« En Russie la foi en Dieu ne se cache pas »
A la veille de son départ de Russie le patriarche Bartholomé a accordé une longue et importante interview à la chaîne «Russia 24» Nous en publions quelques extraits (les questions sont omises ainsi que ce qui a été publié antérieurement sur « Parlons ») :

« J’ai constaté en Russie où je me suis rendu la dernière fois en 1993 de très grands changements. Le régime précédent venait de tomber, l’époque était difficile mais l’on sentait déjà l’ampleur des bouleversements à venir. 17 ans après je me sens dans une autre Russie. Je vois que les gens sont convaincus d’aller vers un avenir meilleur. La foi en Dieu est présente partout, il n’est plus nécessaire aux croyants de se cacher. Les habitants ont oublié la peur, les raisons d’être dans la clandestinité ne sont plus là. Cela concerne non seulement les gens simples mais aussi les dirigeants de l’Etat qui, le président Medvedev et le premier-ministre Poutine les premiers sont des chrétiens fervents. Ils n’en font pas mystère et manifestent ouvertement leur foi lors des évènements officiels. Les biens qui avaient été à l’époque confisqués à l’Eglise lui sont progressivement restitués, les fondements de la culture orthodoxe sont enseignés à l’école, il y a des aumôniers dans les unités militaires, les autorités coopèrent avec le patriarche, avec les responsables de l’Eglise. Tout ceci nous remplit d’espoir, le pays, sont peuple ont un grand avenir devant eux…

La liberté de conscience existe en Russie et ne s’applique pas exclusivement aux chrétiens orthodoxes mais aussi aux représentants des autres confessions qui peuvent sans la moindre restriction exercer leurs cultes. C’est ce qui doit être dans tout pays authentiquement libre, l’Etat doit y respecter les droits des minorités religieuses.

Vous avez un nouveau et jeune patriarche en la personne de notre frère Cyrille, un homme d’expérience, d’une grande intelligence, d’une immense énergie. Il s’est entouré de collaborateurs brillants. Il a su établir d’excellentes relations avec le pouvoir et ceci pour le bien du peuple…
L’âme russe s’est toujours distinguée par sa piété, la profondeur de sa foi. Malheureusement tant de choses ont été anéanties. Ce qui s’est conservé atteste de la noblesse d’âme du peuple russe.
De même que lors de la visite du patriarche Cyrille à Constantinople il y a un an nous avons pu aboutir à plusieurs accords. Il s’agit en premier d’établir des relations sincères et fraternelles, de coopérer pour le bien de nos Églises et de toute l’orthodoxie. C’est dans un esprit d’amour et d’ouverture qu’il nous convient d’aborder d’éventuelles divergences.

L’une de nos tâches essentielles consiste à préparer les Saint et Grand Concile… Ce travail a commencé en 2008 lors de la rencontre au Phanar des primats des Églises locales…
Nous avons signé un texte commun où il est fait mention des problèmes qui préoccupent les orthodoxes dans le monde… L’ordre du jour est d’ores et déjà défini. Il comprend 10 thèmes principaux. Deux rencontres préparatoires ont déjà eu lieu. En 2009 nous nous sommes vus au Centre œcuménique de Chambésy. Le Concile discutera entre autre des modalités de l’octroi de l’autocéphalie ou de l’autonomie des Églises, du carême, des obstacles à la conclusion du mariage ainsi que d’autres questions qui surviennent dans la vie des orthodoxes…

… A propos de la situation ecclésiale en Ukraine où l’Eglise souffre depuis plusieurs années du schisme mais ces derniers temps de nombreux croyants reviennent dans la Mère Eglise. Qu’ils n’hésitent pas, qu’ils rejoignent l’Eglise canonique, nef de salut. J’ai dit au métropolite Vladimir de Kiev que je lui souhaite d’être témoin de la nouvelle unité de l’Eglise d’Ukraine (cf. communiqué daté du 17 juin : « Les croyants continuent à réintégrer l’Eglise orthodoxe d’Ukraine »).Le patriarcat œcuménique a toujours pris très à cœur la situation en Ukraine. Nous recevons de nombreuses demandes de venir en aide en vue de contribuer à guérir les plaies infligées par ce schisme. Jamais nous n’avons été indifférents face à cette situation. Nous nous inspirons du principe de l’économie. Nous élevons nos prières pour les peuples russe et ukrainien, tous deux enfants spirituels de l’Eglise de Constantinople…

A propos du cadre dans lequel se situe le dialogue théologique avec les catholiques romains je commencerai par dire que notre Eglise Orthodoxe n’appréhende nullement ces contacts. Nous sommes actuellement en dialogue avec toutes les Églises non orthodoxes. Voilà dix siècles que nous sommes séparés de l’Eglise catholique. Cette longue période a été marquée par l’hostilité et la confrontation ce qui n’est guère acceptable pour les disciples du Christ. Voilà 50 ans que nous sommes en conversation avec les catholiques, ce dialogue est devenu vraiment opérant il y a 30 ans. La question la plus difficile est celle de la primauté du pape, c’est là que passe entre nous la ligne de démarcation…

…Je tiens à exprimer ma gratitude au peuple russe, je suis reconnaissant à mon frère Sa Sainteté le patriarche Cyrille, à ses admirables collaborateurs. Je suis particulièrement reconnaissant à Son Excellence le président Medvedev qui m’a fait l’honneur de partager un déjeuner de deux heures avec moi et de me guider dans les basiliques et les chapelles du Kremlin. Je tiens également à remercier le premier ministre Poutine qui a bien voulu me recevoir en audience privée.
Mes meilleurs souhaits à vous tous, aux téléspectateurs.

Traduction " P.O."


Rédigé par l'équipe de rédaction le 17 Juin 2010 à 19:22 | 1 commentaire | Permalien



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