Commentaires
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51.Posté par vladimir le 14/05/2010 13:23
Merci chère Marie pour l'importance que vous accordez à mon avis. Je ne mérite certainement pas cela!

Je répondrai donc NON, mais cela ne suffit pas à supprimer la séparation! Et je me fonde en particulier sur les "Principes fondamentaux régissant les relations de l'Eglise orthodoxe russe avec l'hétérodoxie" (http://orthodoxeurope.org/page/7/5/2.aspx), qui me semble bien reflèter la position "officielle" (1) de l'Orthodoxie, et spécialement sur le paragraphe suivant (Annexe, 3ème point) qui répond exactement à la question: "Le dialogue avec l'Église catholique romaine est fondé et doit rester fondé à l'avenir sur le maintien de la succession apostolique des ordinations. En même temps il apparaît indispensable de prendre en considération le caractère du développement des bases doctrinales et de l'ethos de l'Église catholique romaine qui va assez souvent à l'encontre de la Tradition et de l'expérience spirituelle de l'Église Ancienne."

L'organisation ecclésiale et le concept de catholicité est justement l'un de ces "développements" et les informations érudites de Cathortho permettent de le cerner plus complétement. Il y avait donc 2 adjectifs en grecs ancien que nous traduisons par "universel": œcuménique et catholique. Leurs aires sémantiques ne se recouvraient pas totalement: le premier inclue une idée spatiale et s'oppose à "local", le second incluant une idée de "rassemblement en un tout", "se rapportant au tout", s'oppose à "singulier" ou "particulier". L'auteur du « Martyre de Polycarpe » ne fait pas une tautologie en accolant les deux adjectif pour qualifier l'Église, mais veut montrer qu'elle est totalement et globalement universelle. Mais les Pères de Nicée, suivis par les saints Cyrille et Methode, ont chois de privilégier l'idée du rassemblement dans le Credo alors que vous ne trouvez plus cette idée dans les définitions actuelles du mot "catholique", tout au moins en français, qui insistent toutes sur l'universalité spatiale, mondiale... (alors que le mot slavon "sobornaïa" a gardé son caractère d'universalité conciliaire). Vvous avez bien raison de dire que ce sont là des querelles byzantine (Byzance étant le cœur de l'Orthodoxie à l'époque): cette question de mot n'est que l'un des signe de la divergence profonde entre
- l'unité dans la diversité par la conciliarité orthodoxe
-et l'unité par la personnalisation et la centralisation catholique.
Les Églises autocéphales, avec leurs synodes et conciles locaux, participent à l'Église avec un charisme personnel que n'ont pas, sauf erreur de ma part, les églises locales catholiques avec leurs assemblées d'évêques. Et c'est là un point théologique fondamental.

Je relève dans le commentaire 31 de Marie "la diaspora est un peuple migrant, alors que les autochtones doivent respecter la règle de l'Église territoriale!" Cela ne correspond pas à la définition officielle orthodoxe: La 4ème Conférence de Chambésy (12 juin 2009, cf http://www.centreorthodoxe.org/index.php?lang=fr&smenu=smenu5&nav=secretariat3) définit précisément la diaspora(2): "c’est-à-dire les fidèles orthodoxes installés dans les régions situées en dehors des frontières traditionnelles des Eglises orthodoxes locales". Il est donc claire que la diaspora rassemble tous les orthodoxes installés dans ces régions, sans référence d'origine, et dépasse ainsi la seule problématique des groupes d'émigrés dans laquelle certain cherchent à l'enfermer. Les Orthodoxes d'origine locale (aborigènes :)) font tout autant partie de la diaspora que les émigrés et leurs descendants, sans aucune distinction ethnique; ce point me parait très important pour la clarté des débats!

Notes
(1) J'insiste sur le mot "officiel" car, comme je l'explique précédemment, cette position est loin d'être unanime!
(2) Les communiqués des travaux préparatoire du concile l'écrivent avec "D" majuscule, mais je préfère garder un "d" minuscule, réservant le "D" majuscule pour la dispersion du peuple juif comme le font les dictionnaires.

52.Posté par Marie Genko le 14/05/2010 23:05

Cher Vladimir,

En écrivant le mot "migrant" au sujet de la diaspora orthodoxe, j'ai effectivement employé un mot malheureux et vous faites bien de le relever.
J'ai évidement à l'esprit qu'un jour les catholiques retrouveront leur orthodoxie;
Ce jour là les Églises Serbes, Russes, Grecques etc conserveront en dépit de cette toute nouvelle Église Locale un troupeau en occident.
Car les voyageurs serbes ou grecs voudront assister à un office dans leur langue.
La présence d'une diaspora et de ses descendants, qui mettront pour certains plusieurs générations à s'unir à la future Église Locale, sera une des conséquence du schisme qui a séparé Catholiques et Orthodoxes!
Et il est évident que les personnes autochtones, françaises, espagnoles ou italiennes qui se sont converties à l'Église orthodoxe grecque, ou serbe, ou russe, voudront lui rester fidèles sur plusieurs générations!


