Notre contributeur V. Golovanow nous a fait parvenir ce très bel extrait de l'ouvrage du père Alexandre Schmemann "Le Grand Carême" (référence en fin de texte). Nous l'en remercions:

Seigneur et Maître de ma vie, l’esprit d’oisiveté, de découragement, de domination et de vaines paroles, éloigne de moi.
L’esprit d’intégrité, d’humilité, de patience et de charité, accorde à ton serviteur.
Oui, Seigneur et Roi, donne-moi de voir mes fautes et de ne pas juger mon frère, car tu béni aux siècles des siècles. Amen.


Cette prière est lue deux fois à la fin de chaque office du Carême, du lundi au vendredi (on ne la dit pas le samedi et le dimanche, car les offices de ces deux jours ne suivent pas l’ordonnance du Carême). On la dit une première fois en faisant une métanie (prosternation) après chaque demande. Puis on s’incline douze fois en disant : " Ô Dieu, purifie-moi, pécheur ! " Enfin on répète toute la prière avec une dernière prosternation à la fin.

Pourquoi cette courte et si simple prière occupe-t-elle une place aussi importante dans la prière liturgique du Carême ? C’est qu’elle énumère d’une façon très heureuse tous les éléments négatifs et positifs du repentir, et constitue en quelque sorte un aide-mémoire pour notre effort personnel de Carême. Cet effort vise d’abord à nous libérer de certaines maladies spirituelles fondamentales qui imprègnent notre vie et nous mettent pratiquement dans l’impossibilité de commencer même à nous tourner vers Dieu.

La maladie fondamentale est l’oisiveté, la paresse. Elle est cette étrange apathie, cette passivité de tout notre être, qui toujours nous tire plutôt vers le bas que vers le haut, et qui, constamment, nous persuade qu’aucun changement n’est possible, ni par conséquent désirable. C’est, en fait, un cynisme profondément ancré qui, à toute invitation spirituelle, répond : " À quoi bon ? " et qui fait ainsi de notre vie un désert spirituel effrayant. Cette paresse est la racine de tout péché, parce qu’elle empoisonne l’énergie spirituelle à sa source même.

La conséquence de la paresse, c’est le découragement. C’est l’état d’acédie, ou de dégoût, que tous les Pères spirituels regardent comme le plus grand danger pour l’âme. L’acédie est l’impossibilité pour l’homme de reconnaître quelque chose de bon ou de positif : tout est ramené au négativisme et au pessimisme. C’est vraiment un pouvoir démoniaque en nous, car le diable est fondamentalement un menteur. Il ment à l’homme au sujet de Dieu et du monde ; il remplit la vie d’obscurité et de négation. Le découragement est le suicide de l’âme, car lorsque l’homme en est possédé, il est absolument incapable de voir la lumière et de la désirer.

Aussi étrange que cela puisse paraître, c’est précisément la paresse et le découragement qui emplissent notre vie du désire de domination. En viciant entièrement notre attitude devant la vie, et en la rendant vide et dénuée de tout sens, ils nous obligent à chercher compensation dans une attitude radicalement fausse envers les autres. Si ma vie n’est pas orientée vers Dieu, ne vise pas les valeurs éternelles, inévitablement elle deviendra égoïste et centrée sur moi-même, ce qui veut dire que tous les autres êtres deviendront des moyens au service de ma propre satisfaction. Si Dieu n’est pas le Seigneur et Maître de ma vie, alors je deviens mon propre seigneur et maître, le centre absolu de mon univers, et je commence à tout évaluer en fonction de mes jugements. De cette façon, l’esprit de domination vicie à la base mes relations avec les autres , je cherche à me les soumettre. Il ne s’exprime pas nécessairement dans le besoin effectif de commander ou de dominer les autres. Il peut tout aussi bien tourner à l’indifférence, au mépris, au manque d’intérêt, de considération et de respect. C’est bien la paresse et le découragement, mais cette fois dans leur référence aux autres ; ce qui achève le suicide spirituel par un meurtre spirituel.

Et pour finir, les vaines paroles. De tous les êtres crées, seul l’homme a été doté du don de la parole. Tous les Pères y voient le " sceau " de l’image divine en l’homme, car Dieu lui-même s’est révélé comme Verbe (Jn 1,1). Mais du fait qu’il est le don suprême, le don de la parole est par là même le suprême danger. Du fait qu’il est l’expression même de l’homme, le moyen de s’accomplir lui-même, il est, pour cette raison, l’occasion de sa chute et de son autodestruction, de sa trahison et de son péché. La parole sauve et la parole tue ; la parole inspire et la empoisonne. La parole est instrument de vérité et la parole est moyen de mensonge diabolique. Ayant un extrême pouvoir positif, elle a, partant, un terrible pouvoir négatif. Véritablement, elle crée, positivement ou négativement. Déviée de son origine et de sa fins divines, la parole devient vaine. Elle prête main forte à la paresse, au découragement, à l’esprit de domination, et transforme la vie en enfer. Elle devient la puissance même du péché.

Voilà donc les quatre points négatifs visés par le repentir ; ce sont les obstacles qu’il faut éliminer ; mais seul Dieu peut le faire. D’où la première partie de la prière de Carême : ce cri du fond de notre impuissance humaine. Puis la prière passe aux buts positifs du repentir qui sont aussi au nombre de quatre.

Si l’on ne réduit pas la chasteté, comme on le fait souvent de façon erronée, à son acceptation sexuelle, la chasteté peut être considérée comme la contrepartie positive de la paresse. La traduction exacte et complète du terme grec sophrosyni et du russe tsélomoudryié devrait être : " totale intégrité ". La paresse est avant tout dispersion, fractionnement de notre vision et de notre énergie, incapacité à voir le tout. Son contraire est alors précisément l’intégrité. Si par le terme de chasteté, nous désignons habituellement la vertu opposée à la dépravation sexuelle, c’est que le caractère brisé de notre existence n’est nulle part ailleurs plus manifeste que dans le désir sexuel, cette dissociation du corps d’avec la vie et le contrôle de l’esprit. Le Christ restaure en nous l’intégrité et il le fait en nous redonnant la vraie échelle des valeurs, en nous ramenant à Dieu.

Le premier fruit merveilleux de cette intégrité ou chasteté est l’humilité. Elle est par-dessus tout la victoire de la vérité en nous, l’élimination de tous les mensonges dans lesquels nous vivons habituellement. Seule l’humilité est capable de vérité, capable de voir et d’accepter les choses comme elles sont et donc de voir Dieu, sa majesté, sa bonté et son amour en tout. C’est pourquoi il nous est dit que Dieu fait grâce à l’humble et résiste au superbe (Pr 3,34 ; Jc 4,6 ; 1P 5,6).
La chasteté et l’humilité sont naturellement suivies de la patience. L’homme " naturel " ou " déchu " est impatient parce que, aveugle sur lui-même, il est prompt à juger et à condamner les autres. N’ayant qu’une vision fragmentaire, incomplète et faussée de toutes choses, il juge tout à partir de ses idées et de ses goûts. Indifférents à tous, sauf à lui-même, il veut que la vie réussisse ici-même et dès maintenant. La patience, d’ailleurs, est une vertu véritablement divine. Dieu est patient non pas parce qu’il est " indulgent ", mais parce qu’il voit la profondeur de tout ce qui existe, parce que la réalité interne des choses que, dans notre aveuglement, nous ne voyons pas, est à nu devant lui. Plus nous nous approchons de Dieu, plus nous devenons patients pour tous les êtres, qui est la qualité propre de Dieu.

