En août, un voyage « historique » du patriarche orthodoxe russe en Pologne
"La Croix" François-Xavier Maigre

Les gestes et les déclarations se multiplient, aussi bien chez les catholiques et les orthodoxes, pour encourager le processus de réconciliation entre Polonais et Russes.

Après l’annonce, il y a un mois, d’un voyage « historique » du patriarche Kirill en Pologne du 16 au 19 août 2012, Mgr Henryk Józef Muszyński, archevêque émérite de Gniezno (centre-ouest), estime que cette démarche marque « une nouvelle étape du témoignage positif de l’amour fraternel entre les deux Églises », dans un article de L’Osservatore Romano publié mercredi 18 juillet.Pour Mgr Muszyński, l’essentiel est « de susciter, à travers la prière commune à l’Esprit Saint et malgré les différences, davantage de confiance entre nos fidèles et dans le monde qui nous entoure. »

Point d’orgue de cette visite, le 17 août, le primat de l’Église orthodoxe russe signera avec l’archevêque de Przemyśl, Mgr Józef Michalik, président de la conférence épiscopale polonaise, un appel commun à la réconciliation, adressé aux populations russe et polonaise, en particulier aux fidèles orthodoxes et catholiques.

Un contentieux très profond


Pour le P. Hyacinthe Destivelle, ce voyage s’annonce hautement symbolique : « Le contentieux entre Polonais et Russes est très profond, très ancien, rappelle ce dominicain en poste à Saint-Pétersbourg. Comme le disait Paul VI, il ne peut y avoir d’œcuménisme sans purification de la mémoire » .

Un premier geste inédit a été accompli dimanche 15 juillet 2012, lorsque le Patriarche Kirill s’est rendu à Katyn, théâtre au printemps 1940 du massacre de près de 20 000 militaires et citoyens polonais sur ordre de Staline.
Une tragédie qui continue de hanter la mémoire polonaise et cristallise le contentieux entre les deux peuples. De leur côté, les Russes ont toujours soupçonné les catholiques polonais d’intentions prosélytes en Russie, notamment dans les années 1990 et 2000.

Une visite positive pour l’œcuménisme

Aussi, le P. Destivelle estime-t-il que ce « premier pas » devrait permettre aux deux peuples d’amorcer une réflexion commune sur cette histoire douloureuse. Mais le processus de réconciliation s’annonce fastidieux, tant le ressentiment mutuel reste fort, prévient-il. SUITE "La Croix"

Rédigé par Parlons d'orthodoxie le 20 Juillet 2012 à 19:08 | 2 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Oleg Kobtzeff le 20/07/2012 20:17
Voilà un premier pas très important et très positif. On aura franchi encore une étape lorsque les Polonais comprendront que la période au cours de laquelle les Russes ont souffert du Communisme a duré un quart de siècle de plus que le joug communiste en Pologne et lorsque les Russes comprendront que la priorité est que l'important n'est pas leur niveau de popularité en Pologne mais les racines chrétiennes de leurs voisins à une époque où l'islam fanatique gagne du terrain par la violence et où la Chine--modèle hybride de stalinisme et de capitalisme victorien arrogant--gagne du terrain par un jeu subtil de Monopoly.

2.Posté par Vladimir le 22/07/2012 21:31
LA CROIX: En août, un voyage « historique » du patriarche orthodoxe russe en Pologne
(http://www.la-croix.com/Religion/S-informer/Actualite/En-aout-un-voyage-historique-du-patriarche-orthodoxe-russe-en-Pologne-_NG_-2012-07-20-833404)

Vendredi 17 août 2012, le patriarche de Moscou et le président de la conférence épiscopale polonaise signeront une déclaration conjointe.

Les gestes et les déclarations se multiplient, aussi bien chez les catholiques et les orthodoxes, pour encourager le processus de réconciliation entre Polonais et Russes.

Après l’annonce, il y a un mois, d’un voyage « historique » du patriarche Kirill en Pologne du 16 au 19 août 2012, Mgr Henryk Józef Muszyński, archevêque émérite de Gniezno (centre-ouest), estime que cette démarche marque « une nouvelle étape du témoignage positif de l’amour fraternel entre les deux Églises », dans un article de L’Osservatore Romano publié mercredi 18 juillet.

Pour Mgr Muszyński, l’essentiel est « de susciter, à travers la prière commune à l’Esprit Saint et malgré les différences, davantage de confiance entre nos fidèles et dans le monde qui nous entoure. »

Point d’orgue de cette visite, le 17 août, le primat de l’Église orthodoxe russe signera avec l’archevêque de Przemyśl, Mgr Józef Michalik, président de la conférence épiscopale polonaise, un appel commun à la réconciliation, adressé aux populations russe et polonaise, en particulier aux fidèles orthodoxes et catholiques.