53.Posté par Cathortho le 15/05/2010 00:33
Chère Marie Genko

Pardonnez-moi si mon abrupte question n'est plus dans le sujet initial de ce le fil mais en y réfléchissant bien est-ce qu'elle s'éloigne tant qu'il y paraît du problème du DEVENIR DE L'ARCHEVÊCHÉ ? En effet, il me semble que ce devenir est partie prenante de celui de l' Orthodoxie russe en France et en Occident, lequel ne peut trouver sa résolution que dans la constitution d'une Orthodoxie Locale de Tradition Russe dans le concert des Eglises autocéphales et sous le parrainage du Patriarcat de Moscou, en vue, selon l'oecuméniste radical que je suis bien sûr, d'une ré-union visible (au yeux du monde en attente de la Parousie : " Qu'ils soient UN...afin que le monde croie ") de Rome et des Eglises orthodoxes dès lors que l'on reconnait que l'Eglise catholique n'a pas rompu avec la succession apostolique et que, donc, ses sacrements sont tout aussi salvateurs que ceux de l'Eglise orthodoxe puisqu'ils sont les mêmes. Il ne s'agit pas ici de trancher sur des questions de théologie, ni vous ni moi ne sommes des théologiens, vous avez raison, mais de répondre selon son for intérieur.

Cher Vladimir

Je me réjouis évidemment que votre réponse soit NON - ce qui ne m'étonne pas vu ce que j'ai pu lire de vous depuis que je connais ce blog - même si vous y mettez des réserves que je comprends. Contrairement à vous, j'ai du mal à saisir le sens exact de la première phrase de l'extrait des " Prinicpes fondamentaux ... " que vous citez : " Le dialogue avec l'Église catholique romaine est fondé et doit rester fondé à l'avenir sur le maintien de la succession apostolique des ordinations. " Faut-il comprendre que dans le passé ce dialogue était fondé sur autre chose que le maintien de la succession apostolique, si oui sur quoi ? Faut-il lire entre les lignes que Moscou reconnaît à présent ce maintien chez les catholiques ce qui n'aurait pas été le cas avant ; ou bien que Moscou s'interroge toujours sur sa réalité ou non ; ou encore que ce maintien tout en étant reconnu serait entaché par ce qui est dit dans la seconde phrase de votre citation : " En même temps il apparaît indispensable de prendre en considération le caractère du développement des bases doctrinales et de l'ethos de l'Église catholique romaine qui va assez souvent à l'encontre de la Tradition et de l'expérience spirituelle de l'Église Ancienne. " ? Je serais interessé de savoir ce que vous en pensez. J'aurais aimé répondre sur d'autres points bien ineressants de votre message dans un dialogue je l'espère constructif mais il se fait tard et mes paupières deviennent lourdes !. Juste une petite précision pour éviter tout malentendu à ce propos : je récuse bien évidemment la théorie des branches, invention protestante rejetée avec raison tant par les orthodoxes que par les catholiques.

54.Posté par vladimir le 15/05/2010 16:03
Bien cher Cathortho,
Je trouve très intéressant et enrichissant notre dialogue et je vais donc essayer de répondre. Je prends ce texte du concile de 2000 au 1er degré et pour moi il reconnaît le maintien de la succession apostolique des ordinations dans le temps, sans distinction entre passée, présent et avenir… Je me réfère au commentaire du document (cf. http://orthodoxeurope.org/page/14/1.aspx#a1): le schisme est la séparation d'une communauté du plérôme de l'Église Orthodoxe et les "Principes fondamentaux ... " établissent un parallèle entre un chrétien excommunié et un groupe schismatique. Lorsqu'un chrétien rompt les liens canoniques avec son Eglise locale et ne participe plus à son Eucharistie, il cesse d'être membre du Corps du Christ. Cependant, il garde un «sceau» de l'appartenance au peuple de Dieu et, à sa résipiscence, est reçu de nouveau à la communion sans être rebaptisé. De la même façon, l'Église catholique garde un lien invisible avec le Corps du Christ et ce lien est un gage de son retour au sein de l'Église et de l'existence en elles d'une vie de grâce, quoique détériorée.
Cette position du concile de 2000 est à comparer avec celle de Vatican II ("Unitatis Redintegratio", plus loin UR): les Eglises orthodoxes sont, pour l'Église catholique, des Eglises locales "dont plusieurs se glorifient d'avoir été fondées par les Apôtres eux-mêmes"(UR 14) et nos différences constituent de "légitime diversité en matière de culte: quand il s'agit d'approfondir la vérité révélée, les méthodes et les moyens de connaître et d'exprimer les choses divines ne sont pas les mêmes en Orient et en Occident",… / il/ "n'est donc pas étonnant que certains aspects du mystère révélé aient été parfois mieux saisis et mieux exposés par l'un que par l'autre, si bien que l'on doit considérer ces diverses formules théologiques souvent plus complémentaires qu'opposées"(UR 17)… . L'Église catholique accepte donc la communion des Orthodoxes et aurait tendance à ne pas accorder une importance cruciale aux différences dogmatiques, alors que pour les Orthodoxes "La division du monde chrétien n'est pas seulement une division dans les formules doctrinales, mais aussi dans l'expérience de la foi. Il faut atteindre à un accord plein et sincère non seulement dans expression formelle de la foi, mais surtout dans son l'expérience même. L'unité formellement confessée dans le credo n'épuise pas l'unité de l'Église, encore qu'elle en constitue l'une des conditions nécessaires. L'unité de l'Église est avant tout unité et communion dans les sacrements. Mais l'authentique communion dans les sacrements n'a rien de commun avec la pratique appelée "intercommunion". L'unité ne peut se réaliser que dans l'identité de l'expérience et de la vie dans la grâce, dans la foi de l'Église, dans la plénitude de la vie sacramentelle dans l'Esprit Saint." (ibid)