Et enfin, la couronne et le fruit de toutes les vertus, de toute croissance et de tout effort, est la charité, cet amour qui ne peut être donné que par Dieu, ce don qui est le but de tout effort spirituel, de toute préparation et de toute ascèse.

Tout ceci se trouve résumé et rassemblé dans la demande qui conclut la prière de Carême et dans laquelle nous demandons " de voir mes fautes et de ne pas juger mon frère ". Car, finalement, il n’y a qu’un danger : celui de l’orgueil. L’orgueil est la source du mal et tout mal est orgueil. Pourtant, il ne me suffit pas de voir mes propres fautes, car même cette apparente vertu peut tourner en orgueil. Les écrits spirituels sont remplis d’avertissements contre les formes subtiles d’une pseudo-piété qui, en réalité, sous couvert d’humilité et d’auto-accusation, peut conduire à un orgueil vraiment diabolique. Mais quand nous " voyons nos fautes " et " ne jugeons pas nos frères ", quand, en d’autres termes, chasteté, humilité, patience et amour ne sont plus qu’une même chose en nous, alors et alors seulement, le dernier ennemi - l’orgueil - est détruit en nous.

Après chaque demande de la prière, on se prosterne. Ce geste n’est pas limité à la prière de saint Éphrem, mais constitue une des caractéristiques de toute la prière liturgique quadragésimale. Ici, cependant, sa signification apparaît au mieux. Dans le long et difficile effort de recouvrement spirituel, l’Église ne sépare pas l’âme du corps. L’homme tout entier, dans sa chute, s’est détourné de Dieu ; l’homme tout entier devra être restauré ; c’est tout l’homme qui doit revenir à Dieu. La catastrophe du péché réside précisément dans la victoire de la chair - l’animal, l’irrationnel, la passion en nous, - sur le spirituel et le divin. Mais le corps est glorieux, le corps est saint, si saint que Dieu lui-même s’est fait chair (Jn 1,14). Le salut et le repentir ne sont donc pas mépris ou négligence du corps, mais restauration de celui-ci dans sa vraie fonction en tant qu’expression de la vie de l’esprit, en tant que temple de l’âme humaine qui n’a pas de prix. L’ascétisme chrétien est une lutte, non pas contre le corps mais pour le corps. Pour cette raison, tout l’homme - corps, âme et esprit - se repent. Le corps participe à la prière de l’âme, de même que l’âme prie par et dans le corps. Les prosternations, signes psychosomatiques du repentir et de l’humilité, de l’adoration et de l’obéissance, sont donc le rite quadragésimal par excellence.


Extrait d’Alexandre Schmemann, Le Grand Carême : Ascèse et Liturgie dans l’Église orthodoxe. Éditions de l'Abbaye de Bellefontaine, 1977.

Reproduit avec l'autorisation des Éditions de l'Abbaye de Bellefontaine.

Rédigé par Nikita Krivochéine le 3 Avril 2009 à 09:48 | 1 commentaire | Permalien

Lettre du cardinal Roger Etchegaray aux "catholiques troublés"
La Croix publie sur site le texte d'une très belle lettre du cardinal Roger Etchegaray, président émérite du Conseil pontifical Justice et Paix, adressée aux "catholiques troublés".

Nous vous la proposons sur ce blog parce que d'une part, dans le contexte actuel, elle n'est pas sans intérêt pour les orthodoxes vivant en Europe occidentale et, d'autre part, le cardinal Etchegaray est un grand ami de l'orthodoxie. Ami personnel du patriarche Alexis II, il fréquente les pays et patriarcats orthodoxes depuis plus d'un demi-siècle...

Cette période est pour l’Église bien rude, mais salutaire dans la mesure où elle saura en tirer les leçons. La crise n’est pas d’aujourd’hui, elle est même d’avant le concile Vatican II qui est heureusement venu l’assouplir. Quand je pense à mon temps de jeunesse, j’ai l’impression de vieillir dans un autre monde. Quelle distance entre l’Église de mon espérance et l’Église de mon expérience ! Les mutations les plus profondes sont de l’ordre de l’esprit et des mentalités plus que de la matière et des techniques.

Le mot « défi » est peut-être un des mots les plus actuels, exprimant l’angoisse de qui se sent menacé. Paradoxalement, l’homme moderne manque d’appétit pour le futur qui est pourtant de plus en plus entre ses mains. Saint Pierre estime que la mission du chrétien est de rendre compte aux autres de l’espérance qui est en lui (cf. 1 Pierre 3, 15). Mais nous en parlons à fleur de peau, avec trop de légèreté, alors que la prière assidue est le seul puits du fond duquel nous pouvons faire monter l’eau vive de l’espérance.

Évangéliser est par nature un acte de communication et, par affinité professionnelle, les médias doivent y porter attention. Mais avant de leur exprimer nos exigences, il nous faut apprendre nous-mêmes à bien parler de Dieu, et simplement, à l’homme d’aujourd’hui qui se cabre surtout devant les lois morales. Si l’Église est souvent clouée au pilori d’une place devenue désormais celle du monde entier, elle ne saura cependant jamais être évaluée au flair des opinions ou des sondages.

Oser croire en l’Église !

À chaque étape de son histoire, l’Église a des choix graves à opérer, des choix nécessaires et toujours frappés de précarité, mais qui doivent témoigner de sa docilité au Seigneur. Seule cette volonté de conformité à son Maître peut faire d’elle un ferment pour la transformation de l’humanité. Son efficacité réelle n’est jamais tributaire de ses victoires ou de ses échecs. Si riche est la parure des choses qui ne sont pas siennes que, lorsque l’Église s’en dépouille, certains pensent qu’elle cesse alors de vivre. Mais nous savons qu’elle ne vit vraiment que lorsque tout en elle, jusque dans ses institutions, se laisse pénétrer de l’Esprit du Seigneur.

Mais comment se fait-il que tant de chrétiens, à force d’être exigeants, se montrent si injustes à l’égard de l’Église ? C’est qu’ils en parlent au passé et, alors, l’espérance est vite à bout de souffle. Par nos soupçons, par nos sectarismes, nous avons enchaîné notre Mère la sainte Église, nous en sommes devenus les gardiens féroces et tristes qui l’empêchent de « passer en Macédoine » (Actes 16, 9) et gambader joyeusement sur la grève des peuples et des cultures.

