Archim. Sophrony (Sakharov): Unité de l’Eglise, image de la Sainte Trinité (Triadologie orthodoxe, comme principe de l’ecclésiologie)
Le hiéromoine Jérôme de Simonos Petras /1871-1957/ et l’archimandrite Sophrony Sakharov /1896-1993/, ont été canonisés par le Patriarcat œcuménique

Dix neuf siècles se sont écoulés depuis que Saint Paul, en parcourant la ville d’Athènes et en considérant les objets de culte, trouva un autel portant cette inscription: « au Dieu inconnu « Agnosto Theo » (Actes XVII, è3).

Il est évident, que cet autel fut érigé par les meilleurs représentant de la pensée humaine, par les sages qui avaient atteint les limites de la connaissance, ces limites de qui restent insurpassables jusqu’à nos jours pour l’entendement naturel de l’homme, — car Dieu est inconnaissable pour la pensée logique. La vraie connaissance du Dieu véritable vient de la Révélation.

Dans l’économie divine de notre salut l’Eglise marque certains événements, comme étant essentiels en les commémorant par des Fêtes. Elles se succèdent historiquement: l’Annonciation, la nativité, l’Epiphanie (cette fête est appelée le Baptême du Christ dans le rite byzantin), la Transfiguration, la Passion, la Résurrection, l’Ascension et la Descente du Saint Esprit. Dans les desseins révélateurs de Dieu, chacun de ces événements est lié aux autres d’une façon organique et indissoluble, mais le jour de la Pentecôte, ce jour, où la descente du Saint Esprit est célébrée, a une place particulière, car il marque l’accomplissement de la Révélation du Grand Dieu Tout-Puissant et Créateur de toutes choses.

Dieu ne connaît ni envie, ni amour-propre, ni ambition. L’Esprit de Dieu suit l’homme humblement et patiemment sur tous les chemins de la vie, pour Se faire connaître à lui et par cela même l’associer à Son éternité divine. (Cf., Actes X, 35). C’est pourquoi en tous temps l’homme pouvait, dans une certaine mesure, atteindre à la connaissance du vrai Dieu. Cependant, en dehors de l’Incarnation du Verbe et de l’avènement du Saint Esprit à la Pentecôte, la connaissance parfaite de Dieu était impossible. En dehors du Christ, venu dans la chair, aucune expérience spirituelle, philosophique ou mystique ne permet à l’homme de connaître l’Etre Divin, comme Objectivité absolue, une incognoscible, en Trois Sujets également absolus et incognoscibles ; en d’autres termes : la Trinité consubstantielle et indivisible.

La nature de l’homme, qui est créée à l’image et à la ressemblance du Dieu Créateur, possède la faculté d’une certaine conjecture sur l’Etre Divin. Cependant cette conjecture ne l’amène pas à la vraie connaissance du mystère divin, comme nous le montre toute l’expérience historique, c’est pourquoi il est nécessaire que Dieu Lui-même révèle à l’homme, dans la mesure accessible à sa conception, l’image de Son existence.

Il ne faut pas oublier, que la Révélation du Nouveau Testament est précédée par celle de l’Ancien. Lorsque les Chrétiens s’absorbent dans la contemplation de la Révélation biblique, ils entendent déjà dans les premiers chapitre de la Genèse des paroles familières sur le Dieu Unique et, en même temps, multiple : “Dieu dit : faisons l’homme à notre image, selon Notre ressemblance” et encore : “Dieu dit: voici l’homme est devenu comme l’un de Nous” (Gen., I, 26, III, 22). Les Psaumes et les Prophètes nous montrent que l’Ancien Testament connaissait le Verbe (Λόγος) et l’Esprit (Πνεῦμα) de Dieu. “Les cieux ont été créés par la parole (Λόγος) de Dieu et toute leur armée par le souffle (Πνεῦμα) de Sa bouche” (Psaumes XXXIII, 6 et autres). Mais nous n’y trouvons pas la connaissance du Verbe et de l’Esprit comme Hypostases, comme Personnes-Sujets. Elles y sont vues comme énergies. L’humanité de l’Ancient Testament se débattait désespérément dans le cadre de la notion du Dieu unique, compris non dans la conception du monothéisme chrétien, mais dans celle de l’hénothéisme non-chrétien (c’est-à-dire Dieu à hypostase unique). On peut même se demander, si ce n’était pas à cause de l’étroitesse du cadre imposé par l’hénothéisme que les Juifs de l’Ancien Testament se sentaient tellement attirés vers le polythéisme ? Mais ce chemin leur étant défendu par la Loi et les Prophètes, ils languissaient dans l’attente du Messie-Emmanuel promis, Qui leur révèlerait toute la vérité sur Dieu (Jean, IV, 25).