55.Posté par Cathortho le 15/05/2010 22:46
Cher Vladimir

Merci de m'avoir répondu. Malheureusement ce que vous dites et les nouveaux extraits que vous citez des " Principes fondamentaux " n'arrivent pas à me convaincre. Je ne dis pas cela par un esprit déplacé de contradiction, mais non, sincèrement je ne suis pas convaincu.

Si je vous suis bien, vous comprenez dans la phrase qui ne me paraît pas claire (il y en a malheureusement beaucoup d'autres dans ces " Principes... " que je relis régulièrement) que l'Eglise russe reconnaît le maintien de l'Eglise catholique dans la succession apostolique? C'est en effet ce qui semble évident, non pas dans cette phrase mais dans diverses prises de position à ce sujet en diverses occasions et par divers représentants de l'Eglise russe. L'Eglise catholique de son côté reconnaît également la pleine régularité apostolique des Eglises orthodoxes. En toute logique cette double reconnaissance est suffisante pour le retour à l'Unité et l'intercommunion puisque c'est cette régularité ecclésiale qui remonte à Pierre et aux autres apôtres par la grâce la volonté et le pouvoir du Christ Lui-même, qui fait que l'Eglise est l'Eglise et non pas autre chose.

Le prétexte du schisme dans l'Eglise Une à été en 1054, date symbolique plus que réellement déterminante, la question du filioque, puis il y eût le sinistre sac de Constantinople par les croisés et pendant des siècles l'Orient et l'Occident de l'Eglise ont vécus chacun de leur côté, en s'ignorant de plus en plus comme deux époux non-divorsés mais séparés de corps, situation qualifiée par le père Congar par l'exellente formule d' "estrangement". Au siècle dernier et tout particulièrement dans son dernier quart il fût peu à peu admis que le filoque n'était pas le vrai problème mais un théologoumène qui ne remet pas en cause dans ses fondements le dogme de la Sainte Trinité, le prinicpal sujet de discorde étant d'ordre ecclésial, celui de la façon de gouverner l'Eglise et la question du rôle exact du Pape par rapport aux autres évêques, discorde découlant d'une différence de compréhension du rôle de Pierre par rapport aux autres apôtres. Alors je sais bien que cette question ecclésiale et d'autorité romaine a fait, et fait toujours l'objet de considérations théologiques dont je ne nie pas, loin de là, la légitimité et l'importance, mais il me semble que face au caractère essentiel de la reconnaissance réciproque de la pleine régularité apostolique des deux entités ecclésiales elle ne devraient plus être un obstacle majeur à la ré-union et se résoudre dans une réflexion fraternelle, franche, sans arrière pensée et audacieuse pour vaincre cet ultime et unique obstale comme y avait invité Jean-Paul II dans son encyclique Ut Unum Sint et à laquelle l'Eglise orthodosie n'a pas répondu de manière satisfaisante, à la hauteur de l'enjeu qui n'est rien moins que d'ordre eschatologique.

56.Posté par Daniel le 16/05/2010 14:32
@ Cathortho

Vous dites : "Au siècle dernier et tout particulièrement dans son dernier quart il fût peu à peu admis que le filoque n'était pas le vrai problème mais un théologoumène qui ne remet pas en cause dans ses fondements le dogme de la Sainte Trinité"

Peut-on savoir avec précision qui a admis cela? Quelle instance, quelles personnes, quels synodes? Quelle conférence mixte dont les conclusions ont été ratifiées par quel synode? Il y a effectivement des voix orthodoxes qui ont cette opinion mais quelles sont-elles? Qui représentent-elles vraiment? J'aimerais volontiers en savoir plus... Dans le petit monde orthodoxe en France qui est dogmatiquement très flexible, cela ne fait aucun doute que bien des personnes le disent ou l'enseignent (cf Saint Serge). Mais au-delà des déclarations de tel ou tel qu'en est-il vraiment? Je pose la question sans piège aucun car j'en ignore la réponse.