L’Église elle-même est objet de foi. Oser croire en l’Église est le titre d’un livre brûlant du P. Martelet (1). Oser croire en l’Église ! Mais le chrétien se sentira mal à l’aise dans l’Église s’il l’endosse comme un « prêt-à-porter ». Tant qu’il ne cherche pas à se mettre à la mesure de l’Église, il s’y trouvera, ou flottant, ou à l’étroit. Le chrétien n’est pas un transhumant qui s’éloigne de l’Église lorsqu’elle grelotte l’hiver, pour la retrouver lorsqu’elle refleurit au printemps. Il est l’homme des quatre saisons qui s’interpénètrent dans le temps et dans l’espace de l’Église. Aucun lieu, aucune époque n’épuise la vie de l’Église, et chacun de nous doit vivre « l’aujourd’hui de Dieu » (Roger Schutz).


Vérifier la qualité de notre foi

Le pape Benoît XVI nous incite à vérifier la qualité de notre foi dans un climat de communion ecclésiale, humble et sereine, d’où il ne peut sortir ni vainqueurs ni vaincus, mais des frères devenus encore plus proches par le pardon de Dieu. Et, chaque fois que c’est possible, cette démarche doit se faire avec ceux des autres confessions chrétiennes qui partagent avec nous la grâce de l’obéissance à la Parole de Dieu.

Aimons l’Église, cet immense troupeau dont chaque brebis sur sa laine est marquée au fer rouge de l’amour de Dieu. Seul un vrai croyant peut aimer l’Église. Lorsque le regard de foi sur l’Église devient trop incertain, il ne saurait éveiller un véritable amour ni engager la fidélité de toute une existence. L’Église a autant besoin d’être aimée que réformée, car il n’y a de vraie réforme que dans l’amour : on peut faire pleurer l’Église, mais on ne la renie pas, pas plus que sa mère. « Je ne vivrais pas cinq minutes hors de l’Église », disait Bernanos, « et, si l’on m’en chassait, j’y rentrerais aussitôt, pieds nus, en chemise. »



Photo: Cardinal Etchegaray à l'ordination de Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, sur le site du diocèse de Bayonne

Rédigé par l'équipe de rédaction le 2 Avril 2009 à 12:50 | 2 commentaires | Permalien

Les différentes Églises chrétiennes de Biélorussie sont engagées ensemble dans la lutte contre le SIDA dans le cadre d'une mission interchrétienne "Le service social chrétien". Cette mission œcuménique réunit des représentants de l'Église orthodoxe, de l'Église catholique et des baptistes. Le 31 mars, les responsables de la mission ont rencontré le directeur régional de l'UNAIDS (ONUSIDA), programme de lutte contre le VIH de l'Organisation des Nations Unies.

Ensemble, ils ont fait part de leurs soucis aux représentants de l'UNAIDS. Dans un déclaration, signée par les représentants des trois Églises, ils déplorent notamment le fait qu'en Biélorussie, "les actions dans la prévention de l'épidémie du SIDA ne concernent que la capitale et les grands centres régionaux. La campagne reste sans aucun soutien dans ce domaine, alors qu'elle doit être une des priorités".

Les chrétiens biélorusses se disent sceptiques sur le sens du préservatif: "La distribution des préservatifs comme moyen de prévention du VIH/SIDA est douteuse, parce que, tout en aidant à éviter la contamination, elle véhicule l'idée que les rapports extra-conjugaux seraient une norme admise. Alors que ce sont de tels rapports qui sont le vrai facteur de risque".

Les représentants des Églises regrettent aussi que, dans ce devoir commun, les organisations religieuses ne sont pas mises à égale contribution que les associations publiques et les ONG. Ainsi, "les Églises se retrouvent responsables des décisions prises sans tenir compte de leurs positions éthiques".

Source: Site officiel de l'Église orthodoxe en Biélorussie.

Rédigé par l'équipe de rédaction le 2 Avril 2009 à 12:20 | 0 commentaire | Permalien

Gogol vu par Wikipedia francophone
Aujourd'hui, le 200e anniversaire de Nicolas Gogol, alors qu'en Russie, Ukraine et un peu partout dans le monde orthodoxe slave, on ne tarit pas d'éloges à son sujet, voici ce que j'ai trouvé dans le Wikipedia francophone au sujet d'une des œuvres spirituelles les plus importantes de l'écrivain, Passages choisis d'une correspondance avec des amis, publiée en 1846. Il est sans doute impossible de savoir qui a écrit ces lignes (c'est la particularité du Wikipedia), mais il est évident qu'il fait partie de ceux que visent les paroles du métropolite Juvénal, prononcées aujourd'hui sur la tombe de Gogol à Moscou. Mgr Juvénal affirme que nous n'avons pas encore compris la véritable portée spirituelle de l'œuvre de Gogol. L'auteur de l'article de Wikipedia semble l'avoir comprise de façon plutôt négative:

Cet ouvrage est présenté comme une suite de lettres écrites entre 1843 et 1846. Celles-ci touchent à des thèmes extrêmement variés: la littérature (Les Âmes mortes et leur véritable signification, en particulier), l'éducation des serfs par les propriétaires fonciers, les obligations des épouses de gouverneurs etc. Leur contenu est ultra-conservateur, voire obscurantiste. Elles ont le ton du prêche.

Aujourd'hui, les Passages choisis sont surtout un document essentiel pour comprendre le drame de Gogol: dépression, perte d'inspiration et dérive mystique. Depuis 1843, celui-ci n'avait plus rien publié. Voyageant frénétiquement à travers l'Europe de l'ouest, il emportait dans son bagage le manuscrit de la suite des Âmes mortes, son chef-d'œuvre, dont ses nombreux admirateurs attendaient impatiemment la finition. L'écriture, cependant, n'avançait pas. Gogol, déprimé et hypocondriaque, chercha secours dans la religion. C'est ainsi qu'il s'orienta vers un ultra-conservatisme moral et politique (adhésion fanatique à l'orthodoxie et à l'autocratie). C'est également à ce moment qu'il trouva un nouveau sens aux Âmes mortes: les héros, sortant de l'enfer de la première partie, passeraient au purgatoire dans une deuxième partie, avant de rejoindre le paradis dans la troisième. Dresser le tableau de cette rédemption impliquait, selon Gogol, un perfectionnement moral personnel. C'est toute cette évolution mystique que Gogol, se sentant le directeur de conscience de la Russie, jugea bon d'expliquer à ses lecteurs.

Les Passages choisis déclenchèrent un véritable "scandale Gogol" en Russie. Ses anciens détracteurs se réjouirent de son retour à de saintes idées, tandis que ses anciens admirateurs se lamentèrent de son obscurantisme. Bielinsky adressa ainsi une lettre amère à Gogol, le traitant "d'apôtre du knout", et l'accusant d'avoir été inspiré par des considérations bassement financières (Dostoïevski lut une copie de cette lettre lors d'une réunion du cercle de Petrachevski). Tout ceci surprit et bouleversa Gogol, qui croyait sincèrement à sa renaissance artistique. Il ne publia plus rien jusqu'à sa mort, en 1852.

Rédigé par le hiéromoine Alexandre le 1 Avril 2009 à 17:00 | 5 commentaires | Permalien

N'oubliez pas que le Grand Canon pénitentiel de saint André de Crète - un des textes fondamentaux du Carême de Pâque - est lu intégralement cette semaine, aux matines du jeudi.