Si nous examinons l’autre partie de l’humanité avant le Christ, ceux qui vivaient en dehors de la Révélation de l’Ancien Testament, nous y verrons, à coté d’innombrables errements, des rapprochements remarquables à a connaissance de la vérité. Cette expérience d’une certaine connaissance naturelle de Dieu est très précieuse pour nous. Elle nous montres les limites de ce qui est naturellement accessible. Chaque fois que l’homme veut mettre la raison à la première place de sa vie spirituelle, autrement dit, chaque fois qu’il tente de connaître la Vérité éternelle par l’effort de son intelligence, il tombe fatalement dans une conception panthéiste de l’Etre. Ceci, il nous semble, est dû au fait, que l’intellect est impersonnel dans les fonctions qui lui sont propres. Abandonné à lui-même, et pris comme forme supérieure des facultés humaines, il tend nécessairement vers une lutte avec le principe personnel dans l’Etre en général. Mais lorsque l’homme aperçoit que le principe personnel est la base de toute essence rationnelle, il reconnaît l’insuffisance de la personnalité, du Moi, pris isolément, et se tourne naturellement vers le pluralisme polythéiste.

Il est étrange de constater que le monisme impersonnel des panthéistes, et même le pluralisme païen, sont, dans une certaine mesure, propres à la pensée humaine jusqu’à nos jours.

La conception panthéiste de l’Etre est supérieure au polythéisme païen en tant qu’elle se rend compte de l’unité primordiale de l’Etre. L’avantage du pluralisme païen, dans son meilleur aspect, consiste dans la vraie connaissance de la personne comme d’un principe ontologique et profonde de tout l’être rationnel, et de l’entendement — comme une des Energies, une des manifestations de ce principe.

Ainsi l’expérience du monde pré-chrétien, participant ou non à la Révélation de l’Ancien Testament, nous apprend clairement que l’homme se perd dans ses incompréhensions, incapable de trouver une issue et de parvenir à la vraie connaissance de Dieu. Cette issue et cette connaissance sont données à l’humanité par la Révélation divine en Jésus Christ et par la descente du Saint Esprit le jour de la Pentecôte.

Mais quelle est la connaissance du mystère de l’Etre Divin qui nous fut donnée par cette Révélation ? Peut-on l’exprimer par des paroles, et si cela est possible, où sont ces paroles ? C’est l’Eglise du Christ Qui les garde, Celle Qui nous enseigne que le vrai Dieu est le Dieu unique en Trois Personnes. Elle nous parle de l’existence divine, comme d’une Tri-Unité inséparable et sans confusion ; comme de la Trinité consubstantielle et indivisible. Nous voudrions citer ici un exposé de cet enseignement connu sous le nom de “Symbole — Confession de notre Père parmi les Saints Athanase, Patriarche d’Alexandrie.”[1]