Il me semble (sans savoir suivi toutes les déclarations, commissions à ce sujet) que les déclarations ouvertes au filioque des uns (théologiens, évêques) étaient suivies de déclarations renouvelant la condamnation du filioque comme par exemple la confession de foi contre l'oecuménisme renouvelle sa condamnation du filioque ( http://www.impantokratoros.gr/FA9AF77F.en.aspx ) ou le texte de Jean-Claude Larchet sur le sujet :
http://www.myriobiblos.gr/texts/french/larchet.html

Mais au final, aucun synode ne semble s'être prononcé sur la question, à ma connaissance du moins, ce qui laisserait croire qu'ils conservent officiellement ou officieusement la posture orthodoxe traditionnelle héritée de Saint Photius...

J'en profite pour répondre à la question sur la succession apostolique des catholiques. Si on comprend la succession apostolique comme un principe mécaniste qui suppose que pour l'évêque X on puisse remonter de chirotonie en chirotonie à un apôtre, oui les catholiques ont une succession apostolique, de même que les assyriens, les coptes, les éthiopiens, les arméniens, les jacobites, les vitalystes (et assimilés), les vieux calendéristes grecs et même certains vieux-croyants russes etc...

Toutefois, le principe de la succession apostolique n'est pas que purement mécaniste. Si je me réfère à cette confession de foi contre l'oecuménisme qui cite Saint Syméon de Thessalonique, la succession apostolique est liée à la confession de la foi orthodoxe. Cette opinion de Saint Syméon de Thessalonique qui fait de la succession apostolique un monopole de l'église orthodoxe, car elle est liée à la foi et la canonicité (un groupe schismatique mais avec une foi bien orthodoxe perdrait aussi sa succession apostolique) n'est qu'une réitération de ce que disait Saint Basile dans son canon 1 (pour faire plaisir à Larissa) :

"mais ceux qui se sont révoltés contre l'Église n'ont plus eu en eux la grâce du saint Esprit, la rupture de la succession en a interrompu la transmission; en effet, les premiers partis avaient reçu leur ordination des pères et ils possédaient le don de l'Esprit par l'imposition des mains de ceux-ci, mais une fois la communion rompue, réduits à l'état laïc, ils n'avaient le pouvoir ni de baptiser ni d'ordonner, étant incapables de donner aux autres la grâce de l'Esprit saint, qu'ils avaient eux-mêmes perdue"

Ce sont les 2 témoignages de saints qui me viennent en tête qui récusent le principe de la transmission mécaniste de la succession apostolique indépendamment de la foi.

57.Posté par vladimir le 16/05/2010 18:21
Bien chers en Christ Cathortho et Daniel,

Me voici donc placé entre vos deux positions pour moi extrêmes: "l'utra-œcuménisme" proclamé de l'un s'opposant à "la confession de foi contre l'œcuménisme" de l'autre. Je n'ai bien entendu aucune autorité ni surtout aucune compétence pour m'immiscer ou trancher. Je vais simplement essayer de faire la part des choses:

Disons quand même que, si aucun concile ni aucune autorité n'ont tranché le débat du filioque, qui n'est même pas à l'ordre du jour des discussions de la commission mixte, il y a des voix autorisées que cite Mgr Kalistos Ware (1), malheureusement sans plus de précision, qui essayent effectivement de résoudre cette question. Ils montrant que, pris comme théologouméne et non comme dogme, le filioque ne pose pas un grand problème en soi: "confuse dans son expression et potentiellement source d'erreur, la doctrine latine de la Double Procession se prête à une interprétation orthodoxe" (ibid p.276), comme l'ont montré les saints Grégoire de Chypre et Grégoire Palamas, et c'est, de fait, la théologie scolastique latine qui en a exagéré l'importance (mais les catholiques sont-ils prêts à l'accepter?). "Bien des gens aujourd'hui, y compris des Orthodoxes, ont tendance à trouver la dispute si obscure et si technique qu'ils sont tentés de la rejeter comme insignifiante" (ibid p. 272-73). Je serais assez tenté d'approuver cette position tout comme Cathortho!

Pour ce qui concerne à "la confession de foi contre l'œcuménisme", par contre, je ne saurais en aucun cas la prendre comme référence car, comme je l'ai écrit dans mon poste 48, elle est en opposition ouverte avec toutes les Églises, comme l'a souligné Sa Sainteté Bartholomé 1 dans sa réponse (cf. commentaire 48 note 1).