Dans la tradition slave, ces matines sont souvent célébrées le soir du mercredi. Cet office est appelé "la station de sainte Marie l'égyptienne" qui sera fêtée le dimanche prochain. Le canon de saint André de Crète est lu autrement en quatre parties pendant les quatre premiers jours du Carême, pendant l'office des complies.

C'est une belle manière de commencer ce mois d'avril !

Rédigé par l'équipe de rédaction le 1 Avril 2009 à 16:46 | 3 commentaires | Permalien

Le président du nouveau département Eglise et Société souhaite rendre l'Eglise plus proche de la population
Le père Vsévolod Tchapline, président du département Église et Société créé hier par le Saint-Synode, considère que l'un des devoirs principaux de l'Église orthodoxe est d'être à l'écoute des attentes et des préoccupations de toutes les couches de la société.

"Aujourd'hui, l'Église doit devenir vraiment populaire. Ceux des membres du clergé et des laïcs qui réfléchissent ne cessent de l'appeler de leurs vœux. L'Église doit sentir de quoi nos contemporains, le peuple, la société vivent et ce qu'ils respirent", a déclaré le père Tchapline à l'agence Interfax.

Il a exprimé sa gratitude au Synode et au patriarche "pour l'importance particulière qu'ils accordent aux rapports avec la société civiles et les organes du pouvoir législatif".

Rédigé par l'équipe de rédaction le 1 Avril 2009 à 16:15 | 1 commentaire | Permalien

Mgr Juvénal: Nous n'avons pas encore saisi toute la portée spirituelle de l'oeuvre de Gogol
Le 1er avril, anniversaire de Nicolas Gogol, né il y a exactement 200 ans, le métropolite Juvénal de Kroutitsy, évêque de la région de Moscou et un des membres les plus anciens du Saint-Synode, a rappelé que la vie spirituelle de l'écrivain fut très intense.

Dans son homélie après l'office des défunts sur la tombe de Gogol au cimetière du monastère Novodevitchi à Moscou, Mgr Juvénal a souligné que l'écrivain "avait un désir ardent de partager sa foi avec le monde, de lui transmettre sa vision de l'aspect mystique de notre existence. Il semble qu'il n'ait jamais été entendu, mais ce n'était pas sa faute. La portée véritable de sa quête spirituelle n'a pas encore été complètement comprise".

Le métropolite a rappelé également que Gogol considérait le verbe comme le meilleur sacrifice que l'homme peut offrir à Dieu dont le Verbe est devenu chair. Mgr Juvénal s'est réjoui aussi que Gogol reste très connu en Russie: il n'y a pas un homme dans le pays, dit-il, qui ne connaisse pas son nom ou n'ait pas lu ne serait-ce que certaines de ses œuvres !

Rédigé par l'équipe de rédaction le 1 Avril 2009 à 15:58 | 2 commentaires | Permalien

Nouveau président du département des relations extérieures du patriarcat de Moscou
Le Saint-Synode de l'Église orthodoxe russe a nommé le 31 mars 2009 Mgr Hilarion (Alfeyev) nouveau président du département des relations extérieures du patriarcat de Moscou. Il devient de ce fait membre permanent du Saint-Synode. Mgr Hilarion était jusqu'à présent ordinaire des diocèses orthodoxes russes en Autriche et en Hongrie et représentant du patriarcat de Moscou près les institutions européennes à Bruxelles. Mgr Hilarion sera le membre permanent le plus jeune du Saint-Synode !

Le père Nicolas Balachov et le père Georges Riabykh ont été nommés vice-présidents du département des relations extérieures. Le père N. Balachov était secrétaire du département aux relations avec les autres Églises orthodoxes. Il continuera à coordonner ces relations dans sa nouvelle qualité. Le père Georges Riabykh était secrétaire du département aux relations avec la société civile. Désormais, il sera chargé des rapports avec les organisations internationales et les associations publiques à l'étranger et non plus sur le territoire canonique du patriarcat de Moscou.

Le département des relations extérieures ne s'occupera plus des établissements du patriarcat de Moscou à l'étranger, ni des contacts avec les autorités civiles et la société dans les pays de l'ex-URSS. Ses principaux domaines seront donc les relations avec les autres Églises orthodoxes, les autres Églises chrétiennes et les organisations internationales.

Rédigé par l'équipe de rédaction le 31 Mars 2009 à 15:00 | 9 commentaires | Permalien

Le Saint-Synode du patriarcat de Moscou crée un département "Eglise et Société"
Le Saint-Synode du patriarcat de Moscou, réuni le 31 mars 2009 pour la première fois depuis l'élection du nouveau patriarche de Moscou, a décidé de créer un département synodal "Église et Société". La décision a été formulée de la façon suivante:

"Compte tenu de la nécessité de développer, de perfectionner et de systématiser le dialogue de l'Église et de la société, il est décidé de créer un département synodal pour les relations entre l'Église et la société. Il est confié à ce département de faire le lien avec les organes du pouvoir législatif, les partis politiques, les associations professionnelles et artistiques et les autres institutions de la société civile sur le territoire canonique du patriarcat de Moscou".

Le père Vsévolod Tchapline est nommé premier président de ce nouveau département. Il était jusqu'à présent vice-président du département des relations extérieures.

Ainsi, la réforme du département des relations extérieures a bel et bien commencé. En effet, jusqu'à présent, les rapports avec la société civile étaient un des devoirs de ce département que l'actuel patriarche de Moscou a présidé pendant plus de vingt ans avant d'être élu primat de l'Église russe.

Rédigé par l'équipe de rédaction le 31 Mars 2009 à 14:15 | 0 commentaire | Permalien

Mgr Paolo Pezzi, archevêque catholique à Moscou, a déclaré son intention de se rendre à Valaam, un des lieux monastiques orthodoxes les plus célèbres de Russie. Mgr Pezzi se trouvait au moment de cette déclaration à Petrozavodsk, en Carélie, où il a rencontré l'archevêque orthodoxe de la ville, Mgr Manuel, et le ministre local de la politique nationale et des rapports avec les organisations religieuses A. Manine.

L'archevêque catholique a célébré la messe dans l'église catholique de Pétrozavodsk et rendu visite à l'hôpital aux paroissiens malades.

Ce n'est pas la première fois que Mgr Pezzi qui, il y a deux ans, a succédé à Mgr Tadeusz Kodrusiewicz, se rendait en Carélie. Il a déjà visité les îles Kiji et Solovki.

Rédigé par l'équipe rédaction le 31 Mars 2009 à 13:10 | 0 commentaire | Permalien

Le patriarche Cyrille de Moscou ira à Kiev le 27 juillet, pour la fête de saint Vladimir. Le patriarche avait promis, il y a quelques semaines, que ce serait son premier voyage en dehors de la Russie.

La date de ce voyage attendu a été décidée à la rencontre entre le patriarche Cyrille et le métropolite Vladimir de Kiev le mardi 31 mars, juste avant la réunion du Saint-Synode du patriarcat de Moscou.

Saint Vladimir est fêté dans l'Église orthodoxe le 28 juillet (15 juillet).