« Celui qui cherche le salut, doit avant tour confesser la foi catholique. Il est hors de doute que si on ne garde pas cette foi dans son intégrité et sa pureté, on ne peut éviter de périr dans l’éternité. Voici quelle est cette foi catholique : Nous adorons le Dieu unique dans la Trinité et la Trinité dans l’Unité sans confondre les Hypostases et sans diviser la Substance. Car autre est l’Hypostase du Père, autre Celle du Fils, et autre Celle de l’Esprit Saint. Mais la Divinité du Père, et du Fils, et de l’Esprit Saint est Une, Leur Gloire est égale et Leur Majesté coéternelle. Tel le Père, tel aussi le Fils, tel le Saint Esprit. Non créé est le Père, non créé le Fils, non créé le Saint Esprit. Inconcevable est le Père, tel aussi le Fils, tel le Saint Esprit. Eternel est le Père, éternel le Fils, éternel le Saint Esprit : cependant il n’y a pas trois éternels, mais Un éternel. De même, il n’y a pas trois incréés et inconcevables, main un Seul est incréé et inconcevable. Aussi : tout-puissant (Pantocrator) est le Père, tout-puissant le Fils, tout-puissant le Saint Esprit : cependant il n’y a pas trois dieux, main Un seul Dieu. Aussi : le Père est Seigneur, le Fils est Seigneur, le Saint Esprit est Seigneur ; Puisque nous sommes amenés par la vérité chrétienne à confesser chacune des Hypostases comme Dieu et Seigneur ; et qu’en même temps la piété catholique nous défend de nommer trois dieux et trois seigneurs. Le Père n’a été créé par personne, ni fait, mais engendré. Le Fils est du Père même non créé, ni fait, mais engendré. Le Saint Esprit n’est pas créé par le Père, ni fait, ni engendré, mais En procède. Un seul est Père, et non trois pères. Un seul est Fils, et non trois fils. Un seul est Esprit Saint, et non trois esprits saints. Et en cette Sainte Trinité rien n’est premier, ni dernier. Rien n’est plus grand, ni moins grand. Mais les trois Hypostases sont entières, coéternelles l’Une à l’autre et égales. Ainsi il s’ensuit de tout ce qui a été dit, que la Trinité est adorée dans l’Unité et l’Unité dans la Trinité. Celui qui cherche son salut, qu’il pense ainsi de la Sainte Trinité ».

Ce symbole de Saint Athanase figure d’habitude dans le Psautier. Il est suivi par « l’exposé de la foi de Saint Maxime, questions et réponses brèves ». Voici comme il confesse la Sainte Trinité. SUITE Mospat ru

Архимандрит Софроний /Сахаров/: Единство Церкви по образу Единства Святой Троицы (Православная Триадология как основа Православной Экклезиологии)

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 6 Juin 2020 à 17:45 | 30 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Silvain : le Père est INENGENDRÉ le 06/06/2020 22:39
La recension du symbole dans l'article contient des erreurs funestes. Outre quelques malheureuses fautes de frappe, il est dit que ;
"Le Père n’a été créé par personne, ni fait, mais engendré.". Lapsus fatal, car
"Le Père n’a été créé par personne, ni fait, NI engendré."
Quant à la paternité de ce symbole par saint Athanase, elle n'est pas formellement établie.

L'archevêque Basile Krivochéine parle plutôt de symbole pseudo-athanasien et donne de précieuses indications sur la prudence avec laquelle il faut aborder ce texte.

http://basilekrivocheine.org/fr-oeuvres/les-textes-symboliques-dans-lglise-orthodoxe/

À noter que la version originale (en latin) de ce symbole est carrément filioquiste.
Ceci dit, en enlevant ces références hérétiques, ce texte est tout de même assez normatif en matière de foi trinitaire et la présence de la version expurgée des erreurs dans le psautier en nuit en rien à la pureté de la foi.

2.Posté par Jonas le 08/06/2020 16:44
Bonjour !
Cet article, déjà ancien (l'original russe publié dans le "Messager de l'Exarchat" date de 1950) a, me semble-t-il, été traduit et annoté par l'archimandrite Syméon (+ 2009) -car certaines notes sont suivies des initiales H. S. pour "Hiéromoine Syméon"- qui était le traducteur du Père Sophrony en français. Il se trouve que j'ai en ma possession une copie carbone de la traduction originale, qui m'a été donnée par lui car cet article a joué un grand rôle dans mon évolution vers l'Orthodoxie...