Et pour ce qui concerne la succession apostolique, nous avons la position officielle du concile de 2000 (cf. commentaire 51) qui, jusqu'à preuve du contraire, constitue la proclamation de la doctrine orthodoxe en la matière. Mais, comme cela est affirmé dans le même paragraphe, cela ne saurait être suffisant pour abolir la séparation du point de vue des Orthodoxes, même si les Catholiques, qui ont une approche plus "souple" des questions doctrinales, semblent prêts, eux, à s'en contenter. L'approche de la pureté de la foi est en effet nettement plus rigoureuse chez les Orthodoxes: «soyez parfait comme votre Père céleste est parfait».

(1)Cf. Mgr Kallistos Ware, L'orthodoxie. L'Eglise des sept Conciles, p. 276 – 282.

58.Posté par Daniel le 16/05/2010 22:12
@ Vladimir

La confession de foi contre l'oecuménisme est simplement une lettre ouverte, sans plus, avec possibilité de la signer pour quiconque veut le faire. Il y a eu d'autres lettres ouvertes de ce genre, collectives ou pas, comme celles de Saint Philarète de New-York, celles du Mont Athos etc. Il ne faut pas lui chercher une valeur conciliaire qu'elle ne revendique d'ailleurs pas. Elle est assez longue voire très, donc allez-donc savoir ce qui va contre ce qu'ont décidé les églises orthodoxes... S'il s'agit de négocier, les Bulgares se sont retirés du jeu... Mais dans son opposition au filioque, la confession rejoint les 2 encycliques des patriarches orientaux qu'avaient signé par tous les évêques des Patriarcats du Moyen-Orient (Constantinople inclus) qui condamnait le filioque. A noter que le concile de 879 a tranché la question du filioque en interdisant toute modification du symbole de Nicée... Par la suite, la non réception des conciles de Lyon et de Ferrare-Florence montre que l'orthodoxie rejette le filioque dans sa compréhension catholique.

L'interprétation orthodoxe serait de dire que l'Esprit procède du Fils en ce qui a trait à son envoi au monde uniquement. Elle est correcte mais il est néanmoins malvenu d'insérer un "et du Fils" pour traduire ce fait. Comme le fait remarque l'évêque Athanase Jevtic dans l'article "Triadologie patristique et divergence dans la théologie contemporaine", article inclus dans son ouvrage "Etudes hésychastes" paru à l'Âge d'Homme, cette parti du symbole décrit les rapports entre les hypostases de la Trinité : monarchie, du Père, procession de l'Esprit et engendrement du Fils. Insérer "et du Fils" pour indiquer que l'Esprit est envoyé aux hommes par le Fils relève d'une confusion entre le plan de la "théologie" et celui de l'économie (ce que Dieu fait pour le salut du monde).

Mais la vision catholique du filioque n'est pas que l'Esprit est envoyé par le Fils. Les catholiques pensent que le Fils est également cause de l'Esprit, ce qui contrevient au principe de la monarchie du Père et n'est pas acceptable pour les orthodoxes. L'article de l'évêque Athanase vaut la peien d'être lu... quoique long, il demeure compréhensible...

Mais l'interprétation catholique est de dire que le Fils participe à la spiration (procession) de l'Esprit, chose qui a toujours été condamné par l'Eglise orthodoxe.

Concernant la succession apostolique, je dirais que la déclaration de l'Eglise russe de 2000 ne saurait être opposable à tous, et je l'estime même erronée ou purement diplomatique car elle contredit le principe du canon de Saint Basile précité. Or ces canons de Saint Basile sont acceptés par le concile in trullo; une église locale peut se tromper ponctuellement, mais pas un concile oecuménique. Je suis donc forcé de donner la préférence à l'interprétation basilienne vu qu'elle est confirmé par le concile in trullo et aussi admise dans d'autres églises orthodoxes.