Rédigé par l'équipe de rédaction le 31 Mars 2009 à 11:55 | 0 commentaire | Permalien

Aujourd'hui, l'AFP, comme la presse religieuse russe, affichait l'information suivante sur les propos de l'archevêque de Porto Alegre (sud du Brésil), Mgr Dadeus Grings, qui a affirmé que les catholiques et les gitans avaient été plus persécutés que les juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale.

"Les juifs parlent de six millions de morts. Mais combien de catholiques ont-ils été victimes de l'holocauste? Ils ont été 22 millions au total", a déclaré le religieux dans une interview à la revue brésilienne "Press & Advertising", spécialisée dans la publicité.

Dans cette interview, l'archevêque soutient également que les "juifs disent être les principales victimes de l'holocauste. Mais les principales victimes furent les gitans car ils ont été exterminés". "Mais ça, ils ne le disent pas", ajoute-t-il.

Source: AFP in La Croix

Rédigé par l'équipe rédaction le 30 Mars 2009 à 12:40 | 16 commentaires | Permalien

Le catholicos de Géorgie: "La situation dans le pays s'approche de la ligne critique"
Dans son homélie de dimanche à la cathédrale Saint-Trinité de Tbilissi, le patriarche et catholicos Élie II de Géorgie a appelé le pouvoir et l'opposition à renoncer à tout usage de la force et à chercher paisiblement des issues à la crise politique.

"La situation dans le pays est tellement tendue qu'elle s'approche de la ligne critique, a affirmé le catholicos. J'appelle aussi bien le pouvoir que l'opposition à ne pas recourir aux méthodes de force, mais au contraire, à faire, pour le bien du pays, de tels pas qui permettront de détendre l'atmosphère et à régler dans la paix les problèmes actuels".

Le patriarche a demandé à la société civile de faire preuve de sagesse et de garder le calme. Ces derniers temps, on a vu s'accroître le rôle du primat de l'Église orthodoxe de Géorgie dans la société géorgienne. Espérons que son appel sera entendu cette fois-ci également.

Source: Interfax.

Rédigé par l'équipe de rédaction le 30 Mars 2009 à 12:22 | 1 commentaire | Permalien

L'un de nos auteurs, Vladimir G., nous envoie cet article de J.F. Colosimo (La Croix, 14 mars 2009): "Le vrai héros du Carême, c'est le corps".

Pendant cinq semaines, « La Croix » publie des entretiens consacrés au Carême. Cette semaine, Jean-François Colosimo explique le sens du Carême dans la tradition orthodoxe, où le jeûne tient une place toute particulière.

La Croix : Pourquoi, dans le Carême, les orthodoxes font-ils une si grande place au jeûne ?

Jean-François Colosimo : Le Carême, c’est une règle. Une règle de jeûne, universellement acceptée, très stricte : sept semaines d’abstinence de viande, de laitage, d’œufs et de poisson. Pendant deux mois, tout le monde renonce au sang, à l’animalité. Ce jeûne est accompagné de périodes d’abstinence sévère, où l’on ne mange pas du tout : ainsi, les trois premiers jours du Carême.

Beaucoup de gens le font. Eh bien, au premier repas après la communion eucharistique qui suit ces trois jours, le goût des choses est tout à fait extraordinaire ! On éprouve dans son corps l’idée même que nous sommes dans la main de Dieu. C’est une des premières leçons du Carême.

Le jeûne ne peut-il pas, au XXIe siècle, se comprendre autrement que comme une privation de nourriture ?

Bien sûr qu’il n’y a pas que le jeûne de nourriture ! Il ne s’agit pas de jeûner et d’aller au bal tous les soirs… Mais commençons d’abord par le ventre, par l’instinct. Le Carême est un temps de deuil, mais un deuil joyeux, pacifié, apaisé, radieux. Il est bon que le corps paye son tribut.

Le jeûne de nourriture permet de rythmer différemment le temps. Il provoque des ruptures intéressantes : on ne peut plus sortir et recevoir. C’est un rappel extrêmement fort dans la quotidienneté. Surtout, il engage à penser à d’autres jeûnes : le jeûne de la chère invite à penser au jeune de la chair, y compris dans le mariage.

Il y a aussi le silence, ou encore le jeûne du temps : savoir ralentir les choses, au lieu d’être dans l’agitation. Mais on ne choisit pas son jeûne : il faut passer par la suspension de la Création dans la liturgie et par le jeûne vécu en communion.

Comment les orthodoxes vivent-ils le Carême au plan liturgique ?

C’est un temps d’offices spécifiques, avec des textes propres centrés sur le sens du retour à Dieu. La liturgie du Carême décrit la chute de l’homme, son histoire spirituelle et son salut. Le mélange du jeûne et de l’abondance des offices en fait un temps vraiment particulier pour l’orthodoxe. L’horizon de Pâques devient vraiment un horizon d’espérance, au sens le plus concret du terme : le temps après Pâques permettra de renouer avec une nourriture vivifiante et l’allégement de la liturgie.
Quelle est la place de la dimension de partage ?

Le Carême n’est pas seulement un temps fort de partage liturgique, mais aussi de partage communautaire où les orthodoxes se retrouvent. Et là, le personnage central, c’est le pauvre. En grec, il y a deux mots pour « pauvre » : pênes et ptokos. Le pênes, c’est celui qui manque de ce qu’on peut combler par la philanthropie.

Le ptokos, c’est le pauvre absolu, dont on ne peut combler l’attente. On ne peut pas se débarrasser de lui en lui donnant, sinon ce qui nous coûte. Or, qu’est-ce qui nous coûte, si ce n’est nous-mêmes ? Ce pauvre, c’est l’image de Dieu sur terre. Toutes les privations du Carême n’ont d’autre sens que la charité.

Le Carême est donc aussi un temps de conversion ?

Le grand mot, c’est métanoïa : le renversement, en grec, c’est-à-dire le repentir, le retour à Dieu (le contraire de métanoïa, c’est paranoïa !). C’est donc une invitation à découvrir que je ne suis pas le centre du monde : plutôt que de juger les autres, je dois me juger moi-même.

Le Carême est le temps du jugement. Il nous faut faire cette expérience du jugement de nous-mêmes pour en arriver au pardon. Non qu’il soit bon en soi de se juger, mais il nous faut comprendre à quel point nous sommes infirmes pour éprouver combien nous sommes pardonnés et combien nous devons pardonner.

C’est ce que les Pères du désert appellent le penthos, « tristesse radieuse » ou « joie douloureuse ». Douloureuse, parce qu’on l’éprouve dans la patience, comme le Christ dans sa Passion. Mais cette souffrance d’être loin de Dieu devient aussi une joie, car elle nous rapproche de Dieu qui nous affranchit. Le Carême est l’expérience de cette libération. Au désert, nous faisons l’expérience de nos limites, et voici que la grâce lève nos limites.

N’y a-t-il pas alors le risque d’un certain dolorisme ?

Absolument pas ! Se cogner anthropologiquement sur la limite, découvrir sa finitude et voir comment y habite l’infini de Dieu, ce n’est pas souffrir. Le dolorisme, c’est encore trop le moi. Or, justement, le Carême nous invite à suspendre notre psychologie, ce dialogue perpétuel du moi avec le moi. La radieuse tristesse, c’est comprendre que nous sommes libérés.