Le passage incriminé y est transcrit : "Le Père n'a été créé par personne, ni fait, NI engendré". La traduction que vous dénoncez à juste titre n'est donc qu'une très regrettable coquille, qui ne figure absolument pas dans l'original, et qui d'ailleurs détruirait tout le raisonnement... Cet article a été repris en 1958 dans "Contacts" sous une forme abrégée, et là encore la traduction est exacte (j'en ai un tiré à part). Rendons-lui justice : jamais le Père Syméon, qui était un modèle d'acribie dans ses traductions et bon théologien, n'aurait pu commettre une erreur aussi grossière...

3.Posté par Nicodème le 08/06/2020 17:49
@jonas : vous vous rendez compte que , avec cette histoire d'original et de coquille , vous frustrez notre ami Sylvain d'anathémiser le père Sophrony ...:-)))))) . Quant à la "paternité" de la formule , moi , j'avais toujours appris que c'est le diacre Athanase qui l'avait trouvée au Concile de Nicée ...Mais bon , mon prof de St Serge devait être hérétique ...

4.Posté par Parlons d'orthodoxie le 08/06/2020 18:04
@ Jonas
Le site publiera l’original du texte plus que volontiers
Pourriez-vous l’envoyer au site ou à notre adresse électronique ?
D’avance merci
P.O.

5.Posté par Jonas le 08/06/2020 19:36
@ Nicodème :
Je ne pense pas qu'on vous ait enseigné à Saint-Serge que le Père était engendré !!!
Il ne me semble donc pas que l'intention de Sylvain était "d'anathématiser le père Sophrony" (qui a, dans son article écrit en russe, cité le symbole de la foi attribué à St Athanase qui figure apparemment dans le psautier) mais de corriger une formulation théologique erronnée, qu'il attribue à ce qu'il appelle une recension et qui est en fait une traduction annotée. Or il se trouve que cette formulation erronnée ne figure pas dans la traduction originale et provient donc d'une transcription ultérieure ; ce que j'ai cru bon de préciser pour l'honneur du traducteur...

Il y vrai, car cette "recension" est déjà "ressortie" plusieurs fois ces mois derniers sur PO et ailleurs, que je n'avais pas pris la peine d'en lire à nouveau le texte, d'une trentaine de p. denses, sinon je pense que j'aurais été amené à vous signaler moi-même cette coquille...
Par ailleurs il faut remettre les choses en perspective : la mise au point concernant ce symbole de foi, et les précisions apportées dans les années 60 par l'archevêque Basile Krivochéine, qui était un érudit (ce que le Père Sophrony n'était pas et ne prétendait pas être), sont le fruit de recherches historiques postérieures, et n'étaient pas connues à l'époque où le Père Sophrony a écrit...


@ à la rédaction de PO : il me semble que c'est l'original de cette traduction dont vous disposez déjà. Je vais tâcher de comparer les deux textes ligne à ligne... Mais une fois de plus, il me semble que les variantes ne sont que des fautes de frappe... avec un résultat particulièrement malheureux pour l'expression "épinglée" par Sylvain ! Je vous tiendrai au courant à l'adresse que vous m'indiquez, car je ne puis disposer à ma guise, le cas échéant, d'un texte qui serait resté inédit, ne faisant pas partie des ayant-droit...

6.Posté par Nicodème le 09/06/2020 14:29
@Jonas : bien évidemment !! j'ai un peu ironisé , ce qui semble vous avoir échappé , et je n'ai pas pu m'empêcher d'épingler ce cher Sylvain , dont les écrits passés ont montré combien il avait la gâchette facile quand il s'agit de flinguer des "hérétiques" ou prétendument tels ...:-)) . Que voulez-vous , on a tellement tendance , dans l'orthodoxie , à en faire une discipline triste, qu'on a besoin de sourire un peu . Mieux vaut cela que pleurer .

7.Posté par Silvain le 09/06/2020 15:46
Mon intention n'était absolument pas d'anathématiser le père Sophrony, (merci à Jonas de l'avoir souligné) mais de faire remarquer que des fautes de frappe (coquilles) changeaient le sens du message, ce qui était dommageable, sans préjuger de l'origine de ces fautes. Parfois cela peut être le scanner qui a fait la reconnaissance de caractère (OCR) qui crée des confusions monumentales et peut carrément inverser le sens de la phrase.

