Diversité dans l'Unité: les catholiques aussi
Je pense que l'Eglise catholique aborde là des thèmes particulièrement proches pour nous, Orthodoxes, et que cet article nous ouvre plusieurs pistes de réflexions…

Au moment même où l’archevêque Hilarion de Volokolamsk, venu à Rome au nom du patriarche orthodoxe de Moscou, termine sa visite dans un climat très positif (VG: sic, c'est une phrase de l'article), Benoît XVI a voulu répondre au besoin de reconnaissance de "ses" Églises orientales: il a reçus tous les patriarches et archevêques majeurs des Églises catholiques d’Orient(1), représentant dix rites différents (latin, melkite, maronite, arménien, syriaque chaldéen, copte…) et il a annoncé la tenue, du 10 au 24 octobre 2010 à Rome, d’une assemblée spéciale du Synode des évêques sur «L’Église catholique au Moyen-Orient, communion et témoignage»: “La multitude des croyants n’avait qu’un cœur et qu’une âme” (Ac 4, 32)» a rappelé le Saint Père.

Ce sera une première : une telle assemblée avait eu lieu pour le Liban en 1995, mais jamais le Synode n’avait été convoqué au sujet du Proche-Orient. Benoît XVI prend acte du fait que « l’horizon œcuménique est souvent lié à l’horizon interreligieux » et déclare : « Je considère comme un devoir primordial de promouvoir la synodalité si chère à l’ecclésiologie orientale et saluée par Vatican II. »

Quatre points devraient être abordés par l’assemblée synodale, tant attendue après la visite de Benoît XVI en Terre sainte:
* La montée des fondamentalismes et les inquiétudes qu’elle suscite parmi les chrétiens, souvent voués à l’exil; (2)
* Les modalités du dialogue islamo-chrétien;
* Le statut des patriarches catholiques orientaux dans l’Église universelle,
* La juridiction ecclésiastique au Koweït et dans les pays du Golfe.

À bien des égards, en dépit de leur diversité – elles sont établies au Liban, en Syrie, en Irak, en Égypte, en Israël, mais aussi en Inde, en Roumanie, en Ukraine, en Arménie… –, ces Églises méconnues en Occident présentent des défis communs: fortes diasporas, réticence de l’Église latine à l’établissement de hiérarchies orientales en Occident et en terres de mission, alors que les Églises orthodoxes le font; synodalité comme mode habituel de gouvernement; sans oublier l’existence d’un clergé marié.

Jusque là nous sommes, je crois, exactement sur la même problématique; ensuite nous passons dans l'organisation catholique totalement différente du fonctionnement des Orthodoxes (comparons à nos conférences préconciliaires!): toute la «machine» synodale romaine, bien rodée, se met au travail dès ce lundi. Jusqu’à demain, précise Mgr Nikola Eterovic, secrétaire du Synode, les cardinaux en charge des dossiers rencontreront les patriarches. Les lineamenta devraient être publiés avant Noël, débouchant sur l’instrumentum laboris vers Pâques. Enfin, « parce que le Synode ne sera dirigé contre personne, précise Mgr Eterovic, et sera un véritable espace de dialogue en vérité pour la paix et la justice, nous allons évidemment trouver la meilleure façon d’y donner la parole aux mondes juif et musulman. »

Commentaire de VG: les Orthodoxes sont-ils exclus ou leur participation va sans le dire? La référence à Mgr Hillarion le laisserait penser, mais ce n'est peut-^tre qu'un rapprochement de journaliste…


Notes:

D'après Frédéric MOUNIER, "La Croix"

Photo: Benoît XVI lors de sa récente visite en Terre Sainte Source: Siciliani-Gennari/SIR

(1) Je les cite, car je trouve les titres instructifs: SB le Cardinal Pierre Sfeir, Patriarche des Maronites, SB le Cardinal Emmanuel III Delly, Patriarche des Chaldéens, SB le Cardinal Lubomyr Husar, Archevêque majeur des Ukrainiens, SB le Cardinal Varkey Vithayathil, CSSR, Archevêque majeur des Syro-malabars, SB Antonios Naguib, Patriarche des Coptes, SB Grégoire III Laham, Patriarche des Greco-melkites, SB Ignace Youssif III Younan, Patriarche des Syriens, SB Nerses Bedros XIX Tarmouni, Patriarche des Arméniens, SB Lucian Mureşan, Archevêque majeur des Roumains, SB Baselios Moran Mor Cleemis Thottunkal, Archevêque majeur des Syro-malankars, et SB Fouad Twal, Patriarche latin de Jérusalem.)

(2) Mgr Louis Sako, archevêque de Kirkuk (Irak), proposait l'organisation de ce Synode dans une interview le 15 février dernier et disait en particulier: « Les musulmans ne sont pas tous fondamentalistes ou terroristes, il y a beaucoup de braves musulmans et la coexistence avec eux est possible », et il se disait convaincu que ce qu’il faut c’est seulement « trouver la façon juste pour se positionner par rapport à eux » ; c’est « trouver la manière et le langage. Surtout le langage…La question à se poser continuellement est : « quelles paroles devons-nous utiliser avec les fidèles de l’Islam ? » Et enfin, « le sang de cinq cents martyrs chrétiens » tués durant ces dernières années », dont Mgr Sako a dit conserver la mémoire nom par nom, constitue selon lui « un appel mais aussi une espérance ». Leur fidélité, leur prière et leur sang invitent « à ne pas abandonner ce pays, à rester pour témoigner ici et maintenant de l’Évangile ».


Rédigé par Vladimir Golovanow le 26 Septembre 2009 à 13:21 | 1 commentaire | Permalien



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