Nous découvrons combien, dans le sommeil et la satiété, nous avons oublié Dieu. Nous pourrions nous en affliger, mais la redécouverte de sa présence est tellement bonne que nous sommes dans un dépassement. Ce n’est donc pas une glorification de la souffrance mais, au contraire, la redécouverte de l’amour fou de Dieu.

Le jeûne et la veille permettent d’être attentifs, dans le corps et dans le temps, à la présence de Dieu. Pourquoi jeûne-t-on ? Pour apprendre à avoir faim et soif autrement, sortir du biologique. Pourquoi veillons-nous ? Pour apprendre à attendre, vaincre la nuit et l’obscurité, vaincre l’oubli et ce qui ressemble le plus à la mort : le sommeil. Pour vaincre l’irréalité du songe.

Ainsi, nous faisons le deuil de l’illusion que représente notre vie biologique. Voilà que nous nous croyions immortels, que nous nous jetions sur les aliments, que nous nous jetions dans notre lit. Or, le Carême est cette suspension : je ne me jette plus, mais je me retiens et je me demande : « Où est-Il ? », « Que fait-Il ? », « Que dit-Il ? ». C’est un temps d’attente. Nous rompons avec la mort que représentent nos habitudes.

Comment cela se traduit-il dans la liturgie orientale ?

Le Carême est l’occasion de deux grands textes de la tradition orthodoxe. D’abord le grand canon de saint André de Crète, qu’Olivier Clément appelle le « chant des larmes ». Il évoque les larmes joyeuses qui marquent le recommencement du monde. C’est l’eau de la Genèse, les eaux de la mer Rouge, l’eau maternelle.

C’est l’eau vive qui sort du côté du Christ sur la croix. Ces larmes de l’homme sont le signe du retour vers Dieu. L’homme se redécouvre capable de rendre grâces pour avoir compris qu’il était inutile de s’apitoyer sur soi-même. Il a compris que la Résurrection n’attend pas, que la grâce n’attend pas.

L’autre texte que l’on récite pendant le Carême, c’est la prière de saint Éphrem (lire ci-contre). Elle s’accompagne de grandes génuflexions (les métanies), qui soulignent ce corps qui prie, supplie et demande à devenir le corps glorieux. On découvre l’opacité du corps, pour se rendre compte combien il a soif et faim de devenir glorieux. Le grand héros du Carême, c’est le corps, parce que le grand héros de Pâques c’est le corps.

Car pour l’orthodoxe, le Carême est indissociable de la joie pascale…

Qui n’a pas vécu la nuit pascale dans l’Orient chrétien ne sait pas ce qu’est Pâques ! Il n’a pas connu cette liesse communautaire, il n’a pas éprouvé ce corps qui, après des semaines de privation, renoue avec l’huile et le vin, avec l’agneau gras et tout ce que la terre porte de bon.

C’est le banquet du Royaume au cri de « Christ est ressuscité ! », jusqu’au matin qui est le nouveau matin du monde. On ne peut pas comprendre le Carême sans cette joie pascale, sans cette explosion pascale, sans cette irradiation pascale. Dans cette nuit, au cœur de la ténèbre c’est la lumière qui s’impose, au cœur de la tristesse c’est la joie qui s’impose : la vie triomphe définitivement de la mort.

Dans l’iconographie orientale, le Christ sort du tombeau comme un fiancé, vêtu d’une pourpre de la vengeance : cette nuit-là, Dieu venge l’homme en s’offrant à l’enfer. Et l’enfer découvre qu’il ne peut pas retenir Dieu. Le Carême est un voyage qui nous a préparés à comprendre cela.

Qu’entendez-vous par « voyage » ?

Le Carême est un exode, un pèlerinage. Le judaïsme et l’islam sont des religions à pèlerinage. Moins le christianisme, où ce n’est pas une obligation. Car notre pèlerinage est spirituel : comme nous ne pratiquons plus le pèlerinage comme une obligation, c’est Pâques qui est ce voyage.

Nous allons vers Pâques, qui est le lieu même du passage, l’achèvement de toute chose, la réconciliation de Dieu et de l’homme dans le Christ ressuscité parce que nous acceptons de passer à travers la mort avec lui. La quarantaine de l’Exode et celle du Christ au désert s’articulent parfaitement : dans l’Exode, on va vers la Terre promise et Dieu est au-devant de nous, alors que le Christ part au désert pour descendre au-dedans de lui.

Ce sont là les deux grandes dimensions du Carême : Dieu comme notre horizon et Dieu comme notre tréfonds. Le Carême, c’est donc quarante jours de désert, quarante jours de mort, où nous partons retrouver la vie nouvelle. On se lève et on part, mais on ne sait pas où. Il y a ici une dimension abrahamique : c’est tout le problème de ce voyage qui, comme celui du Fils prodigue, est un retour d’Exil.

On part dans le voyage, mais sans bagage. C’est parce que nous avons accepté de nous lever que nous participons de cette relevaille du monde, de cette re-Création qu’est la Résurrection. Il n’est pas innocent que, dans l’Église primitive, le Carême préparait au baptême. Le sens du baptême est celui de la résurrection : mourir et renaître avec le Christ.

Recueilli par Nicolas SENÈZE

Rédigé par Nikita Krivochéine le 30 Mars 2009 à 10:45 | 20 commentaires | Permalien

Saint Alexis de Rome dit « l'Homme de Dieu » († 412) est fêté le 17 mars en Orient et le 17 février en Occident.

Sa vie est connue par une Vie de saint Alexis, du XIe siècle. Selon la légende, Alexis, fils d’Euphémien et d’Agalé, serait un patricien romain, fiancé à une femme vertueuse qu’il convainc, le soir de ses noces, de renoncer au mariage. Il se serait embarqué vers la Syrie du Nord (actuelle Turquie) pour arriver à la ville d'Édesse (Urfa), où il se fit mendiant. Il revint dix-sept ans plus tard à Rome et fut hébergé par son père qui ne l’avait pas reconnu. Il vécut sous un escalier pendant dix-sept ans, et, à sa mort, ses parents furent prévenus par une voix céleste. Selon une autre version de la légende, il mourut en mendiant à l’hôpital d’Édesse, et révéla, avant de mourir, qu’il était d’une famille noble romaine et qu’il avait fui le mariage pour se consacrer à Dieu.

Son chef (son crane) est vénéré dans le monastère de la Sainte Laure dans le Péloponnèse. On peut voir une statue de Saint Alexis sous l’escalier de sa maison familiale dans l’église des Saints Alexis et Boniface (Chiesa dei Santi Alessio e Bonifacio), à Rome. C’est une œuvre d'Andrea Bergondi.

Rédigé par Nikita Krivochéine le 30 Mars 2009 à 09:41 | 0 commentaire | Permalien

Saint Jean Climaque, hégoumène des moines du Sinaï (+ 605)
Il venait de Palestine quand il se rendit au monastère Sainte-Catherine du Sinaï. Il avait 16 ans et il y restera 19 ans sous la direction d'un moine vénérable qui lui apprend la vie parfaite. Un jour, ce dernier l'emmène auprès d'abba Jean le Sabaïte, ascète respecté. Celui-ci verse de l'eau dans un bassin et lave les pieds de Jean, et non pas du vénérable vieillard. Interrogé pourquoi, Jean le Sabaïte répond :"J'ai lavé les pieds de l'hégoumène du Sinaï."