D'autre part, sur ce sujet, le texte de Mgr Basile, sur lequel j'avais travaillé de façon intense il y a quelques années me paraissait suffisamment enrichissant pour mériter d'être cité, sans pour autant mettre en défaut le message du père Sophrony. Tout ce qui complète n'est pas contradictoire.

8.Posté par Jonas le 09/06/2020 18:35
@post 6 :
Mais si, j'avais perçu l'ironie, et ma réplique concernant Saint-Serge se voulait dans le même ton, d'où les trois points d'exclamation...

@post 7 :
J'ai un profond respect pour le travail accompli par Mgr Basile, un vrai défricheur en patristique, et effectivement son texte méritait d'être cité ; je souhaitais simplement rétablir une certaine chronologie, car le texte du Père Sophrony a été écrit il y a déjà soixante-dix ans... Nous sommes bien d'accord qu'ils se complètent sans se contredire...

9.Posté par Silvain le 09/06/2020 22:16
@Jonas post 8 : nous sommes bien d'accord, effectivement, et merci de vos précisions !
@Nicodème post 6 : épinglé certes, sans rancune ;-) ... et sans pleurniches :-)). Ceci dit, il y a certainement plus d'ignorants qui s'y croient (dont je suis probablement) ou de personnes blessées que d'hérétiques, mais c'est vrai que j'ai peu de patience avec des relativistes prosélytes.
Que Dieu me pardonne et vous aussi.
Bien à tous. En IC XC.

10.Posté par Nicodème le 10/06/2020 11:27
@Sylvain : "relativiste" , sans doute , en ce sens que , comme Socrate , je ne sais qu'une chose , c'est que je ne sais rien ... Je ne cesserai d'être "relativiste" que lorsque Dieu m'aura gratifié d'une vision ou d'un miracle . En attendant , je doute . Prosélyte : c'est fini . J'y ai gâché une bonne partie de ma vie . D'ailleurs , comme disait Nietzsche , c'est le doute qui vous rend sage et la certitude qui vous rend fou (et criminel ) ...

Cela dit , le fait que vous réagissiez avec un peu d'humour montre que votre patience progresse avec les "relativistes" comme moi . C'est ainsi que vous les "convertirez" .

11.Posté par Silvain le 10/06/2020 17:57
Cher Nicodème,
Loin de moi l'idée de vous accuser ou de vous catégoriser. Je parle en général et non en particulier.
D'une certaine façon nous sommes tous relativistes sur ce que nous ne connaissons pas. Alors, si le Seigneur se montrait à nous tel qu'il Est, nous serions certainement tous très étonnés et laisserions bien des choses de côté (en particulier les questions de langue sacrée, de préséance ou de coutumes). Mais certainement que cela ne serait pas contradictoire avec les principes essentiels de la foi qu'Il a eu la bonté et la patience de nous révéler, avec amour toujours, et avec un humour très fin, certainement. Cela ne paraît cependant pas dans les textes sacrés, qui - à leur décharge - ne s'intéressent pas tant que ça au contextuel ni aux descriptions.
De toutes façons, un Dieu infini qui se laisse non seulement crucifier mais contenir dans un peu de pain et de vin, il y a déjà quelque chose de déroutant, et propre à nous inviter humblement à ne pas nous prendre trop au sérieux. L'homme, moins que du pain, sa parole, moins que du vin, sa foi, moins qu'une croix. Pas de quoi pavoiser.
Bien à vous.