59.Posté par vladimir le 17/05/2010 10:59
Mon cher Daniel,

Je suis d'accord avec vous… à quelques nuances prés
- Il ne faut chercher aucune valeur de référence à la "la confession de foi contre l'oecuménisme", dont Sa Sainteté Bartholomé 1 et Mgr Jean de Pergame ont montré qu'elle allait à l'encontre des décisions unanimes de toutes les Églises (cf. mon article précité).
- L'Églises de Bulgarie s'est retirée du dialogue alors que l'Église russe est revenue… disons qu'il n'y a pas (encore?) unanimité sur le sujet… Sur un autre fil nous parlons des positions de base de l'Orthodoxie sur le dialogue oeucuménique et des documents qui s'y référent.
- Vous avez raison de souligner que le filoque ne fait pas problème en soi mais:
o il ne doit pas être ajouté au Credo
o c'est sont interprétation par les Catholique qui fait problème.
Nous sommes d'accord et, à mon sens, Cathortho ne disait pas autre chose!
- Le concile de 879 ne fait pas partie des "7 Conciles œcuméniques" considérés comme comme "les 7 piliers de la foi" (Jean II, Métropolite de Russie, cité par Mgr. Calistos Ware, ibid p.27).
- Comme je l'ai écris, la position officielle du concile de 2000 constitue, jusqu'à preuve du contraire, la proclamation de la doctrine orthodoxe aujourd'hui. Les rédacteurs de ce document connaissent évidement St Basile et les canons du concile in Trullo et ne les contredisent pas puisque ces derniers ne traitaient pas des hétérodoxies que nous connaissons… et pour cause! Aucun autre document de ce niveau (concile local) ne traite de la question d'une façon aussi complète à ma connaissance et ne vient donc contredire cette proclamation de la doctrine orthodoxe; mais je serais intéressé de connaître des réactions éventuelles.

60.Posté par Irénée le 17/05/2010 11:29
Sans vouloir jeter de l'huile sur le feu, il me semble important de préciser un point dans ces débats sur la succession apostolique.
Comme il a été dit et écrit dans les précédents message, cette qestion n'est pas d'abord d'ordre "mécanique". Pour une pleine transmission de la succession apostolique, il y a bien entendu l'élément lui-même de la succession, puis la confession de la foi orthodoxe, mais également le fait que cette transmission se fasse à l'intérieur d'Eglises pleinement EN COMMUNION les unes avec les autres. Sans cette pleine communion il me semble difficile de parler de plénitude de la transmission.

61.Posté par Cathortho le 17/05/2010 19:02
@ Daniel, réponse à votre message 56

Je vous rappelle que nous sommes ici sur un blog, et sur un blog l'espace d'expression est limité. Les précisions que vous me demandez nécessiteraient de ma part 1) des recherches documentaires poussées et longues, 2) des développements qui s'étendraient sur des pages et des pages vu l'importance du sujet. Un blog n'est pas une assemblée synodale ou académique. Un blog est un peu comme un forum antique ou chacun vient donner son avis pour le meilleur ou pour le pire, avec sa part de subjectivité, sans s'encombrer de lourdes tablettes gravées dans le marbre qui viendraient prouver ses propos. Au fait, vous qui suspectez les ruses du diable même chez les petits enfants qui voient des anges dans leurs rêves vous devriez savoir dans votre désir de précisisions qu'il est dit que le diable est souvent dans les détails.

Quand vous écrivez que au final, aucun synode ne semble s'être prononcé sur la question du filioque vous avez peut-être raison, et si c'est vrai cela abonde dans mon sens car de surcroit, et c'est le plus important, aucun des sept conciles n'a été convoqué ni n'a pris une décision autorisée et définititve sur le filioque (sur aucun autre des sujets qui font problème entre catholiques et orthodoxes d'ailleurs, y compris la question de la nature de l'autorité du pape). C'est pourquoi se réfugier dans une sois-disant " posture orthodoxe traditionnelle héritée de Saint Photius " me semble très contestable car pour une question aussi grave qui a servi de prétexte de division dans l'Eglise, se contentr de prendre une " posture " est pour le moins surprenant . Quand à l' "orthodoxie traditionnelle " de cette " posture " elle ne peut que susciter, pour dire le moins, l'amusement quand on sait les conditions dans lesquelles Photius a été nommé patriarche, les conditions dans lesquelles les excommunications réciproques ont été prononcées, que Photius fut condamné par le IVème concile et déposé, puis réinstallé et entretenant de bonne relations avec Rome !

Le principe de la succession apostolique n'est évidemment pas seulement " que purement mécaniste " comme vous le dites, mais pas mécaniste du tout (le " que " dans votre phrase me laisse perplexe), penser cela serait à mon avis blasphématoire. Quant à mettre les catholiques dans le même cas de figure que les assyriens, les coptes, les éthiopiens, les arméniens, les jacobites, les vitalystes, les vieux calendéristes grecs et les vieux-croyants, ce n'est vraiment pas sérieux.

Enfin, le canon de saint Basile que vous citez ne peut pas concerner les catholiques puisque saint Basile avait quitté ce monde plusieurs siècles avant le ridicule psychodrame de 1054 ! Bien évidemment la validité pleinement régulière de la succession apostolique est conditionnée par une foi droite, mais aucun des sept conciles oecuméniques, c'est-à-dire concernant l'oikoumenê de la chrétienté, n'a décrété que le patriarcat de Rome avait rompu avec l'orthodoxie c'est-à-dire la foi droite, que ce soit à cause du filioque comme vous le reconnaissez vous-même ou que ce soit à cause de la question de la forme que doit prendre l'ecclesialité et l'autorité papale.