La prophétie devait se réaliser quelques décennies plus tard. En attendant, son maître étant mort, Jean se retire au désert durant 40 ans. Il ne refuse jamais de donner quelques conseils et quelques enseignements quand on vient le trouver. Des envieux le traitant de bavard, Jean comprend qu'on enseigne plus par les œuvres que par les paroles. Il rentre alors dans le silence. On devra le supplier de reprendre ses enseignements, ce qu'il fera par miséricorde. Après avoir longuement visité les monastères de l'Égypte, il revient au Sinaï et c'est à ce moment qu'il est élu hégoumène du monastère Saint- Catherine.

Vers la fin de sa vie, on lui demande de rédiger "L'échelle sainte" (en grec "klimax", d'où son nom) qui résume l'expérience spirituelle des trois premiers siècles du monachisme. "Ne cherche pas à beaucoup parler quand tu pries, de peur que ton esprit ne se distraie à chercher les mots." disait-il souvent. Ce livre est une véritable somme de la spiritualité monastique, et lui donna dans l'Église byzantine la première place parmi les docteurs mystiques.

Son échelle devint si populaire que le tsar Ivan le Grand en fit un clocher au Kremlin de Moscou pour rappeler aux hôtes du palais qu'eux aussi ont une destinée surnaturelle. Pour Jean, a souligné Benoît XVI à l'audience générale du 11 février 2009, "si les passions ne sont pas en elles-mêmes mauvaises, elles le deviennent par le mauvais usage qu'en fait la liberté humaine. Purifiées, elles ouvrent à l'homme le chemin vers Dieu en unissant ascèse et grâce"... La paix intérieure prépare à la prière, que saint Jean divise en prière du corps et prière du cœur. "Le dernier échelon... est consacré à la foi et à l'espérance, mais plus encore à la charité, qui pour lui est amour, union de l'âme avec Dieu". Il était convaincu, a précisé Benoît XVI, "qu'un intense expérience de cet Eros fait avancer l'âme vers Dieu encore mieux que le combat contre les passions, tant est grande sa force".

Source: Infocatho

Rédigé par Nikita Krivochéine le 29 Mars 2009 à 09:05 | 1 commentaire | Permalien

La paroisse orthodoxe Saint-Nicolas (patriarcat de Moscou) annonce sur son beau site Internet qu'elle souhaite se procurer un lieu de culte permanent. Jusqu'à présent, la communauté était accueillie pour ses célébrations par la paroisse anglicane Saint-Gilles.

Comme lieu permanent, la paroisse orthodoxe s'est trouvé une ancienne église anglicane. Cette église, dédiée d'ailleurs à Saint Nicolas, est située dans un quartier résidentiel d'Oxford, non loin du centre de la ville. Elle a été récemment mise en vente.

Rédigé par l'équipe de rédaction le 28 Mars 2009 à 18:41 | 3 commentaires | Permalien

Le métropolite de Minsk appelle à la régulation de l'Internet
A la rencontre entre les membres du Saint-Synode de l'Église orthodoxe en Biélorussie et le président A. Loukachenko, le métropolite Philarète de Minsk a exprimé le souhait que l'information diffusée sur Internet fasse objet d'un contrôle: "Parlant des problèmes éthiques, j'aimerais soulever la question d'Internet. C'est une porte ouverte sur le monde qui a aujourd'hui une grande influence sur la formation de la personne humaine et de ses valeurs. Cependant, tout ce qui est de l'autre côté de cette porte n'est pas nécessairement sans danger, utile et vrai.

Le métropolite est préoccupé notamment par le fait que "toute sorte d'information amorale est désormais accessible aux membres vulnérables de la société, tels que les enfants et les adolescents". Ainsi, Mgr Philarète a suggéré qu'une régulation du contenu de l'information diffusée sur Internet soit décidée au niveau législatif. Il a notamment cité l'exemple de la Chine: "L'expérience chinoise est intéressante du fait que la responsabilité dans ce domaine ne repose pas sur l'État. Là-bas, ce sont les fournisseurs de l'accès à Internet qui sont responsables".

En même temps, le métropolite Philarète a souligné que "ce n'est pas à l'Église de proposer des solutions techniques du problème". "L'Église ne fait que soulever la question et attirer l'attention sur le danger existant", a-t-il précisé.

Rédigé par l'équipe de rédaction le 28 Mars 2009 à 14:16 | 10 commentaires | Permalien

L’histoire qui fait l’objet de cet article a passionné les Russes entre 1983 et 1989. Elle n’est pas terminée car on attend avec impatience la parution de la suite, prévue pour le premier avril 2009 chez Actes Sud, sous le titre : « Des nouvelles d’Agafia », par Vassili Peskov.


  • 1. La découverte de la famille Lykov

    Cette histoire commence en 1979 avec le survol en avion, par des géologues en mission d’exploration, d’une région perdue de la Sibérie à des centaines de kilomètres de toute vie humaine, très exactement au sud, dans le Khakaze, là où les monts de l’Altaï rejoignent ceux du Saïan. À cet endroit naît un affluent du grand fleuve Iénisséï, l’Abakhan. C’est là, sur sa rive droite, que les géologues aperçoivent ce qui ne peut être qu’une succession de quelques terres cultivées au beau milieu d’une zone totalement sauvage et inaccessible. 
    De retour à leur base ils signalent ce fait, mais c’est seulement deux ans plus tard qu’une expédition parvient sur les lieux et entre en contact avec ceux qui habitent là. Stupéfaits, ils constatent que c’est une famille de « vieux-croyants », les Lykov, qui survit à cet endroit depuis 1938 en autarcie complète, sans aucun contact avec le monde extérieur. L’histoire est rapportée à un journaliste de la Komssomolskaia Pravda, Vassili Peskov, qui décide de se rendre sur place, d’observer et comprendre comment cette famille a pu survivre en pleine taïga, dans le dénuement le plus total, à des hivers où il fait régulièrement moins quarante. Il va se lier d’amitié avec eux, y retourner régulièrement l’été.
    Le récit de ses rencontres et de ses observations sera publié dans le journal, puis réécrit plus tard dans un livre publié en France en 1992, chez Actes Sud, sous le titre « Ermites dans la Taïga »
    Mais à ce point de la narration, il est indispensable d’expliquer qui sont ces « vieux-croyants »et pourquoi cette découverte va à ce point émouvoir les Russes..