12.Posté par Jonas le 10/06/2020 19:46
@ post 11 : Bien dit !
Mais il me semble cependant qu'il y a parfois des pointes d'humour (peut-être involontaire) dans les textes sacrés, et j'espère un jour en faire un petit florilège...
Pour en donner un exemple (Actes 20, 7-12), tiré des Actes des Apôtres qu'on a lus pendant la période entre Pâques et Pentecôte : "...Paul, qui devait partir le lendemain, avait prolongé l'entretien jusqu'à minuit. [...] Un jeune homme, nommé Eutyque, qui s'était assis sur le rebord de la fenêtre, a été pris d'un sommeil profond tandis que Paul n'en finissait pas de parler..." (Actes 20, 9) au point de tomber du 3e étage et de devoir être ressuscité par Paul (c'était bien le moins !)... d'autant que Paul, une fois remonté, continue imperturbablemnt son discours ! Ce genre de détail, pris sur le vif, me met en joie... et me semble impossible à "inventer".
Il y en a d'autres, dans les Evangiles aussi, comme dans l'épisode de la femme adultère où, après la phrase du Christ "Que celui qui n'a jamais péché lui jette la première pierre", quand le texte précise que tous s'éclipsèrent "... à commencer par les plus vieux" !
Et même dans l'Ancien Testament, où toute l'histoire du prophète Jonas, ce vieux ronchon, est à mes yeux du plus haut comique, notamment l'épisode du ricin !
Ce ne sont là que quelques exemples... Cela dit, le sens de l'humour ne se développant pas de la même manière et n'étant pas sensible aux mêmes aspects chez tous, peut-être ce qui me fait sourire en laissera-t-il d'autres de marbre... Tant pis !

13.Posté par Tchetnik le 11/06/2020 10:02
@Nicodème

Nietzsche qui a d'ailleurs fini par devenir fou, comme quoi, le doute ne lui a pas porté bonheur.

14.Posté par Nicodème le 11/06/2020 10:37
@Sylvain : vous avez sans doute raison . Heureux êtes vous d'arriver à croire en tout cela .
@Jonas : c'est pas faux ! votre début de florilège est prometteur . Sans doute que si Dieu est amour , il est aussi humour ...Je ne sais plus qui s'est amusé un jour à remarquer que , dans "humour" , il y a le "hum" de humilité et le "our" de "amour" . Evidemment , c'est pas de l'éthymologie très ..heu..orthodoxe , m'enfin , le français permet parfois des raccourcis marrants , et éclairants .
@Tchetnik : rien n'est simple . Mais peut-être était-il devenu certain d'avoir raison de douter ...:-))
Gospodi Poleïmou (40 fois ) ...

15.Posté par Jonas le 11/06/2020 13:35
@post 13 :
Nietsche ne s'est pas "contenté" de douter, il a tenu des propos violemment "christianophobes", comme on dirait de nos jours...

16.Posté par Jonas le 11/06/2020 23:02
@ suite du post 15 : .
... ce qui n'est pas votre cas, cher Nicodème ! Au passage, je ne sais à quelle langue correspond le "Gospodi poleïmou" que vous semblez avoir entendu, mais en slavon c'est, si j'ose dire, "Gospodi pomiloui" (40 fois) !

17.Posté par Nicodème le 12/06/2020 10:32
Sur Nietzsche , oui , je sais , j'ai d'ailleurs lu l'Antechrist ds ma folle jeunesse , pour voir ce qu'il y avait dedans . Cela dit , un homme ou un auteur peut dire quelque chose de juste même si, par ailleurs , il a proféré un océan de bêtises ... Mais bon , c'est un auteur maudit , et je n'aurais pas dû le citer . Quant au "gospodi..." , c'est de mémoire , et , évidemment , j'ai un peu mélangé les syllabes . J'avais découvert cette formule ds une petite BD spirituelle assez marrante intitulée "Réveille ton coeur!" , faite par un moine kto (arrrghh!) ,enfin , à l'époque , il était aux (sulfureuses) Béatitudes , et il est fort possible que , maintenant , il ait été planter ses choux ailleurs , s'il est encore en vie , et qui avait beaucoup emprunté à la vie de St Séraphim de Sarov . J'aime bien cette formule , qui paraît démesurée , et exprime parfaitement l'étendue de notre misère existentielle ...

18.Posté par Tchetnik le 12/06/2020 12:51
@Nicodème

Citez plutôt Louis Ferdinand Céline.

Ou Maurras.