Cher Vladimir

Je ne considère nullement ma position oecuménique comme extrême, bien au contraire puisque j'essaie de trouver un juste milieu entre le " papisme ", déformation du juste principe de la papauté, et l " autocéphalisme ", déformation du juste principe de l'autocéphalie, l'un et l'autre ne s'excluant pas mais complémentaires comme sont complémentaires l'un et le multiple, le centre et la circonférence, la transcendance et l'immanence, le noyau d'un atome et ses électrons, le soleil et les étoiles. C'est pourquoi je ne me considère pas non plus comme un " ultra-oecuméniste " mais comme un " oecuméniste radical ", radical au sens étymologique du mot à savoir : qui recherche la racine - radix - d'une chose, son essence. Mon oecuménisme radical n'est donc pas un extrêmisme mais une adhésion à la racine de l'oecuménisme qui est la recherche du dénouement de la séparation " de facto " mais pas " de jure " qui affecte la complémentarité de l'Orient et de l'Occident de l'Eglise Une Sainte Catholique et Apostolique créée par le Christ pour sauver le monde.

"Bien des gens aujourd'hui, y compris des Orthodoxes, ont tendance à trouver la dispute si obscure et si technique qu'ils sont tentés de la rejeter comme insignifiante" écrit Mgr Kallistos Ware que vous citez, on ne saurait mieux dire. Mais alors que l'on est presque venu à bout de cette " dispute si obscure et si technique " pourquoi l'Eglise orthodoxe russe fait-elle à présent intervenir un nouvel obstacle : " L'unité ne peut se réaliser que dans l'identité de l'expérience et de la vie dans la grâce, dans la foi de l'Église, dans la plénitude de la vie sacramentelle dans l'Esprit Saint.". Il faut être cohérent, si Moscou reconnaît la non rupture de la succession apostolique par l'Eglise catholique et la non condamnation par aucun des sept conciles oecuméniques ni du théologoumène filioquiste ni du principe de la papauté Moscou ne peut alors douter de " l'identité de l'expérience et de la vie dans la grâce, dans la foi de l'Église, dans la plénitude de la vie sacramentelle dans l'Esprit Saint." de l'Eglise catholique... sinon par procès d'intention.

62.Posté par Larissa le 17/05/2010 20:34
@ Cathorto "Au fait, vous qui suspectez les ruses du diable même chez les petits enfants qui voient des anges dans leurs rêves vous devriez savoir dans votre désir de précisions qu'il est dit que le diable est souvent dans les détails"
Super!!!! J'ai rigolé comme un gosse qui a été visité dans son rêve de la veille par trois chérubins...

63.Posté par Daniel le 17/05/2010 22:23
@ Cathortho

Vous devriez relire la crise photienne décrite par Dvornik, pourtant catholique, et voir que Photius a rétabli d'excellentes relations avec Rome quand celle-ci a renoncé au filioque notamment par le concile de 879 (dit photien). Ce concile n'est pas déclaré oecuménique car suite à lui, aucun autre concile n'a été réuni pour le déclarer oecuménique. Cependant certains l'ont considéré comme oecuménique : "le célèbre canoniste du XIIe siècle, Théodore Balsamon, Nil de Thessalonique (XIVe siècle), Nil de Rhodes (XIVe siècle), Syméon de Thessalonique (XVe siècle), saint Marc d'Ephèse, Gennade Scholarios, Dosithée de Jérusalem (XVIIe siècle)". Il fut même reconnu comme oecuménique jusqu'au XIIe siècle en Occident.

Source : http://www.orthodoxworld.ru/fr/texte/3/index.htm (texte très complet)

Si vous continuez à dédaigner ce concile qui a tout de même réuni toutes les églises dont Rome, on a le témoignage des Saints, qui sont une voix de l'église, et tous ont condamné le filioque dans sa compréhension catholique et ce depuis Saint Photius (d'ailleurs je suis un rien surpris que vous ne l'appeliez pas Saint Photius mais simplement Photius; ne serait-il pas saint pour vous, alors que vous appeliez respectueusement le pape Pie XI ou XII, je ne sais plus, sa Sainteté le Pape Pie XI ou XII) en passant par Saint Marc d'Ephèse etc sans oublier l'encyclique des patriarches orientaux signées par tous les évêques des patriarcats orientaux? Même s'il n'y avait un concile oecuménique, il y aurait néanmoins un faisceau assez impressionnant de preuves de la condamnation du filioque : décisions de synodes locaux, écrits de saints sur une longue durée... Ca fait beaucoup mais vous persistez à en faire fi? Vous jugez-vous plus savant et plus théophore que nos saints?

