvons aussi voir quotidiennement des publicité contre la consommation de l'alcool.
Le gouvernement fait ce qu'il peut pour assainir la population.
L'Église russe n'est pas en reste!
Lors de mon dernier voyage à Ekaterinbourg, en 2008, j'ai justement été frappée par l'apparition d'enfants dans les aéroports, enfants que je n'avais jamais remarqués auparavant!
Les conditions de vie se sont tout de même nettement améliorées et la confiance est revenue, grâce à Vladimir Poutine, c'est indéniable.
Même si la reprise de la natalité est encore faible, tous les espoirs sont à présent permis.
Les Russes ont depuis dix ans seulement une équipe de dirigeants capables de sortir la Russie du pillage et du marasme de l'ère Eltsine.
Avec la sécurité revenue, la reprise de la natalité devrait suivre!


38.Posté par Vladimir.G: Comment les valeurs idéologiques russes ont-t-elles évolué au cours des siècles? le 04/11/2018 15:15
Comment les valeurs idéologiques russes ont-t-elles évolué au cours des siècles?

Natalya Nosova

Le peuple russe a surmonté bien des difficultés à travers son histoire. Or, l’idéologie et la croyance en quelque chose de plus grand que sa réalité ont souvent été la force motrice l’ayant inspiré pour d’incroyables accomplissements. Penchons-nous donc sur les valeurs et idées ayant dominé le pays au gré des siècles derniers.
XVIe siècle: Moscou, Troisième Rome

Icône Moscou - Troisième Rome, 2011
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Le milieu du XVe siècle a connu la chute de l’Empire byzantin. Juste avant que ce bouleversement ne se produise, Sophie Paléologue, nièce du dernier empereur de Constantinople, s’était rendue à Moscou afin de se marier au grand-prince Ivan III. Plusieurs décennies plus tard, l’érudit et moine Philothée de Pskov (1465 – 1542) a alors avancé que la capitale russe n’était autre que la « Troisième Rome », la deuxième ayant été Constantinople après le déclin de la Rome originelle. Suite à la chute de Byzance, Moscou s’est par conséquent imposée comme le dernier bastion de l’orthodoxie.

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La capitale russe a donc par exemple hérité du blason byzantin, l’aigle bicéphale, symbole de la préservation de la foi véritable. Ce concept s’est profondément ancré dans les idées eschatologiques, dépeignant Moscou comme le « dernier royaume orthodoxe », dirigé par un pieux et sage monarque, qui apparaissait également comme le chef de l’Église orthodoxe. Cette idéologie a en outre fortement contribué à l’institution du tsarisme sous Ivan le Terrible.
XVIIe siècle: Symphonie de l’Église et de l’État

Le patriarche Nikon (à gauche) et le tsar Alexis Ier (à droite). Miniature du XVIIe siècle.
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En 1589, lorsque Job a été nommé premier patriarche de Moscou, l’Église orthodoxe russe a obtenu son indépendance vis-à-vis de Constantinople. Au milieu du XVIIe siècle, lorsque le patriarche Nikon a entamé ses réformes religieuses, lui et le tsar Alexis Ier ont toutefois employé le concept byzantin de « symphonie », union des pouvoirs ecclésiastiques et séculiers. Ainsi, en dépit du fait que ces réformes ont finalement conduit à un schisme au sein de l’orthodoxie russe et que Nikon a été privé de ses fonctions, à la fin de ce siècle, l’Église pouvait se targuer de disposer d’une assise solide, tant financièrement qu’idéologiquement.
XVIIIe siècle: Service à l’État, loyauté envers le tsar

« Zertsalo », un cadre en bois contenant les textes des lois de Pierre le Grand au sujet du service civil. La présence de tels objets a été obligatoire dans toute institution publique russe jusqu’en 1917.
Futureal/Wikipedia

Pierre le Grand a élaboré une nouvelle idéologie d’État au cours de ses réformes, mettant en œuvre de considérables changements à travers la Russie. Après avoir visité l’Europe, il a en effet promulgué différentes lois obligeant par exemple les nobles à servir le pays et à obéir sans conditions aux ordres du tsar, mais aussi à adhérer à la loi civile, qui faisait office de base pour l’État. Lorsque Pierre a été proclamé empereur, il a en outre aboli le rôle de patriarche et a à nouveau rassemblé les pouvoirs séculiers et religieux entre les mains du tsar.