19.Posté par Jonas le 12/06/2020 13:56
@post 17 :
Je n'ai pas écrit le post 15 pour condamner Nietzsche, également lu (en partie) pendant ma sage jeunesse, mais pour vous "défendre", vous et tous les chercheurs de bonne volonté... Je me souviens de Nicolas Lossky qui, dans une période difficile de sa vie et alors qu'il n'était pas encore prêtre, confiait un jour à ses étudiants à Saint-Serge (et, comme il était très pudique, cette confidence n'en a que plus de valeur), que par moments la prière d'un chrétien ne pouvait être que : "Je crois Seigneur, viens en aide à mon incrédulité !". Nietzsche n'est pas à mes yeux un auteur maudit, mais une figure tragique, pour qui il faut prier...

20.Posté par Jonas le 13/06/2020 11:54
@post 17 (suite et fin) - Une dernière remarque : "Gospodi pomiloui" paraît sans doute beaucoup plus "exotique" à un Français, mais ce n'est après tout que "Kyrie eleison" ou "Seigneur aie pitié" en slavon !

@post 18 :
Prôner la lecture de Céline ou Maurras sur un blog qui se veut "chrétien orthodoxe"... Il est vrai que c'est "plutôt que Nietsche".
Je m'abstiendrai de parler de Maurras que je n'ai pas lu et pas envie de lire. En revanche, il se trouve que j'ai étudié Céline (surtout "Le voyage...") dans le cadre de mes études universitaires (en 70, il commençait tout juste à sortir du purgatoire littéraire) : outre qu'il n'est pas philosophe mais écrivain, il me semble qu'à part le fameux "style" dont il était si fier, incroyablement moderne pour son époque, Céline n'a fait que se vautrer dans la boue là où Nietzsche a du moins tenté de s'élever vers les cieux, quitte à se fracasser à terre comme Icare... Mais tout cela nous entraîne trop loin du sujet initial, le Père Sophrony et son article, et je m'en tiendrai là. Pardonnez-moi, je n'ai déjà que trop parlé !

21.Posté par Tchetnik le 13/06/2020 17:58
C'était bien évidemment à prendre au second degré, Jonas.

Mais vu que bien des "Orthodoxes" font allégeance à la révolution "française" et aux "lois de la république", on se dit que Céline ou Maurras -qu'il faut toujours connaître avant de juger - ne sont finalement pas plus décalés par rapport au Christianisme que certains messages que certains évêques ou prêtres osent délivrer en chaire.

22.Posté par Grégoire le 14/06/2020 21:42
Ce que Nietzche dans son orgueil ne pouvait pas comprendre est que le Christ aurait pu commander une armée d'anges pour le délivrer de la croix. Mais Dieu nous montre un chemin pour notre salut, celui de l'humilité...

23.Posté par Nicodème le 15/06/2020 19:34
@Tchetnik , et au ouaibmestre : vu que ma réponse à l'apostrophe imbécile de Tchetnik a été censurée , je me retire une fois de plus de ce blog , que j'aime cependant beaucoup . Et probablement de l'orthodoxie tout court . trop , c'est trop !

@Jonas : post 20 : je suis entièrement de votre avis

24.Posté par Tchetnik le 15/06/2020 22:35 (depuis mobile)
Qu'a dit Nicodème avant la censure?
A bientôt, Nicodème.

25.Posté par Jonas le 16/06/2020 12:33
@post 23 : Cher Nicodème,
Que votre ressentiment, légitime ou non, envers les rédacteurs de ce blog et certains de ceux qui s'y expriment, ne s'étende pas à "l'orthodoxie tout court" dont il ne représente qu'une facette... J'ai aussi parfois été censuré, ici et ailleurs. Aérez-vous, allez faire un tour sur d'autres blogs et dans la vraie vie... et revenez ! Personnellement j'apprécie beaucoup votre sincérité, et je serais désolé de perdre votre trace...

26.Posté par Silvain le 16/06/2020 15:28
@post 23 : Cher Nicodème
je rejoins ce que dit Jonas à 100 %. Même si nous avons peu d'échanges et que nous en sommes parfois pas toujours sur la même longueur d'onde (mais je suis certain que je pourrais aussi être à votre place si j'avais vécu ce que vous avez vécu), j'apprécie votre liberté de parole. Nous en avons besoin.