Un contentieux très profond

Pour le P. Hyacinthe Destivelle, ce voyage s’annonce hautement symbolique : « Le contentieux entre Polonais et Russes est très profond, très ancien, rappelle ce dominicain en poste à Saint-Pétersbourg. Comme le disait Paul VI, il ne peut y avoir d’œcuménisme sans purification de la mémoire » .

Un premier geste inédit a été accompli dimanche 15 juillet 2012, lorsque le Patriarche Kirill s’est rendu à Katyn, théâtre au printemps 1940 du massacre de près de 20 000 militaires et citoyens polonais sur ordre de Staline.

Une tragédie qui continue de hanter la mémoire polonaise et cristallise le contentieux entre les deux peuples. De leur côté, les Russes ont toujours soupçonné les catholiques polonais d’intentions prosélytes en Russie, notamment dans les années 1990 et 2000.

Une visite positive pour l’œcuménisme

Aussi, le P. Destivelle estime-t-il que ce « premier pas » devrait permettre aux deux peuples d’amorcer une réflexion commune sur cette histoire douloureuse. Mais le processus de réconciliation s’annonce fastidieux, tant le ressentiment mutuel reste fort, prévient-il.

Cette démarche conjointe tend toutefois à restaurer un climat de confiance réciproque, dans un contexte où les antagonistes nationaux ont souvent pris l’aspect d’un conflit interconfessionnel. En ce sens, cette visite est aussi de bon augure pour un rapprochement plus global entre Rome et l’ensemble des Églises orthodoxes.

François-Xavier Maigre

Je voudrais aussi rappeler mes commentaires 1 et 3 de 19 juin dernier (lien) ;
Commentaire 1: Un article de Ewa K. Czaczkowska, traduit en russe de "Rzeczpospolita" (1), précise que, d'après Henryk Paprocki, prêtre orthodoxe et professeur de théologie au séminaire de Varsovie, présenté comme le porte parole de l'Eglise orthodoxe de Pologne, ce texte est à l'étude depuis trois ans et "ce sera comparable à l’évènement de 1965 pour les relations germano-polonaises" (référence à la lettre des évêques polonais à leurs homologues allemands qui a lancé le processus de réconciliation entre les deux peuples). La journaliste a pu aussi savoir que cet appel ne touchera pas aux relations politiques et à l'histoire compliquée entre les deux pays, ni au problème uniate qui n'est pas du ressort de l'Eglise catholique de Pologne.

(1) http://www.inosmi.ru/poland/20120619/193825152.html. Traduction VG.
http://www.chaskor.ru/news/patriarh_kirill_sovershit_letom_vizit_v_polshu_27507

Commentaire 3: Ce voyage et le document préparé en commun entre l'épiscopat polonais catholique et les Eglises orthodoxes de Russie et de Pologne marque aussi la fin de l'énorme mensonge bolchévique: comme le souligne le porte parole de l'Eglise orthodoxe de Pologne, ce texte aligne les relations russo-polonaises sur les relations germano-polonaises. C'est dire qu'il met au même niveau l'occupation soviétique et l'occupation nazie alors que toute la propagande communiste, largement relayée chez nous, parlait de "libération par l'Armée Rouge", de "protection" et "d'amitié entre les peuples polonais et soviétique"! Ce texte sera un pas très important qui permettra d'expliquer l'attitude de tous les peuples soumis par l'URSS, comme cela avait déjà été montré par le déménagement du "Soldat de Bronze" à Tallin. (1)

Et il est bien évidemment très significatif que ce soit l'Eglise qui mette fin à ce mensonge, d'autant plus que, d'après l'article cité plus haut, l'idée de cette réconciliation est venue pendant une célébration commune sur le lieu de sépulture des victimes de Katyn (2) – haut lieu de la barbarie et du mensonge soviétique dont la réalité continue à être niée, y compris chez nous, par toute une frange de pseudo-intellectuels inféodés à la pensée bolchévique.

(1) http://www.cafebabel.fr/article/27497/minorite-russe-tallinn-estonie-violence-ethnique.html
(2) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Le-patriarche-Cyrille-visite-les-fosses-de-Katyn_a1011.html?com#comments

Nouveau commentaire :



Recherche



Derniers commentaires


RSS ATOM RSS comment PODCAST Mobile