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XIXe siècle: Orthodoxie, autocratie et nationalité

Sergueï Ouvarov (1786 – 1855), ministre russe de l’Éducation (1833 – 1849), auteur de La Triade.
Vasily Golike

« Pour la Foi, le Tsar et la Patrie », était le slogan quasi officiel et l’appel aux armes au sein de l’armée russe durant les guerres napoléoniennes, une réponse à la devise française « Liberté, égalité, fraternité ». En 1833, Sergueï Ouvarov, ministre de l’Éducation, a alors établi « la Triade » : Orthodoxie, Autocratie et Nationalité, une adaptation évidente de ce slogan militaire.

Première idéologie officielle soutenue par le tsar Nicolas Ier et de nombreux intellectuels russes, y compris l’écrivain Nicolas Gogol, elle réunissait ainsi les précédentes idées nationales. La triade appelait en effet à la préservation de la foi orthodoxe et à la protection de l’Église, à la loyauté envers l’État dans sa forme autocratique, où le tsar était le dirigeant ultime et le Père du territoire et du peuple, et à conserver les traditions nationales et les droits civils égaux pour toutes les nations de Russie. Cette triade est restée l’idéologie officielle jusqu’à la chute de l’Empire russe, en 1917.
XXe siècle: Travailleurs du monde, unissez-vous !

Karl Marx, Friedrich Engels et Vladimir Lénine. Bannière soviétique.
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Les bolcheviks ont dû imaginer une toute autre idéologie pour le peuple russe. Dans cette nouvelle ère, l’orthodoxie a en effet été supplantée par les idées communistes, Lénine, Marx et Engels prenant la place vacante de la Sainte Trinité, qui était quant à elle bannie, comme tout ce qui avait trait à la religion. Après sa mort, Lénine est alors devenu un dirigeant éternel (« Lénine a vécu, Lénine vit, Lénine vivra pour toujours ! »), et à la place de l’Église, le Parti communiste s’est imposé comme l’entité unissant tous les peuples du monde (« Travailleurs du monde, unissez-vous ! »). Le Parti a également incarné le pouvoir du peuple, tandis que l’autocratie a officiellement été abolie. En réalité néanmoins, le pouvoir est demeuré entre les mains d’un seul homme, tout comme auparavant.

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Le concept de nationalité est quant à lui devenu le but de l’URSS, cherchant à s’imposer comme un État international unifiant différentes nations en quête de liberté et d’un monde juste (« L’URSS est le bastion de la paix »). Contrairement à la triade, cette nouvelle idéologie avait des ambitions planétaires, l’Union soviétique ayant longuement rêvé d’une révolution socialiste globale.
XXIe siècle: Unité, Patriotisme, Indépendance

Vladimir Poutine récitant un discours sud la place Rouge, à Moscou.
AP

L’idéologie communiste a cependant pris fin lorsque les crises politico-économiques des années 1980 ont ébranlé l’URSS, entrainant progressivement son déclin. La pensée soviétique obsolète a donc été délaissée, tandis que la nouvellement formée Fédération de Russie a passé de nombreuses années sans idéologie officielle approuvée, jusqu’à ce que Vladimir Poutine ne s’en charge. À présent, l’idéologie russe est pratiquement entièrement basée sur ses discours et les valeurs vers lesquelles il attire l’attention, parmi lesquelles on retrouve avant tout le bien-être du peuple russe. Ce but, selon Poutine, peut être atteint en ayant recours à trois concepts.

Le premier est l’unité du peuple russe (le parti politique dirigeant est d’ailleurs nommé « Russie Unie »), ce qui est une résurgence de la notion de nationalité. « Notre unité est la plus robuste fondation pour le développement futur », a ainsi déclaré le président en 2018 lors de son discours annuel à l’adresse de l’Assemblée fédérale.

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Le second est le patriotisme, qui « doit être basé sur notre histoire » et est renforcé par « le développement d’un mode de vie sain incluant l’exercice physique et le sport », afin « d’atteindre de grands résultats et de viser la victoire ».

Enfin, en troisième vient une politique étrangère ferme : « La Russie est un pays avec plus de mille ans d’histoire, et a presque toujours joui du privilège de mener une politique étrangère indépendante », a assuré Poutine. Il a également insisté à maintes reprises sur la multipolarité actuelle de notre monde et sur l’impossibilité d’un retour à la bipolarité de l’époque de la guerre froide. Ainsi, l’idéologie russe d’aujourd’hui n’est autre qu’une version développée et contemporaine de la triade du XIXe siècle.

Russia Beyond est récemment allé dans la rue afin de demander aux Moscovites quelles valeurs prédominent selon eux en Russie. Une vidéo à retrouver en suivant ce lien.

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