2. Les vieux-croyants.

Il nous faut faire un bond en arrière et plonger au milieu du XVIIe siècle russe.
Le tsar Alexis (deuxième de la dynastie des Romanoff, père du futur Pierre le Grand) et le Patriarche Nikon, chef de l’église orthodoxe russe, entreprennent une réforme du culte destinée à rapprocher les pratiques russes de celles des autres églises orthodoxes, (grecque et bulgare notamment) et de revenir aux textes originaux souvent mal traduits du grec ou mal recopiés. L‘objectif est de consolider le pouvoir tsariste sur la noblesse, le clergé et le peuple en s’appuyant sur une église orthodoxe rénovée, de faire de la Russie la « troisième Rome » (la deuxième ayant été Byzance), le centre de la chrétienté.
En 1653, le patriarche Nikon impose un certain nombre de modifications mineures du rite de l’église orthodoxe comme, par exemple, le signe de croix avec trois doigts (à la grecque), symbole de la trinité, au lieu du signe avec deux doigts (le majeur et l’index) pratiqué jusqu’alors ; et l’innovation, à mon avis la plus importante, (ignorée, d’ailleurs, par l’article de Wikipedia sur la question) est l’introduction, dans la liturgie, du chant polyphonique « à la bulgare ».
De ce monde extérieur, évidemment, ils ne savent quasiment rien, surtout Agafia qui est née ici et n’a jamais rien vu d’autre. Pourtant, ils avaient remarqué l’apparition de ces « étoiles marcheuses » dans le ciel (les satellites), se demandant ce que cela pouvait être.

Lorsqu’ils rencontrent pour la première fois les géologues, la méfiance prévaut, mais, progressivement la confiance s’installe, ces géologues font tout leur possible pour leur venir en aide et améliorer leur condition matérielle. L’un d’entre eux, qui les prendra spécialement sous sa protection, refusera même une promotion pour rester à leur contact. Les Lykov prirent progressivement l’habitude, à leur tour, de leur rendre visite à leur camp de base distant de 18 km. Ils s’étonnaient et parfois s’émerveillaient de tout, des vêtements des femmes, du contre-plaqué, de la scierie, des tronçonneuses, de l’électricité, acceptaient avec gratitude certains cadeaux, mais refusaient poliment presque tous les autres avec toujours le même argument : «  cela nous est interdit »…

5. Les Lykov superstars

Mais ce que ni le journaliste, ni Karp Lykov et sa fille ne pouvaient prévoir, c’est que dès la première parution dans la Komssomolskaïa Pravda du récit de Vassili Peskov, toute la Russie s’est mobilisée et passionnée pour eux. On s’est mis à écrire au journal pour leur donner des conseils ou des encouragements, les gens envoyaient des colis à leur transmettre contenant des moufles, des chaussettes de laine, des chaussures de sport, des semences, de la nourriture, des livres religieux en slavon…
Le journaliste était submergé de demandes d’ethnologues, d’historiens, de linguistes, de médecins avec des questions nombreuses allant de leur état de santé à la variété de pomme de terre qu’ils plantaient et qui, en 40 ans, n’avait pas dégénéré.
Celle-ci, par exemple : comment se soignent-ils les dents ? À quoi la réponse d’Agafia a été : « Par la prière. Si la prière ne suffit pas, nous tenons la bouche ouverte sur une pomme de terre brûlante. »
Karp Lykov et sa fille Agafia devinrent des sortes de stars bien malgré eux. Toute la Russie connaissait leur histoire, s’efforçait de leur venir en aide et attendait avec impatience la relation des visites de Vassili Peskov qui avaient lieu chaque été, comme un feuilleton annuel, toujours plein de péripéties et d’événements cocasses ou émouvants. ( On pense, en particulier, à l’épisode de la chèvre et du bouc qu’ils décident d’offrir aux Lykov. Agafia n’avait jamais vu de telles bêtes et n’avait pas la moindre idée de la manière de « s’en servir »…)
Mais l’un des effets inattendus de ces articles, c’est que des parents éloignés des Lykov, inconnus de Karp et Agafia, se sont manifestés.

6. Agafia visite « le siècle » mais refuse d’y rester.

Ces parents, ( cousins germains du côté de sa mère) vieux-croyants eux-mêmes, étaient établis dans une communauté de Sibérie d’une région proche et beaucoup plus peuplée, celle de la Choria. Ils rendirent visite aux Lykov dans le but de les persuader de quitter leur ermitage et de vivre avec eux, ce que le vieux refusa obstinément. Mais Agafia, intéressée, parvint à persuader son père de la laisser partir et habiter chez eux pendant un mois.
Ce fut pour elle, on s’en doute, une expérience forte, mais qu’elle vécut avec curiosité et sans traumatisme apparent. Elle prit pour la première fois l’avion, le train (« une maison roulante », où elle fut reconnue tellement elle était populaire !) ; elle vit pour la première fois des vaches, des chevaux, des automobiles, des immeubles, des magasins… Elle fut accueillie et fêtée avec chaleur par sa famille (qu’elle découvrit assez étendue), et lorsqu’elle revint vers son père, avec pour seul objet venu du monde profane une cuvette émaillée, elle était changée : plus mûre, plus préoccupée de propreté, avec un vocabulaire plus étendu et une conscience nouvelle de la force du « siècle ». Et elle s’était fait expliquer, incidemment, «  ce qui s’était passé près de Kiev  » (Tchernobyl).

Pour autant, lorsque son père décède quelques mois plus tard, en février 1988, malgré l’insistance de tout le monde, elle refuse de quitter son ermitage sibérien et continue toujours d’y vivre, seule, au contact des ours et des loups, après un mariage-éclair raté.

Les raisons de ce choix terrible sont sans doute multiples : elle retourne, au fond, vers ce qu’elle a toujours connu, ce à quoi elle est le mieux adaptée. Mais il y a plus : selon le journaliste, son père avant de mourir lui aurait fait promettre de ne pas dilapider ce capital de la « vraie foi » dont elle était porteuse. Promesse qu’elle entend honorer d’autant qu’elle vécut, peu de temps après sa disparition, une expérience étrange de cohabitation avec un loup, ce qu’elle prit pour un signe divin.

 De ce que l’on sait du livre à paraître dans quelques jours, Agafia vit toujours au même endroit et s’efforce d’y réunir d’autres ermites pour partager sa foi et son mode de vie. La petite flamme vacillante de la vieille-foi brûle toujours au fin fond de la Sibérie...

Source: Léon, Agoravox

Rédigé par Nikita Krivochéine le 28 Mars 2009 à 13:43 | 16 commentaires | Permalien

En rencontrant vendredi les membres du Saint-Synode de l'Eglise orthodoxe en Biélorussie, Alexandre Loukachenko a exprimé l'espoir que les relations entre le patriarcat de Moscou et la Biélorussie se renforceront sous le pontificat de Cyrille Ier. "Je suis convaincu que les bonnes relations qui nous lient avec la direction de l'Eglise orthodoxe russe se renfoceront pendant les années du ministère du patriarche nouvellement élu". Le président biélorusse a ajouté qu'il "y a pour cela toutes les conditions nécessaires".

De son côté, le métropolite Philarète de Minsk, exarque patriarcal en Biélorussie, a déclaré avoir invité le patriarche Cyrille à se rendre à Minsk. "J'espère que nous pourrons accueillir Sa Sainteté sur le sol biélorusse dès cette année", a jouté Mgr Philarète.

Source: Interfax.

Rédigé par l'équipe de rédaction le 27 Mars 2009 à 22:39 | 0 commentaire | Permalien



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