En matière historique, je dois vous préciser que les conciles déposant Saint Photius ne sont en rien admis par l'église orthodoxe mais considérés comme de faux conciles... Toujours en matière historique, comme vous doutez de la légitimité de Saint Photius, je vous rappelle que les papes filioquistes de Rome ont été imposés par les empereurs francs du Saint Empire Romain Germanique au besoin en mutilant et tuant les papes précédents pleinement orthodoxes (je renvoie à l'excellent "Le filioque, une mystification fatale" de Cyriaque Lamprillos paru à l'Âge d'Homme).

L'expression "le Diable est dans le détail" devrait être adressée à tous les partisans du filioque qui ont pensé qu'il fallait aller au-delà du symbole de Nicée qui n'expliquait pas assez bien les rapports intratrinitaires et qu'il fallait les préciser. Bravo pour les résultats...

Concernant la succession apostolique, toutes les églises attachées à une certaines tradition l'ont conservées sous sa forme mécaniste : "les assyriens, les coptes, les éthiopiens, les arméniens, les jacobites, les vitalystes, les vieux calendéristes grecs et les vieux-croyants et donc les catholiques". Il n'est donc pas incohérent de les lister ensemble. Mais je dois vous dire que je suis bien plus proche de certaines de ces églises que de l'église catholique car nous avons la même foi que les schismatiques orthodoxes (vieux-calendéristes grecs, vytalistes, vieux-croyants) et sur certains points, il sembleraient que nous ne soyons pas si éloignés de certains non-chalcédoniens (je connais mal ce sujet)... Toutes ces autres communautés par ailleurs ne se sont pas plu à ajouter des dogmes comme l'Immaculée Conception, l'Infaillibilité du Pape, à interdire la communion aux enfants, à supprimer la communion sous les 2 espèces etc... Elles me sont donc infiniment plus sympathiques que l’Eglise catholique.

Pour en revenir à Saint Basile, son canon s'applique-t-il aux groupes hétérodoxes de son époque ou à tous? D'une part, je note qu'il parle du cas des cathares qui sont à ces yeux schismatiques (schismatique car la séparation n'est pas pour une question qui n'est pas une question de foi). Puis, il fait une phrase très générale qui dit : "mais ceux qui se sont révoltés contre l'Église n'ont plus eu en eux la grâce du saint Esprit, la rupture de la succession en a interrompu la transmission;". Le caractère général de cette phrase indique qu'il vise ainsi tout groupe hors de l'église quel que soit le temps et le lieu. Si l'on suppose (et c'est difficile au vu de le phrase très générale) qu'il ne parle que de ces cathares, qui ne sont que schismatiques à ces yeux, je suis forcé d'appliquer sa phrase également à toute communauté hérétique, qui est encore plus éloignée de l'église que les schismatiques par sa foi erronée.

Je conclurai simplement par cette phrase sur la foi de Saint Vincent de Lérins : "Dans l'église catholique, il faut apporter le plus grand soin à tenir ce qui a été cru partout, toujours et par tous." A méditer.




64.Posté par Cathortho le 17/05/2010 23:52
@ Larissa

Je suis heureux que dans la morosité générale de notre époque je vous ai donné l'occasion de rigoler comme un enfant. Car tant que les tout petits, malgré les esprits chagrins... et le diable, verront des anges dans leurs rêves, il n'y a pas lieu de trop s'inquiéter.

65.Posté par Volkoff le 26/05/2010 11:55
Un lecteur levé du pied gauche de ces invocations formulées peu avant le séjour du patriarche de Constantinople dans le plus grand pays orthodoxe de l’univers se dirait que leurs auteurs méritent la sympathie :Faut-il tellement douter de la validité de ses actes d’adoption ? Certaines adoptions se font dans la procédure « simple », c'est-à-dire révocable… Pourquoi ne pas préférer accepter son extrait de naissance à l’état pur ?
Autre chose : les scores électoraux sont parlants. Au scrutin Saint Serge comment ne pas se réjouir de voir les meilleurs amis de l’Eglise Russe (e.g. M. Sollogoub et N. Struve) avoir obtenu le plus de voix ?
Sur la photo de famille absence patente d’une jeune garde porteuse d’avenir…
(Cf - Assemblée Générale de l’Archevêché http://www.exarchat.eu/ )
Ci-desous un extrait du texte en question:

Message au Patriarche Bartholomée
"...Nous saisissons aussi cette occasion pour vous exprimer notre demande instante de continuer à garder votre protection sur notre entité ecclésiale en tant que votre Exarchat des paroisses de tradition russe en Europe occidentale, dans le respect du Tomos patriarcal et synodal tel qu’il a été proclamé en la cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky à Paris en juin 1999 et des statuts de notre entité ecclésiale adoptée en février 1998 après leur approbation par le Saint-Synode du Trône œcuménique...".
http://www.exarchat.org/spip.php?article1098#MessageBartholomee

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