27.Posté par Nicodème le 16/06/2020 18:52
@chers amis (virtuels) orthodoxes (Tchetnik , Jonas , Sylvain) : j'avais dit à peu près ceci , car je n'avais pas gardé copie de mon message , c'est la barbe .

Sur Maurras , je connais . J'ai milité 4 ans à l'AF , ds les années 65/70 . Mais si je suis resté royco de coeur et de raison , comme on dit , je me suis entièrement démaurassisé , notamment à cause de la judéophobie obsessionnelle , fanatique et criminelle du "maître de Martigues" . Cela a été un processus assez long . Dans lequel mon cheminement ds les mouvements dits charismatiques (notamment "les Béatitudes" ont eu leur rôle .

@Tchetnik , bien sûr , il y a de bonnes choses ds Maurras , au plan politique ,mais son erreur , comme celle de nombreux auteurs , c'est qu'il a inventé un système et qu'il a cru , par orgueil intellectuel , que ce système donnait la clé de la totalité de l'agir et de la compréhension de la chose politique . Quant au plan spirituel , il avait une notion de l'Eglise totalement utilitariste (comme Voltaire) : "l''Eglise de l'ordre" ... Quant à Céline , c'est pareil , judéophobie pathologique , que je ne peux absolument pas suivre . Mais là , j'en cause selon les "on dit" , car je n'ai jamais rien lu de lui , même pas "voyage au bout de la nuit" . La seule chose qui me rapprocherait de cet individu est son amour des chats ...:-)) .
Voilà , alors choisir entre les auteurs pathologiquement judéophobes , c'est un petit jeu auquel je n'ai plus du tout envie de m'adonner .

Pardonnez moi mon mvmt d'humeur . C'est le vice de la Toile .

28.Posté par Tchetnik le 17/06/2020 07:34 (depuis mobile)
@Nicodème

Nous sommes bien d'accord sur l'agnosticisme de Maurras, sa trop grande vénération de la nation qui l'amenaient à des prises de position parfois erronées tant spirituellement que culturellement.
Idem pour un Céline parfois trop désespéré.
.......
Cependant, par rapport à l'orgueil profondément nihiliste et antichrétien de Nietzsche, ils sont un poil au dessus dans une certaine échelle d'appréciation

29.Posté par Nicodème le 18/06/2020 11:39
@Tchetnik : sans doute , sans doute , je vous l'accorde . De l'intérêt de la métrologie en métapoplitique ...:-))) . longueur dudit poil qui remet en perspective la nullité de mon mouvement d'humeur . Cela ne serait peut-être pas arrivé si nous nous connaissions autrement qu'ectoplastiquement .

30.Posté par Tchetnik le 18/06/2020 16:57
@Nicodème

Ectoplasmiquement, en fait.

Ectoplastic, c'est pour les fantômes corses.

31.Posté par Nicodème le 23/06/2020 14:44
Ah! ah! très bon . En effet . Je ne suis pas très entraîné en matière de création de néologismes ...:-))

32.Posté par Grégoire le 25/06/2020 22:06
"Il est étrange de constater que le monisme impersonnel des panthéistes, et même le pluralisme païen, sont, dans une certaine mesure, propres à la pensée humaine jusqu’à nos jours".

Le monisme dialectique est justement le principe de synthèse cher à Hegel (qui semble dans ces écrits bien connaître les mystères d'Eleusis...).

33.Posté par Nicodème le 25/06/2020 22:46
@Grégoire : c'est pour qui , ou plutôt pour quel message , ce jugement ?

34.Posté par Grégoire le 26/06/2020 21:59
@Nicodeme. Juste c'était un commentaire de ce texte qui mets à juste titre le doigt sur la relation entre le monisme du panthéisme et la modernité philosophique qui provient de la maçonnerie. Dans ces textes, Hegel loue justement ces mystères antiques basés sur le panthéisme.

Hegel est le symbole de cette pensée moderne totalement antichrétienne et qui a engendré les révolutions, qui ne sont qu'un retour au paganisme.

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